Donc le nouveau film de François Ozon s’appelle "Jeune et jolie". Je me trompe, ou ça aurait aussi pu être le titre de 3/4 des films d’auteur français depuis 50 ans ?
Quand on n’a plus mis les pieds dans un cinéma depuis mille ans comme moi, Cannes apparaît tout à coup comme une fenêtre sur un univers exotique où, depuis des décennies, des réalisateurs mâles à la prétention artistique inversement proportionnelle à leur maturité affective (restée grosso modo celle d’un ado de 17 ans) mettent éternellement en scène les mêmes fantasmes à deux balles, en renouvelant en même temps le stock de chair fraîche qui alimente le milieu, genre Ozon hier matin sur France Inter :
– Alors c’est une jeune fille qui découvre sa sexualité, qui ressent le besoin de faire des expériences et qui décide de se prostituer...
– Et elle est interprétée par une jeune actrice qui est mannequin, et qui est très belle, mais pas seulement...
– Oui, elle n’est pas seulement très belle, elle a aussi une intériorité (sic)...
(De mémoire.)
Non, mais sérieusement...
Evidemment la jeune fille en question est aussi "égérie", et le storytelling "des haillons à la gloire grâce à mon joli minois" est particulièrement réussi :
Marine Vacth, égérie jolie et sombre
▻http://www.lexpress.fr/styles/vip/marine-vacth-egerie-jolie-et-sombre_1249062.html
Et pendant ce temps une série américaine grand public comme "Game of Thrones" est capable de vous balancer une flopée de personnages féminins plus vrais, costauds et intéressants les uns que les autres, exemple :
There are No True Knights : Brienne of Tarth - Feminist Fiction
▻http://feministfiction.com/2012/06/28/there-are-no-true-knights-brienne-of-tarth
La meilleure preuve que cette série a réussi quelque chose, c’est que quand on voit certaines actrices sur le tapis rouge, donc homologuées, sapées et maquillées, on les reconnaît à peine :
Mais comment j’ai pu me laisser refiler cette came du "cinéma d’auteur" pendant si longtemps ?
Possible que ce soit Geneviève Sellier qui m’ait déniaisée en m’encourageant à oser critiquer ce qu’on me vendait comme de l’Art, du Mythe intouchable et indiscutable :
« Le cinéma d’auteur est un mythe et un fantasme réactionnaires »
▻http://sabrinabouarour.blog.lemonde.fr/2013/03/26/le-cinema-dauteur-est-un-mythe-et-un-fantasme-reactionn