person:mark monmonier

  • A l’école genevoise, le #Kosovo n’existe pas

    Les cartes géographiques murales dans les classes font du Kosovo une province serbe. Elles ont été achetées à l’entreprise Michelin, en France. Le Département de l’instruction publique reconnaît une erreur.

    « Madame, il est où le Kosovo sur la carte ? » demande un élève. Réponse hypothétique de l’enseignant : « En #Serbie, Toto. » C’est la blague de la rentrée scolaire genevoise, qui fera sans doute davantage grimacer que sourire. Mais elle est vraisemblable. En effet, sur les cartes murales du monde et de l’Europe des classes des degrés primaire et secondaire dont le Département de l’instruction publique (DIP) a fait l’acquisition, le Kosovo n’existe pas. Il n’est qu’une province serbe, alors que son indépendance a été reconnue. Diable, il va falloir que les professeurs se montrent fins diplomates.

    Comment cette bourde a-t-elle été rendue possible, dans un canton où la communauté kosovare est très présente ? « L’absence des frontières politiques du Kosovo n’a pas été remarquée par les acheteurs sur le moment, répond Pierre-Antoine Preti, porte-parole du DIP. Il n’y a aucune volonté délibérée de la part du DIP, qui va désormais s’employer à corriger cette erreur. » Comment ? Dans un premier temps, la commande 2018-2019 sera renvoyée à l’expéditeur. Les commandes suivantes seront conformes aux frontières politiques européennes, assure le département.
    Exigence de cartes plastifiées résistantes

    Chaque année, Genève procède au réassort des cartes murales donnant des signes de fatigue. Le canton vient de faire l’acquisition de 73 exemplaires. La Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) a passé commande au français Michelin, manifestement pas à la page puisque l’Hexagone, comme la Suisse, a reconnu le Kosovo en 2008, peu après sa déclaration d’indépendance unilatérale.

    Genève aurait été mieux inspiré en achetant local. En Suisse, le numéro un des éditeurs touristiques est Hallwag Kümmerly+Frey et ses cartes sont à jour. Le DIP n’ignorait pas ce fournisseur lorsqu’il a procédé au choix, l’acquisition étant passée par la centrale commune d’achat du Département des finances, qui veille à l’application des règles usuelles des marchés publics.

    Mais la DGEO avait sur le produit des idées bien arrêtées. Elle souhaitait des cartes plastifiées plus résistantes à l’usage scolaire, une exigence formulée avec le soutien d’experts pédagogiques dans le domaine de la géographie. Dommage qu’attachés à ces considérations techniques, ils en aient oublié le fond. Et comme le concurrent suisse de Michelin ne proposait pas cette plastification dans le format désiré, c’est l’entreprise française qui l’a emporté.
    « La communauté kosovare mérite toute notre considération »

    Au grand dam aujourd’hui de la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta, qui regrette l’absence des frontières nationales du Kosovo sur ces documents : « La communauté kosovare présente sur notre territoire mérite toute notre considération. La Suisse fut l’un des premiers pays à reconnaître ses frontières nationales. »

    Du côté des politiques, on reste pantois devant la gaffe : « C’est grave, car on constate qu’on a mis l’accent sur l’emballage, et pas sur le contenu, réagit Jean Romain, député PLR au Grand Conseil. Enseigner, c’est d’abord transmettre des connaissances, les plus justes possible. » François Lefort, député vert au parlement : « Le DIP devient un habitué des bourdes. Soit par ignorance, soit par manque d’intérêt. C’est regrettable. »

    Pour un enseignant du primaire, cette affaire est dommageable : « C’est blessant pour les élèves kosovars, et cela pourrait créer des remous même au sein des familles. A nous de saisir l’occasion de faire un peu de géopolitique pour expliquer les choses. » Francesca Marchesini, présidente du Syndicat des enseignants du primaire (SPG), salue la volonté du DIP de corriger le tir. « Même si le problème n’a pas été soulevé par le corps enseignant avant ce réassort. » Les cartes actuellement dans les classes souffrent en effet de ce même manquement.
    « Au détriment aussi des entreprises suisses »

    Au Syndicat des enseignants du Cycle d’orientation (Famco), Julien Nicolet, membre du bureau, relève un autre choix problématique, selon lui : la renonciation à l’Atlas mondial suisse, publié par la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’Instruction publique, au profit d’un atlas des Editions De Boeck, en Belgique : « Les données statistiques sont anciennes, la cartographie est médiocre, certaines régions, comme la péninsule Ibérique, ne sont pas traitées, et les noms sont francisés à outrance. Ces économies de bouts de chandelle ne riment à rien. »

    Elles posent aussi une autre question : « L’obligation d’épargner se traduit par des économies de court terme. Dans les deux cas d’espèce, elles sont au détriment aussi des entreprises suisses. Comment dit-on se tirer une balle dans le pied en wallon ? » plaisante un enseignant.

    A Genève, les 3500 cartes géographiques suspendues dans les classes totalisent une valeur de 65 000 francs. Pas cher pour ce qu’elles procurent de rêves, mais cher pour y voir figurer des erreurs. Cela ne risque pas d’arriver dans le canton de Vaud, qui a rompu depuis des années avec la tradition en n’achetant plus de cartes murales du monde, leur préférant la projection. Demeure une seule carte en papier, celle du canton. Une valeur sûre qui évitera à Toto de chercher le Kosovo dans le Gros-de-Vaud.

    https://www.letemps.ch/suisse/lecole-genevoise-kosovo-nexiste
    #polémique #cartographie #école #éducation #Suisse

    cc @reka

    • La carte est fausse ? La leçon de géographie sera meilleure !

      Il est évidemment regrettable que le Kosovo ait été « oublié » sur les cartes scolaires genevoises comme le révèle le TEMPS. Les réactions contrites des protagonistes de la bourde sont justifiées. Mais l’épilogue de l’affaire (renvoi chez Michelin afin d’obtenir des cartes correctes) et les réactions outrées des politiciens en quête d’une « transmission des connaissances les plus justes possibles » mérite discussion.

      L’histoire de la cartographie – portée par des grandes figures comme Brian Harley et Mark Monmonier – nous apprend en effet qu’aucune carte n’est « vraie » ou « juste ». Les bonnes cartes, certes, tendent à être les plus fidèles possibles, mais toutes représentent un reflet du monde, des choix cartographiques et des rapports de pouvoirs. Comment les futures cartes « justes » qui seront livrées au DIP représenteront-elles la Palestine ? la Crimée ? Le Tibet ? Le Cachemire ? Les îles Kouriles ? Ceuta et Melilla ? Gibraltar ? Je serai curieux de le savoir !

      Il y a là une matière d’apprentissage bien plus nécessaire pour les élèves que la géographie traditionnelle de pays figés chacun dans une couleur et de capitales à mémoriser. Mon conseil aux enseignants de géographie genevois est donc de conserver précieusement leurs nouvelles cartes fausses et d’en faire la matière d’un cours sur la géographie changeante des Balkans – une région riche d’ailleurs d’une histoire cartographique particulièrement remarquable – sur le pouvoir des cartes et sur les rapports compliqués entre la réalité et sa représentation…

      Ce sera toujours plus intéressant que de contempler – comme les petits vaudois si l’on en croit l’article du TEMPS – le seul canton de Vaud…

      Harley, B. J. 1988. Maps, Knowledge and Power. In The Iconography of Landscape, eds. D. Cosgrove and S. Daniels. Cambridge : Cambridge University Press.

      ------. 1989. Deconstructing the Map. Cartography (26):1-20.

      Monmonier, M. S. 1993. Comment faire mentir les cartes. Paris : Flammarion.

      https://blogs.letemps.ch/etienne-piguet/2018/08/30/la-carte-est-fausse-la-lecon-de-geographie-sera-meilleure

  • Les défis théoriques posés à la #cartographie mènent à la cognition

    « ...Tout le monde sait maintenant qu’il existe cinq sortes de mensonges : les petits, les gros, les statistiques, les cartes et les arguments de vente. En paraphrasant Sir Winston Churchill, avec l’aide de Mark Monmonier (1991), on en vient à couvrir à peu près tout les maux dont les cartographes seraient coupables... »

    http://cybergeo.revues.org/499

    Retrouvé vette archive très intéressante de 1997, une réflexion parmi d’autres sur l cartographie. Je ne suis pas nécesairtement d’accord avec touts ls approches abordées, mais ça mérite une lecture et une discusion.

    « L’image est non pas une illusion du savoir, au même titre et dans les mêmes proportions qu’elle est une illusion du réel, mais un moyen supplémentaire d’appréhender le réel, un moyen complémentaire de constituer un savoir. » Jean FELLER, journaliste et communicologue [ndlr : ?]

    Deux phénomènes fondamentaux ont marqué le développement de la cartographie comme discipline scientifique depuis la décennie de 1960. Cependant, plutôt que de se renforcer mutuellement, l’effort théorique consenti envers les finalités de la représentation spatiale a progressé bien plus lentement et faiblement, reléguée dans l’ombre de la révolution technologique des sciences appliquées, laquelle privilégiait les moyens et non les fins. Ces développements technologiques ont mené à l’apparition de ce qu’on a baptisé : les « systèmes d’information géographique » ou « à référence spatiale » (S.I.G. ou S.I.R.S.). De mèche avec la télédétection satellitaire, les S.I.G. ont subséquemment permis la constitution d’un champ disciplinaire nouveau, la « géomatique », encore bien plus informatique et géodésique qu’elle n’est cartographique ou géographique. Étonnamment, cette discipline n’a pas de paradigme propre ; pire, même lors d’études sur l’impact d’un S.I.G. implanté dans une organisation, son caractère spatio-géographique est quasi ignoré ! De la mise en forme de l’image significative d’un territoire, on est surtout passé à la manipulation massive de données numériques. Au cours de cette « innovation », on aura même prétendu que la carte n’est qu’un produit à vendre, un résultat trivial, à peine un canal d’information. Après tout, la cartographie ne serait qu’une discipline ancillaire de la géographie ; devenue obsolète et figée, on osa même jusqu’à annoncer sa disparition du grand catalogue des sciences ! Ainsi dépouillée par son héritière géomatique, au discours aguichant perlé de métaphores mercatiques et de sigles néologistes, la cartographie doit encore subir des attaques critiques de la part d’anciennes compagnes d’armes, de la géographie humaine entre autres, doutant maintenant de son objectivité et même de sa moralité (malgré que d’aucuns disent déplorer cette situation qu’ils dénoncent, voir : Monmonier 1991).

    #sémiologie #manipulation #Propagande #représentation #visualisation

  • Mapping It Out: Expository Cartography for the Humanities and Social Sciences - Mark Monmonier - Google Livres

    Ça date de 1993, mais beaucoup de fondamentaux très intéressants.

    https://books.google.no/books?id=8tWwGW0oPM4C&pg=PR4&lpg=PR4&dq=Mapping+It+Out:+Expository+Cart
    https://books.google.no/books/content?id=8tWwGW0oPM4C&printsec=frontcover&img=1&zoom=1&edge=curl&imgt

    Mapping It Out: Expository Cartography for the Humanities and Social Sciences

    Par Mark Monmonier

    #cartographie #sémiologie

  • History of Cartography Vol 6 published | Open Geography

    https://opengeography.wordpress.com/2015/05/03/history-of-cartography-vol-6-published

    The History of Cartography Project Volume 6 Cartography in the Twentieth Century has been published by the University of Chicago Press. Mark Monmonier is the Editor.

    As it happens the sample content for Vol 6 includes the whole of my entry on “Race, Maps and the Social Construction of” and is available online including color reproductions!

    The Volume is in two books consisting of over 2,000 pages and 805 color plates for 529 entries for a price of $500/£350. I’ve briefly examined the books and they look fabulous.

    #cartographie #cartographie_histoire

  • Mapmakers Wary on Crimea After Google Latin America Flap - Bloomberg

    http://www.bloomberg.com/news/2014-03-14/mapmakers-wary-on-crimea-after-google-latin-america-flap.html

    When dealing with territorial disputes, most U.S. mapping companies and commercial cartographers take their direction from the U.S. State Department, said Mark Monmonier, distinguished professor of geography at Syracuse University’s Maxwell School of Citizenship and Public Affairs.
    That doesn’t always keep mapmakers out of trouble.

    A vote that could redraw the map of central Europe by joining Crimea to Russia has professional cartographers like Juan Valdes on high alert.

    In the wake of a referendum scheduled for March 16, Valdes will likely convene a 10-person committee at the National Geographic Society in downtown Washington to determine how the region should be depicted on thousands of print and digital maps. Russia’s drive to annex Crimea, a region transferred to Ukraine by the Soviet Union in 1954, has drawn condemnation from the U.S. and Europe, which have threatened to impose sanctions if Moscow doesn’t back down. Today Russia warned that Ukraine’s government has lost control of the country, sparking concern the Kremlin may extend a military intervention.

    #cartographie #frontières #conflits_frontaliers

  • Les défis théoriques posés à la cartographie mènent à la cognition
    http://cybergeo.revues.org/499#tocto1n2

    Mensonge à propos des cartes

    Tout le monde sait maintenant qu’il existe cinq sortes de mensonges : les petits, les gros, les statistiques, les cartes et les arguments de vente. En paraphrasant Sir Winston Churchill, avec l’aide de Mark Monmonier (1991), on en vient à couvrir à peu près tout les maux dont les cartographes seraient coupables, en tant que communicateurs de réalités géographiques par des représentations graphiques. Les petits mensonges ne posent pas de vrai problème moral, puisqu’on les considère souvent comme de simples oublis pas méchants, des erreurs grossières, volontaires ou non ; ces maladresses abondent dans toutes les activités humaines, y compris en droit, en science et en philosophie. Les mensonges du deuxième type sont déjà plus effrontés, et vous risquez gros dès qu’on vous traite de « menteur », ce qui est malhonnête, honteux, délibéré, délictuel, inexcusable,... Plus grave encore, à ce jeu, tout ce que les cartographes, comme les autres, invoqueront comme excuse sera retenu contre eux, puisque déjà marqué du sceau du mensonge, malgré leurs dénégations, les appels à l’éthique professionnelle ou le rejet de la responsabilité sur les autorités politiques ou financières intéressées qui ont commandé l’ouvrage. La carte est une image, mentant mille fois plus du fait de paraître vraie et officielle.

    #cartographie #visualisation #perception #manipulation

  • Comment mentir avec les cartes

    C’est le titre du livre que Mark Monmonnier a écrit dans les années 1990, lequel a eu un grand succès.

    http://www.markmonmonier.com/how_to_lie_with_maps_14880.htm

    Et voici une initiative très intéressante d’un jeune chercheur :

    I am an independent researcher working on a project to understand the impact of selected key works in geography. My current contract is to write on what impact Mark Monmonier’s “How to Lie with Maps” has had on the field. I have done an extensive review of the existing literature but would welcome any thoughts that listserv members might have on how this book and its insights have influenced thought both within the academy and as applied to ’real-world’ problems. Examples of specific incidents would be most
    welcome!

    Please contact me directly at:

    hradcany1@yahoo.com. Many thanks!

    Justin Gilstrap
    Dartmouth College (BA-Geography/Government)
    Columbia University (Masters of International Affairs)

    #cartographie #géographie #cartographie_radicale #manipulation #propagande

  • From Squaw Tit to Whorehouse Meadow: How Maps Name, Claim, and Inflame by Mark Monmonier, an excerpt

    http://press.uchicago.edu/Misc/Chicago/534650.html

    From Squaw Tit
    to Whorehouse Meadow
    How Maps Name, Claim, and Inflame
    Mark Monmonier

    Body Parts and Risqué Toponyms

    Offensive toponyms fall into two categories. One type, examined earlier, denigrates racial and ethnic groups. The other variety, dealt with here, offends folks bothered by rude or otherwise impolite references to body parts, sex, excrement, and other no-no’s. A form of geographic cussing, rowdy feature names are markedly less controversial than their ethnically derogatory counterparts, partly because the irreverent miners and ranchers responsible for most of them avoided the F-word and similar shockers, and partly because questionable toponyms occur mostly in remote, sparsely inhabited areas with few eyebrows to raise. Indeed, an outsider who objects to a locally acceptable “naughty name” is quickly branded a stuffed shirt or prude.

    #bibliographie #livre #cartographie #géographie #toponymie

  • The Straight Dope: Do maps have “copyright traps” to permit detection of unauthorized copies?

    ça a vingt ans mais c’est très intéressant

    http://www.straightdope.com/columns/read/1058/do-maps-have-copyright-traps-to-permit-detection-of-unauthorized-copie

    A Straight Dope Classic from Cecil’s Storehouse of Human Knowledge
    Do maps have “copyright traps” to permit detection of unauthorized copies?

    August 16, 1991

    Dear Cecil:

    Is it true that, as my father says, companies that produced maps (Rand McNally, etc.) make up some little bitty towns and dot them around their map design so they can tell if anyone copies it? Has anyone ever gotten lost trying to find one of those made-up towns? —Susan Owen, College Station, Texas

    Dear Susan:

    You are talking about “copyright traps.” They are devious. They exist. In a world of high-level conspiracies that are completely imaginary, it’s a relief to discover one that’s not.

    For the record, the folks at Rand McNally swear on a stack of road atlases that they would never use copyright traps. However, they admit a small regional map company called Champion they bought a while back did put a copyright trap into a map on at least one occasion. The trap consisted of a nonexistent street stuck into a map of a medium-sized city in New York state—a fact that was gleefully revealed on a network news show.

    On investigating, Rand McNally found some smart-aleck cartographer (and you know what a wild and crazy bunch they are) had gone ahead and done the wicked deed on his own. Whether the guy committed other cartographic sabotage I don’t know. But the possibility of additional fakery does exist—and may for a while, since checking every detail of a map is a huge job. Not that I’d get into a panic about it, but on your next road trip you might want to bring a flashlight just in case.

    NOWHERESVILLE

    I thought you’d like to know a little more about the often-discussed but never officially acknowledged practice of putting copyright traps on commercial maps. The closest I’ve ever come to finding such a trap is the fictional town of Westdale, which appears on the 1982 Rand McNally Road Atlas map of metro Chicago. By 1986 it had disappeared. I also enclose some illustrations from Mark Monmonier’s book How to Lie with Maps, which show some phony towns added to a map of Ohio as a prank. —Dennis McClendon, Chicago

    • Voici un extrait de l’ouvrage de Monmonier :

      Bien que personne n’ose en parler, les éditeurs de plans de ville s’empruntent mutuellement les noms et les modifications des rues. L’euphémisme anglo-saxon employé pour désigner ce type de « compilation » est editing in the competition , mais l’appellation légale est « détournement de copyright » si l’on se fait prendre à plagier. Pour pouvoir démontrer ce genre de délit devant un tribunal et pour obtenir éventuellement réparation immédiate en prenant sur le fait un concurrent imprudent, on sait que les éditeurs de cartes falsifient délibérément leurs productions en ajoutant des « rues pièges ». Pour décourager les voleurs d’informations protégées par le copyright, ces rues sont habituellement disposées avec astuce, à des endroits qui ne risquent pas d’induire en erreur les utilisateurs de la carte. Les éditeurs - on les comprend - n’aiment guère parler de cette pratique discutable de falsification volontaire.

      Les easter eggs cartographiques seraient-ils donc la version moderne de ces pratiques ? Cela fait sourire les utilisateurs avertis, mais pas les éditeurs peu consciencieux qui se font traîner au tribunal. :-)

    • Il y a un paragraphe Bévues volontaires dans le chapitre 4 Des maladresses trompeuses , où M. Monmonier mentionne la pratique ainsi :

      L’euphémisme anglo-saxon employé pour désigner ce type de « compilation » est editing the competition , mais l’appellation légale est « détournement de copyright » — si l’on se fait prendre à plagier.

      Mais il ne cite pas d’exemple réel. Il cite (et reproduit) la carte routière du Michigan de 1979 qui comportait deux villes fictives Goblu et Beatosu, ajoutées par un cartographe supporter de l’équipe des Bleus du Michigan, rivale de celle de l’’Université d’État de l’Ohio (OSU) (pp. 86-87).

      Et il y a le chapitre 8, les cartes, la défense nationale et la « désinformation » : tromper l’ennemi , avec notamment une partie sur la cartographie soviétique.