person:caroline ibos

  • Ce que les nounous disent de nous, et de notre monde
    http://www.slate.fr/monde/82749/nounous-disparite-enfants-photos

    En France, « la nounou noire et le bébé blanc » est également un élément habituel du paysage offert par les squares. C’est d’ailleurs sur ce trio que Caroline Ibos, a enquêté pendant 8 ans.

    Tellement implanté que tu ne peux pas faire des cabrioles avec ton filleul, neveu clair etc. dans un parc sans te prendre des regards assassins... sauf si tu précises ton lien avec le gamin. Les nounous noires ont le droit de faire certaines choses, mais pas d’autres. (ndlr)

    Inside the Lives of New York Nannies
    http://www.slate.com/blogs/behold/2014/01/14/ellen_jacob_photographs_new_york_nannies_in_her_series_substitutes.html

    Ellen Jacobs’ substitue project
    http://ellenjacob.com/projects-/substitutes
    http://d3zr9vspdnjxi.cloudfront.net/artistInfo/ellenjac/big/1209.jpg?1380055653
    http://d3zr9vspdnjxi.cloudfront.net/artistInfo/ellenjac/biggest/1203.jpg?1380104791

    Les mères et leurs nounous, je t’aime moi non plus
    Une poignée de femmes noires, dans un square, serrées à trois ou quatre par banc, surveillent des enfants blancs. Personne ne les remarque, la scène est, à Paris, d’une absolue banalité. Caroline Ibos, elle, a pris le temps de les voir. Cette enseignante en sociologie politique à l’université Rennes-II a mené une enquête inédite sur les nounous africaines qui viennent garder à domicile les enfants des couples bi-actifs parisiens. Durant trois ans, fréquentant jour après jour le même square, elle a gagné la confiance d’une douzaine de femmes ivoiriennes qui se sont confiées, puis elle est passée de l’autre côté du miroir, rencontrant quelques dizaines d’employeurs français. http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/31/les-meres-et-leurs-nounous-je-t-aime-moi-non-plus_1636844_3224.html


    La sociologue Caroline Ibos, auteur de « Qui gardera nos enfants ? » a enquêté sur ce qui se joue dans la relation entre les mères et les nounous : inégalités des sexes dans la sphère familiale, étanchéité des classes sociales et persistance de préjugés raciaux.

    La mondialisation du care. Délégation des tâches domestiques et rapports de domination
    http://www.metropolitiques.eu/La-mondialisation-du-care.html

    #photographie #sociologie #famille #enfants #femmes #travail #rapports_nord_sud #classe #care #economie #inégalités

    • Caroline Ibos racontait également comme ces mères employeuses, souvent politiquement libérales, se sentent autorisées, à cause de cette relation complexe à formuler, sans la moindre gêne, des préjugés franchement racistes : « l’Africaine est maternelle mais ne fait pas bien le ménage », l’« Asiatique est propre mais pas assez chaleureuse »…

      Paroles qui sont parfois prononcées devant la nounou elle-même, pilier indispensable à l’harmonie, mais pilier invisible...

      #racisme

    • Le propos me semble plus proche pour les « nourrices à domicile » (employée de maison salariée d’une seule famille), que pour les assistantes maternelles, où c’est plus compliqué. Pour ces dernières, j’ai l’impression qu’il y a plus de diversité, autant dans les salarié⋅e⋅s que dans les familles employeuses (du fait que ce type de garde est promu comme les crèches, et que donc il y a des aides, et que donc il y a plein de familles pauvres ou peu argentées qui font aussi garder leurs enfants par des assistantes maternelles pour travailler).

      C’est différent, mais ça pose quand même des problèmes (en tout cas pour moi).

      Quand on pourra tou⋅te⋅s élever nos propres enfants (je parle du bas âge et je parle de ceux pour qui avoir ces enfants était un choix) sans devoir les donner 90% de leur temps éveillé à d’autres personnes inconnues…

    • Je pense qu’il y a des différences, en effet, déjà entre les situations françaises et américaines, mais aussi entre le personnel de crèche, les nounous au domicile des parents, les assistantes maternelles qui reçoivent plusieurs enfants chez elles, notamment dans le système de rémunération, le rapport affectif à la famille et surtout comme tu le dis concernant qui fait appel à leur service. Les nounous c’est bien plus upper class que les crèches dont un plus large éventail social peut « bénéficier » en effet. Y compris les travailleuses du care elles-mêmes (je pense au personnel de crèche qui doit lui-même faire garder ses propres enfants). Le cas des nounous à domicile — tout comme les femmes de ménage — est différent. Tu ne peux par exemple pas travailler en crèche sans avoir de papiers... Mais les populations décrites ici sont assez claires dans le propos de la sociologue. Elle ne parle pas de tout le secteur.

    • Ah voila @intempestive, ça ressemblait plus à cela ;) et je me souviens que cela insistait aussi sur l’aberration féministe (mais la faute à qui ?) qui consiste à employer une autre femme, mais de classe sociale inférieure bien évidemment, pour être libre …

  • Garde d’#enfant : nounous à domicile - enquête de Caroline Ibos - www.cnikel.com
    http://www.cnikel.com/services-a-la-personne/enquete/garde-enfant/caroline-ibos

    Mais ces #femmes, qui viennent d’une relative émancipation (la plupart « sans hommes », elles ont l’habitude et la force de s’en sortir toutes seules), font à leur tour l’expérience de la #servilité. Car là où elles arrivent, leur employeuse les maintient dans le mépris social, par une ignorance totale de leur parcours singulier. La seule chose qui est reconnue à la nounou, c’est son courage. Mais si on flatte leur courage, celui-ci ne leur vaut pas une reconnaissance particulière ou un espoir d’une vie meilleure.

    Lui reconnaître ce courage, permettra seulement d’éviter que la nounou qui n’a d’ailleurs pas le temps, se révolte, ou s’organise. Elle est pauvre et solitaire. Les seuls moments où elle n’est pas seule, c’est dans ce fameux square où les nounous vont tous les jours et où l’auteure les a rencontrées. Là, elles pratiquent une autre forme de catharsis : la critique de l’employeuse, qui prend parfois des formes théatrales. Mais à aucun moment, ces critiques ne se concrétisent dans une lutte collective.

    En conclusion, l’auteure dessine ce qu’elle appelle une géopolitique du care, du soin d’autrui pour lesquelles les nounous sont une ressource humaine « précieuse parce que rare », enlevée à leur pays. « La société française tolère que les femmes en charge du #care soit dans une situation économique, familiale fragile, parce qu’elles sont étrangères, dit Caroline Ibos.

  • « La nounou doit rester au bord du cocon bourgeois » - Libération
    http://www.liberation.fr/vous/01012388040-la-nounou-doit-rester-au-bord-du-cocon-bourgeois

    (très intéressant)

    Une enquête fouillée analyse le rapport entre mères parisiennes et migrantes venues du Sud qui gardent leurs enfants. Son auteure, la sociologue Caroline Ibos, revient sur cette relation où clichés post-coloniaux et préjugés raciaux perdurent

    #femmes #enfants #emploi #racisme #post-colonialisme #sexisme

    • A vrai dire, ce livre donne envie de crier « vive la crèche ! » Mais c’est un autre débat.

      Ah oui mais quand même, c’est drôlement important, dans le « débat », cette question ! S’il y avait suffisamment de places en crèche, j’aimerais bien savoir si les gens feraient encore appel à une nounou.

      Il n’y a tout de même qu’en évacuant ainsi la question qu’on peut écrire des phrases comme : « des migrantes venues du Sud pour s’occuper des tâches domestiques, permettant ainsi l’émancipation des Occidentales ». Non : le principe, pour permettre l’« émancipation » des individus (et si possible permettre une émancipation pas totalement inégalitaire réservée aux femmes les plus riches), c’est qu’on mutualise certaines tâches. En notamment la garde des enfants. S’il n’y a pas de solution mutualisée, il y a quoi ? Hé bien il y a les nounous et, forcément, ça n’est pas idéal (et notamment : c’est le contraire de l’émancipation plus égalitaire et correctement rémunérée que permet la mutualisation) : le rapport inégalitaire de l’entreprise (lieu un peu encadré et un peu public) passe dans le cadre ultra-restreint de la vie privée.

      Du coup, limite habituelle : on évacue le problème qui provoque la situation (il n’y a jamais assez de places en crèche), et on fait dans la critique culturelle contre ces méchantes bourgeoises parisiennes et leurs complexes racialo-sexistes. Facile : le manque de solutions mutualisées, c’est « un autre débat ».

    • En même temps, ne pas évacuer le problème — et j’imagine que l’auteur de l’enquête doit déplorer grandement le manque de crèches — ne change pas la situation : s’il est un peu gonflé de faire à nouveau peser cette responsabilité sur les femmes, l’analyse en terme de rapport de domination économico-ethnique ne semble pas invalide. La différence importante avec le même débat sur le ménage venant du caractère obligatoire de l’emploi d’une nounou quand les parents travaillent tous deux.

      Par ailleurs, je suis certain que s’il y avait des places en crèches, des gens feraient encore appels à des nounous, mais leur classe sociale serait probablement plus homogène.

    • Oui mais c’est justement cette contradiction qui me semble centrale :

      l’analyse en terme de rapport de domination économico-ethnique ne semble pas invalide. La différence importante […] caractère obligatoire de l’emploi d’une nounou

      Je ne suis pas sociologue de profession, m’enfin c’est ce qui m’a sauté aux yeux : tu ne peux pas prétendre étudier le rapport entre les gens si tu évacues un élément aussi important que la raison principale pour laquelle il y a ce rapport :
      – pas de place en crèche,
      – donc obligé de faire garder les enfants,
      – même en garde partagée avec une autre famille, ça coûte très cher chaque mois ;
      – donc pour limiter, emploi d’une personne aussi peu qualifiée que possible (SMIC) ;
      – donc employées immigrées « du Sud » (comme dans le BTP, c’est pas une lubie de bourgeoise parisienne) ;
      – donc évidemment que le rapport entre une famille obligée de débourser tout de même une somme importante pour employer une personne très peu qualifiée, ça induit des rapports forcément pas déments ;
      – et puisque les gens ne sont pas totalement des monstres, face à une situation inégalitaire pas démente dans leur propre foyer, ils développent (ou adoptent) un discours d’auto-justification à la con, à base d’amour maternel et de critères ethno-centrés. Il est d’ailleurs mentionné que les employeurs ne se perçoivent pas comme racistes ; il y a donc une tension morale chez ces gens.

      Je dis pas qu’il n’y a pas une classe sociale qui préférera toujours les nounous, ni qu’il n’y a pas des gens bourrés de préjugés a priori. Mais en l’occurrence, l’interview généralise en évacuant une question centrale.

    • Je ne suis pas sociologue non plus, mais la plupart du temps, les situations de domination ne sont pas la conséquence de méchanceté de la part des dominants ou de seuls arbitrages moralement indéfendables mais le résultat d’un contexte socio-économico-politique particulier. Il ne s’agit pas de dire que les parents qui emploient des nounous sont des nazis exploiteurs mais d’analyser les rapports de facto qui sont issus de cette situation. Enfin, j’imagine, mais il faudrait lire le livre.

    • Oui, mais l’interview qui est référencée contient un certain nombre d’affirmations très claires.

      Immédiatement, et c’est l’un des axes du livre, on voit que l’émancipation des femmes diplômées n’est possible que parce que des femmes pauvres prennent en charge les tâches culturellement féminines.

      C’est tout de même là-dessus que je réagis dans mon premier message : non, c’est faux. Ce qui permet d’émancipation des femmes (en général) du côté de la garde des enfants, c’est la mutualisation de la garde. Le « n’est possible que parce… » est ultra-restrictif, et donc totalement faux.

      Mon hypothèse est que la société française reste bien plus qu’elle ne le croit une société post-coloniale et que les préjugés racistes sont loin d’avoir disparu.

      Pourquoi pas. Mais dans ce cas, l’hypothèse retenue n’est pas loin des méchants nazis exploiteurs.

      Pour parfaire son petit monde intérieur, la mère…
      Employée pour préserver et améliorer l’harmonie…

      Donc ça n’est pas parce que les couples qui travaillent à Paris n’ont pas le choix (faute de place en crèche) qu’ils employent une nounou, mais c’est « pour parfaire son petit monde intérieur » et en « préserver et améliorer l’harmonie ».

      Et on termine avec un référence la « lecture radicale » de « certaines sociologues américaines », directement liée à l’histoire de l’esclavage (notion qui n’apparaît pas dans l’exposé de l’histoire de la domesticité chez les bourgeois, précédemment).

    • En tout cas, moi ce que je sais c’est qu’apparemment une femme noire avec un enfant blond, c’est forcément une nounou et y’a des trucs qu’elle peut pas faire avec le gamin au parc sans s’attirer les foudres des mères et autres nounous du parc. Par exemple : prendre le gamin sur ses épaules, lui faire faire l’avion etc. Pour la fin de mon histoire sans rapport direct réel, face au courroux, j’ai bêtement signalé que les blonds en question étaient mes filleuls, nièces etc. et tout le monde s’est excusé. Moralité : la nounou est mal payée et doit rester à sa place avec la poussette.

    • #supergeante : je ne réfute pas l’idée qu’il y a un rapport de classe qui peut être violent et des critères sexistes, racistes, ethnocentrés. Je ne réfute pas non plus l’idée que l’ambiance dans les jardins publics pour enfants est carrément tarée de chez tarée (je suis un homme, blanc, même milieu social que les « employeurs », et il n’est pas du tout apprécié que je prenne dans mes bras un(e) gamin(e) qui vient de se vautrer en bas du toboggan pour le(la) consoler). Et je n’ignore pas non plus que les réflexes racistes sont omniprésents.

      Je fais remarquer que l’article utilise des tournures qui disent absolument autre chose : « pour parfaire son petit monde intérieur », et réaliser son « émancipation », la « femme diplômée » des « capitales du Nord » n’a d’autre choix, dans « une société post-coloniale », que d’exploiter la « femme du Sud ». Bref, l’émancipation de la femme blanche « n’est possible » que par l’exploitation de la femme noire, comme l’Europe et le Nouveau monde pré-industriels n’ont pu se développer économiquement que par l’esclavage de l’homme noir. C’est quasiment explicité ainsi.

      Sauf que ça ne tient que si on évacue la question du manque de solutions mutualisées de garde d’enfant.

    • Mes 2 enfants sont allés en crèche (coup de bol sur Paris), mais auparavant, ils sont allés chez des nourrices agréées. A noter que la nourrice est formée et suivie par la mairie, et que l’enfant est gardé chez elle : c’est une professionnelle, elle est reconnue comme telle par ses employeurs qui en ont fait la démarche. Le rapport est plus égalitaire. L’autre solution de garde pour les touts-petits, extrêmement malsaine, consiste à employer une personne pour garder les enfants ET faire le ménage, repasser, faire la vaisselle... Dans ce cas, on se rapproche plus de la bonne (à tout faire), et le rapport employeur-employé est bien différent, puisqu’il ne s’agit plus d’une professionnelle, comme dans le cas précédent. Donc oui aux crèches ou aux nourrices agrées, comme formes de gardes. Et non au bricolage.

    • @arno, l’argument du manque de crèche ne tient qu’en partie. Rien n’empêche ces familles de mettre en place des crèches parentales. C’est moins couteux qu’une nounou à domicile (multiplié par n enfants), plus structurant et pour l’enfant et pour les parents, et les professionnelles qui les encadrent sont mieux rémunérées. Cette mutualisation, c’est un état d’esprit, c’est une vraie démarche citoyenne pour lesquelles ces « bourgeoises » ne sont peut-être pas prête à faire le pas. En tout cas, personne ne leur interdit.

    • Les crèches parentales, c’est pas si simple à mettre en place et ça implique de pouvoir régulièrement y assurer une partie du travail, ce qui est loin d’être évident pour tout le monde. Et dans tous les cas, y’a pas beaucoup de places non plus…

    • mais peut-être qu’en province c’est plus facile, ici au Mans pour pallier le manque de crèches municipales il y a des crèches parentales et des nourrices agréées qui travaillent chez elles et gardent plusieurs enfants. Ce sont peut-être ces dernières qui font défaut à Paris et c’est peut-être là une des clés du problème.

    • @odilon : mais l’alternative ne se réduit pas à l’esclavagisme OU l’autogestion.

      Je parle bien de cette interview précise, dont j’extrais des phrases très dures qui s’attardent lourdement sur la mentalité colonialiste des femmes émancipées du Nord. Si on reste dans la question de la mentalité (le cadre de référence de ces mêmes femmes), j’ai signalé qu’il y a déjà une solution, conçue justement dans le cadre de référence de ces parisiennes, qui est la crèche. Contrairement à la réduction « n’est possible que… », je soutiens qu’elles disposent déjà dans leur propre logique d’une solution qui n’est ni « post-coloniale » ni de pure exploitation.

      On est bien libre, ensuite, de leur reprocher de ne pas être à la tête de la révolution par l’autogestion (m’enfin bon…), mais pour autant, dans le cadre « social démocrate » qui structure leur fonctionnement, elles ont déjà une solution qui n’est pas la nostalgie de l’esclavagisme dont cet article semble se délecter. Logique pas totalement dégueulasse : « dans mon modèle mental et dans mon modèle de société, je paie des impôts justement pour mutualiser un certain nombre de choses : la santé, la sécurité, l’éducation… » Oui, c’est une culture de délégation qu’on peut critiquer, mais ça n’est pas du tout la même chose que la nostalgie de l’esclavage pour « parfaire son petit monde intérieur ».

    • @arno, tatata, je n’ai en aucun cas posé comme alternative esclavagisme ou autogestion :)) Je t’accorde que les phrases que tu relèves présentées ainsi sont un peu caricaturales mais c’est une interview (ou extraits), cela reflète-t-il fidèlement l’esprit de l’auteur du livre en question ou celui de la journaliste qui l’a mené. On en sait assez peu sur le contexte sociologique là.

    • Odilon, vraiment très très d’accord sur cet aspect interview. J’aurais aussi tendance à croire que le livre, fruit de 3 ans de travail, est très différent de ce que la journaliste a choisi de retenir de l’entretien avec la sociologue. Mais bon, à nouveau, je commente ce qui est référencé dans le lien, hein.