• Et toujours le même constat : un type qui se revendique « catholique extrémiste » et qui semble totalement correspondre aux stéréotypes de l’extrême-droite survivaliste tue 3 gendarmes, mais parmi les dizaines et dizaines d’articles répertoriés sur la page de Google Niouzes, il y en a un seul qui indique dans son titre qu’il était un extrémiste chrétien, et aucun qui suggère qu’il était d’extreme-droite. (LCI trouve même le moyen de le qualifier de « tireur sportif ».)

    On en est déjà à évoquer ses antécédents psychiatriques. Comme pour le type abattu à Avignon fin octobre, qui se revendiquait de Génération identitaire.

    • « tireur sportif » ça laisse aussi entendre qu’il fréquentait les flics (et pas que) au stand de tir. Finalement c’est peut être ça qui en dit le plus. Mais les vrais qualificatifs sont éludés, c’est vrai.

    • Tireur sportif, ça veut juste dire qu’il avait le droit aux armes de guerre, au delà du fusil de chasse, en gros. Ce qui explique probablement le carnage, mais c’est difficile à dire, les infos étant effectivement lacunaires.

    • Un Famas c’est de l’A2, donc effectivement interdit. Par contre, un FM en mode semi-auto semble possible pour le tir sportif c’est de l’A1 avec dérogation.
      Mais bon, comme il s’agit pas de terrorisme islamique, on a pas beaucoup d’infos.

    • Selon Libération, c’est un AR15 (version civile du M16). Libération le qualifie d’ailleurs de survivaliste chrétien d’extrême droite. Autant de morts qu’à Nice, 10 fois moins d’echo.

    • Ok il était ancien #militaire, catholique traditionaliste, survivaliste d’extrême droite, mais c’est pas autre chose a priori qu’un #féminicide manqué qui s’est transformé en un accrochage meurtrier avec les gendarmes suivi d’un suicide. Certes, la presse insiste pas sur le côté faf (dédiabolisation partout) mais cet accident du travail de police n’a rien à voir avec le terrorisme. (Ou alors il faut appeler terrorisme, les féminicides, et ça demande des développements, voire la menace latente ou manifeste subie par les femmes de la part des hommes).
      Ce qui est emmerdant dans l’affaire c’est la manière dont le gouvernement utilise la mort de ces gendarmes pour nous raconter que les femmes sont protégées des hommes. (j’entends à cette occasion que la gendarmerie à elle seule interviendrait toutes les 4 minutes sur des « différents familiaux », situation parmi les plus dangereuses pour les forces de police).

    • Effectivement, c’est pas du terrorisme. Mais ça fait autant de morts, ça transforme le lieu d’une arrestation en zone de guerre et l’effet de sideration devrait être le même. Sauf que non.
      Quand a savoir lequel du feminicide ou du carton de flics est le pretexte de l’autre, difficile à dire à ce stade de l’enquête. Ce qui est clair, c’est que si feminicide il y aurait du avoir, il aurait eu lieu vu la facilité deconcertante avec laquelle il a buté les flics- flinguer son ex aurait été une formalité . Donc, oui, il y a peut etre terrorisme latent.

    • (Ou alors il faut appeler terrorisme, les féminicides, et ça demande des développements, voire la menace latente ou manifeste subie par les femmes de la part des hommes).

      La menace latente et manifeste subie par les femmes de la part des hommes est bien du terrorisme. Du terrorisme sexuel https://seenthis.net/messages/892656 ici des attaques en meute place Tahrir en 2014.
      Et si « cet accident du travail de police » n’a rien à voir avec le terrorisme. Il semble avéré quand même que ce n’est pas un accident mais un guet-apens. Si le tueur n’a pas supprimé sa compagne, il s’était préparé à l’intervention de la gendarmerie (400 flics en tout). Il en a buté trois et blessé un autre, le bilan aurait pu être bien plus lourd.

    • Il a tué quatre gendarmes juste après l’arrivée des premiers renforts. C’est ensuite, lorsqu’il était en fuite, que 400 gendarmes ont été mobilisés, avant qu’il ne se suicide.
      Il n’y a pas de guet-apens. Il cogne sa compagne, des gendarmes alertés arrivent, distinguent une arme, appellent des renforts, et là, ce type met en route ce pour quoi il s’était programmé : utiliser son équipement de fana mili survivaliste.

    • Perso, la question de savoir si c’est du terrorisme ou pas m’importe peu. Ce qui m’intéresse, c’est la différence de traitement.

      Corlporteur, tu écris :

      ce type met en route ce pour quoi il s’était programmé : utiliser son équipement de fana mili survivaliste

      Si un type isolé, totalement déséquilibré, se « programme » pour commettre un attentat - dont l’issue suicidaire est évidemment connue - en tuant des juifs et/ou en criant Allah Akhbar, les titres des journaux n’hésiteront pas à tous titrer sur le terrorisme islamique.

      Je suppose que c’est ce que veut dire aussi Lefayot avec l’expression « terrorisme latent ». Le fond de commerce idéologique/religieux/masculiniste… du gars mène assez logiquement à ça. Et je pense que pour un autre fond de commerce idéologico-religieux tout aussi masculiniste, la question du terrorisme ferait déjà la Une.

    • Oui je pensais justement à ça c.a.d aux mass murders en série aux USA. Et ça commence à devenir du terrorisme revendiqué comme tel par les auteurs (en fait, ça l’est depuis un moment). Le cinglé du puy de dome était amha dans ce cas là. A deux doigts de franchir le pas qu’il a franchi quand les flics se sont pointés. Mais je pense qu’il rêvait de faire un carton depuis un moment (en plus les flics c’est la milice de l’etat profond, tout bénef)

    • Vous vous souvenez que les meurtriers de masse ne tuent pas souvent des policiers ou des gendarmes mais bien plutôt des civils désarmés (et souvent les plus désarmés possible, scolarisés pour l’essentiel, ou femmes pour un exemple québécois, etc). Pour terroriser, l’idéal est de s’en prendre à des « innocents » que ni les policiers ni les gendarmes ne sont puisqu’il sont potentiellement des meurtriers avec l’aval de la société qui les arme.

      Ici, on est dans un contexte militaire, sans victime civiles. Notons à ce propos de ce passage à l’acte là que ce gars a vite perdu (dans quelles circonstances ?) le cadre contenant (l’armée) qu’il s’était choisi...

      Il me semble qu’il faut distinguer ses actes (le contexte et les hypothèses qui peuvent l’expliquer) d’un traitement médiatique qui je le répète « dédiabolise » aussi souvent que possible l’extrême droite bien au delà de ce que le FN avait entrepris pour son compte (tout comme le fait de réhabiliter Pétain dans le débat public n’est plus une spécificité de Zemmour, Sarkozy et Macron étant entée dans le game). C’est aussi comme ça que le rôle du faf indic Hermant dans la fourniture d’armes au gang Coulibaly est passé crème (procédure judiciaire dissociée de celle d’autres comparses survivants).
      Bref, les comparaisons sont pas aisées. Cette affaire me parait assez singulière bien qu’elle se rapproche d’autres histoire de forcenés qui refusant de se rendre s’en prennent aux forces de l’ordre. Avec ce fond particulier, fana mili survivaliste facho (mascu dans ces cas là c’est ordinaire, en effet).

    • Au contraire je croi que c’est très important de bien nommer les choses. A mon avis c’est significatif que le terrorisme adressé aux femmes soient nié, invisibilisé et que ca ne soit même pas considéré comme une chose importante dont on pourrait discuté. Bien sur que les féminicides sont des terroristes. Les terroristes qu’ils soient islamistes ou d’extrême droite ce qui les unis c’est leur profonde misogynie. C’est un sujet que j’avais largement documenté sous le tag #male_entitlement
      La culture du viol est aussi du terrorisme. Le controle des armes par les hommes est un des moyens que s’arrogent les hommes pour terroriser les femmes. ( cf #paola_tabet )

      Par l’étude des auteurs de violences interfamiliales on sait que les agresseurs sont très souvent aussi des maltraiteurs de tout ce qui respire, pour ceci voire les émissions sur l’inceste que j’avais partagé ici ; https://seenthis.net/messages/878720
      Les agresseurs de femmes sont aussi des agresseurs d’hommes, d’enfants, d’animaux non humains, hommes qu’on laisse agir en « bon pères de famille ».

      Pour cette idée du terrorisme ciblant les femmes invisibilisé voire aussi Francis Dupuis-Déri qui explique cela
      https://www.youtube.com/watch?v=ndXqR_aWHcU

      #culture_du_viol #inceste #déni #invisibilisation

    • Je trouve inapproprié et dangereux d’employer le terme terroriste à tout bout de champ.

      On se souvient, par exemple, qu’il y a eu (il y a, il y aura) plein de meurtres racistes dans ce pays qui n’étaient pas du terrorisme.

      Pour ce qui est des femmes, oui, la culture du viol, la violence machiste, la crainte ou la terreur causé par des conjoints, patrons, collègues, proches, dans la rue existent. Mais je ne me souviens pas d’autre cas d’attentat contre des femmes visant à les tuer sans distinction pour ce qu’elles sont qu’un exemple québécois. La terreur exercée sur les femmes fonctionne selon d’autres modalités, en général, au moins à cette heure.

      Pour ce qui est de ces gendarmes, si on met un instant de côté la violence machiste dans cette affaire, cela fait partie du boulot des gens d’armes que de risquer de tomber sur des personnes lourdement armées, entrainées et décider à ne pas se rendre. On aurait pu avoir le même bilan sur un braquage, une évasion, bien que les voyous essayent plutôt de limiter les dégâts (de faire peur, quitte à tirer en rafale, pour arriver à fuir) lorsqu’ils sont confrontés à la police. Tout le monde sait que moins de spectacle, de scandale, de blessés, de morts, ça contribue à limiter l’ampleur des moyens déployés ensuite par la police, et celles des peines.

      On nous dit qu’il était lourdement armé, à part la pléthore de couteaux, et la lunette de visée nocturne (fana mili jusqu’au bout), il était armé comme bon nombre de gens qui savent risquer d’avoir à faire face à la police, une arme de poing et arme longue (d’aucuns ont aussi une ou des grenades défensives). Et il a pas utilisé d’explosif ou de lance roquette comme c’est le cas lors d’attaques moins meurtrières (par exemple des transports de fonds).

      Si ce type avait voulu tuer des femmes, des Arabes, des Musulmans, des Juifs, un max de passants, d’écoliers, des habitants d’un quartier, si ce type avait faut sauter une gare bondée ou posé une bombe sur un marché, etc, on pourrait parler de terrorisme (même en l’absence de morts en cas d’échec). C’est pas de ça qu’il s’agit. Et c’est grave de relayer cette propension à coller partout du « terrorisme ». Ça participe directement de la banalisation et de la généralisation d’un droit d’exception dont l’abus est déjà constant.

      À part ses compagnes, qui donc a-t-il terrorisé ? Des collègues trouffions ? des voisins ? des subalternes ? On ne passe pas comme ça de relations tyranniques et violentes effectivement terrorisantes au « terrorisme ».

      Le survivalisme c’est pas une politique de terreur, c’est, un culte, la glorification de la force ; s’en sortir quelque soit les circonstances. Oui, ça peut s’associer à du terrorisme, en particulier raciste, et à tout le moins à des violences racistes. Oui, ça peut s’associer à des formes de violence sociale (flic, militaire, vigile, nervis). Dans cette histoire, close par le suicide du type (ce qui n’est pas non la même chose que de contraindre la police à la mise à mort, les djihadistes ne se suicident guère ; et ici, la police tient assez peu à les arrêter, le meurtrier de Paty a été tué désarmé au prétexte qu’il aurait pu porter des explosifs), jusqu’à plus ample informé, cela n’a pas été le cas.

      Tous les crimes d’allure un tant soit peu exceptionnelle ne sont pas du terrorisme.

    • L’ex-épouse de Frédérik Limol est sortie de son silence dans une interview au quotidien Le Dauphine Libéré ce vendredi.
      https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/j-ai-alerte-qu-il-etait-dangereux-l-ex-epouse-du-tueur-des-trois-gendarme

      « J’avais lancé des alertes, des dizaines ! Je savais qu’il était dangereux, » affirme-t-elle au sujet du tueur des trois gendarmes d’Ambert.

      Elle raconte que son ex-mari était violent avec elle, « il a essayé de m’étrangler, j’ai pu me sauver », qu’il la menaçait de mort, « je croyais qu’il nous tuerait tous ». Elle explique avoir alerté la police, les gendarmes et l’aide à l’enfance : « J’ai même écrit à Marlène Schiappa [alors secrétaire d’Etat en chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes]. Rien n’a été fait. On m’a dit à chaque fois qu’il allait certainement se calmer. »

      Dans la nuit de mardi de mercredi des policiers sont venus à son domicile de Privas, en Ardèche, où elle vit avec son nouveau compagnon, leurs enfants et celui qu’elle a eu avec Frédérik Limol : « Ils sont venus nous mettre en sécurité, je les remercie. »

      Elle explique que Frédérik Limol a soudainement changé en 2012, devenant violent et survivaliste. « Quand j’ai accouché, il m’a donné une radio militaire, pour que l’on puisse communiquer en cas de fin du monde, » se souvient-elle.

      Je ne pensais pas que des innocents allaient mourir

      Très « en colère » contre les institutions qui sont restées sourdes à ses appels à l’aide, elle dit aujourd’hui se sentir « coupable » : « Aujourd’hui, il y a quatre orphelins, si j’avais pu me faire entendre, on n’en serait pas là. J’ai tout essayé. »

    • Je trouve inapproprié et dangereux d’employer le terme terroriste à tout bout de champ.

      @colporteur Je ne parle pas d’employé ce mot à tout bout de champ. Il est question de comprendre pourquoi les tueurs de masse isolé sont désigné « terroristes » lorsqu’ils sont racisés et « tueurs fous/isolés » lorsqu’ils sont blancs.
      Dans les liens que j’ai fournis il y a de nombreux exemples de tueurs de masse se revendiquant des Incels et Brevik théorise largement le contrôle des femmes, ainsi que l’histoire du « grand remplacement ». Le tueur de Polytechnique est simplement le seul pour qui le motif masculiniste n’est pas invisibilisé contrairement aux autres tueurs de ce type.
      Je ne dit pas que tous les féminicides sont des terroristes, les liens que j’ai fournis parlent des tueurs de masse , ceux qu’on appelait aussi Amok et c’est de ceux là que je veux parlé.
      L’Amok est une forme de violence typiquement masculiniste dans laquelle un homme « pète un plomb » et dans sa violence sois disant aveugle, emporte avec lui des quidam (proches, passants, flics...) en tuant sur son passage jusqu’à etre abattu lui même, dans une forme de suicide terroriste.

      Ce sont des hommes qui réclament leur « due » (male entitlement), ce qui aurait due leur être donné de fait car ils sont des hommes et il méritent des privilèges (c’est à dire une ou des femmes, des enfants, de la propriété terrienne).

      Pour le survivaliste dont il est question ici, je remarque que les violences subit par sa compagne ont commencé lors de son accouchement - or c’est le moment particulier que choisissent les hommes pour activer leurs violences contre leurs compagnes - je remarque aussi qu’il à construit un discours d’assiégé qui crain pour son due, c’est à dire SES BIENS agricoles A LUI que lui volerait des citadins (on à ici un clivage paysan/citadins différent de celui du grand remplacement ou de l’islamiste mais ca reviens en fait au même). A cela s’ajoute le fait qu’il ai un accès aux armes, ce qui fait que sa capacité de nuisance est déculpée. Par là je veux faire référence aux tueurs de masse de Chine qui s’attaquent à des écoles maternelles car ils n’ont pas leur progéniture qui leur serait due, que mentionnent la documentation que j’ai fourni. Ils n’ont pas le même impact car ils ne disposent « que » de couteau et non de Famas, paceque le PCC contrôle drastiquement les armes contrairement aux US ou à la France.

      Pour moi ce qui unit tous ces tueurs d’extreme droite, qu’ils soient musulmans, chretiens, survivalistes, c’est ce culte, cette glorification de la force que tu identifie toi même tout en etant completement aveugle au fait que c’est la base même du masculinisme.

    • J’ai bien connu Fred, le forcené du Puy de Dôme, Emmanuelle Strub @EmmanuelleMdM
      https://twitter.com/EmmanuelleMdM/status/1343119438061694977

      J’essairai d’écrire quelque chose de plus long, plus tard et dans un autre format, mais là, j’ai juste un ou deux trucs à dire, je vais faire court. Et ne m’en voulez pas si je ne dis pas ce que vous pensiez.

      Je connaissais Fred depuis 25 ans et ne le voyais plus depuis son mariage et la naissance de sa fille, moment où il est devenu violent avec sa femme. J’ai dû accepter que mon pote Fred était aussi un type minable, niant sa violence, se victimisant en permanence,

      incapable d’admettre que le problème de son couple c’était lui, incapable de se faire aider, incapable d’être à la hauteur de l’enfant dont il était si fier. Un gros gros naze agressif, qui, en plus, commençait à perdre pied avec le réel. Bref. Je l’ai perdu à cette période.

      L’année dernière il a relancé une charge judiciaire (multiple et sur tous les fronts) contre son ex femme pour obtenir la garde de l’enfant. Je n’avais plus de contact mais on m’avait dit qu’il était devenu « un survivaliste fan de Jésus » quelque part au milieu de la France.

      Nos amis communs avaient eux aussi perdu le contact depuis quelques années. J’ai fait une attestation pour le JAF dans laquelle j’écrivais, entre autres "pour moi il est malade, violent, paranoïaque, une bombe à retardement" .

      J’avais compris qu’il était passé à un stade supérieur encore dans la violence et j’étais vraiment très inquiète pour son ex femme et sa fille. Je suis dévastée par ce qu’il a fait mais pas surprise. Pas plus que son ex femme.

      Elle n’a pas été entendue et je n’ai pas été entendue non plus par certains de mes proches. Si la remise en question de la société sur les violences faites aux femmes va au même rythme que dans mon entourage, on n’est pas sortis des ronces.

      Alors c’est sûr dans le cas de Fred il y a un double problème, la violence sur ses compagnes et la décompensation psychique (l’enquête le dira mais c’est mon hypothèse)

      Je ne sais pas ce qu’on aurait pu faire pour éviter ce drame mais je sais comment on aurait dû croire son ex femme quand elle disait qu’il était dangereux pour elle et sa fille.

      [...]

    • Gendarmes tués à Saint-Just (Puy-de-Dôme) : le forcené est passé par le 15e régiment du Train à Limoges
      https://www.lamontagne.fr/limoges-87000/actualites/gendarmes-tues-a-saint-just-puy-de-dome-le-forcene-est-passe-par-le-15e-r

      Xavier* écoute la radio quand il apprend la tuerie de Saint-Just. En entendant le nom du forcené, « Frédérik Limol », une lumière s’allume tout de suite dans son esprit. Ce nom ne lui est pas étranger. Si elle remonte à loin, sa rencontre avec le dénommé Limol l’a marquée. Et elle n’éveille pas en lui de bons souvenirs… Loin s’en faut.

      A cheval sur les armes

      C’était en août 1995, à Limoges, à la caserne Marceau. « Je faisais mes classes au 15e régiment de Train. Appelé du contingent, comme on dit, se remémore Xavier. Frédérik Limol était mon chef de peloton. Il était lieutenant aspirant. Il était très antipathique, c’est le moins que l’on puisse dire. Toujours dans la brimade, à montrer qu’il était le chef ».

      Xavier se souvient d’un trait caractéristique de son ancien chef de peloton. « Il était très à cheval pour tout ce qui concerne les armes : la sécurité notamment, c’est normal, mais aussi le nettoyage… Cela n’allait jamais. Pour lui, l’arme n’était jamais assez propre. Dans ce domaine-là, il faisait vraiment valoir son autorité. »

      Intransigeant et antipathique

      Si sa rencontre avec Frédérik Limol date de 25 ans, son souvenir est intact dans la mémoire de Xavier. « Je me souviens très bien de son visage. Il était originaire des Antilles. Je m’en souviens d’autant plus qu’on avait exactement le même âge. À la caserne, on essayait de créer un lien. Il y avait des instructeurs dans leur rôle pendant les missions mais qui, pendant les moments de détente, venaient boire un coup ou discuter avec nous. Lui, c’était impossible. Il était intransigeant et ne faisait rien pour attirer la sympathie. Il n’était pas du tout chaleureux, voire même à la limite du respect.

    • Un survivaliste ultra-violent et surarmé : Frederik Limol, itinéraire d’une radicalisation
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/01/02/frederik-limol-itineraire-d-une-radicalisation_6065002_3224.html

      Le meurtre de trois gendarmes à Saint-Just, le 22 décembre, après une tentative de féminicide, est l’issue d’un engrenage complexe que les autorités n’ont pas su détecter, malgré les signaux d’alerte. Par Samuel Laurent et Lorraine de Foucher

      Il faisait très sombre dans le hameau de Saint-Just (Puy-de-Dôme), le soir du 22 décembre 2020, lorsque les deux premiers gendarmes sont tombés, l’un mort, l’autre blessé, sans comprendre ce qui leur arrivait. A peine auraient-ils entendu le bruit des balles tirées par Frederik Limol. Probablement allongé dans les fourrés, celui-ci les a ciblés à travers la lunette à vision nocturne de son AR-15, la version commerciale du M-16, le fusil d’assaut de l’armée américaine, qu’il a équipé d’un silencieux.
      « L’expertise devra encore préciser la scène de crime, mais avec les bruits de la nature, je pense qu’ils n’ont rien entendu. Le gendarme blessé lui a demandé de se calmer, et il a vu une silhouette paisible, déterminée, se mouvoir. C’est un tireur d’élite, qui tire pour tuer, ça ressemble aux tueries de masse aux Etats-Unis », décrit Eric Maillaud, le procureur de Clermont-Ferrand. Au fond, la grange puis la maison brûlent. Les flammes éblouissent les militaires, qui mettent du temps à comprendre que « quatre d’entre eux sont au tapis », selon les mots du magistrat. « Ce n’est que le lendemain, une fois le jour levé, qu’ils m’ont dit avoir saisi que la maison était en plein milieu d’un hameau », poursuit-il.

      Avec la lumière de l’aube, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) arrivé en renfort retrouve, à 1,5 kilomètre de là, le 4 x 4 de Frederik Limol accidenté, et son corps à proximité, non loin d’un pistolet Glock et d’un fusil AR-15. Il semble s’être tiré une balle dans la tête. Le coffre est rempli à ras bord de cartons : à l’intérieur, un an de denrées alimentaires, des boîtes de conserve ou de nourriture lyophilisée. Ce néosurvivaliste croyait la fin du monde proche et se déplaçait souvent avec des quantités de rations.

      « Connards en costard »
      L’enquête commence seulement pour tenter de déterminer les différentes strates d’une affaire complexe, entre tentative de féminicide, « radicalisation politique » et décompensation psychique. Avant de tuer trois gendarmes, cet informaticien de 48 ans, diplômé d’une grande école d’ingénieurs et fils de militaire, avait basculé peu à peu dans une paranoïa brutale. Avec pour premières victimes ses deux compagnes successives, Catherine A. et Sandrine, en butte des années durant à sa violence.

      Sandrine, sa dernière compagne, a connu Frederik Limol sur son lieu de travail avant qu’il ne soit marié à Catherine A. Elle est cadre dans une grande entreprise de ressources humaines parisienne, il est consultant en informatique. Ils nouent en 2009 une relation amoureuse de quelques mois. Elle est en pleine quête spirituelle. Lui est très pratiquant et l’encourage dans sa foi catholique. Il est aussi violent. Lors d’une balade dans un parc, il l’agresse : « Eloigne-toi ou je te plante le couteau que j’ai dans la poche. » Sandrine prend ses distances, mais ils conservent une relation autour de la religion. Frederik Limol devient son parrain de confirmation en 2010.

      En 2011, alors qu’il est toujours consultant en informatique, mais installé dans le sud de la France, il rencontre et épouse Catherine A. Un mariage qui ne dure que quelques jours, avant qu’il ne tente de l’étrangler. Elle est alors enceinte. Ils se séparent avant la naissance de leur enfant, il se montre de plus en plus paranoïaque. Converti aux thèses collapsologistes, il lui offre une radio militaire en cas d’effondrement de la planète. Il est défiant envers la société. « Il a un discours antisystème, parle des “connards en costard”, ne se présente pas au divorce », raconte l’avocat de Catherine A., Me Wissam Bayeh. Le jugement du divorce, rendu le 13 avril 2015, fait état de sa détention d’armes à feu, de ses menaces de mort, de ses intimidations et de son refus de scolariser, de donner des médicaments et de vacciner sa fille.

      Autant d’éléments qui ne sont pas pris en compte lorsque Frederik Limol s’inscrit, en 2013, à un club de tir sportif de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). « Il venait régulièrement, plus d’une fois par mois, il n’a jamais fait état de quelque signe d’agressivité ou de quoi que ce soit », assure son président, Claude Cunin, qui parle d’un homme « convivial, très abordable ». En 2017, il obtient sans problème de son club l’autorisation nécessaire pour constituer un dossier qui doit lui permettre d’acquérir des armes de catégorie B, parmi lesquelles trois pistolets Glock et deux fusils de type AR-15.

      Caméras de surveillance
      Sandrine retrouve Frederik Limol à l’été 2017. Depuis son divorce, il est très endetté, a subi un redressement fiscal, qu’il estime indu. Il vit à découvert et aux crochets de sa nouvelle compagne. De l’extérieur au moins, leur couple semble être une « idylle », selon Gérald Pandelon, l’avocat du triple meurtrier.
      Catherine A., son ex-femme et mère de sa fille, continue, elle, de vivre un enfer. Frederik Limol ne cesse de réclamer de voir son enfant, souvent brutalement. Elle porte plainte contre lui le 29 juin 2017, pour menaces de mort et violences – c’est en tout cas la première plainte dont le parquet de Clermont-Ferrand retrouve la trace ; elle assure en avoir déposé auparavant. Elle se rend à la gendarmerie et raconte des coups de poing contre les murs, « le bris du contenu de l’appartement, et qu’il aurait suspendu leur enfant par les pieds au-dessus du vide », précise Eric Maillaud.

      En 2018, Sandrine et Frederik Limol emménagent dans la bâtisse en pierre de Saint-Just, petit village niché dans les collines du Puy-de-Dôme. Elle a envie de partir de la région parisienne, lui d’un retour à la nature, ils se lancent dans le travail du bois et l’apiculture. Elle est propriétaire de tout (la maison, les voitures et certaines des armes). « Elle n’a jamais touché une arme avant de le rencontrer », précise Pierre de Combles de Nayves, l’avocat de Sandrine. Frederik Limol est plus convaincu encore de l’apocalypse à venir. Dans la presse locale, ses voisins racontent qu’il a équipé sa maison de caméras de surveillance. Ils entendent régulièrement des coups de feu retentir autour de sa propriété. Là-bas, Sandrine est plus isolée et les violences s’abattent sur elle.

      Les 280 pages de leurs conversations WhatsApp, dont Le Monde a pu consulter des extraits, sont remplies d’insultes (« merde », « pute », « connasse ») qu’il lui inflige, mais aussi de messages plus amoureux. Il la rabaisse souvent, reconnaît qu’elle est son « souffre-douleur ». Elle a listé les violences qu’il lui a fait subir : décembre 2018, il l’attrape par les cheveux, la projette au sol, la menace avec un couteau. Février 2019, c’est un coup de tête sur la terrasse. Elle s’est prise en photo : son visage est maculé du sang qui coule de son crâne. Une autre fois, il lui tord tellement le poignet qu’elle se rend à l’hôpital, mais préfère mentir et dire être tombée. Quelque temps après, il lui appuie si fort le canon d’un revolver sur le front qu’elle en garde la marque pendant trois jours. Et puis il lui tire dessus dans le jardin, la rate, maltraite le chien, casse les portes.

      Pourquoi ne porte-t-elle pas plainte contre lui ? Sandrine est terrorisée et sous emprise, coincée dans l’ambivalence classique de ces relations de prédation, liée à un agresseur capable aussi d’être charismatique et intelligent, qui la convainc qu’elle est responsable de son comportement.
      Cet engrenage, Catherine A., l’ancienne épouse, le documente devant la justice. En 2019, elle porte à nouveau plainte contre Frederik Limol, et parle dans son audition des menaces de mort et des armes. Dans un mail, il lui écrit : « Je vais te buter, toi et ta fille. »

      La gendarmerie d’Ambert, dont trois membres mourront sous ses balles, se décide enfin à enquêter sur ce qu’elle comprend à tort comme un divorce houleux et un différend autour de la garde d’une enfant. Les violences post-séparation, de celles qu’on impose à une ex-compagne pour continuer à la contrôler, sont en réalité un vrai marqueur de dangerosité tout court. Frederik Limol est entendu, il nie tout, les menaces, les coups, explique qu’il aime sa fille plus que tout et porte à son tour plainte contre Catherine A. pour non-représentation d’enfant. Il vient parfois à l’improviste, accompagné d’un huissier. A une occasion, il s’accroche avec le nouveau mari de Catherine A., un « voyou » selon Me Pandelon.

      Vidéos complotistes
      Aux témoignages de son ex-femme, Frederik Limol oppose les siens. Convoqué pour les violences, il déclare en rentrant de son audition que « le gendarme est de [s]on côté ». Effectivement, tout est classé sans suite, aucune vérification n’est faite sur les armes, aucune saisie ou révocation d’autorisation n’est envisagée, alors que le tout nouvel article 56 du code de procédure pénale, adopté le 30 juillet 2020, le permet sans même une décision de justice.

      Alors que deux plaintes pour violences et menaces de mort ont été déposées contre lui, Frederik Limol voit même ses autorisations de détention d’armes de catégorie B renouvelées par la préfecture du Puy-de-Dôme, en octobre. Sollicitée par Le Monde à ce sujet, la préfecture a répondu ne pas faire de commentaire pour « ne pas entraver l’enquête judiciaire ». Côté parquet, Eric Maillaud reconnaît que l’enquête sur l’autorisation de détention d’armes n’a peut-être pas été assez poussée, mais justifie « qu’il y en a une telle masse qu’on clique sur trois fichiers, et basta ».

      A l’automne, Frederik Limol passe des heures sur YouTube, à s’abreuver de vidéos complotistes sur le coronavirus ou sur les théories trumpistes d’une élection américaine « volée ». Il considère la police et la gendarmerie comme des milices « aux ordres d’un pouvoir corrompu », s’emporte contre les francs-maçons, prononce souvent des phrases homophobes ou violemment sexistes. « Il a un profil de trumpiste à la française », décrit Me Pierre de Combles de Nayves. « Il me fait penser à ces électeurs de Trump ultra-armés, à un radicalisé d’extrême droite », corrobore Eric Maillaud.

      Comment un profil aussi violent a-t-il pu passer sous les radars ? « Quand on refait l’histoire, on se dit qu’un individu comme ça, avec un tel arsenal et de telles idées, aurait pu être surveillé. Mais il n’a allumé aucun voyant du côté des services de renseignement, débordés par le djihadisme et l’ultragauche », poursuit le procureur de Clermont-Ferrand.

      Nicolas Hénin, consultant en prévention de la radicalisation, s’étonne qu’il ait fallu attendre la mort de trois gendarmes pour découvrir la dangerosité de Frederik Limol. « La France est le seul pays occidental à ne traiter la radicalisation que d’un point de vue islamiste. Alors qu’on est typiquement sur une personne radicalisée : il est enfermé dans son extrémisme, et produit un passage à l’acte violent. Par ailleurs, les violences conjugales étaient un signal d’alerte important de sa radicalisation. »
      Le 22 décembre, Frederik Limol se réveille énervé. Selon le récit de sa compagne, vers 19 h 30, il descend au sous-sol, casse des objets, parle de l’apocalypse et crie : « Je vais tous vous tuer. » Sandrine se réfugie dans sa douche. Quand elle en sort, il a un Glock à la main et lui ordonne de sortir l’AR-15 du coffre de leur chambre. Elle déclenche l’enregistreur de son téléphone. Pendant quarante minutes, c’est un déferlement de violence. Sandrine envoie au père de Frederik Limol et à une amie en région parisienne, dont le compagnon est policier, la photo de son visage ensanglanté. Elle profite d’un moment de répit pour récupérer son ordinateur, son sac à main, et s’échappe par la fenêtre de la salle de bain, qu’elle referme. Sur le toit, elle parvient à entrer en contact avec les gendarmes, les prévient de la tentative de féminicide en cours et les guide jusqu’à la maison.

      Lire aussi Gendarmes tués dans le Puy-de-Dôme : « Je vais être un killeur de keufs »

      Entre-temps, Frederik Limol est allé boire un dernier verre chez son voisin, son AR-15 à la main. Le voisin remarque bien les gyrophares bleus des gendarmes éclairant la nuit de Saint-Just. Il pense à une ambulance. Selon lui, Frederik Limol l’aurait pris dans ses bras, pleurant, lui disant adieu. De son toit, Sandrine voit son compagnon allumer le feu de la grange, mettre des affaires dans le coffre de la voiture. Elle entend ses pas sur le gravier, puis des voix d’homme et des coups de feu. Le 4 x 4 de Frederik Limol démarre. Sandrine descend du toit, elle suffoque avec la fumée. Au sol, le lieutenant Cyrille Morel, l’adjudant Rémi Dupuis et le brigadier Arno Mavel viennent de mourir.

  • Potins de la macronie : Le général Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon ou la tentation d’une percée en politique
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/06/rechercher-un-homme-providentiel-c-est-dans-l-air-du-temps-le-general-pierre

    Depuis sa démission fracassante, en juillet 2017, l’ancien chef d’état-major des armées écrit des livres à succès et murmure à l’oreille des grands patrons.

    La petite assemblée a pris place sous les lustres du salon Cristal de l’hôtel Lutetia. Comme tous les ans, les auteurs des best-sellers de l’année précédente se retrouvent dans ce palace parisien pour un déjeuner organisé par L’Express et RTL. Ce 30 janvier 2019, François Hollande, pour Les Leçons du pouvoir (Stock, 2018), a été placé à la même table que son ancien chef d’état-major, le général Pierre de Villiers, auteur de Qu’est-ce qu’un chef ? (Fayard, 2018), connu pour avoir brutalement démissionné, en juillet 2017, après s’être opposé à Emmanuel Macron sur le budget des armées.

    Devant un saumon fumé aux baies roses, ces deux grands brûlés du macronisme échangent avec gourmandise sur les interminables séances de signature qui, de librairies en salons, leur permettent de sentir l’humeur du pays. Villiers observe combien les propos se sont peu à peu durcis contre le jeune président, devenu la cible des « gilets jaunes ». Hollande, ravi, s’enhardit : « “S’il était devant moi, je l’étranglerais !”, m’a confié une paisible retraitée. » Regard noir de l’ancienne ministre de la culture, Françoise Nyssen, assise à la même table. Le général sourit à Hollande : « Ah, si on nous avait dit, il y a deux ans, quand nous préparions des opérations, qu’on se retrouverait tous les deux ici, on aurait éclaté de rire ! »

    En croisant dans les couloirs du siège de l’état-major des armées, à Balard, la mince silhouette de ce général aimable et discret, peu de hauts gradés auraient en effet imaginé qu’il deviendrait cette figure courtisée et un auteur à succès. Son premier ouvrage, Servir (Fayard, 2017), s’est écoulé en France à 130 783 exemplaires, selon le panel GFK, le deuxième, Qu’est-ce qu’un chef ?, à 141 189 exemplaires. Le dernier en date, L’équilibre est un courage (Fayard, 320 pages, 22,50 euros), en librairie depuis le 14 octobre, a connu un joli démarrage, 30 000 exemplaires, avant le confinement.

    A chaque livre, les séances de dédicace s’éternisent, ferventes. On remercie le général pour son « courage », sa « droiture », pour « avoir rendu leur dignité aux soldats » et « dit non à Macron ». A la librairie Mollat de Bordeaux, le 28 octobre, des lecteurs ont pleuré en l’écoutant. « Ils pleurent sur la France, juge Pierre de Villiers. Ils disent : “Mon général, on marche sur la tête, tout fout le camp, on n’y comprend plus rien, où va-t-on ?” » Le député (Les Républicains, LR) de Haute-Marne François Cornut-Gentille se souvient de l’avoir accueilli dans sa circonscription, en février 2019 : « Il y avait des gens que je n’arrivais pas à situer politiquement et dont c’était la première réunion publique. Ils buvaient du petit-lait. J’ai compris alors qu’il se passait quelque chose autour de lui… Une attente… C’était palpable… »

    Cette attente a été mesurée par l’IFOP pour l’hebdomadaire Valeurs actuelles, le 19 novembre. Vingt pour-cent des Français seraient prêts à voter en sa faveur s’il était candidat à la présidentielle. Un score non négligeable, même s’il ne s’agit pas d’intentions de vote, seulement d’un « potentiel électoral », qui évalue l’intérêt que suscite une personnalité, précise Jérôme Fourquet, le directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’institut de sondage. A titre de comparaison, l’humoriste Jean-Marie Bigard avait obtenu 13 % avant l’été, le philosophe Michel Onfray, 9 %. Un bémol, tout de même : 42 % des personnes interrogées disent ne pas connaître l’ancien chef d’état-major, en dépit de sa spectaculaire démission, il y a trois ans.

    Plan médias

    Ce 13 juillet 2017, le général ne se doutait de rien. Il sortait d’une réunion avec Emmanuel Macron et s’apprêtait à écouter sagement son discours, le premier depuis son élection, devant tout le gratin militaire, dans les jardins de l’hôtel de Brienne. Il sursaute en l’entendant dire, à propos des arbitrages budgétaires : « Il n’est pas digne d’étaler ces débats sur la place publique », et rappeler sèchement qui est « le #chef ». Humilié devant ses pairs, Villiers prend l’attaque en plein cœur. La veille, il avait quitté un conseil de défense houleux à l’Elysée et s’était plaint en termes fleuris, devant une commission de l’Assemblée nationale à huis clos, de la faiblesse du budget militaire. Malgré tout, il lui a bien fallu assister, le 14 juillet, debout et crispé aux côtés du président, au défilé sur les Champs-Elysées. Avant de démissionner, cinq jours plus tard. Deux cents militaires lui ont fait une haie d’honneur. Le général a attendu d’être dans sa voiture pour pleurer.

    A l’époque, l’affaire fait des vagues. Jamais un chef d’état-major n’a claqué la porte ainsi. Pierre de Villiers devient celui qui a dit « non » à Macron. Ce dernier comprend trop tard qu’il vient de faire d’un officier inconnu des Français le symbole d’une certaine conception du pays et de la fidélité à ses idéaux. « Il va nous faire chier maintenant, il va faire de la politique », soupirent alors plusieurs généraux.

    Pierre de Villiers, qui n’a plus aucun contact avec le chef de l’Etat, a beau nier tout esprit de revanche, ce 14 juillet 2017 reste une blessure. « Il n’est pas animé par la vengeance mais veut restaurer son honneur bafoué », juge l’ancien coordinateur du renseignement à l’Elysée, Didier Le Bret. De là à penser qu’il veut battre Macron sur son terrain, il n’y a qu’un pas. A dix-huit mois de la présidentielle, alors que le contexte politique n’a jamais été aussi volatil, l’intense plan médias du général a de quoi intriguer. D’autant que l’intéressé, et c’est la nouveauté du moment, se plaît à cultiver l’ambiguïté. Tranchée il y a un an, sa réponse ne l’est plus autant. « Je suis un officier, la politique n’est pas ma vocation, répète-t-il au Monde. Mais je ne peux plus dire avec fermeté que je ne fais pas de politique, parce que je ne peux nier que mon dernier livre est politique. » S’il assure qu’il ne s’agit pas pour autant d’un « marchepied pour une élection », Pierre de Villiers concède que la pression du public s’est accrue. « Pour les deux livres précédents, c’était : “Merci pour votre exemple, on a besoin d’une voix comme la vôtre.” Là, les gens disent : “Présentez-vous en 2022, ne nous abandonnez pas !” »

    Dans l’armée, beaucoup estiment toutefois qu’il n’est ni un homme de pouvoir ni un politique. Trop « boy-scout », pas assez florentin. Qu’avant de se faire humilier par Emmanuel Macron, il s’était fait « duper » par Hollande. « C’est un homme loyal et sincère, mais il a une confiance excessive dans la parole donnée », confirme un ancien du cabinet Le Drian à la défense. Didier Le Bret, qui l’a observé pendant les conseils de défense, décrit, à l’inverse, un homme « courageux », capable d’oser « dire la vérité », « le contraire d’un courtisan » mais « certainement pas un perdreau de l’année ».

    « Je suis un serviteur »

    Le général assume « ne pas être un homme de pouvoir », tout en revendiquant une « connaissance parfaite » de l’Etat. Il est vrai que, en dehors d’un commandement de quatre mois, en 2006-2007, pour l’OTAN en Afghanistan et d’un séjour de cinq mois au Kosovo, en 1999, il a passé l’essentiel de sa carrière dans les bureaux, à Paris. Douze ans à l’état-major de l’armée de terre, puis à la direction des affaires financières du ministère, où il a côtoyé plusieurs premiers ministres, « une année avec M. Raffarin, une année avec M. Villepin et presque deux avec M. Fillon », comme chef de son cabinet militaire à Matignon en 2008. « Le pouvoir, je l’ai connu. Je sais réfléchir à autre chose que la poudre à canon ! Mais je suis un serviteur, pas un billard à quatre bandes. »

    Sur le fond, Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon – son nom complet – est un militaire trempé très tôt dans le catholicisme social [sic] . Il croit aux vertus de l’exemple et veut réconcilier la France dans l’amour du prochain. Pour lui, l’armée est un laboratoire et un modèle d’intégration sociale. Si Macron rêve d’une France de start-up, lui la voit plutôt comme un bataillon, où l’on obéit « par amitié ». « La vraie richesse, c’est les autres, plaide-t-il, ce n’est pas un hasard si le chapitre de mon livre le plus important s’appelle comme ça. » Du coup, le général a assez peu goûté la « une » de Charlie Hebdo, le 25 novembre. Sous le titre « Villiers président », le dessinateur Salch le croquait avec « les oreilles du Général », « le képi du Maréchal » et « le programme de la 7e compagnie ».

    Son dernier livre dresse en effet une série de constats de « bon sens » – le mot revient souvent. L’auteur a des campagnes une image charmante, regrette « le bon sens paysan », le temps des lampes à huile et de la marine à la voile. Pour lui, « il y a dans notre société une culture du #travail minimal » ; la #famille « reste, de loin, la valeur sacrée dans la débâcle générale de nos croyances » ; la #patrie est « une notion jugée non comestible dans l’empire du politiquement correct ». Sur la boîte de son casoar, qu’il conserve pieusement, son binôme de Saint-Cyr a inscrit : « Mon âme à Dieu, mon corps à la patrie, mon cœur à la famille. » Il assume sans ciller Renaud Camus et sa peur du #grand_remplacement, sans même y mettre un guillemet.

    Politiquement, le général refuse de se situer, comme souvent à droite. « Moi, je suis différent, dit-il. Je ne me sens pas dans un parti. J’ai servi la gauche et la droite, c’est comme ça. Ma ligne de conduite, ma colonne vertébrale, c’est l’unité. » Tout en admettant être issu d’une famille de droite, il ne comprend pas les clivages politiques : « Pour moi, il n’y a qu’une réconciliation. » Ainsi reste-t-il très ami avec le général Bertrand de la Chesnais, candidat (malheureux) à Carpentras et soutenu par le Rassemblement national. Mais il entretient aussi d’excellentes relations avec François Hollande, Jean-Yves Le Drian ou Jean-Louis Borloo, qui « l’aime bien » et échange avec lui sur l’état du pays. « Il se voit comme quelqu’un qui va essayer de retisser le lien social, analyse l’eurodéputé (LR) Arnaud Danjean. Il est consensuel, très intégrateur. Ceux de droite et d’extrême droite qui seraient exclusivement tentés par son côté “mili” seraient déçus par sa modération. »

    Depuis son départ, l’ancien chef d’état-major des armées est devenu un objet de fantasme. En 2019, des « gilets jaunes » ont voulu voir en lui un recours : l’un des porte-parole du mouvement, Christophe Chalençon, l’aurait bien vu à Matignon. A gauche, Ségolène Royal lui a proposé − en vain − un livre de dialogue entre « un homme de droite et une femme de gauche » attachés à « l’ordre juste ». « J’aime ce que vous incarnez », lui a-t-elle glissé au téléphone.

    Mais c’est sans surprise à droite que ses courtisans sont les plus nombreux. Dans un parti divisé, sans leader, les élus LR sentent bien qu’il répond à un besoin d’autorité puissant dans la société. Arnaud Danjean reçoit des SMS de ses militants sur le thème, « Tu en penses quoi du général de Villiers ? » A Nice, le député (LR) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti avoue, lui aussi, qu’on lui parle du général. Il a demandé à le rencontrer, comme de nombreux élus des Républicains, de Geoffroy Didier à Damien Abad en passant par Valérie Pécresse. Quelques mois avant les européennes de 2019, il a été approché par l’ex-numéro deux de LR, Virginie Calmels, qui venait de quitter le parti de Laurent Wauquiez. L’élue de Bordeaux lui a proposé un « ticket » à la tête d’une liste hors parti : à lui le régalien, à elle l’économie. Le général a demandé à réfléchir avant de décliner, invoquant notamment les réticences de son épouse, Sabine, très réservée sur un engagement politique.

    Rivalité fraternelle

    A la droite de la droite, où l’on ne nourrit aucune sympathie pour le général, son succès commence vaguement à inquiéter. Pas tant Marine Le Pen, même si 29 % de ses électeurs ont dit, dans le sondage IFOP, être tentés de voter pour lui. Le très catholique Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate et candidat à la présidentielle, a plus de raisons d’être attentif, mais il est convaincu que le général ne se présentera pas. « Villiers veut seulement participer au débat public », dit-il. Moins amène, le polémiste Eric Zemmour l’a exécuté en dix minutes sur CNews, le 6 octobre : « Il y a une double demande d’autorité et de patriotisme, et en France quand la patrie est en danger, on va chercher un général. Mais j’ai été frappé par le décalage entre l’attente d’un homme à poigne et de Villiers. C’est un homme de paix, une espèce de lieu commun consensuel assez étonnant. Ce n’est pas vraiment un Bonaparte, plutôt un dalaï-lama. »

    Un autre surveille son ascension médiatique : son frère Philippe. L’homme du Puy du Fou ne voit pas d’un très bon œil cette incursion sur son terrain, la politique. Officiellement, il affiche son « affection » pour son cadet et refuse de parler de compétition, quand Pierre vend trois fois plus de livres que lui. « Mon frère a une expérience personnelle riche et il voit le pays qui se délite, au bord de l’abîme, indique Philippe de Villiers. Finalement, on fait le même constat, lui et moi. »

    Dans la fratrie, quatre frères et une sœur décédée, la relation entre Philippe, 71 ans, et Pierre, 64 ans et père de six enfants, a toujours été complexe. Flamboyant, séducteur et bretteur, le premier a longtemps été une ombre encombrante pour le second. Même si cela n’a pas gêné sa carrière militaire, il a souffert d’être constamment associé à cet aîné aux idées si tranchées. « On me regarde de travers car je suis le frère de Philippe de Villiers ? Mais j’ai le droit d’exister, d’être moi-même ! », s’agace-t-il encore. Politiquement, tous deux partagent la même éducation, traditionnelle et catholique – « à la paysanne », résume Philippe –, un conservatisme certain et la passion du football. Mais Pierre, qui a préféré travailler avec Hollande qu’avec Sarkozy, est « plus tolérant, plus ouvert », juge l’un de ses amis. Avec un brin de perversité, Emmanuel Macron n’a rien arrangé en cajolant ostensiblement Philippe, alors qu’il avait humilié Pierre.

    A l’Elysée, où l’on redoute l’émergence d’un candidat « hors système » prêt à venir troubler le jeu présidentiel, le phénomène Villiers est suivi de près. « Ça fout la trouille », confiait un conseiller de Macron avant l’été, alors que les crises sanitaire et sécuritaire alimentent la défiance envers le pouvoir. Un stratège de l’exécutif croit d’ailleurs savoir que le général « se prépare ».

    De fait, la rumeur agite le microcosme, sans que rien ne vienne, à ce stade, l’étayer. L’intéressé, qui cloisonne avec une redoutable efficacité, jure qu’il ne rassemble pas une équipe, et concède seulement recevoir des « offres de services ». Une poignée de jeunes gens brillants et bien nés, orphelins de candidat, se plaisent en effet à lui délivrer quelques conseils. L’avocat et chroniqueur Charles Consigny, séduit par son côté gaullien, lui a fait passer une note. Il l’avait interrogé sur le plateau de l’émission télévisée de Laurent Ruquier, « On n’est pas couché », en novembre 2018. « Villiers avait même retourné Christine Angot ! », se souvient le chroniqueur.

    En société unipersonnelle

    Le général en est le premier surpris. Au lendemain de sa démission, il se demandait bien ce qu’il allait faire de sa vie. « Je n’ai jamais été seul, convient-il. C’était la première fois. » Il déménage de son bel appartement de fonction, aux Invalides, et cherche des revenus. Comme chef d’état-major des armées, il gagnait 10 000 euros net – de l’argent de poche pour un militaire nourri, logé, véhiculé –, mais il n’en touche, à la retraite, que la moitié. Il a heureusement quelques précieux contacts, dont Augustin de Romanet, le PDG du Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), rencontré au cabinet de Jean-Pierre Raffarin, qui lui donne des conseils pour se reconvertir.

    Dès le 3 août 2017, le général fonde la société unipersonnelle « Pierre de Villiers », chez lui, dans sa ferme vendéenne, avec un capital de 1 000 euros, un objet social très large de conseil en stratégie, et s’attelle à l’écriture de Servir. Une quinzaine d’éditeurs l’avaient appelé après sa démission. Il choisit Fayard. Et réécrit un peu l’histoire. « Ça s’est passé par hasard, au sens où Sophie de Closets [la directrice de Fayard], la plus futée, m’a dit : “Je publierai le livre que vous voulez écrire.” Moi, je n’aime pas qu’on m’impose des choses. » En réalité, c’est Philippe de Villiers qui a négocié l’arrivée de son petit frère, en expliquant franchement qu’il avait besoin d’argent. D’où un premier à-valoir, quasi historique en France, de 400 000 euros.

    Chez Fayard, Villiers est édité par Nicolas Diat, un personnage, une sorte de Mazarin de l’édition. Ex-conseiller spécial de Laurent Wauquiez, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, il a fait glisser son talent et son influence dans le monde de l’édition. C’est notamment lui qui a réussi à débaucher d’Albin Michel, en 2019, Philippe de Villiers, auteur prolifique de quelque 29 livres. Nicolas Diat est un homme discret, fin connaisseur de la droite catholique : il a ses entrées au Vatican, écrit de pieux ouvrages et a publié notamment celui du très conservateur et polémique cardinal Robert Sarah.

    Quand Servir sort, en novembre 2017, « j’avais eu zéro client, zéro contact », poursuit le général. Grâce au succès du livre, il entre en relation avec l’Association progrès du management et passe quelques demi-journées avec de petits entrepreneurs. « Vous faites une intervention sur un thème, ils vous posent des questions, c’est très sympa », se félicite Villiers. C’est alors que François Dalens, le patron de la branche française du Boston Consulting Group (BCG), le sollicite. Le BCG est l’un des trois leaders mondiaux du conseil en stratégie ; son bureau parisien conseille 60 % des entreprises du CAC 40. « Je voyais bien la richesse qu’il y avait à croiser les approches entre pensées militaire et civile, témoigne M. Dalens. Il m’a dit qu’il ne connaissait rien au monde de l’entreprise, je lui ai répondu que les problèmes des chefs sont souvent les mêmes. »

    Le général, devenu « senior advisor » du BCG, passe devant une commission de déontologie et prend l’engagement de ne toucher en rien au secteur de la défense. Il intervient un jour par semaine ou par mois, à son gré, auprès des clients du BCG ou en interne. Mais la nouvelle passe mal chez les militaires : le général de Villiers, apôtre de la souveraineté nationale, s’est vendu aux Américains ! Pas du tout, assure François Dalens, le bureau de Paris appartient à ses 70 directeurs français, qui travaillent avec des entreprises françaises, de Danone à L’Oréal.

    Le général a aussi confié ses intérêts à la communicante Claudine Pons, directrice à poigne de l’agence Les Rois mages et proche du criminologue et consultant en sécurité Alain Bauer. Elle organise ses conférences, lui prépare des « media trainings », qu’elle mène aux côtés de l’indispensable Nicolas Diat, et gère son agenda. En trois ans, Villiers a donné près de 110 conférences, dont 55 à titre gracieux, aux associations, aux grandes écoles, et 35 payantes, à de grandes entreprises – sans compter ses cours à Sciences Po. « Je suis complètement débordé, déclare-t-il, en souriant, je croule sous les propositions ! Les Rois mages m’aident, ils font office de cabinet. »

    « Formidable marketing »

    Le général en convient : « J’ai une vie qui est beaucoup plus confortable que celle que j’avais quand j’étais dans l’armée. Mais je n’ai pas envie du tout de faire fortune. Moi, je mène une vie normale, je prends le métro. L’argent est un mauvais maître. » Pierre de Villiers dit être resté simple, mais facture ses conférences 5 000 euros ; c’est aussi ce qu’il gagne au BCG par demi-journée. Il a obtenu de Fayard 150 000 euros d’à-valoir pour son second livre, 250 000 pour le troisième. Depuis octobre 2019, il est également administrateur du groupe Adeo (Leroy Merlin). « Mais je fais des dons importants, c’est aussi une façon de redistribuer ce que l’armée me donne, parce qu’une partie de mon succès est due à l’institution que je porte. » Il est effectivement membre de l’Association pour le développement des œuvres d’entraide dans l’armée (ADO) et lui verse, depuis ses succès éditoriaux, des dons « très significatifs ». « Je passe le voir tous les ans à la fin de l’année, rigole le général Robert Hérubel, délégué général de l’ADO, en lui souhaitant de faire un nouveau livre l’an prochain. »

    Le général mène ainsi gaillardement sa petite entreprise, entre Nicolas Diat et Claudine Pons, qui ne sont pas toujours d’accord. Le premier veut vendre des livres, et c’est plutôt réussi, mais, comme le confie un proche du général, « il est démangé par la politique et se veut un peu conseiller de l’ombre. D’ailleurs, il n’est pas mauvais. Il est drôle, intelligent, flatteur… » C’est Diat qui a trouvé le titre de L’équilibre est un courage, une citation obscure d’Albert Camus, et fait ajouter le bandeau « Réparer la France », qui colore sensiblement la démarche. Claudine Pons, pour sa part, préférait Halte au feu !, le titre du premier chapitre et le mot de la fin. D’après elle, « plus ils vont le tirer vers la politique, moins il va vendre de livres. C’est un mauvais calcul ». Chez les militaires, pareille réussite éditoriale stupéfie. « Il n’y a rien dans ses livres qui justifie des tirages comme ça, s’étonne un haut gradé. Formidable marketing de Fayard, qui active le vieux mythe français de l’homme providentiel. »

    Pierre de Villiers joue le jeu. Il sait à merveille répondre à côté, a bien compris qu’on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment et pratique avec brio l’art de la digression. Mais il s’agace des pressions et reste soucieux de sa liberté, comme s’il redoutait que le phénomène lui échappe. « Personne ne me dictera quoi que ce soit, se cabre-t-il. On veut me fabriquer un personnage, je suis comme je suis. J’ai 64 ans, l’essentiel de ma vie est derrière moi, qu’on me foute la paix. » Mi-novembre, il a annulé « Le Grand Rendez-vous politique », d’Europe 1, au grand dam de son éditeur, et s’est réfugié dix jours en Vendée, pour souffler, aux côtés de son épouse, qui « l’empêche de prendre la grosse tête », selon les intimes du couple.

    Un signe de plus pour ceux qui doutent que le général, qui « déteste les diviseurs », soit prêt à descendre dans l’arène, en renonçant à sa popularité et à sa position en surplomb. En privé, Pierre de Villiers ne tait pas ses critiques envers Emmanuel Macron, ni ses inquiétudes pour le pays, mais se dévoile le moins possible. « Tout cela se jouera très tard », glisse-t-il. Mais le député LR Julien Aubert, qui l’a invité à prendre un café à l’Assemblée, a senti un homme peu à l’aise avec les codes politiques et n’aimant ni le conflit ni la compétition. « La politique a trop fait souffrir ma famille », répète le général. Il a d’ailleurs décliné l’invitation du député à venir débattre lors de l’université d’été de LR. « Je pense que c’est le genre de type qui se dit : “Si c’est la guerre civile, si le pays s’écroule, je suis là”, résume Aubert. Au fond, Villiers, c’est davantage Cincinnatus que Jules César : “J’ai le glaive mais je ne marcherai sur Rome que si Rome est menacée.” » Lui assure, agacé, qu’il « n’est pas le général Boulanger », le ministre de la guerre de 1886 qui, porté par l’émotion populaire, avait ébranlé la IIIe République – avant de se suicider.

    Son frère Bertrand, le propriétaire de la radio vendéenne Alouette FM, n’a aucun doute. « Son engagement est celui d’un citoyen, il n’a pas du tout l’intention d’entrer en politique, ce n’est pas sa nature profonde, et je le connais depuis soixante-quatre ans », sourit le troisième enfant de la fratrie. « Comme Philippe », Bertrand se dit surpris par « l’emballement » autour de Pierre, certes « quelqu’un de bien, d’intègre, et les gens le sentent ». Mais il y voit le signe d’un vide politique, d’un désarroi. Lui qui a préparé deux élections présidentielles pour son frère Philippe, en 1995 et 2007, sait les difficultés de l’entreprise. « Les sondages, c’est de l’écume, conclut-il. Le général de Villiers, c’est combien de divisions ? Rechercher un homme providentiel, c’est dans l’air du temps. De là à confier à Pierre les pleins pouvoirs… Ce n’est pas dans la tradition familiale. Nous, on est plutôt dans la résistance. »

    #encasdeguerrecivile #édition

  • Propos du pape sur les femmes en 2020
    https://www.nouvelobs.com/idees/20201202.OBS36880/livre-du-pape-francois-la-colere-de-la-theologienne-anne-soupa.html

    Lorsqu’il doit parler des femmes, le pape François revêt sa tenue de camouflage. Serré dans son treillis, casque encouronné de fougères, il avance dans la jungle d’une Eglise catholique divisée qui, en chacun de ses camps, fait de la question des femmes le marqueur de ses revendications. D’un côté un clan conservateur arc-bouté sur le maintien d’un pouvoir clérical et masculin, de l’autre des femmes qui demandent à être reconnues et que les opinions publiques relaient et soutiennent. D’un côté la tradition, de l’autre les droits humains.
    « Cher pape François… », par la rabbin Delphine Horvilleur

    En stratège, le pape commence par se chercher des alliées. Femmes, je vous aime… Les femmes sont fortes, dit-il, elles ont « le souci de la Création et des pauvres ». Sa méthode pour les promouvoir ? L’infusion. Afin de « changer la culture institutionnelle ». Mais que pourra faire une poignée de femmes consultantes contre les crocodiles de la curie ? Elles seront avalées toutes crues ! Derrière le miel des mots, je ressens la brutalité de cette énième assignation faite aux femmes, réduites à un sachet de thé dans une tasse. Mais le plus dur est à venir. A la dernière phrase, le pape assène : les femmes qui demandent la prêtrise, non seulement se trompent, mais alimentent le cléricalisme, et de façon « irrespectueuse ».
    Anne Soupa : « Le successeur de Barbarin à Lyon, c’est la mainmise des ultras »

    J’incline à penser que le couperet cinglant de cette chute est la réponse – qui n’est jamais venue – à ma candidature de mai dernier à la charge d’archevêque de Lyon. Pourtant, je postulais à être un évêque selon la tradition des origines de l’Eglise, donc laïc, donc non clérical. Réponse inquiétante de rigidité, révélatrice d’un cruel manque d’empathie… Le pape aurait-il senti passer les balles et voulu couper court à toute velléité de changement ? En tout cas, il peut maintenant mettre son treillis à la poubelle et reboutonner sa soutane blanche. Les conservateurs ne le croqueront pas encore cette fois-là.

    #misogynie #catholicisme

  • Eglise : mais où sont les filles chez les enfants de chœur ?
    https://www.leparisien.fr/societe/eglise-mais-ou-sont-les-filles-chez-les-enfants-de-choeur-06-12-2020-8412

    Un siège sur trois, une rangée sur deux. En ce dimanche de messe dans les églises hexagonales, les curés vont expérimenter avec leurs fidèles le nouveau protocole sanitaire défini cette semaine par le gouvernement. A leurs côtés, pour les assister directement, notamment au moment de la consécration, des enfants de chœur masqués respectant les gestes barrière, une croix ou un cierge entre les mains. Parmi eux, une très grande majorité de garçons. Car dans beaucoup de paroisses encore, les filles n’approchent pas l’autel, chasse gardée masculine. La mixité, pourtant autorisée depuis un demi-siècle, peine à conquérir certaines nefs.

    Alors à l’heure où « l’invisibilité » des femmes dans l’Eglise est dénoncée par certaines voix catholiques, la faible proportion de servantes d’autel est montrée du doigt par les féministes ayant la foi. C’est le cas de la bibliste Anne Soupa qui a fait grand bruit au printemps dernier en candidatant au poste d’archevêque de Lyon. « Il y a eu un recul sur cette question. C’est l’exaltation du sexe masculin, le triomphe de la quéquette ! C’est plus que conservateur, c’est réactionnaire. Le problème est français. A Rome, par exemple, il y a des petites filles servantes », souligne la présidente du Comité de la jupe qui promeut « l’égalité des femmes et des hommes au sein de l’Eglise ».
    « La mixité n’est pas à mettre dans tous les lieux d’éducation »

    Mais pourquoi les demoiselles ne revêtent-elles pas l’aube, chaque dimanche, dans de nombreuses paroisses ? Selon certains clercs, être servant d’autel peut donner envie de devenir prêtre. « Traditionnellement, on estime que c’est une école de vocations sacerdotales », avance un ecclésiastique du nord-ouest de la capitale.

    Pour Bruno Lefevre Pontalis, aux commandes de la paroisse Saint François-Xavier située dans les beaux quartiers de Paris et qui n’accueille que des servants, la raison est « plutôt pastorale ». « Je me suis aperçu que lorsqu’il y a des enfants de chœur filles, les garçons s’en vont vers 14 ans. A cet âge-là, ils fonctionnent bien dans la non-mixité », observe ce curé, estimant que « la mixité n’est pas à mettre dans tous les lieux d’éducation ».

    A ses yeux, cette exclusivité masculine dans son église n’a « jamais » donné lieu à des remarques directes de la part de ses fidèles. « Quand ça marche bien, on hésite à changer les choses », confie-t-il. Sur le parvis du lieu de culte lors de la sortie d’une messe avant le reconfinement, les avis sont pourtant partagés. « Il n’y a pas de prêtres filles, donc pas d’enfants de chœur filles », argumente un préado. « C’est le rite, c’est normal », pense sa maman.

    Pour une autre fidèle, en revanche, « ça devrait changer ». « Les femmes dans l’église sont cantonnées à certaines tâches. Un jour, dans une autre paroisse, j’ai vu des servantes d’autel et j’étais très contente », s’enthousiasme-t-elle. Elle est convaincue que « si les prêtres décidaient de mélanger garçons et filles, ça passerait ici ». « C’est comme avec la communion. Les femmes la distribuent aujourd’hui mais il y a 15 ans, ça aurait choqué », poursuit son voisin.
    « Les femmes sont impures, elles ne touchent pas au sacré, voilà des conceptions tout sauf chrétiennes ! »

    Le père Bruno Lefevre Pontalis, qui s’appuie sur un vivier de 40 enfants de chœur garçons, ne projette pas dans l’immédiat d’expérimenter la mixité mais « réfléchit » à intégrer dans les offices des servantes d’assemblée. Une fonction réservée aux filles, différente de celle de servant d’autel, qui est apparue dans de nombreuses paroisses. Les servantes d’assemblée, qui portent une cape, accueillent à l’entrée les paroissiens, distribuent les feuilles de cantiques, procèdent à la quête, portent les offrandes jusqu’au pied de l’autel…
    En France, les petites filles ont plutôt des fonctions de servantes d’assemblée, portant cape et restant loin du chœur pendant la messe./Ciric/Corinne Simon
    En France, les petites filles ont plutôt des fonctions de servantes d’assemblée, portant cape et restant loin du chœur pendant la messe./Ciric/Corinne Simon

    Mais contrairement à leurs camarades masculins, elles ne sont guère ou pas du tout présentes dans le chœur et restent éloignées des prêtres au cours de la messe. Ce qui fait bondir la théologienne Anne Soupa. « C’est une différenciation des tâches extrêmement inégalitaire. La sacralité autour de l’Eucharistie demeure une affaire masculine. Les femmes, elles, sont impures, elles ne touchent pas au sacré, voilà des conceptions tout sauf chrétiennes ! » s’indigne-t-elle. Aux membres du clergé qui refusent d’entendre parler de servantes d’autel et redoutent la mixité, elle suggère une solution : « Une messe, les filles montent à l’autel et la suivante, c’est au tour des garçons… »
    « Un sujet que nous devons travailler »

    Responsable du département des servants d’autel à la Conférence des évêques de France (CEF), le père Laurent Jullien de Pommerol ne veut prendre parti ni pour la mixité des enfants de chœur, ni pour la non-mixité, ni pour la différenciation des fonctions, même si cette dernière a, depuis quelques années, « amené une certaine paix ». « La question, c’est : Qu’est-ce qu’on peut proposer aux filles pour qu’elles ne soient pas exclues ? On est encore au milieu du gué. Il y a une vraie éducation humaine et spirituelle à faire pour que chacun ait sa juste place », martèle-t-il. « C’est un sujet que nous devons travailler. Je ne sais pas pourquoi il est aussi crispé en France. C’est une question fortement débattue, qui n’est pas paisible. En Allemagne par exemple où il y a une mixité totale, ce n’est pas un débat », observe celui qui est aussi curé de la Croix-Rousse à Lyon (Rhône).

    S’il existe « une grande disparité » des situations dans notre pays, c’est, en partie, parce que la hiérarchie de l’Eglise de France ne s’est pas clairement positionnée sur ce thème très sensible. « Il n’y a pas de documentation, pas d’orientations publiées par les évêques », souligne-t-il. Il reconnaît que « théologiquement et d’un point de vue scripturaire (NDLR : d’après les Ecritures), il est difficile de justifier l’absence des filles en tant que servante ». Pour autant, l’avenir ne semble pas s’orienter vers un partage égal des tâches, lui qui a constaté ces derniers temps dans des paroisses confiées à des « jeunes prêtres » peu de groupes d’enfants de chœur « complètement mixtes ».
    Autorisées à servir la messe depuis un demi-siècle

    Il a fallu attendre la fin des années 1960, dans la foulée du concile Vatican II ayant ouvert l’Eglise au « monde moderne » pour que les filles soient autorisées enfiler l’aube d’enfant de chœur, à l’autel, aux côtés des prêtres. Cela s’inscrivait dans un mouvement plus large d’accès à la liturgie des laïcs, au titre, notamment, de leur baptême. L’instruction romaine Redemptionis sacramentum de 2004, sous l’autorité du pape Jean-Paul II, a rappelé que « les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel, au jugement de l’évêque diocésain. »En pratique, le choix se fait en fonction des habitudes et de la mentalité de la paroisse, conformément aux vœux de son curé. En 2011, le Vatican avait donné l’exemple en matière de mixité en permettant à des filles de servir une messe présidée par le pape Benoît XVI en voyage en Allemagne.

    #catholicisme #discrimination #sexisme #ségrégation #misogynie #mixité

    • L’information progresse ainsi nettement moins rapidement depuis le week-end du 14 novembre que l’attaque terroriste de Nice, d’autant plus que les titres de presse n’ont strictement rien à voir avec ce que l’on peut voir habituellement : “ Double Agression mortelle à Cholet”, titre par exemple BFM TV le dimanche. Pourquoi pas “double meurtre” au moins, dans de cas ? “ Agressions à Cholet . Le suspect se dit catholique et tient un « discours de haine des non-croyants”, titrent, quant à eux, les journalistes du Courrier de l’Ouest. Le procureur de la République, Eric Bouillard, parle d’un “discours de haine, en tout cas de détestation des non-croyants”, mais la “piste terroriste” n’est pas retenue. “ Double agression mortelle à Cholet : l’homme interpellé se décrit comme un prophète catholique pour punir les incroyants”, précise France 3 Pays de la Loire dans son titre et s’aligne ainsi sur ses confrères. Quelques jours plus tard, on apprenait, dans un article un poil fouillé du Figaro, que l’auteur des meurtres avait des antécédents psychiatriques, et que sa vie était perturbé par des “déboires professionnels et sentimentaux”. On apprend également qu’il avait des antécédents judiciaires liés à un port d’armes illégales, mais cela ne semble retenir l’attention de personne.

      #déni #racisme #masculinisme #catholicisme #censure #laïcité #laïcité_mon_cul #vocabulaire #agression

    • Pourquoi un tel écart d’interprétation médiatique entre deux événements pourtant similaires ? A Nice, comme dans tous les “attentats terroristes islamistes”, nous avons le nom du suspect, celui des victimes et un emballement médiatique important, qui utilise de manière instantanée le champ lexical de l’émotion sans le moindre recul : “barbarie”, “drame”, horreur”, “terreur”… A Cholet, le nom du suspect reste inconnu, celui des victimes également et les quelques articles qui décrivent les faits sont très factuels, quasi cliniques (“une agression ayant entraîné la mort de”). Le lien entre le décès des victimes et les agressions est atténué, comme si les journalistes voulaient éviter de tirer des conclusions trop rapides, ce qui est noble, en soi.

      Pourtant, le bilan n’est pas si différent : trois morts d’un côté, deux morts et une blessée grave de l’autre. Des familles endeuillées et des traumatismes toute une vie. Pourquoi alors des réactions aussi différentes et des titres de presse pudiques qui changent tout ?

    • J’avais fait la remarque là :
      https://seenthis.net/messages/886691
      Sur une soixantaine de titres de presse, deux seulement évoquait le terrorisme, mais uniquement pour expliciter que « la piste terroriste est écartée ». Et seulement deux indiquaient explicitement qu’il s’agissant d’un catholique.

      Et de suggérer :

      si le gars (même avec un parcours psychiatrique) avait expliqué qu’il était un prophète musulman chargé de punir les incroyants, on aurait les mots « terrorisme » et « musulman » dans chacun des 60 titres

  • Rassurer sur l’IVG, c’est important - Le Moment Meurice
    https://www.youtube.com/watch?v=GOo6QTcqqRM


    #misogynie #grossesse_forcée #ivg #fake_news
    #catholicisme #impunité
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    IVG : l’Académie de médecine opposée à l’allongement du délai de 12 à 14 semaines
    https://www.francetvinfo.fr/societe/ivg/ivg-l-academie-de-medecine-opposee-a-l-allongement-du-delai-de-12-a-14-

    –----
    L’allongement du délai légal pour une IVG voté, en première lecture, à l’Assemblée
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/08/l-assemblee-nationale-adopte-en-premiere-lecture-l-allongement-du-delai-lega

    Les députés ont voté, jeudi 8 octobre en première lecture, en faveur de l’allongement de 12 à 14 semaines du délai légal permettant aux femmes d’avoir recours à une intervention volontaire de grossesse (IVG), avec 86 voix pour et 59 voix contre. Cette demande, émanant d’associations et débattue jeudi 7 octobre à l’Assemblée nationale, divise les praticiens. Politiquement, la proposition de loi est soutenue par de nombreux élus de la majorité, même si Matignon est plus circonspect.

    L’allongement de deux semaines supplémentaires du délai légal est issu d’une proposition de loi du groupe Ecologie Démocratie Solidarité (EDS) et a été étudié dans le cadre de la « niche » parlementaire (une journée réservée à l’examen de textes défendus par un groupe d’opposition) de ce groupe d’anciens « marcheurs ». Du fait d’un manque de praticiens et de la fermeture progressive de centres IVG, il s’écoule souvent plusieurs semaines entre le premier rendez-vous et l’intervention. Chaque année, entre 3 000 et 4 000 femmes « hors délai » partiraient avorter à l’étranger, selon un rapport parlementaire publié en 2000.

    Porté par la députée Albane Gaillot (ex-LRM, Val-de-Marne), le texte propose également de permettre aux sages-femmes de réaliser des IVG chirurgicales jusqu’à la 10e semaine de grossesse et de supprimer la clause de conscience spécifique à l’IVG pour les médecins, des demandes récurrentes d’associations féministes pour garantir « un égal accès à l’IVG » sur tout le territoire. « Ce n’est pas le texte d’un parti mais pour les droits des femmes », qui fait « consensus », a plaidé Mme Gaillot.

    Huées et applaudissements

    L’ambiance était électrique au Palais Bourbon jeudi. Huées, bronca ou à l’inverse salves d’applaudissements : les débats entre les partisans du texte et ses opposants, de la droite et d’ex-« marcheurs » comme Joachim Son-Forget et Agnès Thill, ont fait resurgir les fantômes des discussions sur la loi Veil, adoptée il y a quarante-cinq ans.

    De la gauche à la droite, tous les députés ou presque ont invoqué les mânes de Simone Veil, décédée en 2017, qui a fait adopter la loi dépénalisant le recours à l’interruption volontaire de grossesse, pour défendre leurs positions. Le ministre de la santé, Olivier Véran, avait d’emblée qualifié le thème de « sensible ».

    Avant de laisser la place à sa collègue Brigitte Bourguignon, le ministre avait choisi d’avancer avec prudence sur un terrain qu’il juge trop miné pour être débattu lors d’une « niche » parlementaire. Un avis largement partagé à droite.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les députés examinent l’allongement du délai pour avorter

    L’ensemble de la gauche est en soutien de la proposition de loi. C’est d’ailleurs du groupe La France insoumise (LFI) que les plaidoyers en faveur du texte furent portés avec le plus d’élan, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon ou de Clémentine Autain qui a raconté avoir elle-même avorté mais en se heurtant à une question de « délai ».

    A droite, les opposants ont ferraillé à chaque article, et critiqué des dispositions qu’ils jugent venir « déséquilibrer » la loi Veil, comme l’a souligné Jean-Christophe Lagarde (UDI). Dans leur ligne de mire : la suppression du délai de réflexion de deux jours pour confirmer une IVG après un entretien psychosocial, et surtout la suppression de la clause de conscience spécifique pour les médecins et sages-femmes qui maintient l’IVG « dans un statut à part » alors que « c’est un acte de santé comme un autre », a avancé Mme Gaillot.

    Pour le gouvernement, la partition est délicate. Olivier Véran a rappelé qu’il était essentiel d’attendre l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), que le gouvernement a saisi mardi, « pour faire un travail complet abouti » et éclairer les débats.

    Celui-ci doit rendre son avis courant novembre, probablement avant le passage de la proposition de loi au Sénat.

    https://www.youtube.com/watch?v=RVvcXZoTrHk

  • Ils s’embrassent devant la Manif pour Tous, la police les exfiltre violemment pour “trouble à l’ordre public”
    https://www.revolutionpermanente.fr/Ils-s-embrassent-devant-la-Manif-pour-Tous-la-police-les-exfilt
    https://www.revolutionpermanente.fr/local/cache-vignettes/L653xH436/arton22370-f05eb.jpg?1602602923

    Ce samedi 10 octobre, des manifestations étaient organisées dans toute la France par La Manif Pour Tous (LMPT), organisation ultra-réactionnaire qui, après avoir tenté de faire pression contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, a décidé de faire de l’opposition à l’ouverture de la PMA aux couples lesbiens et aux femmes célibataires son nouveau cheval de bataille. Revendiquant « Pas de PMA sans père » et « Liberté, Egalité, Paternité », les manifestants de LMPT réaffirment leur discours homophobe et transphobe, qui oppose un prétendu bien-être des enfants aux droits des couples homosexuels et revendique la préservation de l’institution patriarcale de la famille.

    Des contres-manifestations ont été appelées nationalement pour contrer cette offensive des secteurs les plus conservateurs de la droite et de l’extrême-droite, mais également pour revendiquer les droits des personnes LBGTQI+ à exister et à vivre dans cette société, en insistant sur le caractère transphobe de cette loi puisque les hommes trans sont exclus du droit à la PMA.

    À Paris, comme dans le reste du pays, ces rassemblements et manifestations ont été accueillis par des contre-manifestants défendant les droits des personnes LGBT. Devant le ministère de la Justice, où quelques centaines de réactionnaires étaient réunis, des couples de même sexe participant à la contre-manifestation se sont embrassés en signe de protestation, ici capturés par Olivier Corsan, photo-journaliste au Parisien.

    Les couples sont pris à parti par les manifestants, comme il l’explique à Têtu : « Environ une heure après le début de la manifestation, j’ai pu voir un mouvement de mêlée, la foule s’en prenait violemment à deux hommes qui s’embrassaient ».

    La police est alors intervenue, non pas pour mettre un terme aux insultes, mais pour « exfiltrer » les deux couples ; comprenez, intervenir violemment pour les empêcher de s’embrasser et les sortir du rassemblement.

    Pire, jointe par le journal Têtu, la préfecture de police explique que « L’intervention des forces de l’ordre a eu lieu quand des troubles à l’ordre public ont été constatés du fait de la présence de contre-manifestants n’ayant pas déclaré leur manifestation ». « S’embrasser dans la rue, est-ce illégal ? L’espace public appartient-il à la Manif pour tous ? Pour la préfecture en tout cas, le baiser de deux personnes de même sexe est un "trouble à l’ordre public". Un baiser d’autant plus insupportable que les amoureux sont au milieu d’une manifestation contre les droits des personnes LGBT+ ? » s’insurge le journal. De son côté, la préfecture dément :

    Pourtant, la réponse de la préfecture était limpide : « des troubles à l’ordre public ont été constatés du fait de la présence de contre-manifestants n’ayant pas déclaré leur manifestation » Les couples seraient donc fautifs, selon la préfecture. Pourquoi ? Un baiser entre deux hommes ou deux femmes est-il une provocation en soi ? La Manif pour Tous et ses partisans ont-ils le droit d’insulter et de prendre à parti des couples de même sexe, avec l’appui de la police, sous prétexte que leurs baisers constitueraient une manifestation non-déclarée ?

    #homophobie #lesbophobie #misogynie #manif_pour_tous #acab #policepartoutjusticenullepart #inversion_patriarcale #extreme_droite #catholicisme #invisibilisation #femmes #PMA

  • Alice Coffin : « Les lesbiennes sont la plus lourde menace contre le patriarcat »
    https://www.youtube.com/watch?v=jMUB4etKle4

    Alice Coffin est journaliste, militante féministe, activiste au sein du collectif La Barbe, co-fondatrice de l’association des journalistes LGBT, de la Conférence européenne lesbienne ou encore la LIG – Lesbiennes d’intérêt général. Elle vient de publier « Le Génie Lesbien » (Éditions Grasset) et elle est l’invitée de #LaMidinale.

    http://www.regards.fr

    Sur les critiques et la violence
    « C’est dur (…). Ce qui marque, ce ne sont pas les attaques, c’est l’inhumanité de certains et je pense notamment à des journalistes. Je ne comprends pas bien la façon d’opérer entre être humains. »
    « Les sujets que j’évoque sont des sujets très durs et je comprends qu’ils fassent réagir parce que ce sont des sujets sur lesquels beaucoup de personnes n’ont pas envie de s’interroger. »
    « Ça serait bien qu’on puisse toutes et tous prendre sur nous et réfléchir deux minutes à la façon dont on agit les uns, les unes avec les autres et avoir une réflexion sur les conséquences que peuvent engendrer nos actes. »
    « Je parle beaucoup de “responsabilités” dans le livre - et notamment de la responsabilité des journalistes et des médias. Ce qui se passe ces derniers jours, c’est une absence totale de responsabilité et un oubli absolu : celui que les journalistes ont beaucoup de pouvoir, notamment celui sur les vies individuelles. »
    « Quand les journalistes choisissent de m’interroger d’une certaine manière, ça a des conséquences sur la façon dont le débat public peut s’organiser et ça a des conséquences sur moi : et pour moi, c’est incompréhensible. »
    « Le temps du combat est infini. C’est ce qui rajoute parfois du désespoir. Je vais mourrir avant que le combat soit gagné. Mais comme le dit ma compagne, Sylvia Casalino, on ne peut pas raisonner en terme de victoire. »
    « On fait face à une montagne gigantesque. »
    « Ce qui me fait tenir, c’est d’être dans l’action avec d’autres militantes. Le fait d’écrire un livre isole un peu et ça concentre les attaques à titre personnel avec des stratégies d’acharnement. »
    « Il n’y a pas de discussion possible. On ne se parle pas. Ça s’appelle une oppression, c’est-à-dire l’impossibilité d’organiser un dialogue et le refus, et presque la compétition, entre des histoires et des vies humaines différentes. »

    Sur la lesbophobie
    « C’est très compliqué pour les femmes hétérosexuelles mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de choses qui ont à voir avec le fait que je sois lesbienne. »
    « Ce qui caractérise la lesbophobie, c’est souvent une oppression pas très connue qui n’est pas juste la somme de l’homophobie et du sexisme. Il y a de l’homophobie et du sexisme mais il n’y a pas que ça. C’est un oppression à part entière et c’est pour ça qu’il existe un mot pour la qualifier : lesbophobie. C’est l’invisibilisation qui marque en particulier : le fait de ne même pas autoriser les lesbiennes d’exister. Même le mot lui-même on a du mal à l’employer. »
    « Les lesbiennes constituent la plus grande terreur du patriarcat. »

    Sur Elisabeth Moreno, les contradicteurs et le courage en politique
    « J’espère qu’elle a lu mon livre mais je ne suis pas sûre. »
    « C’est intéressant ce refus, cette incapacité, de voir d’où vient la violence et toujours la renvoyer à celles qui essayent de s’en prémunir et de s’en protéger un peu. C’est ça la force du patriarcat. »
    « Il y a une impunité totale : ça va être dur et long parce que non seulement ils déchainent leurs forces contre les femmes mais en plus ils leur interdisent de pouvoir s’épanouir si on les dénonce. »
    « Ils [Elisabeth Moreno et d’une manière générale, les contradicteurs] n’ont pas compris ce qu’il se passait dans le monde en termes d’oppressions sexistes. Parce que s’ils l’avaient compris ils ne pourraient agir comme ils le font. »
    « Il y a un problème de courage politique. Il y a un problème de pleine lucidité de ce qu’il se passe et il y a un problème de la manière dont on le dit. »
    « Ce matin [sur France Inter], Elisabeth Moreno était au bord de dire que la domination masculine est partout. »

    Sur l’affaire Girard/Mazneff et les élu-es parisiens
    « Il y a de la lâcheté et il y a une frayeur parce qu’il y a une peur en politique. Ils sont terrorisés. »
    « Je découvre qu’ils [les élu-es] sont terrorisés de faire le moindre petite geste, ou de prononcer une parole qui pourrait être réutilisée, interprétée. »
    « Il y a de la part des élus parisiens une forme de lâcheté et une peur qu’on a même essayé de m’inculquer : on m’a dit “fais attention, tu sais Christophe Girard est très puissant”. »

    La suite du VERBATIM à retrouver ici : http://www.regards.fr/la-midinale/art...

    #féminisme #femmes #homosexualité #patriarcat #lesbiennes #lesbianisme

    • Pour retrouver l’URL qui fonctionne, je suis tombé sur l’article de Valeurs Actuelles au sujet de son livre. En fait, je ne suis tombé, dans mon moteur de recherche soucieux de la vie privée, que sur des articles de journaux de droite rance. Le comble. Des articles qui te disent qu’Alice Coffin est misandre, qu’elle hait les hommes.

      Cet entretien est passionnant, et on a du mal à trouver la moindre trace de haine dans ses propos.

      Voici l’URL telle que je la retrouve sur le site de Regards.fr
      http://www.regards.fr/la-midinale/article/alice-coffin-les-lesbiennes-sont-la-plus-lourde-menace-contre-le-patriarcat

    • Et aussi :

      Sur son éviction de l’Institut Catholique de Paris
      « Quand je l’ai appris le 4 septembre, je me suis effondrée dans la rue. »
      « Je sais comment cela se passe lorsqu’une institution décide de se positionner contre un individu dans un cadre professionnel. »
      « J’enseigne à la Catho depuis huit ans et là, ils vont me chercher après un été où le combat était contre des violences pédocriminelles… Et c’est l’Eglise qui fait cela ! Le message envoyé est terrible. »
      « J’ai reçu énormément de mails d’étudiants et d’étudiantes de l’Institut Catholique qui m’ont écrit que c’était fou parce que mes cours étaient impartiaux alors qu’ils et elles ont des profs hyper racistes, hyper misogynes, hyper homophobes et que eux, on les laisse dérouler leur argumentaire. »
      « On sait comment les militantes féministes et les militantes lesbiennes finissent : dans le dénuement et la précarité. »
      « Je vais aller devant les prud’hommes [contre l’ICP]. »
      « Ce qui est dommage, c’est que j’aurais adoré discuter avec eux. Parce qu’il y a des choses que je peux comprendre : je suis devenue plus visible, ils reçoivent plein de pressions de donateurs, de parents, de l’archevêque ou que-sais-je ! Mais il faut en parler ! Je ne comprends pas ces méthodes qui consistent à mettre immédiatement la tête sous l’eau. »
      « L’interview avec Sonia Mabrouk ou mon éviction de l’Institut catholique, même combat. La seule chose qui me donne un peu d’espoir, c’est que la chose compliquée, c’est que le piège est de leur côté : leur argumentaire ne tient pas. »
      « Il y a une volonté de ne pas vraiment nous donner la parole parce qu’une féministe, c’est une femme qui dit la vérité sur la vie. »
      « Le message des colleuses féministes, c’est : vous ne voulez pas les entendre dans les micros ou à l’Elysée, et bien on va quand même les inscrire sur tous vos murs pour les voir. »

    • Les médias complices du cyberharcèlement d’Alice Coffin
      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/151020/les-medias-complices-du-cyberharcelement-dalice-coffin

      Il y a quelques semaines, le nom d’Alice Coffin ne vous disait peut-être rien. Journaliste, militante lesbienne et féministe et élue à la mairie de Paris, son CV suffisait pourtant à justifier qu’on parle de son travail. Depuis, son nom a déferlé sur les réseaux sociaux, noyé dans un flot de propos haineux et lesbophobes. La raison de cette soudaine “notoriété” ? Pas la sortie de son premier ouvrage, Le Génie lesbien (Grasset), mais ses prétendues velléités d’éradication des hommes. Ce sont les médias qui sont à l’origine de ces grotesques accusations.

      Paris Match ouvre le bal, dans un papier daté du 2 octobre, en citant un extrait tronqué du Génie Lesbien (1) : « Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer. » L’article prend rapidement de l’écho, suite à la revue de presse de Radio Classique, le même jour. Le compte Twitter de la chaîne poste dans un désolant geste simplificateur « Alice Coffin estime qu’il faut “éliminer les hommes” ». S’ensuit un harcèlement massif de la journaliste et militante, présumée meurtrière, voire génocidaire. À noter qu’avant cela, le chef du service portrait de Libération n’avait pas hésité à provoquer sur Twitter une première vague de cyberharcèlement à l’encontre de l’autrice du Génie Lesbien, en la qualifiant d’ « identitaire peu démocrate » et de « Zemmour lesbien », étalant sa lesbophobie décomplexée.

      Alice Coffin génocidaire, vraiment ?

      « Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer. Les éliminer de nos images, de nos esprits, de nos représentations », aurait été une citation plus honnête de ce passage du livre d’Alice Coffin. Mais bien moins piège à clics, à n’en pas douter, pour Paris Match et Radio Classique. Ces médias à forte audience, comme d’autres, ont préféré susciter l’indignation pour générer de l’engagement, faisant fi de leur devoir d’informer correctement. A-t-on déjà assisté à un procédé aussi malhonnête et paresseux pour un auteur masculin ? Seuls les ouvrages féministes, que cela soit celui d’Alice Coffin ou de Pauline Harmange (Moi les hommes, je les déteste, Éditions du Seuil), semblent avoir le droit à un tel traitement.

      Pour Prenons la Une, l’Association des Journalistes LGBTI et l’association Féministes contre le cyberharcèlement, tronquer de la sorte les propos d’une autrice représente un manquement à la déontologie journalistique. En relayant en masse ces propos tronqués, sans prendre la peine de lire l’ouvrage – ou a minima le passage* – dont ils sont issus, les autres médias n’ont pas fait leur travail de vérification d’information.

      Nous souhaitons pointer la paresse avec laquelle la plupart des chaînes d’information ont fait leur choux gras de l’affaire en reprenant sans recul des poncifs vieux comme le monde servant à dénigrer et décrédibiliser la pensée féministe (les féministes sont hargneuses, laides, folles, détestent les hommes, veulent les éliminer…). Nous nous interrogeons, enfin, sur les positions contradictoires de certains médias. Par son silence complice face aux propos de son éditorialiste, Libération, pourtant signataire de la charte de l’AJL contre l’homophobie, suscite notre incompréhension.

      Ces manquements reviennent à placer une cible sur le front d’une autrice, militante féministe et lesbienne. Un risque que tout professionnel de l’information en 2020 ne peut faire semblant d’ignorer.

      Les conséquences de la légèreté journalistiques et du cyberharcèlement

      Insultes, diffamations, menaces de mort, de viols… Notre consœur avait déjà été placée sous protection policière cet été et l’est de nouveau depuis la vague de harcèlement du week-end dernier. Le cyberharcèlement, faut-il le rappeler, peut avoir de graves conséquences sur l’intégrité physique et morale de ses victimes. Plus d’un tiers d’entre elles présentent tous les symptômes du syndrome de stress post-traumatique (2).

      Le cyberharcèlement a également des impacts concrets sur la vie professionnelle. C’est le cas pour Alice Coffin qui, après huit ans à enseigner au sein de l’Institut Catholique de Paris, vient de perdre cet emploi. Motif invoqué ? Un « militantisme trop visible ». L’ICP connaissait le travail militant d’Alice Coffin lorsqu’ils l’ont recrutée. Ce n’était pas une nouveauté. La nouveauté, c’est que les sphères de pouvoir s’attaquent à son travail et à sa personne. La moindre des choses venant de son employeur serait de ne pas l’abandonner au moment même où elle a besoin de soutien.

      Les associations signataires de cette tribune proposent depuis plusieurs années que le cyberharcèlement soit reconnu comme un accident du travail, que l’employeur mette à l’abri la personne harcelée et lui propose son soutien moral et juridique.

      Le traitement des questions féministes / lesbiennes par les médias

      Le cyberharcèlement est un délit passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende (3). Comme pour tous les délits, le sexisme et la lesbophobie en sont des circonstances aggravantes. Alice Coffin est femme et lesbienne et les attaques qu’elle subit la renvoient directement à cette double identité. 57% des internautes lesbiennes, gays et bi déclarent s’autocensurer en ligne par peur du cyberharcèlement (4).

      Alice Coffin relaye une pensée féministe qui suscite l’intérêt et la curiosité du grand public ces deux dernières années. La crispation des médias français à s’emparer de ces questions, comme ils l’ont démontré dans le traitement de la vague #MeToo et d’autres questions comme l’ouverture de la PMA, est extrêmement inquiétante. Faut-il en conclure que les médias français font encore barrage aux idées féministes, d’autant plus lorsqu’elles sont portées par une femme lesbienne ? La situation actuelle nous pousse à penser que cette pensée militante n’est digne d’intérêt que lorsqu’elle est tamisée de polémiques et de déformations croustillantes.

      Le fait que les médias soient majoritairement détenus et dirigés par des hommes n’est pas étranger à un tel traitement. Le manque de diversité parmi les journalistes occupant des postes à responsabilité est un problème structurel de nos professions, que PLU et l’AJL appellent à faire évoluer.

      Ce traitement médiatique valide malheureusement tout le propos du livre d’Alice Coffin : la façon dont les œuvres féministes sont systématiquement détournées et déformées pour mieux être invalidées reste intacte. Particulièrement quand les autrices remettent en cause les points de vue dominants, donc ceux des hommes blancs et hétérosexuels. Et a fortiori quand celles-ci ont l’audace non seulement de s’en passer, mais en plus d’être lesbiennes.

  • IKEA sued in Poland for firing employee who made anti-LGBT comments
    https://www.pinknews.co.uk/2020/07/23/ikea-poland-sued-lawsuit-gay-homophobic-employee-tomasz-k

    The former Ikea employee, identified as Tomasz K, was fired last year when he refused to take down a homophobic comment he posted on the company’s internal site.

    Sadus said the Ikea human resources director showed prejudice towards the worker who, in expressing his “opinions” on gay people, “referred to Catholic values”.

    “Employers, including multinational corporations, are obliged to respect the privacy of employees, including avoiding ideological actions not linked to their work,” Sadus said.

    He said the company must “respect the freedom of expression of views, conscience and religion” and must not “discriminate against employees on the basis of their world view”.

    #homophobie #Pologne #LGBT #catholicisme (je découvre que dans le dogme il y a l’homophobie)

  • L’ex-président de la BCE Mario Draghi nommé membre d’une académie pontificale
    https://www.lefigaro.fr/flash-eco/l-ex-president-de-la-bce-mario-draghi-nomme-membre-d-une-academie-pontifica

    Le pape François a nommé l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi membre de l’Académie pontificale des sciences sociales, a annoncé vendredi le Vatican dans un communiqué. L’Académie pontificale des sciences sociales « a pour objectif de promouvoir les études et le progrès des sciences sociales, économiques, politiques et juridiques, offrant à l’Eglise les éléments qu’elle peut utiliser dans l’étude et le développement de sa doctrine sociale » , indique le site internet de l’académie. Deux autres personnalités, deux professeurs de sociologie, ont également été nommés membres de cette académie, précise le Vatican.

    Le banquier italien est resté huit ans à la tête de la BCE, jusqu’à l’automne dernier. Souvent dépeint en penseur solitaire enclin à imposer ses visions, quitte à brusquer ses propres équipes, Mario Draghi reste crédité d’avoir sauvé l’euro en pleine crise de la dette.

    #mario_draghi #pape #social #bce #académie #vatican le #paradis pour les #criminels #catholicisme et #pognon #ue #union_européenne

  • Dans le secret de « la Famille », une communauté religieuse très discrète en plein Paris
    https://pastebin.com/ySSgRJpu

    La Famille, c’est le nom de cette communauté basée dans l’est de Paris, dont les 3000 membres ne se marient qu’entre eux. Pour la première fois, certains témoignent, et dénoncent un fonctionnement sectaire.
    Une fête religieuse célébrée par la communauté à Villiers-sur-Marne, aux Cosseux. La Famille compte 3000 membres, mais seulement huit patronymes.
    , Nicolas Jacquard

    Juste avant un coup de tronçonneuse (?), une des branches de cette secte qui a réussi, le catholicisme.

    #catholicisme #secte

  • #Homothérapies, #conversion_forcée

    Électrochocs, lobotomies frontales, « thérapies » hormonales… : dans les années 1970, aux États-Unis, la #dépsychiatrisation de l’homosexualité met progressivement fin à ces pratiques médicales inhumaines, tout en donnant naissance à des mouvements religieux qui prétendent « guérir » ce qu’elles considèrent comme un péché, une déviance inacceptable. Depuis, les plus actives de ces associations – les évangéliques d’Exodus ou les catholiques de Courage – ont essaimé sur tous les continents, à travers une logique de franchises. Bénéficiant d’une confortable notoriété aux États-Unis ou dans l’ultracatholique Pologne, ces réseaux œuvrent en toute discrétion en France et en Allemagne. Mais si les méthodes diffèrent, l’objectif reste identique : convertir les personnes homosexuelles à l’hétérosexualité ou, à défaut, les pousser à la continence. Comme Deb, fille d’évangélistes de l’Arkansas ouvertement homophobes, Jean-Michel Dunand, aujourd’hui animateur d’une communauté œcuménique homosensible et transgenre, a subi de traumatisantes séances d’exorcisme. De son côté, la Polonaise Ewa a été ballottée de messes de guérison en consultations chez un sexologue adepte des décharges électriques. Rongés par la honte et la culpabilité, tous ont souffert de séquelles psychiques graves : haine de soi, alcoolisme, dépression, tentation du suicide…

    Étayée par le travail de deux jeunes journalistes, dont l’un s’est infiltré dans des mouvements français – des rencontres façon Alcooliques anonymes de Courage aux séminaires estivaux de Torrents de vie, avec transes collectives au menu –, cette enquête sur les « thérapies de conversion » donne la parole à des victimes de cinq pays. Leurs témoignages, à la fois rares et bouleversants, mettent en lumière les conséquences dévastatrices de pratiques qui s’apparentent à des dérives sectaires. « Nous avons affaire à une espèce de psychothérapie sauvage qui peut amener à la destruction de la personnalité », affirme ainsi Serge Blisko, ancien président de la #Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). En mars 2018, le Parlement européen a voté une résolution appelant les États membres à interdire ces prétendues thérapies. Jusqu’à maintenant, seul Malte a légiféré sur le sujet.


    https://boutique.arte.tv/detail/homotherapies_conversion_forcee
    #film #film_documentaire #documentaire
    #homophobie #LGBT #thérapie #église #Eglise #douleur #souffrance #rejet #choix #déviance #guérison #sexualité #genre #Exodus #thérapies_de_conversion #fondamentalisme_chrétien #maladie #Eglise_catholique #Eglise_évangélique #catholicisme #Les_Béatitudes #douleur #confession #communion_Béthanie #lobotomie #déviance #éradication #foi #Alan_Chambers #Desert_Streams #Living_Waters #Richard_Cohen #Alfie's_home #Journey_into_manhood #virilité #Brothers_Road #courage #Wüstenstrom #Günter_Baum #Torrents_de_vie #Andrew_Comiskey #masculinité #communauté_de_l'Emmanuel #David_et_Jonathan #homosexualité_transitionnelle #homosexualité_structurelle #homosexualité_accoutumance #pornographie #méthode_aversive #médecine #Bible #pêché #Père_Marek_Dziewiecki #compassion #culpabilité #haine #culpabilité_douce #violence #mépris #continence #résistance_à_la_tentation #tentation #responsabilité #vulnérabilité #instrumentalisation #exorcisme #démon #Gero_Winkelmann #violence_familiale #manipulation #secte #dérive_sectaire #dépression #business #honte #peur #suicide #justice #Darlen_Bogle

  • Shoah : ce que savait l’Eglise
    Les archives secrètes du Vatican sur Pie XII sont enfin ouvertes. Un historien allemand a déjà trouvé la preuve que le chef de l’Eglise catholique était informé sur la Shoah dès septembre 1942.
    https://blogs.mediapart.fr/joelle-stolz/blog/240420/shoah-ce-que-savait-leglise

    Le 27 septembre 1942, l’ambassadeur américain auprès du Saint-Siège, Myron Charles Taylor, s’est rendu au Vatican et y a remis un mémorandum dans lequel les faits collectés à Genève étaient détaillés. Le document précisait que les Juifs d’Allemagne, de Belgique, de Hollande, de France et de Slovaquie étaient déportés vers l’est pour y être « abattus » comme des animaux ("butchered" était le terme utilisé). Et ajoutait que, comble de cette « tragédie », les Allemands avaient réussi à monter les Polonais catholiques contre leurs compatriotes juifs. On a désormais la preuve que Pie XII a eu ce rapport le jour même sous les yeux. Au cas où des agissements aussi barbares seraient confirmés par des sources ecclésiastiques, Washington voulait aussi savoir si le pape avait une idée de la façon dont « les forces civilisées dans le monde » pouvaient s’y opposer.

    De fait, le Vatican ne s’est pas associé à la protestation solennelle émise à ce sujet, le 17 décembre 1942, par la Grande-Bretagne, l’Union soviétique et les Etats-Unis. Tout juste le pape a-t-il déploré, quelques jours plus tard dans son allocution de Noël, que des centaines de milliers de personnes soient livrées à la mort « à cause de leur origine ». Mais le mot « Juif » n’a pas franchi ses lèvres.

    #catholicisme

  • #Covid19 : le privilège des intégristes de Saint-Nicolas-du-Chardonnet #fachosphère #catholibans – Journal d’un #antifa (parmi d’autres)
    https://gauchedecombat.net/2020/04/12/covid19-le-privilege-des-integristes-de-saint-nicolas-du-chardonnet-

    Cette nuit vers minuit, les policiers […]sont intervenus à l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet où de nombreux fidèles assistaient à une messe pascale. Un office qui se tenait clandestinement malgré l’épidémie de Covid-19 et les règles strictes de confinement prises par les autorités.

    […]Un fidèle en sortant, leur a indiqué qu’une quarantaine de personnes se trouvait à l’intérieur. Les policiers ont pris contact avec le prêtre qui a été verbalisé pour non-respect des règles de confinement.

    Selon différentes sources policières issues de la sécurité publique, les participants, contrevenant également aux règles du confinement, n’ont fait l’objet d’aucune contravention de 135 euros. Ils ont pu regagner leur domicile sans être contrôlés. (!!!)

    https://www.lepoint.fr/societe/info-le-point-messe-pascale-et-clandestine-en-l-eglise-saint-nicolas-du-char

    • Au mois de mars dans la région de Bourgoin-Jallieu dans l’Isère, une messe avait été organisée dans un camping. Là, ce sont les fidèles qui avaient écopé d’une amende pour non-respect du confinement. Le curé avait de son côté fait l’objet d’un rappel à la loi sans condamnation pécuniaire.

      Ça se passe beaucoup quand tu appelles au non-respect du confinement pour la bonne cause.

      À mettre en regard avec les violences policières dans les quartiers populaires. Qu’un mec qui organise un rassemblement illégal écope de la même peine qu’un autre qui n’a acheté que deux paquets de biscuits, que les imbéciles qui le suivent ne soient pas même verbalisés, voilà qui signifie bien un confinement à deux vitesses.

    • D’accord avec toi @touti, c’est une véritable protection (et tant mieux, ça rend plus visible cette action policière dure dans les quartiers pauvres mais vous comprenez ils ne sont pas civiques). Mais il en ressort avec l’affaire iséroise surtout une grande improvisation, un grand #arbitraire, la bride sur le col de la gendarmesque et de la police concernant le respect du confinement...

  • Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, accusé d’abus sexuels sur plusieurs femmes

    La stupeur dominait, samedi 22 février, après que l’Arche, une organisation qui accueille dans le monde entier des personnes ayant une déficience intellectuelle, a dévoilé une enquête interne dans laquelle son fondateur canadien, Jean Vanier, mort en 2019, est accusé d’abus sexuels sur plusieurs femmes.

    Cette enquête a permis de recueillir les témoignages « sincères et concordants portant sur la période 1970-2005 » de six femmes adultes avec lesquelles Jean Vanier « a initié des relations sexuelles, généralement dans le cadre d’un accompagnement spirituel, et dont certaines ont gardé de profondes blessures », explique l’Arche Internationale dans un communiqué. Les investigations, menées par un organisme indépendant, n’ont pas identifié de personnes handicapées parmi les victimes, est-il précisé.

    « Ces agissements indiquent une emprise psychologique et spirituelle de Jean Vanier sur ces femmes et soulignent son adhésion à certaines des théories et pratiques déviantes du père Thomas Philippe », ajoute l’Arche. Ce dominicain, père spirituel de Jean Vanier et figure encombrante de l’Arche, a été soupçonné d’agressions sexuelles sur des femmes.

    « Cela fait quelques mois que je connais les résultats des enquêtes, et à chaque fois que je les lis à haute voix, je suis abasourdi », confie, ému, Stephan Posner en détaillant les conclusions des experts à plusieurs médias chrétiens, dont La Vie.

    A ses côtés, Pierre Jacquand, responsable France de l’Arche, ajoute : « L’écart est si vertigineux entre l’homme que j’ai connu et celui que je découvre… Je lutte pour accepter, alors même que je sais les faits indiscutables. »

    La Conférence des évêques de France a fait part de sa « stupeur » et de sa « douleur » devant ces révélations, assurant de sa « compassion les femmes qui ont été ainsi abusées », ainsi que de sa « détermination à agir pour que la lumière soit faite ».

    L’Arche, dont le siège international est à Paris, est une fédération d’associations qui anime 154 lieux dans trente-huit pays où des personnes handicapées mentales vivent – spécificité de ces communautés – avec leurs accompagnants, salariés ou volontaires.

    Au fil des ans, des livres et des conférences données à travers le monde, Jean Vanier était devenu une personnalité reconnue, un évangéliste que l’on venait consulter de loin et qui pouvait converser avec l’écrivain Emmanuel Carrère, la reine Elizabeth ou le pape François. En 2015, il avait reçu à Londres le prestigieux prix Templeton, décerné avant lui à Mère Teresa, au dalaï-lama ou encore à Desmond Tutu.

    #christianisme #catholicisme #viol #culture_du_viol #handicape

  • Les Boy Scouts of America déposent le bilan, accusés d’avoir couvert des milliers d’abus sexuels
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/02/18/plombes-par-des-scandales-d-abus-sexuels-les-boy-scouts-of-america-deposent-

    Les actions en justice se sont multipliées contre les scouts américains ces dernières années. Le scandale a poussé l’organisation à préparer un fonds d’indemnisation des victimes.

    L’une des plus anciennes et des plus importantes organisations de jeunesse des Etats-Unis, Boy Scouts of America (BSA), a annoncé déposer le bilan mardi 18 février, alors que des plaintes d’anciens scouts pour abus sexuels continuaient de s’accumuler.
    L’organisation, qui compte 2,2 millions d’adhérents âgés de 5 à 21 ans, a choisi la procédure de sauvegarde afin de poursuivre son activité et créer un fonds d’indemnisation des victimes d’abus sexuels, selon un communiqué publié mardi. Le Los Angeles Times rapporte que le document déposé auprès du tribunal fédéral des défaillances d’entreprises de l’Etat du Delaware estime le passif de l’organisation entre 100 et 500 millions de dollars. Les BSA n’ont pas indiqué quel montant ils entendaient consacrer au fonds d’indemnisation des victimes, qui prendra la forme juridique d’un trust.

    « Il fut une époque où des individus ont profité des programmes des BSA pour porter atteinte à des enfants », écrit l’organisation dans le communiqué. Les dirigeants du mouvement considèrent que le fonds d’indemnisation, dont la création devra être validée par un juge, « est le meilleur moyen d’indemniser les victimes de façon équitable et en préservant leur identité ».

    7 819 agresseurs présumés et 12 254 victimes entre 1944 et 2016
    Les révélations sur des abus sexuels chez les Boy Scouts of America (BSA) ont éclaté au grand jour en 2012. Des milliers de pages de documents avaient été publiées par le Los Angeles Times montrant que l’organisation des scouts américains avait couvert pendant des décennies de nombreux abus sexuels commis par des milliers d’encadrants bénévoles. Il était alors question de quelque 5 000 « dossiers de la perversion », correspondant à autant d’agresseurs sexuels présumés parmi les chefs scouts.

    Ces informations avaient jusqu’alors été tenues secrètes par la direction des BSA, qui n’avait souvent pas fait de signalements aux autorités, se bornant régulièrement à écarter les coupables supposés. Fin janvier 2019, lors d’un procès dans le Minnesota, une experte engagée par les BSA pour compiler ces « dossiers de la perversion » a indiqué qu’elle avait identifié 7 819 agresseurs présumés et 12 254 victimes entre 1944 et 2016, soit plus que les estimations antérieures.

    Les actions en justice se sont multipliées contre les BSA ces dernières années, notamment à la faveur de modifications législatives dans plusieurs Etats qui ont allongé les délais de prescription pour les agressions sexuelles sur mineurs.

  • Eglise catholique : des prêtres mariés et des ministères pour les femmes en Amazonie ?
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/17/eglise-catholique-des-pretres-maries-et-des-ministeres-pour-les-femmes-en-am

    Jusqu’à quel point l’Eglise catholique est-elle disposée à adapter son organisation pour s’accorder à la géographie et aux particularités des communautés, notamment amérindiennes, vivant en Amazonie ? En envisageant l’ordination d’hommes mariés pour pallier le manque de prêtres sur cet immense territoire, en créant de nouveaux ministères et en envisageant que des femmes puissent en être chargées. C’est la proposition novatrice, mais certainement pas consensuelle, formulée par le rapport (instrumentum laboris, dans le jargon ecclésial) préparatoire au synode d’octobre sur l’Amazonie, qui a été rendu public lundi 17 juin.

    Ce document était très attendu, justement parce que la possibilité d’ordonner des hommes mariés est aujourd’hui un sujet de débat dans l’Eglise catholique, touchée dans certains pays par une profonde crise des vocations. En Amazonie, les grandes distances ont pour conséquences que certaines communautés ne voient pas de prêtres pendant de très longues périodes et n’ont donc que rarement accès à l’eucharistie (la communion), sacrement central dans la pratique religieuse catholique et qui ne peut être célébrée que par un prêtre.


    L’ancien pape Benoît XVI exhorte François à ne pas ordonner d’hommes mariés
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/01/13/l-ancien-pape-benoit-xvi-exhorte-francois-a-ne-pas-ordonner-d-hommes-maries_

    et pour les femmes la question ne se pose même pas finalement contrairement à ce qu’annonce le premier titre.
    #sexisme #misogynie #pédocriminalité #catholicisme

  • Navarro | FELDMARK
    http://lili.de/u/o1mv8


    Deutsche Bank et Opus Dei vont bien ensemble.

    Navarro-Valls: „Wäre ich Deutscher, ich wäre sehr stolz auf diesen Papst“
    Päpste der Moderne

    Joaquín Navarro Valls, Leiter des Presseamtes des Heiligen Stuhls von 1984-2006 - sprach im Atrium der Deutschen Bank über das Thema „Päpste der Moderne“.

    ▶︎ Wir erinnern uns an dieses Bild: Ein schon gebückter Papst Johannes Paul II. geht an der Seite von Helmut Kohl durch das Brandenburger Tor. Das war sieben Jahre nach dem Fall der Mauer. So lange wollte der Papst warten. Es sollte kein Triumph sein, nur eine Sehnsucht erfüllt.
    ▶︎ Durch den danebenliegenden kleineren Torbogen ging der damalige Pressesprecher des Papstes, Joaquin Navarro-Valls: „Johannes Paul wollte extra diese Schritte frei gehen, ohne seinen Stock. Daher mußte ihn der Kanzler stützen“, sagte Navarro am Montag, 9. März, in Berlin. Vor gut 500 Gästen sprach er im Atrium der Deutschen Bank über „Päpste der Moderne“. Eingeladen hatte das Feldmark-Forum, eine Initiative von Freunden des Opus Dei in der Hauptstadt.
    ▶︎ Ein Bild sagt mehr als 1000 Worte. Über Worte und Bilder ging es an diesem Abend. Denn unsere Worte, unsere Begriffe sind nicht mehr eindeutig, so die erste These Navarros. Das habe Johannes Paul gesehen. Gott, Ewiges Leben, Gewissen, Seele, Ehe, Familie, Sexualität, - die Schlüsselbegriffe menschlicher Existenz sagen nicht mehr allen Menschen dasselbe. Damit fehlt ein gemeinsames Begriffsystem, ein gemeinsames Wörterbuch.
    ▶︎ Dieser Herausforderung hat sich der Philosoph Johannes Paul gestellt. In 13 Rundschreiben versuchte er zu erklären, warum Gott der Bezugspunkt für den Menschen ist. Denn wenn Gott irrelevant ist, wird der Mensch zum Bezugspunkt seiner selbst. Das Ergebnis ist ein großes Fragezeichen.
    Ich muss überzeugt sein
    ▶︎ Daher also die grundsätzliche Begriffsklärung Johannes Pauls. Wobei philosophische Klärung eine Sache, wirkliches Verstehen mit Kopf und Herz eine andere Sache ist. Um wirklich verstehen zu können, muß ich überzeugt sein von der Glaubwürdigkeit dessen, der mit mir spricht. Deswegen sprach der Papst mit den Menschen. Nicht nur zu ihnen.
    ▶︎ „Heiliger Vater, warum reist du so viel woandershin?“ wollte ein römischer Steppke bei einem Besuch in einer Vorortpfarrei wissen. „Weil die Menschen woanders andere Probleme haben als du!“ war die Antwort. Der Papst war sich bewußt, daß er in den anderen Kulturen präsent sein mußte, um zu verstehen und um verstanden zu werden.
    ▶︎ Nicht jeder liest Enzykliken. Aber die 14. Enzyklika, die habe jeder Mensch jeden Glaubens oder Unglaubens sofort verstanden. Die Begegnung des noch kaum genesenen Papstes mit seinem Attentäter: Das sei, so Navarro, die 14. Enzyklika gewesen.
    Die Kugel wurde gelenkt
    ▶︎ Also wieder ein Bild, das um die Welt geht. Die Botschaft braucht keine Worte: Versöhnung. - Ali Agca sei ein wundersamer Mensch. Zunächst habe er nicht verstehen können, daß er, ein geübter Schütze, aus dieser kurzen Entfernung den Papst nicht getötet habe. Dann hat er im Gefängnis aus den Zeitungen von Fatima gelesen: Die Jungfrau Maria ist den Seherkindern zuerst an einem 13. Mai erschienen.
    ▶︎ Als irgendwie gläubiger Muslim macht er sich seinen Reim darauf. Agcas Schluß: Er habe den Papst gar nicht an diesem 13. Mai töten können. Die Vorsehung habe es anders gewollt.
    ▶︎ Dieser Herausforderung hat sich der Philosoph Johannes Paul gestellt. In 13 Rundschreiben versuchte er zu erklären, warum Gott der Bezugspunkt für den Menschen ist. Denn wenn Gott irrelevant ist, wird der Mensch zum Bezugspunkt seiner selbst. Das Ergebnis ist ein großes Fragezeichen.
    ▶︎ Als Agca noch erfährt, daß die Nonne, die ihm in die Quere lief, damit er von den Sicherheitsleuten festgenommen werden konnte, Fatima hieß, ist (auch) er vollends überzeugt: Die Kugel wurde gelenkt.
    ▶︎ Das Bild ist die Botschaft. Die beiden letzten Päpste beweisen, so Navarros zweite These, daß Begriffe nur überkommen, wenn sie visualisiert werden. Wir leben in Bildern.
    ▶︎ Beim Weltjugendtag in Köln kam Papst Benedikt im Köln-Düsseldorfer Dampfer den Rhein hinunter. Hunderttausende Jugendliche standen in mehreren Reihen hintereinander im Wasser und grüßten ihn begeistert. Der Denker Ratzinger blieb nachdenklich: „Das ist die Theologie des Papsttums“, wisperte er einem Bischof neben ihm zu. Als wolle er sagen: Der Beifall kann doch nicht mir gelten. Er gilt Petrus. Er gilt dem Charisma des Papsttums.
    ▶︎ Diese öffentlichen Begegnungen zeigen zugleich: Die faktische Wirklichkeit ist eine überzeugendere als die virtuelle.
    Warum kann das Bild eine solche Glaubenshilfe sein?
    ▶︎ Der Christ ist jemand, der so lebt, daß seine Worte und sein Tun eine Einheit bilden: Mit seinem Leben zeigt er die Wahrheit dessen, was er glaubt.
    ▶︎ Johannes Paul prägte im ausgehenden 20. Jahrhundert einige der stärksten Symbolbilder der Epoche. Er schuf mit seinen Gesten eine Bildsprache. Die transportierte einen Inhalt, der mit Worten allein nicht zu vermitteln gewesen wäre. Wir sehen, wie der Papst durch das Brandenburger Tor geht, wie er mit dem Bischofsstab den Takt beim Weltjugendtag schlägt, wie er vergnügt mitsummt, wie er als kräftiger junger Papst den Indiojungen hochhebt, wie ihm als vom Tod Gezeichnetem an seinem Fenster die Worte wegbleiben - und wie die Fernsehbilder keine Worte mehr brauchen.
    ▶︎ An Kraft, Authentizität und Wirksamkeit übertrafen diese Gesten und Bilder von Papst Johannes Paul II. alle denkbaren Worte.
    ▶︎ Im selben Kontext sieht Navarro die Bilder vom ersten deutschen Papst der Moderne in Auschwitz und Birkenau im Mai 2006. Deswegen ist es für ihn unverständlich, daß jemand Zweifel hegen kann an Benedikts Haltung zum jüdischen Volk und zur unendlichen Tragödie der Shoa. Navarro-Valls wörtlich: „Wäre ich Deutscher, ich wäre sehr stolz auf diesen Papst!“
    Das Papsttum aktualisieren
    ▶︎ Navarro-Valls kam zu seiner dritten These: Johannes Paul II. hat auf eine zuvor unvorstellbare Art das Papsttums aktualisiert.
    ▶︎ Und zwar wieder über die Bilder: Der Papst im Kanu, der Papst spielt Fußball. Bis zum Ende zeigte er sich als Mensch, der mit einer großen inneren Freiheit tut, was er liebt und was er für richtig hält. Er spielt keine Rolle. Er sagt das, von dem er meint, daß es ein Papst heute sagen muß.
    ▶︎ Johannes Paul sagte seinem Sprecher einmal, daß „früher die Leute zum Pfarrer kamen. Aber heute muß der Pfarrer zu den Leuten hingehen.“ Damit habe der Papst nicht ein Faktum anerkennen wollen. Er habe es selbst vorgelebt: Alle sieben Sakramente hat der Papst gespendet, jedes Jahr hat er getauft und Beichte gehört.
    ▶︎ Mit seinen Reisen hat er eine Evangelisierung betrieben, die die Art der Ausübung des päpstlichen Amtes neu gestaltet hat. Er hat an seinem einzigen freien Tag die römischen Pfarreien besucht.
    ▶︎ Mit seinem entschlossenen persönlichen Vorbild hat er gezeigt: Der Papst versucht nicht in einer Kirche in Krise zu überleben. Das Papsttum ist vielmehr das Zentrum, von dem die apostolische Sendung der Christen in die ganze Welt ausstrahlt.
    Die Medien: Risiko
    ▶︎ Diese institutionelle Aktualisierung wird besonders deutlich im Umgang des Papstes mit den Medien. Der Papst ging so persönlich und systematisch auf die Journalisten zu wie keiner seiner Vorgänger. Das fing auf seiner ersten Mexiko-Reise 1979 an. Niemand im Flugzeug, weder Journalisten noch Entourage rechnete damit. Der Papst kam einfach nach vorne und gab Rede und Antwort, in sechs Sprachen. - Als das bei den nächsten Reisen immer häufiger vorkam, versuchten ihn einige Leute seiner Umgebung davon abzubringen: Das Risiko sei doch zu groß bei diesem informellen Austausch. Der Hl. Vater ließ sich nicht beirren und blieb bei dieser radikalen Innovation.
    ▶︎ Solche direkten Treffen mit Journalisten erwiesen sich als ein effizientes Mittel, um mit der öffentlichen Meinung in der ganzen Welt zu kommunizieren. Wir hatten - so Navarro-Valls - es also nicht mit einem Papsttum zu tun, bei dem bei besonderen Gelegenheiten irgend etwas auf Kassette aufgezeichnet wurde, wie bei seinen Vorgängern. Vielmehr ließ sich der Papst auf die Dialektik des modernen Journalismus ein. Er akzeptierte die Regeln, um seine christlichen Werte zu transportieren.
    ▶︎ Ganz ähnlich haben beide Päpste bei ihren Publikationen gehandelt. Bis dahin hatte ein Papst nur lehramtliche Dokumente geschrieben. Johannes Paul II. und Benedikt schrieben auch Bücher, die an Gläubige und Ungläubige gerichtet waren und die man normal in den Buchhandlungen kaufen konnte.
    ▶︎ Navarro zeigte sich besonders berührt von Benedikts Bemerkung im Vorwort von „Jesus von Nazareth“: „Dieses Buch ist in keiner Weise ein lehramtlicher Akt, sondern einzig Ausdruck meines persönlichen Suchens nach dem ´Angesicht des Herrn´ (vgl. Ps 27,8).“
    Noch kein Ende
    ▶︎ Natürlich war mit diesem analytischen Vortrag der Abend noch nicht zu Ende. Ob er denn der einzige in Europa sei, der nichts von den Vorgängen der letzten Wochen gehört habe, wollte ein Ministerialbeamter wissen. Um dann fast flehentlich zu bitten: „Nun sagen sie uns doch bitte, wie wir in unserer Umgebung die Kirche verteidigen können!“
    ▶︎ Navarro antwortete so ernst wie unerwartet: „Beten wir hier wirklich viel für den Papst?“ Zudem gelte: „Es gibt Momente, in denen man mit bestimmten Informationen der Medien kritisch umgehen muß.“ Im übrigen sehe er die Situation nicht so dramatisch.
    ▶︎ Dazu paßte die scheinbar harmloseste Frage des Abends. Der Berliner Publizist Ingo Langner wollte wissen: „In welchem Land versteht man am besten, daß die Katholische Kirche eine Weltkirche ist?“ - Antwort: „Mich haben die Menschen in Guinea-Bissau beeindruckt. Sie gingen davon aus, daß der Papst eine Wirklichkeit vertritt, die sie selbst übersteigt. Die Gemeinschaft der Heiligen dort existiert!“ Der Rest der klugen Antwort ging im allgemeinen Schmunzeln und zustimmenden Lachen unter. Ein Besucher kommentierte: „Ich bin seit fünf Jahren auf vielen Veranstaltungen in Berlin. Nirgendwo kommt man so entspannt auf so hohem Niveau mit Menschen ins Gespräch.“

    #Allemagne #Berlin #Grunewald #Bismarckallee #Bismarckplatz #catholicisme #Opus_Dei #banques #Taxi

  • Laissez venir à eux les petits agneaux, ils les boufferons à Pâques.

    Cent soixante-quinze mineurs, pour la plupart des garçons âgés de 11 à 16 ans, ont été victimes d’agressions sexuelles entre 1941 et 2019 de la part de 33 membres de la congrégation catholique des Légionnaires du Christ, dont le fondateur fut longtemps protégé par le Vatican.
    ...
    En 2016, cette congrégation comptait 963 prêtres et 687 séminaristes ainsi que 121 paroisses. Ses membres sont appelés les « légionnaires du Christ ». Ils ont longtemps été appréciés du Saint-Siège et du pape Jean-Paul II.

    La Légion du Christ œuvre aussi auprès des laïcs dans de nombreux domaines tant sociaux que culturels, ils sont à l’origine de l’organe de presse Zenit.org qui diffuse des informations sur les activités du pape et du Saint-Siège.

    http://www.leparisien.fr/societe/175-mineurs-agresses-sexuellement-par-des-pretres-de-la-congregation-des-

    JP2 à été canonisé le 27 avril 2014 ce qui fait de lui le saint patron et protecteur des pédovioleurs.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Canonisations_des_papes_Jean_XXIII_et_Jean-Paul_II

    Au passage l’article utilise l’euphémisme #abus comme synonyme d’ #agression_sexuelle et #viol
    #culture_du_viol #violophilie #catholicisme #violences_sexuelles #pédocriminalité #amour

  • Environ 45 millions d’euros du denier de Saint-Pierre servirait à équilibrer le budget du Vatican
    Seuls 10% des dons recueillis reviendraient à des causes charitables, selon le Wall Street Journal.

    Tous les 29 juin, les catholiques célèbrent la Solennité des saints Pierre et Paul, en l’honneur du martyre des deux saints. À cette occasion, les diocèses du monde entier organisent une grande quête afin de contribuer au denier de Saint Pierre.

    Le denier de Saint-Pierre est un ensemble de dons que les fidèles catholiques envoient au Vatican afin, selon l’Église, de « soutenir les activités du Saint-Siège, ses œuvres missionnaires, ses initiatives humanitaires et ses actions de promotion sociale ». Plus précisément, l’argent récolté sert à venir en aide aux « diocèses pauvres, instituts religieux démunis, et fidèles confrontés à de graves difficultés », mais aussi à « participer aux frais de fonctionnement » du Saint-Siège.
    À lire aussiLa marketplace d’Amazon, une « bénédiction » pour la communauté juive orthodoxe de Brooklyn

    Mais des officiels anonymes du Vatican se sont inquiétés auprès du Wall Street Journal du fait que les catholiques qui font ces dons pourraient êtres induit·es en erreur, ou du moins entretenu·es dans une certaine ignorance relative à la répartition entre les deux objectifs de l’argent récolté.

    Ce ne seraient en réalité que 10% du denier de Saint-Pierre qui seraient reversés à des causes charitables. Le reste des 50 millions d’euros environ récoltés chaque années servant à équilibrer le budget administratif du Vatican. Une réalité que l’Église évite de mettre en avant.

    Un scandale de plus

    Selon la loi vaticane, le pape a le droit de dépenser ces dons comme bon lui semble. Néanmoins, la nouvelle n’arrive pas au meilleur moment pour le Saint-Siège, dont les finances n’en finissent plus de soulever des questions. En novembre, le pape François avait reconnu un scandale de corruption qui, un mois plus tôt, avait conduit à plusieurs perquisitions.

    Il a aussi été annoncé que René Brülhart, l’avocat Suisse chargé de lutter contre les activités financières et monétaires illégales, ne serait pas reconduit à son poste à la tête de l’Autorité d’information financière (AIF) du Vatican.

    Tout en dénonçant la corruption, le pape avait tout de même tenu à défendre les investissements destinés à faire fructifier les dons annuels : « Quand l’argent arrive, je fais quoi ? Je le mets dans un tiroir ? Non, ce serait de la mauvaise gestion. Je cherche à faire un investissement. » Le Vatican est accusé depuis quelques mois d’être en grave déficit.

    https://www.wsj.com/articles/vatican-uses-donations-for-the-poor-to-plug-its-budget-deficit-11576075764

    #catholicisme #violophilie #pédocriminalité #mafia #banque