person:walter benjamin

  • Todo vestigio de cultura es un vestigio de barbarie | HISPANTV
    https://wwww.hispantv.com/noticias/opinion/426225/europa-colonialismo-espana-imperialismo-cultura-america-latina

    Un Mexicain s’énerve des lamentations sur Notre-Dame. Ca change un peu du discours régnant.

    En este sentido —hay que insistir en el reconocimiento de la tragedia que esto implica—, mientras que de un lado de la ecuación se reconoce la especificidad occidental como una expresión cultural de validez universal, en el otro, se invisibiliza que esa supuesta superioridad civilizacional de Occidente tuvo su condición de posibilidad en la destrucción, total o parcial, de otras muchas formas de realizar la vida en colectividad. En otras palabras, para expresarlo en la formulación ya clásica que Walter Benjamin realizara a mediados del siglo XX, en medio de la catástrofe de la Segunda Guerra Mundial, “no hay documento de cultura que no sea a la vez un documento de barbarie. Y así como éste no está libre de barbarie, tampoco lo está el proceso de transmisión a través del cual los unos lo heredan de los otros”.

    Y es que basta, por ejemplo, con observar cualquiera de las salas de los principales museos de arqueología y etnografía europeos para constatar que es ahí en donde el Occidente colonial muestra al mundo la grandeza de su actividad destructiva de otras culturas, presumiéndola al mundo en aparejos y vitrinas a las que se acercan los extranjeros de las sociedades que con anterioridad fueron sus colonias para admirarse de la magnitud del saqueo y la devastación. En el WeltmuseumWien (Museo de Etnología de Viena), sin ir más lejos, se conserva y expone a un aproximado de doscientos mil objetos pertenecientes a culturas no europeas, entre los que se encuentra el emblemático Penacho de Moctezuma, suplido en el Museo Nacional de Antropología, de México, por una réplica. Y así como éste, los ejemplos sobran.

    Pero la realidad de la tragedia es que no es sólo ese pasado apropiado por Occidente como artefacto de museo (como artefacto de su cultura que oculta la barbarie cometida en contra de las poblaciones a las que despojó de sus reliquias museográficas) lo que se juega, aun, en el presente. Ahora mismo, en el mundo se desarrollan guerras sanguinarias en las cuales participan de manera activa las potencias europeas, ya sea financiando guerrillas (como grupos terroristas locales), desplegando a sus ejércitos, traficando armas para amigos y enemigos, vetando resoluciones de pacificación en la Organización de Naciones Unidas o justificando, sin más, los conflictos armados en curso en nombre de sus propios valores que reafirma como supremos derechos universales del hombre y el ciudadano (o, en sentido más moderno y políticamente correcto, derechos del hombre).

    Palmira, la ciudad vieja de Alepo, Damasco, Homs, en Siria; Tombuctú, en Mali; el Valle de Bamiyan, al norte de la ciudad de Kabul, en Afganistán; Hatra, en Irak; o la Ciudad vieja de Saná, en Yemen (todas ellas ciudades en las que se preservaba la memoria de las primeras civilizaciones en la tierra; muchas de ellas, incluso, ciudades bíblicas); son ejemplos muy próximos al presente que dan cuenta de la destrucción que causan los intereses geopolíticos de Occidente (incluyendo a Estados Unidos) y que hoy, además, arrojan luces sobre la poca importancia que cobra, tanto para los Estados occidentales como para un gran número de personas alrededor del mundo, la devastación de sitios que no únicamente formaban parte del acervo de la UNESCO de sitios declarados patrimonio de la humanidad, sino que, además, eran lugares, objetos y símbolos en los que se concentraba la memoria de un sinfín de colectividades, de sociedades, de culturas y civilizaciones; sobrevivientes al saqueo y a la demolición de la expansión colonial entre los siglos XV y XX.

    Por eso, quizá, no habría que minimizar la tragedia que se muestra el hecho de que la humanidad (o por lo menos las poblaciones dentro del espacio geocultural occidental) se sienta tan mortificada por la pérdida de la Catedral de Notre Dame, cuando en los hechos una infinidad de veces ha pasado por alto, —ya sea por decisión consciente o por simple ignorancia—, la aniquilación de la historia de la humanidad en otras latitudes. Y es que, hay que insistir, la tristeza por el edificio francés en cuestión nadie la niega. El problema viene cuando el eurocentrismo y la hipocresía humanitaria se apropian sin más del discurso en torno de la necesidad de preservar las huellas de nuestra historia.

    Escrito por Ricardo Orozco, Consejero Ejecutivo del Centro Mexicano de Análisis de la Política Internacional.

  • en un combat douteux : « Thèses sur le concept d’histoire » par Walter Benjamin ( 1940 )
    http://enuncombatdouteux.blogspot.com/2015/07/theses-sur-le-concept-dhistoire-par.html

    Il existe un tableau de Klee qui s’intitule « Angelus Novus ». Il représente un ange qui semble sur le point de s’éloigner de quelque chose qu’il fixe du regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. C’est à cela que doit ressembler l’Ange de l’Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit, lui, qu’une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si violemment que l’ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s’élève jusqu’au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.

    À l’historien qui veut revivre une époque, Fustel de Coulanges recommande d’oublier tout ce qu’il sait du cours ultérieur de l’histoire. On ne saurait mieux décrire la méthode avec laquelle le matérialisme historique a rompu. C’est la méthode de l’empathie. Elle naît de la paresse du cœur, de l’acedia, qui désespère de saisir la véritable image historique dans son surgissement fugitif. Les théologiens du Moyen Âge considéraient l’acedia comme la source de la tristesse. Flaubert, qui l’a connue, écrit : « Peu de gens devineront combien il a fallu être triste pour [entreprendre de] ressusciter Carthage. » La nature de cette tristesse se dessine plus clairement lorsqu’on se demande à qui précisément l’historiciste s’identifie par empathie.

    On devra inévitablement répondre : au vainqueur. Or ceux qui règnent à un moment donné sont les héritiers de tous les vainqueurs du passé. L’identification au vainqueur bénéficie donc toujours aux maîtres du moment. Pour l’historien matérialiste, c’est assez dire. Tous ceux qui à ce jour ont obtenu la victoire, participent à ce cortège triomphal où les maîtres d’aujourd’hui marchent sur les corps de ceux qui aujourd’hui gisent à terre. Le butin, selon l’usage de toujours, est porté dans le cortège. C’est ce qu’on appelle les biens culturels. Ceux-ci trouveront dans l’historien matérialiste un spectateur réservé. Car tout ce qu’il aperçoit en fait de biens culturels révèle une origine à laquelle il ne peut songer sans effroi.

  • Le chiffonnier, idéal-type urbain - Métropolitiques
    https://www.metropolitiques.eu/Le-chiffonnier-ideal-type-urbain.html

    C’est donc à un voyage avec les « chiffonniers littéraires », c’est-à-dire les écrivains du XIXe siècle, que nous sommes conviés. Les chiffonniers, ainsi que le soulignait déjà Louis-Sébastien Mercier dans son Tableau de Paris, permettent grâce à leur travail ingrat de trier les déchets et de recycler les chiffons en papiers, que viendront noircir les auteurs. Un parallèle s’établit puisque les écrivains réemploient de leur côté les faits et gestes d’une société bruissante pour donner matière à leurs livres. Ce voyage est un enchantement érudit, une érudition enchantée. Antoine Compagnon rattache explicitement son odyssée aux travaux de Walter Benjamin [1] et de Francesco Orlando [2] – tout en discutant avec acuité certaines de leurs analyses – ainsi qu’à ses lectures initiatiques des Fleurs du mal. L’ouvrage offre des allers-retours constants entre réflexion, citations et images (superbement reproduites). De surcroît, les extraits littéraires puisent dans tous les registres éditoriaux et les images font la part belle aux caricatures. Ce recyclage – mimétique du #chiffonnage – de toutes les catégories de papiers imprimés évoquant les biffins est très appréciable, rompant avec une histoire littéraire trop souvent frileuse devant une iconographie qui a nourri l’imaginaire des écrivains, et une histoire des images tout aussi circonspecte vis-à-vis de la littérature.

    #chiffonniers #biffins #déchets #recyclage #livre #littérature

  • Le Souffle de la Révolte, 1917-1936 : Quand le Jazz est là… | Couleurs JAZZ
    https://couleursjazz.fr/le-souffle-de-la-revolte-1917-1936-quand-le-jazz-est-la/?lang=fr

    L’originalité de cette approche, chronologiquement à rebours, est de proposer, non pas une histoire du jazz telle que l’on pourrait la lire dans une encyclopédie, mais d’inscrire le jazz dans l’histoire.
    Cette association du jazz et de l’histoire prend corps avec le choix, comme point de départ du livre, de l’année 1917 marquée à la fois par l’enregistrement du premier disque de jazz par l’Original Dixieland Jass Band, la révolution russe qui bouleversera l’échiquier politique européen et l’arrivée en France, dans les fourgons du 369ème régiment d’infanterie du lieutenant noir James Reese Europe, du jazz.

    L’auteur montre comment cette « catastrophe apprivoisée », pour reprendre l’expression de Jean Cocteau, présidera, en France et en Europe, à l’émergence de musiciens de jazz de valeur : (Alix Combelle, André Ekyan), trouvera un terreau fertile dans la chanson française avec Charles Trenet et Jean Sablon et inspirera des intellectuels comme l’ethnologue Michel Leiris, le poète Philippe Soupault et le compositeur du Groupe des Six, Darius Milhaud qui fera le voyage aux États-Unis pour prendre la mesure de ces sons nouveaux.
    Sans donner à son argumentation un tour exhaustif, Nicolas Beniès examine les origines et la maturation du blues et du jazz en tant qu’art à part entière au travers des réalisations les plus abouties de chefs de file comme Louis Armstrong, Sidney Bechet, Bix Beiderbecke, Bessie Smith, Jelly Roll Morton, Coleman Hawkins, Benny Carter, Duke Ellington, Count Basie, Billie Holiday, Lester Young, Django Reinhardt…
    Ce phénomène est rendu possible par les progrès des techniques d’enregistrement et de reproduction sonore. En découlera une reproduction à l’identique incarnée par le disque qui, en saisissant l’instant présent, jouera un rôle évident de transmission du patrimoine avec comme conséquence inévitable de conférer au jazz, selon les critères de l’économie capitaliste, la double identité d’objet d’art et d’objet de marchandise (Walter Benjamin). De là viendra la vogue des orchestres de danse : ceux de Paul Whiteman et Guy Lombardo aux États-Unis et, en France, ceux regroupés sous l’appellation Jazz de scène (Ray Ventura, Fred Adison). En positionnant avec de nombreuses références, la place du jazz dans la littérature et le cinéma, l’auteur, et c’est là son mérite, en fait une référence artistique incontournable de la culture américaine.

    #Nicolas_Beniès #Jazz #Souffle_révolte #C&F_éditions

  • [livre] Nicolas BENIÈS : « Le souffle de la révolte (1917-1936)... (...) - CultureJazz.fr
    http://www.culturejazz.fr/spip.php?article3384

    Il en connaît forcément un rayon : longtemps animateur d’une émission de jazz pour TSF 98 et auteur de conférences dans le cadre de l’Université populaire de Michel Onfray (qui annonce publiquement à la date de ce 28 septembre qu’il quitte ses fonctions) sans oublier -ce qui lui vaut de figurer dans cette rubrique- auteur de deux précédents volumes [1] d’une histoire du jazz dont le dernier opus en date vient de paraître. C’est peut-être pour cette raison que notre auteur caennais ose, ce qu’aucune rivière ne saurait faire, remonter à la source. Non pas ici en faisant l’histoire du jazz à partir de ses origines mais en l’achevant par ses débuts. info document - voir en grand cette imageCe dernier volume porte en effet sur la naissance du jazz. Qu’on se rassure, l’ordre chronologique reprend vite ses droits dans cette histoire des commencements. On la connaît ou l’on croit la connaître. Cela est vrai dans les grandes lignes. Le chant de la révolte des esclaves, la naissance du blues, Louis Amstrong, Sidney Bechet, les orchestres blancs dansants, Al Johnson et Le Chanteur de jazz, le jazz aux Etats-Unis, le jazz en France, Ray Ventura, Charles Trenet, Django, Boris Vian, Jean-Paul Sartre et son célèbre air attribué faussement à une chanteuse noire (La Nausée), Jean Cocteau jouant de la guitare, Pierre Boulez détestant le jazz (qui peine en effet à lui rendre hommage en retour !) et tutti quanti. On révise, on découvre et cela est déjà un exercice plaisant. L’ouvrage n’est pas pour autant réductible à cette fonction vulgarisatrice. Frappe en effet la masse de documentation convoquée par l’auteur, tous domaines confondus. Il suffit de regarder les notes en bas de page qui livrent les sources pour s’en convaincre. Donc, on apprend beaucoup.
    Qui connaît, en effet, le destin du lieutenant noir au nom de James Europe chargé en 1916 de recruter des soldats-musiciens afin de construire un grand orchestre qui tournera en France réunissant des milliers de spectateurs et popularisant déjà le jazz avant la lettre …. et son destin tragique( poignardé par l’un de ses musiciens à Boston en 1919) ? Ou bien l’existence du premier musicien de jazz, le cornettiste Buddy Bolden (né à La Nouvelle Orléans en1877) et son groupe (1900-1906) qui mourra dans un asile d’aliénés (cette musique l’ayant rendu fou ?) sans avoir apparemment rien enregistré ? Nicolas Beniès consacre de nombreuses pages à ces figures méconnues et mythiques en faisant partager à ses lecteurs les hypothèses déjà émises par des historiens voire par les romanciers américains eux-mêmes.
    Sans oublier l’histoire des instruments (de leur apparition dans les formations), l’histoire des enregistrements, des lieux de concerts….

    Histoire du jazz, histoire culturelle, histoire tout court. L’ambition est légitime mais non sans risque ; celui des raccourcis spatio-temporels. Par exemple, 1917 premier disque de jazz signé par l’ODJB (Original Dixieland Jazz Band) et révolution russe : comment lier un mouvement de révolte et d’émancipation que porte le jazz aux États-Unis et celui d’une révolution qui marque le début de la fin des libertés en URSS où le jazz sera interdit pour cause de décadence (comme il le sera deux décennies plus tard sous le joug des nazis comme musique dégénéré) ? Avec un peu de dialectique, à l’inverse tout s’éclaire. Condamner le succès de jazz sous sa double forme discographique et spectaculaire au nom de la loi du marché relèverait par exemple de la cécité idéologique si l’auteur ne prenait soin de préciser avec raison que « le jazz fait donc partie de la sphère de la marchandise, tout en constituant un objet artistique, donc en dehors de la marchandise. » CQFD.

    Alors certes il y a bien quelques redites (la forme « conférence » oblige ?), des gimmicks comme en musique. Ainsi nos vieilles connaissances Adorno (et son anti-art) Walter Benjamin (et la reproduction), le capitalisme bien sûr toujours là (qui doit se sentir bien seul, soit dit en passant)… mais la morale de l’histoire demeure : quand le jazz est là… tout va.

    Last but not least : le CD joint au livre par les soins de l’auteur évoquant la naissance du jazz en 25 titres.

    #C&F_éditions #Nicolas_Beniès #Souffle_révolte

  • Migration : Sous nos yeux, ils demandent à passer

    https://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser-avec-frederic-worms/sous-nos-yeux-ils-demandent-a-passer-0

    Frédéric Worms s’entretient avec le philosophe et historien de l’art

    Georges Didi-Huberman de son ouvrage "Passer, quoi qu’il en coûte" co-écrit avec Niki Giannari (Minuit, 2017).
    Idomeni, frontière entre la Grèce et la Macédoine, mars 2016
    Crédits : Maria Kourkouta

    « Ils », ce sont eux, les « migrants », ils demandent « seulement à passer » comme le dit Nika Gianniri dans le poème qui ouvre le livre qu’elle partage avec Georges Didi-Huberman. Leur livre « du passage » à eux, face à ce passage arrêté, bloqué, ce laissez-passer refusé, cette Europe murée, ici, à Idomeni au Nord de la Grèce. Une cinéaste, une poète qui travaille dans une association, et l’historien des images passantes, survivantes, résistantes, s’unissent pour nous donner à penser ce passage. Nous permettre de le voir. Car cela se passe sous nos yeux, littéralement sous nos yeux et nous ne le voyons pas. Avec en arrière plan tous les passages bloqués, les « spectres qui hantent l’Europe ». L’auteur du « livre des passages », Walter Benjamin, qui se suicide en 1940 à Port-Bou, ville frontière d’un autre temps d’arrêt. Surimpression des images. Regardons « les ». Leur passage, c’est le nôtre. Le temps des laissez passer est revenu.

    Georges Didi-Huberman : Comme dit Hannah Arendt des réfugiés "ils sont notre avant-garde". Ils sont notre passé et notre futur.

    Il n’est pas d’image qui ne soit migrante. Toute image est une migration. Les images ne sont jamais autochtones.

    On pourrait dire que mon idée fixe, c’est le mouvement. Notre tragédie politique aujourd’hui ce sont les mouvements empêchés.

    Il y a des choses qui sont et ces choses qui sont ont, à chaque moment de leur existence, la traîne de leur mémoire et la dynamique de leur futur qui arrive.

    L’art du désir ne doit jamais oublier l’art de la mémoire. L’art de la mémoire ne doit jamais oublier son art du désir.

    #migrations #réfugiés#asyle #frontières #murs #documentaires

  • LesInrocks - A Beaubourg, l’“Angelus novus” de Klee devenu icône de Walter Benjamin
    https://www.lesinrocks.com/2016/04/17/arts/a-beaubourg-langelus-novus-de-klee-devenu-icone-de-walter-benjamin-11819

    A l’exposition Klee du Centre Pompidou, ne manquez pas l’“Angelus Novus”. Cette petite aquarelle exposée en France pour la première fois est devenue grâce à son possesseur Walter Benjamin une œuvre clé du XXe siècle.

    Il est rare que la renommée d’une œuvre d’art soit davantage due à son possesseur qu’à son propre créateur. C’est pourtant le cas de l’#Angelus_Novus de Paul Klee, dont la notoriété s’est accrue à mesure que son propriétaire, le philosophe Walter Benjamin, passait au fil des décennies de l’obscurité la plus totale à la reconnaissance, au point que cette petite aquarelle est devenue une sorte de portrait ou de symbole de Benjamin lui-même.

    En 1920, Klee peint un étrange personnage aux bras levés, à la fois inquiétant et enfantin, dont la bouche esquisse ce qui pourrait être aussi bien un sourire qu’un rictus d’effroi. Un bel exemple de cette ironie qui infiltre tout l’œuvre de l’artiste allemand, et que met en avant l’expo de Beaubourg, intitulée L’Ironie à l’œuvre.

    #paul_klee #art

    • « Il existe un tableau de Klee qui s’intitule « Angelus Novus ». Il représente un ange qui semble sur le point de s’éloigner de quelque chose qu’il fixe du regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte ses ailes déployées. C’est à cela que doit ressembler l’Ange de l’Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit, lui, qu’une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si violemment que l’ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s’élève jusqu’au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. »

      Walter Benjamin. Sur le concept d’histoire, IX , 1940. Gallimard, Folio/Essais, 2000, p. 434.

      http://www.philolog.fr/lange-de-lhistoire-walter-benjamin/print

  • L’évènement Rétrospectives #Harun_Farocki - #Christian_Petzold - Centre Pompidou

    https://www.centrepompidou.fr/id/c8rga6R/r4En88M/fr

    Proposer une double rétrospective Harun Farocki/Christian Petzold c’est inviter à parcourir les territoires de deux cinéastes allemands parmi les plus importants de leur génération. À partir d’une conception très politique du cinéma, Farocki (1944-2014) s’élance dès 1967 de la fiction et du documentaire vers les mutations les plus contemporaines de l’image : essai filmique, vidéo, installation et atelier collaboratif, au fil de cent vingt œuvres dont durée, sujet et genre sont extrêmement variés. Le cinéaste y conduit une réflexion sur le travail (citons En comparaison), s’interroge sur la vision humaine et celle des « machines à voir » (Images du monde et inscription de la guerre), opère un retour à l’histoire pour faire surgir une « image dialectique » au sens de Walter Benjamin (En sursis) comme l’écrit Christa Blümlinger. Il observe aussi des méthodes de conformation de l’humanité contemporaine (La Vie RFA). Au-delà de la profondeur des sujets abordés, la singularité de son travail tient à l’invention de procédés inédits de montage par la répétition, le creusement, la confrontation des images et des sons.

    Christian Petzold (né en 1960) débute dans le paysage désolé du cinéma de fiction allemand des années 1990. S’emparant des genres du thriller et du mélodrame féminin, il donne en dix films un visage cinématographique à l’Allemagne réunifiée du capitalisme mondialisé hantée par les fantômes de l’histoire (le terrorisme d’extrême-gauche dans Contrôle d’identité). Plus récemment, il met en scène des fictions historiques : RDA des années 1980 pour Barbara ; immédiat après-guerre dans Phoenix, qui lui valent la reconnaissance internationale comme à son actrice Nina Hoss. Mais il n’abandonne pas pour autant sa méthode cinématographique : une mise en scène minutieuse fondée sur la précision et la rigueur pour fuir l’emphase et l’effet.

    À travers projections, tables rondes, installations et réédition de textes d’Harun Farocki, la manifestation montre la richesse de chaque œuvre et les affinités électives unissant deux cinéastes en dialogue constant. Farocki, d’abord professeur de Petzold à l’école de cinéma de Berlin, est devenu son ami puis son collaborateur au scénario jusqu’à Phoenix. La réflexion documentaire de Farocki a nourri directement la fiction de Petzold, comme le montre la reprise de scènes de Rien sans risque du premier dans Yella du second. Cette double rétrospective met en évidence les thèmes partagés qui nourrissent les deux œuvres : fonctionnement du capitalisme d’aujourd’hui ; confrontation au passé ; apprentissages sociaux ; réflexion sur le cinéma que l’un et l’autre ont analysé dans leurs écrits. Le cinéma qui, pour Petzold comme pour Farocki, doit refuser la vision conformiste des médias pour parvenir à « déblayer les décombres qui obstruent les images » et donc, avant tout, nous aider à penser.
    Pierre Gras
    Enseignant en cinéma à l’université Paris 8, spécialiste du cinéma allemand

    #art #documentaires #cinéma #installations_artistiques

  • " L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée. " par Walter Benjamin ( 1939 )

    https://enuncombatdouteux.blogspot.fr/2018/02/loeuvre-dart-lepoque-de-sa-reproduction.html

    « Fiat ars – pereat mundus* », dit le fascisme qui, comme Marinetti le professe, attend de la guerre l’assouvissement artiste d’une perception sensorielle métamorphosée par la technique. De toute évidence, il s’agit de l’aboutissement ultime de l’art pour l’art.

    L’humanité qui, jadis, chez Homère, était pour les dieux de l’Olympe un objet de spectacle, l’est désormais devenue pour elle-même. Le détachement qu’elle éprouve à l’égard d’elle-même a atteint un point tel qu’elle peut vivre sa propre destruction comme un plaisir esthétique de premier ordre. Voilà ce qu’il en est de l’esthétisation du politique à laquelle travaille le fascisme. Le communisme lui répond par la politisation de l’art.

    * « Que l’art advienne, le monde dût-il en périr. »

  • Walter Benjamin et le nouveau désordre mondial
    http://www.dedefensa.org/article/walter-benjamin-et-le-nouveau-desordre-mondial

    Walter Benjamin et le nouveau désordre mondial

    Préambule

    Nous poursuivons (voir le 14 décembre 2017) notre analyse sur l’étrange mutation d’une théorie marxiste de l’hégémonie culturelle qui s’est infiltrée par tous les pores des médias de masse afin de finir par contaminer jusqu’à l’ensemble de nos perceptions. Partant de l’approche gramscienne pour aboutir en plein cœur de l’École de Frankfurt, nous avons décidé de faire un arrêt sur la pensée d’un véritable hérétique, penseur d’une hégémonie culturelle conçue comme l’instrument de subversion par excellence. En effet, Walter Benjamin a été qualifié de « théologien du marxisme » par ses proches et pour cause lorsque l’on prend la peine d’étudier l’étrange parcours intellectuel qui marque son œuvre inclassable. Émule de la Kabbale, Walter Benjamin s’est laissé tenté par (...)

  • Pourquoi ce sont toujours les mêmes qui écrivent et comment changer ça ? - Paris-luttes.info via @paris
    https://paris-luttes.info/pourquoi-ce-sont-toujours-les-1523

    Après 3 an de fonctionnement de Paris-luttes.info, nous avons constaté que nous n’avions pas brisé les frontières imposées à l’expression de tout un chacun. C’est normal, ça prend du temps, et ça nécessite aussi de définir plus précisément ce qui est recherché.

    Le texte qui suit ne prétend pas avoir trouvé une méthode miracle, mais plutôt suggérer quelques voies parfois trop négligées, par lesquelles nous sortirons peut-être des ornières de la spécialisation intellectuelle.

    Parmi les causes possibles de l’inégale répartition de la parole en société et dans nos propres médias, notamment de la parole politique dans son acception la plus large, on peut compter :

    L’habitude d’une stricte répartition des rôles (expert/militant/spectateur passif, etc.).
    La répartition inégale du capital culturel : tout le monde ne dispose pas des mêmes outils pour s’exprimer.
    Ce qui est capital culturel et ce qui ne l’est pas : valorisation de certaines formes d’expression au détriment des autres (écrit contre oral, théorie contre récit, etc.).
    Les formes d’expression : elles sont figées conformément aux besoins et pratiques des détenteurs de capital culturel. Ils définissent ce qu’est l’art, la littérature, la théorie, l’histoire, etc.
    Les médias contemporains (radio, télé, internet...) ne permettent pas nécessairement une transposition des anciennes formes de culture populaire.
    Le fond : comment on déconsidère le fait de s’exprimer, et notamment de s’exprimer politiquement, dans certaines classes sociales (superflu, pas viril, obscène). Pourquoi en a-t-on perdu le goût ?
    Deux concepts peuvent servir assez largement ce questionnement : celui de culture populaire (qu’est ce exactement ? Quelle culture mérite cet épithète aujourd’hui ? Quel rapport entretenir avec ?), et celui d’histoire des vaincus (voir les « thèses sur le concept d’histoire » de Walter Benjamin). (Comment faire pour que cette histoire fragmentaire, porteuse d’espoir, ne disparaisse pas. Comment lutter au présent contre sa disparition).

    Il n’y a pas de miracle à attendre d’une potentielle libération des modes d’expression. (...)

    #toctoc (?) #expression #luttes


  • https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/STERN/57776

    Good Guy & "bad boy"
    Pour nombre d’homosexuels, adolescents dans les années 1970, Guy Hocquenghem (1946-1988) fut d’abord un visage et deux mots. Le visage hypercool d’un jeune homme, tignasse bouclée de pâtre grec, bouille narquoise, col roulé et veste de cuir ; et les deux mots, « révolution » des « homosexuels », qui s’affichaient dans les pages du Nouvel Observateur, début 1972, où il publia une sorte d’autoportrait. Le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), dont il fut la figure la plus en vue, tenait alors ses assemblées générales du côté des Beaux-Arts de Paris.

    Il y a donc quelque chose de profondément émouvant à retrouver cette photographie, retraitée en magenta et jaune, en couverture d’Un journal de rêve (1), recueil d’articles d’Hocquenghem écrits entre 1970 et 1987, sélectionnés par Antoine Idier, sociologue et historien des idées. Celui-ci publie simultanément la première biographie consacrée au journaliste et polémiste, aiguillon dans les années post-68 de l’extrême gauche radicale, plus précisément d’un courant qualifié souvent avec mépris de « désirant ». C’était là l’expression d’une homophobie répandue dans la société française et du refus de la majorité des gauchistes d’affronter la normalité bourgeoise de la sexualité, qui n’avait pas beaucoup évolué depuis l’après-guerre. Mais cette normalité commençait au début des années 1970 à marquer le pas, sous les directs du gauche d’Hocquenghem. L’intérêt et le charme du travail d’Antoine Idier sont d’offrir au lecteur la possibilité, avec Les Vies de Guy Hocquenghem, judicieusement sous-titré Politique, sexualité, culture (2), de faire des allers et retours entre la biographie et le recueil d’articles. On saisit alors à quel point il fut un chroniqueur aiguisé plutôt qu’un penseur, un homme d’humeur plutôt que d’amour, un individualiste égotiste plutôt qu’un acteur collectif. Cette posture du chroniqueur, en soi passionnante, permet à Hocquenghem de ne rien s’interdire dans les sujets qu’il traite, de Michel Platini à Pier Paolo Pasolini, de la « nouvelle droite » à la « paresse de la gauche ». Sa liberté de ton, avec une capacité d’affirmation de points de vue à vif, cassants, paradoxaux, nourris d’exaspération, qui n’existe plus guère dans la presse française, lui vaudra de nombreux et farouches détracteurs. Qu’il ne ménageait pas en retour, secouant l’après-Mai intellectuel, décrypté ici avec brio. L’auteur revient en particulier sur les débats houleux autour du livre de Gilles Deleuze et Félix Guattari L’Anti-Œdipe, et sur les affrontements avec les féministes. Pour Hocquenghem, la conception hétérosexuelle de l’homosexualité par la psychanalyse et le féminisme empêchaient la « lecture minoritaire » qu’il élaborait. Il se sentait parfois brisé, mais assumait ses positions sur des questions aussi controversées que la sexualité des enfants ou le plaisir à prendre du plaisir avec les minorités (raciales comme sexuelles).

    Le conformisme journalistique sera aussi l’une de ses cibles privilégiées, notamment dans ses critiques de la télévision publiées dans Libération. Chroniqueur de presse, il explora aussi le cinéma, avec l’incroyable Race d’Ep, réalisé avec Lionel Soukaz ; publia de nombreux livres, essais et romans, contribua au numéro de Recherches, la revue dirigée par Guattari, titré « Trois milliards de pervers », qui fut rapidement interdit. Tout lui était bon à prendre afin de s’exprimer. Cela donne, avec le recul, un côté extrêmement désordonné à son travail. Antoine Idier ne cherche pas à y remettre de l’ordre, ce qui serait un contresens, mais à y déceler une trajectoire. De René Schérer à Walter Benjamin, de Jean-Louis Bory à Gilles Deleuze, des bordels SM de New York aux studios d’Europe 1, du réjouissant Désir homosexuel en 1972 à la jouissive Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary en 1986, publiée au crépuscule d’une courte vie tuée par le sida, Hocquenghem se comprend non pas comme un théoricien, mais comme un acteur du social. Charmeur évidemment, ambigu et pénible parfois, tête à claques qu’on avait souvent envie d’embrasser, il aimait pousser à bout, y compris ses partisans et amis. Good Guy et bad boy.
    Jean Stern.

    (1) Guy Hocquenghem, Un journal de rêve , postface d’Antoine Idier, Gallimard, coll. « Verticales », Paris, 2017, 320 pages, 22 euros.
    (2) Antoine Idier, Les Vies de Guy Hocquenghem. Politique, sexualité, culture , Fayard, Paris, 2017, 354 pages, 22 euros.

    http://www.editions-verticales.com/fiche_ouvrage.php?id=392
    http://www.fayard.fr/les-vies-de-guy-hocquenghem-9782213702025
    Sur ce dernier lien un extrait en ligne (l’introduction de l’auteur).
    #Guy_Hocquenghem #Jean Stern #biographie
    Sinon un ancien billet que j’avais collé ici sur @seenthis
    https://seenthis.net/messages/505807

  • #Octobre_17. #Asja_Lācis, le théâtre ou l’avenir de la révolution
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100817/octobre-17-asja-lacis-le-theatre-ou-l-avenir-de-la-revolution

    Asja Lācis. Suivre les traces d’Asja Lācis, c’est d’abord évoquer la Lettonie, un temps au centre de la dynamique révolutionnaire. C’est à Riga qu’Asja manie le russe, l’allemand et le letton, rencontre la littérature et surtout le théâtre. Révolutionnaire à Pétersbourg, à Moscou, à Berlin, elle n’aura de cesse de penser et de faire vivre un « Octobre théâtral », croisant et/ou aimant Bertolt Brecht, Walter Benjamin, Bernhard Reich.

    #Culture-Idées

  • Miguel Abensour (1939-2017), philosophe subversif | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/michael-lowy/blog/240417/miguel-abensour-1939-2017-philosophe-subversif

    Un article passionnant sur l’utopie, le marxisme et l’auto-émancipation.

    Miguel Abensour nous a quittés, une très grande perte pour la raison utopique. Il fut sans doute un des penseurs les plus importants, les plus novateurs et les plus percutants de la France contemporaine ; son œuvre est incomparablement plus riche et plus intéressante que celle des philosophes conformistes qui occupent les plateaux télévisés et les rayons des supermarchés du livre. Il représente, dans le spectre de la philosophie politique moderne, la radicalité utopique libertaire dans toute sa force subversive.

    Dans ce petit hommage à un très grand philosophe, nous allons passer en revue, brièvement, deux livres de Miguel Abensour sur l’utopie, et un ouvrage récent, dédié à sa pensée.

    L’ouvrage L’Utopie, de Thomas More à Walter Benjamin (Paris, Sens & Tonka, 2000, 211 pages) est composé de deux essais denses et profonds, portant sur deux moments forts de l’histoire de l’utopie moderne : l’invention, par Thomas More, d’un nouveau dispositif littéraire, philosophique et politique, et la reformulation du projet utopique, face au péril extrême, dans les derniers écrits (1935-40) de Walter Benjamin.

    L’auteur n’hésite pas à prendre le contrepied de la doxa dominante, figée dans sa haine de l’utopie - cette passion triste, ce « symptôme répétitif qui, de génération en génération, affecte les défenseurs de l’ordre existant en proie à la peur de l’altérité ». Ce n’est pas l’utopie qui est génératrice de totalitarisme, c’est une société sans utopie qui est très exactement une société totalitaire, prise dans la dangereuse illusion de l’accomplissement.

    #Utopie #Philosophie_politique

  • L’anthropocène contre l’histoire - Le réchauffement climatique à l’ère du capital
    Andreas Malm, La Fabrique Editions, le 14 avril 2017
    http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=988

    Du delta du Nil aux cercles polaires, le constat est effrayant : la Terre se réchauffe dans des proportions qui nous mènent aujourd’hui au seuil de la catastrophe. Le concept d’Anthropocène, s’il a le mérite de nommer le problème, peine à identifier les coupables et s’empêtre dans le récit millénaire d’une humanité pyromane. Or si l’on veut comprendre le réchauffement climatique, ce ne sont pas les archives de « l’espèce humaine » qu’il faut sonder mais celles de l’Empire britannique, pour commencer. On y apprend par exemple que dans les années 1830 la vapeur était, aux mains des capitalistes anglais, un outil redoutable pour discipliner la force de travail et une arme de guerre impérialiste ; on y suit la progression fulgurante de la machine mise au point par James Watt qui supplante en quelques années la force hydraulique – pourtant abondante et moins chère – dans l’industrie textile anglaise. En puisant dans les sources de l’histoire sociale, ce livre raconte l’avènement du
    « capital fossile », ou comment la combustion ininterrompue de charbon a permis de repousser les limites de l’exploitation et du profit.

    Il faut couper la mèche qui brûle avant que l’étincelle n’atteigne la dynamite, écrivait Walter Benjamin dans un fragment célèbre, « Avertisseur d’incendie », où il insistait sur la nécessité d’en finir avec le capitalisme avant qu’il ne s’autodétruise et emporte tout avec lui. Pour Andreas Malm, on ne peut pas mieux dire l’urgence contemporaine de défaire l’économie fossile par des mesures révolutionnaires.

    Andreas Malm est maître de conférences en géographie humaine à l’université de Lund en Suède. Il est l’auteur de Fossil Capital : The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming (2016)

    #inégalités #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocene #Anthropocène #capitalocène #climat #réchauffement_climatique #dérèglement_climatique

    Compilation ici :
    https://seenthis.net/messages/524060

  • Louis-Auguste Blanqui, L’Éternité par les astres
    http://classiques.uqac.ca/classiques/blanqui_louis_auguste/eternite_par_les_astres/eternite_.html

    “L’éternité par les astres écrit par Blanqui du fond de son cachot : (“Ce que j’écris en ce moment dans un cachot du fort du Taureau, je l’ai écrit et je l’écrirai pendant l’éternité, sur une table, avec une plume, sous des habits, dans des circonstances toutes semblables. Ainsi de chacun.”)

    Quelques propos de Walter Benjamin sur Blanqui et L’Éternité par les astres :

    « Blanqui qui, au seuil de la mort, sait que le Fort du Taureau est sa dernière prison, et qui écrit ce livre pour se donner de nouvelles portes de cachot » (in Paris, capitale du XIXe siècle, Paris, Cerf, 1989, p. 136).

    « Le dernier texte que Blanqui ait écrit dans sa dernière prison est resté, autant que je puis le voir, totalement négligé jusqu’à aujourd’hui. C’est une spéculation cosmologique qui, il est vrai, s’annonce à la première lecture banale et inepte. Les réflexions maladroites d’un autodidacte ne sont toutefois que le prélude à une spéculation qu’on ne pensait pas trouver chez ce révolutionnaire. On peut dire en fait, dans la mesure où l’enfer est un thème théologique, que cette spéculation est de nature théologique. La vision cosmique du monde que Blanqui expose en empruntant ses données à la physique mécaniste de la société bourgeoise, est une vision d’enfer. C’est en même temps un complément à la société dont Blanqui au soir de sa vie avait dû reconnaître la victoire. L’aspect bouleversant de cette ébauche est qu’elle est totalement dépourvue d’ironie. C’est une soumission sans réserve et, en même temps, c’est le réquisitoire le plus terrible qui puisse être prononcé à l’encontre d’une société qui projette dans le ciel cette image cosmique d’elle-même. Le texte, qui est, quant à la langue, d’un relief très marqué, entretient les relations les plus remarquables autant avec Baudelaire qu’avec Nietzsche (Ibid., p. 137). »
    ...
    Une édition électronique réalisée à partir du texte de Louis-Auguste Blanqui, L’Éternité par les astres (1872), Paris, Librairie Germer Baillière, 1872, 76 pages. Une édition numérique réalisée par Daniel Banda, bénévole, à partir du fichier image disponible sur le site web de la Bibliothèque nationale de France, http://gallica.bnf.fr (le fichier image a été imprimé, puis numérisé, enfin “reconnu”).

    Texte intégral en PDF
    http://classiques.uqac.ca/classiques/blanqui_louis_auguste/eternite_par_les_astres/Blanqui_eternite_astres.pdf

    Instructions pour une prise d’armes, par Auguste Blanqui, 1866
    http://classiques.uqac.ca/classiques/blanqui_louis_auguste/eternite_par_les_astres/Blanqui_eternite_astres.pdf

    #histoire #révolte #blanquisme

  • L’art de s’égarer, ou l’image du bonheur
    http://www.nova-cinema.org/prog/2017/158/boris-lehman/article/l-art-de-s-egarer-ou-l-image-du-bonheur

    Boris Lehman & David Legrand, 2015, BE, DCP, VO FR ST ANG, 48’

    Faute de caméra 16mm volée la veille du tournage, « L’Art de s’égarer » est le premier film de Boris Lehman tourné en numérique, et devait au départ évoquer le dernier jour de la vie de Walter Benjamin. Boris y emprunte les sentiers entre Cerbère et Port-Bou que prit le philosophe juif Allemand avant de se suicider, tout en rapprochant le destin tragique de l’écrivain qui s’est perdu après avoir tracé maintes routes difficiles, et celui d’un cinéaste désespéré d’avoir perdu sa caméra qui donnait sens à sa vie. Le film se construit telle une balade initiatique, avec au passage de magnifiques paysages, dont un hôtel délabré en forme de proue, un cinéma en son sein, lieu magique ayant inspiré le film. Co-réalisé par David Legrand, avec (...)

  • Jouer avec le feu : sur l’instrumentalisation des mouvements sociaux par la “gauche radicale” grecque

    Fondé sur l’instrumentalisation puis sur la négation des mouvements sociaux, le gouvernement Syriza apparaît ainsi, à partir du 13 juillet 2015, comme un pouvoir ayant pour effet principal de saper un contre-pouvoir existant, établi dans la durée (le mouvement multiforme de mobilisation né au sein de la société grecque depuis 2011). Étouffer l’insurrection en en prenant la tête, voire en feignant d’en avoir l’initiative : tel est le mouvement magnifiquement décrit par Walter Benjamin dans la première nouvelle du recueil Rastelli raconte, ensemble de fictions rédigées au tout début des années 30.

    #austérité #autogestion #dette #Grèce #mouvements #gauche #Syriza #Europe #UE #mémorandum #instrumentalisation

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2016/12/17/jouer-avec-le-feu

    • L’espoir porté par les élections de janvier a laissé la place au repli, au dégoût, à un sentiment diffus d’impasse politique et au ressentiment comme si l’exécutif, plutôt que de tabler sur la mobilisation du peuple grec, avait finalement adopté une stratégie fondée sur sa résignation.

  • Fanon mutilé

    Nul n’est propriétaire de la parole d’un auteur. Qui s’arroge le droit de décréter du sens vrai d’un texte ou d’un propos se condamne au mensonge et à la brutalité. Pour autant, peut-on faire dire n’importe quoi à un écrit ? Lui donner n’importe quel sens ? Cette question fut l’une de celles qui hantèrent le philosophe Jacques Derrida. Il parle en ces termes de l’usage que, parfois, d’autres ont fait de son propre travail : « Je ne me fais aucune illusion sur la possibilité pour moi de contrôler ou de m’approprier ce que je dis ou ce que je suis, mais je voudrais bien – c’est le sens de tout combat, de toute pulsion dans ce domaine –, je souhaite au moins que ce que je dis et ce que je fais ne soit pas immédiatement et clairement utilisé à des fins auxquelles je crois devoir m’opposer. Je ne veux pas me réapproprier mon produit, mais, pour cette raison même, je ne veux pas que d’autres le fassent à des fins que je crois devoir combattre [4]. » Gilles Clavreul mobilise la parole de Fanon au service de tout ce qu’il a passé sa vie à combattre : l’arrogance européenne, la pensée d’État, l’impérialisme, la sophistique et, surtout, le maintien du privilège blanc. Il y a là une trahison éhontée à laquelle il importe de donner son vrai nom.

    Voilà le passage tel que le cite Clavreul : « Je suis un homme, et c’est tout le passé du monde que j’ai à reprendre. En aucune façon je ne dois tirer du passé des peuples de couleur ma vocation originelle. Ce n’est pas le monde noir qui me dicte ma conduite. Ma peau noire n’est pas dépositaire de valeurs spécifiques. […] Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de souhaiter la cristallisation chez le Blanc d’une culpabilité envers le passé de ma race. Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de me préoccuper des moyens qui me permettraient de piétiner la fierté de l’ancien maître. Je n’ai pas le droit ni le devoir d’exiger réparation pour mes ancêtres domestiqués. Il n’y a pas de mission nègre ; il n’y a pas de fardeau blanc [5]. » Cette citation et l’usage qui en est fait appellent quatre remarques.

    Première remarque : ce texte de Fanon, extrait de la conclusion de son premier livre, Peau noire, masques blancs, a été caviardé bien plus largement que la citation de Clavreul ne le laisse à penser. En réalité, la première partie de cette citation est un véritable patchwork de passages mis bout à bout, au mépris de la cohérence de l’original. Entre la première et la deuxième phrase, plusieurs lignes ont été amputées, dont ce passage : « Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte [6]. » Que le préfet Clavreul ait dissimulé cette mutilation du texte suggère qu’il entendait évacuer de la pensée de Fanon, et surtout de son propre discours, toute critique de l’asservissement et de la domination. C’est là que réside l’absurdité fondamentale de son pseudo-antiracisme : il prétend combattre le racisme sans combattre en même temps l’asservissement et la domination. Pourquoi ? Pour pouvoir qualifier de racistes des populations non blanches qui ne disposent pas des moyens matériels de dominer et d’asservir leur prochain. Ainsi, on ne s’étonnera pas de constater que Clavreul a retiré un fort long passage où Fanon fait l’apologie du Vietminh et de la lutte d’indépendance indochinoise, qu’il conclut ainsi : « Si, à un moment, la question s’est posée pour moi d’être effectivement solidaire d’un passé déterminé, c’est dans la mesure où je me suis engagé envers moi-même et envers mon prochain à combattre de toute mon existence, de toute ma force pour que plus jamais il n’y ait, sur terre, de peuples asservis [7].. ». Une fois de plus, la critique fanonienne de l’asservissement, son apologie du combat et de l’engagement radical sont passées sous silence : Clavreul ne conserve que les quelques passages épars où Fanon tâche de se prémunir contre la haine du Blanc. Il évacue délibérément les longs développements critiques et anticoloniaux, bricolant un Fanon timoré et pro-occidental qui n’a jamais existé. Le premier élément à retenir est donc le suivant : cette citation est un montage et le préfet Clavreul a fait œuvre de faussaire pour escamoter la critique fanonienne de l’asservissement.
    Deuxième remarque : Fanon, dans la conclusion de Peau noire, masques blancs, sonde son état d’esprit – ou plus justement de l’état de son esprit. Celui d’un homme qui a connu les affres du racisme, des injustices innombrables, mais n’abandonne pas le projet de tendre vers la sagesse ; un homme qui cherche à se prémunir des « passions tristes ». Évidemment, la haine du Blanc en est une. De quel droit Clavreul oppose-t-il aux organisatrices et aux participants du camp d’été décolonial le « je » de Fanon ? En l’insérant dans son article, Clavreul transforme cette confession éthique, rédigée à la première personne, en une injonction policière, en l’interpellation autoritaire d’un « Tu dois ! ». Fanon tient pour nécessaire de se débarrasser de tout ressentiment lié à un passé révolu, mais pour mieux concentrer l’énergie de sa révolte sur les injustices du présent. Un tel programme intellectuel et politique rejoint largement celui de l’antiracisme politique actuel. Au contraire, le travail de Clavreul, comme l’a montré notre première remarque, consiste à cacher aux non-Blancs les injustices dont ils sont victimes et même à nier l’existence de l’asservissement dont ils sont l’objet. Le préfet ignore absolument la remise en cause fanonienne de la suprématie blanche ; il refuse de la voir. La façon qu’a Clavreul de s’approprier la parole de Fanon illustre, par contraste, l’une des raisons pour lesquelles la non-mixité défendue par les organisatrices du camp d’été décolonial est importante. Entre les mains d’un suppôt de l’État et/ou d’un individu acquis à la défense du privilège blanc, la parole d’un penseur noir a tôt fait d’être réappropriée, maquillée et retournée contre ses propres sœurs et frères de luttes. C’est pourquoi il est parfois plus sûr de choisir son auditoire. Second point à retenir, donc : Clavreul mésinterprète la parole de Fanon en l’utilisant contre des activistes qui sont les héritières et les héritiers de ses combats.

    Troisième remarque : dans son billet, Clavreul s’émeut que, dans l’antiracisme politique, « le manichéisme avec lequel sont présentées les turpitudes des uns et la dignité des autres laisse flotter un parfum de supériorité morale du racisé sur le blanc ». Si le flair de l’auteur de ce discours goûte la fragrance de la conclusion de Peau noire, masques blancs (a fortiori si elle a été mutilée et mésinterprétée), il se trouvera sans doute incommodé par les effluves puissants de celle des Damnés de la terre : « Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue “aventure spirituelle” elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle. Et pourtant, chez elle, sur le plan des réalisations on peut dire qu’elle a tout réussi. L’Europe a pris la direction du monde avec ardeur, cynisme et violence. Et voyez combien l’ombre de ses mouvements s’étend et se multiplie. Chaque mouvement de l’Europe a fait craquer les limites de l’espace et celle de la pensée. L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse. Elle ne s’est montrée parcimonieuse qu’avec l’homme, mesquine, carnassière homicide qu’avec l’homme [8]. » Il ne s’agit pas d’insister sur la « supériorité » morale des racisés (c’est-à-dire de la vaste majorité du genre humain), mais bien de faire admettre une bonne fois pour toutes l’historique abjection morale de cette petite portion de l’espace-temps qu’est l’Europe moderne. Celle-là même qui, comme l’a dit Walter Benjamin, « a transformé le monde nouvellement conquis en une salle de torture [9]. » ; ce continent qui a fait, comme l’écrivait W.E.B. DuBois, de la répétition des massacres l’« âme vraie de la culture blanche [10] » ; cette Europe « moralement, spirituellement indéfendable » dont parlait Césaire [11]. Sa cruauté transcendantale est telle que les efforts de l’État islamique, ou d’autres organisations criminelles, pour se hisser à son niveau d’indifférente sauvagerie se condamnent au grotesque : à une parodie macabre qui, déjà, lasse le Vieux Continent davantage qu’elle ne l’émeut. D’où le troisième point : Fanon, comme tout intellectuel décolonial, tenait la fondamentale mesquinerie européenne pour moralement indéfendable.

    Quatrième remarque : la propagande n’est pas la seule attribution du préfet Clavreul en sa qualité de DILCRA. Lui échoit également la tâche de fureter sur les réseaux sociaux en quête de propos contrevenant à l’idéologie d’État. Et il n’est pas rare qu’il menace publiquement de trainer leurs auteurs devant les tribunaux. Parfois, il passe à l’acte. C’est ainsi que, pour un tweet favorable à la résistance armée palestinienne, la militante du Parti des indigènes de la République Aya Ramadan a récemment été attaquée [12]. C’est le délit d’apologie du terrorisme, cette laïcisation du délit de blasphème, qui rend possible un tel procès politique. Fanon – faut-il le rappeler ? – était un militant anticolonialiste intransigeant qui avait à cœur de distinguer la résistance armée légitime du « terrorisme » inconsistant. La Palestine d’aujourd’hui, comme hier l’Algérie, est victime d’une colonisation de peuplement inhumaine, légitimée par une idéologie véritablement raciste, le sionisme, que la DILCRA se garde bien de remettre en cause. Lisons ces quelques lignes de L’An V de la révolution algérienne que Fanon consacre à la figure du moudjahid : « Le “terroriste”, dès qu’il accepte une mission, laisse entrer la mort dans son âme. C’est avec la mort qu’il a désormais rendez-vous. Le fidaï, lui, a rendez-vous avec la vie de la Révolution, et sa propre vie. Le fidaï n’est pas un sacrifié. Certes, il ne recule pas devant la possibilité́ de perdre sa vie pour l’indépendance de la patrie, mais à aucun moment il ne choisit la mort. Si la décision est prise de tuer tel commissaire de police tortionnaire ou tel chef de file colonialiste, c’est que ces hommes constituent un obstacle à la progression de la Révolution [13]. » Le quatrième et dernier élément à retenir est donc le suivant : si Frantz Fanon était encore en vie, le préfet Clavreul serait probablement plus occupé à lui intenter des procès pour apologie du terrorisme qu’à le citer favorablement.

    http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/article2358.html?var_mode=calcul#nb1

    #fanon
    #racisme
    #Dilcra

  • Adresse et interpellation
    http://revueperiode.net/adresse-et-interpellation

    Qu’est-ce que lire une image ? Pour Jean-Jacques Lecercle, répondre à la question, c’est repenser la dialectique entre le texte et le visuel. De la photographie journalistique à Fellini, en s’inspirant aussi bien de Gramsci, Walter Benjamin, que de Deleuze, Lecercle propose de décrire minutieusement l’apparition d’une idéologie, dans et par l’imbrication entre discours et image. C’est par ce procédé que l’idéologie prend corps, et interpelle ses auteurs et ses destinataires. C’est aussi de cette manière que la société, comme champ de forces et de luttes, voit chacun assigné à sa place et soumis aux mots d’ordre des forces (...)

    #Uncategorized #linguistique #Philosophie_du_langage

  • Pour une historiographie marxiste et critique : entretien avec Enzo Traverso
    http://revueperiode.net/pour-une-historiographie-marxiste-et-critique-entretien-avec-enzo-trav

    Enzo Traverso est un historien et penseur incontournable du #fascisme comme de la question juive. Mais le travail de Traverso propose aussi une réflexion historiographique précieuse, qui résiste aux tentatives d’annexer à un agenda réactionnaire les violence politiques du court XXe siècle. Traverso revient ici sur son rapport complexe au marxisme, enrichi des apports de Walter Benjamin, du mouvement ouvrier juif, ou encore de Daniel Bensaïd. Il montre que, si l’histoire est un champ de bataille, il s’agit d’en restituer les bifurcations, entre la naissance du Bund et la fondation de l’État d’Israël, entre la révolution d’Octobre et l’avènement du fascisme, ou encore entre les exactions coloniales et le génocide des juifs. Ces constellations constituent les fragments d’une mémoire des vaincus, (...)

    #Uncategorized #histoire

  • Troisièmement, ce culte est culpabilisant. Le capitalisme est probablement le premier cas d’un culte qui n’est pas expiatoire mais culpabilisant. En cela, le système religieux est précipité dans un mouvement monstrueux. Une conscience monstrueusement coupable qui ne sait pas expier, s’empare du culte, non pour y expier cette culpabilité, mais pour la rendre universelle, pour la faire entrer de force dans la conscience et, enfin et surtout, pour impliquer Dieu dans cette culpabilité, pour qu’il ait en fin de compte lui-même intérêt à l’expiation.

    Walter Benjamin, Le capitalisme en tant que religion, 1921

  • « Critique de la violence » de Walter Benjamin
    http://www.radiogrenouille.com/programmes-radio/grille/critique-de-la-violence-de-walter-benjamin-fragments-feed-back

    Dans sa "Critique de la violence" (1921), Walter Benjamin interrogeait les états, formes, moyens et fins de la violence à l’endroit des « rapports moraux ». La violence se justifie-t-elle ? Qu’est-ce qui l’autorise ? Comment se manifeste-t-elle ? « Est-il, d’une façon générale, possible de liquider les conflits sans recourir à la violence ? ». Une proposition radiophonique d’Alphabetville, à partir d’une lecture par Liliane Giraudon, Suzanne Joubert, Aglaia Mucha, Colette Tron, Marie Vayssière. Source : Radio Grenouille

    http://media.radiogrenouille.com/critique_de_la_violence_feed_back_01-web.mp3

    • Walter Benjamin, la violence et la loi travail
      http://www.contretemps.eu/interventions/walter-benjamin-violence-loi-travail

      Prendre en compte non pas seulement la dimension conservatrice mais aussi celle fondatrice de l’activité policière ouvre une nouvelle perspective pour l’analyse du cortège de tête.

      Dans ce cadre, face à la violence d’en haut qui reproduit l’ordre existant, une partie des manifestant.e.s contre la loi travail a recours à la « violence d’en-bas, qui crée et affirme un droit nouveau »5. En effet, à chaque fois que la police est empêchée de fonder son propre droit au détriment de la manifestation, le mouvement contre la loi travail et son monde remporte une victoire partielle, aussi petite soit elle.

      Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer la panique au sommet de l’État lorsque, au sein d’un mouvement de grèves et de manifestations, son monopole de la violence physique légitime est mis en cause et l’idée récente d’interdire des manifestations en constitue une preuve flagrante. La plupart des actions du « cortège de tête » – une formation aussi peu institutionnelle qu’hétérogène mais basée sur un certain consensus et qui possède des sympathisant.e.s bien au-delà de son cadre étroit – semblent donc susceptibles de contribuer à l’expression publique du mouvement contre la loi travail.

      Constatons-le : la lecture de Walter Benjamin mène bien loin de la thèse du « casseur » dépolitisé, involontairement au service du gouvernement. Elle invite au contraire à favoriser une convergence stratégique tacite des différentes formes de lutte au sein d’une dynamique commune.

  • Le #cinéma de #C.L.R._James
    http://revueperiode.net/le-cinema-de-c-l-r-james

    CLR James est connu pour son essai séminal de marxisme anticolonial, Les Jacobins noirs. Il l’est beaucoup moins pour ses travaux sur l’art et la culture. Dans ce texte, Matthieu Renault croise trois préoccupations de James dans les années 1950 : la redécouverte de la dialectique hégélienne comme retour de la spontanéité révolutionnaire, l’enjeu de l’américanisation du bolchévisme, et l’étude du cinéma américain comme art populaire. Aux antipodes du modernisme de l’École de Francfort, James analyse l’industrie culturelle du cinéma comme porteur des besoins, des aspirations, des désirs des masses. Confrontant James à Walter Benjamin, Deleuze ou Kracauer, Renault met en évidence une #esthétique jamesienne, qui refuse tout assignation du spectateur à une figure passive. Le cinéma devient ainsi l’artefact du (...)

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