person:philippe silberzahn

  • Nos données nous appartiennent : monétisons-les !
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2018/02/05/nos-donnees-nous-appartiennent-monetisons-les_5251774_3232.html

    Le grand n’importe quoi : les données personnelles sont aussi sociales. Rabattre ça sur la notion de propriété est en fait le cache-sexe d’une nouvelle industrie qui voudrait jouer les notaires de cette fausse-propriété. Mais que ces aspirateurs de données commencent par payer des impôts (socialisation de la plus-value). Le néolibéralisme, c’est avant tout l’extension de la sphère marchande à tout ce qui peut entrer dans ses rêts. Comme le monde physique est fini, il faut trouver une « nouvelle frontière » au marché, au lieu de raisonner sur l’utilité de construire des formes sociales en dehors du marché et de la propriété. L’alliance des signataires est également fort significative du projet idéologique de ce texte.

    Je le stocke ici pour mémoire...

    Nos données nous appartiennent : monétisons-les !

    Un collectif plaide pour que chaque personne puisse monnayer ses données personnelles qui, actuellement, enrichissent les géants de l’Internet.

    LE MONDE | 05.02.2018 à 06h39 | Par Jaron Lanier (informaticien, créateur de start-up), Gaspard Koenig (philosophe), Bruno Bonnell (député LRM), Manuel Carcassonne (éditeur), Alexandr...
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    Par quel étrange renoncement sommes-nous devenus de la chair à algorithmes ? Tous les jours, nous abandonnons une partie de nous-mêmes à des plates-formes numériques, appâtés par l’illusion de la gratuité. Nos données personnelles les plus intimes, concernant nos goûts, nos déplacements ou nos amours, sont passées à la moulinette, collectées, agrégées, souvent revendues, et ultimement utilisées pour orienter et contrôler nos comportements. En cliquant sur des conditions d’utilisation léonines, que nous n’avons pas le temps ni la capacité de lire, encore moins de comprendre ou de négocier, nous courons vers notre servitude volontaire. Les géants du Web bâtissent leur fortune sur les dépouilles de notre identité.

    Parce qu’il est urgent de rétablir nos valeurs les plus fondamentales, nous plaidons pour instaurer une patrimonialité des données personnelles. En dépit des idées reçues, le droit de propriété a toujours été une conquête sociale permettant de rééquilibrer les rapports de pouvoir au profit de l’individu et de ses libertés. Du cadastre aux brevets, la propriété garantit, selon l’adage romain, l’usus, l’abusus et le fructus, nous rendant pleinement maîtres de nous-mêmes et de nos actions, protégés de l’arbitraire des puissants. Voilà pourquoi Proudhon pouvait écrire dans la Théorie de la propriété, en revenant sur ses propos de jeunesse, que « la propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe ». Après la terre et les idées, le temps est venu d’étendre cette force révolutionnaire à nos data.
    Concevoir des contrats intelligents et adaptés

    Cette simple adjonction juridique, qui n’existe aujourd’hui ni en Europe ni aux Etats-Unis, suffirait à bouleverser l’écosystème du numérique. Chacun pourrait choisir en toute autonomie l’usage qu’il souhaite faire de ses données, selon leur nature et leur finalité. On pourrait ainsi accéder à certains services sans partager ses propres données, mais en payant le prix de cette confidentialité et donc en devenant véritablement client. A l’inverse, dans la mesure où l’on accepte de céder ses données, il faudra que les plates-formes nous rémunèrent, réintégrant ainsi le producteur primaire de données dans la chaîne de valeur.

    Des flux continus de transactions, plus ou moins importants en fonction des catégories de data, en débit comme en crédit selon nos préférences contractuelles, viendraient alimenter nos comptes personnels de données, avec possiblement une blockchain [technique qui consiste à sécuriser une transaction en la faisant valider par une multitude d’ordinateurs, de manière chiffrée] pour garantir la validité des transactions. On peut imaginer que de puissants intermédiaires se constituent, comme les sociétés de gestion collective pour les droits d’auteur, afin de négocier conditions et tarifs au nom de millions de citoyens numériques, et de concevoir des contrats intelligents adaptés à chacun d’entre eux.
    « Nos données sont de facto devenues objets de commerce »

    Il ne s’agit pas de marchandiser ses données, selon le terme convenu pour inhiber tout débat, mais de rendre aux citoyens une valeur aujourd’hui capturée par les Gafam – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – et leurs milliers de disciples. En quoi est-il contraire à la dignité humaine de doter les producteurs de data d’un capital qui leur revient, et qui leur permettra d’effectuer leurs choix de manière d’autant plus indépendante ? Dénoncer la monétisation, c’est nier une réalité économique, puisque nos données sont de facto devenues objets de commerce (au point de représenter bientôt 8 % du PIB européen !). Mais c’est aussi, politiquement, se faire le complice objectif des oligopoles, comme l’Eglise condamnait le prêt à intérêt pour empêcher la naissance d’une bourgeoisie marchande, menaçant son pouvoir.
    Monétisation sauvage des données

    D’autant que la logique de la patrimonialité n’entre nullement en contradiction avec celle des droits fondamentaux, portée au niveau européen par le règlement général sur la protection des données (RGPD). Etablir des droits inaliénables permet d’autant mieux de concevoir un marché qui les respecte, comme c’est classiquement le cas dans nos démocraties. De plus, certaines conquêtes du RGPD, telles que l’exigence de portabilité, constituent des étapes indispensables vers un droit de propriété.
    « Il est urgent de reprendre la maîtrise de nos data et donc de nous-mêmes »

    Qu’on le veuille ou non, cette discussion a commencé. Des start-up se créent chaque semaine pour monétiser nos données de manière sauvage. Jaron Lanier, l’un des geeks les plus charismatiques de la Silicon Valley, porte le sujet depuis plusieurs années aux Etats-Unis, au nom même des valeurs libertaires qui faisaient la vigueur de l’Internet des années 1980, décentralisé et idéaliste. Son dernier papier, cosigné entre autres avec des universitaires de Stanford, a relancé le débat outre-Atlantique. En France, le député Bruno Bonnell (LRM) travaille sur une proposition de loi. L’Europe s’honorerait de prendre les devants et d’imposer sa soft law [règles de droit non obligatoires] face à une Amérique à genoux devant les intérêts du big business et à une Chine peu soucieuse de l’individu.

    Alors qu’on nous annonce, à l’image de l’historien Yuval Noah Harari, un « dataisme » dissolvant l’humain dans le réseau et rendant caduc le libre arbitre, il est urgent de reprendre la maîtrise de nos data et donc de nous-mêmes. Le droit de propriété est l’un des outils essentiels de cet humanisme 2.0.

    Liste complète des signataires : Rafaël Biosse-Duplan, associé gérant de Finisterre Capital ; Bruno Bonnell, député LRM ; Manuel Carcassonne, directeur général des Editions Stock ; Alexandre Jardin, écrivain et cinéaste ; Aurélie Jean, computational scientist ; Gaspard Koenig, philosophe, maître de conférences à Sciences Po Paris et président du think tank Generation Libre ; Willy Lafran, entrepreneur, fondateur de Datarmine ; Sébastien Lalevée, gérant associé de Financière Arbevel ; Isabelle Landreau, avocate ; Jaron Lanier, informaticien, créateur de start-up ; Céline Lazorthes, entrepreneure, fondatrice et PDG du groupe Leetchi ; Guillaume Liégey, cofondateur de Liegey Muller Pons ; Laurence Parisot, dirigeante d’entreprise, présidente de Gravida, ancienne présidente du Medef ; Gérard Peliks, ingénieur en cybersécurité, président de l’association CyberEdu ; Virginie Pez, économiste, maître de conférence à l’université Panthéon-Assas (Paris II) ; Rubin Sfadj, avocat en droit du numérique et de la finance ; Philippe Silberzahn, économiste ; Pierre Valade, entrepreneur et cofondateur de l’application Sunrise ; Natacha Valla, économiste, membre du Conseil d’analyse économique ; Guy Vallancien, chirurgien ; Glen Weyl, économiste.

    #Données_personnelles #Néolibéralisme #Propriété_des_données

  • #technologie et rupture - Philippe Silberzahn
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/129133431131

    En analysant l’évolution technologique des tests de grosesse, le spécialiste de l’innovation, Philippe Silberzahn, éclaire d’une manière limpide ce qu’est la technologie : “On peut tirer plusieurs leçons de cet exemple : la première c’est une définition de ce qu’est la technologie. La technologie, c’est une connaissance accumulée sous forme utilisable.La deuxième, c’est que la technologie encapsule cette connaissance dans des objets tangibles (test de grossesse, ordinateur, boussole) et intangibles (recettes de cuisine, algorithmes) qui permettent à ceux qui ne maîtrisent pas cette technologie de l’utiliser. La technologie est donc une forme accumulée de la connaissance des uns, utilisable par d’autres. Le test individuel encapsule, en quelque sorte, cinq cent ans de développement des connaissances (...)

    #innovation

  • L’innovation est un processus social - Philippe Silberzahn
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/99468335650

    Le professeur d’entrepreneuriat et d’innovation Philippe Silberzahn revient dans un très stimulant billet sur l’échec de la fourniture de kit photoélectriques pour l’Afrique dans les années 70, en s’inspirant de l’article (.pdf) de Madeleine Akrich, Michel Callon et Bruno Latour “A quoi tiennent le succès des innovations ? Premier épisode : l’art de l’intéressement”. Un exemple qui pointe l’importance de l’appropriation des technologies. 

    "Au modèle de diffusion (l’inventeur invente, l’utilisateur adopte), on doit donc substituer un modèle d’intéressement où le processus d’innovation consiste à mobiliser des acteurs autour du projet d’innovation en évolution. L’innovation est donc un processus social (ou socio-technique). Pour mobiliser ces acteurs, il faut les intéresser au sens où ils doivent avoir intérêt à la (...)

    #innovation #appropriation #innovation_sociale

  • « Ne déjeunez jamais seul » et autres slogans stupides qui tuent l’innovation | Le blog de Philippe Silberzahn
    http://philippesilberzahn.com/2014/01/13/ne-dejeunez-jamais-seul-slogans-stupides-qui-tuent-innovation

    Lorsque je demande à ces candidats parfaitement organisés s’il leur arrive de faire quelque chose juste pour le plaisir, ils me regardent toujours interloqués. J’aurais pu leur demander de se déshabiller, l’effet aurait été le même. Un futur cadre performant peut-il se permettre de faire quelque chose de gratuit, d’inutile, juste pour le plaisir ?

  • Temps long: Le contresens attristant de Jacques Attali | Le blog de Philippe Silberzahn
    http://philippesilberzahn.com/2013/09/23/temps-long-le-contresens-attristant-de-jacques-attali

    Philippe Silberzahn revient sur le dernier rapport de Jacques Attali et dénonce le fait que l’absence de prise en compte du long terme n’est pas la principale cause de la crise actuelle. Ce n’est là qu’une vieille antienne jacobine pour justifier l’action de l’Etat, estime Philippe Silberzahn. Pourtant, ni avec le Crédit Lyonnais, ni avec Dexia, ni par le changement permanent des lois, l’Etat n’est le maître du temps long. Et de dénoncer aussi les mesures, comme encourager la micro-finance qui (...)

    #économie

  • Le grand méchant MOOC ou la rupture en marche dans l’éducation supérieure - Le blog de Philippe Silberzahn
    http://philippesilberzahn.com/2013/04/15/grand-mechant-mooc-rupture-en-marche-dans-education-superieure

    Nous jugeons la nouvelle technologie à l’aune de l’ancienne, avec les mêmes critères, rappelle Philippe Silberzahn... et c’est ce qui se passe avec les #MOOCs. Le contact privilégié entre enseignants et étudiants tient largement du mythe, rappelle Silberzahn, d’autant que pour tout universitaire, il est plus une corvée qu’autre chose. « Et si les Moocs venaient piquer aux grandes écoles quelque chose dont, au fond, elles ne veulent plus ? » Les Moocs sont certainement beaucoup plus actifs et sociaux que (...)

    #enseignement #éducation

  • Les trois erreurs de la prédiction – Philippe Silberzahn
    http://philippesilberzahn.com/2013/01/07/les-trois-erreurs-prediction-rapport-thery-autoroutes-informatio

    Philippe Silberzahn a relu le rapport Thery remis à Edouard Balladur en 1994 sur les autoroutes de l’information. A le lire, le rapport minimise le rôle qu’allait pouvoir jouer l’internet dans l’avenir des autoroutes de l’information. Comment des experts peuvent-ils commettre de telles bévues, s’interroge Philippe Silberzahn. Les raisons :

    l’extrapolation : on étend à long terme une tendance initiale sans voir son évolution possible.

    toute chose égales : ne pas prendre en compte la dynamique à (...)

    #innovation

  • Le travail invisible ou l’économie victime du dogme positiviste - Philippe Silberzahn
    http://philippesilberzahn.com/2013/03/11/travail-invisible-economie-victime-dogme-positiviste

    Philippe Silberzahn revient sur le livre de Pierre-Yves Gomez « Le travail invisible » et nous rappelle que la valeur travail réside de plus en plus sur sa seule dimension objective (ce qui est produit qui est sans cesse mesuré), au détriment de ses dimensions subjectives (réalisation de soi) et collective. Pour Philippe Silberzahn, l’obsession de la mesure empêche l’#innovation. Or, selon lui, la mesure, le positivisme, a contaminé toute l’entreprise parce qu’elle est bien commode. (...)

    #économie

  • Risque, vision, prévision et héroïsme : Quatre mythes de l’entrepreneuriat - Philippe Silberzahn
    http://philippesilberzahn.com/2011/03/21/quatre-mythes-entrepreneuriat

    Philippe Silberzahn revient sur 4 mythes de l’entrepreneuriat. Non, les entrepreneurs n’aiment pas le risque, leur métier c’est de le réduire. Non, ils ne sont pas visionnaires, leur vision se développe souvent au fur et à mesure de leur action. Non, les entrepreneurs ne sont pas experts en prévision, ils cherchent juste à construire l’avenir. Oui, les entrepreneurs sont comme nous tous, ils ne sont pas des super héros, ils n’ont aucune caractéristique distinctive. Tags : (...)

    #entreprenariat #innovation

  • Créer une entité « innovation » dans votre entreprise : une fausse bonne idée ? | Le blog de Philippe Silberzahn
    http://philippesilberzahn.com/2012/04/30/creer-une-entite-innovation-dans-votre-entreprise-une-fausse-bon

    Il y a plusieurs raisons à ces difficultés : D’une part, elles sont victimes du syndrome de Cassandre : elles ont conscience des difficultés à venir, notamment que le coeur de métier est vouée à la disparition, mais elles ne sont pas entendues. Souvent c’est parce que le coeur de métier produit encore des revenus importants et qu’aucun élément financier ne pointe de problème particulier. Il se peut même que la profitabilité augmente, ce qui est typiquement le cas de segments matures. Pourquoi s’inquiéter quand tout va si bien et que la bourse applaudit vos performances financières ? C’est ainsi que Kodak, aujourd’hui en faillite, était la chérie de la bourse dans les années 90 au moment même où le développement de la photo numérique sapait les bases-mêmes de son avenir.