Ah non, je ne suis pas du tout d’accord... Je me méfie beaucoup de l’argument « mais elles ont pas mieux à foutre ? », grand classique des discours antiféministes - d’ailleurs, la représentation dans les médias, ou même l’égalité de salaires, on pourrait aussi te dire que c’est secondaire par rapport aux violences conjugales, au viol, etc.! Pourquoi choisir ou hiérarchiser ? On ne peut pas mener plusieurs combats ? La question du langage n’est pas du tout secondaire ! Dans le bouquin « Un siècle d’antiféminisme » on trouve ce passage sur la commission dirigée par Yvette Roudy sur la féminisation des noms de métier dans les années 80 :
Les sarcasmes fusent de toute part contre « ces dames de la commission », taxées de « précieuses ridicules et frivoles » « pomponnées » qui se réunissent « à l’heure du thé » afin « d’enjuponner le vocabulaire » sous la conduite de la « chéfesse Yvette Roudy », « poudrée de frais ».
(L’aboutissement logique de ce raisonnement étant que, pour la gauche radicale et couillue, par exemple, le féminisme dans son ensemble est frivole et dérisoire par rapport à la « question sociale ». En fait, c’est tout le féminisme qui discrédite le féminisme :P)
Pour moi le débat sur « mademoiselle » était très pertinent, et si c’est passé comme une lettre à la poste, tant mieux, c’est toujours ça de pris ! En plus il a provoqué des réactions très intéressantes, par exemple avec la journaliste de « Elle » qui croyait qu’on allait interdire de l’appeler « mademoiselle » dans la rue : c’est très révélateur du fait qu’on n’accorde de valeur et d’existence sociales qu’aux femmes jeunes - le nombre de mes amies qui sautent de joie, autour de 35 ans, parce qu’on les a appelées « mademoiselle », comme si « madame » c’était une insulte ! Je réagissais aussi comme ça avant ce débat, et rien que pour cette raison je suis contente qu’il ait eu lieu...