Ce qui se cache derrière les quotas européens de réfugiés

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  • Ce qui se cache derrière les quotas européens de réfugiés
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/05/17/ce-qui-se-cache-derriere-les-quotas-europeens-de-nbsp-refugies_4634860_3214.

    La France est officiellement opposée à l’instauration de « quotas de migrants » au niveau européen, mais plaide pour une répartition « plus équitable » des réfugiés dans l’Union. C’est la position défendue par le premier ministre, Manuel Valls, samedi 16 mai, à deux jours de la reprise au Sénat de la discussion sur la loi asile.

    Cette dialectique est d’autant plus difficile à comprendre que l’Union européenne propose justement des quotas pour parvenir à une répartition équitable entre les pays.
    […]
    Lorsque Manuel Valls rappelle samedi que « la France, déjà, a fait beaucoup : ainsi 5 000 réfugiés syriens et 4 500 Irakiens ont déjà été accueillis en France depuis 2012 », il additionne en fait les différents modes d’accueil, qu’ils soient individuels ou préconisés par le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés. En fait, la France a accueilli 500 réfugiés Syriens sélectionnés par le HCR en 2014. Elle est en train d’en accueillir 500 autres, et le chef de l’Etat, François Hollande, a annoncé en accepter encore quelques centaines (sans chiffrer) lors du dernier sommet européen, le 23 avril. A titre de comparaison, l’Allemagne a donné son accord pour 10 000 en 2014… et autant pour 2015.

    Les quotas que souhaite mettre en œuvre l’Union seraient calculés en fonction du produit intérieur brut (PIB) du pays, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de réfugiés déjà installés. Or quand le HCR recalcule le taux d’accueil des réfugiés en fonction du PIB de chaque pays, la France tombe de deux rangs en matière d’effort consenti, pour se placer au 8e rang des 34 pays industrialisés (contre une 6e place si l’on s’en tient à l’accueil en valeur absolue). Ce facteur intégré, la Turquie est le pays qui consacre le plus fort taux de son PIB sur ce poste, elle est suivie par l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie.

    Si l’on fait bouger le curseur pour analyser le nombre de réfugiés accueillis non plus en fonction de la richesse du pays, mais par millier d’habitants, là encore la France ne se classe pas au rang des pays les plus généreux. C’est la Suède qui arrive en tête. Entre 2010 et 2014, le pays nordique a accepté 24,4 % de réfugiés par millier d’habitants, Malte le suit avec 17,5 % ; le Luxembourg avec 12,6 %… Avec ce mode de calcul la France ne figure même pas dans les dix premiers !

    Ces vérités statistiques ne trouvent que peu leur place dans un débat très politisé et instrumentalisé, où l’on confond volontiers migrant et demandeur d’asile.

    #Valls = #la_barque_est_pleine
    (excellent pour sa cote d’opinion)