• Quand la Transition gagne le nord (59)
    https://chez.renart.info/?Quand-la-Transition-gagne-le-nord
    Que nous veulent-ils tous en ce moment ?
    En cinq jours, notre région aura reçu 26 ministres européens de l’Industrie, un président-candidat, et trois concurrents à la présidentielle, entre le bassin minier et Lille.
    Que nous veulent-ils ?
    1. Que l’on pleure ensemble notre désolation industrielle.
    2. Que l’on adhère à leurs plans de Transition.
    Sans eux, nous ne serions que de pauvres hères n’attendant rien que de ressortir les bleus pour redescendre dans les mines.
    Parce que notre région est également dévastée par le chômage et l’industrie, ils se croient les bienvenus à venir larguer ici leurs malfaisances.
    Après 200 ans d’exploitation houillère, les Hauts-de-France sont déjà la première région de production d’électricité éolienne de l’Hexagone.
    Dunkerque, qui se voit imposer une usine éolienne offshore au large de ses 14 usines SEVESO, vient d’apprendre en outre l’arrivée de la troisième giga-usine pour voitures électriques de la région.
    La France roule à tombeau ouvert, depuis les rives de la Mer du nord, vers sa « décarbonation ». Mais les métaux rares sont rares.
    Un rapport ministériel annonce déjà un plan de « sécurisation » de la filière. Oui, ils vont bien rouvrir les mines, et jusque dans les grands fonds marins.

    La semaine a débuté à Lens avec le « Conseil compétitivité » des 26 ministres européens de l’Industrie : « L’Europe de l’industrie se réunit à Lens pour être transformée, déclare la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher.
    L’idée est de faire venir les ministres sur des sujets nouveaux, et d’actualité, comme la décarbonation de l’industrie [1]. »
    Yannick Jadot embraye le soir-même avec sa « Tournée des possibles », à Lille, « sur une terre de combats, une terre de réindustrialisation », qui doit voir accélérée la transition écologique.
    L’interview d’Emmanuel Macron dans La Voix du nord au même moment met un terme au suspense : une troisième « giga-factory » de composants de voitures électriques ouvrira bien à Dunkerque, et la région est déjà rebaptisée « La Vallée européenne de la batterie électrique » [2].
    Le président verse dès le lendemain, à Liévin, sa larme présidentielle en mémoire des 42 mineurs de la Fosse n°3 tués lors de l’accident de 1974. Tout juste Marine Le Pen parvient-elle à s’intercaler à Bruay-la-Buissière, dénonçant les promesses présidentielles, et les « emplois industriels supprimés depuis qu’Emmanuel Macron a été ministre de l’Économie [3] »
    . Zemmour clôture cette semaine pénible samedi 5 février par un meeting à Lille. Il était déjà à Calais il y a deux semaines, discourant face à la mer, le regard porté vers le Brexit, contre les « technocrates européens », mais pour de plus subtiles « coopérations industrielles » dans le nucléaire, le spatial et les nouvelles technologies.
    Comment sauver la « France éternelle » en la défigurant du nord au midi – mais avec des technocrates bien de chez nous, diplômés de Sciences Po (comme Zemmour), et de l’ENA (comme sa directrice de campagne).
    Que d’attention portée à notre avenir, par des candidats et ministres débarqués avec leurs projets industriels sous le bras.
    On y a droit tous les cinq ans – remember le « Plan Marshall de la réindustrialisation » de Macron en 2017. Le président revient cette année, avec à son catalogue, trois usines de batteries. Mais derrière les mots-clés de « Souveraineté » et de « Transition écologique » se cache le pillage des métaux rares partout sous Terre. Voilà pourquoi reviennent depuis quelques semaines les bruits d’ouverture de mines en France et d’exploration des grands fonds marins.

    La rapacité de la transition « écologique »
    En plus des deux « giga-usines » de batteries en construction à Douai (Renault) et Douvrin (PSA-Total), l’entreprise grenobloise Verkor (avec un K comme Konnard), spécialisée dans les cellules de batteries, se posera donc donc dans le port de Dunkerque en 2025. Ses 5 000 emplois directs et indirects s’ajouteront aux 45 000 qui font déjà des Hauts-de-France la première région automobile [4].
    Voyons les quantités de minerais qu’il faut acheminer dans le nord, nécessaires à ladite « transition » . . . . . . . . . .

    Nos technocrates à la manœuvre
    . . . . . . . . . . . . . .
    Vers les grands fonds et au delà
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    En attendant, nous voyons défiler les candidats à la gestion du pillage, tous plus pressés d’aller plus vite et plus profond que le préposé précédent. Et nous n’espérons, du fond des mines, qu’un seul grand cri : qu’ils dégagent tous !

    L’intégralité de cet article : https://chez.renart.info/?Quand-la-Transition-gagne-le-nord

    • Le #BRGM, après avoir déjà salopé tant de paysages, a déjà recensé 41 sites potentiels d’extraction du #lithium en #France, principalement sous le Massif central et le Massif armoricain [7].

      [7] Ressources métropolitaines en lithium et analyse du potentiel par méthodes de prédictivité, Rapport du BRGM, décembre 2018.

  • Art-machine pour monde-machine (Chez Renard)

    Faut-il sauver la culture ?
    Faut-il sauver les professionnels du secteur de la culture ?
    Faut-il sauver la culture des professionnels du secteur ?

    L’année 2020 se termine alors que
    1) les salles de spectacle sont fermées, et
    2) le plus illustre chansonnier lillois Alexandre Desrousseaux n’aura reçu aucun hommage https://chez.renart.info/?Aubry-ou-l-art-du-mepris-en-2020-le-design-enterre-Min-p-tit-quinquin pour le bicentenaire de sa naissance. Les professionnels de la culture ont préféré débourser quatre millions d’euros pour exposer des designers comme Philippe Starck. Fermés ou non, les salles et lieux d’exposition n’avaient de toute façon rien prévu pour Desrousseaux.

    Chacun programme ce qu’il veut, rien n’interdit de noter la disparition de l’auteur de Min p’tit quinquin.

    Les Flandres, la Picardie, ce sont des langues et dialectes (le Boulonnais, l’Amiénois, le Tourquennio, etc), des carnavals disparus comme à Lille, des jeux d’adresse et de boules remplacés par le foot, des harmonies, des marionnettes, des chansons, des majorettes, des contes et légendes, une colombophilie, une gastronomie, une culture paysanne du « courtil », et puis une braderie aussi, de plus en plus resserrée sur les quartiers du Centre et du Vieux-Lille.
    
Lille fut capitale européenne de la culture en 2004, capitale mondiale du design en 2020, mais tout le monde ici sait qu’en vérité, Lille est la capitale intergalactique des moules-frites, du pâté à la bière, du poulet au Maroilles, et des gens qui parlent fort avec leurs blagues de fesses et de beuverie. Mais chut... les « chargés de prod’ » n’en savent rien. Il n’en est pas question dans les U.V. de « médiation culturelle ». Et c’est peut-être mieux comme ça finalement.

    La culture populaire est vraiment vulgaire pour les professionnels de la culture et leur ministère de tutelle qui préfèrent « déconstruire » dans toutes sortes d’expérimentations liant Art, Science et Technologie, jusqu’à mettre en scène les dernières idées postmodernes et transhumanistes. Dans l’article qui suit, récemment publié par la revue Écologie & Politique http://www.ecologie-et-politique.info/spip.php?page=rubriqueder&id_rubrique=577 , vous retrouverez des hommes-machines (comme Dorothée Smith venue du Fresnoy) et des spectacles-machine (ceux de Christophe Rauck https://chez.renart.info/?SCUM-Manifesto-au-Theatre-du-nord , Julien Gosselin et Tiphaine Raffier présentés au Théâtre du nord) livrant un imaginaire au service du monde-machine (celui d’Euratechnologies). Ce sont juste quelques exemples tirés de la métropole lilloise, mais n’importe qui peut faire la même chose chez lui.

    Ce que l’on perd avec la multiplication des écrans, des sons électroniques, et des installations numériques, c’est le côté vivant du « spectacle vivant ». En 1988, deux ans après Tchernobyl, la surréaliste Annie Le Brun https://chez.renart.info/?Du-trop-de-dechets-Entretien-avec-Annie-Le-Brun trouvait l’air tout aussi irrespirable au sens propre qu’au figuré. Elle lançait un Appel d’air à celles et ceux qui auraient encore « des matins plein les poches » (réed. Verdier, après Fukushima, 2011) :

    « Je me flatte de n’avoir aucun goût et surtout pas celui de me laisser divertir par le spectacle d’une culture qui, pour la première fois, et au mépris d’elle-même, trouve son sens à s’abaisser devant le réel. 
Je doute même qu’il y ait jamais eu plus étroite collaboration entre artistes, universitaires, industriels, scientifiques, promoteurs et politiciens, pour en finir avec ce no man’s land entre réalité et langage grâce auquel, depuis toujours, la pensée déjoue le réel et son emprise sur l’être tout entier. De cet espace incontrôlable, où se crée organiquement le lien entre l’imaginaire et la liberté, nous sont venues et peuvent encore nous venir nos plus fortes chances de conjurer le désagrément d’exister. Ce qu’on appelle la poésie n’a pas d’autre justification. Elle est cette fulgurante précarité, à même de faire rempart, certains jours, contre l’inacceptable et, parfois, d’en détourner le cours. Il suffit pourtant qu’elle cesse d’être cet éclair dans la nuit, pour devenir clarté installée en mensonge esthétique où les mots comme les formes s’organisent en figures interchangeables dont l’unique fonction se réduit, en fin de compte, à divertir.
Les exemples en sont aujourd’hui si nombreux qu’on pourrait croire à une entreprise délibérée. »

    En voici quelques exemples relevés à Lille pour l’inauguration du festival Elnorpadcado organisé contre Eldorado en 2019, et sa culture de et pour promoteurs immobiliers et startuppers : Art-machine pour monde-machine. https://chez.renart.info/IMG/pdf/art-machine_pour_monde-machine.pdf

    #Lille #Design #Tomjo #Annie_Lebrun #culture #histoire #art #Fresnoy #Eldorado