person:melvin

  • Jef Klak / Back dans les bacs !

    Jef Klak arrive en courant, et c’est tout bientôt : le 27 sept. En librairie !
    Pour patienter, ce merveilleux teaser fait à partir d’un flipbook de la non moins merveilleuse Marie Paccou !

    https://www.youtube.com/watch?v=sZNd4kf_scg

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    Courir, à pied. Pour échapper à la guerre ou garder la forme. Se sauver pour se sauver.

    Jef Klak est parti de la polysémie du verbe se sauver, faisant dialoguer la fuite et le soin de soi. Parce que s’arracher à pied, c’est engager les corps. Corps naufragés, agressés, traqués, pesés, comparés, empêchés, expulsés, exposés à la mort.

    Face aux contraintes et aux injonctions, quelles échappatoires ? Jef Klak s’est intéresé·e aux évasions, aux esquives, à la mort qui passe à ça, mais qui passe.

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    Venez au lancement de « Course à pied » à la Librairie l Atelier (Rue du Jourdain / Paris 19) ce jeudi 27 septembre à 20h. Où Anaïs Bohuon nous parlera des tests de féminité dans le sport :

    « Comme en témoignent les multiples scandales de dopage, le monde du sport de compétition cherche à tout prix à sauvegarder l’illusion d’une certaine équité. Entreprise d’autant plus vaine qu’aux inégalités de conditions de vie et d’entraînement s’ajoute l’infinie diversité des morphologies. Parmi les outils en usage dans ce milieu, la catégorisation selon le sexe est à la fois le réceptacle et le relais des pires préjugés de genre. Dans Le test de féminité dans les compétitions sportives. Une histoire classée X ? (L’Harmattan, 2012), Anaïs Bohuon retrace l’histoire sociale et politique des tests de féminité et des contrôles de genre dans le sport. Où l’on constate que les cas échappant aux moules médicaux grossiers peuvent devenir des révélateurs de l’arbitraire scientifique, et même des armes de domination géopolitique. »

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    Crédits teaser :
    Animation flip-book : « Les soucoupes volantes existent » / Les livres flippés, une série littéraire de Marie Paccou - http://mariepaccou.com

    Couverture du numéro : Guillaume Guilpart - http://guillaumeguilpart.fr

    Musique : BO du film Sweet sweetback’s baaadasssss song de Melvin Van Peebles feat. Earth Wind & Fire

    Merci à Nicklaus Rohrbach pour le montage !

  • Kathryn Bigelow, une guerrière à Hollywood

    http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2017/09/22/kathryn-bigelow-une-guerriere-a-hollywood_5189747_4497186.html

    La réalisatrice revendique un cinéma sous testostérone, qui lui a valu plus d’un procès en légitimité. Avec « Detroit », récit des émeutes raciales de 1967, c’est sa couleur de peau qui a été au cœur du débat.

    Kathryn Bigelow n’attendait qu’une chose : filmer ce moment. Depuis qu’elle s’était lancée dans le projet de Detroit (en salle le 11 octobre), un film sur les émeutes qui mirent à feu et à sang la ville du Michigan en 1967, la réalisatrice l’avait en tête. Elle avait retrouvé la trace de Larry Reed. Un homme dont la voix suave et délicate aurait dû, en 1967, en faire le chanteur de sa génération. Le jour de leur première rencontre il y a trois ans, il avait désormais près de 70 ans, vivait seul, tenait à peine sur ses deux jambes. « Impossible d’imaginer la vitalité qui l’habitait autrefois », soupire Kathryn Bigelow. Encore moins de déceler le charisme dont il était détenteur.

    A 18 ans, Larry Reed était le chanteur d’un groupe de soul, The Dramatics, et venait de signer un contrat avec Motown, le label de Détroit qui produisait Marvin Gaye, The Temptations ou Stevie Wonder. Dans la nuit du 22 au 23 juillet 1967, au Fox Theatre, dans le centre-ville de Détroit, une salle comble l’attendait. Larry Reed allait monter sur scène lorsque l’Histoire l’a rattrapé.

    Les émeutes de Détroit venaient d’éclater à la suite d’un raid de la police contre un bar clandestin d’un quartier noir, et la salle du Fox Theatre allait être évacuée. S’ensuivirent cinq jours de violences qui engloutirent dans un gigantesque trou noir le grand soir et les ambitions artistiques de Larry Reed et de sa formation. Quand celui-ci a chanté à nouveau, ce fut dans l’enceinte d’une église. Pour remercier le Ciel d’être encore vivant. Et ne plus rien lui demander d’autre.

    Pendant la préparation de Detroit, Larry Reed est retourné sur la scène du Fox Theatre en compagnie de Kathryn Bigelow. C’était la première fois, depuis cette nuit maudite où il était écrit qu’il côtoierait les étoiles. La cinéaste recherchait des détails, une façon de bouger, l’atmosphère d’un lieu pour lui redonner sa vérité lorsque viendrait le moment de le reconstituer.

    « Nous nous sommes avancés sur la scène, se souvient-elle. Il y avait seulement lui et moi. Il s’est souvenu de l’énergie du public. Deux ou trois visages de jeunes filles, près de la sortie de secours, l’avaient marqué tant elles étaient jolies. Il lisait l’excitation sur leur visage. » Un bref moment, Larry Reed a eu l’impression de les revoir sur cette même scène. En vrai. Comme des fantômes. Qui se sont évanouis.

    Il y a ceux qui essaient, et les autres

    Kathryn Bigelow a trouvé sa propre manière de les ressusciter. Dans Detroit, Algee Smith, l’acteur qui incarne Larry Reed, s’avance seul sur scène après l’évacuation de l’assistance. Il se met à chanter, a cappella, devant des fauteuils vides, décidé à ne pas se faire voler ce moment tant attendu. C’est l’instant que la réalisatrice de Point Break et Démineurs préfère dans Detroit. La toute petite histoire à l’intérieur de la reconstitution des émeutes qu’elle propose. Il ne s’agit pas de la scène la plus spectaculaire, ni de la plus complexe à tourner.

    Elle s’est contentée de laisser aller sa respiration. Pour se dire que certaines choses vont de soi, et qu’elle les comprend mieux qu’un autre. Algee Smith fredonne quelques notes. Se met à esquisser un ou deux pas de danse. Puis s’arrête aussitôt. « Le tapis lui est retiré sous les pieds. Il n’accomplira jamais son destin. N’exprimera plus son talent à la mesure de son extraordinaire potentiel. »

    La réalisatrice américaine est obsédée par cette tragédie, cette carrière artistique ratée. L’idée d’une existence inaboutie, d’un destin avorté, d’un potentiel gâché, la rend malade. La ramène à son adolescence. Cette fille unique, élevée dans les années 1950 à San Carlos, au sud de San Francisco, dans un foyer libéral, par une mère professeure d’anglais et un père chef d’une entreprise de peinture en bâtiment, a très tôt perçu que la volonté était une vertu cardinale, et ce, quel que fût votre talent. Sa professeure de piano, affligée par le manque d’aptitude de son élève, lui avait, par dépit, écrasé la main après un concert raté. A la place, la jeune fille choisit le dessin, pour ne plus jamais l’abandonner. Au nom d’un sacro-saint principe où il reste interdit de lâcher.

    Le père de la future cinéaste possédait, lui aussi, un talent certain pour le dessin. « C’était un caricaturiste très doué, passionné. Mais il existait comme un problème de géométrie chez lui, l’incapacité de relier son talent à une fonction capable de l’exprimer, faire de sa passion un métier. Il n’arrivait pas à se rendre du point A au point B. Il s’est perdu en chemin. Et sa vie, du moins ce qu’elle aurait dû être, n’est devenue qu’un souvenir. »

    Ses dessins restaient destinés à sa fille. Avec le temps, son sens de la caricature s’affinait, trouvait sa voie dans l’exagération, devenait un style. Tandis qu’il restait frappé par son propre manque de talent, sa fille en remarquait toute l’évidence. « Il n’en a rien fait », conclut sèchement la réalisatrice, dans un mélange de tristesse et de désespoir. Kathryn Bigelow a décidé d’étudier la peinture pour son père. Non pour lui faire plaisir. Mais pour devenir ce qu’il n’avait pas eu le courage d’être.

    Son monde idéal, reconnaît-elle, ressemblerait à la scène finale de son quatrième film, Point Break (1991). Le surfeur-braqueur de banque incarné par Patrick Swayze a rejoint l’Australie pour se mesurer à la vague du siècle lors de la tempête la plus violente jamais rencontrée par ce pays. Il l’affronte et disparaît. « Sauf qu’il a essayé, et cette volonté est sublime », assène la cinéaste sans ciller, tant il est clair pour elle que le monde se divise en deux catégories : ceux qui essaient et les autres.

    Bain de sang fondateur

    En arrivant à New York, à 19 ans, au début des années 1970, dans le cadre d’un programme organisé par le Whitney Museum of American Art, Kathryn Bigelow voyait les choses en grand. En matière de peinture s’entend. La jeune fille affichait un goût prononcé pour les toiles de Willem De ­Kooning : les coups brossés à la hâte, les lignes fuyantes et enchevêtrées, les couleurs dégoulinantes. Mais, au-delà de cette passion pour le peintre américain, son attirance pour le gigantisme avait fixé très tôt, et une fois pour toutes, son goût et son ambition d’artiste.

    Elle adorait la peinture à l’huile, surtout pas l’acrylique. C’était pour elle une question d’odeur et de consistance. « Je dessinais des toiles gigantesques, une fusion entre l’expressionnisme abstrait et l’art de la Renaissance. Je prenais un minuscule détail d’une toile de Raphaël pour le gonfler et lui donner une teinte expressionniste. » Du studio prêté par le Whitney Museum – en fait le coffre-fort d’une banque désaffectée dans le quartier de Tribeca –, elle se souvient du froid intense new-yorkais. Sa veste en jean, ses bottes de cow-boy étaient en complet décalage avec le climat de la Côte est.

    « Aujourd’hui, on vous parle de Tribeca ou de SoHo pour désigner cette partie basse de Manhattan très chic. Mais au début des années 1970, c’était différent. Un taxi refusait de se rendre là-bas. De ma fenêtre, vous entendiez des coups de feu presque tous les soirs. Me voilà donc dans un sac de couchage, dans un no man’s land, et une atmosphère de guerre en bas de chez moi. Et vous savez quoi ? J’ai adoré ! Il règne une solidarité entre artistes plasticiens qui n’existe pas chez les cinéastes. Du moins, je ne l’ai pas trouvée. »

    Sur le modèle des ateliers de la Renaissance, la recherche d’un maître est devenue la quête d’une vie. Elle fut l’élève d’une des figures centrales de l’art conceptuel, Lawrence Weiner, apparaissant dans plusieurs de ses vidéos, ou en assurant parfois le montage. Puis celle de Robert Rauschenberg et de Richard Serra. Un autre mentor, Andy Warhol, lui aussi passé des arts plastiques au cinéma, avait fait remarquer à la jeune étudiante que le cinéma était l’art populaire par excellence. Moins élitiste, à ses yeux, que la peinture ou la sculpture.

    « Cela m’a frappée. Je suis allée au Museum of Modern Art pour regarder l’huile sur toile de Kazimir Malevitch, Composition suprématiste : carré blanc sur fond blanc, qui consiste en un carré de couleur blanche, peint sur un fond blanc légèrement différent. J’ai aussi pensé aux compositions en rouge, jaune, bleu et noir réalisées par Mondrian. Vous ne pouviez pas spontanément prendre la mesure du génie de ces deux pièces. Il fallait connaître l’histoire de l’art. Le cinéma, c’est différent. C’est plus viscéral, plus accessible. »

    La réalisatrice Kathryn Bigelow, en juillet 2017 à New York.
    Elle s’est rendue dans les salles de cinéma avec la même assiduité que dans les musées, en gardant son regard de plasticienne, afin d’y découvrir un modèle, d’élire ses maîtres. Tout s’est joué dans une salle de Times Square qui proposait un double programme avec Mean Streets de Martin Scorsese et La Horde sauvage de Sam Peckinpah. Il y faisait froid, mais toujours plus chaud que chez elle. Il lui a bien fallu enjamber les corps inertes de plusieurs junkies pour atteindre son siège. Le temps de repérer le fauteuil approprié, face à l’écran, loin des différents trafics dont cette salle restait le théâtre, elle avait acquis la concentration nécessaire.

    À la fin de la séance, sa vie avait changé. Le bain de sang final de La Horde sauvage, cet opéra sanglant, ce tourbillon affolé, filmé en partie au ralenti, où les jets d’hémoglobine offrent une impressionnante conclusion à la cavale de plusieurs malfrats dans le Mexique du début du XXe siècle, était devenu son idéal. L’expression la plus sublime de ce média. Ce vers quoi devraient tendre ses futurs films. Ce à quoi ils échapperaient aussi, loin de tout intellectualisme, pour une conception viscérale, instinctive, animale de cet art.

    « Le bain de sang de La Horde sauvage renvoyait à celui commis par nos troupes au Vietnam. Il ressemblait aussi à une gigantesque peinture de De Kooning. Ou à ­Guernica de Picasso. C’était absolument extraordinaire. C’était un cinéma physique, bodybuildé, sous testostérone. » Un cinéma qu’elle pratiquerait, que ce soit avec les vampires dans Aux frontières de l’aube, avec les surfeurs dans Point Break ou sur la guerre en Irak dans Démineurs.

    Seule réalisatrice à avoir décroché un Oscar

    Devenue réalisatrice, elle s’est installée dans l’ombre d’un autre maître, Douglas Sirk, cinéaste allemand auteur des plus grands mélodrames hollywoodiens des années 1950, Écrit sur vent, Le Temps d’aimer et le temps de mourir et Mirage de la vie. Elle lui a rendu visite en Suisse à plusieurs reprises, a projeté à son attention son premier long-métrage, The Loveless (1982), et noté la moindre de ses remarques.

    Sirk était presque aveugle, se souvient-elle, mais voyait tout à travers les descriptions que lui faisait son épouse. Bien plus tard, Kathryn Bigelow agira dans le même esprit de transmission, au début des années 1990, durant son bref mariage de deux ans avec James Cameron, l’homme qui sait si bien mettre en avant les personnages ­féminins dans ses films d’action – Linda Hamilton dans Terminator, Sigourney Weaver dans Aliens, Kate Winslet dans Titanic.

    Un détail dans La Horde sauvage chiffonnait Kathryn ­Bigelow. Le moment précis où le personnage principal du film, le cow-boy crépusculaire incarné par William Holden, est abattu dans le dos par une femme et se retourne vers elle pour la traiter de « salope ». D’un coup surgissaient synthétisés les apparents paradoxes de sa future carrière : admiratrice d’un cinéaste misogyne – Sam Peckinpah – et réalisatrice de films d’action, un genre qui restait l’apanage des hommes. Un club fermé où même elle, avec son mètre quatre-vingt-cinq, n’était pas la bienvenue.

    L’Oscar de la meilleure réalisatrice reçu en 2010 pour Démineurs – le premier remis à une femme dans cette catégorie –, sur une équipe de déminage de l’armée américaine en Irak, n’a rien arrangé. Il y a d’abord eu la fierté d’être la première à hériter de cette récompense. Puis la lassitude de demeurer la seule. « S’il existe une résistance aux femmes décidées à passer derrière la caméra, ce n’est pas mon problème. J’ai décidé de passer outre. Et ce pour deux raisons : je ne vais pas changer de sexe et je ne vais pas non plus cesser de faire du cinéma. Je me moque de savoir si c’est un homme ou une femme qui a réalisé un film. La seule chose qui me préoccupe reste de comprendre comment je réagis devant celui-ci. »

    Sa méthode, sa volonté, la réalisatrice les exprime aussi avec la rigueur martiale de son uniforme de tournage : jean, tee-shirt uni, casquette sur la tête, pour laisser dépasser ses longs cheveux par la fente arrière. Et par un rituel immuable : avant chaque scène, elle sort de sa poche arrière un papier avec le plan à tourner et les mouvements de caméra à effectuer, le regarde brièvement, et le range. Cela ne lui apprend rien. Elle a de toute façon son film en tête. Mais cette gestuelle la rassure. C’est sa manière de montrer les muscles sur un plateau.

    Le 7 mars 2010, Kathryn Bigelow, ici aux côtés de l’acteur Guy Pearce (à gauche) et du producteur Greg Shapiro, entrait dans l’histoire du cinéma américain en devenant la première femme à décrocher l’Oscar du meilleur réalisateur, pour « Démineurs ».
    Récemment, ce n’est plus son genre qui a posé problème, mais sa couleur de peau. Après la sortie, début août, de Detroit aux États-Unis, plusieurs éditorialistes dans la presse se demandaient si un ou une Noire ne seraient pas davantage qualifiés pour mettre en scène les émeutes de Détroit. La polémique l’a laissée bouche bée. Kathryn Bigelow lui oppose l’intensité de son travail, et la volonté.

    « Nous retournons à ce débat imbécile sur les femmes cinéastes. Je crois qu’un metteur en scène est un metteur en scène. Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas une sensibilité masculine ou féminine. Des hommes peuvent diriger une scène d’une intense émotion, et une femme saura s’atteler à des séquences d’une inhabituelle violence. Vous savez, j’ai deux yeux, je regarde le monde en trois dimensions, et dispose de toutes les teintes disponibles. Pourquoi serais-je donc ontologiquement incapable de filmer la violence ? Et au nom de quelle étrange disposition de mon cerveau, liée à ma couleur de peau, serais-je incapable de comprendre les émeutes de Détroit en 1967 et, surtout, de comprendre que le racisme aux États-Unis reste ininterrompu comme le montrent les récentes manifestations de Charlottesville ? »

    Le sens du détail

    Elle revendique sa méthode, et son ­statut d’artiste. Grâce à certains gestes, à son attention à certains détails, elle est sûre d’avoir redonné une vérité et une authenticité à ces événements, et à l’épisode particulier de l’Algiers Motel, devenu le cœur de son film. Situé dans le quartier noir de Virginia Park, ce motel avait été investi par la police après que la présence d’un supposé sniper avait été signalée dans l’établissement. Le résultat a été une nuit de terreur entre le 25 et le 26 juillet : trois adolescents noirs tués par des policiers, neuf autres, dont deux jeunes filles blanches, battus et humiliés par les forces de l’ordre, et le chanteur des Dramatics, Larry Reed, qui y avait trouvé refuge après le couvre-feu.

    En plus de Larry Reed, Kathryn Bigelow a rencontré d’autres témoins de l’époque, longuement, plusieurs heures… Comme Julie Hysell, une jeune femme blanche âgée de 18 ans au moment des émeutes, venue visiter Détroit avec une amie et qui avait terminé sa soirée au Algiers Motel. Ou Melvin ­Dismukes, le policier noir présent sur les lieux lorsque la police a abattu trois adolescents au nom d’une prétendue légitime défense.

    « Un détail m’avait frappée dans le récit de Julie Hysell. Elle tenait la main de son amie alors que la police les tenait en joue. Dans le film, je me suis concentrée sur leurs deux mains. Cette métonymie racontait tout de leur détresse. Comme, autrefois, le détail d’une peinture de Raphaël me permettait de développer une nouvelle toile. Melvin Dismukes était, lui, entré par la porte arrière du bâtiment, puis passé par la cuisine et le salon où gisait un premier cadavre dans une mare de sang qui n’avait pas encore coagulé. Ce détail aussi m’a impressionnée. » Un moment entre chien et loup, entre la vie et la mort, plastiquement aussi marquant qu’une toile de De Kooning, qui place le spectateur dans la situation inconfortable du témoin impuissant, en train de regarder un homme mourir.

    La comédienne Jessica Chastain dans « Zero Dark Thirty », un film sur la traque de Ben Laden, réalisé par Kathryn Bigelow.
    Ces détails qui créent le tableau ou la scène, Kathryn Bigelow peut en citer dans chacun de ses films. L’épilogue de Zero Dark Thirty – qui retrace la traque d’Oussama Ben Laden, depuis les caves de Tora Bora en Afghanistan jusqu’au Pakistan –, Kathryn Bigelow l’a trouvé à la fin de son tournage : Maya, l’agent de la CIA incarnée par Jessica Chastain, monte à bord d’un avion spécialement affrété pour elle, après l’élimination de Ben Laden, et s’effondre en larmes.

    Le prix à payer pour son professionnalisme, la rançon de sa volonté et de son obsession, et une vie placée entre parenthèses, où rien n’a été bâti. Kathryn Bigelow a tourné la scène en une prise, en s’en débarrassant presque, consciente du miroir tendu. Cette vie, c’est la sienne, et elle l’a choisie.

  • Les deux fois où on a retiré les armes nucléaires des mains de Nixon

    http://www.slate.fr/story/121943/retire-armes-nucleaires-nixon

    Contourner les ordres du président est rare, mais cela s’est déjà produit.

    En 1969, alors que le monde est plongé en pleine Guerre froide et que les États-Unis affrontent idéologiquement leur ennemi sur le sol vietnamien depuis quatre ans, le président Richard Nixon décide de frapper un grand coup : il demande à son secrétaire à la Défense, Melvin R. Laird, de faire passer l’armada nucléaire en alerte maximale pour menacer directement Moscou. Le but ? Faire croire aux Soviétiques que les États-Unis vont lancer une attaque sur l’armée nord-vietnamienne.

    Laird n’a pas suivi l’avis de Nixon. Pour Scott D. Sagan, auteur de l’essai Les limites de la sécurité, qui traite des accidents nucléaires, il a juste essayé d’ignorer les ordres en utilisant des fausses excuses concernant des exercices en cours, tout en espérant que le président oublierait sa demande.

    En 1974, Nixon plonge. En plein scandale du Watergate, le président des États-Unis boit beaucoup et ses collaborateurs craignent de plus en plus son instabilité émotionnelle. Pour parer à toute éventualité, son nouveau secrétaire à la Défense, James R. Schlesinger, lui même plutôt belliciste, demande à l’armée de détourner tous les ordres d’urgence émanant du Bureau Ovale –surtout ceux impliquant les armes nucléaires– directement chez lui ou chez le secrétaire d’État, Henry Kissinger.

    Sa démarche était, et reste aujourd’hui, totalement illégale, et aurait presque pu être qualifiée de mutinerie, mais à l’époque personne ne l’a remise en question. Pour Eric Schlosser, auteur de Commandes et contrôles, contrôler Nixon semblait « être la chose à faire à ce moment-là ».

  • George Brown, la mort discrète d’un « évadé du ghetto »
    http://www.liberation.fr/monde/2015/10/14/george-brown-la-mort-discrete-d-un-evade-du-ghetto_1403929


    La France avait refusé d’extrader en 1978 ce militant des droits des Noirs qui avait fui les Etats-Unis en détournant un avion.
    #une_autre_époque

    Melvin et Jeane McNair. Yes we Caen !
    http://www.liberation.fr/medias/2012/10/26/melvin-et-jeane-mcnair-yes-we-caen_856280
    En 1972, ce couple de militants afro-américains détournait un avion vers l’Algérie. Il s’est depuis réinséré en Normandie.
    https://www.youtube.com/watch?v=WgiFdBT3-d4


    https://www.youtube.com/watch?v=oWVVMejdz3w

  • Black Riot & #Blaxploitation / #radio
    http://www.fipradio.fr/emissions/certains-l-aiment-fip/2015/black-riot-blaxploitation-09-09-2015-20-00

    A l’occasion du cycle « Black Riot » au festival Jazz à la Villette, Certains l’aiment Fip vous plonge mercredi 9 septembre à 20h, dans l’univers musical de la Blaxploitation.

    Le festival Jazz à la Villette propose une sélection de films autour du thème « Black Riot » dont « Black Panthers » le doc d’Agnès Varda (1968). Le festival recevra également l’artiste culte Melvin Van Peebles. A cette occasion Susana Poveda et Denis Soula consacrent Certains l’aiment Fip aux bandes originales de la Blaxploitation, avec une programmation signée Christian Charles.

    Dans les seventies, accompagnant ainsi les mouvements identitaires débutés dans les années 60, la communauté afro-américaine va produire et réaliser les films de Blaxploitation. Fini les rôles secondaires et de faire-valoir ! Le succès commercial de « Sweet Sweetback’s Baadasssss Song » réalisé par Melvin Van Peebles en 1971 va convaincre les studios d’investir dans la blaxploitation, la même année sort « Les Nuits rouges de Harlem (Shaft) » réalisé par Gordon Parks dont la musique composée par Isaac Hayes hisse le film au rang de film culte. Et c’est bien là tout l’intérêt aujourd’hui de ces films de genre (excepté une poignée) à la réalisation souvent médiocre et bourrés de stéréotypes repris plus tard dans les codes du gangsta rap.

    Que serait devenue la Blaxploitation sans le groove implacable des bandes originales de Curtis Mayfield (Superfly, Short eyes), Isaac Hayes (Shaft, Truck Turner & Cie, Les Durs), J.J. Johnson (Cleopatra Jones, Willie Dynamite), Marvin Gaye (Trouble man), Willie Hutch (Foxy Brown, The Mack), Roy Ayers (Coffy), Taj Mahal (Brothers) ...?
    ...

  • « Beauty Culture », un film de Lauren Greenfield
    https://www.linktv.org/programs/artbound-annenberg-beauty-culture

    (Pas encore regardé)

    Beauty Culture, a photographic exploration of how feminine beauty is defined, challenged and revered in modern society. Featuring works from iconic photographers such as Albert Watson, Bert Stern, Herb Ritts, Man Ray, Jean-Paul Goude, Guy Bourdin, Horst, Melvin Sokolsky, Matthew Rolston, Philippe Halsman, Lauren Greenfield and Tyen, Beauty Culture encourages a social dialogue about the allure and mystique of the pursuit of female beauty, as well as the cult-like glorification and multi-billion dollar industries that surround it.

    La star de Seenthis, le retour
    http://seenthis.net/messages/373414

    #beauté #femmes

  • PBG — 2014, l’année la plus chaude - Le MIX
    http://pbg.xyz/pbg-2014-lannee-la-plus-chaude-le-mix

    Mercredi 21 janvier 2015 - 10:30:00

    Mix d’une heure trente, avec toute la musique que l’on a pas évoqué le vendredi 9 janvier sur radio panik.

    Intro - PBG Black and White - Parquet Courts Tall Man Skinny Lady - Ty Segall Sanza tristesse - Francis Bebey Chapter 8 Telepathic Routine - Heliocentrics ft Melvin Van Peebles Beware the Fetish - Kasai Allstars Esse Mambo - Rocky Marciano Untiled A2 - Kassem Mosse Black Russian - DVS1 Thuggin’ - Freddie Gibbs & Madlib Look at Wrist - Father Take Off - Shirt Trace Elements - Ekoplekz XR2 mk1 Sale Waterpark - Leyland Kirby presents V/VM You Were Followed By a Man From The Station To Your House - Noxagt Lonely Void - Mica Levi Hail To Thee, Everlasting Pain - The Body Punk - Dean Blunt I Watched The Film The Song Remains The (...)

  • Frankenstein Junior 1974

    http://www.youtube.com/watch?v=cOwbysvxg1M&feature=colike

    Biographie de Mel Brooks
    Fils d’un huissier et d’une couturière d’origine russe et de confession juive, Melvin Kaminsky est très tôt touché par le virus de la comédie. Après avoir servi dans l’armée de terre durant la Seconde Guerre mondiale, il se produit dans des cabarets et des hôtels, jusqu’au jour où le célèbre Sid Caesar le remarque et lui demande d’écrire des sketchs pour son show. Marié à l’actrice Anne Bancroft en 1964, il se lance dans la production télévisée en créant avec Buck Henry la série ’Max la menace’, parodie de films d’espionnages diffusée de 1965 à 70. Son premier film, ’The critics’, ayant obtenu un Oscar, Mel Brooks signe alors le scénario d’un long-métrage, ’Les producteurs’, fortement inspiré de son expérience à Broadway. Bien décidé à se faire une place de choix dans le cinéma, il crée sa propre société de production en 1979, Brooksfilms, à l’origine dans les années 80 de films comme ’Elephant man’, ’Solarbabies’ ou ’Charing Cross road’. En 1991, il s’essaie au genre de la critique sociale en réalisant ’Chienne de vie’, au succès mitigé, puis revient à son registre de prédilection : il met en scène ’Sacré Robin des bois’ en 1993 et ’Dracula, mort et heureux de l’être’ en 95, tout en incarnant pendant plusieurs années le personnage d’oncle Phil dans la série ’Mad about you’ sur NBC. Faisant figure d’OVNI parmi la jet-set hollywoodienne, Mel Brooks est toujours resté fidèle à ses premières inspirations.

    Si vous avez envie de rire de bon cœur à l’humour juif, faite le vide dans votre esprit et c’est parti. C’est le film le plus drôle que j’ai en mémoire. Dommage qu’il soit en version française.

    #Frankenstein_junior, #Mel_Brooks

  • Kentucky churchgoer tells of deep hurt after interracial marriage ban | World news | guardian.co.uk
    http://www.guardian.co.uk/world/2011/dec/01/kentucky-church-interracial-marriage-ban

    A small baptist church in eastern Kentucky has voted to ban interracial couples from joining the congregation and from taking part in all church functions other than funerals.

    (…)

    The vote was held on a motion brought by the former pastor of the church, Melvin Thompson. He proposed that people in interracial marriages should not be “received as members, nor will they be used in worship services and other church functions – with the exception being funerals”.

    #religion #racisme

    • C’est un peu pour ca que je disais dans un autre commentaire qu’il fallait définir les termes que nous utilisons. Le mot « religion » vu par cette église baptiste ne recouvre certainement pas le même sens que le même mot vu par Khayyam ou Rûmî.
      Comme on dit dans le sud : qué tristesse

    • Certes. Mais il est valable dans les deux cas. Je ne crois pas qu’il faille cloisonner les termes polysémiques. C’est comme le mot art ou politique. Y’a des trucs supers et de la merde.

    • Mmmh je suis pas d’accord avec la question qualitative, dans la mesure ou ça implique que quelqu’un ou une institution quelconque juge de cette qualité ; dès lors, il me parait impossible d’aboutir à un consensus « objectif » qui permettrait d’invalider le terme art pour telle ou telle œuvre. Je n’ai peut être pas assez confiance en mon jugement esthétique, mais je préfère laisser de côté la question de ce qui est ou pas art.