Malgré le titre de la traduction française par Cabrioles, le texte n’est pas une « réponse radicale à l’aide médicale à mourir » dans son ensemble, mais est explicitement motivé par :
le projet de loi C-7, un amendement au code pénal qui élargit le régime d’aide médicale à mourir […] du pays. À l’origine, l’AMM devait être une alternative à une mort douloureuse. Elle est désormais disponible comme alternative à une vie douloureuse - si vous avez un handicap.
C’est aussi le sujet du rapport d’expert de l’ONU dont on cause déjà dans l’autre article :
Dans une récente déclaration publique, les Nations Unies ont mis en garde les pays contre la possibilité de recourir à la mort administrée par l’État sur la base du handicap, déclarant qu’"en aucun cas la loi ne devrait prévoir qu’une personne souffrant d’une maladie invalidante et qui n’est pas en train de mourir puisse prendre la décision raisonnée de mettre fin à sa vie avec l’aide de l’État".
Je reste donc toujours extrêmement dubitatif quand à ces textes qui n’acceptent aucune gradation dans le principe de l’aide médicale à mourir, décrétant que la possibilité pour une personne souffrant d’une maladie en phase terminale à mourir dignement est forcément la porte ouverte à l’euthanasie des personnes considérées comme pas assez rentables…
Je serais, au minimum, intéressé par un argumentaire démontrant que l’ouverture du droit à une assistance médicale à mourir pour les malades en phase terminale mène forcément à un élargissement à des personnes qui ne sont pas en train de mourir. C’est peut-être le cas (parce que tous les pays qui ont légalisé l’AMM l’auraient finalement fait ? – est-ce la cas ?), soit parce que la « philosophie » générale du truc mène à cet élargissement, ou bien parce que des tribunaux vont forcément imposer cette lecture… ? Ou bien est-ce que non, ce n’est pas le cas, et on peut introduire l’AMM avec des limites qui évitent de dériver vers l’euthanasie des « surnuméraires » ?
Mais pour l’instant, ce n’est pas ce que je lis, et tout ce qu’on a, c’est une mise en concurrence des souffrances.