• En Seine-Saint-Denis, des sans-papiers se mobilisent pour dénoncer une préfecture inaccessible
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/02/15/en-seine-saint-denis-des-sans-papiers-se-mobilisent-pour-denoncer-une-prefec

    En Seine-Saint-Denis, des sans-papiers se mobilisent pour dénoncer une préfecture inaccessible
    Le dépôt de recours contre l’Etat et une manifestation à Bobigny sont prévus mercredi 16 février. En 2020 et en 2021, le nombre de régularisations a nettement baissé en France, notamment en raison d’une administration saturée.
    D’ordinaire, Amara (certaines personnes n’ont pas souhaité que leur nom de famille apparaisse) rejoint son patron à 8 heures sur le chantier. En ce moment, ils réalisent des travaux de rénovation dans un pavillon de banlieue parisienne. Ce lundi 14 février, ils ont ensemble ragréé le sol de deux chambres et d’une salle de bains. Au fil du temps, Amara a appris à poser le parquet et le carrelage.Cela fait presque six ans que ce Malien de 35 ans vit en France et presque autant qu’il travaille dans le bâtiment. Christophe l’a embauché en CDI en juin 2020. « Il est ultra-travailleur, compétent, courageux », dit-il. Cet artisan voudrait développer sa société, répondre à des marchés publics, mais il est « bloqué ». Pour cause : Amara, son assistant manœuvre, qu’il déclare, n’a pas de papiers. Il répond pourtant aux critères de la régularisation par le travail, listés dans la circulaire ministérielle de 2012 dite « circulaire Valls » : il a plus de cinq ans de présence sur le territoire, au moins 24 feuilles de paie et un CDI. Son problème est qu’il n’arrive pas à obtenir un rendez-vous à la préfecture de Seine-Saint-Denis (département où il réside) pour déposer sa demande de titre de séjour. La prise de rendez-vous en ligne pour les régularisations est inaccessible. « Attention, cette page n’est pas disponible pour le moment ! Elle sera très prochainement remise en ligne », est-il écrit sur le site Internet. Et le « prochainement » jamais ne point.
    Cette situation, Maria (le prénom a été modifié) y est également confrontée. Cette mère célibataire de 40 ans, originaire du Cap-Vert, veut « juste une vie normale ». Depuis six ans, elle est logée par le 115 (le Samusocial), dans une petite chambre d’hôtel à Pantin (Seine-Saint-Denis), avec son fils de 7 ans. Quatre heures par semaine, elle se rend au domicile d’une dame âgée rongée par l’arthrose, qu’elle masse et dont elle change les couches. Elle voudrait être auxiliaire de vie à temps plein. Parce que son fils est scolarisé depuis au moins trois ans et parce qu’elle est en France depuis huit ans, elle est éligible à une régularisation. Mais, à défaut de rendez-vous en préfecture, elle « reste dans [sa] chambre » et « ne peu[t] rien faire ».
    Mercredi 16 février, Maria et une centaine d’autres étrangers sans papiers devaient déposer un recours devant le tribunal administratif pour qu’il enjoigne à l’Etat de leur donner un rendez-vous en urgence. Des contentieux similaires sont prévus ailleurs en Ile-de-France pour dénoncer l’inaccessibilité des préfectures.
    C’est le collectif départemental Livre noir 93 qui est à l’origine de cette action. Fondé il y a dix ans, il réunit des associations telles que la Ligue des droits de l’homme, le Secours catholique ou Réseau éducation sans frontières. Après avoir longtemps combattu les files d’attente physique pour accéder aux guichets des étrangers des préfectures, il combat désormais des files d’attente virtuelles.Rien qu’en Seine-Saint-Denis, près de 2 000 recours ont été déposés depuis octobre 2020, souligne Aurélie Semak, l’une des avocates qui porte ce contentieux. « Le tribunal a prononcé une ordonnance favorable dans 88 % des cas », ajoute-t-elle. Livre noir 93 a aussi lancé un appel à manifester le 16 février devant la préfecture de Bobigny, auquel s’est jointe une large coalition syndicale.
    « Le département a toujours été sous-doté en matière de service public, c’est une catastrophe », souligne Jean-Albert Guidou, de la CGT. En treize ans de permanence syndicale en faveur des travailleurs sans-papiers en Seine-Saint-Denis, M. Guidou dit ne jamais avoir connu un tel niveau de sollicitation. « On a un afflux énorme de salariés dans nos bureaux, pas pour qu’on fasse pression sur leur employeur mais qui ont des dossiers complets et veulent juste un rendez-vous ». Le syndicaliste assure qu’au marché noir, des créneaux trustés par des robots informatiques se monnayent jusqu’à 600 euros.On ignore combien de personnes se trouvent en situation irrégulière en France (les estimations oscillent entre un peu moins de 400 000 et 600 000). Ce que l’on sait, en revanche, c’est que chaque année, et de façon stable depuis l’entrée en vigueur de la circulaire Valls, quelque 30 000 d’entre elles sont régularisées, à bas bruit, au titre de leur vie privée et familiale ou du travail. Depuis deux ans, ce chiffre est en net recul. 27 400 personnes ont été régularisées en 2020 et 23 700 en 2021, soit des baisses de 11 % et de plus de 22 % par rapport à 2019.
    Le ministère de l’intérieur assure qu’il n’y a « aucune consigne » derrière cela, mais rappelle que 2020 a été « une année noire » avec la fermeture des préfectures au public pendant le confinement. 2021 a été consacrée à « rattraper le retard » accumulé et « les services ont privilégié les gens en situation régulière qui renouvelaient leur titre de séjour, pour éviter qu’ils ne se retrouvent en rupture de droits ». Les demandes de régularisation ont donc pâti des effets persistants de la pandémie et d’un manque de moyen constant.« On s’est pris une belle baffe, constate Marilyne Poulain, chargée des travailleurs sans papiers à la CGT. Le Covid avait mis en lumière ces invisibles qui ont contribué à faire tourner le pays. La suite logique aurait été de permettre leur régularisation. En les reniant, l’Etat signe le profond échec d’une politique d’inclusion sociale. »Mme Poulain dit être de plus en plus sollicitée par des employeurs désemparés, à l’image de la DRH du groupe de restauration Nouvelle Garde, Chloé de Legge, qui accompagne un aide cuisinier et un plongeur sénégalais dans leurs démarches de régularisation. « Ce sont des salariés complètement intégrés aux équipes, dit-elle. On compte sur leurs compétences. » L’un d’eux, Makhan, 45 ans, a transmis à Mme de Legge « une cinquantaine de captures d’écran » prouvant qu’il ne parvenait pas à obtenir de rendez-vous en préfecture. Il essaye depuis le mois de juin 2019 de déposer une demande de titre de séjour, d’abord dans le Val-de-Marne puis à Paris. Cela fait neuf ans que Makhan vit et travaille en France.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#regularisation#prefecture#inclusionsociale#famille#vieprivee#economie#invisible

  • Cartes sensibles ou subjectives

    Cartographie sensible ou subjective
    Pour Quentin Lefèvre, la cartographie sensible (ou #cartographie_subjective) peut se définir comme un média de restitution de l’#expérience du territoire ou encore comme la "#spatialisation_sensible de données sensibles".
    http://quentinlefevre.com/cartographie-sensible

    Cartographie sensible, émotions et #imaginaire
    #Elise_Olmedo cerne les contours théoriques et méthodologiques de la cartographie sensible, en décrit les étapes de création et s’interroge sur ses impacts, son utilité et ses limites, à partir d’une expérimentation faite sur le terrain au Maroc, à Marrakech, au printemps 2010.
    http://visionscarto.net/cartographie-sensible

    Cartographier les #interstices de la #ville
    En faisant remonter à la surface les éléments du #paysage, l’artiste scénographe #Mathias_Poisson délivre des informations sur l’#ambiance des lieux, qui sensorialisent la carte. Élise Olmedo rend compte de cette #expérience_urbaine subjective dans ce beau billet.
    http://www.strabic.fr/Mathias-Poisson-Cartographier-les-interstices-de-la-ville

    Cartes et cartographie des ressentis et représentations d’individus
    La cartographie d’objets tels que des #ressentis (une gêne) ou des représentations de l’#espace_vécu (un risque) relatés par des individus mobilise des bagages conceptuels et techniques nombreux, nécessitant une mise au point sémantique et méthodologique. Aurélie Arnaud discute l’état de la recherche dans ce domaine dans la revue M@ppemonde.
    https://journals-openedition-org/mappemonde/4666

    Et si les cartes permettaient aussi d’explorer l’#invisible ?
    C’est ce que propose l’atelier pédagogique de la BNF "Les cartes de l’invisible".
    http://c.bnf.fr/JtG

    L’#Otletosphère
    Cette cartographie relationnelle des personnalités et institutions liées à #Paul_Otlet cherche à mettre en visibilité la forte implication de l’auteur au sein des organisations pacifistes internationales ainsi qu’au sein des institutions bibliographiques et documentaires.
    http://hyperotlet.huma-num.fr/otletosphere/117

    Pour une pratique féministe de la #visualisation de données
    #Donna_Haraway, dans son essai fondateur sur les #savoirs_situés, offre une critique brillante non seulement de la représentation visuelle mais de la préférence extrême et perverse donnée aux yeux sur le corps dans la pensée occidentale.
    http://visionscarto.net/visualisation-donnees-feministe
    #feminisme

    Nouvelles cartographies – Lettres du #Tout-Monde
    Ce projet de création expérimental et ouvert à tou.te.s a été lancé par des artistes et journalistes associés au #Labo_148. Quelle sera la cartographie du monde après la crise sanitaire ? Que redéfinit-elle ? Quelles urgences « à rêver un autre rêve, à inventer d’autres espoirs » s’imposent ? Le “Tout-Monde” selon #Edouard_Glissant, est cette inextricabilité de nos devenirs, et en cela, il invite à une poétique active de la #mondialité, de rencontres des imaginaires. Voir notamment l’expérience de Paul Wamo Taneisi : “Je porterai moi-même ma carte géographique”
    http://www.labo148.com/category/nouvelles-cartographies

    #Cartographies_traverses
    « Cartographies traverses » est un dispositif de recherche-création qui regroupe des productions visuelles et sonores traitant des expériences migratoires contemporaines.
    http://visionscarto.net/cartographies-traverses

    Re-dessiner l’expérience, art, sciences, conditions migratoires
    #Sarah_Mekdjian et #Marie_Moreau utilisent la cartographie avec des migrants "pour un autre partage du sensible". Le projet débouche sur l’élaboration d’une très belle carte sensible (à voir).
    http://www.antiatlas-journal.net

    Cartes de migrants
    L’artiste camerounais #Jean_David_Nkot réalise des portraits avec des cartes afin de "représenter les nombreux lieux qui se bousculent dans la tête des migrants" : https://wepresent.wetransfer.com/story/jean-david-nkot

    Cartes d’ici et d’ailleurs
    Favoriser l’inclusion sociale des personnes migrantes en France à travers des ateliers de #cartographie_participative et sensible (CartONG) : tel est l’objectif global du projet “Cartes d’ici et d’ailleurs”, soutenu par la Fondation de France et mis en oeuvre par #CartONG.
    http://veillecarto2-0.fr/2018/12/21/carte-sensible-un-outil-dinclusion-sociale

    #Guerilla_Cartography
    L’objectif de Guerrilla Cartography est d’utiliser l’#art pour promouvoir une #cartographie_collaborative et engagée. Le site rassemble plusieurs atlas originaux et artistiques sur l’#eau, la #nourriture, les migrants.
    http://www.guerrillacartography.org

    Plateforme Art & Géo de Cartes Sensibles
    Proposé par le polau-pôle des arts urbains et #Crévilles, ce site regroupe des cartes artistiques et géographiques qui rendent compte d’un territoire existant en assumant un regard sensible et/ou subjective. Il est conçu comme un outil de ressource et de partage pour chercheurs, artistes et curieux.
    http://polau.org/pacs

    L’art est dans la cARTe
    #Ghislaine_Escande est artiste peintre et plasticienne. Avec ses cARTes, elle redessine le Monde et nous fait voyager.
    http://neocarto.hypotheses.org/10407

    Carte sensible du festival de #Glastonbury
    Le plan du célèbre festival de musique et d’arts de Glastonbury au Royaume-Uni selon The Word Magazine.

    La carte subjective du musicien #Nick_Cave
    Il s’agit d’une affiche de 2006 pour le concert de Nick Cave à Manchester en Angleterre. Elle contient plus de 50 énigmes basées sur les paroles de ses chansons. Voir cette vidéo qui revient sur le sens de cette carte subjective.
    http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/s/3ypdis

    Médier les récits de vie. Expérimentations de #cartographies_narratives et sensibles
    Article de Sarah Mekdjian et Élise Olmedo paru en 2016 sur le site de M@ppemonde.
    http://mappemonde.mgm.fr/118as2
    #cartographie_narrative

    Cartographier une année de sa vie
    #Nicholas_Felton est un artiste designer qui traduit les données de la vie quotidienne en objets et en expériences significatives. Il est l’auteur de plusieurs rapports annuels qui résument les événements de l’année en cartes et graphiques rendant compte de son expérience subjective.
    http://feltron.com/FAR08.html

    Cartographie du #confinement en période d’épidémie
    L’artiste britannique #Gareth_Fuller (https://fullermaps.com/artworks/quarantine-maps) raconte en 14 cartes l’expérience de survie que représente la #quarantaine. Un grand nombre de cartes décrivant différents vécus en mode confiné sur Citylab (www.citylab.com/life/2020/04/neighborhood-maps-coronavirus-lockdown-stay-at-home-art/610018/). Le confinement en croquis, vu de France : géographie politique, sociale et culturelle du monde post-Covid19 par #Jérôme_Monnet (Cybergéo : https://journals.openedition.org/cybergeo/34804). Une manière de décaler le regard sur le monde peut être d’utiliser (et d’admirer au passage) les très belles oeuvres de #street-art (https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/street-art/coronavirus-tour-du-monde-des-plus-belles-oeuvres-de-street-art-face-a-) produites dans le contexte de la pandémie. #Virginie_Estève a proposé un projet cartographique à ses élèves de 4e : cartographier leur espace vécu de confinement et aborder le paysage sensible depuis leur fenêtre. La preuve que l’on peut continuer à faire de la géographie et travailler à distance, moyennant quelques aménagements ( voir ce Genialy : https://view.genial.ly/5e80c8155ad5150d93dab237/guide-geographie-du-confinement). Julien Dupont (Kobri), professeur d’histoire-géographie en collège à Vaulx-en-Velin et auteur de fictions radiophoniques et cartographiques, a mis en ligne sur son site Kartokobri (https://kartokobri.wordpress.com) ses cartes quotidiennes du confinement. #SCOPIC (http://www.revuesurmesure.fr/issues/battre-aux-rythmes-de-la-ville/explorations-sensibles-de-notre-1km) s’est interrogée sur l’expérience du kilomètre autour de nos habitats. Pour d’autres liens, consulter le billet "Faire de la géographie en période de confinement" (https://cartonumerique.blogspot.com/2020/03/geographie-et-confinement.html).

    Maps of Home
    "Maps of Home" est une vision nostalgique faite des souvenirs de #Janesville dans le #Wisconsin, où l’auteur a grandi et où il a dû revenir à cause de la pandémie.
    http://moriartynaps.org/maps-of-home

    Suivre ses proches en temps de guerre
    Carte dessinée à la main par ma grand-mère pour suivre les mouvements de mes grands-pères pendant la Seconde Guerre mondiale (1943-1945).
    http://www.reddit.com/comments/be814f

    #Nomadways
    Le groupe Nomadways a invité 24 artistes, éducateurs et travailleurs sociaux à découvrir et explorer l’espace à partir de leurs #émotions et à créer leurs propres cartes subjectives dans un but de construction et d’inclusion communautaires.
    http://nomadways.eu/subjective-mapping-2017-france

    Cartographie autochtone, activités extractives et représentations alternatives
    Le réseau #MappingBack a pour objectif de fournir du soutien cartographique aux membres des communautés autochtones luttant contre les industries extractives sur leur territoire. MappingBack cherche à utiliser la cartographie comme un outil de #résistance.
    http://mappingback.org/home_fr
    #peuples_autochtones #extractivisme

    #Native_land, cartographier les voix autochtones
    Le site Native Land, mis sur pied en 2015 par #Victor_Temprano, propose un outil cartographique participatif permettant une conceptualisation décoloniale des Amériques, du #Groenland, de l’#Australie et de la #Nouvelle-Zélande. Lire la présentation du site.
    http://native-land.ca
    #décolonial

    Cartographie et #langues_autochtones
    #Marlena_Myles utilise son art pour célébrer sa culture et sa langue autochtones ainsi que pour aider le public (notamment les enfants) à comprendre l’importance des traditions et de l’histoire orales autochtones. Ses cartes racontent le passé, le présent et l’avenir du peuple et de la langue du #Dakota.
    http://marlenamyl.es/project/dakota-land-map
    #histoire_orale

    Counter Mapping
    #Jim_Enote, agriculteur #zuni traditionnel dans le Colorado (Etats-Unis), collabore avec des artistes pour créer des cartes qui ramènent une voix et une perspective autochtones à la terre. Ces cartes zunis s’inspirent profondément d’expériences partagées de lieux dans une volonté de #réappropriation du territoire par les #Amerindiens.
    http://emergencemagazine.org/story/counter-mapping

    Cartographie personnelle et subjective de #Mary_Jones
    Au cours de ses dérives dans la ville de #Des_Moines, Mary Jones observe les lieux et les habitant⋅e⋅s, fait des photos, remplit des carnets d’#esquisses, prend des notes, enregistre parfois aussi des sons. Une masse de matériaux bruts qu’elle assemble ensuite en images hybrides (#collages, #superpositions, #sampling_visuels) qui composent une sorte de cartographie personnelle, subjective, voire intime de la cité et de ses marges.
    http://aris.papatheodorou.net/une-flaneuse-a-la-derive

    Cartographier les espaces vécus et les émotions (#Drusec)
    La ville telles qu’elle est vécue par les usagè.re.s de drogue marginalisés de #Bordeaux.
    http://drusec.hypotheses.org/1722

    #Queering_the_Map
    Queering the Map est un projet de cartographie généré par la communauté #queer afin de géolocaliser des moments, des souvenirs et des histoires par rapport à leur espace physique. En cartographiant ces moments éphémères, Queering the Map vise à créer une archive vivante d’expériences queer.
    http://queeringthemap.com

    Cartographie subjective des Etats-Unis par #Paul_Steinberg
    Cette série de vues subjectives des Etats-Unis et du monde a été réalisée par Saul Steinberg pour des couvertures anciennes de magazines (The New Yorker ou autres)
    http://saulsteinbergfoundation.org/essay/view-of-the-world-from-9th-avenue

    La cartographie au service des théories platistes
    La théorie de la Terre Plate perdure jusqu’à aujourd’hui. La réalisation de cartes à l’image de la #terre_plate devient un objet de promotion de ces théories.
    http://veillecarto2-0.fr/2020/09/22/la-cartographie-au-service-des-theories-platistes

    Le monde vu de...
    Une série de vues du monde à partir de #New_York, #San_Francisco et différentes villes des Etats-Unis (lire notre article sur le monde vu de la Silicon Valley).
    https://imgur.com/a/XTnSn#0

    Le monde vu par les Anciens
    Cet atlas de #Karl_Müller de 1874 reproduit "les systèmes géographiques des Anciens" et d’une certaine manière la façon dont ces systèmes de représentation de l’#Antiquité étaient eux-mêmes vus au XIXe siècle.
    http://geodata.mit.edu/catalog/princeton-r207tq824

    L’Europe vue de la Russie
    L’Europe vue de Moscou et l’Asie vue d’#Irkoutsk pendant la Guerre froide (1952).
    https://www.reddit.com/r/MapPorn/comments/epdn4c/europe_from_moscowasia_from_irkutsk_time_magazine

    Cartographie et subjectivité chez #Alexander_von_Humboldt
    En scrutant minutieusement les différentes cartes réalisées par Alexander #von_Humboldt, on remarque certaines particularités, des mentions qui, à priori, n’auraient pas lieu de s’y trouver tant elles témoignent de la subjectivité de l’auteur.
    http://visionscarto.net/Humboldt-carto-subjective

    Le monde sens dessus dessous
    Un planisphère renversé montrant la Terre vue depuis l’hémisphère sud (à télécharger en haute résolution). Consulter la page des #projections cartographiques (http://cartonumerique.blogspot.com/p/projections-cartographiques.html) pour accéder à d’autres vues renversantes de la Terre.
    https://www.digitalcommonwealth.org/search/commonwealth:9s161j433

    Cartographie ultrapériphérique, et si on changeait de point de vue
    Une carte des territoires ultramarins vus depuis l’hémisphère sud.
    http://www.une-saison-en-guyane.com/extras/carte/carto-ultraperipherie-si-on-changeait-de-point-de-vue%e2%80%89

    Projections du futur
    Les projections du futur seront probablement centrées sur les océans, comme ces deux cartes du monde en projection Mercator oblique qui représentent les continents tout autour d’un océan unique.
    http://rightbasicbuilding.com/2019/09/09/the-world-maps-of-the-future

    Carte subjective de #Paris en 2050
    Cette carte imagine Paris en 2050, lorsque les effets du #réchauffement_climatique se seront durement faits ressentir... si rien n’est fait. Voir notre article de présentation : https://cartonumerique.blogspot.com/2019/02/carto-subjective-geo-prospective.html
    http://www.deuxdegres.net/projects/paris-2050
    #changement_climatique

    Utiliser des #SIG pour cartographier les #pratiques_spatiales
    Des recherches récentes montrent l’intérêt d’utiliser les données fournies par les #réseaux_sociaux pour les cartographier et mettre en évidence des comportements des individus dans l’espace.
    http://www.gislounge.com/using-gis-to-analyze-peoples-attitudes

    Cartographie collaborative
    L’objectif de ce site est de développer un ensemble d’usages pour aider à la dissémination des pratiques collaboratives en matière de cartographie, que ce soit pour le citoyen ou au sein de structures (associations, collectivités, milieu scolaire).
    http://cartographie-collaborative.eu

    #Mapquote
    Le projet collaboratif Mapquote prend la forme d’une #carte_interactive où chaque utilisateur peut déposer une #citation de #romans où il est question de cartes.
    http://neocarto.hypotheses.org/6502

    L’usage de Google Maps dans « #Netherland »
    Netherland est une belle réflexion désabusée sur les lieux et le déplacement, l’#espace et la #séparation, le fait de pouvoir être physiquement dans un lieu et mentalement dans un autre. Google Maps n’intervient que dans deux courts passages au début et à la fin du livre (source : Spacefiction)
    http://spacefiction.fr/2009/11/01/google-maps-enters-litteraturegoogle-maps-entre-dans-la-litterature

    #Hoodmaps
    Hoodmaps permet de créer des cartes participatives pour éviter les #pièges_à_touristes et fréquenter les quartiers branchés de la ville. La typologie est assez basique, voire un peu réductrice : entre les “hipsters”, les touristes, les étudiants, les “riches”, les “costards” et les “normaux”, mais permet de rapidement identifier les différents quartiers d’une ville.
    http://hoodmaps.com

    Apprendre sur le territoire en représentant son territoire
    Carte sensible élaborée par une classe de 1re ES qui montre la vision de leur lycée. A compléter par l’interview de Sophie Gaujal pour le Café pédagogique : L’approche sensible en cours de géographie, un ingrédient du bonheur ?
    http://hal.archives-ouvertes.fr

    Cartographie ton quartier
    Les cartes postales géocartographiques permettent d’articuler géographie spontanée et géographie raisonnée. Organisé par Sophie Gaujal, en partenariat avec le Café pédagogique, la Cité de l’architecture et l’IGN, le concours Cartographie ton quartier récompense les cartes postales cartographiques réalisées par des classes.
    http://blog.ac-versailles.fr/geophotographie

    Atelier de cartographie sensible (Ehess)
    La plateforme SIG de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, met à disposition des ressources sur la cartographie sensible dans le cadre des ateliers Géomatique et humanités numériques qu’elle organise, notamment sur Gennevilliers.
    http://psig.huma-num.fr/cartes-sensibles

    #Cartes_mentales dans le nord de #Marseille
    Ce billet de #Jérémy_Garniaux relate un atelier « cartes mentales » mené à Marseille, dans les 14, 15 et 16e arrondissements, par une plate-forme culturelle hors-les-murs constituée de cinq structures culturelles du Nord de Marseille.
    http://www.mapper.fr/cartes-mentales-dans-le-nord-de-marseille

    Chicago HomeStories Project
    Le projet est né à #Chicago et commence à se diffuser dans le monde. Il s’agit d’encourager les citoyens par des #marches_civiques à en savoir plus sur leur quartier.
    http://www.nationalgeographic.org/projects/out-of-eden-walk/blogs/lab-talk/2021-04-chicago-homestories-goes-global

    Concours #cartographie_imaginaire
    Cartographier la ville de demain, son quartier dans le futur, son école ou son collège idéal...
    http://www.concourscarto.com/accueil-cci

    Concours de dessin de cartes du monde pour enfants
    Le concours #Barbara_Petchenik est un concours biennal de dessin de carte destiné aux enfants. Il a été créé par l’Association cartographique internationale en 1993 dans le but de promouvoir la représentation créative du monde sous forme graphique par les enfants.
    http://icaci.org/petchenik

    Lignes d’erre - Les cartes de #Fernand_Deligny
    Pendant des années, Deligny a dessiné et fait dessiner des cartes de ce qu’il appelle leurs #lignes_d’erre, soit les trajets « libres » des #enfants sur leur aire de séjour. Il a perçu, par l’observation, que les autistes avaient une autre façon d’être au monde, une autre manière d’incarner l’humain.
    http://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna60/lna60p34.pdf

    La carte sensible de #Boulogne-Billancourt
    Un projet pédagogique conduit par une équipe d’enseignants du lycée J. Prévert de Boulogne-Billancourt avec des classes de Seconde.
    http://www.cafepedagogique.net

    La "carte du Tendre" de #Nantes
    #Gwenaëlle_Imhoff et #Emilie_Arbey, professeures de français et d’histoire géographie au collège Gutenberg de Saint-Herblain ont amené leurs 4èmes à réaliser de nouvelles « Cartes du Tendre » à la manière de Madame de Scudéry pour inventer « une géographie nantaise de l’Amour ». Enjeu de ce travail créatif et collaboratif, visuel et oral : aider les élèves à s’approprier « l’espace urbain proche et pourtant trop souvent lointain ».
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/08/31082020Article637344555283464848.aspx
    http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/lettres/continuite-pedgogique-et-numerique-en-lettres-carte-du-tendre-pr

    Cartographier l’#insécurité au collège
    Professeure d’histoire-géographie au collège Molière de Beaufort en Anjou, #Anaïs_Le_Thiec lance sa classe de 5ème dans une cartographie sensible du collège. Elle les invite à libérer leur parole via une #storymap.
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/10/18102019Article637069844590338061.aspx

    Dans ma ville on traîne
    Visite guidée et habitée par le rappeur #Orelsan, qui propose une description de la ville de #Caen. L’intérêt principal est de rappeler qu’un espace géographique, avant d’être un objet d’étude, reste surtout un lieu de vie que l’on habite. Le rappeur énumère ses souvenirs d’enfant, d’adolescent, d’étudiant. Ce faisant, il raconte SA ville. Il associe chaque action passée au lieu où elle s’est déroulée.
    http://lhistgeobox.blogspot.com/2020/10/dans-ma-ville-on-traine-visite-guidee.html

    Des lieux où l’on exprime ses sentiments
    Carte interactive des lieux où les étudiants ont déclaré avoir pleuré sur le campus de l’université de Waterloo aux Etats-Unis (avec les commentaires). Cela correspondrait-il aux bâtiments de sciences et de mathématiques ?
    http://www.reddit.com/r/dataisbeautiful/comments/l3t3xx/oc_an_interactive_map_of_where_students_have

    Psycho-géographie de la ville de #Gibellina
    Quand les artistes essaient de tromper les algorithmes de télédétection. C’est ce qu’a fait l’artiste #Burri avec une oeuvre d’art gigantesque couvrant les ruines de la vieille ville de Gibellina en Italie (à voir dans Google Maps)
    http://www.archdaily.com/958178/the-psycho-geography-of-the-cretto-di-burri

    Lyon-La Duchère 2030 : imaginer des scénarios prospectifs
    Ces #scénarios prospectifs sont proposés par des élèves de 2nde du Lycée La Martinière-Duchère concernant le projet d’aménagement urbain #Lyon-La Duchère 2030.
    http://canabae.enseigne.ac-lyon.fr/spip/spip.php?article1103

    #Cartographie_sonore du quartier de l’Union (#Lille - #Roubaix - #Tourcoing)
    Réalisé dans le cadre du projet de recherche Géographie et prospective piloté par l’IFE, cette expérimentation pédagogique a permis de découvrir par l’expérience spatiale un projet d’#aménagement_urbain d’envergure (son évolution, ses acteurs et ses enjeux) dans l’environnement proche des élèves, en privilégiant une géographie fondée sur l’expérience du terrain.
    http://ife.ens-lyon.fr/geo-et-prospective/projet/cartographie-sonore-du-quartier-de-lunion

    #Cartophonies
    Comment sonne le monde ? Le site « Cartophonies » a pour objectif d’explorer l’#expérience_sonore contemporaine et d’aider a les prendre en compte dans l’avenir et dans les projets de transformation. Il contribue à construire une connaissance des milieux habités, du vécu des espaces et des ambiances contemporaines, celles du passé proche comme celles du futur.
    http://www.cartophonies.fr
    #son

    Cartes et mise en récit des mobilités
    Dans le cadre d’une recherche doctorale, #Sylvie_Joublot-Ferré étudie les spatialités des adolescents en s’appuyant sur la cartographie de leurs déplacements quotidiens enregistrés sous forme de traces GPS et en analysant ces cartes comme des #récits_de_vie.
    http://www.researchgate.net
    http://www.radiobus.fm/episode/interview-de-sylvie-joublot-ferre-hepl

    Comment les enfants ont perdu le droit de se déplacer
    Carte montrant le territoire pratiqué pendant l’enfance sur quatre générations à #Sheffield.
    http://www.dailymail.co.uk/news/article-462091/How-children-lost-right-roam-generations.html

    Comment les jeunes géographes ressentent-ils le monde contemporain ?
    Un exercice de cartographie sensible proposé à des étudiants de master destinés à s’orienter vers le monde associatif donne un regard sur leurs représentations du monde. Environnement menacé, mobilités généralisées, et questionnements autour de la mondialisation émergent de ces cartes mentales, témoignant des inquiétudes d’une génération.
    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/carte-a-la-une/cartographie-emotions-monde-contemporain

    « Mais madame, je n’y suis jamais allé ! »
    Un #voyage_virtuel à #La_Réunion à travers la confection de #cartes_postales sensibles par des élèves de lycée professionnel. La #géographie_expérientielle ce n’est pas seulement du vécu, ce sont aussi (et surtout) des représentations (article extrait des Cahiers pédagogique, n° 559 "L’aventure de la géographie".
    http://www.cahiers-pedagogiques.com/Mais-madame-je-n-y-suis-jamais-alle

    Tour de la France par deux enfants (G. Bruno)
    Cet ouvrage constitue l’archétype du roman scolaire géographique. Réédité de nombreuses fois depuis sa sortie en 1877, l’ouvrage a connu un énorme succès (plus de 9 millions d’exemplaires), contribuant à façonner une image du territoire national.
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5684551x

    Une géographie subjective à travers les romans d’aventure pour la jeunesse
    Aurélie Gille Comte-Sponville, Modernité et archaïsme des lieux dans les romans d’enquête et d’aventure pour la jeunesse pendant les Trente Glorieuses en France, thèse soutenue en 2016. L’importance des lieux correspond à la quête d’une #utopie de l’enfance éternelle, qui figerait non seulement les héros dans la perfection de leur âge, mais aussi les lieux, dans une forme d’uchronie idéalisée.
    http://www.theses.fr/2016ARTO0008

    Le #Londres des romans de #John_Le_Carré
    #Mike_Hall a été chargé de dessiner pour l’éditeur Penguin Books la carte des personnages, des lieux et des scènes de romans d’espionnage de John Le Carré.
    http://thisismikehall.com/smileyslondon

    La carte de la classe de khâgne
    Cartographie subjective de la classe khâgne par Gus (@ecsolius) : quand un khagneux dresse la carte symbolique d’une année en prépa littéraire
    http://twitter.com/ecsolius/status/1292071140047937536

    La carte des mathématiques
    La carte du "#Mathematistan" représente les rapports ambigus que l’on peut avoir les #mathématiques. Une région souvent inaccessible ?
    http://www.reddit.com/r/math/comments/2av79v/map_of_mathematistan_source_in_comments

    Cartographie de son appartement
    Géographie de mon appartement vu par Thibaut Sardier.
    http://twitter.com/tsardier/status/1326832393655816192

    Cartographie imaginaire du nourrisson
    @LittleBigData suit, en infographies et sur les réseaux sociaux, les tourments et les joies de #jeunes_parents (voir cette présentation). Le résultat est un cartographie imaginaire des premiers mois de la vie d’un enfant. Avec une magnifique carte de la première année extraite de l’ouvrage Le Bébégraphe publié par Claire Dealberto et Jules Grandin aux éditions Les Arènes en 2021.
    http://twitter.com/LittleBigData_/status/1263721598076555265

    Carte des #lieux_communs
    De "l’usine à gaz" au "terrain d’entente", @LaMineComics passe en revue tous nos lieux communs inspirés de métaphores géographiques.
    http://twitter.com/LaMineComics/status/1097068721846321152

    https://cartonumerique.blogspot.com/p/cartes-sensibles.html

    #cartographie_sensible #bibliographie #ressources_pédagogiques

    ping @visionscarto @odilon @reka

  • Covid-19 : le prolétariat dévoilé
    http://www.regards.fr/politique/article/covid-19-le-proletariat-devoile

    En valorisant subitement les travailleurs les plus précarisés, en les exposant plus que les autres au risque sanitaire, la pandémie a provoqué l’implacable retour du réel social et dévoilé la structure de classe de notre société.

    Comme pour toutes les perturbations durables du fonctionnement de l’activité économique et sociale (catastrophes naturelles, crises, guerres, etc.), la pandémie s’est traduite par la visibilisation de l’invisibilisé. Ce que l’idéologie dominante parvient habituellement à masquer s’impose par le simple spectacle du réel. Ce que les médias dominants parviennent classiquement à voiler surgit au premier plan. Le mécanisme de crédibilisation par des « débats écrans » (sur le « communautarisme », le « danger islamisme », les « assistés sociaux parasites », etc.) perd son efficace. Bref, la pandémie fait fonction de révélateur du réel social.


    L’ampleur de la polarisation sociale
    Un premier dévoilement, déjà enclenché avec le mouvement des « Gilets jaunes », a été celui de l’ampleur de la polarisation sociale, que deux images résument : celle des départs vers les résidences secondaires à l’annonce du confinement et celle des travailleurs restés au « front » (caissières, personnels hospitaliers, éboueurs, etc.). Le retour de la faim dans les quartiers populaires a été une autre illustration de cette polarisation qui s’est installée dans la société française du fait des politiques néolibérales de ces quatre dernières décennies.

    Loin du roman d’une société subissant de manière identique un fléau, ce qui est apparu de manière évidente pour une partie majoritaire de notre société est l’inégalité devant le risque de contamination, la vulnérabilité à géométrie variable selon l’appartenance sociale, l’existence de deux pôles sociaux vivant des quotidiennetés matérielles aux antipodes les unes des autres. Le bilan humain de la pandémie sera à cet égard parlant, à la condition qu’il soit établi en prenant en compte les critères du niveau de revenu et du territoire d’habitation. L’exigence d’un tel bilan doit, pour cette raison, être intégrée dans les luttes sociales à venir.

    Sans jamais avoir lu Marx, chacun a pu se rendre compte que l’ « accumulation des richesses à un pôle (…), c’est égale accumulation de pauvreté (…) au pôle opposé » (Le Capital, livre premier). Tous ceux qui ne sont pas entièrement déconnectés des quartiers populaires peuvent constater l’ampleur de la colère sociale qui s’exprime – non pas du fait de la misère et de la précarité (qui étaient antérieures à la pandémie), mais en raison de la conscientisation de la polarisation sociale. Le spectacle médiatique de ceux qui trouvaient des vertus au confinement (par réinvestissement de la sphère familiale, retour sur soi, pratique du sport, de la cuisine ou du jardinage, etc.) et les tentatives idéologiques des grands médias visant à l’« esthétiser » ont encore plus accentué cette conscience d’une société polarisée. Les habitants des HLM surpeuplés et plus largement des logements populaires urbains, pour qui le confinement était invivable, se sont trouvés devant l’image indéniable d’une profonde dualité sociale.

    L’utilité sociale des emplois négligés
    Le second dévoilement, inédit cette fois depuis plusieurs décennies, fut l’inversion de l’ordre de valorisation des différents types d’emploi dans notre société. Contrainte de répondre à l’urgence sur le plan sanitaire et soucieuse de faire fonctionner l’économie pour préserver le plus possible ses profits, la classe dominante ne pouvait pas ne pas modifier son discours de légitimation. Infirmières, éboueurs ou travailleurs de l’industrie furent ainsi pragmatiquement mis à l’honneur. Alors que, depuis le tournant néolibéral de la décennie 80, le sommet de l’échelle de la valorisation sociale s’exprimait par les termes de « gagnant », de « start-uppeur », de « premier de cordée », d’« entrepreneurs », etc., ce furent les emplois habituellement négligés qui démontrèrent par les faits leur utilité sociale, leur caractère économiquement incontournable et vital pour l’ensemble du fonctionnement social. Ce qui se dévoile ainsi, c’est la base matérielle de la structure sociale. Ce qui devient indéniable, c’est l’existence contemporaine d’un « prolétariat » que des décennies de luttes idéologiques ont tenté d’occulter au prétexte des mutations réelles des différentes classes sociales.

    Sans jamais avoir lu Karl Marx, chacun a pu constater l’existence d’un prolétariat, c’est-à-dire d’une « classe des travailleurs salariés modernes qui, ne possédant pas en propre leurs moyens de production, sont réduits à vendre leur force de travail pour vivre » (Friedrich Engels, note du Manifeste du parti communiste, 1888). Les salariés qui ont été contraints de continuer à travailler et à prendre les transports en commun – y compris ceux des secteurs « non vitaux » ou sans que les conditions de protection ne soient réunies – n’avaient pas moins peur que les autres. Ceux qui étaient confinés et espéraient, du fait de la dégradation brusque de leur revenu, une reprise rapide du travail – même avec des protections insuffisantes – n’étaient pas des inconscients et des irresponsables. Ils étaient simplement contraints de « vendre leur force de travail pour vivre ». Seule la réduction idéologique de la notion de « prolétariat » aux travailleurs de l’industrie ou aux travailleurs surexploités avait pu banaliser l’idée d’une disparition du « prolétariat ». L’expérience de la pandémie contribue à déchirer ce voile déformant.

    La visibilisation soudaine de ce prolétariat fait apparaître au grand jour son statut social, c’est-à-dire ses niveaux de revenu et ses conditions de travail. C’est ainsi la dégradation ininterrompue de ce statut depuis le tournant néolibéral – en d’autres termes, l’accélération des processus de précarisation, de paupérisation et de flexibilisation de la condition salariale subalterne – qui surgit sur le devant de la scène. La centration sur les personnels de santé liée à l’urgence sanitaire a mis en exergue qu’aucun secteur n’était épargné par cette dégradation continue. Non seulement le prolétariat s’est imposé comme réalité incontestable, mais la tendance à sa transformation en précariat généralisé également. La réapparition de la faim dans les quartiers populaires situe le pôle extrême de ce précariat constitué par tous ceux contraints au travail informel (celui couramment mal nommé « travail au noir »), à l’intérim ou aux CDD à répétition. Pour eux, la baisse de revenu fut immédiate et sans filet. Pour eux, la pandémie fut synonyme de restrictions alimentaires.

    Les travailleurs pour ce qu’ils sont
    Le troisième dévoilement réalisé par l’épreuve de la pandémie et du confinement fut la mise en évidence du caractère coloré et sexué de ce prolétariat en voie de précarisation généralisée. Tout en étant peu mis en exergue par les commentaires journalistiques, la féminisation des emplois les plus précaires a ainsi été exposée quotidiennement. #Caissières, #aides-soignantes, #infirmières, etc. : ces emplois avaient tendance à être idéologiquement construits comme naturellement « féminins », alors qu’ils ne le sont que par assignation discriminante.

    Le même dévoilement s’est opéré à propos de la « race » visibilisant l’assignation des immigrés et de leurs héritiers français dans ces secteurs brusquement considérés comme absolument vitaux et qui sont, comme pour les « emplois féminins », caractérisés par la précarité, les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail. Alors que ces salariés étaient absents des écrans et des discours, les reportages sur les éboueurs, les chauffeurs ou les ouvriers du bâtiment les ont fait apparaître pour ce qu’ils sont : des travailleurs assignés aux segments les plus surexploités du marché du travail.

    Ceux qui n’apparaissaient médiatiquement que sous des figures stigmatisantes (à l’occasion de reportages sur « la crise des banlieues », sur le « communautarisme », sur « l’islamisme », etc.) ont pour une fois eu un autre visage. Même les sans-papiers ont vu – certes de manière marginale et peu relayée médiatiquement – leur image se transformer par les demandes émanant de grosses exploitations agricoles en faveur d’une autorisation exceptionnelle pour les employer. Ce que rend ainsi visible la pandémie est l’ampleur de la segmentation sexiste et raciste du marché du travail. Le sexe et la « race » apparaissent comme des modes de gestion du rapport de classes.

    Une conscience plus aiguë
    Le quatrième dévoilement porte sur l’autre extrémité de la polarisation sociale, celle de la classe dominante. Les premières mesures économiques du gouvernement ont été prises en sa faveur. Alors que se succédaient les plans d’aide sectoriels, aucune mesure significative d’allégement n’a été prise pour les salariés. Le gel des loyers et des charges n’a jamais été envisagé, alors même que le confinement faisait baisser drastiquement les revenus des plus précaires. Le « plan d’urgence économique » voté le 23 avril prévoit 900 millions d’euros pour les ménages touchant le RSA, 4 milliards pour les primes des personnels soignants et 20 milliards pour la recapitalisation des grandes entreprises publiques. Aucune contrepartie à ces nouvelles aides aux entreprises n’est prévue : ni le gel de la distribution des dividendes, ni la fixation de conditions de maintien de l’emploi. En somme, la logique qui s’exprime reste la logique néolibérale résumée dans la formule « socialisation des pertes et privatisation des bénéfices ». L’État assure bien une fonction de redistribution, mais du bas vers le haut. Un ruissellement à l’envers, en quelque sorte.

    Les quatre dévoilements rapidement décrits ci-dessus dessinent le visage de la société française contemporaine : une société fortement polarisée socialement ; segmentée selon, entre autres, des critères sexistes et racistes ; comprenant un pôle marqué par le précariat absolu ; inscrite dans une tendance au déclassement généralisé ; et gérant les impacts économiques de la pandémie par une redistribution vers le haut. Les classes populaires, tous segments confondus, sortent également de cette expérience douloureuse avec une conscience plus aiguë de ces réalités habituellement déformées par l’idéologie dominante. Plus que jamais, la lutte des classes – dans les formes multiples qu’elle peut prendre – est une réalité prégnante. L’issue de l’étape actuelle de cette lutte, c’est-à-dire celle de la question « Qui paiera l’impact économique de la pandémie ? », sera fonction de notre capacité collective à forger un « nous » incluant les différents segments des classes populaires et prenant comme centralité les plus paupérisés, les plus précaires, les plus discriminés.

    Saïd Bouamama

     #saïd_bouamama à propos des #déplorables #Social #pauvreté #précarisation #médias #ruissellement #Gilets_jaunes #travail #pandémie #invisibles

  • Documenter la douleur des autres : #souvenirs, #identités et #appartenance dans les imaginaires diasporiques des #Teochew

    La #mémoire_traumatique est un héritage avec lequel les descendants des #rescapés du #génocide_cambodgien doivent négocier pour trouver leur place dans une #histoire rompue, celle de leurs parents, et en France, pays où ils sont nés. Pour certains d’entre eux, l’#art et la #littérature sont un moyen de réparer les #blessures.

    La #migration s’accompagne invariablement d’une expérience de bouleversement, mais les circonstances du déplacement des #réfugiés du Cambodge – dont un nombre important de Chinois originaires du sud de la #Chine, les Teochew – équivaut à une réelle rupture. Le génocide mené par les #Khmers_rouges qui a anéanti près d’un quart de la population a laissé une génération dépourvue d’anciens et une fracture qui n’a pas été refermée quatre décennies plus tard. Pour les #réfugiés_cambodgiens, cette #séparation forcée est accentuée par l’apparente permanence de l’#exil. Comme pour tous les réfugiés et survivants cambodgiens, cette expérience du génocide est au cœur de la #mémoire_diasporique des Teochew, une mémoire déjà compliquée par l’histoire de #déplacements répétés (de la Chine au Cambodge et du Cambodge à la #France) et par un rapport ambivalent non seulement envers le Cambodge et son passé génocidaire mais aussi envers la Chine qui est restée silencieuse face à la persécution de ses diasporas.

    Comme mes recherches l’ont montré, ces histoires sont largement cryptées dans le #silence qui hante les familles de réfugiés, projetant les ombres du passé génocidaire à travers les générations. Les réflexions sur le travail de mémoire sino-cambodgien éclairent la relation entre lieux – de vie et d’appartenance –, mémoire et identité diasporique. Elles éclairent les conditions qui facilitent ou entravent la #transmission_intergénérationnelle ainsi que les luttes des générations post-réfugiées – celles qui n’ont pas vécu les #traumatismes mais qui sont néanmoins hantées par eux – pour récupérer cette histoire, et, à travers elle, leur place et leur appartenance à de multiples espaces de connexion.

    Ce texte fait référence aux prises de paroles de descendants de réfugiés cambodgiens (Jenny Teng, Mathieu Pheng et Lana Chhor) lors de la conférence « Générations Post-refugié.e.s » organisée à Sciences Po en décembre 2018. L’analyse de leur parole démontre à quel point le silence autour de la mémoire du génocide des Khmers rouges est un élément constitutif des identités des descendants nés et éduqués en France.

    Les générations post-génocide face au silence

    Dans ses réflexions sur le silence « post-génocide », Jenny Teng, cinéaste française d’origine cambodgienne Teochew, souligne qu’il existe « une culture du récit, de l’histoire, de la transmission des mots, qui est fondatrice de la diaspora et la culture juive » qu’on ne retrouve pas chez les Sino-cambodgiens, ce qui rend le témoignage encore plus difficile. Liant le silence à la honte et la culpabilité des survivants face à de telles violences et de telles pertes, elle note : « Les témoignages viennent ouvrir quelque chose qui était très secret. Et c’est peut-être parce que, dans ce secret, il y a une forme de culpabilité et une honte que ces enfants, que cette deuxième génération porte depuis l’enfance. » Pour Lana Chhor, auteure d’origine sino-cambodgienne, le silence engendre des effets dévastateurs non seulement « pour celui qui porte le silence mais aussi pour ceux à qui il est imposé. » Soulignant l’effet du silence qui, de manière simultanée, lie et fracture, elle compare la famille enveloppée par le silence à une « prison » où « chacun [se trouve] dans des cellules individuelles ». Les générations suivantes se retrouvent ainsi sans les outils nécessaires pour reconstruire et comprendre ces histoires et ces récits non seulement au sens linguistique mais aussi culturel et expérientiel. Comme le note Lana Chhor, « il est douloureux de grandir dans le silence car les mêmes questions reviennent, mais toujours sans réponses. »

    « Quelle place on donne aux disparus, aux défunts qui n’ont pas reçu de sépultures ? Les survivants ont en mémoire et au quotidien gardé une place, quelle est cette place ? »

    #Jenny_Teng, cinéaste et chercheure

    Le credo républicain de l’assimilation en France ne laisse pas de place à la pluralité des histoires, ce qui invisibilise non seulement les histoires des communautés diasporiques en France mais aussi les enchevêtrements de ces histoires avec l’histoire coloniale et post-coloniale de la France. Cet effacement permet à la France de ne considérer les réfugiés que comme des personnes à sauver et les politiques d’asile comme une action humanitariste plutôt que comme une responsabilité. Pour beaucoup, comme l’exprime Jenny Teng, le vide créé par l’inconnu et le non reconnu provoque un questionnement existentiel : « où se sent-on chez soi, physiquement, symboliquement ? » Pour les générations post-réfugiées, historiciser leur identité est donc un moyen d’affirmer leur humanité et individualité (personhood) et, comme le dit Lana Chhor, « d’enlever les étiquettes que la société nous met malgré nous ». En récupérant ces histoires enfouies et désavouées, ils récupèrent un lien avec un passé, et à travers ce passé une place dans le présent – au Cambodge, en Chine, en France – et une identité collective qui s’oppose à l’invisibilisation, à l’altérité, et à un « entre-deux » qui signifie essentiellement être à l’extérieur.
    Les générations post-génocide face à la mémoire

    Comme pour d’autres histoires traumatiques, avec le passage des générations, les questions de transmission et de conservation de la mémoire acquièrent une certaine urgence. Écrivant sur la transmission de la « tutelle de l’Holocauste », l’écrivaine Eva Hoffman décrit la deuxième génération comme « la génération charnière dans laquelle les connaissances reçues et transférées des événements sont transformées en histoire ou en mythe1. Comment les générations « postmémoire », ainsi que les appelle une autre écrivaine, Marianne Hirsch, reçoivent-elles et négocient-elles ces « expériences puissantes, souvent traumatisantes, qui ont précédé leur naissance mais qui leur ont pourtant été si profondément transmises qu’elles semblent constituer des souvenirs pleins ? » Comment raconter et aborder la « douleur des autres sans se l’approprier » comme la philosophe Susan Sontag l’a si bien décrit ? Et comment faire cela avec seulement des fragments de souvenirs, glanés ici et là, et à distance depuis son perchoir générationnel ? Quelles sont, le cas échéant, les négociations entre éthique et esthétique de la mémoire ?

    « Le credo républicain de l’assimilation en France ne laisse pas de place à la pluralité des histoires, ce qui invisibilise non seulement les histoires des communautés diasporiques en France mais aussi les enchevêtrements de ces histoires avec l’histoire coloniale et post-coloniale de la France. »

    Khatharya Um

    Significativement, à partir de leur « proximité distanciée », les générations post-réfugiées peuvent s’engager dans cette histoire traumatisante d’une manière impossible pour les survivants de la première génération. Les « entre-deux » spatiaux, temporels et générationnels, des lieux que #Mathieu_Pheng, documentariste d’origine franco-cambodgienne, décrit comme « les endroits où ça frictionne » – ne sont pas seulement des espaces de tension mais aussi de possibilité, où la distance générationnelle offre de nouvelles perspectives, un sentiment d’urgence renouvelé, où le créatif et le critique peuvent émerger des ruines de la guerre, du génocide et de l’exil. Pour Jenny Teng, qui centre ses œuvres sur cette notion d’« entre », la création est un pont entre le passé et le présent, et la caméra une fenêtre vers un passé douloureux qui « permet à la personne qui témoigne, de se constituer en témoin dans le sens premier, c’est-à-dire qu’elle va dire ce qu’elle a vu, ce qu’elle a connu pour l’inscrire dans l’histoire. Le documentaire a cette force-là, qui est de sortir du cercle familial et de l’affect, peut-être trop chargé, pour s’adresser à la fenêtre qu’ouvre la caméra. » Les documentaires offrent également une opportunité de dialogue intergénérationnel et de co-création qu’elle considère comme ouvrant la voie « pour sortir du tabou familial » même si cela prend du temps.

    Si l’art et l’écriture ont leur rôle dans la promotion des liens intergénérationnels et de la guérison, ils ne peuvent ni consoler ni restaurer les pertes subies par les réfugiés. Pour Jenny Teng, la possibilité offerte par la création artistique n’est pas forcément la récupération, qu’elle juge impossible, mais un moyen de « permettre à la solitude d’être un petit peu apaisée… Donc c’est vraiment consoler la souffrance de la souffrance, pas la souffrance en elle-même. » Également investie dans la potentialité réparatrice de l’art, Lana Chhor voit les mots comme aidant à suturer le vide et la blessure engendrés par le silence spectral de l’histoire : « Autant qu’ils peuvent blesser, je suis intimement convaincue que les mots peuvent réparer. »

    http://icmigrations.fr/2020/11/18/defacto-023-03

    #diaspora #douleur #mémoire #Cambodge #génocide

  • Thierry Fournier | La Main invisible

    https://www.thierryfournier.net/la-main-invisible

    La Main invisible

    Série d’#images numériques, impressions fine art sur dibond, dimensions variables, 2020
    Créées à partir de photographies et avec l’aimable autorisation de NnoMan, Amaury Cornu, Benoît Durand, Anne Paq, Julien Pitinome, Kiran Ridley et Charly Triballeau, de 2016 à 2020

    La Main invisible transforme des photographies qui témoignent de #violences_policières, en effaçant intégralement les policiers de l’image. En soulevant la question de la censure et en faisant mine de s’y soumettre, l’image ne montre plus que les personnes subissant un assaut, mené par un vide spectral qui n’a plus ni corps ni visage. Le terme de “main invisible” est un des concepts historiques du libéralisme, qui postule que la somme spontanée des actions du marché conduirait au bien commun.

    Je remercie très chaleureusement les photographes pour leur confiance et leur concours.

  • « La pandémie de Covid-19 va renforcer les disparités raciales et ethniques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/19/la-pandemie-de-covid-19-va-renforcer-les-disparites-raciales-et-ethniques_60

    La pandémie de Covid-19 accroît les inégalités face à la mort de façon abyssale. L’Insee montre qu’en France, entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020, les décès des personnes nées en Afrique du Nord ont crû de 54 %, et de 91 % pour celles nées en Asie. Pour les personnes nées en Afrique subsaharienne, l’augmentation atteint 114 % ! Dans le même temps, les décès ont augmenté de 22 % pour les personnes nées en France, ce qui est proche de la surmortalité observée pour celles originaires du continent américain, des autres pays européens ou d’Océanie. On pourrait penser que la population issue d’Afrique et d’Asie est plus touchée parce que plus âgée. Ce n’est clairement pas le cas : elle est plus jeune que la moyenne nationale. En réalité, les décès ont augmenté de 96 % pour les personnes de moins de 65 ans nées en Afrique subsaharienne, alors qu’ils ont augmenté de seulement 3 % pour celles nées en France appartenant à la même classe d’âge. Parmi les facteurs qui ont accru la mortalité des personnes originaires d’Afrique ou d’Asie, l’Insee souligne leur concentration dans des zones densément peuplées comme l’Ile-de-France, l’occupation de logements exigus, l’utilisation plus fréquente des transports en commun et l’exercice de professions incompatibles avec le télétravail, comme les métiers d’aide-soignant, de livreur ou d’agent de nettoyage. En tout état de cause, la précarité économique des personnes nées en Afrique et en Asie est la principale raison de cette surmortalité. Elles payent le plus lourd tribut alors qu’elles jouent un rôle-clé dans le maintien à flot de l’économie française en cette période de crise. Il est probable qu’un même phénomène affecte aussi les immigrés de deuxième et troisième générations, issus des mêmes zones géographiques, et plus largement l’ensemble des minorités visibles.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#surmortalite#inegalite#minorite#invisible#economie

  • #Covid-19 : la vague des invisibles
    https://joellepalmieri.org/2020/06/29/covid-19-la-vague-des-invisibles

    Je n’écris pas souvent à la première personne sur ce blog. Je n’évoque pas davantage des « problèmes personnels » auxquels je pourrais être confrontée. Ma situation de femme sexagénaire malade en milieu rural dans un contexte épidémique m’invite aujourd’hui à le faire. Car enfin, quels sont les impacts de la gestion française du Covid-19 sur ma … Lire la suite →

    #Humeurs #Domination #Economie #Racisme #Santé


    https://0.gravatar.com/avatar/9756ba41fe8333157071419a20733f4a?s=96&d=https%3A%2F%2F0.gravatar.com%2Fa

    • Le déconfinement a en revanche apporté des changements de comportement plutôt nuisibles : augmentation des beuveries improvisées, du niveau sonore, de l’appropriation de l’espace public (voies, trottoirs, jeux de boule, stades…) à des fins privées, des agressions au moins verbales sinon physiques, ce qui produit une surestimation/avalanche des peurs.

      Le déni du trauma, l’absence de perspectives dans le temps et les agressions personnelles alimentent l’invisible : ce qui est non dit ou non vu. La peur, omniprésente, n’est pas incarnée : des bombes ne pleuvent pas, la majorité n’est pas enfermée à double tour dans des cellules surveillées par des matons… Seules peut-être les violences policières, les expressions du racisme, pourraient faire office d’incarnation mais leurs contestations sont-elles liées (organiser le lien) à la pandémie ?

      Au fond, chacun.e gère seul.e et au coup par coup la situation qu’il.elle vit. J’assiste impuissante à une autogestion privée d’une crise pourtant publique. Cette autogestion connaît sa part d’invisibilité : les impacts de l’épidémie avant, pendant et après, sont différents pour les femmes et pour les hommes. Or les mesures politiques de l’État ou des associations aux niveaux local ou national restent majoritairement aveugles à cette disparité. Les femmes, et en particulier les femmes racisées (caissières, femmes de ménage, aides-soignantes… mais aussi mères de famille), sont plus objets de violences et d’agressions, sont plus sujettes à des troubles psychiatriques (dépressions, pensées suicidaires, bouffées délirantes ou troubles anxieux sévères inexistants auparavant)[1]. Un retour au point mort sans aucune analyse des impacts de genre de la crise sanitaire leur est demandé. Ce retour « à la normale » équivaut à un retour aux inégalités, sinon à leur renforcement. La servitude associée au rôle social des femmes – éducation, santé, nutrition – (le « service » associé au « sale » dirait Geneviève Fraisse[2]), la gestion des maux des autres, en plus du télétravail ou de conditions de travail dégradées, passent une nouvelle fois à la trappe. Ce qui est gentiment nommé « la charge sociale » cache le déni de la maladie, les troubles psy, le dégoût, le désespoir. Qui s’en soucie vraiment ?

      Au moins pour @antonin1 & @colporteur.
      Merci pour vos interventions.
      Prenons soin de nous.

      #soin #déconfinement #invisibles

  • After coronavirus, black and brown people must be at the heart of Britain’s story | Afua Hirsch | Opinion | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/may/07/coronavirus-black-brown-people-britain-ethnic-minorities
    https://i.guim.co.uk/img/media/ae89105fc48c9be5a5ed542078d3e1fdb9b40535/0_66_4039_2424/master/4039.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    But there was one fundamental problem. The millions of Africans, Asians and other people who came to be regarded as “ethnic minorities” (though they weren’t a minority in the empire) – and who made both this wartime victory, and the new welfare state institutions possible – were not part of the story. And what followed shows that when you exclude people from the narrative, they become excluded in real life. The idea of being entitled to a share in Britishness, and its national wealth, erased the contribution of black, Asian and ethnic minority people. And, over the decades that followed, the breakdown of the social contract – as the state remorselessly cut back its spending and stopped fulfilling its side of the bargain – was blamed on the presence of those visible, allegedly unentitled “outsiders”.
    It’s beyond ironic that black and Asian people in Britain underpinned the creation of the institutions that so often define Britishness, not least the NHS. Yet that same postwar era also laid the foundations for the inadequate access to healthcare, housing and secure labour that must be part of the reason why minorities are so disproportionately affected by today’s coronavirus crisis.

    #Covid-19#migrant#migration#diaspora#minorités#GrandeBretagne#NHS#invisibles#santé-nationale#crise-sanitaire

  • Milan, épicentre de la pandémie de Covid-19. #Minuit c’est l’heure où les invisibles deviennent visibles. Le métro désert, à part quelques dizaines de jeunes et de moins jeunes livreurs qui rentrent chez eux. C’est ça, le confinement à deux vitesses. C’est ça, le #digital_labor.


    https://twitter.com/AntonioCasilli/status/1250133061280333827
    #Milan #travail #métro #coronavirus #covid-19 #livreurs #uber #confinement_à_deux_vitesses #confinés #non-confinés #livraisons #vidéo #Italie #visibilité #in/visibilité #invisibles

    Avec ce commentaire de Alexis Kauffmann :

    Incroyable image ! Les rats dans les caves qui nourrissent les chats qui chantent au balcon.

  • Métropole de Lille : près de 3000 sans-abris recensés, dont 680 enfants Quentin Vasseur - 24 Décembre 2019 - France 3

    Invisibles ou presque, les personnes sans-abri sont pourtant nombreuses dans la métropole lilloise. Dans un rapport paru fin novembre https://www.adu-lille-metropole.org/wp-content/uploads/2019/11/SansAbrisme_web.pdf , la MEL fait le triste compte du nombre de personnes vivant à la rue, en campement ou en squat : celui-ci s’établirait à 2830 personnes, parmi lesquelles 686 enfants, et même 51 enfants en bas âge.

    Ce calcul s’établit sur la base des 2281 personnes déjà recensées par le SI-SIAO, la base de données des services intégrés d’accueil et d’orientation. À ce chiffre doivent s’ajouter « d’autres personnes connues des associations et ne figurant pas dans le SI-SIAO », parmi lesquelles une quarantaine de ménages non-connus des maraudes, un peu plus de 80 jeunes migrants, et 430 personnes de culture roms présentes en campement ou en squat.
     

    Parmi les 686 enfants dénombrés dans ce compte, on en trouve de tous les âges :
    • 51 enfants âgés de moins d’un an
    • 200 enfants âgés d’un à quatre ans
    • 195 enfants âgés de cinq à neuf ans
    • 151 enfants âgés de 10 à 14 ans
    • 89 mineurs âgés de 15 à 17

    L’étude de la MEL révèle également une disparité dans les situations familiales : 62% des sans-abris sont des hommes isolées, 13% des femmes seules et 19% des familles.
    . . . . . . . .
    La suite : https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/infographies-metropole-lille-pres-3000-abris-recenses-d

    #invisibles #SDF #enfants #Lille #France #ps #roms #sans-abri #pauvreté #sans-abris #hébergement #guerre_aux_pauvres #Invisibles

  • « L’État punitif remplace progressivement l’État Social » (Didier Fassin, L’Humanité, 16.05.19)
    https://www.humanite.fr/letat-punitif-remplace-progressivement-letat-social-672159

    L’usage excessif de la force contre un #mouvement_social est toujours un signe de faiblesse du #pouvoir, et l’#autoritarisme déployé par le gouvernement témoigne d’une perte d’autorité, laquelle suppose l’exercice de la volonté sans exercice de la #violence.
    […] Mais la dynamique a été enclenchée bien avant, en particulier avec la déclaration de l’#état_d’urgence en 2015 et le vote d’un texte introduisant les principales mesures de l’état d’urgence dans la loi ordinaire en 2017.
    […] Il y a le maintien de l’ordre lors de manifestations, comme ce à quoi on assiste tous les samedis depuis novembre dernier. Une version plus dure encore s’exprime dans la #répression de désordres qui éclatent après la mort d’une ou plusieurs personnes lors d’interactions avec la #police. Et il y a les activités dites de #sécurité_publique, qui visent essentiellement les #quartiers_populaires et leurs habitants, sur leur lieu de résidence aussi bien que dans les lieux publics, notamment les gares, sur la base d’un #profilage_racial. Elles consistent en une pression quasi quotidienne par des contrôles d’identité et de fouilles au corps, s’accompagnant de formes diverses d’#humiliation, brimades, menaces, parfois de sévices et d’interpellations.
    Alors que le maintien de l’ordre est spectaculaire et abondamment commenté dans les médias, les activités de sécurité publique demeurent presque #invisibles et rarement dénoncées, hormis lorsqu’un accident grave survient.

  • Une France qui se tient sage

    Aveugles et hostiles à l’intelligence d’un mouvement qui retourne contre le néo-pouvoir les #valeurs qu’on lui inculque (#disruption, #mobilité, #agilité) et qui renvoie la #police à sa #violence archaïque (#blindés, #voltigeurs et #police_montée), les médias auront été les meilleurs #chiens_de_garde du #pouvoir et de la police, mais aussi les révélateurs du mépris des #élites et des journalistes pour les gilets jaunes, ces ploucs défavorisés : Cnews invitant #Patrick_Sébastien qui connaît ces gens-là, Le Monde les traitant d’« #invisibles » (mais aux yeux de qui ?), des philosophes contrits qui auraient préféré voir surgir un autre #peuple, plus jeune et plus mixte, congédiant ce peuple-ci comme beauf et FN. Et tous ces #experts nous expliquant que la #révolte a lieu grâce au changement d’#algorithme de #Facebook accentuant le rôle des « groupes », comme si les gens n’étaient pas capables de s’assembler tout seuls, et qu’il fallait bien une intelligence supérieure pour les sortir de leur bêtise. Merci M. Zuckerberg d’illuminer nos campagnes. Or le #mouvement est d’abord un mouvement de #rond-point, de #proximité et de #rencontres, qui provoque une extraordinaire redistribution des rôles.

    Le récit raconté par les médias était répugnant. La #TV s’est encore une fois ridiculisée face à #Internet. D’un côté cette image terrifiante présentée comme sécurisante au JT de 20 h, le 15 décembre, de manifestants devant l’Opéra qu’on empêche de rejoindre les Champs sous l’œil de la police montée prête à charger. De l’autre la profusion sauvage des « vidéos de #violences_policières », qui à force deviennent un genre en soi. Au Burger King à Paris, une femme est matraquée au sol, à Biarritz, en marge de tout mouvement de foule, une autre est frappée au visage par un tir de flash-ball. D’abord on empêche de manifester, puis on parque dans une fan zone, ensuite on gaze, et la semaine suivante on interdit les casques, masques et lunettes, indices de « radicalisation ». Des #CRS caparaçonnés en Robocop visent la tête nue de gilets jaunes auxquels on retire le droit de se protéger. Résultat : 170 personnes à l’hôpital à Paris le 8 décembre. 24 plaintes de photographes et journalistes. #Intimidation totale des manifestants. Et la honte : Paris se refermant sur lui-même comme un château-fort face aux hordes de manants.

    Les médias n’agissent pas que par obéissance, mais par perplexité et bêtise, parce qu’il leur manque une case : la case politique. Habitués à commenter des stratégies électorales, ils ne comprennent pas quand émerge un #fait_politique, ils ne le voient pas. Ils répètent que le mouvement n’est pas politique (alors qu’il n’est pas partisan, ce n’est pas la même chose). À la place, on le moralise (la violence, c’est mal !), on le judiciarise. On le scinde : les bons manifestants (qui se tiennent sages) et les mauvais (qui cassent). On parle de casseurs en mélangeant les pilleurs qui en profitent et les manifestants en colère qui se demandent jusqu’où ils sont prêts à aller. Pire encore : on militarise le conflit. Les médias ont parlé de scènes de guerre (quand parfois brûlaient juste une poubelle et un sapin de Noël), fantasmé la guerre civile, épouvantail agité par un État irresponsable qui comptait bien monter les uns contre les autres (« il va y avoir des morts ! »). La police a sorti les chiens, joué aux cow-boys avec ses LBD40, des flash-balls augmentés. Un quart de Paris a été transformé en ville morte, 46 stations de métro fermées le 15 décembre. Il fallait y être pour voir les gilets jaunes transformés en âmes errantes cherchant un endroit où se retrouver. Et on s’étonne de la colère du peuple alors qu’on le traite en ennemi ?

    Le contrechamp logique est la vidéo inouïe des lycéens de Saint-Exupéry à #Mantes-la-Jolie, qui dit l’ambition de ce pouvoir de plus en plus autoritaire. Une France qui se tient sage comme une image. La #banlieue ressemblait soudain aux pires fantasmes de BFM, TF1 ou LCI : à la Syrie. Une voix sinistre se félicitait en sifflotant : « Voilà une classe qui se tient sage, faudra balancer à leurs profs, je pense ils ont jamais vu ça. » Des #images « choquantes » ont dit les médias : ça n’engage à rien. Même ce planqué de Blanquer l’a dit. Alors qu’elles sont monstrueuses, inadmissibles, inexcusables. Les journalistes ont appris à l’école à ne pas donner leur avis, à recueillir les propos, citer les réseaux sociaux et réciter les éléments de langage. Des lycéens ont été agenouillés comme attendant une balle dans la tête, et jetés au milieu des poubelles, comme des détritus. Quelle leçon le petit coq français sur son fumier va-t-il encore vouloir donner au monde en matière de droits de l’homme ?


    https://www.cahiersducinema.com/produit/edito-n751-janvier-2019-une-france-qui-se-tient-sage

    #médias #gilets_jaunes #presse #journalisme #catégorisation #bons_manifestants #mauvais_manifestants #casseurs
    ping @davduf @reka @fil

  • Samuel Little pourrait être le tueur en série le plus meurtrier des #Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2018/11/28/en-avouant-90-meurtres-samuel-little-pourrait-etre-le-tueur-en-serie-le-plus

    Trois perpétuités pour raconter ses crimes à des enquêteurs qui affluent de tout le pays pour l’interroger et qui ont déjà établi son implication dans 27 autres meurtres. Il en a lui-même avoué 40 de plus, portant le nombre de ses victimes à 90. Toutes sont des #femmes. L’homme a « semé » leurs cadavres dans plus de quatorze Etats américains, au fil d’une vie qui a pris la trajectoire d’une longue et mortelle randonnée ; car Little a passé près d’un demi-siècle à tuer.

    D’après le New York Times, qui lui a consacré un portrait, lundi 26 novembre, il pourrait être le tueur en série le plus meurtrier de l’histoire des Etats-Unis, un pays pourtant prolifique en la matière. Mais l’homme aurait pu finir ses jours dans l’anonymat d’un misérable refuge pour sans-abri du Kentucky si deux enquêteurs n’avaient retrouvé sa trace en 2012, grâce à son ADN identifié sur les corps de deux femmes tuées dans la région de Los Angeles dans les années 1990. [...]

    Des femmes dont la mort n’émeut pas les foules

    Comment un #meurtrier_de_masse comme Little a pu échapper si longtemps à la justice de son pays ? Sans doute en grande partie parce que ses victimes étaient des #invisibles, souligne le New York Times. Des femmes de quartiers déshérités, perdues, droguées, dont la disparition ou la mort n’émeut pas les foules et ne mobilise pas toujours la police. Des femmes pour lesquelles personne, aucun proche, ne réclame justice. A ceux qui l’interrogent, il décrit son terrain d’action : une Amérique parallèle, où survivent celles dont l’existence est insignifiante aux yeux des autres et où le tueur peut agir à sa guise.

    Son récit dresse une cartographie souterraine de zones miséreuses ravagées par la pauvreté et la drogue, où les meurtres demeurent souvent irrésolus. C’est le monde où il est né, lui qui a vu le jour dans une #prison, alors que sa mère prostituée était incarcérée. Samuel Little n’a pas de regret. Il révulse par ses crimes et sa conscience tranquille, tout en tendant à son pays un miroir cruel.

    https://www.youtube.com/watch?v=oqbnAFi_cwE

  • Invisible Institute Relaunches the Citizens Police Data Project
    https://theintercept.com/2018/08/16/invisible-institute-chicago-police-data

    The long effort by the Invisible Institute to gain access to internal police files is an important chapter in the struggle for civil rights in Chicago. Today the Invisible Institute, in collaboration with The Intercept, releases the Citizens Police Data Project 2.0, a public database containing the disciplinary histories of Chicago police officers. The scale of CPDP is without parallel : It includes more than 240,000 allegations of misconduct involving more than 22,000 Chicago police (...)

    #police #surveillance #discrimination

  • La place que l’on accorde aux #pauvres dans la #mondialisation est souvent oubliée ou expliquée de manière simpliste. Or les pauvres portent aussi la mondialisation… tout en la subissant.

    https://sms.hypotheses.org/11757

    #mondialisation, #pauvre, #pauvreté, #Afrique, #acteur, #riche, #richesse, #invisible, #inégalité, #classe, #victime, #asie, #commerce, #globalisation, #maghreb

  • Fatima, disponible jusqu’au 07/03/2018 sur ARTE, viens-je de voir.
    https://www.arte.tv/fr/videos/069790-000-A/fatima
    Me souviens en avoir entendu et lu du bien et trouve ça : « Fatima » : la beauté d’une héroïne invisible, Thomas Sotinel

    Ce portrait de femme par Philippe Faucon suscite émotions et réflexions à force de simplicité et de rigueur.
    Fatima est un film si délicat qu’il est difficile d’en parler sans l’abîmer. Ce n’est pas tout à fait une histoire, on pourrait dire « une tranche de vie », si la vie était de la viande. La vie n’est pas faite que de chair, c’est aussi du temps, de l’espace, des souvenirs qui reviennent, des espoirs, des regrets…
    Tout ça, Philippe Faucon le fait tenir dans les 80 minutes de Fatima. Le centre de gravité, ce qui ordonne ce chaos vital porte le prénom de la fille du Prophète. C’est une femme d’entre 40 et 50 ans qui vit et travaille dans l’agglomération lyonnaise, seule avec ses deux filles depuis que son mari l’a quittée pour une autre.

    « Un torchon »
    Fatima (Soria Zeroual) ne parle pas bien le français, elle fait des ménages, pour des particuliers puis pour une société de nettoyage. Ce travail supplémentaire, elle l’a entrepris pour aider son aînée Nesrine (Zita Hanrot) qui commence sa première année de médecine. En plus de son salaire, cet emploi lui vaut le mépris de Souad, sa fille cadette, collégienne de 15 ans (Kenza Noah Aïche) qui trouve que sa mère est « un torchon ».
    Si Fatima, par sa présence paisible, la profondeur de son regard et la patience de son écoute, reste le corps autour duquel gravitent tous les éléments du film de Philippe Faucon, le réalisateur s’autorise à la quitter du regard pour suivre Nesrine et Souad sur leurs chemins qui s’écartent, celui de l’aînée vertueuse, celui de la fille prodigue.
    Dans un amphithéâtre bondé, la première prend ses premiers cours d’embryologie. Faucon porte son attention sur la complexité de terminologie (comme sa mère qui peine à comprendre le français, Nesrine doit, pour avancer encore plus loin, apprendre un autre langage), sur la diversité des visages et des attitudes des étudiants. Cette inscription dans une réalité familière est si puissante, si assurée qu’on pourrait ignorer la portée poétique de cette séquence, le lien que le cinéaste tisse entre cet enseignement scientifique de la genèse d’un être humain et la gestation d’une société nouvelle qui fera une place, volens nolens, aux derniers venus.
    Emotions justes
    Sur le même registre, dans la voiture qui traverse la ville, le père de Souad explique à celle-ci qu’il a trimé des mois, à des dizaines de mètres du sol, pour élever une tour. Il n’en faut pas plus pour qu’on voie le paysage urbain autrement, comme une œuvre collective, un ici auquel ceux qui ne sont pas d’ici ont puissamment contribué. Enoncer ces réflexions qui effleurent l’esprit à la vision de Fatima, c’est leur donner une place qui n’est pas tout à fait la leur dans ce film qui se refuse à tout didactisme. Ces pensées procèdent d’émotions et de sensations parfaitement justes et ce sont elles qui font la texture et la beauté de Fatima, bien plus que les idées.
    Cela tient à la simplicité et à la rigueur de Philippe Faucon, à son talent pour composer un plan, pour lui donner sa durée idéale : dans le bureau d’une conseillère d’éducation ou d’un principal, à quelques dizaines de centimètres de Fatima, deux parents d’élèves s’inquiètent de l’avenir de leur brillante élève de fille, leurs visages sont flous, leur voix est nette ; la physionomie de Fatima, nettement éclairée et photographiée, est inquiète, elle est venue pour Souad, en perdition dans le système scolaire, mais les mots lui manquent ; l’inégalité, la frustration, l’amour maternel, tout est là.
    Un film sans méchants
    Cette simplicité de la mise en scène autorise aussi la complexité des personnages et des situations, aussi ordinaires que soient leurs vies, banales les situations de leur quotidien. D’autant que Fatima est un film sans méchants, ou presque. La responsable de l’entreprise de nettoyage qui utilise la délation comme outil de gestion des ressources humaines, les voisines venues du bled jalouses de l’entrée de Nesrine à l’université ne sont que des silhouettes, qui disent le poids du monde et de son organisation. Dès qu’un personnage passe un peu de temps à l’écran, il devient un être humain pétri de contradictions : la maîtresse de maison qu’incarne Isabelle Candelier, jalouse et admirative de la réussite de la fille de Fatima, alors que son fils à elle piétine dans ses études, les amis de Souad qui la confortent dans sa révolte, mais se tiennent toujours à ses côtés…
    Si bien que lorsque Fatima sort de sa condition, ce n’est pas un événement exorbitant du quotidien – romanesque. Si Fatima se met à écrire, comme l’a fait Fatima Elayoubi, l’auteure des textes dont s’est inspiré Philippe Faucon pour écrire son scénario, c’est qu’elle ne peut faire autrement, que la vie l’a menée au point où elle ne peut faire autrement, où sa frustration à ne pouvoir communiquer pleinement faute de maîtriser la langue du pays où elle vit la force à confier ses pensées, ses sentiments à un cahier, en arabe.
    Ce geste d’abord secret a trouvé sa traduction en images, en sons, en temps qui passe doucement mais trop vite – en cinéma : Fatima existe aux yeux de tous ceux de toutes celles qui voudront la voir. Ceux qui préféreront détourner le regard auront tort.

    #invisibles #film (ici sans écran de ciné)