person:hervé mariton

  • Le « cancer » de l’assistanat : origine d’un préjugé

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/26/les-procureurs-de-l-assistanat_5206354_3232.html

    Quelque 71 % des Français estiment que la lutte contre l’« assistanat » est une priorité. Comment cette peur du « profiteur » a-t-elle envahi l’esprit des politiques et des citoyens ?

    Deux petites lettres ont suffi pour ­jeter l’opprobre sur le monde fragile des déshérités. En préférant le néologisme « assistanat » au mot traditionnel d’« assistance », Laurent Wauquiez, qui brigue la présidence des Républicains (LR), ­remet en cause la légitimité des politiques ­sociales qui viennent en aide depuis plus d’un siècle aux démunis. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes instruit jour après jour le procès de la solidarité nationale : il dénonce inlassablement les « dérives », voire le « cancer » de l’assistanat.

    Au fil des ans, le mot s’est imposé dans le discours d’autres élus de droite – Nicolas Sarkozy juge la République « incompatible avec l’assistanat » et l’ancien député LR Hervé Mariton regrette que la France plébiscite « la culture de l’assistanat ». Avec un indéniable succès : selon une enquête Ipsos Sopra-Steria réalisée en mars, 71 % des Français estiment que la lutte contre l’« assistanat » est une priorité. Inusité il y a une vingtaine d’années, le terme semble désormais banal, évident, presque incontournable.

    Parasites sociaux

    Né au début des années 2000, le mot assistanat appartient pourtant au registre du vocabulaire politique de combat. « Au XIXe siècle et jusqu’en 1953, l’assistance était un terme juridique neutre, utilisé pour désigner l’aide sociale, rappelle Axelle Brodiez-Dolino, chargée de recherche CNRS en histoire au Centre Norbert-Elias, à Marseille. S’il a pu être valorisé au XXe siècle, il est devenu un peu vieillot après les années 1950 mais n’avait pas de connotation péjorative. Ce n’est pas le cas du mot assistanat, un terme un peu nauséabond et répréhensible. »

    Nul besoin de faire parler longtemps les pourfendeurs de l’assistanat pour comprendre en effet que ce mot n’est pas le synonyme, mais le dévoiement de l’assistance. Leurs discours évoquent plus ou moins explicitement une cohorte de parasites sociaux qui vivent indûment de la solidarité nationale alors que d’autres s’échinent à travailler. Ces propos ne visent pas uniquement les fraudeurs : bien qu’ils vivent dans le dénuement – pour une personne seule, le RSA s’élève à 545 euros par mois –, tous les allocataires des minima ­sociaux sont, à leurs yeux, des privilégiés qui profitent du système.

    Selon le philosophe Frédéric Worms, cette « idéologie » repose sur un double soupçon : celui de la passivité et celui de la ruse. « L’assisté est conçu soit comme un être entièrement passif, soit comme un être instrumentalisant l’assistance, expliquait-il en 2012. C’est une ­ambivalence aussi ancienne que la philosophie du soin, du secours ou même de l’éducation. Si vous ouvrez l’Emile, de Jean-Jacques Rousseau [1762], vous comprenez que le nourrisson est à la fois un être passif qui ne peut rien faire et un être qui peut, dès la naissance, devenir un tyran en abusant du pouvoir paradoxal que lui ­donnent sa faiblesse et le dévouement de ceux qui le secourent. »

    Accents moraux

    Dans la France de 2017, le discours politique sur l’assistanat se caractérise avant tout par ses accents moraux : au lieu d’analyser les ­mécanismes économiques et sociaux qui précipitent certains dans la pauvreté, il emprunte le vocabulaire de l’opprobre et de l’infamie pour montrer du doigt les paresseux. S’il les condamne, c’est au nom de l’amour du labeur, du sens de l’effort, du devoir de la volonté. « Le discours sur l’assistanat néglige les questions qui touchent au droit, à la citoyenneté et à l’égalité », résume le sociologue Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris-VIII-Saint-Denis.

    Parce qu’ils s’inscrivent dans ce registre moral, les procureurs de l’assistanat distinguent volontiers les « bons pauvres » des « mauvais pauvres ». Les premiers sont les personnes âgées ou handicapées victimes de l’âge ou de la maladie ; les seconds, les chômeurs qui pourraient travailler s’ils s’en donnaient la peine. Les premiers ne sont pas responsables de leur mauvaise fortune ; les seconds doivent leur malheur à eux-mêmes. Les premiers reçoivent légitimement le minimum vieillesse ou l’allocation handicapé ; les seconds profitent indûment du RSA. Les premiers méritent notre compassion, les seconds, nos reproches.

    Ces discours puisent dans une imagerie très ancienne. Depuis plus de sept cents ans, la ­figure du mauvais pauvre traverse en effet l’histoire de France – et c’est sans doute pour cette raison qu’elle est parvenue, dans les ­années 2000, à s’imposer aussi rapidement dans le débat public. « L’idée du “mauvais ­pauvre” est ancrée au plus profond de notre histoire politique, religieuse et économique, analyse l’historienne Axelle Brodiez-Dolino. Elle repose sur des préjugés concernant la ­sédentarité et le labeur qui se sont installés dans nos mentalités au Moyen Age. »

    Les bons et les mauvais pauvres

    La première pierre de cet édifice est posée dès la fin du XIIIe siècle, à une époque où la croissance démographique, les disettes, les guerres et les épidémies jettent sur les routes des ruraux à la recherche de travail. « Redoutant ces errances, les autorités prennent peur et instaurent une dichotomie entre les bons et les mauvais pauvres », raconte Axelle Brodiez-Dolino. Les bons pauvres sont les « gens contre­faits, aveugles, impotents et autres misérables personnes » qui méritent l’aumône, estime le roi de France, Jean II le Bon, dans une ordonnance de 1351. Les mauvais sont les « gens sains de corps et de membres qui puissent besogne faire dont ils puissent gagner leur vie », proclame-t-il.

    Face à la pauvreté, le monde médiéval ­oscille entre la potence et la pitié, analyse l’historien Bronislaw Geremek : les vieillards, les veuves, les malades et les femmes en ­couches bénéficient de la charité chrétienne alors que les vagabonds sont durement persécutés. « On les marque au fer rouge, on les cloue au pilori, on les envoie aux galères et, surtout, on les enferme, comme l’ont notamment montré les travaux de Michel Foucault, raconte Axelle Brodiez-Dolino. Nous sommes les héritiers de cette violence qui imprègne ­depuis des siècles les mentalités et le droit : il a fallu attendre 1994 pour que la France abroge le délit de vagabondage ! »

    A la faveur de la Révolution française, la ­figure du mauvais pauvre, cependant, se transforme. Pour lutter contre le dénuement, les hommes de 1789 préfèrent l’arme du droit au geste de la charité chrétienne : en 1790, le Comité de mendicité proclame que tout homme a droit aux secours de la société et, en 1793, la Constitution affirme que l’aide publique constitue une « dette sacrée ». L’émergence du droit ne fait pas pour autant disparaître la figure du « mauvais pauvre » : si la société doit porter secours aux miséreux, l’oisiveté reste sévèrement condamnée. « Le droit individuel de protection trouve son symétrique dans le devoir de travailler », résume, en 2012, Colette Bec, professeure à l’université Paris-Descartes.

    « Pauvrophobie »

    Cette figure du mauvais pauvre change de ­visage un siècle plus tard, au début de la IIIe République, au moment où apparaît une politique d’assistance envers les déshérités. Sous l’influence de la doctrine solidariste du député radical Léon Bourgeois, qui plaide en faveur de la mutualisation des risques dans son ouvrage Solidarité (1896), les républicains de la fin du XIXe et du début du XXe siècle ­instaurent l’assistance médicale gratuite, le placement des orphelins, l’aide aux vieillards, aux infirmes et aux incurables, les secours aux femmes en couches sans ressources et l’aide aux familles nombreuses nécessiteuses.

    Dans ce paysage politique radicalement nouveau, le visage du mauvais pauvre évolue : il n’est plus un citoyen oisif qui refuse de travailler, mais un profiteur qui abuse ­indûment de la solidarité nationale. « Avec l’instauration du droit arrive la terreur de la corruption et du détournement, explique ­Nicolas Duvoux. C’est une forme de pessimisme anthropologique : on craint que les ­parasites ne jouent pas le jeu de la solidarité qui est au fondement de l’assistance, et qu’ils bénéficient sans contribuer. »

    Aujourd’hui, cette peur du profiteur semble plus vivante que jamais. Multiplication des arrêtés anti-mendicité, mobilier urbain anti-sans-abris, discours politiques stigmatisant le « piège » de l’assistanat, selon la formule de François Fillon lors de la campagne prési­dentielle : certaines associations caritatives dénoncent, dans la France de 2017, une « pauvrophobie » qui s’exprime sans détours dans les sondages d’opinion – en juin 2016, 36 % des personnes interrogées considéraient que les personnes pauvres « ne faisaient pas ­d’effort pour s’en sortir ».

    « Lassitude compassionnelle »

    Si la hantise du mauvais pauvre semble si forte, c’est parce que la France est atteinte, ­depuis le début des années 2000, d’une forme de « lassitude compassionnelle », analyse Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. « A la fin des années 1980, au ­moment de la création du revenu minimum d’insertion (RMI), les deux tiers des Français estimaient que la pauvreté n’était pas liée au comportement individuel des gens mais aux défaillances du marché du travail. Dans les ­années 1990 et surtout 2000, ils se sont cependant montrés de plus en plus critiques envers les allocataires du RMI, puis du revenu de solidarité active, le RSA. »

    Nulle surprise, dans ce climat, à ce que les discours sur l’assistanat s’imposent avec tant de facilité dans le débat public. Quand ­Laurent Wauquiez somme les allocataires du RSA de faire « des efforts », il convoque l’antique ­figure du mauvais pauvre qui se complaît dans l’oisiveté au lieu de retrousser ses manches. Ce plaidoyer, qui semble convaincre nombre de Français, colle pourtant mal aux réalités : tous ceux qui côtoient le monde des déshérités savent qu’il ne suffit pas de faire des efforts pour s’extraire de la misère.

    Dans une société qui compte 3,7 millions de chômeurs, la pauvreté n’a en effet pas grand-chose à voir avec l’absence de courage ou la faiblesse de la volonté. « Quand on a commencé à réfléchir au RSA, dans les années 2005-2007, le marché du travail était beaucoup moins dégradé qu’aujourd’hui, raconte Julien Damon, qui était à l’époque chef du ­département Questions sociales au Centre d’analyse stratégique. Notre ambition d’aider les allocataires à retrouver le chemin de l’emploi paraissait donc réaliste. Mais la crise de 2008 a fait brutalement remonter le chômage. Cet effet de conjoncture a rendu la politique de retour à l’emploi extrêmement difficile. »

    Si la détermination ne permet pas, à elle seule, de quitter le monde de la pauvreté, c’est aussi parce qu’elle est le fruit d’une longue liste de handicaps – absence de formation et de qualification, problèmes de logement, ­difficultés de transport, conséquences d’un divorce, rareté des modes de garde, fréquence des maladies… « Même l’entrée sur le marché du travail n’est plus une garantie de sortir de la précarité, pourraient témoigner un million de travailleurs pauvres », constatait, en mars, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE).

    Si les allocataires du RSA étaient vraiment les profiteurs que décrivent les discours sur l’assistanat, ils vivraient en outre leur oisiveté avec légèreté – ce qui n’est pas le cas. « Les études montrent qu’il y a une immense souffrance et un énorme déni de dignité à vivre des minima sociaux, souligne Axelle Brodiez-Dolino. La pauvreté est une source de stigmatisation et d’isolement extraordinaire : on survit plus qu’on ne vit. » Depuis des siècles, la pauvreté est – parfois volontairement – associée à l’indignité : pour l’économiste britannique Thomas Malthus (1766-1834), l’assistance doit toujours s’accompagner d’« un peu de honte ».

    Contrairement à ce que disent les procureurs de l’assistanat, l’aide sociale, encore aujour­­d’hui, est une épreuve, dont l’importance du taux de non-recours est devenu le symbole. Ce terme quelque peu abscons désigne la part des citoyens qui ne touchent pas le RSA alors qu’ils y ont droit. Et il est incroyablement élevé : selon une enquête quantitative de la Dares, le service des études du ministère du travail, menée en 2011, il atteint 35 % pour le RSA-socle et 68 % pour le RSA-activité. Nombreux sont donc les citoyens qui, loin de leur image de profiteurs, renoncent à toucher les prestations d’assistance qui leur sont pourtant destinées.

    « Etiquette infamante »

    Certains sont mal informés, d’autres se découragent à l’idée de remplir d’épais dossiers aux guichets de l’aide sociale, mais plus d’un quart d’entre eux disent ne pas avoir envie « de dépendre de l’aide sociale, de devoir ­quelque chose à l’Etat ». Deux grandes idées ressortent de l’examen de ce non-recours, ­estimait en 2010 Pierre Mazet, ingénieur d’études au laboratoire Pacte-CNRS-Sciences Po Grenoble, dans un article du magazine La Vie des idées : les individus précaires sont capables de choix et d’autonomie ; la non-demande montre ce qu’il en coûte de requérir des protections et d’être protégé.

    De la même manière, certains allocataires du RSA choisissent de reprendre le travail alors qu’ils y perdent financièrement. « Le RSA équivaut, grosso modo, à un demi-smic, souligne Julien Damon. Sur le papier, beaucoup d’allocataires du RSA n’ont aucun intérêt à travailler à mi-temps – d’autant que le travail engendre parfois des coûts de garde d’enfants ou de transports. Pourtant, beaucoup le font parce que le travail leur est essentiel. Cela concerne une proportion substantielle des allocataires du RSA. Ils veulent se défaire de cette étiquette infamante et subvenir à leurs besoins. »

    Dans un article publié en 2002 dans la Revue française de sociologie, François Dubet et ­Antoine Vérétout décryptaient cette perte – apparente – de la « rationalité » en écoutant la voix de RMIstes qui avaient repris le travail. « Même s’ils se sentent exploités et fatigués le soir, c’est une autre fatigue que celle de l’inactivité qui les clouait dans l’apathie et la solitude. (…) Ils parlent beaucoup moins de l’activité proprement dite que de la sociabilité du travail, des collègues, de la fierté retrouvée, de ce que l’on appelait l’éthique du travail, celle qui ­permet de “se regarder en face” parce que les autres vous regardent “en face”, enfants, ­famille, voisins, collègues. »

    Avec ces regards, on est loin, très loin, des ­discours de tous ceux qui, en dénonçant l’assistanat, renvoient les déshérités à une forme d’inutilité sociale – une notion qui déplaît profondément au philosophe Patrick Savidan. « On accuse les pauvres d’être des parasites mais, au fond, comment mesurer la contribution de chacun à la coopération ? Un pauvre qui s’investit dans une association ou qui s’occupe d’une personne âgée a une utilité sociale, même si elle n’est pas mesurée en termes ­économiques. Les perspectives utilitaristes mal comprises nous rendent aveugles à la contri­bution de ceux qui ne sont pas inscrits dans le marché du travail. »

    Patrick Savidan va plus loin. « Les vrais assistés ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Si l’on mesurait la part des budgets publics qui va aux pauvres et celle qui va aux privilégiés, on aurait sans doute des surprises. Les citoyens les plus riches mobilisent une part importante des subsides de l’Etat : ils vivent dans des quartiers bien entretenus, ils profitent presque exclusivement de certains investissements publics et leurs enfants suivent des études longues, en grande partie financées par l’Etat, ce qui n’est pas le cas des pauvres. » Laurent Wauquiez n’apprécierait sans doute pas ce renversement de perspective, qui fait du pourfendeur de l’assistanat… un assisté qui s’ignore.

  • « Avec Macron, il y a clairement un risque sur le pouvoir d’achat des classes moyennes supérieures et des retraités ! », selon Hervé Mariton (LR)
    https://www.crashdebug.fr/diversifion/13863-avec-macron-il-y-a-clairement-un-risque-sur-le-pouvoir-d-achat-des-

    De l’austérité, de l’austérité partout ces abrutis n’ont toujours rien compris.... Enfin il ne cherchent pas à redresser le pays, mais à s’assurer que l’on paye les intérets de la dette....

    Source : Boursorama.com

    Informations complémentaires :

    Crashdebug.fr : De Pompidou à Macron, le système Rothschild tire toujours profit de la dette publique...

    Crashdebug.fr : Étienne Chouard - Chouard brise l’omerta sur le système politique français (2014)

    Crashdebug.fr : La devise des riches : « Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira »

    Crashdebug.fr : Dette publique et « loi Rothschild » : la cécité volontaire des médias

    Crashdebug.fr : Dette de la France : quand Michel Rocard dévoile le pot aux roses...

    Crashdebug.fr : Les Intérêts cumulés de la (...)

    #En_vedette #Divers

    • Un risque ?

      Une certitude ! Cela fait des décennies que ce la dure.
      C’est la politique de l’union_européenne au service des 1%.

      Certains pays ont des banquiers de Goldman Sachs au pouvoir, nous c’est Rothschild, spécificité Française !

      Déglingue des service de santé, de l’école et du reste.
      Quand au pouvoir d’achat des SDF, des ouvriers, et de tant d’autres, macache !
      Au fait, y a t’il une csg sur le RSA. Si oui, . . .

  • La Syrie fracture les partis politiques français

    À droite, le candidat F. Fillon se rapproche du FN en défendant le régime d’Assad & V. Poutine. Le PS & les écologistes relaient l’opposition syrienne, quand JL. Mélenchon défend une lecture anti-impérialiste où les États-Unis sont le principal adversaire.

    La chute d’Alep est un révélateur. Y compris des fractures au sein des partis politiques français. À droite, la primaire a désigné un candidat, F. Fillon, qui s’est distingué de nombre de ses compagnons par son soutien à V. Poutine, voire à B. al-Assad, sur une ligne proche de celle du Front national. À l’inverse, le PS et les écologistes condamnent sans hésiter le régime dictatorial et soutiennent l’opposition syrienne non-djihadiste. Jean-Luc Mélenchon, lui, cultive une lecture anti-impérialiste qui suscite de vives polémiques.

    C’est par un communiqué d’à peine quelques lignes, que François Fillon a rompu jeudi 15 décembre le silence de plus en plus pesant qu’il observait depuis la chute d’Alep. « L’indignation est nécessaire mais elle n’a jamais sauvé une vie », explique-t-il. Pour « arrêter le massacre, il n’y a que deux solutions », poursuit celui qui, isolé dans sa famille politique, prône depuis des mois une alliance stratégique avec le régime de Damas.

    La première, celle d’« une intervention militaire que seuls les Américains peuvent conduire », n’a pas sa faveur « compte tenu de ce qu’il s’est passé en Irak ». La seconde, qu’il défend, « c’est une initiative puissante, européenne, diplomatique pour mettre autour de la table toutes les personnes qui peuvent arrêter ce conflit sans exclusive, et donc y compris ceux qui commettent des crimes aujourd’hui ». Pour François Fillon, reprendre le dialogue avec Bachar al-Assad, mais aussi avec Vladimir Poutine, est la seule voie de sortie pour le conflit syrien.
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    Il y a quelques semaines, Fillon a refusé de parler de « crimes de guerres » à Alep. « Il ne faut pas utiliser des mots comme ça, sans pouvoir vérifier », affirmait-il, dans L’Émission politique, sur France 2. « Quand on est en guerre, on doit choisir son principal adversaire », écrivait-il aussi dans Vaincre le totalitarisme islamique (Albin Michel, 2016) pour justifier un rapprochement avec Damas et Moscou. « Il y a deux camps en Syrie et non pas trois comme on le dit », assurait-il le 13 octobre dernier lors d’un débat avec ses concurrents à la primaire, parlant des partisans d’un « régime totalitaire islamique » et « des autres », oubliant au passage l’opposition syrienne non-djihadiste. « Moi, je choisis les autres parce que je considère que ce danger-là est trop grave pour la paix mondiale. »

    Mais, jeudi, Fillon, tout à sa volonté de rassemblement post-primaire, a nommé Bruno Le Maire « représentant pour les affaires européennes et internationales ». Un Bruno Le Maire qui défendait pourtant des positions diamétralement opposées à celle du vainqueur de la primaire sur le dossier syrien, allant jusqu’à prôner une intervention militaire au sol menée par la France. « Il faut que la France prenne le leadership d’une coalition internationale qui associerait des États européens et des États de la région. Entre l’alignement sur les États-Unis et la vénération aveugle de la Russie, il y a un choix alternatif : l’indépendance », déclarait-il dans le JDD. Choisir Bruno Le Maire laisse-t-il entrevoir un infléchissement de la ligne de François Fillon ? « Il n’y a aucune inflexion et il n’y a qu’un chef, c’est François Fillon », répond aujourd’hui son porte-parole Thierry Solère.

    Cela dit, la ligne pro-Assad de certains des soutiens historiques de Fillon, comme le député Thierry Mariani qui s’est félicité de la chute d’Alep-Est, risque de poser des problèmes au candidat LR, dont les positions ressemblent parfois à s’y méprendre à celles du Front national.

    Ce jeudi, Marine Le Pen n’avait toujours pas réagi à la chute d’Alep entre les mains d’un régime qu’elle a de toutes façons toujours défendu. Lundi, au lendemain de l’attentat perpétré contre une église copte au Caire, la candidate du FN avait pourtant immédiatement rédigé un communiqué de soutien aux chrétiens « sauvagement frappés par le fondamentalisme islamique ».
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    « Alep était infestée d’islamistes, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas des drames avec des civils (…), il y en a », a répondu Florian Philippot ce jeudi sur BFMTV. Reprenant la ligne du parti d’extrême droite, il a, de nouveau, déclaré qu’il fallait « parler avec la Russie ». « Au lieu d’observer et de se lamenter, il aurait fallu être acteur : (…) La France aurait œuvré à créer une vraie coalition mondiale avec les États-Unis, avec les pays européens dont la France, mais aussi avec la Russie ; cela aurait été plus responsable. »
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    Outre les liens étroits du FN avec la Russie, notamment financiers (lire nos enquêtes), le FN a toujours, dans ce conflit repris, à la virgule près, la propagande de Bachar al-Assad, estimant que son régime permettait de faire « cohabiter pacifiquement des minorités qui demain vont se faire massacrer », comme l’affirmait en 2013 Marion Maréchal-Le Pen. L’entourage de la dirigeante du FN a parfois noué des liens d’affaires avec Bachar al-Assad. La société de communication de Frédéric Chatillon, conseiller officieux de Marine Le Pen, Riwal a perçu, comme le racontait Mediapart, entre 100 000 et 150 000 euros par an du régime syrien, pour gérer la communication dudit régime.

    Les candidats à la primaire du PS : le soutien à l’opposition syrienne

    Ils ne sont d’accord sur rien, ou presque. Sauf sur la guerre en Syrie. Les principaux candidats à la primaire du PS, prévue les 22 et 29 janvier, reprennent tous à leur compte la ligne des autorités françaises, définie sous Nicolas Sarkozy et poursuivie par François Hollande : condamnation du régime de Bachar al-Assad et soutien à l’opposition syrienne, dite modérée (hors djihadistes). Mais la plupart se gardent bien d’aller au-delà sur le terrain diplomatique. Seul véritable point de discorde : la question des réfugiés entre, d’un côté, Manuel Valls, renvoyé à son discours de Munich dans lequel il avait critiqué la politique d’accueil de la chancelière Angela Merkel, et, de l’autre, tous ses concurrents.

    Manuel Valls a tweeté mardi un appel à la Russie de Vladimir Poutine, avant de critiquer « un tropisme pro-russe chez François Fillon ». La France « doit parler avec la Russie mais aussi dire avec la plus grande fermeté que ce qui se passe à Alep est intolérable, indigne, c’est une blessure pour l’humanité », a-t-il déclaré au média en ligne Brut.

    Mercredi à Paris, Benoît Hamon a commencé son discours en rendant hommage à « nos frères et sœurs en humanité » qui meurent à Alep et en parlant de « crime de guerre » et de « crime contre l’humanité ». « Je me refuse à graduer l’horreur selon qu’elle est perpétrée par Daech ou par Bachar al-Assad », a-t-il argumenté, mais sans s’avancer sur les solutions diplomatiques. Il s’est en revanche clairement distingué de Manuel Valls sur l’accueil des réfugiés – alors premier ministre, il avait critiqué les choix d’Angela Merkel. « J’ai eu honte que des responsables soient allés tancer une chancelière (allemande) pour lui dire de ne pas en faire autant sur les réfugiés », a balayé Hamon mercredi, qui veut créer un visa humanitaire, sortir des accords de Dublin et octroyer plus rapidement aux migrants le droit de travailler.
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    Même tonalité chez Vincent Peillon qui, interrogé sur France Inter, a surtout appelé à accueillir les Syriens réfugiés : « Si l’on peut faire quelque chose, c’est les accueillir », a-t-il expliqué.
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    Seul Arnaud Montebourg, après avoir exprimé son « indignation profonde », s’est un peu plus avancé sur le plan diplomatique : dans un communiqué publié sur son site, il salue « les efforts diplomatiques que la France a entrepris ces dernières années avec Laurent Fabius et Jean-Marc Ayrault ». Avant d’ajouter : « Mais nous ne pouvons agir ou peser seuls. (...) Il faut exiger dès les prochaines heures une initiative commune de l’ensemble des chefs de gouvernements pour mobiliser les autres puissances mondiales, Chine et États-Unis notamment, faire pression sur la Russie, l’Iran afin que cesse l’un des plus sinistres épisodes et l’un des plus lourds échecs diplomatiques de ces dernières décennies. »

    Les écologistes, fidèles à leurs traditions

    Droits de l’homme, aide humanitaire et appel à la communauté internationale : les dirigeants d’Europe Écologie-Les Verts, et le candidat Yannick Jadot, sont fidèles à la tradition politique de leur mouvement. Dans une tribune publiée par Le Monde, après avoir condamné les massacres du régime, le candidat Yannick Jadot appelle avec l’essayiste Raphaël Glucksmann au renforcement des sanctions contre la Russie (« Ce régime russe est aussi une oligarchie qu’il faut frapper au portefeuille »), et à refuser que la Coupe du monde de football ait lieu en Russie en 2018.
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    Ils s’en prennent aussi à plusieurs dirigeants français : « Alep crève depuis des mois et Marine Le Pen a applaudi Assad et Poutine, son modèle et son parrain. Alep crève et François Fillon a dit, dans un débat de la primaire démocratique de la droite française, “choisir Assad” avant de justifier Poutine. Alep crève et Jean-Luc Mélenchon a affirmé dans une émission populaire du service public : “Je pense que Poutine va régler le problème en Syrie.” »
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    Quant à l’ancienne ministre Cécile Duflot, elle s’est rendue en début de semaine à la frontière turco-syrienne – la délégation, également composée des députés Patrick Mennucci (PS) et Hervé Mariton (LR), a demandé, en vain, à accompagner jusqu’à Alep le président du comité civil d’Alep-Est Brita Hagi Hasan. Plusieurs responsables écologistes, dont Jadot et Jacques Boutault, maire du IIe arrondissement de Paris, ont aussi participé jeudi, aux côtés d’Anne Hidalgo (PS), à la manifestation organisée pour le départ d’un convoi d’aide humanitaire.

    Mélenchon, contre l’impérialisme américain mais à quel prix ?

    À gauche, seul Jean-Luc Mélenchon se distingue réellement. Au centre de nombreuses polémiques, il a pris soin, depuis quelques mois, de préciser ses propos. Dans sa dernière émission, Revue de la semaine, mise en ligne sur Youtube jeudi, le candidat de la France insoumise insiste sur cette information qui le « percute ». « Ces dernières heures nous avons tous été bouleversés par la diffusion des images en provenance d’Alep et de la partie est de cette ville, des bombardements qu’elle est en train de subir », commence Mélenchon, qui en profite pour répondre à ses détracteurs, qui font de lui « un ami des bombardements sur cette partie de la ville ». « Comment peut-on penser qu’il y a une personne ici ou là qui aime les bombardements et leurs conséquences ? À ceux qui se posaient des questions, je leur dis que je suis comme eux : indigné, blessé », poursuit-il.
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    Jean-Luc Mélenchon réexplique, dans cette vidéo, la série d’arguments qui lui permettent de se définir comme un « non aligné » (« une propagande mortelle interdit tout débat, toute critique, tout point de vue non aligné », déclarait-il dans une note de blog mercredi 14 décembre). D’abord le fait que, selon lui, cette guerre en Syrie n’est pas celle qu’on croit, mais bien une guerre pour les matières premières (le gaz et le pétrole).

    « Il s’agit d’une guerre du pétrole et des gazoducs qui n’a pas d’issue sans une coalition universelle ! Nul n’admet, contre les faits eux-mêmes, que ce sont les États-Unis et la France qui ont refusé la formation d’une coalition universelle avec la Russie pour combattre les bandes armées de Daech, Al Nostra [le Front Al-Nosra – ndlr] et compagnie », détaillait Mélenchon le 14. « Le problème de la guerre en Irak et en Syrie, ce n’est pas la religion, ce sont les oléoducs et les gazoducs. (...) Ce sont des guerres traditionnelles pour l’accès aux matières premières et l’accumulation de la richesse. Et dans l’affaire de la Syrie c’est tout à fait ça au point de départ », déclarait-il le 11 décembre à l’émission Question politique.

    Au début du soulèvement syrien en 2011, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon faisait pourtant partie des formations politiques à saluer les printemps arabes, y compris en Syrie. Sa coprésidente Martine Billard signait, le 28 août 2013, un communiqué condamnant clairement les bombardements à l’arme chimique quelques jours plus tôt, commis par le régime. « Après plus de 100 000 victimes tuées depuis le début du soulèvement en Syrie en mars 2011, et la destruction de régions entières du pays, le Parti de gauche dénonce le massacre à l’arme chimique de centaines de civils syriens le 21 août. Cette escalade dans l’horreur est inadmissible. » Mais, déjà, elle prévenait qu’« une intervention armée des États-Unis et d’autres pays alliés dont la France, ne ferait qu’aggraver le conflit d’autant que la Russie entend continuer à soutenir le régime criminel de Damas, notamment pour préserver ses intérêts dans la région ».

    Depuis, si le PG a changé de pied, c’est à la fois à cause de la montée en puissance des groupes armés islamistes et djihadistes (les deux étant parfois confondus dans le discours du parti) parmi l’opposition syrienne au régime, du soutien du Qatar, de l’Arabie saoudite et de la Turquie à certains de ces groupes, et le déclenchement de l’intervention internationale emmenée par les États-Unis. Or, pour le parti de Mélenchon, « le monde est entré dans l’ère des “guerres de l’Empire global” », selon son texte de congrès de juin 2015. Peu à peu, cette grille d’analyse a effacé celle présidant au soulèvement des peuples de Tunisie, d’Égypte, de Bahreïn ou de Syrie contre leurs dictateurs, indépendamment de tout agenda extérieur.

    « En Libye, en Irak, en Syrie ou au Yémen, les États-Unis tirent prétexte du chaos qu’ils ont eux-mêmes créé, en armant des terroristes islamistes, avec l’aide de leurs alliés pour justifier les interventions meurtrières pour les populations. Quatre ans après les soulèvements populaires du monde arabe, les peuples restent pris en étau entre les régimes autoritaires et dictatoriaux (comme le régime d’Assad), la progression d’un fanatisme subventionné par les monarchies wahhabites du Golfe, les seigneurs de guerre mafieux », écrivait alors le PG.

    De là découle, par exemple, le refus de Mélenchon de parler de « crimes de guerre » : le 16 octobre, dans le JDD, il rétorquait : « Toute guerre est une addition de crimes ! À quoi bon cette escalade verbale de Hollande ? Nous sommes déjà en danger de guerre généralisée. Pourquoi en rajouter avec cette menace du Tribunal pénal international ? Sait-on que ni les USA ni la Russie ne le reconnaissent ? Le dire n’est pas soutenir Poutine. D’ailleurs, il a mis en prison mes amis en Russie. »

    L’entrée en guerre de la France n’a fait que renforcer Mélenchon dans sa grille d’analyse. C’est aussi en défenseur des « intérêts de la France » qu’il se présente : « Depuis le début de la crise, d’un excès à l’autre, la diplomatie française s’est inutilement identifiée au camp des faucons nord-américains, écrivait-il le 4 novembre. Il n’y a plus de représentation diplomatique française à Damas. Comment envisager une discussion sur la paix et même une transition démocratique en Syrie en maintenant la rupture de toute relation diplomatique avec l’État syrien ? Ce choix n’est pas celui de tous les pays européens. Sept pays de l’UE conservent des relations diplomatiques avec la Syrie, dont la Grèce et l’Espagne. (...) La voix présidentielle de la France s’égarant actuellement dans le soutien aveugle aux islamistes turcs, c’est à nous d’incarner la France qui ne se trompe pas d’amis en Turquie. Nous l’avons fait concrètement en accueillant des parlementaires et dirigeants du HDP à nos universités d’été. »

    Ses positions sont l’objet de toutes les polémiques et gênent une partie de la gauche radicale (lire à ce sujet le texte de Julien Salingue*), et de ses soutiens. Mercredi, Clémentine Autain a condamné un « crime contre l’humanité » commis « au nom de la lutte contre Daech » et son mouvement, Ensemble, a relayé l’appel à manifester à Paris avec le collectif Avec la Révolution syrienne, et dénoncé un « dictateur sanguinaire ».

    Le PCF est beaucoup plus mesuré : dans un communiqué publié mercredi, les communistes demandent un cessez-le-feu pour les populations civiles d’Alep mais renvoient dos à dos « chacun des belligérants, et de leurs soutiens ». « Des crimes de guerre ont été commis par toutes les parties en présence, et leurs alliés, depuis le début de l’offensive sur Alep et de la guerre en Syrie », dit encore le Parti communiste, qui appelle à une « transition démocratique » en Syrie avec « un processus conciliant les ennemis d’aujourd’hui », sans un mot de condamnation sur Bachar al-Assad.

    Lénaïg Bredoux, Lucie Delaporte & Christophe Gueugneau

    *http://resisteralairdutemps.blogspot.be/2016/12/massacres-alep-lettre-un-camarade-qui.html

  • La Brique relaxée pour absence de motivation 8 Novembre 2016 Aside
    http://labrique.net/index.php?option=com_content&view=article&id=846:la-brique-relaxee-pour-ab

    Le 22 février 2015, le journal est verbalisé par la police municipale pour avoir vendu le canard à la criée. On refuse de payer, la mairie nous intente un procès. Lors de l’audience du 4 octobre devant le tribunal de proximité, la décision de justice a été mise en délibéré au 8 novembre. Un mois pour le juge, ce n’est pas de trop pour réviser ses fondamentaux. C’est donc aujourd’hui que l’issue de ce procès rocambolesque a été dévoilée. Et heureusement,  La Brique a été relaxée.

    Si nous avons mis autant de temps à relater notre procès tragi-comique, c’est qu’au même moment d’autres accusations méritaient plus d’attention que la nôtre : celle des 8 de Goodyear, les accusés d’Amiens, et les militants du rond-point des Postes1. Pour autant, si l’amende encourue par notre palmipède peut sembler dérisoire – 61 euros – les enjeux de notre procès ne l’étaient pas. Il remettait en cause la liberté de diffusion de la presse, tout en faisant peser une menace sur l’une de nos principales sources de revenu : les criées. Le procès a été à la hauteur de l’accusation : absurde.


     
    Rappel des faits2. Un arrêté pris par Martine Aubry en 2004 prévoit que « l’accès aux marchés est interdit aux véhicules publicitaires, cortèges, vendeurs et distributeurs de journaux, tracts de toute nature et de prospectus à caractère publicitaire ». En mettant tracts, publicités et journaux dans le même sac, cet arrêté municipal est de fait contraire à l’article 1 de la loi Bichet qui dispose que « la diffusion de la presse imprimée est libre. Toute entreprise de presse est libre d’assurer elle-même la distribution de ses propres journaux et publications périodiques par les moyens qu’elle jugera les plus convenables à cet effet ». Justement, on aime "assurer" la vente de notre canard à l’ancienne, à grands coups de slogans rageux et de discussions avec nos acheteur.ses et autres badauds des marchés lillois. Pourtant, les sbires de la police municipale ont estimé notre manière de faire illégale. Résultat des courses : un P.V. que nous nous sommes empressés de ne pas payer, raison pour laquelle la mairie nous a assigné en justice. C’est donc devant la cour que s’est réglé le duel La Brique – La clique à Martine.

    Premier round
    Le 4 octobre dernier, avec la loi Bichet en poche, l’audience n’aurait dû durer que deux minutes, c’était sans compter sur le dialogue loufoque qui allait suivre. Le directeur de publication est à la barre, confiant mais un peu raide. Le juge de proximité, Jacques Cianfarani, la soixantaine, habillé façon Hervé Mariton, ne porte pas la robe. En effet, ce n’est pas un juge professionnel que nous avons devant nous mais un retraité dont la maîtrise du droit et de la jurisprudence apparait aussi vague que la date d’obtention de sa première année de licence. Il appelle notre camarade à la barre. « Monsieur, on vous reproche d’avoir enfreint l’arrêté 43 du code des marchés de Lille », citant l’article en question, « et vous avez refusé de payer l’amende ». Le juge laisse alors la parole à notre avocate, Maître Ruef, qui mène sa plaidoirie. Elle invoque l’article 1 de la loi Bichet. Rares sont les lois édictant une « liberté aussi explicite dans le texte » rappelle-t-elle. Or, un modeste arrêté municipal ne saurait contredire une loi de la République, foi d’Hans Kelsen, grand théoricien de la hiérarchie des normes, principe bien connu de tout.e étudiant.e en droit. Le juge, finaud, demande à l’accusé : « Je suppose que vous avez la même position que votre avocate ? » . Devine !
     

    La Brique n’est pas un tract
    On ne sait pas quel terme cet homme n’a pas compris, si c’est l’idée de « liberté », de « diffusion » ou de « presse » ? La comparution dure une bonne quarantaine de minutes et tourne au procès kafkaïen. Faussement candide, le juge remet en cause ces notions, niant à La Brique la qualité de journal. Le prévenu rétorque : « Le journal La Brique existe depuis bientôt dix ans. Nous vendons le journal dans le mois qui suit sa parution sur les marchés de Lille, comme n’importe quel autre journal, à l’ancienne. Nous ne sommes pas ici par gaieté de cœur. Nous sommes bénévoles et consacrons du temps pour la rédaction, les dessins et la vente du journal. Et nous assurons malheureusement ce genre de service après-vente dont on se serait bien passé. L’affaire s’est déroulée en février 2015, c’est drôle, parce que les policiers, un mois plus tôt, nous tapaient dans le dos suite aux attentats de Charlie ». 

    L’affaire prend une tournure comique quand le juge, à l’aise et indécrottable dans son fauteuil moelleux, prend un air inspiré pour comparer notre vente à la criée à une autre affaire : « J’ai déjà jugé une affaire de ce type, c’était pour des distributeurs de tracts pour la secte raëlienne ». « Je doute de la mission d’information d’un tel bulletin » répond ironiquement l’accusé. Notre avocate enchaîne : « Nous ne contestons pas l’interdiction des tracts et objets publicitaires, nous disons que pour les vendeurs de journaux, cet arrêté est illégal, et que ce sont les lois sur le régime de la presse qui s’appliquent ». 
    Le juge semble irrité et balaie la plaidoirie d’un revers de manche : « Nous comprenons bien, Maître, mais vous n’allez pas ressasser les mêmes arguments pendant l’audience ». Les yeux montent au ciel dans la salle. Ce qui devait être une audience rapide pour faire valoir nos droits tourne au vinaigre. À plusieurs reprises, le juge parle de « tract » à la place de « journal » , et de « distribution » à la place de « vente ». Notre avocate sort alors un nouvel argument : « Il existe bien une jurisprudence à ce sujet, un vendeur de l’Huma Dimanche à Paris. Il avait été reconnu que la loi Bichet avait bien été enfreinte et la mairie de Paris à l’époque s’était mise en conformité à la suite de ce jugement ». Le juge est curieux : « Ah oui ? Mais vous avez ramené les pièces de cette procédure ? Ça m’intéresse de savoir sur quel motif la mairie a été déboutée ». Le procureur, qui prend le relais, tente de nous remballer : « La précédente affaire était de 175 €, ici votre infraction est fixée à 38 €. Ce n’est pas la même affaire, ni les mêmes circonstances » . Le juge reprend la main et s’adresse à l’accusé : « On comprend bien que ce n’est pas l’amende qui vous intéresse, c’est le fond, le principe, c’est bien ça ? ». Bref éclair de lucidité.


     
    On touche le fond
    On croyait l’apogée du ridicule atteinte, c’était sans compter sur l’obstination de notre comique de proximité : « Vous distribuez votre journal sur le marché de Wazemmes [il regarde ses feuilles] à 11 h 30 quand même ! En plein boom quoi. Ça peut gêner, et le journal peut tomber par terre, les gens peuvent glisser ». Maître Ruef, indignée par la faiblesse de l’argumentaire du magistrat, lui rétorque : « Enfin, les gens achètent un journal deux euros, ce n’est pas pour aussitôt le jeter par terre ! » . Mauvaise foi ou surdité, le juge repart de plus belle : « Oui, mais c’est du papier quand même, le décret pourrait s’appliquer au nom de la salubrité ». Nos oreilles saignent. Confondre décret et arrêté3, quand on remplit cette fonction, laisse augurer du pire pour la suite. Définitivement, on se dit qu’on a affaire à un juge pour qui le droit de la presse est tout à fait étranger. Lourd sentiment d’un procès à charge, où toutes les raisons, même les plus ridicules sont bonnes pour tenter d’établir notre culpabilité.
    Le procureur continue sa saillie et envisage la possibilité que nous vendions notre journal en plein trafic routier :  « Imaginez quand même que vous vendiez au croisement rue Nationale [?] le mardi ou le jeudi, ça causerait des problèmes de circulation ». Pure science-fiction, mais ça ne l’empêche pas de poursuivre : « L’arrêté du maire, par les pouvoirs qu’il possède, peut totalement réglementer la chose. Il n’y a pas d’atteinte à la liberté de la presse puisqu’elle n’est pas définitive et totale ». Comprendre : la vente de journaux, c’est bien, mais là où il n’y a personne, c’est mieux. Le juge enfonce le clou : « La liberté de la presse n’est pas absolue. Ne peut-on pas penser à la restreindre au nom de la sécurité et de l’ordre public ? C’est à débattre », ou comment un juge et un proc’ redéfinissent tranquillement la liberté de la presse.
    Le juge questionne le représentant de La Brique : « Sur le marché, quels autres journaux sont vendus ? La Cause du peuple ? » L’accusé sourit : « Je ne suis pas certain que ce journal existe encore. [ce journal maoïste a disparu en... 1978] J’ai déjà vu Liberté hebdo, le journal des sans-abris, le journal de Lutte ouvrière et même parfois La Voix du Nord. Il y a régulièrement le Parti socialiste qui distribue ses tracts pendant les élections. Et bizarrement, c’est moi qui suis devant vous ». Le juge ne répond pas mais questionne : « Oui, mais votre journal, est-il militant ? ». « Pas plus militant que La Voix du Nord ». Dans la salle, les regards complices se croisent.

    Le proc’ requiert la condamnation du journal à 38 € d’amende, plus 23€ de frais de justice. Le juge sort un « Bon, voilà ». Il est interrompu par notre tonitruante Maître Ruef :  « Je peux quand même faire mon travail et défendre mon client ? ». Laisser le mot de la fin à l’accusation est un peu la base d’un procès équitable, mais le magistrat ne semble plus à une fantaisie près. Notre avocate reprend donc le micro et conclue : « On ne pourra plus rien faire sur les marchés, qui sont, faut-il le dire, un lieu de vie dans une ville. Les marchés sont des lieux vivants et La Brique participe à la vitalité démocratique en France et tout au moins à Lille » . Au loin résonne en sourdine la devise du Canard enchaîné : « La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas ».

    Il aura donc fallu un mois pour que le juge se refasse une santé juridique à grands renforts, on n’en doute pas, de manuels de première année. Le verdict est donc tombé : la relaxe est prononcée. En revanche, on n’a toujours rien saisi aux justifications. Si le juge remet en cause l’arrêté en lui-même, il évoque seulement une "absence de motivation" concernant la vente de journaux dans l’interdiction au marché. « Motivation » qui, paraît-il, n’a pas lieu d’être dans un arrêté municipal. Nous avons donc contacté Xavier Bonnet, l’adjoint délégué au commerce - Halles et marché de plein air, pour connaître sa réaction et la date de mise en conformité de leur arrêté. On attend donc sa réponse...
     
    1. Pneus brûlés et criminalisation du mouvement social, La Brique, 26 octobre 2016 http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/835-pneus-brules-et-criminalisation-du-mouvement-social
    2. La mairie de Lille intente un procès à La Brique, La Brique, 02 septembre 2016 http://labrique.net/index.php/thematiques/repressions/819-la-mairie-de-lille-intente-un-proces-a-la-brique
    3. Un décret est un acte réglementaire pris par le président de la République et/ou le Premier ministre. Il s’applique donc à l’échelle nationale tandis que l’arrêté municipal, décision du maire ou d’un de ses mandataires, ne s’applique qu’au niveau de la commune.

    #Lille #presse #La_Brique #luttes_sociales #justice #censure #martine_aubry #ps

  • Du plomb dans l’eau des habitants de Crest (Drôme)
    http://www.passerelleco.info/article.php?id_article=2104

    À Crest, beaucoup de tuyaux sont encore en plomb, et les teneurs en plomb de l’eau dépassent souvent les normes sanitaires. Le Maire Hervé Mariton promet pourtant à chacune de ses réélections de remplacer ce vieux tuyaux... mais concrètement il préfère promouvoir la construction d’un centre aquatique touristique, qui endettera les habitants pour de nombreuses années et profittera surtout aux touristes. Salut à toi Grand Seigneur de Crest Toi t’es un gars en qui (...)

    #PhytoEpuration_et_gestion_écologique_des_eaux_usées

    http://www.passerelleco.info/IMG/pdf/informations-plomb-eau-potable-robinet-crest-normes-travaux-analyses.

  • « Medef, Medef, Mes déf-icits ! » La Brique Lille

    Vendredi 22 avril, une quarantaine de personnes (militant.es, syndicalistes de Sud, participant.es de Nuit Debout, étudiant.es) répondent à l’appel des Interluttant.es 59/62. Rendez-vous est donné à 8 h 30 pour une action coup de poing dont l’objectif n’est révélé qu’en dernière minute. Une petite sauterie entre patrons organisée par le Médef se déroule à l’intérieur de la majestueuse Chambre de commerce et d’industrie (CCI) : « Petit-déjeuner d’échanges avec Hervé Mariton ». Les patrons devront partager la brioche.
     
    VIDEO : https://www.youtube.com/watch?time_continue=9&v=L8WmuMR4inw

    L’article : http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/791-medef-medef-mes-def-icits

    #Lille #Interluttant.es #Chambre_de_commerce #Hervé_Mariton

  • Nicolas Sarkozy pose ses conditions à un soutien à la réforme de la Constitution
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/01/06/nicolas-sarkozy-pose-ses-conditions-a-un-soutien-a-la-decheance-de-nationali

    Il réclame que le calendrier de son application soit mieux précisé, qu’elle soit élargie aux délits terroristes et pas seulement aux crimes terroristes, que la déchéance soit prononcée dès l’effet de la peine et enfin que l’état d’urgence permette dorénavant la pose de bracelets électroniques par décision administrative pour les individus dangereux.

    Au total, 51 membres du bureau politique, parmi lesquels Alain Juppé et Bruno Le Maire, ses rivaux en vue de la primaire de la droite et du centre, se sont prononcés dans le même sens que l’ancien chef de l’Etat.

    Cinq dirigeants ont voté contre : Nathalie Kosciusko-Morizet, Edouard Philippe, Benoist Apparu, Hervé Mariton et Patrick Devedjian. Enfin, deux se sont abstenus : Rachida Dati et Gérard Longuet.

    Décidément, chacun veut apporter sa bouse à l’édifice.

    Si on résume la proposition phare de ce bon Sarko (et si je comprends bien) : un poivrot qui beugle Allah akbar ! sous le nez des flics (délit d’apologie du terrorisme) pourra se voir déchu de la nationalité française par un tribunal correctionnel.

    Ou un collégien qui aurait toussé pendant la minute de silence.

  • Sarkozy élu président de l’UMP avec 64,5% ( RAPPEL des CASSEROLES et des 205 TAXES et IMPOTS)
    http://www.brujitafr.fr/2014/11/sarkozy-elu-president-de-l-ump-avec-64-5-rappel-des-casseroles-et-des-205-

    Quelle surprise ......

    Nicolas Sarkozy a été élu président de l’UMP au premier tour avec un score moins élevé qu’attendu (64,5% des voix), devant Bruno Le Maire (29,18%) et Hervé Mariton (6,32%), a annoncé samedi la présidente de la Haute autorité du parti, Anne Levade.

    suite et source

    Car notre « ami » Sarkozy a beaucoup de casseroles à son actif, une sacrée liste....

    Je vous conseille de jeter un oeil sur un article que j’avais publié le 14/01/2012 où figure une liste non exhaustive :

    2007 - 2012 : Le Bilan des Années SARKOZY

    le sarkozysme c’est aussi :

    l’affaire Karachi l’affaire Takiedine l’affaire GDF l’affaire Tapie l’affaire Clearstream l’affaire Bettencourt*** les affaires Wildenstein l’affaire César (...)

  • CIP-IDF > Un coup de poing dans tes chiffres
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6850

    Hier, et encore aujourd’hui, c’était les intermittents qui étaient traités de privilégiés, chômeurs exorbitants du droit commun, incapables de vivre de leur art, assistés vivants aux dépens des travailleurs et des entreprises privées. On exhibait les déficits abyssaux que leur entretien enlevait aux autres, aux vrais chômeurs. La Cour des comptes annonçait des calculs aberrants, supposés démontrer combien le sort des artistes et techniciens était préférable à celui des travailleurs intérimaires [1] .

    Et voilà que, soudain, ce sont aussi les intérimaires qui se retrouvent passer, comme par magie, du côté des profiteurs, des destructeurs de la solidarité nationale, des responsables de la dette publique. Pourquoi ? « Il y a un nombre croissant de nos concitoyens qui, en réalité, préfèrent l’intérim : meilleure rémunération, primes d’heures supplémentaires, une forme de liberté, et optimisent leur trajectoire avec une alternance d’intérim et de chômage. Disons les choses clairement : ce n’est pas toujours une stratégie subie. Il y a un déficit croissant de cette part d’assurance chômage, et ce n’est pas supportable. » Hervé Mariton, député de la Drome. Chargé du pôle projet de l’UMP, au 7/9 de France Inter, le 19 février 2014.

    Monsieur Mariton dit, à mots encore couverts, sa vérité : le scandale est, à son sens, que quelqu’un puisse choisir son emploi. Décider pour qui on accepte de travailler, dans quelles conditions, à quel tarif, à quel moment, voilà qui est, pour ce député, non pas un droit, mais un privilège. N’est-ce pas une certaine manière de dire, dans une novlangue néolibérale, que les droits sont réservés à certains citoyens particuliers, entreprenants, serviteurs utiles du marché, d’autant plus concurrentiels ou asservis que terrorisés à l’idée de perdre leur droit, comprendre leur travail ou leurs bénéfices ? Aux autres, les incapables, les assistés, - on disait la canaille, on dit la racaille - on laisse la précarité. C’est à dire, de vivre non pas de leurs droits, mais de ce que la charité publique, le RSA veut bien leur abandonner [2]. En effet, l’humanité recommande de ne pas les laisser sans subsistance, et la prudence le commande surtout : sans revenus et désespérés, ne risqueraient-ils pas d’être tentés par le révolver et l’incendie ?

    L’ennemi, c’est le taux de chômage (entendre le nombre de chômeurs). M. Gautier-Sauvagnac (négociateur du Medef pour l’assurance-chômage en 2003) l’avait dit en son temps à propos des intermittents : le problème ce n’est pas le déficit, c’est le nombre. Le problème de M. Gautier-Sauvagnac (condamné depuis à un an de prison pour gestion d’une caisse noire patronale destiné à « fluidifier le dialogue social », c’est à dire en français, corrompre des syndicalistes) n’est pas le nombre de personnes sans emploi, mais le nombre de chômeurs indemnisés. Nous disons depuis que ce que nous défendons, nous intermittents, nous le défendons pour tous. C’était un slogan qui, aujourd’hui, s’éclaire bien plus crûment : hier, les intermittents, aujourd’hui, les intérimaires, demain, à qui le tour ? On le voit bien, ce qui est insupportable - idéologiquement insupportable - à ces fanatiques de l’équilibre prétendu des comptes, c’est que d’autres que les privilégiés de l’économie libérale, les nouveaux rentiers, puissent jouir des mêmes droits qu’eux, bref de disposer de temps libre, de choisir ses activités et de se réjouir de son travail.

    #chômage #intermittence #précarité #luttes

    • Travail de sape et bombardement médiatiques : Êtes-vous favorable à la proposition du Medef d’en finir avec le régime des intermittents du spectacle ?
      http://www.lepoint.fr/sondages-oui-non/etes-vous-favorable-a-la-proposition-du-medef-d-en-finir-avec-le-regime-des-
      Ils avaient réussi à montrer 65% d’avis poujadonéolib… là, le score de la saloperie est en baisse, purger son navigateur permet de voter plus.

      #opinion

    • Merchandising #néolibéral pour clients de #Libération :

      REPÈRES Comment s’y retrouver dans la jungle du calcul des 507 heures dans les 319 jours (pour les #artistes) ou les 304 jours (pour les #ouvriers et #techniciens), précédant la fin du contrat de travail et qui ouvre les droits à des indemnités ? Les intermittents peuvent prendre d’assaut une antenne de Pôle Emploi spectacle, saturée. Ou tenter leur chance auprès d’un(e) conseiller(e) de Pôle Emploi « classique », souvent mal formé(e) sur ce régime dérogatoire. Sur la Toile : un site, Suppermittent, débroussaille le chemin escarpé ; une application pour smartphones, Intermittent, gratuite ou payante (entre 5,99 et 7,99 euros), est très complète. L’abonnement sur Mescachets.com revient, lui, très cher : 36 euros par an.

      Avec un joli dossier style élisions, vraisemblances et intoxs, en #paywall.
      http://www.liberation.fr/culture/2014/02/26/reperes_983192

    • Occupation de la Cour des comptes, 13 Rue Cambon.

      Des éléments d’infos : depuis plusieurs années, des chiffres biaisés sont publiés par la Cour des comptes, dont cette fameuse comparaison entre le régime des intermittents et le déficit global de l’Unedic. Il s’agit là de fraude scientifique caractérisée. Bien que dans son dernier rapport, la Cour des comptes reconnaisse que le déficit de l’Unedic n’est imputable ni aux intermittents, ni aux intérimaires mais à l’augmentation du chômage dans les CDD et CDI, la cour des comptes continue à préconiser la suppression de l’annexe 8 des techniciens. Puisque l’argument financier n’est plus justifié, on peut se demander pourquoi ? La réponse est très simple, elle tient pour partie au membre de la Cour des comptes chargé d’écrire cette partie du rapport : Michel de Virville. Les journalistes qui appellent les membres de la Cour des comptes « les sages de la rue Cambon » pour mettre en avant leurs soit disant neutralités feraient leur travail en enquêtant (pas plus d’1h) sur ce rédacteur.
      Pour info et en résumé : Avant d’entrer à la cour des comptes, Michel de Virville est Directeur des Ressources Humaines de Renault et membre de la Commission des relations du travail et du travail du Medef, il en est nommé président. Le 31 janvier 2008, il succède à Annie Thomas (CFDT), en étant élu à la présidence de l’Unedic avec le soutien de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), fédération influente du Medef. Il négocie ensuite le versement d’une prime de départ d’1,5 million d’euros à Denis Gautier-Sauvagnac, mis en accusation pour une affaire de retraits suspects répétés d’argent en espèce. Suite à la révélation par les médias de ce parachute doré et de son rôle dans sa négociation, Michel de Virville est contraint à la démission le 1er mars 2008 de tous les mandats qu’il possède au titre du Medef, dont la présidence de l’Unedic, où il remplacé par Geoffroy Roux de Bézieux. Suite à cette démission, De Virville retrouve sa place à la cour des comptes où il est chargé de rédiger les rapports sur l’assurance chômage (puisque c’est sa spécialité). Il y a 1 mois, son ami Gautier Sauvagnac était condamné à 1 an de prison ferme et 3 ans avec sursis.

      En fait de sage, c’est un ancien membre du MEDEF qui rédige les rapports concernant les intermittents et l’assurance chômage. Nous exigeons que le scandale de la manipulations sur les chiffres cesse.

      La situation à 17h40.

      Le secrétaire général de la Cour des Comptes Jérôme Filippini nous avait proposé de recevoir une délégation pour écouter et répondre. Dans son bureau, un étage plus bas.
      L’assemblée générale de l’occupation a discuté et accepté ce principe, désigné une délégation (avec des gens, CGT-Spectacle, Cip, Syndeac, Sud-Culture, AC !, CGT-Intérimaires (Sud-Interim est resté bloqué dehors) + 1 caméra), établi un mandat dont les détails sont à suivre. Au moment de descendre, M. Filippini a exigé que nous quittions les lieux, condition préalable pour lui à l’entrevue. Il assure qu’il avait été clair sur cette condition, ce que personne n’avait entendu…
      La discussion a tourné court.
      Nous occupons toujours la Grande Chambre de la Cour de Comptes. La grande porte, juste devant moi, est surmontée d’un cartouche gravé de la phrase suivante :
      Art. 15 - La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration


      18h On a des impressions de modifications des forces de l’ordre dans la rue Cambon. des nouvelles dès que. (Arriverons-nous à terminer de rédiger le communiqué de presse sur le quel nous sommes ???)
      18h08 évacuation imminente

      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6852

      À propos d’un récent rapport de la Cour des comptes qui attaque l’intermittence - Sonore et trébuchant
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6031

  • Bref commentaire sur l’affaire « Nicolas » - Journal d’un avocat
    http://www.maitre-eolas.fr/post/2013/06/24/Bref-commentaire-sur-lrsquo;affaire-ldquo;Nicolasrdquo ;

    Ce billet sera une forme de réponse collective à tous ceux qui m’ont demandé mon opinion sur cette condamnation, que ce soit avec une sincère curiosité ou dans l’espoir que je sonnerais le tocsin sur les libertés qu’on assassinerait. Autant vous dire que ceux-ci seront déçus, leur discours hyperbolique sur le despotisme du gouvernement actuel et le fait que nous aurions basculé dans une société totalitaire ayant plutôt tendance à agacer quiconque fait du droit d’asile et a l’occasion de voir des vrais dictatures à l’œuvre. On peut militer et revendiquer sans sombrer dans l’indécence.

    L’aspect LOL de cette affaire (LOL étant à prendre avec toute la triste ironie que m’inspire tout ceci)

    Or depuis la loi sur la sécurité intérieure du 18 mars 2003, première loi sécuritaire voulue par Nicolas Sarkozy, une foultitude de délits donne lieu à prélèvement ADN, dont les dégradations volontaires, alors qu’avant, ce n’était que les crimes les plus graves et les délits sexuels. La même loi a étendu l’obligation de prélèvement aux fin de conservation des seuls condamnés aux personnes simplement soupçonnées d’avoir commis un des nombreux délits désormais concernés. Hervé Mariton et Marc Le Fur, qui ont annoncé leur intention d’aller visiter Nicolas B. en prison, en profiteront pour lui expliquer pourquoi ils ont voté cette loi à l’époque.

    Merci qui ?

    Conclusion logique :

    Au delà de cette sévérité que je regrette par principe (la justice ne s’abaisse jamais à mes yeux à être clémente, au contraire), cette affaire aura au moins une vertu : la découverte par les citoyens de l’abominable arsenal sécuritaire voté pendant dix ans (tous les dégâts de cette affaire sont dues à UNE loi ; il y en a eu 5 majeures et une dizaines de mineures). Les lois répressives répriment tout le monde sans distinction. La répression pour tous.

    Tiens, et si on se réconciliait pour manifester tous ensemble contre cette abomination là ?

  • Débat à l’assemblée nationale
    Christiane Taubira tous les jours un peu plus grande, cite une merveille de Léon-Gontran Damas (1912-1978), poète guyanais :

    via Marc Endeweld et Arlindo Constantino

    l’immense Christiane Taubira répond au tout petit Hervé Mariton, député UMP à la pensée si étriquée en citant (un peu approximativement, mais c’est pas grave, l’esprit y est) :

    « Léon-Gontran Damas, dans ses poèmes, parle de la différence, et interpelle sur le respect. Mais la différence n’est pas un prétexte pour l’inégalité des droits ! Et je vais vous dire, justement, ce qu’il vous aurait dit, Damas, en réponse à ce que vous nous dites, et ça, c’est dans Black-Label » !

    Nous les gueux

    nous les peu
    nous les rien
    nous les chiens
    nous les maigres
    nous les Nègres

    Nous à qui n’appartient
    guère plus même
    cette odeur blême
    des tristes jours anciens

    Christiane Taubira : « Si nous nous n’accordons pas l’égalité des droits, Si nous ne reconnaissons pas la liberté, Alors nous disons » :

    Qu’attendons-nous
    pour jouer aux fous
    pisser un coup
    tout à l’envi
    contre la vie
    stupide et bête
    qui nous est faite
    à nous les gueux
    à nous les peu
    à nous les rien
    à nous les chiens
    à nous les maigres
    à nous les nègres

    http://www.dailymotion.com/video/xxb0sp_christiane-taubira-cite-damas-face-a-mariton_news

    • Le CR intégral étant maintenant en ligne, on peut voir qu’elle répond ainsi à ceci :

      La parole est à M. Hervé Mariton pour soutenir l’amendement n° 3460.

      M. Hervé Mariton. La difficulté tient au fait que l’on veut appliquer – très imparfaitement, comme nous venons de le voir – la même procédure aux couples de personnes de même sexe qu’aux couples de personnes de sexe différent. La solution aurait consisté à créer, à inventer, une procédure publique adaptée.

      Dois-je rappeler à Mme la garde des sceaux, qui cite Léon-Gontran Damas dans son discours introductif – vous avez de bonnes lectures, chère madame –, que ce poète a très souvent exprimé, dans son œuvre, l’idée que les différences entre les personnes ne devaient pas être niées, mais assumées, acceptées et promues ? Bref, qu’il considérait que la différenciation était préférable à l’identification.

      Vous qui citez un poète prônant que, face à des situations différentes, l’on refuse une assimilation ne correspondant pas à la réalité des choses – ce qui n’attente en rien à la dignité des personnes –, pourquoi cautionnez-vous cette construction extravagante qu’est l’article-balai ?

      Un député du groupe UMP. Ce n’est pas parce qu’elle le cite qu’elle l’a lu !

      M. Hervé Mariton. Cet article reflète bien une volonté d’indentification jusqu’à l’artificiel, jusqu’au factice. Madame la garde des sceaux, revenez à Léon-Gontran Damas !

      (…)

      Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. Quant à vous, monsieur Mariton, qui avez pris un ton assez grave pour m’interpeller sur Léon-Gontran Damas, un poète guyanais, je le rappelle,…

      M. Hervé Mariton. Tout à fait !

      Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. …et qui, on l’oublie souvent, a siégé ici même,…

      M. Hervé Mariton. C’est exact !

      Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. …je dois vous dire que je n’avais jamais assisté à tel détournement de son œuvre.
      Vous m’enjoignez de revenir à Damas, monsieur Mariton,…

      M. Philippe Gosselin. Il faut trouver votre chemin de Damas, madame la garde des sceaux ! (Sourires.)

      Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. …parce que Damas est le poète de la différence. Avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas est d’abord le poète de la négritude, un courant littéraire et politique.

      http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2012-2013/20130135.asp#P433_73595

      Le député UMP anonyme peut remercier les sténographes qui ont respecté son anonymat…

  • Europe : Comment redorer l’image de l’État hébreu ? Tapis rouge pour 400 parlementaires européens en visite de soutien à Israël (février 2011)
    http://www.israelvalley.com/news/2011/02/08/30255/israelvalley-europe-comment-redorer-l-image-de-l-etat-hebreu-tapis-rou

    Une trentaine de députés et sénateurs français ont également fait le déplacement, dont les anciens ministres Hervé Mariton, Corinne Lepage et Eric Raoult, et la porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblee nationale, Aurélie Filippetti.

  • L’Assemblée nationale a voté, mercredi 8 février, sur proposition du gouvernement, l’instauration progressive d’ici 2018 d’un quota de 40 % de femmes parmi les hauts fonctionnaires nommés chaque année, actuellement très majoritairement des hommes.

    La mesure, présentée par le ministre de la fonction publique François Sauvadet, a été adoptée à la quasi-unanimité de la vingtaine de députés présents, gauche et droite confondues, seul Hervé Mariton (UMP) votant contre.

    je sais pas si je dois rire ou pleurer

    #foutage_de_gueule #sexisme

    • apparemment les quotas de femmes parmi les postes à responsabilité des différents secteurs, publics ou privés, plafonnent à 40 %. Pourquoi 40, alors là, sans doute faut-il demander aux 19 députés qui ont daigné s’intéresser à la question.
      C’est une parité où t’as une moitié qui est plus égale que l’autre, tu me suis ?

    • C’est une caractéristique de notre belle civilisation : n’acceptons pas d’être bêtement limités à des notions du type 50% = la moitié, gardons nos spécificités !

      (-> [ ])

  • « L’allégeance aux armes de la France », ou comment enrichir les industriels de l’armement - Défense - Basta !
    http://www.bastamag.net/article1782.html

    De 2008 à 2009, le budget de la Défense a pourtant augmenté de 10 % (soit 1,1 milliard d’euros), tandis que le financement des équipements, c’est-à-dire les commandes destinées à l’industrie de l’armement, ont progressé de 20 % (102 milliards d’euros de commandes sont prévus pour la période 2009-2014).

    La tribune du Figaro citée plus haut est signée notamment par Jean-François Copé et Hervé Mariton, mais également par... Serge Dassault, propriétaire du titre, qui tire sa fortune estimée à 9,3 milliards de dollars (soit 1,7 milliard de plus qu’en 2010) de l’industrie de l’armement. Le conflit d’intérêt ne prend même plus la peine d’être discret.

    #armement #politique

  • Français, pour sauver le bouclier fiscal : Travaillez plus et ... gagnez moins ! SLOVAR les Nouvelles - Expressions libres
    http://slovar.blogspot.com/2010/07/francais-pour-sauver-le-bouclier-fiscal.html

    Ainsi, alors que la logique voudrait, dans un pays ou plus de 4 millions de personnes sont au chômage ou en grande précarité, qu’on supprime l’exonération de charges sociales sur les heures supplémentaires, tout en conservant l’actuelle durée du travail, afin d’essayer de permettre un peu plus d’embauches, Hervé Mariton, (l’ancien villepiniste) affirme , sans rire : « à l’heure de l’austérité et de la lutte contre les déficits publics, ils sont de plus en plus d’élus de la majorité à pointer ouvertement que pour remédier à la dette de l’État, le meilleur moyen serait encore de modifier la durée légale du travail pour stimuler la croissance ... / ... »

    #exploitation #spoliation #guerre #classes #cynisme #révolution #rétrograde #for:rezo.net #for:arnaud.bihellesnouvellesnews.fr #for:l.serisgers.cci.fr #for:twitter