city:tunis

  • En Tunisie, un « jeudi noir » révèle la crise institutionnelle
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040719/en-tunisie-un-jeudi-noir-revele-la-crise-institutionnelle

    Après deux attentats simultanés, jeudi 27 juin, dans la capitale, et l’hospitalisation du président de la République, la résilience des Tunisiens a mis à jour la faiblesse des institutions huit ans après la révolution, mais aussi le décalage avec les élites politiques.

    #MAGHREB #Beji_Caid_Essebsi,_Tunisie,_Tunis,_Attentat

  • منسيات آلات الخياطة – Les oubliées des machines à coudre - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=JuDs6GojYIA

    Un documentaire préparé par la branche de Monastir du Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux.

    À toutes les travailleuses du secteur textile victimes de la précarité du travail et du licenciement abusif

    FTDES Forum Tunisien pour les Droits économiques et sociaux - QUI SOMMES NOUS ?
    https://ftdes.net/qui-sommes-nous

    Le Forum Tunsien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) est une organisation tunisienne déclarée au journal officiel en 2011. Le FTDES est une organisation non gouvernementale, neutre, indépendante de tout parti politique et de toute institution religieuse. Elle a été créée en 2011 dans le but de défendre les droits économiques et sociaux des populations sur le plan national et international. Le FTDES travaille sur les thématiques suivantes : droit du travail, droit des femmes, droits environnementaux et droits des migrants. Le FTDES fait partie de différents réseaux internationaux dont la FIDH, Migreurop, Loujna Tounkaranké, Boats 4 People. Le FTDES fonctionne avec un bureau central situé à Tunis, sous la direction d’un comité directeur. Il compte plusieurs dizaines de membres dans toute la Tunisie et plus de vingt salariés. Le FTDES dispose de sections locales dans les villes de Kairouan, Kasserine, Monastir et Gafsa.

    #Tunisie #ftdes #exploitation #précarité #licenciements_abusifs #femmes #travailleuses #secteur_textile

  • En Tunisie, la société se mobilise contre l’accord de libre-échange avec l’UE
    https://www.mediapart.fr/journal/international/170619/en-tunisie-la-societe-se-mobilise-contre-l-accord-de-libre-echange-avec-lu

    Discuté depuis 2016 à Tunis, l’Aleca, ou accord de libre-échange complet et approfondi avec l’Union européenne, suscite de vives réactions aussi bien au sein des militants syndicaux ou altermondialistes que du secteur privé.

    #MAGHREB #Aleca,_accord_de_libre-échange,_UE,_union_européenne,_Tunisie,_libre-échange

  • Les Français, ces migrants dont on parle peu

    Qui sont les Françaises et les Français qui partent s’installer, pour des durées variables, dans un pays du #Maghreb ?

    Alors que le langage courant les qualifie tour à tour de « #retraités », d’« #expatriés », d’« #entrepreneurs » ou de « #binationaux », les spécialistes des migrations internationales s’y intéressent peu. Cela est particulièrement vrai en France où le champ d’études s’est constitué autour du « problème de l’immigration », en se concentrant longtemps sur la figure emblématique du « travailleur immigré » comme le rappelle le sociologue Abdelmalek Sayad.

    Or les recherches que nous menons depuis plusieurs années au sein du programme Mobilités Nord-Sud montrent que la majorité des expériences individuelles de migration se situent à la croisée de logiques économiques, identitaires, hédonistes ou sentimentales.

    Des migrations peu connues

    Sous couvert d’une « mobilité » banalisée parce que privilégiée, l’estimation fiable de ces déplacements est difficile. Les sources statistiques locales ne sont pas systématiquement mises à jour et les chiffres fournis par les services consulaires français restent lacunaires. Les plus récents font état de 119 147 Français inscrits en Afrique du Nord dont 23 324 en Tunisie, 41 780 en Algérie et 54 043 Maroc. Plus des deux tiers seraient des bi-nationaux selon le dernier Rapport du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

    En raison du caractère facultatif de l’inscription auprès de représentations nationales à l’étranger, ces données ne sont qu’indicatives. Au Maroc, par exemple, le nombre de ressortissants français non-inscrits oscillerait entre 25 000 et 40 000 selon les sources ou comme le rapporte la sociologue Chloé Pellegrini.

    Concernant les parcours de ces individus, une enquête effectuée en 2013 par la Direction des Français à l’étranger a montré que 6 % des 1 610 000 individus inscrits au registre mondial des Français établis hors de France résident dans l’un des trois pays du Maghreb. Si pour les autres destinations, la durée moyenne de résidence est comprise entre 1 à 5 ans, 42 % des Français présents au Maghreb y vivent depuis au moins 10 ans.

    Par ailleurs, si 48,7 % indiquent séjourner en Afrique du Nord pour des raisons familiales ou personnelles, seulement 28,7 % le font pour des raisons professionnelles. Or, nos enquêtes mettent plutôt en garde contre la séparation du personnel et du professionnel, attirant l’attention sur les points de convergence entre l’un et l’autre.
    Expatriation, tourisme, retour : des catégories réductrices

    Derrière l’opacité statistique se donne à voir l’hétérogénéité et le dynamisme de ces mobilités. Les catégories traditionnellement utilisées – expatriation, tourisme, retour – montrent ici leurs limites. Non seulement ces termes demeurent le plus souvent approximatifs, mais aussi, dans certains cas, stigmatisants.

    Ainsi en est-il, par exemple, du mot « expatrié », dit familièrement « expat ». Sur le plan juridique, il s’agit de professionnels missionnés par leur État de tutelle, ou par une entreprise, qui leur assure un système de protection spécifique et des ressources matérielles conséquentes dans l’exercice d’une fonction à l’étranger (voir la définition du Larousse, les sites service-public et diplomatie.gouv.fr).

    Dans le langage courant, l’expression « expatrié » ne désigne toutefois pas uniquement ces professionnels, mais s’étend à tout ressortissant français vivant au Maghreb, et, plus largement, à toute personne issue d’un pays du « Nord » qui réside au « Sud ».

    Un imaginaire chargé de connotations négatives

    Il faut ajouter que l’imaginaire qui accompagne ce terme est à tel point chargé de connotations négatives, convoquant d’emblée le privilège, l’entre-soi, le désintérêt, voire le mépris pour la société locale, que bon nombre d’individus tiennent à s’en distancier.

    Sophie, 38 ans, installée professionnellement en Tunisie depuis trois ans et dont le mari et les deux enfants sont restés vivre en France, fait par exemple valoir l’authenticité de son rapport à la société locale :

    « Pour moi, l’idée ce n’est pas de vivre dans une tour d’ivoire, ce n’est pas ma façon d’être. Et si j’ai fait le choix d’être proche de la vraie vie, d’aller au marché trois fois par semaine, ce n’est pas juste pour le fun, c’est pour vivre sur le terrain, vivre avec la population, comprendre aussi la situation du pays. C’est même le choix aussi d’habiter à l’Ariana plutôt que dans les quartiers aisés au nord de Tunis. J’ai eu l’occasion de rencontrer des gens qui sont là depuis 10, 15 ans, qui sont dans des administrations françaises, qui ont une vision… Moi je préfère être dans des quartiers plus populaires, loin des plages ».

    On retrouve les mêmes limites terminologiques à propos de ces Françaises et de ces Français qui passent la période hivernale dans les stations balnéaires ou les villes du Maroc et de Tunisie.

    Le terme de « touriste » est difficilement applicable à celles et ceux qui, dans le cadre de logiques résidentielles plus autonomes, passent des saisons entières dans ces mêmes stations, voire s’y installent durablement pour ne plus faire que de brefs séjours dans leurs pays d’origine.

    « La médina, c’est pour les touristes »

    C’est aussi le cas des « camping-caristes », expression qui connaît d’année en année un succès grandissant au Maroc, ou plus largement des nombreux retraités qui choisissent, plus ou moins durablement, de s’implanter dans la rive sud de la Méditerranée.

    La question de la durée et de la fréquence du déplacement, conjuguée à celle des formes d’installation, appelle ainsi à réinterroger la catégorie du tourisme et à penser ses continuums avec la migration. Au Maroc, par exemple, de nombreux Français s’installent dans le prolongement d’un séjour touristique, qui fut parfois très bref. Si les Marocains les appellent parfois « les touristes qui vivent ici », ces Français ne se reconnaissent pas comme tels et revendiquent bien être des « installés ».

    Anne, gérante de café à Essaouira explique :

    « J’ai visité un local hier qui m’a bien plu, où je pourrais faire de la cuisine, dans un autre quartier, à Azlef, où il y a beaucoup de résidents. Je ne veux plus être dans la médina, c’est pour les touristes ! Et, nous, les résidents, nous venons peu ici, même presque jamais. Je vise une clientèle de résidents, maintenant ».

    Les « binationaux » en question

    La mobilité des descendantes et descendants d’immigrés maghrébins en France – couramment appelé·e·s « binationaux » –, installé·e·s à divers titres dans le pays des origines de la famille, renvoie à une autre aporie des flux vers le Maghreb.

    Régulièrement et maladroitement qualifié de « retour », ce type de mobilité est ramené d’office à l’expérience migratoire des parents, que les enfants parachèveraient en décidant de franchir le pas inverse.

    Or, les acteurs démentent cette lecture circulaire et mettent plutôt en avant des logiques qui leur sont propres. Neila, journaliste sur la trentaine, habite à Alger depuis un an et demi au moment de notre rencontre. Fille d’un couple mixte franco-algérien, elle explique :

    « J’ai fait ce choix-là mais j’avais jamais mis les pieds en Algérie avant de débarquer en avril 2012 donc c’est pas un retour ! Beaucoup me disent “tu es retournée en Algérie” mais vu que je ne connaissais pas le pays, ce n’est pas du tout un retour, c’était une vraie découverte. Bon, j’y suis partie pour plusieurs raisons. D’abord parce que j’avais ce projet en tête depuis longtemps, je voulais connaître l’Algérie. Et je me suis dit que je ne voulais pas connaître l’Algérie juste de passage parce qu’on raconte tellement de choses, tellement d’images, tellement de vécu… Et donc je me suis dit, la meilleure façon de connaître ce pays, c’est d’exercer mon métier de journaliste. Parce que ça m’ouvrirait, voilà, je connaîtrais la société, plusieurs milieux… donc j’ai cherché du travail. Parce qu’aussi j’arrivais à la fin d’un contrat et j’avais aucune opportunité sérieuse en France. »

    Pour cette catégorie d’individus, il est clairement question d’une imbrication de facteurs où l’opportunisme professionnel rencontre éventuellement le souhait de mieux connaître ses origines et, plus rarement, de dépasser les situations de racisme et de discriminations vécues dans l’hexagone.
    Ajustements et nouveaux caps

    La situation de départ initiale fait parfois l’objet d’ajustements qui dessinent un nouveau cap. Sébastien, 37 ans, avait été envoyé à Alger en tant que salarié d’un groupe français détaché en Italie. Les possibilités du marché conjuguées à une qualité de vie somme toute agréable l’ont poussé à revoir son installation et à créer sa propre société.

    D’autres se heurtent à des phénomènes de précarisation, dont les formes, très variables, imposent parfois un retour en France ou un départ vers un autre ailleurs. C’est le cas d’Alice, 19 ans, qui vit au Maroc depuis un an au moment de l’entretien. Elle travaille dans une boutique tenue par une Française pour un salaire marocain (2 500 dh soit 250 euros par mois) et ne sait pas si elle pourra rester, n’ayant pas les moyens de créer sa propre entreprise.

    Le renouvellement des opportunités professionnelles, une rencontre amoureuse, l’appartenance à un réseau d’interconnaissances, l’amélioration de la qualité de vie, ou encore le sentiment de pouvoir accéder à une mobilité sociale ascendante constituent autant de facteurs susceptibles de reconfigurer (positivement) les parcours migratoires.

    S’intéresser à ces expériences permet d’interroger les trajectoires maghrébines des Françaises et des Français au-delà des stéréotypes et des idées reçues qui les devancent et au sein desquels l’assignation à la dimension du privilège s’impose le plus souvent.

    https://theconversation.com/les-francais-ces-migrants-dont-on-parle-peu-116384
    #émigration #France #migrations #vocabulaire #terminologie #mots #migrations_nord-sud #catégories #catégorisation #imaginaire #tourisme

    ping @reka @sinehebdo

  • Les diplomates français et européens armés arrêtés par la Tunisie seraient des espions - Sputnik France
    https://fr.sputniknews.com/afrique/201904231040854679-diplomates-francais-agents-secrets-arretes-tunisi


    https://www.aljazeera.com/news/2019/04/armed-men-crossing-libya-alleged-french-spies-190423174812673.html

    Les « 13 diplomates français armés » arrêtés le 14 avril à Ras Jedir, à la frontière entre la Libye et la Tunisie, n’étaient pas des « membres du détachement qui assure la sécurité de l’Ambassadrice de France à Tripoli », tel que l’a précisé l’ambassade de France à Tunis. En effet, selon une source « bien placée au palais présidentiel de Carthage », citée par Radio France international (RFI), il s’agit de membres des services de renseignement français. La même source a affirmé à RFI que les « onze citoyens européens munis de passeports diplomatiques », arrêtés à bord de deux zodiacs par la marine tunisienne près des côtes de l’île de Djerba, étaient également des agents de renseignement.

  • Paris : le cirque tzigane des Romanès « en danger »
    http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-le-cirque-tzigane-des-romanes-en-danger-03-04-2019-8045634.php

    Si vous avez des idées et des contacts dans des communes pour les aider…

    « Heureusement, Anne Hidalgo et Christophe Girard nous soutiennent. Paris est la seule ville à nous aider, assure le couple. Mais nous sommes des nomades. Nous restons l’hiver à Paris. En mai, normalement, nous partons en tournée ». Avec la nouvelle réglementation des appels d’offres pour les cirques, Bordeaux, Lille, Rennes ou Strasbourg ne répondent plus. « Si des villes veulent nous recevoir, qu’elles nous écrivent, lance Alexandre. Trois étapes nous suffisent. A chaque fois on reste trois mois, et le public arrive toujours plus nombreux ».

    Alors le chef de troupe, installé depuis trois ans porte Maillot (XVIe) avec sa famille et sa trentaine de caravanes, en est à imaginer une tournée à Tunis, Berlin ou même Varsovie. Délia lève les yeux au ciel… sans trop y croire.

    #cirque #Romanès #tzigane #rrom #appel_d'offre

    • Le maire du Mans (Le Foll) a interdit cette année l’implantation de la fête foraine sur le lieu habituel situé centre ville pour le rejeté aux marges de la ville. Ce qui a entrainé une grosse colère des forains et des affrontements avec les crs.

  • Emy ou l’histoire d’une esclave ivoirienne en Tunisie

    Découvrez l’histoire d’Emy, une Ivoirienne réduite en esclavage en Tunisie. Ses passeurs avaient promis de l’emmener en Europe, ils la vendront finalement à une riche famille de Tunis. Elle nous a raconté son histoire.

    https://www.youtube.com/watch?v=vCT1kmW54-Q&feature=youtu.be


    #Tunisie #esclavage_moderne #esclavage #migrations #femmes #travail_domestique #exploitation #migrants_ivoiriens
    ping @_kg_

  • Driven to suicide in Tunisia’s UNHCR refugee shelter

    Lack of adequate care and #frustration over absence of resettlement plans prompt attempted suicides, refugees say.

    Last Monday night, 16-year-old Nato* slit his wrists and was rushed to the local hospital in Medenine.

    He had decided to end his life in a refugee facility run by the UN’s refugee agency, the UNHCR, in Medenine. After running for two years, escaping Eritrea and near-certain conscription into the country’s army, making it through Sudan, Egypt and Libya, he had reached Tunisia and despair.

    A few days later, Nato was transferred to a psychiatric hospital in #Sfax, 210km north of Medenine, where he was kept on lockdown and was frustrated that he was not able to communicate with anyone in the facility.

    Nato’s isn’t the only story of despair among refugees in Tunisia. A female refugee was taken to hospital after drinking bleach, while a 16-year-old unaccompanied young girl tried to escape over the borders to Libya, but was stopped at Ben Gardane.

    “I’m not surprised by what has happened to Nato,” a 16-year-old at the UNHCR facility told Al Jazeera on the condition of anonymity.

    “They just keep us here without providing any support and after we ... witnessed killings of our friends. We feel completely abandoned. We don’t feel secure and protected,” he said.

    The 30 to 35 unaccompanied minors living in UNHCR’s reception facility in Medenine share a room, spending their days remembering past images of violence and abuse.

    “I cannot get out of my mind the picture of my friend dying after they pointed a gun at his temple. He was sitting next to me. Sometimes at night, I cannot sleep,” the 16-year-old said.
    ’They’re trying to hide us here’

    The UNHCR facility in Medenine struggles to offer essential services to a growing number of arrivals.

    According to the information given to Al Jazeera, the asylum seekers and refugees have not received medical screenings or access to psychosocial support, nor were they informed clearly of their rights in Tunisia.

    “We feel they are trying to hide us here,” said Amin*. “How can we say we are safe if UNHCR is not protecting our basic rights? If we are here left without options, we will try to cross the sea.”

    Amin, 19, has no vision of what his life will be. He would like to continue his education or learn a new language but, since his arrival, he has only promises and hopes, no plans.

    The young people here find themselves having to take care of themselves and navigate the questions of what their future will be like, at times without even being able to reach out to their families back home for comfort.

    “My parents are in Eritrea and since more than a year, I was able to speak with them only for three minutes,” said Senait*, a 15-year-old boy from Eritrea.

    Aaron*, a 16-year-old boy who has been on the road for three years and three months, has not been able to call his relatives at all since his arrival in Tunisia.

    “Last time I have contacted them was in 2016 while I was in Sudan. I miss them so much,” he said.

    Last week, many of them participated in a peaceful demonstration, demanding medical care, support from the UNHCR and resettlement to third countries.

    Refugee lives in suspension

    Nato, as well as a number of refugee minors Al Jazeera spoke to, arrived in Tunisia over the Libyan border with the help of smugglers. The same is true for hundreds of refugees escaping Libya.

    Tunisia registered more than 1,000 refugees and 350 asylum seekers, mainly from Syria, Eritrea, Sudan and Somalia.

    But the country has neither the capacity nor the means to host refugees, and because it doesn’t have a coherent asylum system, the refugees find themselves living a largely suspended life.

    Officially, refugees are not allowed to work and, therefore, there is no formal system of protection for those that do work.

    Awate*, a 24-year-old man from Eritrea, had been working for nine days in a hotel in the seaside city of Zarzis when he was arrested and brought to a police station where he was interrogated for 30 minutes.

    “They told me ’why are you going to work without passport?’,” he said, adding that he has not worked since.

    The UNHCR in Tunisia is pushing alternatives, which include enhancing refugees’ self-reliance and livelihood opportunities.

    A month ago, a group of 32 people moved out of the reception centre with an offer of a monthly payment of 350 Tunisian dinars ($116) and help to find private accommodation. Among them, nine decided to go to the capital, Tunis. The plan is confirmed for three months, with no clarity on what happens next.

    Aklilu*, a 36-year-old former child soldier from Eritrea who took up the offer, is now renting a small apartment on the main road to Djerba for 250 Tunisian dinars ($83).

    “Why should I be forced to settle in a country that’s not ready to host refugees?” he said. “They are thinking of Tunisia as the final destination but there are no conditions for it. The UNHCR is not making any effort to integrate us. We don’t get any language courses or technical training.”


    https://www.aljazeera.com/indepth/features/driven-suicide-tunisia-unhcr-refugee-shelter-190319052430125.html
    #Tunisie #HCR #UNHCR #camps_de_réfugiés #suicide #réinstallation #limbe #attente #transit #trauma #traumatisme #santé_mentale #MNA #mineurs_non_accompagnés #migrations #asile #réfugiés
    ping @_kg_

  • DU BUTIN AU REPORT DU SCRUTIN, POUR QUEL DESTIN ? – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2019/03/20/du-butin-au-report-du-scrutin-pour-quel-destin

    « Les bons mûrissent, les mauvais pourrissent. » (Michel Audiard)

    A Hassen

    Premier martyr des manifestations pacifiques du Printemps algérien, neveu de Belhaffaf Ghezali, également premier martyr des manifestations pacifiques du 1er Mai 1945, assassiné par les forces coloniales à Alger, et fils du défunt Benyoucef Benkhedda, président du GPRA, victime d’un coup d’Etat du clan d’Oujda, qui continue à régenter la nation algérienne depuis 1962.

    Je suis l’Algérie toute entière. Je suis l’incarnation du peuple algérien », déclarait le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à la télévision suisse TSR, lors du forum de Crans Montana, en 1999, d’où il annoncera le plan de la « concorde civile » sans vérité et justice, destiné aux… Algériennes et aux Algériens à partir de la Suisse ! Le message était clair : l’Etat, censé être le pouvoir dans sa diversité à travers des institutions qui résistent au temps et aux pouvoirs successifs, c’est un « Homme-Dieu » qui l’incarne.

    Le ton de la nouvelle gouvernance qui nous attendait était donné : détruire l’ordre politique et institutionnel en lui substituant une « mythocratie ». C’est plus qu’une dictature, parce qu’une dictature, elle, peut être combattue, car elle emploie des méthodes et des procédés grossiers et faciles à détecter.

    Par contre, contester un clan ou un pouvoir non institutionnel, qui utilise la « mythocratie » pour atteindre des objectifs inavoués afin de fructifier son butin mal acquis, relève de l’utopie, car il utilise une réalité sociale qu’il scénarise en manipulant les flux de désirs et les croyances comme substance propre du pouvoir.

    Pour cette « camarilla »(1), il n’y a plus de peuple, mais des histoires et des mythes, semant le trouble entre sacré et profane, en passant par la main étrangère, confondant stabilité et immobilisme, complaisamment véhiculés par des médias aux ordres, des ministres sinistres et des oligarques nourris à la manne pétrolière, qui organisaient notre devenir collectif, non pas par la lutte des classes, mais par la lutte pour… des places ! Cet état de fait est sournoisement distillé au sein de la société : pas besoin d’intelligence ni de compétence, l’allégeance ou l’extrait de naissance suffirait pour être aux commandes d’un ministère, d’une entreprise, d’une institution, quelle que soit son importance, ou bénéficier d’un marché juteux. Ainsi, les grands projets structurants piétinent, gangrenés par la corruption, d’où l’indigence et l’indélicatesse de certains responsables à tous les niveaux de l’Etat, avec en prime l’impunité garantie. Comment sommes-nous arrivés à cette catastrophe ?

    Le butin

    Le 2 mars 1956, c’est la fin du protectorat au Maroc. Le roi Mohammed V rentre au pays après son exil forcé à Madagascar. Les autorités françaises lui imposent un certain Oufkir comme aide de camp dès son intronisation. Oufkir, capitaine sous le drapeau français, devient colonel. Il avait pour mission de réduire l’influence de l’Armée de libération nationale marocaine, d’atténuer le plébiscite autour de la légitimité des partis nationalistes, notamment l’Istiqlal et l’UNFP, et de créer les structures policières et de surveillance officielles. Cette ascension spéculaire ne laisse pas indifférents « des lycéens et étudiants d’origine algérienne qui vivaient au Maroc dans des conditions de vie parfaitement pacifiques et heureuses. Des conditions qui étaient tout à fait déséquilibrées, cependant, par rapport à celles de leur peuple et de leurs frères étudiants qui mourraient en Algérie »(2). Ces jeunes lycéens et étudiants constitueront la promotion Larbi Ben M’hidi, ossature du Malg. Leur directeur de stage, Khelifa Laroussi, adjoint de Boussouf, ami du désormais colonel Oufkir , leur avait décrété : « Vous êtes les futurs ministres de l’Algérie indépendante ! »(3) La messe est dite. Attendre l’indépendance du pays pour conquérir le pouvoir par tous les moyens.

    Dès la proclamation de l’indépendance, le 5 juillet 1962, le clan d’Oujda fomente son premier coup d’Etat en démettant violemment le GPRA basé à Tunis et impose à la tête de l’Etat Ahmed Ben Mahjoub Ben Embarek dit Ben Bella, porté par Djamel Abdel Nasser après avoir été travaillé au corps à corps par Fethi Dib, le chef des services de renseignement égyptiens. N’était la sagesse du président Benkhedda, l’indépendance aurait été arrosée d’un bain de sang. Le un million et demi de chouhada aurait été multiplié par deux, avec autant de veuves et de blessures à panser. Une nouvelle série noire commence pour la jeune nation, avec son lot de complots, d’assassinats politiques et d’exils forcés. Le 19 juin 1965, Ben Bella est à son tour déposé par un coup d’Etat militaire, fomenté par son ministre de la Défense, le colonel Boumediène, et son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, entre autres. Comble de l’ironie, le nouveau maître de l’Algérie, dans son allocution télévisée au lendemain du coup de force, annonçait « le redressement révolutionnaire » (ettas-hih ethawri). Rien que ça ! En d’autres termes, nos vaillants révolutionnaires et chouhada du devoir, source de notre indépendance, s’étaient trompés. 1954/1962 a été une sinécure, comme celle passée aux frontières attendant le moment propice pour s’approprier l’Algérie : son sol avec les Algériens que nous sommes et son sous-sol avec ses richesses.

    Confortablement installés aux commandes du pays, les nouveaux « maîtres » de l’Algérie prennent toutes les commandes de la direction de la Sécurité militaire en la structurant à la mode Oufkir : la société toute entière est étroitement surveillée, dédain envers les vrais moudjahidine et réécriture de l’histoire à leur convenance. Toute voix discordante est vouée aux gémonies. Il fallait attendre Octobre 1988 pour respirer un semblant d’accalmie et d’ouverture. Malheureusement, la « décennie noire » et ses douloureux événements plongeront encore une fois l’Algérie dans la douleur.

    1999, nouvelle ère avec des responsables recyclés du défunt MALG en costumes- cravates, bien introduits dans les affaires. C’est le début de la gouvernance par l’offense, par la destruction du collectif et la substitution du citoyen par le croyant. La mythocratie s’installe en profondeur avec un credo : dépenser sans penser en bradant les richesses du pays, idolâtrant le conteneur, se frottant les mains pour le gré à gré et assaisonnant le tout de « tchipa »(4). Juste à titre d’exemple, pourquoi le code des marchés publics a-t-il été amendé au moins sept fois depuis 1999 ? La loi anticorruption n’a-t-elle pas interdit la dénonciation des délits de corruption par le citoyen ? Pour pouvoir le faire, il faut être membre du… conseil d’administration de l’entité dénoncée.

    Ainsi, l’impunité est garantie : « Hommes du sérail, enrichissez-vous ! », semble clamer ce pouvoir de la prédation. Au lieu d’encourager le libéralisme politique, le régime s’empressa d’aller vers le libéralisme économique sauvage, avec son lot d’oligarques qui « organisent » même la vie politique à travers la « chkara ».

    Le scrutin et son report

    « Si les élections devaient changer les choses, il y a longtemps qu’elles auraient été interdites », me disait Ali Yahia Abdennour du haut de ses 98 ans. En effet, la fraude électorale n’est pas une nécessité, mais un principe. Le chef du moment sait qu’il passera, son unique souci réside dans le taux de suffrages amassés à son avantage, toujours au-delà des 90%, sinon « il rentre chez lui ». Le nouveau vice-Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, chargé de mener leur transition, dans une récente déclaration, rassurait les Algériens en leur promettant que cette fois-ci « les élections seront transparentes » ! Une façon explicite de reconnaître l’illégitimité de toutes les institutions. Pour ce qui est du report des élections à une date non arrêtée, cela relève, au-delà de son inconstitutionnalité, de la ruse et de la manigance politicienne. Gagner du temps et se refaire une virginité.

    Le destin

    Après vingt années d’anesthésie générale, distillée par doses homéopathiques, la jeunesse, qui, quand elle se lève se soulève, sort de son fatalisme imposé et réclame sa « liberté ». C’est l’échec de la banalisation de la maladie du Président qui accéléra le processus du recouvrement de la liberté et de la dignité qu’elle procure. Le régime de la prédation et de la faillite, tapi derrière la ligne Morice et qui a remporté la mise en 1962 avec sa communauté d’obligés, a été surpris par cet élan de la jeunesse qui n’a pas connu l’Aqmi ni le FMI, entouré de tout le peuple comme un seul homme.

    Le régime, en terrain conquis, n’avait pas prévu le torrent humain qui risque de l’emporter. En ayant détruit tous les mécanismes de la société, empêché l’émergence d’un leadership, il s’est fait piéger. Car les Algériens n’ont pas eu l’occasion d’exprimer leurs angoisses et leurs espérances, ils n’ont en aucune manière pu fixer l’agenda et les priorités, trop longtemps restés en dehors du jeu politique livré aux seuls appareils des partis qui ont leur propre agenda et qui affichent une rupture inquiétante avec la population. L’Algérienne et l’Algérien, toutes catégories confondues, pensent, qu’à une ou deux exceptions près, en Algérie, il n’y a que des partis uniques ! Le pouvoir l’a ainsi voulu.

    Et pour cause, l’homme du consensus est devenu l’homme du refus général. Aucun interlocuteur avec qui discuter ou négocier son départ. Et pour notre bonheur, ce mouvement populaire, pacifique et civique n’a pas de tête. Le régime l’aurait décapité. Les hommes de « devoir et non de pouvoir » émergeront, et j’en suis convaincu. Ils mettront fin à cette dictature d’adhésion qui a hypothéqué l’avenir de tout un peuple.

    Par Hanafi Si Larbi , 

    hanafisilarbi@gmail.com

    Post-scriptum :

    1- Monsieur le président Macron, soyez rassuré, vous n’aurez pas à vous soucier des boat-people, les jeunes Algériens resteront dans leur pays. Par contre, attendez-vous à des yacht-people à qui vous demanderez, au nom de l’humanité, l’origine, sinon la traçabilité de leur fortune.
    2- BHL : chuuuutttt, c’est une affaire de famille.
    Notes :
    1- Camarilla désigne, avec une connotation péjorative, un groupe de conseillers du prince. Habituellement, ceux-ci n’ont pas de fonctions ministérielles et ne sont pas détenteurs d’une autorité officielle : ils conseillent le souverain de façon informelle.
    2- Colonel Hamlet, ancien responsable du MALG et ensuite des services techniques de la SM – interview in Le Soir d’Algérie 23 et 24 juin 2008.
    3- Idem
    4- Tchipa : terme voulu sympathique pour désigner la désastreuse corruption.
    Bibliographie :
    1- Fethi Al Db Abdel Nasser et la Révolution algérienne Edition L’Harmattan
    2- Hocine Aït Ahmed Mémoires d’un combattant, Edition Sylvie Messinger
    3- Leila Benammar Benmansour La crise de l’été 1962 Collection Etudes et documents

    http://lequotidienalgerie.org/2019/03/19/du-butin-au-report-du-scrutin-pour-quel-destin

  • Voir la « crise migratoire autrement » : le cas libyen

    Cette série de trois articles est le résultat d’un travail de recherche en géopolitique d’un an, effectué à l’Institut Français de Géopolitique (IFG), sous la direction de Mr. Ali Bensâad, chercheur renommé et spécialiste de la Libye. Ce projet d’environ 150 pages, se fonde sur un large corpus documentaire et une enquête de terrain d’un mois à Tunis en juin-juillet 2018 où est délocalisée depuis 2014 la réponse internationale à la crise libyenne (U.E, ONU, HCR, ONG…). Des diplomates, des journalistes ou des chercheurs ont été interviewés dans le cadre de cette recherche. Cette série tentera donc d’offrir une perspective relativement originale sur la crise migratoire de la méditerranée centrale à l’aide des éléments de cette production en géopolitique.

    http://www.lejournalinternational.info/voir-la-crise-migratoire-autrement-le-cas-libyen-1-3

    Deuxième volet :
    http://www.lejournalinternational.info/voir-la-crise-migratoire-autrement-le-cas-libyen-2-3

    Troisième :
    http://www.lejournalinternational.info/voir-la-crise-migratoire-autrement-le-cas-libyen-3-3

    #Libye #asile #migrations #réfugiés
    #crise #crise_migratoire

  • The roundabout revolutions

    The history of these banal, utilitarian instruments of traffic management has become entangled with that of political uprising, #Eyal_Weizman argues in his latest book

    This project started with a photograph. It was one of the most arresting images depicting the May 1980 #Gwangju uprising, recognised now as the first step in the eventual overthrow of the military dictatorship in South Korea. The photograph (above) depicts a large crowd of people occupying a roundabout in the city center. Atop a disused fountain in the middle of the roundabout a few protestors have unfurled a South Korean flag. The roundabout organised the protest in concentric circles, a geometric order that exposed the crowd to itself, helping a political collective in becoming.

    It had an uncanny resonance with events that had just unfolded: in the previous year a series of popular uprisings spread through Tunisia, Egypt, Bahrain, #Oman, Yemen, Libya, and Syria. These events shared with Gwangju not only the historical circumstances – they too were popular protests against military dictatorships – but, remarkably, an urban-architectural setting: many of them similarly erupted on roundabouts in downtown areas. The history of these roundabouts is entangled with the revolutions that rose from them.

    The photograph of the roundabout—now the symbol of the “liberated republic” – was taken by #Na_Kyung-taek from the roof of the occupied Provincial Hall, looking toward Geumnam-ro, only a few hours before the fall of the “#Gwangju_Republic”. In the early morning hours of the following day, the Gwangju uprising was overwhelmed by military force employing tanks and other armed vehicles. The last stand took place at the roundabout.

    The scene immediately resonates with the well-known photographs of people gathering in #Tahrir_Square in early 2011. Taken from different high-rise buildings around the square, a distinct feature in these images is the traffic circle visible by the way it organises bodies and objects in space. These images became the symbol of the revolution that led to the overthrow of President Hosni Mubarak in February 2011 – an event described by urban historian Nezar AlSayyad as “Cairo’s roundabout revolution”. But the Gwangju photograph also connects to images of other roundabouts that erupted in dissent in fast succession throughout the Middle East. Before Tahrir, as Jonathan Liu noted in his essay Roundabouts and Revolutions, it was the main roundabout in the capital of Tunisia – subsequently renamed Place du 14 Janvier 2011 after the date on which President Zine el-Abidine Ben Ali was forced to flee the country. Thousands of protesters gathered at the roundabout in Tunis and filled the city’s main boulevard.

    A main roundabout in Bahrain’s capital Manama erupted in protests shortly after the overthrow of Mubarak in Egypt. Its central traffic island became the site of popular protests against the government and the first decisive act of military repression: the protests were violently broken up and the roundabout itself destroyed and replaced with a traffic intersection. In solidarity with the Tahrir protests, the roundabouts in the small al-Manara Square in Ramallah and the immense Azadi Square in Tehran also filled with protesters. These events, too, were violently suppressed.

    The roundabouts in Tehran and Ramallah had also been the scenes of previous revolts. In 2009 the Azadi roundabout in Iran’s capital was the site of the main protests of the Green Movement contesting President Mahmoud Ahmadinejad’s reelection. Hamid Dabashi, a literature professor at Columbia University and one of the most outspoken public intellectuals on these revolutions, claims that the Green Movement was inspirational for the subsequent revolutionary wave in the Arab world. In Palestine, revolt was a permanent consequence of life under occupation, and the al-Manara roundabout was a frequent site of clashes between Palestinian youth and the Israeli military. The sequence of roundabout revolutions evolved as acts of imitation, each building on its predecessor, each helping propel the next.

    Roundabouts were of course not only exhilarating sites of protest and experiments in popular democracy, but moreover they were places where people gathered and risked their life. The Gwangju uprising is, thus, the first of the roundabout revolutions. Liu wrote: “In all these cases, the symbolism is almost jokingly obvious: what better place to stage a revolution, after all, then one built for turning around?” What better way to show solidarity across national borders than to stage protests in analogous places?

    Why roundabouts? After all, they are banal, utilitarian instruments of traffic management, certainly not prone to induce revolutionary feeling. Other kinds of sites – squares, boulevards, favelas, refugee camps – have served throughout history as the setting for political protest and revolt. Each alignment of a roundabout and a revolution has a specific context and diverse causes, but the curious repetition of this phenomenon might give rise to several speculations. Urban roundabouts are the intersection points of large axes, which also puts them at the start or end of processions.

    Occupying a roundabout demonstrates the power of tactical acupuncture: it blocks off all routes going in and out. Congestion moves outward like a wave, flowing down avenues and streets through large parts of the city. By pressuring a single pivotal point within a networked infrastructure, an entire city can be put under siege (a contemporary contradistinction to the medieval technique of surrounding the entire perimeter of a city wall). Unlike public squares, which are designed as sites for people to gather (therefore not interrupting the flow of vehicular traffic) and are usually monitored and policed, roundabout islands are designed to keep people away. The continuous flow of traffic around them creates a wall of speeding vehicles that prohibits access. While providing open spaces (in some cities the only available open spaces) these islands are meant to be seen but not used.

    Another possible explanation is their symbolic power: they often contain monuments that represent the existing regime. The roundabouts of recent revolutions had emblematic names – Place du 7 Novembre 1987, the date the previous regime took power in Tunisia; “Liberty” (Azadi), referring to the 1979 Iranian Revolution; or “Liberation” (Tahrir), referring to the 1952 revolutions in Egypt. Roundabout islands often had statues, both figurative and abstract, representing the symbolic order of regimes. Leaders might have wished to believe that circular movement around their monuments was akin to a form of worship or consent. While roundabouts exercise a centripetal force, pulling protestors into the city center, the police seek to generate movement in the opposite direction, out and away from the center, and to break a collective into controllable individuals that can be handled and dispersed.

    The most common of all centrifugal forces of urban disorganisation during protests is tear gas, a formless cloud that drifts through space to disperse crowds. From Gwangju to Cairo, Manama to Ramallah, hundreds of tear-gas canisters were used largely exceeding permitted levels in an attempt to evict protesters from public spaces. The bodily sensation of the gas forms part of the affective dimension of the roundabout revolution. When tear gas is inhaled, the pain is abrupt, sharp, and isolating. The eyes shut involuntary, generating a sense of disorientation and disempowerment.

    Protestors have found ways to mitigate the toxic effects of this weapon. Online advice is shared between activists from Palestine through Cairo to Ferguson. The best protection is offered by proper gas masks. Improvised masks made of mineral water bottles cut in half and equipped with a filter of wet towels also work, according to online manuals. Some activists wear swim goggles and place wet bandanas or kaffiyehs over their mouths. To mitigate some of the adverse effects, these improvised filters can be soaked in water, lemon juice, vinegar, toothpaste, or wrapped around an onion. When nothing else is at hand, breathe the air from inside your shirt and run upwind onto higher ground. When you have a chance, blow your nose, rinse your mouth, cough, and spit.


    https://www.iconeye.com/opinion/comment/item/12093-the-roundabout-revolutions
    #révolution #résistance #giratoire #carrefour #rond-point #routes #infrastructure_routière #soulèvement_politique #Corée_du_Sud #printemps_arabe #Egypte #Tunisie #Bahreïni #Yémen #Libye #Syrie #Tahrir

    Du coup : #gilets_jaunes ?

    @albertocampiphoto & @philippe_de_jonckheere

    This project started with a photograph. It was one of the most arresting images depicting the May 1980 #Gwangju uprising, recognised now as the first step in the eventual overthrow of the military dictatorship in South Korea. The photograph (above) depicts a large crowd of people occupying a roundabout in the city center. Atop a disused fountain in the middle of the roundabout a few protestors have unfurled a South Korean flag. The roundabout organised the protest in concentric circles, a geometric order that exposed the crowd to itself, helping a political collective in becoming.

    –-> le pouvoir d’une #photographie...

    signalé par @isskein

    ping @reka

  • https://www.francetvinfo.fr/monde/syrie/syrie-les-emirats-arabes-unis-rouvrent-leur-ambassade-a-damas-fermee-de

    Syrie : les Emirats arabes unis rouvrent leur ambassade à Damas, fermée depuis sept ans

    C’est une victoire diplomatique pour le président syrien Bachar al-Assad, mis au ban par les pays arabes depuis le début du conflit.
    Vue du quartier d\’Abou Roumaneh, à Damas (Syrie), en 2015, où l’ambassade des Emirats arabes unis doit rouvrir, le 27 décembre 2018.

    (Le même jour, Syrianair reprend ses vols pour Tunis, également suspendus depuis 7 ans.)

    Tout ça pour ça... #syrie

  • #Décès du président de l’association des ivoiriens de #Tunisie après une attaque au couteau lors d’un braquage

    Le président de l’#association_des_ivoiriens de Tunisie #Falikou_Coulibaly, a succombé, dans la soirée du dimanche de ses blessures, après un braquage qui a mal tourné du côté de Dar Fadhal, à la Soukra.

    Selon une source sécuritaire, citée par la radio Mosaïque FM, 6 personnes ont été arrêtées dont une personne qui aurait attaqué le jeune homme au couteau.

    La criminalité a largement augmenté en Tunisie depuis 2011.

    “Quelque 185.617 affaires criminelles, tous délits confondus ont été recensées au cours des dix premiers mois de l’année 2018, un chiffre qui pourrait atteindre le pic de 200 mille à la fin de l’année” avait affirmé en novembre dernier, le président de l’Institut Tunisien des Études Stratégiques (ITES), Néji Jalloul.

    L’Amiral, Kamel Akrout, premier conseiller à la Sécurité nationale auprès du président de la République, avait quant à lui révélé que 48% des prisonniers sont des jeunes, 58% d’entre eux ont entre 15 et 17 ans. 4% des élèves, au sein des collèges et des lycées, consomment de la drogue, et 5% parmi les étudiants.

    Pour lui, cela est dû à la situation qui règne sur le pays après le 14 janvier. “Il y a de la négligence, du laisser-aller, que ce soit de la part de la famille, qui les délaisse, ou de la société en perte de valeurs”, a-t-il signalé.

    “Il y a une justice punitive assez développée, à mon avis. Mais le plus important ce n’est pas la dissuasion, car cela est synonyme d’échec (...) Ce qu’il faut, c’est la prévention, c’est le plus important”, a-t-il affirmé, “Et la prévention n’est pas que de la responsabilité du gouvernement ou de l’État, mais de toute la société. Ce sont nos enfants, l’avenir du pays”.

    https://www.huffpostmaghreb.com/entry/deces-du-president-de-lassociation-des-ivoiriens-de-tunisie-apres-u
    ping @_kg_

    • Après la mort de Falikou Coulibaly, la communauté subsaharienne de Tunis entre stupeur et indignation (VIDÉO)

      Le président de l’association des ivoiriens de Tunisie Falikou Coulibaly a succombé à ses blessures après un braquage.

      Plusieurs dizaines d’africains subsahariens se sont réuni, lundi, devant l’hôpital Mongi Slim, à l’appel de l’Association des Étudiants et Stagiaires Africains en Tunisie, criant leur détresse face à la mort du président de l’association des ivoiriens de Tunisie, Falikou Coulibaly, à la suite d’une attaque au couteau pendant un braquage, survenu dimanche à la Soukra.

      _ AESAT
      URGENT URGENT :
      L’Association des Etudiants et Stagiaires Africains en Tunisie condamne avec la plus grande fermeté l’agression à l’arme blanche (des coups de couteau) de notre frère Falikou Coulibaly de nationalité Ivoirienne rendant ainsi l’âme à l’hôpital de Mongi Slim. Nous lançons un appel fort à l’endroit des autorités Tunisiennes sur le devoir de la protection des Etrangers.
      Ainsi un appel à mobilisation pour un rassemblement est prévu aujourd’hui à 9h devant l’hôpital Monji Slim.
      Toutes nos condoléances à la famille de la victime et à la communauté Ivoirienne en Tunisie.

      https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2028583227177956&id=443648175671477_

      “Ici, on nous agresse, on nous tue sans savoir pourquoi” s’emporte une jeune femme. “On nous tue !” déplore pour sa part un jeune homme.

      – vidéo : https://www.facebook.com/ayebbechir.ayeb/videos/2219546101441724/?t=0

      – vidéo : https://twitter.com/medzepplin/status/1077146719392014336

      Contacté par le HuffPost Tunisie, un membre de l’AESAT, déplore cet énième acte de violence, ayant conduit cette fois-ci à la mort : “Cela devait arriver !! À force de nous faire attaquer, de nous faire injurier, de nous faire violenter, sans sanctions contre nos agresseurs, la mort était inévitable. Je ne dis pas que Falikou a été tué parce qu’il est noir, mais le fait est là, nous perdons un de nos frères les plus proches et les plus actifs au sein de la communauté”.

      Stupeur sur les réseaux sociaux

      Sur les réseaux sociaux, l’heure est à la stupeur après ce crime, entre condoléances, appels à la mobilisation et condamnations.

      Une marche spontanée, en mémoire de Falikou, vers l’ambassade ivoirienne en Tunisie se déroule actuellement.

      – vidéo : https://www.facebook.com/Union.Leaders.Africains/videos/2178537942411256/?t=0

      _ Union des leaders Africains
      L’ALDA exprime ses sincères condoléances à la famille du président de l’AIT qui a été assassiné suite à une agression à l’arme blanche (Braquage).
      Actuellement il y a une marche spontanée vers l’ambassade de Côte d’Ivoire en Tunisie.
      Nous sommes solidaires avec la communauté ivoirienne en Tunisie.

      https://www.facebook.com/Union.Leaders.Africains/posts/1138674886314256_

      _ Yamina Thabet
      Terriblement choquée par le meurtre de Coullibaly Fallikou , 33 ans , président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie .... terriblement triste et choquée par une telle violence ! Ce qui était arrivé à Najmatar comme déchaînement raciste, n’écarte pas pour moi la piste du règlement de compte ..
      Paix à son âme et sincères condoléances à toute sa famille et à la communauté ivoirienne

      https://www.facebook.com/yamina.thabet/posts/10216616546873601_

      _ Jean Marie Kone
      TRISTE NOUVELLE :
      En effet, triste nouvelle : le jeune étudiant ivoirien Falikou COULIBALY résidant enTunisie ne fêtera pas le réveillon 2018 parmis les siens.
      L’ignominie de son assassinat le week-end en pleine capitale tunisienne marquera à jamais son symbolisme sacrificiel, la marche inexorable vers la réalisation effective de l’Etat de droit en Tunisie.
      Mais, du fond de ce malheur qui noue encore les tripes, méditons froidement sur l’avenir que cet événement nous propose.
      Face à ce drame confirmé et désormais archivé dans la mémoire collective de la communauté des africains subsahariens et en particulier des ivoiriens résidents en Tunisie , je voudrais présenter toutes mes sincères condoléances à toute la famille, amis, et compatriotes du jeune frère COULIBALY.
      Je souhaite que la lumière soit faite sur cette énième assassinat que je qualifie d’inacceptable, de barbarie et sauvage.
      Heureusement, que la Tunisie et la côte d’Ivoire
      entretiennent de bons rapports depuis très longtemps et que nous n,accepterons pas qu’une minorité d’individus ni foi ni lois viennent perturber cette cohésion qui existe entre nos deux "peuples amis et frères ".
      Chers amis et chers compatriotes, je vous invite à la retenue et la sérénité totale afin que les autorités tunisiennes et ivoiriennes mènent des enquêtes pour situer les responsabilités.
      Repose en paix frero Cool !
      Bon courage à toutes et à tous !
      Vive la fraternité et l’intégration africaine !
      #JMK_

      https://www.facebook.com/africa.i.ua/posts/1116490248518762_

      Rafik Shimi
      Une nouvelle journée ordinaire pour les tunisiens, mais un début de semaine triste et sanglant pour nos amis ivoiriens résidents en Tunisie.
      Hier soir, le jeune Falikou Coulibaly, étudiant ivoirien en Tunisie et président de l’AIT ( association des ivoiriens en Tunisie) a été sauvagement poignardé par des criminels tunisiens dans la région de Soukra à Tunis, et le pauvre a trouvé la MORT, succombant à ses blessures.
      Vous vous rappelez bien mon dernier appel il y a une semaine pour le secours des africains subsahariens résidents en Tunisie, mais personne ne s’y intéressait.
      Je présente mes condoléances et mes excuses au nom des tunisiens libres à toute la famille du défunt et À Bas le Racisme !

      https://www.facebook.com/rafikbi9a/posts/10156281715308740_

      _ Mabrouka Khedir
      A dieu mon ami , paix à ton âme ...
      Le président de l’association des ivoiriens en Tunisie AIT - Association des Ivoiriens en Tunisie FALIKOU COULIBALY poignardé au couteau dans un braquage à Tunis ...

      https://www.facebook.com/mabrouka.journaliste/posts/798810053800993_

      _ #OIM Tunisie
      [Condoléances] C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris la nouvelle du décès tragique de Falikou Coulibaly, survenu hier dans la nuit du Dimanche 23 Décembre 2018.
      Selon les sources sécuritaires, M. Coulibaly a perdu la vie en succombant à ses blessures suite à une agression à l’arme blanche dans le quartier de La Soukra, Gouvernorat de l’Ariana. Six suspects ont été arrêtés par les autorités locales. L’enquête suit son cours.
      Nous présentons nos sincères condoléances à la jeune épouse de M. Coulibaly et sa petite famille, à ses proches et à toute la communauté ivoirienne en Tunisie à qui nous assurons notre soutien et notre solidarité.
      Nous nous rappellerons avec gratitude de l’excellente coopération avec M. Coulibaly et de sa contribution décisive aux efforts visant à promouvoir les droits humains, l’intégration et la cohésion sociale et à célébrer le vivre-ensemble au sein de la communauté ivoirienne et migrante en Tunisie.
      Nous saluons finalement l’engagement continu de la Tunisie en matière de Droits Humains. Nous restons toutefois consternés par la mort prématurée du jeune Falikou Coulibaly et nous condamnons fermement toute forme de violence, quels qu’en soient la victime et l’auteur.

      https://www.facebook.com/iomtunis/posts/281702155880300_

      Le président de l’association des ivoiriens de Tunisie Falikou Coulibaly, a succombé, dans la soirée du dimanche à ses blessures, après un braquage qui a mal tourné du côté de Dar Fadhal, à la Soukra.

      Selon une source sécuritaire, citée par la radio Mosaïque FM, 6 personnes ont été arrêtées dont une personne qui aurait attaqué le jeune homme au couteau.

      https://www.huffpostmaghreb.com/entry/apres-la-mort-de-falikou-coulibaly-la-communaute-subsaharienne-de-t

      @deka : j’ai des vidéo témoignages en plus, partagés par les réseaux, fais signe si t’as besoin...

    • Racisme : « La Tunisie doit proclamer son africanité ! »

      Tribune. Mon pays, la Tunisie, se trouve au nord de l’Afrique, à la pointe septentrionale, si proche de l’Europe mais aussi étranger au continent auquel il appartient. Ce petit pays a réalisé d’extraordinaires avancées modernistes, comme l’abolition de l’esclavage en 1846 – une première dans le monde arabo-musulman –, avec une longueur d’avance sur les Etats-Unis et la France. Ou le code du statut personnel, qui octroie en 1956 aux Tunisiennes des droits et une liberté dont rêvent encore des millions de femmes dans le monde.

      Seule une frange de la population est restée dans l’ombre de ces avancées. Même après la « révolution » de 2011, les Tunisiens noirs peinent encore à trouver leur juste place dans la société. Les raisons sont multiples, mais la principale est la méconnaissance de l’Histoire. Dans la mémoire collective, le Noir est arrivé en #Afrique_du_Nord asservi, les chaînes aux pieds, chose que certains compatriotes nous crachent à la figure au moment où nous nous y attendons le moins. On sous-entend ceci : « Quoi que vous fassiez, n’oubliez surtout pas que vous êtes arrivés ici en tant qu’esclaves, que nous achetions pour quelques pièces. » Mais ont-ils pensé, ne serait-ce qu’une fois, que les Noirs pouvaient aussi être des enfants de la région ?
      Lire aussi A Tunis, le meurtre d’un Ivoirien cristallise la colère de la #communauté_subsaharienne

      Le grand tacticien Hannibal Barca était un guerrier noir. Pourtant, peu à peu, il est devenu méconnaissable, ses représentations prenant les couleurs et les traits d’un Nord-Africain. Fini les cheveux frisés et le nez aplati des pièces vues dans mon enfance au musée du Bardo. Tout se transforme, même l’Histoire ! Comment voulez-vous que les jeunes Tunisiens se sentent africains s’ils méconnaissent le passé du continent ? Combien d’entre eux connaissent Cheikh Anta Diop et ses œuvres capitales ? Ont-ils une idée de qui était Thomas Sankara, l’homme intègre, ou encore le président-poète Léopold Sedar Senghor, l’un des pères de la négritude, mouvement de résistance d’une Afrique qui s’éveille ?

      Crimes de haine

      Quand je leur parle de #racisme, mes compatriotes ont des réactions assez amusantes. Ils ou elles ont toujours un ou une ami(e) noir(e) avec qui ils mangent dans la même assiette. Mais seraient-ils prêts, pour autant, à l’épouser ? Le Tunisien a beaucoup de mal à reconnaître que le racisme existe dans son pays, comme partout ailleurs. Quand le racisme mène à l’#agression, les commentateurs ont vite fait de disqualifier cette motivation de l’#attaque. On parle de « déséquilibrés » qu’il ne faut surtout pas prendre au sérieux. Pourtant, ces dernières années, la liste des victimes de #crimes de haine s’est tristement allongée.

      Le 7 décembre 2016, à Tunis, une jeune Ivoirienne échappe in extremis à une tentative d’#égorgement. Dix-sept jours plus tard, à la veille de Noël, deux étudiantes congolaises sont poignardées en plein centre-ville à 11 heures du matin. Un jeune Congolais qui tente de les secourir est, lui, atteint au bras. Ces victimes ont survécu mais elles ont gardé de douloureuses séquelles physiques et psychologiques. Quant à l’agresseur, il avouera ne pas supporter de voir des Noirs parler une autre langue entre eux. Il ne sera pas inquiété par la justice car considéré comme malade.

      Quelque mois après ces attaques, un douanier tunisien noir, en vacances avec sa famille dans un hôtel à Mahdia (centre-est), est agressé par un serveur qui refuse de le servir à cause de la couleur de sa peau. Le douanier termine ses congés à l’hôpital.

      Le 23 décembre 2018, l’Ivoirien Falikou Coulibaly, 33 ans, père de deux enfants, est poignardé à mort à Tunis. Décidément, en Tunisie, les veilles de Noël ont un goût de larmes et de sang pour certaines communautés.

      Sortir du #silence

      Ce #meurtre s’est produit deux mois après l’adoption d’une loi pénalisant le racisme en Tunisie. C’était une première dans le #monde_arabe. Ce texte, que nous attendions avec impatience, a été voté par 125 députés. On notera l’absence, ce jour-là, d’environ 40 % des représentants du peuple… La Tunisie aime à dire qu’elle est africaine, mais dans les faits elle ne proclame ni son #africanité, ni son caractère #multiethnique. Une #multiculturalité qui n’est d’ailleurs pas inscrite dans la nouvelle Constitution post- « révolution ».

      Malgré tout, cette #loi permet aux victimes de racisme de sortir du silence et à la société tunisienne de s’extraire de son long déni. Mon constat est cependant amer : les lois – celle-ci ou celle à venir concernant les #migrants – sont écrites avec le sang de nos congénères, nos frères et sœurs, citoyens subsahariens. Une société change non pas grâce à ses réglementations pénalisantes mais par la volonté de tous d’adhérer à un #projet_commun, celui du « #vivre_ensemble ». La loi est un recours quand l’éducation échoue.

      Pour combattre la bête immonde, l’#Education_nationale doit lancer un travail en profondeur. Le racisme et la violence se manifestent dès le plus jeune âge, à l’école. Il est nécessaire de former les enseignants. Sur le volet de la représentation, une présence visuelle des Noirs dans les #médias, les publicités, les affiches, au cinéma, à la télévision me parait indispensable. Ceci afin que le Tunisien noir ne soit plus cette tache de naissance que l’on porte honteusement sur le visage et qu’on veut oublier ou faire disparaître, mais un joli grain de beauté.

      #Saadia_Mosbah est présidente de l’Association M’nemty (« mon rêve »), qui lutte contre les discriminations raciales en Tunisie.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/29/racisme-la-tunisie-doit-proclamer-son-africanite_5403434_3212.html

  • Migrants: Tunisia rejects practice of forced repatriations

    Tunisia ’’categorically refuses forced expulsions of its irregular migrants from their respective hosting countries’’, Tunisian Social Affairs Minister Mohamed Trabelsi said, opening a seminar in Tunis on migration in relation to objectives of sustainable development.

    The minister added that the Tunisian government supports the right to access basic services and integration projects in hosting countries and does not accept for its migrants to return unless they are willing to do so.

    In his address, Trabelsi denounced the use of unilateral measures by some hosting countries, stressing that irregular migration can only be tackled with the help of conventions and international agreements.

    Trabelsi said an estimated 200,000 Tunisians are residing abroad without regular documents.

    He announced the presentation of a national strategy on migration to Parliament in 2019 with the objective of institutionalizing the system of migration, asylum and residence in Tunisia.

    Trabelsi continued by recalling that the majority of illegal migrants are fleeing war, human rights abuses and difficult economic conditions, insisting that the migration dossier should be handled with more responsibility and equality between northern and southern Mediterranean countries. He said the world economic system should be fairer. Lorena Lando, head of the mission of the International Organization for Migration (IOM), spoke about the relation between migration and sustainable development targets in the UN’s 2030 agenda, noting that a national strategy could be one of the possible solutions for Tunisia to tackle the migration dossier.

    According to IOM, there are an estimated 60,000 undocumented migrants in Tunisia, while Tunisian migrants living abroad without regular documents are about 1.3 million.

    http://www.ansamed.info/ansamed/en/news/sections/politics/2018/12/19/migrants-tunisia-rejects-practice-of-forced-repatriations_e3320c3f-a2fc-45
    #résistance #migrants_tunisiens #réfugiés_tunisiens #Tunisie #expulsions #renvois #renvois_forcés
    ping @_kg_

  • انباء عن زيارة وشيكة لوليد المعلم لتونس حاملا دعوة للرئيس السبسي لزيارة دمشق - رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/index.php/%d8%a7%d9%86%d8%a8%d8%a7%d8%a1-%d8%b9%d9%86-%d8%b2%d9%8a%d8%a7%d8%b1%d8%a

    Après lavisite du président soudanais, on parle d’une visite du ministre syrien des AE à Tunis et d’une possible visite du président irakien à Damas (https://www.raialyoum.com/index.php/%d8%a7%d9%86%d8%a8%d8%a7%d8%a1-%d8%b9%d9%86-%d8%b2%d9%8a%d8%a7%d8%b1%d8%a).

    #normalisation #syrie

  • Comment l’aide suisse au développement relève le défi de la migration

    Créer les conditions permettant aux gens de vivre en paix dans leur propre pays et de réaliser leurs rêves : c’est le but du Pacte migratoire de l’ONU. La Suisse a gelé son adhésion à cet accord. Elle soutient pourtant des projets qui poursuivent ces objectifs.
    En début de semaine, la communauté internationale a officiellement adopté le Pacte mondial sur les migrations à Marrakech, sous les auspices des Nations unies (ONU). Mais la Suisse a suspendu sa participation, car le Parlement exige d’être préalablement consulté. La Confédération soutient pourtant déjà des projets qui font le lien entre migration, développement et protection des droits humains. Voici quelques exemples :

    #Bosnie-Herzégovine : « i-plateforme »

    Depuis la guerre en ex-Yougoslavie, la Bosnie-Herzégovine est une nation fragmentée d’un point de vue ethnique et religieux, avec une structure politique variable. En Suisse, bien que très hétérogène, la diaspora défend sa patrie. Ses relations avec le pays d’origine sont principalement basées sur des liens personnels. De ce fait, une communication et une coopération systématiques entre les autorités locales et nationales sont en cours d’élaboration.

    Dans les années 1960 et 1980, les flux concernaient essentiellement des saisonniers non qualifiés venus en Suisse pour travailler. En 1991, la Confédération a mis fin à ce type de migrations de main-d’œuvre. En 1993, en raison de la nouvelle guerre des Balkans, le nombre de demandes d’asile a culminé à 7000 personnes, aboutissant à la décision du Conseil fédéral d’accueillir collectivement et temporairement des réfugiés de guerre. Une décision qui sera abrogée en 1995. Pourtant, même après la fin du conflit, la réconciliation nationale en Bosnie-Herzégovine est restée problématique et a rendu difficile le retour et la réinstallation des réfugiés. Depuis, les principaux motifs d’immigration en Suisse ont été motivés par le regroupement familial et la nécessité d’accueillir des cas difficiles.

    On estime à 60’000 environ le nombre de personnes originaires de Bosnie-Herzégovine vivant en Suisse. La majorité de ces personnes sont titulaires d’un permis de séjour B ou C. De 1998 à 2006, le taux de naturalisation des citoyens bosniens a augmenté, mais il a diminué depuis 2006.

    La « i-plateforme », créée en partenariat avec la DDC, permet à la diaspora en Suisse de contribuer au développement économique, social, culturel et démocratique de la Bosnie-Herzégovine. Indépendant sur le plan ethnique et confessionnel, cet outil remplit une double fonction de passerelle : tant au sein de la diaspora en Suisse que dans la société fragmentée de Bosnie-Herzégovine.

    #Sri_Lanka : « Pour une migration sans risque de la main-d’œuvre » (#Safe_Labour_Migration_Programme)

    Depuis la fin de la guerre civile, la situation au Sri Lanka reste instable, aggravée par la crise politique actuelle. La Suisse soutient le processus de réforme et de réconciliation. Entre 2005 et 2016, elle a également fourni une aide humanitaire à la reconstruction du pays après la guerre et après le tsunami de 2004.

    Chaque année, plusieurs centaines de milliers de personnes fuient la pauvreté au Sri Lanka. Avec le salaire qu’ils obtiennent à l’étranger, ces émigrants améliorent la santé et l’éducation de leurs familles restées au pays. Entre 2009 et 2018, les travailleurs expatriés sri-lankais ont transféré en moyenne plus de 500 millions de dollars US dans leur pays d’origine. Ils sont souvent exploités en raison d’une carrence d’informations et d’une méconnaissance de leurs droits. Les femmes sont particulièrement exposées, elles sont souvent victimes de violences sexuelles ou de traite des êtres humains.

    Environ 3 millions de citoyens sri-lankais vivent à l’étranger, dont environ 50’000 en Suisse. La plupart d’entre eux ont fui à la suite de la guerre civile de 1983-2009 ou à cause de la répression politique et des persécutions. En 2017, 840 demandes d’asile ont été déposées en Suisse par des ressortissants sri-lankais (environ 38% de moins que l’année précédente).

    Dans le cadre du Safe Labour Programme de l’Organisation internationale du Travail (OIT), un projet soutenu par la DDC, les travailleurs émigrés sont conseillés et informés sur leurs droits, en vue de les protéger contre l’exploitation. Le projet promeut ainsi une migration sans risque de la main-d’œuvre, maximise les aspects positifs et minimise les conséquences négatives.
    Tunisie : « Programme intégré sur le recrutement équitable » et « Communauté Tunisienne Résidente en Suisse »
    Fin de l’infobox

    Depuis le Printemps arabe, les défis sociaux, politiques et économiques à relever en Afrique du Nord, y compris en Tunisie, sont toujours nombreux. Notamment parce que la Tunisie doit faire face à un double mouvement : l’émigration de ses citoyens et l’immigration ou le transit de réfugiés en provenance d’autres pays.

    Les perspectives du marché du travail en Tunisie et dans la région sont faibles. Même les personnes qualifiées ont peu de chances de trouver un emploi. Le taux de chômage atteint 29% chez les jeunes (2017). À cela s’ajoutent les conflits, notamment en Libye et dans la Corne de l’Afrique, qui provoquent instabilité et flux migratoires.

    Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), entre 2011 et 2017, quelque 94’000 personnes ont quitté la Tunisie, dont 84% pour l’Europe. En 2018, 5000 Tunisiens ont atteint les côtes italiennes et, fin octobre, 262 demandes d’asile de citoyens de ce pays avaient été déposées en première instance en Suisse.

    Deux initiatives visent à accroître les chances des jeunes Tunisiens sur le marché du travail et à améliorer leurs conditions de travail en Tunisie. Le projet de la DDC « Communauté tunisienne résidant en Suisse », mis en œuvre avec l’ambassade de Suisse à Tunis, utilise les capacités et le savoir-faire de la diaspora tunisienne en Suisse pour le développement social et économique dans le pays d’origine. Les projets contribuent, par exemple, à mettre en adéquation les compétences des jeunes Tunisiens avec celles recherchées sur le marché du travail local. Le « Programme intégré sur le recrutement équitable »vise également à prévenir l’exploitation des travailleurs migrants et à améliorer les processus de recrutement. Avec le soutien de la DDC, ce projet de l’OIT est appliqué dans trois régions du monde particulièrement touchées par les migrations de main-d’œuvre.

    La #Corne_de_l’Afrique : Autorité intergouvernementale pour le développement

    La Corne de l’Afrique abrite 7 millions de personnes ayant dû fuir leurs pays, soit la plus forte concentration de déplacés au monde. Les pays de cette région figurent parmi les moins développés du globe, 13 millions de personnes y souffrent de pénuries alimentaires. A cela s’ajoutent les conflits violents, les attaques de groupes islamistes, tel Al-Shabaab, ainsi que les sécheresses cycliques qui déstabilisent la région.

    Dans la Corne de l’Afrique, il tombe moins de 600mm de pluie par an sur environ 70% du territoire. Dans le même temps, cette région a connu des inondations dévastatrices en 2018. Raisons pour lesquelles les terres agricoles sont rares et déclenchent des conflits tout comme une pauvreté persistante. Les attentats terroristes et le taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes (environ 60%), expliquent pourquoi la population cherche du travail et des revenus à l’étranger.

    Près de 80% des migrants et réfugiés de la Corne de l’Afrique restent sur le continent africain. Les Somaliens et les Erythréens figurent cependant parmi les 10 premiers demandeurs d’asile en Suisse. En 2017, 3375 demandes d’asile provenaient d’Érythréens (soient 34,8 % de moins que l’année précédente) et 843 de Somaliens (moins 46,7 %).

    Les huit États membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, créée en 1996 et soutenue par la #DDC, le #SEM et la #Division_Sécurité_humaine sont l’Éthiopie, Djibouti, l’Érythrée, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie, le Sud-Soudan et le Soudan. Notons toutefois que l’aide à l’Érythrée a été suspendue depuis 2007. Dans l’objectif d’une migration ordonnée et de la protection des migrants, la coopération régionale est encouragée et les structures nationales renforcées. Cette coopération vise également à stabiliser l’ensemble de la région et à endiguer les causes des migrations. Concernant l’Erythrée, une réintégration de ce pays est à l’étude.

    https://www.swissinfo.ch/fre/pacte-sur-les-migrations_comment-l-aide-suisse-au-d%C3%A9veloppement-rel%C3%A8ve-le-d%C3%A9fi-de-la-migration/44616782
    #Suisse #aide_au_développement #asile #migrations #réfugiés #paix #développement #global_compact #Erythrée

  • Faites ce que vous voulez, mais votez Moubarak ! – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/12/08/faites-ce-que-vous-voulez-mais-votez-moubarak

    FIN DE MONDE ?
    La chute d’un ordre de domination se reconnaît à la stupéfaction qui se lit sur les visages de ses desservants. Samedi, le spectacle n’était pas seulement dans la rue. Il était, et il dure toujours depuis, sur les faces ahuries de BFM, de CNews, de France 2, et d’à peu près tous les médias audiovisuels, frappées d’incompréhension radicale. Que la stupidité ait à voir avec la stupéfaction, c’est l’étymologie même qui le dit. Les voilà rendues au point d’indistinction, et leur spectacle commun se donne comme cette sorte particulière d’« information » : en continu.

    Comme l’esprit se rend préférentiellement aux idées qui font sa satisfaction et là où il trouve du confort, les trompettistes du « nouveau monde » et du « macronisme révolutionnaire », sans faire l’économie d’une contradiction, retournent invariablement à l’écurie de leurs vieilles catégories, les catégories du vieux monde puisque c’est celui-là qui a fait leur situation, leurs émoluments et leur magistère (lire « Macron, le spasme du système »). Et les voilà qui divaguent entre l’ultradroite et l’extrême gauche, ou l’ultragauche et l’extrême droite, cherchent avec angoisse des « représentants » ou des « porte-parole » présentables, voudraient une liste circonstanciée de « revendications » qu’on puisse « négocier », n’en trouvent pas davantage, ni de « table » autour de laquelle se mettre. Alors, en désespoir de cause, on cherche frénétiquement avec le gouvernement au fond du magasin des accessoires : consultations des chefs de parti, débat à l’Assemblée, réunion avec les syndicats — l’espoir d’une « sortie de crise » accrochée à un moratoire sur la taxe gasoil ? un Grenelle de quelque chose peut-être ? C’est-à-dire pantomime avec tout ce qui est en train de tomber en ruine. Voilà où en sont les « élites » : incapables de seulement voir qu’il n’est plus temps, que c’est tout un monde qui est en train de partir en morceaux, le leur, qu’on ne tiendra pas pareille dislocation avec du report de taxe ou des taux minorés, bien content si les institutions politiques elles-mêmes ne sont pas prises dans l’effondrement général. Car il ne s’agit pas d’un « mouvement social » : il s’agit d’un soulèvement.

    Car il ne s’agit pas d’un « mouvement social » : il s’agit d’un soulèvement.

    Quand une domination approche de son point de renversement, ce sont toutes les institutions du régime, et notamment celles du gardiennage symbolique, qui se raidissent dans une incompréhension profonde de l’événement — l’ordre n’était-il pas le meilleur possible ? —, doublée d’un regain de hargne, mais aussi d’un commencement de panique quand la haine dont elles font l’objet éclate au grand jour et se découvre d’un coup à leurs yeux. Ceci d’autant plus que, comme il a été noté, la singularité de ce mouvement tient à ce qu’il porte désormais l’incendie là où il n’avait jamais été, et là où il doit être : chez les riches. Et sans doute bientôt, chez leurs collaborateurs.

    À Paris, la contestation des « gilets jaunes » gagne les lieux du pouvoir
    En regard, les parcours habituels des manifestations et les rassemblements des 24 novembre et 1er décembre 2018.

    On lit que la directrice de BFM est restée interloquée d’entendre scander « BFM enculés »sur les Champs, et que le président de la société des journalistes a découvert, dans le même état, que « cela ne vient pas de militants mais de gens du quotidien ». Les pouvoirs de ce genre, ceux de la tyrannie des possédants et de leurs laquais, finissent toujours ainsi, dans la sidération et l’hébétude : « ils nous détestent donc tant que ça ». La réponse est oui, et pour les meilleures raisons du monde. Elle est aussi qu’après toutes ces décennies, le moment est venu de passer à la caisse et, disons-le leur dès maintenant, l’addition s’annonce salée. Car il y a trop d’arriérés et depuis trop longtemps.

    Depuis les grèves de 1995, la conscience de ce que les médias censément contre-pouvoirs sont des auxiliaires des pouvoirs, n’a cessé d’aller croissant. Du reste, ils ont œuvré sans discontinuer à donner plus de corps à cette accusation à mesure que le néolibéralisme s’approfondissait, mettait les populations sous des tensions de plus en plus insupportables, qui ne pouvaient être reprises que par un matraquage intensif des esprits, avant qu’on en vienne à celui des corps.

    C’est à ce moment que, devenant ouvertement les supplétifs du ministère de l’intérieur en plus d’être ceux de la fortune, ils se sont mis à rendre des comptages de manifestants plus avantageux encore que ceux de la préfecture, puis à entreprendre de dissoudre tous les mouvements de contestation dans « la violence » — et par-là à indiquer clairement à qui et à quoi ils avaient partie liée.

    C’est peut-être en ce lieu, la « violence », que la hargne des laquais trouve à se dégonder à proportion de ce qu’ils sentent la situation leur échapper. Au reste, « condamner » ayant toujours été le meilleur moyen de ne pas comprendre, à plus forte raison poussé par des intérêts si puissants à la cécité volontaire, « la violence des casseurs » a été érigée en dernière redoute de l’ordre néolibéral, en antidote définitif à toute contestation possible — sans par ailleurs voir le moins du monde le problème à célébrer le 14 juillet 1789 ou commémorer Mai 68 : folle inconséquence de l’Histoire embaumée, mise à distance, dévitalisée, et privée de tout enseignement concret pour le présent.

    C’est peut-être en ce lieu, la « violence », que la hargne des laquais trouve à se dégonder à proportion de ce qu’ils sentent la situation leur échapper.

    En tout cas, dans le paysage général de la violence, les médias, surtout audiovisuels, ont toujours pris ce qui les arrangeait en ayant bien soin de laisser le reste invisible, donc la violence incompréhensible, par conséquent à l’état de scandale sans cause : le mal à l’état pur. Mais pourquoi, et surtout au bout de quoi, les Conti envahissent-ils la sous-préfecture de Compiègne, les Goodyear séquestrent-ils leur direction, les Air France se font-ils une chemise de DRH, et certains gilets jaunes sont-ils au bord de prendre les armes ? Qu’est-ce qu’il faut avoir fait à des gens ordinaires, qui ont la même préférence que tout le monde pour la tranquillité, pour qu’ils en viennent à ces extrémités, sinon, précisément, les avoir poussés à toute extrémité ?

    Le déni de la violence sociale est cette forme suprême de violence à laquelle Bourdieu donnait le nom de violence symbolique, bien faite pour que ses victimes soient réduites à merci : car violentées socialement, et méthodiquement dépouillées de tout moyen d’y résister « dans les formes » puisque tous les médiateurs institutionnels les ont abandonnées, elles n’ont plus le choix que de la soumission intégrale ou de la révolte, mais alors physique, et déclarée d’emblée odieuse, illégitime et anti-démocratique — normalement le piège parfait. Vient cependant un moment où la terreur symbolique ne prend plus, où les verdicts de légitimité ou d’illégitimité volent à leur tour, et où la souffrance se transforme chimiquement en rage, à proportion de ce qu’elle a été niée. Alors tout est candidat à y passer, et il ne faudra pas s’en étonner : permanences de députés, banques, hôtels particuliers, préfectures, logiquement plus rien n’est respecté quand tout a failli.

    Il est vrai qu’à ceux qui ont lié leur position et leurs avantages au cadre du moment, et qui n’ont cessé de répéter qu’il n’y en avait ni de meilleur ni simplement d’autre possible, l’irruption du hors-cadre radical ne laisse aucune autre solution de lecture que « l’aberrant », le « monstrueux », ou mieux encore, quand elle est « avérée », la « violence ». Encore fallait-il qu’elle demeure marginale pour pouvoir être maintenue dans son statut de monstruosité, et puis aussi qu’on occulte systématiquement la responsabilité de celle des forces de police. Mais ce sont ces deux conditions qui sont en train d’être détruites en ce moment.

    La première parce que les « gilets jaunes » offrent à profusion cette figure oxymorique, incompréhensible pour les pouvoirs, des « braves gens enragés ». « Enragé » normalement c’est « enragé », c’est-à-dire ultra-radical-minoritaire. Ça ne peut pas être « braves gens », qui veut dire majorité silencieuse — ou bien contradiction dans les termes. Or, si. Assez simplement même : on est enragé quand on est poussé à bout. Il se trouve qu’au bout de 30 ans de néolibéralisme parachevés par 18 mois macroniens de guerre sociale à outrance, des groupes sociaux entiers ont été poussés à bout. Alors enragés.

    Les « gilets jaunes » offrent à profusion cette figure oxymorique, incompréhensible pour les pouvoirs, des « braves gens enragés »

    Croyant que ce dont ils ne parlent pas n’existe pas, les médias ne les avaient pas vu venir ces enragés-là. Mais voilà, ils sont là, produits d’une longue et silencieuse accumulation de colère, qui vient de rompre sa digue. Ceux-là on ne les fera pas rentrer facilement à la maison. Et ceci d’autant moins qu’avec la naïveté des « braves gens », ils ont expérimenté, à l’occasion de leur première manifestation pour beaucoup d’entre eux, ce que c’est que la violence policière. En sont restés d’abord sidérés. Puis maintenant, s’étant repris, dégoupillés pour de bon. Alors on ne compte plus ceux qui, à l’origine « braves gens » certifiés, sont pris dans un devenir-casseur — comme certains autres, débitant des palettes sur un rond-point pour construire une cabane, sont pris dans un étonnant devenir-zadiste.

    Gageons d’ailleurs que des révisions de grande ampleur doivent être en train de s’opérer dans leurs esprits. Car tous ces gens qui depuis 2016 et la loi El Khomri, jusqu’à 2018 avec Notre-Dame-des-Landes et les ordonnances SNCF, avaient été abreuvés de BFM et de France Info, invités à pleurer les vitres de Necker, se retrouvent aujourd’hui dans la position structurale des casseurs, en vivent la condition de violence policière et médiatique, et savent un peu mieux à quoi s’en tenir quant à ce que ces deux institutions diront désormais des « ultras violents radicalisés ». En tout cas c’est très embêtant pour les chaînes d’information en continu cette affaire : car si le devenir-casseur prend cette extension, que pourra donc encore vouloir dire « casseur » ?

    L’autre condition est de maintenir les agissements réels de la police hors-champ. Sur ce front-là, on se battra jusqu’au bout dans les chefferies audiovisuelles. Le mensonge par occultation est général, acharné, épais comme de la propagande de dictature. La population basculerait instantanément dans l’indignation si elle avait l’occasion de voir le dixième de ce que les grands médias audiovisuels lui cachent systématiquement, ainsi ces vidéos d’une vieille dame en sang gazée ou d’un retraité matraqué. Quand France Info nous avait saoulés jusqu’à la nausée des vitres de Necker ou du McDo en feu, aucun flash à la mi-journée de lundi n’avait encore informé de la mort d’une octogénaire tuée par une grenade lacrymogène. Les robots de BFM n’opposent jamais aucune image aux syndicalistes policiers qui disent qu’on les « matraque » (sic !) et qu’on les « mutile ». Mais, si les mots ont encore un sens, de quel côté du flashball ou du lanceur de grenades compte-t-on les éborgnés et les mains arrachées ? On se demande si Nathalie Saint-Cricq ou Apathie garderaient leur déjeuner si on leur montrait au débotté les photos proprement insoutenables (il s’agit de blessures de guerre) de manifestants mutilés — vraiment — par les armes de la police. On ne sache pas qu’il se soit encore trouvé un seul grand média audiovisuel pour montrer en boucle, comme ils le font d’habitude, aux « braves gens » pas encore devenus casseurs cette vidéo d’un jeune homme roué de coups par huit policiers, qui achèverait de les informer sur le degré de confiance qu’il convient d’avoir en la « police républicaine » quand on met tout ça — ces dizaines de vidéos, ces centaines de témoignages — bout à bout.

    Mais il y a une économie générale de la violence et on sait ce qu’elle donne quand elle est lancée : elle est réciprocitaire, divergente et peut emmener très loin. Nul ne sait jusqu’où dans la situation actuelle, et peut-être à des extrémités dramatiques. Mais qui l’aura déclenchée sinon Macron qui, après avoir déclaré la guerre sociale à son peuple, lui déclare la guerre policière, peut-être bientôt la guerre militaire, en compagnie des médias de gouvernement qui lui déclarent la guerre symbolique ? Le partage des responsabilités est d’autant plus clair que les offensés auront encaissé très longtemps sans mot dire : l’agression économique, le mépris élitaire, le mensonge médiatique, la brutalité policière. Or le mauvais génie de la réciprocité violente est une mémoire, et une mémoire longue. Sur un fil Twitter une baqueuse découvre sidérée — elle aussi, comme les primo-manifestants matraqués pour rien, mais en sens inverse, car, en définitive tout est affaire de sidération dans cette histoire, de sidérations opposées, qui passent les unes dans les autres, qui se nourrissent les unes les autres — la baqueuse, donc, découvre de quelle haine ses collègues et elle sont l’objet. Et l’on peine à le croire. Décidément toutes les institutions de la violence néolibérale tombent ensemble des nues. Les collégiens cernés et gazés au poivre par des flics accompagnés de chiens n’oublieront pas de sitôt ce moment de leur vie où s’est formé décisivement leur rapport à la police et, dans deux ans, cinq ans, cette police oublieuse qui les croisera de nouveau s’émouvra de la détestation brute qu’elle lira sur leurs visages — et n’y comprendra rien.

    Et voilà que le corps préfectoral se met à avoir des sueurs froides à son tour. C’est qu’ils ont de quoi se sentir un peu seulets dans leurs hôtels. Depuis que la préfecture du Puy-en-Velay a brûlé, on sait de quoi « les autres » sont capables — oui, maintenant, de tout. Alors il est urgent de négocier un virage sur l’aile sans attendre, pour faire savoir par « quotidien de référence » interposé que l’Élysée macronien a quitté terre, que, eux, préfets, ont conscience des malheurs du peuple, qu’ils pourraient même se reconvertir en lanceurs d’alerte si on les écoutait. On tâchera quand même de se souvenir que ce sont ces préfets qui depuis Nuit debout font éborgner, grenader, et tirer-tendu.

    Mais l’on y verra surtout le retour de ce qu’on pourrait appeler « la situation La Boétie », celle que le pouvoir s’efforce de nous faire oublier constamment, et d’ailleurs que nous oublions constamment, tant elle semble un incompréhensible mystère : ils sont très peu et règnent sur nous qui sommes nombreux. Il arrive cependant que le voile se déchire et que fasse retour la cruelle réalité arithmétique du pouvoir. Et c’est bien cet aveu touchant de candeur qu’a consenti samedi soir le sous-ministre de l’intérieur, en reconnaissant qu’il ne pouvait guère engager davantage de troupe à Paris quand toute la carte de France clignote et demande de la garnison. Un manager de la startup nation trouverait sans doute à dire que le dispositif est « stressé ». Le « stress du dispositif », c’est le retour de La Boétie. Nous sommes les plus nombreux. Nous sommes même beaucoup plus nombreux qu’eux. C’est d’autant plus vrai que le plein est loin d’avoir été fait et qu’il y a encore une belle marge de progression. Tout ça se vérifiera bientôt : lycéens, étudiants, ambulanciers, agriculteurs, tant d’autres.

    Ils sont très peu et règnent sur nous qui sommes nombreux. Il arrive cependant que le voile se déchire et que fasse retour la cruelle réalité arithmétique du pouvoir.

    Mais alors quoi ? L’armée ? L’adolescent désaxé qui est à l’Élysée en est très capable : n’utilise-t-il pas contre sa population des grenades qui sont des armes de guerre, et n’a-t-il pas fait placer des snipers avec fusils à lunettes au sommet de quelques bâtiments parisiens, image des plus impressionnantes, étonnamment offerte par Le Monde qui est peut-être en train de se demander lui aussi s’il n’est pas temps de lâcher son encombrant protégé dans un virage ?

    En tout cas, terrible moment de vérité pour l’éditorialisme « faites ce que vous voulez ». On avait adoré le dégagisme à Tunis ou place Tahrir. Mais expliqué que ce qui est là-bas un merveilleux sursaut de la liberté est ici du populisme crasseux qui rappelle les heures sombres. Jusqu’ici ça tenait. Et voilà que « mais votez Macron » pourrait bien tourner Moubarak, mon dieu dans quelle mouscaille ne nous sommes-nous pas mis ? Et forcément, plus on pagaye pour en sortir, plus on en met partout. Tout revient, tout éclabousse. Or nous en sommes là : quand un pouvoir verse une prime exceptionnelle à des forces de l’ordre qui se rendent chaque jour plus odieuses, c’est qu’il redoute par-dessus tout d’être lâché par elles et que, toute légitimité effondrée, il ne tient plus que par son appareil de force, dans la main duquel en réalité il se remet entièrement. Faites ce que vous voulez, mais votez Moubarak.

    Ce pouvoir est honni car il s’est méthodiquement rendu haïssable. Il paye une facture sans doute venue de très loin, mais dont il est le parachèvement le plus forcené, par conséquent l’endosseur le plus logique. Il n’a plus pour se cramponner que le choix de la répression sanglante, peut-être même de la dérive militaire. Il ne mérite plus que de tomber.

    Frédéric Lordon

    Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 05-12-2018                                      https://www.les-crises.fr/faites-ce-que-vous-voulez-mais-votez-moubarak-par-frederic-lordon

  • EN TUNISIE, L’EGALITE DEVANT L’HERITAGE ENCOURAGERAIT L’ENTREPRENEURIAT FEMININ (Le Monde Arabe-Mounira ELBOUTI-2018-12-04)

    Aujourd’hui, les Tunisiennes sont considérées comme « non capables d’assurer une succession appropriée », indique un entrepreneur tunisien.

    Fin novembre dernier, le Conseil des ministres adoptait le projet de loi consacrant l’égalité entre les femmes et les hommes devant l’héritage en Tunisie. Et dans la foulée, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, à l’origine de la réforme, le soumettait à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui ne devrait pas se prononcer dessus avant plusieurs mois. L’initiative, une première dans le monde arabe, résulte notamment des recommandations de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE). Qui, en juin dernier, avait estimé que Tunis devait effectuer des réformes substantielles concernant l’égalité entre les sexes et les libertés individuelles dans le pays. Réformes qui, longtemps revendiquées par une partie de la société civile tunisienne, doivent in fine servir à remettre en cause le système patriarcal en Tunisie, largement fondé sur la subordination des femmes.
    Ce n’est pas un hasard si le « berceau » des printemps arabes a décidé de s’emparer le premier du sujet. Le pays accorde bien plus de droit aux femmes que tout autre dans la région, et permet depuis un an aux Tunisiennes de confessions musulmane, d’épouser des hommes non musulmans. Ce qui n’empêche pas une fracture, dans la société, entre les pro et les anti-égalité de genre devant l’héritage. (Le système actuel, fondé sur la loi islamique, permet généralement aux hommes d’hériter du double de ce qu’une femme recevrait.) Face aux vives critiques provenant, notamment, d’Ennahdha – le parti islamiste, qui dispose de 30 % des sièges parlementaires, est le seul à avoir annoncé son opposition au projet de loi -, le président tunisien a assorti son texte de quelques exceptions. Les familles désirant poursuivre sous le régime de la charia étant autorisées à le faire.

    « Dynamisme, prudence et conformité »

    Si l’adoption de la loi est fondamentale pour le droit des femmes – dont les revendications doivent nécessairement s’émanciper de la question de l’ « identité arabo-musulmane » afin d’être traitées sur le terrain des droits humains, nous expliquait Leïla Tauil, chercheure et spécialiste de la question féministe, en octobre dernier -, elle s’avère également très intéressante d’un point de vue économique.
    Au printemps dernier, la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale pour le secteur privé, a publié un rapport, intitulé « Miser sur les femmes en Tunisie », soulignant l’importance des prêts bancaires aux Tunisiennes pour l’économie du pays. Or, lors de l’évaluation d’un projet, les banques ne s’intéressent en général pas à sa qualité ni à celle de l’entrepreneur, mais aux garanties apportés par ce dernier. Et la loi sur l’héritage actuelle, qui réduit de facto l’autonomie économique des femmes, les empêche d’accéder à la propriété – les Tunisiennes ne sont que 12 % à posséder une maison et 14 % un terrain. Difficile, dans ces conditions, d’obtenir un prêt bancaire pour démarrer ou poursuivre une activité entrepreneuriale. Si bien que les femmes, en Tunisie, ne possèdent qu’entre 18 et 23 % des entreprises, selon le rapport de la Société financières internationale. Qui indique également que la différence de crédit combiné, pour les petites sociétés, entre les femmes et les hommes, atteint près de 600 millions de dollars…
    « Bien que la Tunisie dispose des lois les plus progressistes de la région en matière de droits des femmes […] cela ne s’est pas traduit proportionnellement par une participation économique à grande échelle des femmes », pointe du doigt le rapport de la Société financière internationale.
    Un sacré frein au développement de leur business, qui pourrait cependant être un peu plus lâche, si les Tunisiennes obtenaient davantage de biens, et donc de garanties, grâce à… un héritage égalitaire. La Société financière internationale l’a bien compris et incite vivement à accélérer les opportunités financières pour les Tunisiennes – et, globalement, toutes les citoyennes. D’autant plus que les établissements bancaires en sortiraient gagnants. Selon l’enquête de l’organisation internationale, les femmes seraient plus fidèles que les hommes à leur banque, à condition d’être traitées sur un même pied d’égalité et d’y recevoir des services satisfaisants. Sans compter que les entreprises qu’elles gèrent affichent de meilleurs résultats, et « sont connues, en particulier parmi les institutions de micro-finance, pour leur dynamisme, leur prudence et leur conformité ».

    Le paradoxe Ennahdha

    Interrogé sur l’impact de l’égalité entre femmes et hommes devant l’héritage en Tunisie, Wajdi Ben Rjeb, entrepreneur tunisien, estime que la loi donnerait « un coup de pouce au leadership féminin, par le biais de l’entrepreneuriat ou de la succession ». Aujourd’hui, explique-t-il, les femmes, souvent considérées comme « non prioritaires ou non capables d’assurer une succession appropriée », se voient attribuer « un héritage moins intéressant que leurs frères, aussi bien en terme de valeur que de potentiel ». Ce qui explique qu’il y a « peu de femmes aux commandes des entreprises familiales tunisiennes ayant passé le cap de la 2ème génération », dirigées plutôt par les fils. Un tropisme qui pourrait s’équilibrer avec la loi sur l’héritage, qui, selon Wajdi Ben Rjeb, « va apporter une égalité des chances en matière de succession et encouragera l’accès des femmes aux postes de haute direction et aux conseils d’administration des entreprises familiales. »
    Car cela n’est pas encore assez le cas. D’après l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), qui a publié en mars dernier un rapport sur l’économie tunisienne, en termes d’emplois, « les disparités hommes-femmes sont moins importantes que dans les autres pays MENA [Moyen-Orient et Afrique du Nord, ndlr] mais le taux d’emploi est bien plus faible pour les femmes que pour les hommes et les femmes occupent souvent des emplois moins qualifiés. » Et si les autorités tunisiennes, qui composent avec une embellie économique, veulent rendre la croissance davantage inclusive, elles doivent « favoriser le recrutement des femmes par des campagnes de sensibilisation sur les conséquences des choix éducatifs et de la formation sur les possibilités d’emploi et d’entrepreneuriat », estime l’OCDE.
    A charge pour Tunis, si la loi est adoptée à l’ARP, de faire progresser la notion d’entrepreneuriat féminin, en multipliant ainsi les initiatives éducatives pour aider les Tunisiennes à comprendre comment tirer parti de leurs nouveaux droits et atouts. Les débats, en raison des postures conservatrices d’une partie des politiques, promettent d’être mouvementés. Mais « le Parlement devrait adopter ce projet de loi et réaffirmer la place de la Tunisie comme leader régional dans le démantèlement de la discrimination juridique fondée sur le sexe », a déclaré Ahmed Benchemsi, directeur de la communication et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord chez Human Rights Watch. Ce dernier de noter toutefois le paradoxe Ennahdha, luttant « contre l’égalité dans les lois relatives aux successions, alors que le parti a soutenu d’autres réformes en faveur des droits de femmes. » Réponse dans quelques mois.

  • Implants : appel à un blocage total à La Réunion
    « Gilets jaunes » : « Le Monde » attaque en justice le manque de transparence des autorités.

    A Montreux, Marrakesh ou Mâcon, « le lobby nucléaire a obtenu gain de cause »
    La réponse de Ségolène Royal à Macron : les festivals d’humour n’ont jamais autant fait recette

    Trump a déjoué une campagne de propagande en français
    Ukraine, Facebook menace d’annuler sa rencontre avec Poutine.

    Stephen Hillenburg, le symptôme d’une France fracturée, est mort
    Les « gilets jaunes », créateurs de « Bob l’éponge »

    La commission européenne va indemniser les proches des Juifs déportés
    Michel Barnier futur président de la société de chemin de fer des Pays-Bas ?

    Comment la Corée du Nord veut « encadrer » la taxe carbone
    Macron veut empêcher une réunion sur les droits humains à l’ONU

    Achète-t-on des choses en promotion ? : les partenaires sociaux ouvrent le dossier sensible des intermittents
    Assurance-chômage pour combler la peur du vide ?

    Le prince héritier saoudien « MBS » ou la peur de gagner
    A Tunis, l’Olympique Lyonnais rattrapé par ses démons

    #de_la_dyslexie_créative

  • INCARCÉRATIONS DES CADRES : LE TÉMOIGNAGE D’UN ANCIEN SYNDICALISTE DU COMPLEXE D’EL HADJAR – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/?p=70215

    En 1996, quand le gouvernement avait décidé d’incarcérer des centaines de cadres d’entreprises publiques, Smaïl Kouadria était membre de la section syndicale du Complexe sidérurgique d’El Hadjar. Il était en charge des affaires sociales et conflits.

    QUAND L’AFFAIRE DES 700 CADRES DONT SEPT DE SIDER, À LEUR TÊTE LE PDG MESSAOUD CHITTIH, S’ÉTAIT PRODUITE, VOUS ÉTIEZ MEMBRE DU BUREAU DE LA SECTION SYNDICALE DE CETTE ENTREPRISE PUBLIQUE. UN TÉMOIGNAGE ?
    À l’époque on était choqué par la méthode musclée d’interpellation par des brigades de gendarmerie qui sont venues à l’usine arrêter les cadres incriminés, dans leurs bureaux. Les gendarmes étaient venus munis d’un mandat de dépôt confectionné en 24 heures et ils ont décapité une entreprise de 18 000 travailleurs de 07 de ses cadres occupants des postes névralgiques et stratégiques. Il y avait Chettih ( PDG), Mme Laoudi (DRH) décédé en prison des suites d’un cancer, Mohamed Maiza (DAG), Benmihoub (Directeur des finances), etc. L’avocat des familles des cadres incarcérés nous avait confirmé que la décision du mandat de dépôt avait été établie par le procureur sur la base d’un dossier vide. C’est après l’incarcération des cadres qu’ils avaient commencé à chercher des preuves.

    QU’EST-CE QU’ILS LEUR ONT REPROCHÉ ?
    On leur avait reproché une mauvaise gestion de l’entreprise. Entre autres reproches, qui ont été fait aux cadres de l’entreprise : à l’époque, les dirigeants de Sider étaient en négociations avec des experts de l’entreprise autrichienne Voestalpine pour la réhabilitation du laminoir à chaud. Avec le terrorisme, ils étaient obligés de se rendre à Tunis pour mener les négociations avec la partie autrichienne et cela avait occasionné des frais (frais de missions, hébergement, transport, restauration, etc.). Cela était considéré comme un abus en matière de gestion. Autre acte de gestion reproché aux cadres : le fait d’avoir signé un accord avec la section syndicale portant subvention du repas des travailleurs après avoir signé un autre accord portant revalorisation de la prime de panier. Les salaires étaient bas et les travailleurs préféraient manger ailleurs que dans le restaurant de l’entreprise. Or, le repas chaud était indispensable pour les travailleurs, notamment pour ceux qui travaillaient dans les zones chaudes. C’était un accord légal et enregistré à l’inspection du travail. Çà avait été considéré comme un acte de mauvaise gestion. Autre grief retenu contre eux : la construction de bungalows équipés du strict minimum à l’intérieur du complexe pour pouvoir héberger les étrangers qui venaient nous rendre visite. Il arrivait à des cadres qui travaillaient jusqu’à une heure tardive d’y passer la nuit, il était impossible pour eux, vu la conjoncture de l’époque (terrorisme) de rejoindre leurs foyers. Et cela était considéré comme un acte de mauvaise gestion. Toutes les demandes de la défense pour la remise en liberté provisoire de ses clients avaient été rejetées par le juge. Ils avaient passé quatre ans en prison. Certains étaient morts, d’autres étaient sortis avec des séquelles, d’autres encore avaient refusé de reprendre le service.

    MAIS QUI ÉTAIT RESPONSABLE À VOTRE AVIS ?
    La responsabilité politique incombe à Ahmed Ouyahia qui était chef du gouvernement. La décision a été prise au nom du gouvernement. À mon avis, Ouyahia faisait partie d’un cercle et c’était lui qui a exécuté la décision.

    Et 2001, quand le procès s’était tenu, la justice l’avait d’ailleurs convoqué, il n’était alors plus chef du gouvernement, mais comme témoin à charge. Il était venu à Annaba et avait assisté au procès. Le dossier était vide et la défense a démonté tous les chefs d’inculpation retenus contre eux et autres pièces à conviction. L’actuel Premier ministre n’avait pas pu opposer des arguments solides, mais plutôt des réponses politiques. À à la fin du procès, ils étaient libérés, et même réhabilités.

    MAIS POURQUOI LES A-T-ON MIS EN DÉTENTION PENDANT QUATRE ANS POUR UN DOSSIER VIDE ?
    Il faut rappeler le contexte historique de l’affaire. L’Algérie venait de signer les accords avec le FMI et entamait la mise en application du plan d’ajustement structurel. Mohamed Betchine, qui était conseiller spécial du Président Zeroual, gérait tout. Il s’attelait à lancer un parti politique ouvert à toutes les catégories sociales comme suggéré par le défunt Mohamed Boudiaf et qui a débouché par la suite sur la création du RND. À la veille de l’incarcération des cadres de Sider, le gouvernement avait octroyé des licences d’importation de rond à béton à des privés. C’était une première car à l’époque Sider avait le monopole sur le marché et on était présent partout, y compris au sud du pays. Quand sa production de rond à bétons ne suffisait pas, c’est elle qui achetait à l’étranger. Étant informé à l’avance du projet, Messaoud Chettih avait donné des instructions pour réduire les prix pour contrer les nouveaux concurrents. Sider ne vendait pas à perte, mais sa marge bénéficiaire était minime. Les bateaux contenant le rond à béton des importateurs sont restés en rade pendant plus de 15 jours. C’est pendant cette période qu’on a arrêtés les cadres de Sider. L’entreprise a été par la suite choisie pour une opération pilote de la privatisation. Ils ont décapité toutes entreprises publiques avant de procéder à leur filialisation et par la suite, à leur privatisation. La société d’El Hadjar par exemple a été morcelée en 24 filiales. Une chose est sûre, l’incarcération des cadres de Sider était préméditée et entrait dans le cadre de la stratégie mise alors en œuvre en matière d’ajustement structurel.

    POURQUOI A-T-ON ATTENDU PLUS DE QUATRE ANS POUR LES LIBÉRER ?
    Le Président Bouteflika a été élu en 1999. À son arrivée au pouvoir, il a été mis devant le fait accompli. Le processus de privatisation tirait à sa fin et il ne pouvait pas remettre en cause un processus ayant fait l’objet de négociation avec une organisation internationale. Mais c’était lui qui a libéré les cadres incarcérés avant de les réhabiliter. Et en 2008, il a stoppé l’opération des privatisations. En 2009, il avait pris deux mesures importantes : l’introduction du droit de préemption et l’institution de la règle 49/51. Ce sont là deux verrous pour prémunir le tissu industriel du bradage.                                                                                                                                          Par : Sonia Lyes 14 Nov. 2018 TSA                                                 http://lequotidienalgerie.org/2018/11/14/incarcerations-des-cadres-le-temoignage-dun-ancien-syndicaliste-

  • Tunisia: Privacy Threatened by ‘Homosexuality’ Arrests

    Tunisian authorities are confiscating and searching the phones of men they suspect of being gay and pressuring them to take anal tests and to confess to homosexual activity, Human Rights Watch said today. Prosecutors then use information collected in this fashion to prosecute them for homosexual acts between consenting partners, under the country’s harsh sodomy laws.

    “The Tunisian authorities have no business meddling in people’s private sexual practices, brutalizing and humiliating them under the guise of enforcing discriminatory laws,” said Amna Guellali, Tunisia director at Human Rights Watch. “Tunisia should abolish its antiquated anti-sodomy laws and respect everyone’s right to privacy.”

    Human Rights Watch spoke with six men prosecuted in 2017 and 2018 under article 230 of the penal code, which punishes consensual same-sex conduct with up to three years in prison. One person interviewed was only 17 years old the first time he was arrested. Human Rights Watch also reviewed the judicial files in these cases and five others that resulted in prosecutions under either article 230 or article 226, which criminalizes “harming public morals.” In addition to violating privacy rights, these cases included allegations of mistreatment in police custody, forced confessions, and denial of access to legal counsel.

    Police arrested some of these men after disputes arose between them or after neighbors reported them. Two had gone to the police to report being raped.

    Some of the men spent months in prison. At least three have left Tunisia and applied for asylum in European countries.

    K.S., a 32-year-old engineer, entered a police station in Monastir in June 2018 to file a complaint of gang rape, and to get an order for a medical examination of his injuries. Instead of treating him as a victim, he said, the police ordered an anal test to determine whether K.S. was “used to practicing sodomy.” “How they treated me was insane,” K.S. told Human Rights Watch. “How is it their business to intrude into my intimate parts and check whether I am ‘used to sodomy’?”

    In another case, a 17-year-old was arrested three times on sodomy charges and was forced to undergo an anal examination, as well as months of conversion therapy at a juvenile detention center. Both harmful practices are discredited.

    Tunisian prosecutors have relied extensively in recent years on forced anal examinations to seek “evidence” of sodomy, even though the exams are highly unreliable and constitute cruel, degrading, and inhuman treatment that can rise to the level of torture.

    On September 21, 2017, during the Universal Periodic Review at the United Nations Human Rights Council, Tunisia formally accepted a recommendation to end forced anal exams. However, Tunisia’s delegation stated: “Medical examinations will be conducted based on the consent of the person and in the presence of a medical expert.” This stance is not credible because trial courts can presume that a refusal to undergo the exam signals guilt, Human Rights Watch said. Tunisia should abandon anal exams altogether.

    Prosecutions for consensual sex in private and between adults violate the rights to privacy and nondiscrimination guaranteed by the International Covenant on Civil and Political Rights, to which Tunisia is a party. The United Nations Human Rights Committee, which monitors compliance with the covenant, has stated that sexual orientation is a status protected against discrimination. The UN Working Group on Arbitrary Detention has found that arrests for same-sex conduct between consenting adults are, by definition, arbitrary.

    Tunisia’s 2014 constitution, in article 24, obliges the government to protect the rights to privacy and the inviolability of the home. Article 21 provides that “All citizens, male and female, have equal rights and duties, and are equal before the law without any discrimination.” Article 23 prohibits “mental and physical torture.”

    The Code of Criminal Procedure prohibits house searches and seizure of objects that could serve a criminal investigation without a judicial warrant, except in cases of flagrante delicto, that is when catching someone in the act.

    Article 1 of Law No. 63 on the protection of personal data stipulates that “every person is entitled to the protection of their personal data and privacy of information, viewed as a fundamental right guaranteed by the constitution. This data can only be used with transparency, loyalty and respect for the dignity of the person whose data is subject of treatment.” However, neither Law No. 63 nor any other domestic law regulates the conditions for seizing private data during a police investigation or its use.

    On June 12, the Commission on Individual Freedoms and Equality, appointed by President Beji Caid Essebsi, proposed, among other actions, to decriminalize homosexuality and to end anal testing in criminal investigations into homosexuality. It also proposed criminalizing the unlawful “interception, opening, recording, spreading, saving and deleting” of an electronic message.

    On October 11, 13 members of the Tunisian Parliament introduced draft legislation for a code on individual freedoms. It incorporated several proposals from the presidential commission including abolition of article 230.

    Parliament should move quickly on this draft legislation and abolish article 230, Human Rights Watch said. It should enact a law that effectively protects people’s privacy, through regulating the seizure and use of private data during criminal investigations, with consequences if such a law is violated.

    The Justice Ministry should meanwhile direct public prosecutors to abandon prosecutions under article 230. The Interior Ministry should investigate reports of the ill-treatment of people arrested based on their gender identity or sexual orientation.

    Human Rights Watch conducted face to face interviews with men in Tunisia and phone interviews with men who fled to European countries. Pseudonyms have been used to protect their privacy.

    Shams and Damj, local LGBT rights groups, provided assistance.

    Accounts by Men Prosecuted

    K.S., 32, engineer

    K.S. used to work for an international company in Tunis. He said that on June 8, he went to spend the weekend in at a friend’s house in Monastir, a coastal city. He had earlier chatted with a man from Monastir on Grindr, a social network application for gays. They made a date and they met that day in a café. The man invited K.S. to his house, but once there, the man became aggressive and showed K.S. a police badge. Two other men arrived, and they started insulting him, calling him “sick.” “One said, ‘You people of Loth [a demeaning term derived from the Biblical and Quranic story of Lot], you deserve to be killed, you are like microbes.’”

    They punched and slapped him on the face, he said. Then the man who had invited him said, “We will show you what sodomy is like.” The men then forced him to take off his clothes and bend over. Two of them held K.S. by the arms while the third inserted a baton in his anus. “It was unbearable, I felt that I will faint,” K.S. said. They finally let him leave.

    I was shivering and bleeding [when I reached my friend’s house]. The next day, I went to Fattouma Bourguiba hospital in Monastir. I just wanted to get medical treatment and to check that I did not have internal hemorrhaging.

    But, he said, the doctor refused to examine him without a police order:

    I went to the Skanes district police station in Monastir, to try to get the requisition order. I did not want to tell the police the full story, so I just said that three men had raped me. The policeman who was typing my statement left the room at some point, and that’s when I saw on the screen that he was instructing the doctor at Fatouma Bourguiba hospital to examine whether I am ‘used to practicing sodomy.’ I felt the blood freeze in my body.

    Human Rights Watch reviewed the June 9 police requisition order, in which the chief instructs the doctor to examine whether K.S. was “used to practicing sodomy” and whether he was victim of anal rape.

    K.S. said that, when the policeman returned to the office, K.S. asked if he could leave. The policeman replied: “And go where? You can’t leave before we check what kind of stuff you do.” The policeman called for a patrol car to drive K.S. to the hospital.

    The doctor told me that he has a requisition order to perform an anal test. “We want to check whether this is a habit,” he said. I was terrified. I told him that I didn’t want to do the test. But he insisted that he had to perform it. He told me to remove my pants and assume a prayer position [on hand and knees] on top of the medical bed. He put on gloves and started to examine me with his fingers. As soon as he did, I felt sick and told him I wanted to go to the toilet. I wanted to stop this humiliation. He let me go. I managed to avoid the policemen who were waiting for me in the corridor and left the hospital. Once in the parking lot, I started running until I felt safe, and then went to my friend’s house.

    K.S. said he took a flight on June 13 to Belgium, where he has filed a request for asylum.

    K. B., 41, documentary filmmaker

    K.B. spent 13 months in pretrial detention on accusation of sodomy and unlawful detention. He is married and the father of an 8-year-old girl. He told Human Rights Watch that on March 3, 2017, at around 9 p.m., he went to downtown Tunis for drinks. While he was sitting in a bar, S.Z., a young man, approached him. They chatted for a while, then K.B. invited him to his place. He said that, after having sex, he went to the kitchen to prepare some food. When he came back to the living room, he caught the man stealing money from his wallet. K.B. tried to force him out of his apartment, but the man locked himself in a bedroom, went to the balcony, and screamed for help. Policemen arrived, arrested them, and took them to the Aouina district police station.

    Police treated me with contempt. The first question the interrogator asked was whether I had sex with S.Z. I denied it categorically and told him we only had drinks together. But he said that S.Z. had confessed. The interrogator asked me: “Aren’t you ashamed of yourself?”
    K.B. said the police at the station confiscated his phone and looked at his social media history and his photo archives. They switched the phone off and did not allow him to call his family or a lawyer. They presented him with a statement to sign, but he refused. At 4 a.m., they transferred both men to Bouchoucha detention center. Later that morning, the police took the men to the Tunis first instance court, where a prosecutor ordered them to undergo an anal test. The police took them to Charles Nicole hospital, K.B. said, where he refused the test. “The idea of them intruding into my intimacy and into my body was so humiliating to me.”

    He was returned to detention and after a few weeks decided to undergo the test in the hope that negative results would prove his innocence. He said he informed the investigative judge during a hearing and the judge issued a requisition. Police officers took him again to Charles Nicole Hospital.

    It was the worst thing that ever happened to me. The doctor asked me to strip and get on the examination table. He asked me to bend over. There was one policeman in the room and one medical assistant, watching. The doctor put one finger into my anus and moved it around. I was so ashamed. It was very dehumanizing.

    K.B. said that even though the test result was negative, the investigative judge indicted him for sodomy. The order referring the case to trial said that the time elapsed between the alleged act and the test prevented the court from ruling out that K.B. was “used to the practice of sodomy.”

    In May 2018, 13 months after the court placed K.B. in pretrial detention, it acquitted and freed him.

    In the indictment, the investigative judge wrote that S.Z. had confessed to the police to “committing the crime of sodomy in exchange for money” and that he admitted that he “approached and dated men he met via Facebook.” The judge quotes the police report, which describes in crude terms the sexual intercourse between K.B. and S.Z. The judge also states that K.B has denied the accusation of sodomy, and instead stated that he and S.Z. were only having drinks at his place and did not have sex.

    The investigative judge notes that S.Z. later retracted his confession and says that he gave instructions for the forensic doctor in the Charles Nicole Hospital to administer an anal test to determine whether K.B “bore signs of the practice of homosexual activity” recently or whether he “practices sodomy in a habitual way.”

    The judge’s indictment of K. B. was based on S.Z.’s confession to the police, later repudiated, from “the circumstances of the case, which show that the two men had no other reason to go to K. B.’s house” and K. B.’s refusal to take the anal test. The judge wrote: “given that the test was performed 20 days after the reported incident, the forensic doctor was not able to find signs of anal penetration because those signs disappear five days after the act.”

    “Free” (nickname), 32, hairdresser

    Free said that on the night of April 5, 2018, he went with a female friend from Sousse to Monastir for drinks and to meet his boyfriend. When they arrived at around 9 p.m., he said, a police patrol stopped them and asked for their papers, then told the woman to accompany them to the station for further identity checks. Free waited outside the station.

    While waiting, Free received an angry message from his boyfriend asking him why he was late. Free explained where he was and snapped a photo of the station as proof. A police officer saw him and confiscated Free’s telephone, saying he had endangered state security. The officer took him to an interrogation room, where another officer handcuffed him to a chair. An officer searched the phone and finding nude photos of Free, then searched his social media activity and read the conversations he had with men on gay dating apps and his chats with his boyfriend on Facebook Messenger, some of them sexually explicit.

    Free said that the police officer turned to him and said, “I hate you, you sodomites. You will have to pay for your depravity.” Other police officers in the room insulted Free, he said. The officer interrogated him about his sexual activity, wrote a report, and told him to sign it. When Free refused, a policeman slapped him in the face and said, “Ah, now you are trying to be a man. Just sign here, you scum.” Free signed the report without reading it.

    At no point during the interrogation did the police advise Free of his right to speak to a lawyer. At around midnight, they moved him into a cell, where he spent the night. The following day, he was taken before a prosecutor, who charged him with sodomy but decided to release him provisionally pending trial. On June 6, he appeared before the first instance court in Monastir. The presiding judge closed the courtroom to the public.

    The first question he asked me was whether I am used to the practice of sodomy. I told him I was not. He asked the question again, then asked, “Then why did you confess?” I answered, “Because the police forced me to.” The judge asked, “But if you are not a sodomite, why do you dress like this, why do you look like one of them?”

    He said the judge adjourned the trial to June 14, when he convicted Free and sentenced him to a four-months sentence with probation, based on his phone conversations and his forced confession. Free has appealed.

    M. R., 26, paramedic

    M.R. worked in a hospital in Tebourba, a city 40 kilometers west of Tunis. He fled to France and applied for asylum after being charged under article 230 and granted pretrial release.

    M.R. said he had always hidden his sexual orientation because of severe social stigma. In November 2017, he chatted with a man on Facebook. The man, called A.F., sent him photos, and they decided to meet. When they did, M.R. realized that the photos were fake and told A.F. that he would not have sex with him. A few days later, on November 28, A.F. banged on his door at around 4 a.m. Fearing scandal, M.R. opened the door to find A.F. drunk and wielding a knife. A.F. slapped him on the face, ordered him to remove his clothes, and raped him, he said, threatening to cut his throat. After a few hours, A.F. told M.R. to buy A.F. cigarettes. M.R. went to the Tebourba police station and filed a rape complaint.

    When I told the police officers about the rape, they asked me how I knew the man and how we met. I dodged the questions, but they insisted. I told them that I am gay, and their behavior changed instantly. The station chief said: “Ah, so you were the one who initiated this, you are an accomplice to the crime, there is no rape here – you deserve this.” Then, he handed me a requisition order and told me to go get an anal test the following day at Charles Nicole Hospital.

    The police interrogated M.R., then accompanied him to his apartment, where they arrested A.F. The police told M.R. to undergo the anal examination, then report to the First Instance Court in Manouba. M.R. consulted the nongovernmental association Shams, which defends sexual minorities, and decided to skip the anal test. When he reported to the court, the investigative judge treated him as a criminal, not a victim. M.R. said:

    He asked questions about my sex life and when I started practicing sodomy with other men. He said that I deserved everything that had happened to me and that I should be ashamed of myself.

    M.R. said that the judge charged him with sodomy and granted him pretrial release. A.F. was kept in custody and charged with sodomy and rape.

    The indictment of M.R., prepared by the investigative judge and dated December 13, 2017, provides purported details from M.R.’s intimate life, including confessions that he is gay. The indictment also relies on the confession from A.F. and cites a condom seized at M. R.’s house as evidence.

    M.R. said that, three days after the encounter with A.F., he reported to work at the hospital. The director handed him a dismissal notice on the grounds that he was facing trial.

    I had to go back to my family’s place, as I had no salary anymore. It was like living in a prison. My father and older brother beat me many times, my father even burned me with a cigarette. They did not allow me to go out, they said they were ashamed of me.

    Having lost everything, he left Tunisia for France.

    I had no other choice, I felt rejected by everyone, my family, society, my colleagues. And I was afraid of going to prison.

    Mounir Baatour, M.R.’s lawyer, told Human Rights Watch that the case is stalled in the first instance court in Manouba, and has yet to go to trial. On May 15, 2018, indictment chamber sent the indictment to the cassation court for a legal review, which is pending.

    R. F., 42, day laborer, and M.J. 22, unemployed

    On June 12, 2018, police in Sidi Bouzaiane arrested R.F. and M.J. after R.F. went to the police to say that M.J. had refused to leave R.F.’s house.

    M.J. said that the police came to his house and took both men to the police station at around midnight. They interrogated them in the same room, asking them how they met. A police officer took R.F.’s phone and watched videos stored on it, then said to R.F., “So you are a miboun [a degrading term for gay]. M.J. said:

    One of the four officers present during interrogation slapped R.F. on the face. Then he turned toward me and asked, “So what were you both doing in the house? I’m sure you were having sex, so you too must be a miboun. You are staining this country,” he said.

    M.J. said that policemen beat him on his face, head, and back. When the police finished the interrogation at 3 a.m., they presented a written report and told M.J. to sign it. He said he asked to have a lawyer first, but they refused to let him call one and insulted him. He signed the report.

    The police report, reviewed by Human Rights Watch, states that neither man requested a lawyer. R.F.’s purported statement, as the police recorded it, describes in graphic terms how he habitually practices sodomy and has sex with men. The police report states that officers searched R.F.’s smartphone and found videos of R.F. having sex with men. The police confiscated his phone, the report says, as “evidence of the crime.”

    Two days after the arrest, M.J. said, he and R.F. appeared before a prosecutor, who asked them: “Aren’t you afraid of God’s judgment?” He ordered pretrial detention, and they were sent to the Sidi Bouzid prison. M.J. said that one of the prison guards harassed him and asked him vulgar questions such as: “How you do this? Are you getting fucked for money? Why are you fucking men? Aren’t there enough women to fuck in this country?”

    He said he was put in a cell with 100 other men, who seemed to have been informed about his “crime.” Over the following days, his cellmates insulted, beat, and sexually harassed him. He said that one night, he refused to have sex with the cell “strongman”, so the man and two others beat him. He said they held his arms, while the strongman slapped him on the face and punched him on the chin.

    After a week in detention, he appeared before an investigative judge, who asked him about his sexual behavior. M.J. said he admitted that he is gay. He said he had done nothing wrong, but the judge replied, “You are harming society.”

    The first instance court in Sidi Bouzid sentenced the two men on June 12 to three months in prison for sodomy. The appeals court upheld the sentence.

    S.C., 24 and A.B., 22

    Police arrested S.C. and A.B. in Sousse on December 8, 2016, when they were allegedly caught committing sodomy in public. They were sentenced, on March 10, 2017, to eight months in prison under article 230 of the penal code and not on charges related to public indecency. The police report describes their sexual intercourse in detail and concludes that S.C. “committed active sodomy,” while A.B. was a “passive sodomite.”

    The judgment from the first instance court in Sousse, which Human Rights Watch reviewed, states that both denied committing sodomy or being homosexuals. It states that they were both subjected to anal examinations on December 9, 2016, that turned out “negative.” The judge concluded that: “the results of the anal tests cannot exonerate the accused of the crime, especially given that the [tests] were performed sometime after the facts.” The court based the guilty verdict only on the declarations by police officers and wrote that: “it is appropriate to sentence them to eight months as an adequate and dissuasive sentence proportional to the offense that they have committed.”

    A.C., 18, student

    A.C. was arrested three times for sodomy. The first time was in August 2017, when he was 17. Police forces arrested him at his house after his two sisters denounced him as gay and took him to the Kasba police station in Tunis. He said that they interrogated him extensively about his sexual orientation and took his smart phone and searched his personal data. The next day, they took him to a forensic doctor in the Charles Nicole hospital for an anal examination. He said he did not have a lawyer and that the police did not inform him of his right to have one.

    I did not understand what was going on. The police told me that the test is mandatory. The doctor told me to go on an examination bed and to bend, and then he inserted his fingers in my insides. The doctor did not explain what the test is about.

    A.C. said he was released without charge after spending two days in the Kasba police station.

    On May 15, 2018, he went to the police station in Sijoumi, in Tunis, in response to a summons. He said police officers told him his family had filed a complaint and questioned him for almost four hours. A.C. confessed to being gay. The police took him to Bouchoucha detention center in Tunis, where he spent the night. The next day, May 16, he appeared before the Tunis first instance court in Sidi Hassine, where an investigative judge interviewed him. The judge asked him: “Why are you like this? Don’t you know that what you’re doing is haram [forbidden under Islam]?”

    I told the judge that I didn’t break any laws, that what I do is my personal business. I did not hurt anyone. This is my private life and should not be the concern of anyone else.

    He said the judge ordered his detention for two months in a juvenile rehabilitation center, as he was still a minor, and forced him to undergo “conversion therapy,” a thoroughly discredited method to change someone’s sexual orientation or gender identity. At the center, a psychiatrist visited him twice, telling him that “he should work on changing himself and his mind.” He appeared before another investigative judge, on June 25, who released him.

    A.C. said that on September 2, he was running some errands with his boyfriend when the police stopped them and asked for their identity cards. The police told A.C. that his family had filed a complaint against him. They took him to Hay Hlel police station in Tunis, where they questioned him about his sexual life, confiscated his phone, and looked at his photos and personal conversations. A prosecutor issued a warrant to detain him, and he spent eight days in the Bouchoucha detention center. On September 20, he appeared before a judge, who released him without charge.

    F.B, 28; N.A, 21 and B.K., 27, day laborers

    In Sousse, a coastal city, the police arrested three men in January 2017, after neighbors complained that they suspected the men were gay. In the indictment, which Human Rights Watch reviewed, the investigative judge states that the police went to the house where the men were staying, seized their phones, on which they found “evidence that they were sodomites,” as well as “women’s clothing,” and took the men to the police station.

    The investigative judge ruled that the men harmed public morals based on the content of the seized phones and “because they dressed up like women, used lipstick, and talked in a languid way.” The police report and the indictment, which usually would include information about a judicial warrant, did not indicate that the police had one. The three men were sentenced to two months in prison for the charge of harming public morals and served their terms.

    https://www.hrw.org/news/2018/11/08/tunisia-privacy-threatened-homosexuality-arrests

    #Tunisie #homophobie #homosexualité #COI #LGBT

    • Entre les années 2004 et 2014, le nombre de ressortissants non tunisiens résidant en Tunisie a évolué de 66%, passant de 35192 à 53490 personnes. Cela exclut toutefois les plus de 10’000 migrants subsahariens en situation irrégulière qui vivraient dans le pays et pour lesquels aucune statistique fiable et à jour n’est disponible, révèle la source.
      En réponse au manque d’informations sur la migration de l’Afrique subsaharienne vers la Tunisie et ses dynamiques les plus récentes, REACH et Mercy Corps ont voulu creuser la question et ont collecté entre le 9 août et le 2 septembre 2018 des données auprès des trois principaux centres de migration en Tunisie pour les migrants subsahariens à savoir Tunis, Sfax et Medenine.

      Chiffres à retenir :
      – Plus de 83% d’entre eux ont prévu de se rendre vers la Tunisie dès leur départ
      – Environ 14% entre d’eux sont motivés par les facilités de #visas
      – 1/3 des migrants subsahariens considèrent la Tunisie comme étant un tremplin
      – 1/3 des travailleurs subsahariens estime trouver des #emplois plus attractifs que dans leur pays d’origine
      – Près de la moitié des #étudiants subsahariens estiment que l’#éducation est de qualité
      – Ils sont peu nombreux ceux qui ont l’intention de rejoindre l’Europe clandestinement
      – Plus de 90% des interrogés sont venus en Tunisie par avion
      – 50% ont décidé de résider sur le Grand #Tunis
      – 3/4 des migrants subsahariens ont des difficultés d’accès au #permis_de_séjour
      – La majorité des migrants subsahariens envisagent de rester en Tunisie

      #pays_de_destination #pays_de_transit #migrations #statistiques #chiffres #travail

      Ces chiffres servent aussi à relativiser les #préjugés sur la #ruée_vers_l'Europe (v. notamment ici la référence au livre de #Stéphen_Smith : https://seenthis.net/messages/673774), l’#invasion et l’ #afflux...

  • Traversées de la Méditerranée : quand la jeunesse tunisienne, désespérée, se jette à la mer (4/4)

    Depuis l’été 2018, de plus en plus d’embarcations partent de Tunisie pour traverser la mer Méditerranée. En face, l’Union européenne grince des dents. Pourtant, Tunis ne réagit pas, ou si peu. Déjà confronté à une crise économique et sociale majeure, le pays n’a pas - encore - fait de la crise migratoire une priorité. La Tunisie n’a toujours pas mis en place une politique nationale d’asile et il n’existe presqu’aucune structure d’aide pour les migrants. À l’instar des Africains subsahariens, la jeunesse tunisienne prend elle aussi - et de plus en plus souvent - le chemin de la mer pour atteindre l’Europe. Si la dictature a disparu, leurs espoirs d’une vie meilleure aussi.

    Miloud n’a pas l’air contrarié quand il évoque le sujet. « C’est comme ça », dit-il, fataliste. « Il est pêcheur, il connaît la mer ». Miloud, un chauffeur de taxi de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, n’a pas cherché à retenir son petit frère quand il a pris la mer, un matin en direction de l’Europe. La Méditerranée est pourtant pernicieuse, imprévisible, « mais pour les pécheurs de Zarzis, elle ne fait pas peur », affirme le trentenaire en souriant.

    Depuis l’été 2018, de plus en plus de barques partent de Tunisie et de la région de #Zarzis, notamment, en direction de l’Italie. « Près de 50 canots en juillet et en août », affirme Chamseddine, un pêcheur de la région, assis à côté de Miloud, dans un café de la ville. Le projet paraît fou : sur ces minuscules canots à moteur, il faut naviguer plus de 20 heures avant d’atteindre les côtes siciliennes, « 25 heures, si le moteur n’est pas de bonne qualité », ajoute Miloud qui précise que son petit frère est arrivé sain et sauf en Italie. « Mais les jeunes ici n’ont peur de rien, ils n’ont pas peur de la mer ».

    Contrairement aux départs depuis la Libye, seule une poignée des candidats à la traversée sont des Africains subsahariens. « L’écrasante majorité, 90% environ, sont des Tunisiens », affirme Ben Amor Romdhane, le chargé de communication du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants, notamment. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), près 5 000 Tunisiens ont en effet atteint l’Italie depuis le début de l’année. Ils représentent aujourd’hui la principale nationalité des arrivées dans la péninsule.

    Le profil de ces jeunes a souvent un même dénominateur commun : ils ont moins de 30 ans, et ils sont les premières victimes de la #crise_économique. Dans la région de Zarzis, écrasée par le soleil et le #chômage, Miloud, lui, fait un peu figure d’exception dans le paysage. « Je connais plein de Zarzisiens qui sont arrivés aujourd’hui en France, mais moi, mon activité de taxi marche bien. Je n’ai pas envie de traverser ».

    La mer attire aussi les diplômés sans emploi et les #travailleurs_pauvres

    Pour le FTDES, le gouvernement tunisien est en grande partie responsable de cette vague migratoire. Sept ans après la révolution, si la dictature a disparu, les espoirs d’une vie meilleure aussi.

    « Il n’y a aucun message d’optimisme de la classe politique », affirme Ben Amor Romdhane. « Le sentiment, c’est que l’école ne sert à rien, elle ne donne que des chômeurs ». Et ce sentiment a contribué à grossir inlassablement les rangs des candidats au départ vers l’Europe. « Si vous regardez ces jeunes, vous verrez qu’il y a parmi eux des étudiants qui ne trouvent pas de travail, des travailleurs avec des salaires bas. Ce n’est plus seulement les personnes les plus pauvres qui traversent ».

    Pour atteindre l’Europe, le petit frère de Miloud a embarqué avec 10 autres Tunisiens. Loin des grosses embarcations de plus de 100 personnes dont les médias ont diffusé d’innombrables clichés, les jeunes Tunisiens tentent, eux, la traversée sur des petits bateaux de 10 à 20 places. « Les passeurs achètent désormais des petits canots, avec des moteurs puissants. C’est plus discret et plus efficace », explique Ben Amor Romdhane.

    Parfois aussi, les jeunes partent sans passeur et préparent leur voyage de manière autonome, sans intermédiaire. Ils se cotisent, expliquent Miloud et Chamseddine. Un canot neuf avec moteur coûte environ 13 000 dinars (4 000 euros). Si chaque participant apporte 1 000 dinars (300 euros) – « c’est cher mais possible » – le départ a de grandes chances de prendre forme.

    De l’importance des #réseaux_sociaux

    Le rôle des réseaux sociaux est fondamental dans les incitations aux départs : « Les jeunes filment les traversées, les tentatives, il y a des groupes Facebook, des échanges entre jeunes, des partages de vidéos, d’images, de conseils. Les premiers encouragent les autres à partir », précise encore Ben Amor Romdhane.

    Combien de jeunes hommes et de jeunes femmes ont quitté les côtes tunisiennes depuis le début de l’année ? Difficile de savoir. Mais beaucoup atteignent les terres siciliennes, affirme Valentin Bonnefoy, un autre membre de l’association FTDES, coordinateur du département « Initiative pour une Justice Migratoire ». « Je pense que presqu’un Tunisien sur deux arrive en Italie sans se faire arrêter par les autorités italiennes. Nous recevons des témoignages en ce sens, des personnes qui ne sont pas interpellées, donc pas recensées dans les chiffres officiels ».

    Des drames arrivent aussi. Le 7 octobre, un Tunisien de 23 ans s’est noyé lors d’un #naufrage au large de Djerba. Le trajet dans de telles conditions est dangereux, rappellent les pêcheurs zarzisiens. « Il ne suffit pas de savoir naviguer, il faut savoir rester immobile sans bouger pendant des heures, les canots sont parfois de très mauvaise qualité, si quelqu’un se lève, il peut se renverser », explique Chamseddine. Il y a aussi des risques d’incendie. « Pour atteindre l’Italie avec de si petites embarcations, il faut caler 30 bidons d’essence à l’intérieur. Pour l’instant, il n’y a pas eu d’accident. Mais imaginez si quelqu’un allume une cigarette trop près… », ajoute de son coté Salaheddine, un autre pêcheur de Zarzis qui a déjà vu une quinzaine d’embarcations prendre le large cet été.

    Les appréhensions des pêcheurs de Zarzis

    Face aux départs, les autorités apportent une réponse sécuritaire. La surveillance des côtes a été renforcée, un complexe sécuritaire a vu le jour sur l’île de Kerkennah (dans la province de Sfax, au sud du pays), d’où partent aussi de nombreuses embarcations. « Mais le fond du problème reste le même, aucune politique n’est mis en place pour retenir les jeunes », déplore Ben Amor Romdhane de FTDES. « Pour le gouvernement, la priorité, ce sont les élections [présidentielles et législatives] de 2019 ».

    Les bateaux humanitaires, peu nombreux en mer, ne sont pas présents au large de la Tunisie pour secourir les éventuels naufragés. C’est souvent aux pêcheurs qu’incombe ce devoir malgré leurs craintes. « Nous apportons notre aide quand nous voyons des personnes en détresse, mais nous avons peur de la réaction des autorités », confesse Salaheddine. Depuis l’arrestation d’un de ses confrères, #Chamseddine_Bourassine, soupçonné d’être un passeur après avoir tracté une barque avec 14 migrants à bord en direction de Lampedusa, les pêcheurs de la région ont peur d’être assimilés à des trafiquants.

    « Souvent, les jeunes en difficulté, dans les eaux internationales, nous supplie de ne pas les ramener en Tunisie », explique Salaheddine qui a déjà secouru deux petites embarcations l’année dernière. « Ils veulent aller en Italie », et ils savent que la zone de pêche des Zarzisiens n’est pas loin de l’île italienne de Lampedusa. « C’est vraiment triste. Parfois, ces jeunes Tunisiens veulent tellement atteindre l’Europe qu’ils menacent de se faire du mal si nous les ramenons en Tunisie », conclut-il. « Et pourtant, je ne peux pas les emmener en Italie. Je ne peux pas leur faire cette promesse-là et aucun pêcheur de la région ne le pourra ».

    http://www.infomigrants.net/fr/post/12954/traversees-de-la-mediterranee-quand-la-jeunesse-tunisienne-desesperee-
    #Tunisie #émigration #jeunesse #migrations #jeunes #migrants_tunisiens #Méditerranée #mourir_en_mer #décès #mort #sauvetage #pêcheurs #pêcheurs_tunisiens

    Je mets en évidence ce passage :

    « Si vous regardez ces jeunes, vous verrez qu’il y a parmi eux des étudiants qui ne trouvent pas de travail, des travailleurs avec des salaires bas. Ce n’est plus seulement les personnes les plus pauvres qui traversent ».

    #pauvreté #développement

    ping @_kg_

  • Esclave en #Tunisie : le calvaire d’une migrante ivoirienne séquestrée par une riche famille de #Tunis (1/4)

    Depuis l’été 2018, de plus en plus d’embarcations partent de Tunisie pour traverser la mer #Méditerranée. En face, l’Union européenne grince des dents. Pourtant, Tunis ne réagit pas, ou si peu. Déjà confronté à une crise économique et sociale majeure, le pays n’a pas - encore - fait de la #crise_migratoire une priorité. La Tunisie n’a toujours pas mis en place une politique nationale d’asile et il n’existe presqu’aucune structure d’aide pour les migrants. InfoMigrants s’est rendu sur place pour enquêter et a rencontré Jeanne-d’Arc, une migrante ivoirienne, séquestrée et réduite en #esclavage pendant plusieurs mois par une famille tunisienne aisée. Elle se dit aujourd’hui abandonnée à son sort.

    Son visage exprime une détermination sans faille, la voix est claire, forte. « Non, je ne veux pas témoigner de manière anonyme, filmez-moi, montrez-moi. Je veux parler à visage découvert. Pour dénoncer, il ne faut pas se cacher ». Jeanne-d’Arc, est dotée d’un courage rare. Cette Ivoirienne, à la tête d’un salon de coiffure afro à Tunis, #sans_papiers, refuse l’anonymat tout autant que le mutisme. « Il faut que je raconte ce que j’ai subi il y quelques années pour éviter à d’autres filles de se faire piéger ».

    C’était il y a 5 ans, en décembre 2013, et les souvenirs sont toujours aussi douloureux. Pendant 5 mois, Jeanne-d’Arc a été l’#esclave_domestique d’une famille aisée de Tunis. « L’histoire est si banale…, commence-t-elle. Vous avez un #trafiquant qui promet à votre famille de vous faire passer en Europe et puis qui trahit sa promesse et vous vend à quelqu’un d’autre », résume-t-elle, assise sur le canapé de son salon dont les néons éclairent la pièce d’une lumière blafarde. « Quand nous sommes arrivées à Tunis, j’ai vite compris que quelque chose ne tournait pas rond, il y avait plusieurs jeunes filles comme nous, on nous a emmenées dans un appartement puis réparties dans des familles... Je n’ai rien pu faire. Une fois que vous êtes sortie de votre pays, c’est déjà trop tard, vous avez été vendue ».

    #Passeport_confisqué

    Comme de nombreuses autres Ivoiriennes, Jeanne-d’Arc a été victime de réseaux criminels « bien rôdés » dont l’intention est d’attirer des migrantes d’#Afrique_subsaharienne pour ensuite les « louer » à de riches familles tunisiennes. Pendant 5 mois, Jeanne-d’Arc ne dormira « que quand sa patronne s’endormira », elle nettoiera chaque jour ou presque « les 6 chambres, 4 salons et deux cuisines » du triplex de ses « patrons » qui vivent dans une banlieue chic de la capitale, la « #cité_el_Ghazala ». « La patronne m’a confisqué mon passeport. Évidemment je n’étais pas payée. Jamais. On me donnait l’autorisation de sortir de temps en temps, je pouvais dormir aussi, j’avais plus de chance que certaines. »

    Jeanne d’Arc a raconté son histoire au Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide, entre autres, aux migrants. L’association tente depuis longtemps d’alerter les autorités sur ces réseaux - ivoiriens notamment - de #traite_d’êtres_humains. Des mafias également bien connues de l’organisation internationale des migrations (#OIM). « Comme beaucoup de pays dans le monde, la Tunisie n’est pas épargnée par ce phénomène [de traite] dont les causes sont multiples et profondes », a écrit l’OIM dans un de ces communiqués. Depuis 2012, l’OIM Tunisie a détecté 440 victimes de traite, 86 % viennent de #Côte_d'Ivoire.

    Pour lutter contre ce fléau, la Tunisie a adopté en août 2016 une #loi relative à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes - loi qui poursuit et condamne les auteurs de trafics humains (#servitude_domestique, #exploitation_sexuelle…). Ce cadre juridique devrait en théorie permettre aujourd’hui de protéger les victimes – qui osent parler - comme Jeanne-d’Arc. Et pourtant, « l’État ne fait rien », assure-t-elle. « L’OIM non plus… Une loi, c’est une chose, la réalité, c’est autre chose ».

    L’enfer des « #pénalités » imposées aux migrants sans-papiers en Tunisie

    Car Jeanne-d’Arc a essayé de s’en sortir après sa « libération », un jour de janvier 2014, quand sa patronne lui a rendu son passeport et lui a ordonné de partir sur le champ, elle a cru son calvaire terminé. Elle a cru que l’État tunisien allait la protéger.

    « C’est tout le contraire... À peine libérée, un ami m’a parlé de l’existence de ’pénalités’ financières en Tunisie… Il m’a dit que j’allais certainement devoir payer une amende. Je ne connaissais pas ce système. Je ne pensais pas être concernée. J’étais prise au #piège, j’ai été anéantie ».

    La demande d’asile de Jeanne-d’Arc a été rejetée en 2015. Crédit : InfoMigrants

    En Tunisie, selon la loi en vigueur, les étrangers en #situation_irrégulière doivent s’acquitter de « pénalités de dépassement de séjour », sorte de sanctions financières contre les sans papiers. Plus un migrant reste en Tunisie, plus les pénalités s’accumulent. Depuis 2017, cette amende est plafonnée à 1 040 dinars tunisiens (environ 320 euros) par an, précise le FTDES. « C’est une triple peine, en plus d’être en situation irrégulière et victime de la traite, une migrante doit payer une taxe », résume Valentin Bonnefoy, coordinateur du département « Initiative pour une justice migratoire » au FTDES.

    Malgré l’enfer qu’elle vient de vivre, Jeanne d’Arc est confrontée à une nouvelle épreuve. « Mon ami m’a dit : ‘Tu pourras vivre ici, mais tu ne pourras pas partir’... » En effet, les « fraudeurs » ne sont pas autorisés à quitter le sol tunisien sans s’être acquitté de leur dette. « Si j’essaie de sortir du pays, on me réclamera l’argent des pénalités que j’ai commencé à accumuler quand j’étais esclave !… Et ça fait 5 ans que je suis en Tunisie, maintenant, le calcul est vite fait, je n’ai pas assez d’argent. Je suis #bloquée ».

    Asile rejeté

    Ces frais effraient les étrangers de manière générale – qui craignent une accumulation rapide de pénalités hebdomadaires ou mensuelles. « Même les étudiants étrangers qui viennent se scolariser en Tunisie ont peur. Ceux qui veulent rester plus longtemps après leurs études, demander une carte de séjour, doivent parfois payer ces pénalités en attendant une régularisation. C’est environ 20 dinars [6 euros] par semaine, pour des gens sans beaucoup de ressources, c’est compliqué », ajoute Valentin Bonnefoy de FTDES.

    Pour trouver une issue à son impasse administrative et financière, Jeanne-d’Arc a donc déposé en 2015 un dossier de demande d’asile auprès du Haut-commissariat à l’ONU – l’instance chargée d’encadrer les procédures d’asile en Tunisie. Elle pensait que son statut de victime jouerait en sa faveur. « Mais ma demande a été rejetée.La Côte d’Ivoire n’est pas un pays en guerre m’a-t-on expliqué. Pourtant, je ne peux pas y retourner, j’ai des problèmes à cause de mes origines ethniques », dit-elle sans entrer dans les détails. Jeanne d’arc a aujourd’hui épuisé ses recours. « J’ai aussi pensé à dénoncer la famille qui m’a exploitée à la justice, mais à quoi bon... Je suis fatiguée… »

    « J’ai le seul salon afro du quartier »

    Après une longue période d’abattement et de petits boulots, Jeanne-d’Arc a récemment repris du poil de la bête. « Je me suis dit : ‘Ce que tu veux faire en Europe, pourquoi ne pas le faire ici ?’ ». Avec l’aide et le soutien financier d’un ami camerounais, la trentenaire sans papiers a donc ouvert un salon de coiffure afro, dans un quartier populaire de Tunis. « Je paye un loyer, le bailleur se fiche de ma situation administrative, du moment que je lui donne son argent ».

    Les revenus sont modestes mais Jeanne d’Arc défend sa petite entreprise. « Je me suis installée ici, dans un quartier sans migrants, parce que je ne voulais pas de concurrence. Je suis le seul salon afro du secteur, et plus de 90 % de ma clientèle est tunisienne », dit-elle fièrement, en finissant de tresser les nattes rouges et noires d’une jeune fille. Mais les marchandises manquent et ses étals sont ostensiblement vides. « J’ai besoin de produits, de mèches, d’extensions… Mais pour m’approvisionner, il faudrait que je sorte de Tunisie... Je ne sais pas comment je vais faire ».

    Pour les migrants comme Jeanne-d’Arc acculés par les pénalités, la seule solution est souvent la fuite par la mer. « Payer un #passeur pour traverser la Méditerranée peut s’avérer moins cher que de payer cette amende », résume Valentin Bonnefoy de FTDES. Une ironie que souligne Jeanne d’Arc en souriant. « En fait, ce gouvernement nous pousse à frauder, à prendre des dangers… Mais moi, que vais-je faire ? », conclut-elle. « Je ne veux pas aller en #Europe, et je ne peux pas retourner vivre en Côte d’Ivoire. Je suis définitivement prisonnière en Tunisie ».

    http://www.infomigrants.net/fr/post/12875/esclave-en-tunisie-le-calvaire-d-une-migrante-ivoirienne-sequestree-pa

    #UNHCR #demande_d'asile