Dans une biennale d’art contemporain
On m’attribue fautivement une œuvre
Je ne comprends pas que c’est une moquerie
Sarah et moi mal réveillés ce matin
Sur le chemin de la gare
Fous rires et on se cogne
Open space complètement noir
Je tâtonne pour me faire un café
Comme autrefois dans le labo-photo
Il n’est pas huit heures
Et déjà j’envoie des mails
On entre dans l’automne froid
Je découvre
Best of luck with that wall
De Josh Begley
Je redécouvre la grande frise
Des cent photographies
Du New York Times
Danna Ferrato
Michael Nichols
Stanley Forman
L’une photographie l’invisible violence domestique
L’autre un crocodile vue du dessous
Une femme et son enfant tombent du cinquième
Déjeuner préparé par Zoé
Avalé sur le pouce, bon
Deux cafés chez Clément et Juliette, bons
Il reste deux mois à cette année maudite
Aurais-je la force
D’aller jusqu’au bout ?
Émile régresse aux échecs
Cela m’inquiète beaucoup
Il s’obstine et échoue
Gnocchis aux épinards et au four
Déluge de soupirs d’aise
Petits pois au beurre pour qui n’aime pas les épinards
Bref échange téléphonique avec Julien
Il m’échange ses deux barils de Paul Veyne
Contre mon baril de Laurent Cauwet
La blague habituelle de l’ouvreur du Keaton
? Je m’excuse mais ma carte de famille nombreuse n’est pas à jour
? Mais vos enfants, eux, sont à jour ? - Oui !
Happy End de Michael Hanecke
Le sentiment confortable, oui, confortable
D’entrer dans une maison connue
En revanche, rapidement
Le montage habituellement au scalpel
Paraît complétement détraqué
Les images sont grandioses
La mise en scène admirable
Mais le montage… que s’est-il passé ?
Malgré tout la chute
À la fois la fin en elle-même
Et son happy end, drolatique
De retour du cinéma
Je me demande malgré tout si Happy End
N’est pas, avant tout, pour Hanecke un effort d’autodérision
Quelques pages de La Domestication de l’art
Avant d’éteindre, pas nécessairement
La plus apaisante des lectures du soir. Colère
La Domestication de l’art de Laurent Cauwet
Et moi, qui, bêtement, pensais m’émanciper en écrivant
J’apprends que je travaille pour un maître plus puissant encore