• #Université, service public ou secteur productif ?

    L’#annonce d’une “vraie #révolution de l’Enseignement Supérieur et la Recherche” traduit le passage, organisé par un bloc hégémonique, d’un service public reposant sur des #carrières, des #programmes et des diplômes à l’imposition autoritaire d’un #modèle_productif, au détriment de la #profession.

    L’annonce d’une « #vraie_révolution » de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) par Emmanuel Macron le 7 décembre, a pour objet, annonce-t-il, d’« ouvrir l’acte 2 de l’#autonomie et d’aller vers la #vraie_autonomie avec des vrais contrats pluriannuels où on a une #gouvernance qui est réformée » sans recours à la loi, avec un agenda sur dix-huit mois et sans modifications de la trajectoire budgétaire. Le président sera accompagné par un #Conseil_présidentiel_de_la_science, composé de scientifiques ayant tous les gages de reconnaissance, mais sans avoir de lien aux instances professionnelles élues des personnels concernés. Ce Conseil pilotera la mise en œuvre de cette « révolution », à savoir transformer les universités, en s’appuyant sur celles composant un bloc d’#excellence, et réduire le #CNRS en une #agence_de_moyen. Les composantes de cette grande transformation déjà engagée sont connues. Elle se fera sans, voire contre, la profession qui était auparavant centrale. Notre objet ici n’est ni de la commenter, ni d’en reprendre l’historique (Voir Charle 2021).

    Nous en proposons un éclairage mésoéconomique que ne perçoit ni la perspective macroéconomique qui pense à partir des agrégats, des valeurs d’ensemble ni l’analyse microéconomique qui part de l’agent et de son action individuelle. Penser en termes de mésoéconomie permet de qualifier d’autres logiques, d’autres organisations, et notamment de voir comment les dynamiques d’ensemble affectent sans déterminisme ce qui s’organise à l’échelle méso, et comment les actions d’acteurs structurent, elles aussi, les dynamiques méso.

    La transformation de la régulation administrée du #système_éducatif, dont nombre de règles perdurent, et l’émergence d’une #régulation_néolibérale de l’ESR, qui érode ces règles, procède par trois canaux : transformation du #travail et des modalités de construction des #carrières ; mise en #concurrence des établissements ; projection dans l’avenir du bloc hégémonique (i.e. les nouveaux managers). L’action de ces trois canaux forment une configuration nouvelle pour l’ESR qui devient un secteur de production, remodelant le système éducatif hier porté par l’État social. Il s’agissait de reproduire la population qualifiée sous l’égide de l’État. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase du #capitalisme, et cette reproduction est arrimée à l’accumulation du capital dans la perspective de #rentabilisation des #connaissances et de contrôle des professionnels qui l’assurent.

    Le couplage de l’évolution du système d’ESR avec la dynamique de l’#accumulation, constitue une nouvelle articulation avec le régime macro. Cela engendre toutefois des #contradictions majeures qui forment les conditions d’une #dégradation rapide de l’ESR.

    Co-construction historique du système éducatif français par les enseignants et l’État

    Depuis la Révolution française, le système éducatif français s’est déployé sur la base d’une régulation administrée, endogène, co-construite par le corps enseignant et l’État ; la profession en assumant de fait la charge déléguée par l’État (Musselin, 2022). Historiquement, elle a permis la croissance des niveaux d’éducation successifs par de la dépense publique (Michel, 2002). L’allongement historique de la scolarité (fig.1) a permis de façonner la force de travail, facteur décisif des gains de productivité au cœur de la croissance industrielle passée. L’éducation, et progressivement l’ESR, jouent un rôle structurant dans la reproduction de la force de travail et plus largement de la reproduction de la société - stratifications sociales incluses.

    À la fin des années 1960, l’expansion du secondaire se poursuit dans un contexte où la détention de diplômes devient un avantage pour s’insérer dans l’emploi. D’abord pour la bourgeoisie. La massification du supérieur intervient après les années 1980. C’est un phénomène décisif, visible dès les années 1970. Rapidement cela va télescoper une période d’austérité budgétaire. Au cours des années 2000, le pilotage de l’université, basé jusque-là sur l’ensemble du système éducatif et piloté par la profession (pour une version détaillée), s’est effacé au profit d’un pilotage pour et par la recherche, en lien étroit avec le régime d’accumulation financiarisé dans les pays de l’OCDE. Dans ce cadre, l’activité économique est orientée par l’extraction de la valeur financière, c’est à dire principalement par les marchés de capitaux et non par l’activité productive (Voir notamment Clévenot 2008).
    L’ESR : formation d’un secteur productif orienté par la recherche

    La #massification du supérieur rencontre rapidement plusieurs obstacles. Les effectifs étudiants progressent plus vite que ceux des encadrants (Piketty met à jour un graphique révélateur), ce qui entrave la qualité de la formation. La baisse du #taux_d’encadrement déclenche une phase de diminution de la dépense moyenne, car dans l’ESR le travail est un quasi-coût fixe ; avant que ce ne soit pour cette raison les statuts et donc la rémunération du travail qui soient visés. Ceci alors que pourtant il y a une corrélation étroite entre taux d’encadrement et #qualité_de_l’emploi. L’INSEE montre ainsi que le diplôme est un facteur d’amélioration de la productivité, alors que la productivité plonge en France (voir Aussilloux et al. (2020) et Guadalupe et al. 2022).

    Par ailleurs, la massification entraine une demande de différenciation de la part les classes dominantes qui perçoivent le #diplôme comme un des instruments de la reproduction stratifiée de la population. C’est ainsi qu’elles se détournent largement des filières et des établissements massifiés, qui n’assurent plus la fonction de « distinction » (voir le cas exemplaire des effectifs des #écoles_de_commerce et #grandes_écoles).

    Dans le même temps la dynamique de l’accumulation suppose une population formée par l’ESR (i.e. un niveau de diplomation croissant). Cela se traduit par l’insistance des entreprises à définir elles-mêmes les formations supérieures (i.e. à demander des salariés immédiatement aptes à une activité productive, spécialisés). En effet la connaissance, incorporée par les travailleurs, est devenue un actif stratégique majeur pour les entreprises.

    C’est là qu’apparaît une rupture dans l’ESR. Cette rupture est celle de la remise en cause d’un #service_public dont l’organisation est administrée, et dont le pouvoir sur les carrières des personnels, sur la définition des programmes et des diplômes, sur la direction des établissements etc. s’estompe, au profit d’une organisation qui revêt des formes d’un #secteur_productif.

    Depuis la #LRU (2007) puis la #LPR (2020) et la vague qui s’annonce, on peut identifier plusieurs lignes de #transformation, la #mise_en_concurrence conduisant à une adaptation des personnels et des établissements. Au premier titre se trouvent les instruments de #pilotage par la #performance et l’#évaluation. À cela s’ajoute la concurrence entre établissements pour l’#accès_aux_financements (type #Idex, #PIA etc.), aux meilleures candidatures étudiantes, aux #labels et la concurrence entre les personnels, pour l’accès aux #dotations (cf. agences de programmes, type #ANR, #ERC) et l’accès aux des postes de titulaires. Enfin le pouvoir accru des hiérarchies, s’exerce aux dépens de la #collégialité.

    La généralisation de l’évaluation et de la #sélection permanente s’opère au moyen d’#indicateurs permettant de classer. Gingras évoque une #Fièvre_de_l’évaluation, qui devient une référence définissant des #standards_de_qualité, utilisés pour distribuer des ressources réduites. Il y a là un instrument de #discipline agissant sur les #conduites_individuelles (voir Clémentine Gozlan). L’important mouvement de #fusion des universités est ainsi lié à la recherche d’un registre de performance déconnecté de l’activité courante de formation (être université de rang mondial ou d’université de recherche), cela condensé sous la menace du #classement_de_Shanghai, pourtant créé dans un tout autre but.

    La remise en question du caractère national des diplômes, revenant sur les compromis forgés dans le temps long entre les professions et l’État (Kouamé et al. 2023), quant à elle, assoit la mise en concurrence des établissements qui dépossède en retour la profession au profit des directions d’établissement.

    La dynamique de #mise_en_concurrence par les instruments transforme les carrières et la relation d’#emploi, qui reposaient sur une norme commune, administrée par des instances élues, non sans conflit. Cela fonctionne par des instruments, au sens de Lascoumes et Legalès, mais aussi parce que les acteurs les utilisent. Le discours du 7 décembre est éloquent à propos de la transformation des #statuts pour assurer le #pilotage_stratégique non par la profession mais par des directions d’établissements :

    "Et moi, je souhaite que les universités qui y sont prêtes et qui le veulent fassent des propositions les plus audacieuses et permettent de gérer la #ressource_humaine (…) la ministre m’a interdit de prononcer le mot statut. (…) Donc je n’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts (…) moi, je vous invite très sincèrement, vous êtes beaucoup plus intelligents que moi, tous dans cette salle, à les changer vous-mêmes."

    La démarche est caractéristique du #new_management_public : une norme centrale formulée sur le registre non discutable d’une prétérition qui renvoie aux personnes concernées, celles-là même qui la refuse, l’injonction de s’amputer (Bechtold-Rognon & Lamarche, 2011).

    Une des clés est le transfert de gestion des personnels aux établissements alors autonomes : les carrières, mais aussi la #gouvernance, échappent progressivement aux instances professionnelles élues. Il y a un processus de mise aux normes du travail de recherche, chercheurs/chercheuses constituant une main d’œuvre qui est atypique en termes de formation, de types de production fortement marqués par l’incertitude, de difficulté à en évaluer la productivité en particulier à court terme. Ce processus est un marqueur de la transformation qui opère, à savoir, un processus de transformation en un secteur. La #pénurie de moyen public est un puissant levier pour que les directions d’établissement acceptent les #règles_dérogatoires (cf. nouveaux contrats de non titulaires ainsi que les rapports qui ont proposé de spécialiser voire de moduler des services).

    On a pu observer depuis la LRU et de façon active depuis la LPR, à la #destruction régulière du #compromis_social noué entre l’État social et le monde enseignant. La perte spectaculaire de #pouvoir_d’achat des universitaires, qui remonte plus loin historiquement, en est l’un des signaux de fond. Il sera progressivement articulé avec l’éclatement de la relation d’emploi (diminution de la part de l’emploi sous statut, #dévalorisation_du_travail etc.).

    Arrimer l’ESR au #régime_d’accumulation, une visée utilitariste

    L’État est un acteur essentiel dans l’émergence de la production de connaissance, hier comme commun, désormais comme résultat, ou produit, d’un secteur productif. En dérégulant l’ESR, le principal appareil de cette production, l’État délaisse la priorité accordée à la montée de la qualification de la population active, au profit d’un #pilotage_par_la_recherche. Ce faisant, il radicalise des dualités anciennes entre système éducatif pour l’élite et pour la masse, entre recherche utile à l’industrie et recherche vue comme activité intellectuelle (cf. la place des SHS), etc.

    La croissance des effectifs étudiants sur une période assez longue, s’est faite à moyens constants avec des effectifs titulaires qui ne permettent pas de maintenir la qualité du travail de formation (cf. figure 2). L’existence de gisements de productivité supposés, à savoir d’une partie de temps de travail des enseignants-chercheurs inutilisé, a conduit à une pénurie de poste et à une recomposition de l’emploi : alourdissement des tâches des personnels statutaires pour un #temps_de_travail identique et développement de l’#emploi_hors_statut. Carpentier & Picard ont récemment montré, qu’en France comme ailleurs, le recours au #précariat s’est généralisé, participant par ce fait même à l’effritement du #corps_professionnel qui n’a plus été à même d’assurer ni sa reproduction ni ses missions de formation.

    C’est le résultat de l’évolution longue. L’#enseignement est la part délaissée, et les étudiants et étudiantes ne sont plus au cœur des #politiques_universitaires : ni par la #dotation accordée par étudiant, ni pour ce qui structure la carrière des universitaires (rythmée par des enjeux de recherche), et encore moins pour les dotations complémentaires (associées à une excellence en recherche). Ce mouvement se met toutefois en œuvre en dehors de la formation des élites qui passent en France majoritairement par les grandes écoles (Charle et Soulié, 2015). Dès lors que les étudiants cessaient d’être le principe organisateur de l’ESR dans les universités, la #recherche pouvait s’y substituer. Cela intervient avec une nouvelle convention de qualité de la recherche. La mise en œuvre de ce principe concurrentiel, initialement limité au financement sur projets, a été élargie à la régulation des carrières.

    La connaissance, et de façon concrète le niveau de diplôme des salariés, est devenu une clé de la compétitivité, voire, pour les gouvernements, de la perspective de croissance. Alors que le travail de recherche tend à devenir une compétence générale du travail qualifié, son rôle croissant dans le régime d’accumulation pousse à la transformation du rapport social de travail de l’ESR.

    C’est à partir du système d’#innovation, en ce que la recherche permet de produire des actifs de production, que l’appariement entre recherche et profit participe d’une dynamique nouvelle du régime d’accumulation.

    Cette dynamique est pilotée par l’évolution jointe du #capitalisme_financiarisé (primauté du profit actionnarial sur le profit industriel) et du capitalisme intensif en connaissance. Les profits futurs des entreprises, incertains, sont liés d’une part aux investissements présents, dont le coût élevé repose sur la financiarisation tout en l’accélérant, et d’autre part au travail de recherche, dont le contrôle échappe au régime historique de croissance de la productivité. La diffusion des compétences du travail de recherche, avec la montée des qualifications des travailleurs, et l’accumulation de connaissances sur lequel il repose, deviennent primordiaux, faisant surgir la transformation du contenu du travail par l’élévation de sa qualité dans une division du travail qui vise pourtant à l’économiser. Cela engendre une forte tension sur la production des savoirs et les systèmes de transmission du savoir qui les traduisent en connaissances et compétences.

    Le travail de recherche devenant une compétence stratégique du travail dans tous les secteurs d’activité, les questions posées au secteur de recherche en termes de mesure de l’#efficacité deviennent des questions générales. L’enjeu en est l’adoption d’une norme d’évaluation que les marchés soient capables de faire circuler parmi les secteurs et les activités consommatrices de connaissances.

    Un régime face à ses contradictions

    Cette transformation de la recherche en un secteur, arrimé au régime d’accumulation, suppose un nouveau compromis institutionnalisé. Mais, menée par une politique néolibérale, elle se heurte à plusieurs contradictions majeures qui détruisent les conditions de sa stabilisation sans que les principes d’une régulation propre ne parviennent à émerger.

    Quand la normalisation du travail de recherche dévalorise l’activité et les personnels

    Durant la longue période de régulation administrée, le travail de recherche a associé le principe de #liberté_académique à l’emploi à statut. L’accomplissement de ce travail a été considéré comme incompatible avec une prise en charge par le marché, ce dernier n’étant pas estimé en capacité de former un signal prix sur les services attachés à ce type de travail. Ainsi, la production de connaissance est un travail entre pairs, rattachés à des collectifs productifs. Son caractère incertain, la possibilité de l’erreur sont inscrits dans le statut ainsi que la définition de la mission (produire des connaissances pour la société, même si son accaparement privé par la bourgeoisie est structurel). La qualité de l’emploi, notamment via les statuts, a été la clé de la #régulation_professionnelle. Avec la #mise_en_concurrence_généralisée (entre établissements, entre laboratoires, entre Universités et grandes écoles, entre les personnels), le compromis productif entre les individus et les collectifs de travail est rompu, car la concurrence fait émerger la figure du #chercheur_entrepreneur, concerné par la #rentabilisation des résultats de sa recherche, via la #valorisation sous forme de #propriété_intellectuelle, voire la création de #start-up devenu objectifs de nombre d’université et du CNRS.

    La réponse publique à la #dévalorisation_salariale évoquée plus haut, passe par une construction différenciée de la #rémunération, qui rompt le compromis incarné par les emplois à statut. Le gel des rémunérations s’accompagne d’une individualisation croissante des salaires, l’accès aux ressources étant largement subordonné à l’adhésion aux dispositifs de mise en concurrence. La grille des rémunérations statutaires perd ainsi progressivement tout pouvoir organisationnel du travail. Le rétrécissement de la possibilité de travailler hors financements sur projet est indissociable du recours à du #travail_précaire. La profession a été dépossédée de sa capacité à défendre son statut et l’évolution des rémunérations, elle est inopérante à faire face à son dépècement par le bloc minoritaire.

    La contradiction intervient avec les dispositifs de concurrence qui tirent les instruments de la régulation professionnelle vers une mise aux normes marchandes pour une partie de la communauté par une autre. Ce mouvement est rendu possible par le décrochage de la rémunération du travail : le niveau de rémunération d’entrée dans la carrière pour les maîtres de conférences est ainsi passé de 2,4 SMIC dans les années 1980 à 1,24 aujourd’hui.

    Là où le statut exprimait l’impossibilité d’attacher une valeur au travail de recherche hors reconnaissance collective, il tend à devenir un travail individualisable dont le prix sélectionne les usages et les contenus. Cette transformation du travail affecte durablement ce que produit l’université.

    Produire de l’innovation et non de la connaissance comme communs

    Durant la période administrée, c’est sous l’égide de la profession que la recherche était conduite. Définissant la valeur de la connaissance, l’action collective des personnels, ratifiée par l’action publique, pose le caractère non rival de l’activité. La possibilité pour un résultat de recherche d’être utilisé par d’autres sans coût de production supplémentaire était un gage d’efficacité. Les passerelles entre recherche et innovation étaient nombreuses, accordant des droits d’exploitation, notamment à l’industrie. Dans ce cadre, le lien recherche-profit ou recherche-utilité économique, sans être ignoré, ne primait pas. Ainsi, la communauté professionnelle et les conditions de sa mise au travail correspondait à la nature de ce qui était alors produit, à savoir les connaissances comme commun. Le financement public de la recherche concordait alors avec la nature non rivale et l’incertitude radicale de (l’utilité de) ce qui est produit.

    La connaissance étant devenue un actif stratégique, sa valorisation par le marché s’est imposée comme instrument d’orientation de la recherche. Finalement dans un régime d’apparence libérale, la conduite politique est forte, c’est d’ailleurs propre d’un régime néolibéral tel que décrit notamment par Amable & Palombarini (2018). Les #appels_à_projet sélectionnent les recherches susceptibles de #valorisation_économique. Là où la #publication fait circuler les connaissances et valide le caractère non rival du produit, les classements des publications ont pour objet de trier les résultats. La priorité donnée à la protection du résultat par la propriété intellectuelle achève le processus de signalement de la bonne recherche, rompant son caractère non rival. La #rivalité exacerbe l’effectivité de l’exclusion par les prix, dont le niveau est en rapport avec les profits anticipés.

    Dans ce contexte, le positionnement des entreprises au plus près des chercheurs publics conduit à une adaptation de l’appareil de production de l’ESR, en créant des lieux (#incubateurs) qui établissent et affinent l’appariement recherche / entreprise et la #transférabilité à la #valorisation_marchande. La hiérarchisation des domaines de recherche, des communautés entre elles et en leur sein est alors inévitable. Dans ce processus, le #financement_public, qui continue d’endosser les coûts irrécouvrables de l’incertitude, opère comme un instrument de sélection et d’orientation qui autorise la mise sous contrôle de la sphère publique. L’ESR est ainsi mobilisée par l’accumulation, en voyant son autonomie (sa capacité à se réguler, à orienter les recherches) se réduire. L’incitation à la propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche à des fins de mise en marché est un dispositif qui assure cet arrimage à l’accumulation.

    Le caractère appropriable de la recherche, devenant essentiel pour la légitimation de l’activité, internalise une forme de consentement de la communauté à la perte du contrôle des connaissances scientifiques, forme de garantie de sa circulation. Cette rupture de la non-rivalité constitue un coût collectif pour la société que les communautés scientifiques ne parviennent pas à rendre visible. De la même manière, le partage des connaissances comme principe d’efficacité par les externalités positives qu’il génère n’est pas perçu comme un principe alternatif d’efficacité. Chemin faisant, une recherche à caractère universel, régulée par des communautés, disparait au profit d’un appareil sous doté, orienté vers une utilité de court terme, relayé par la puissance publique elle-même.

    Un bloc hégémonique réduit, contre la collégialité universitaire

    En tant que mode de gouvernance, la collégialité universitaire a garanti la participation, et de fait la mobilisation des personnels, car ce n’est pas la stimulation des rémunérations qui a produit l’#engagement. Les collectifs de travail s’étaient dotés d’objectifs communs et s’étaient accordés sur la #transmission_des_savoirs et les critères de la #validation_scientifique. La #collégialité_universitaire en lien à la définition des savoirs légitimes a été la clé de la gouvernance publique. Il est indispensable de rappeler la continuité régulatrice entre liberté académique et organisation professionnelle qui rend possible le travail de recherche et en même temps le contrôle des usages de ses produits.

    Alors que l’université doit faire face à une masse d’étudiants, elle est évaluée et ses dotations sont accordées sur la base d’une activité de recherche, ce qui produit une contradiction majeure qui affecte les universités, mais pas toutes. Il s’effectue un processus de #différenciation_territoriale, avec une masse d’établissements en souffrance et un petit nombre qui a été retenu pour former l’élite. Les travaux de géographes sur les #inégalités_territoriales montrent la très forte concentration sur quelques pôles laissant des déserts en matière de recherche. Ainsi se renforce une dualité entre des universités portées vers des stratégies d’#élite et d’autres conduites à accepter une #secondarisation_du_supérieur. Une forme de hiatus entre les besoins technologiques et scientifiques massifs et le #décrochage_éducatif commence à être diagnostiquée.

    La sectorisation de l’ESR, et le pouvoir pris par un bloc hégémonique réduit auquel participent certaines universités dans l’espoir de ne pas être reléguées, ont procédé par l’appropriation de prérogatives de plus en plus larges sur les carrières, sur la valorisation de la recherche et la propriété intellectuelle, de ce qui était un commun de la recherche. En cela, les dispositifs d’excellence ont joué un rôle marquant d’affectation de moyens par une partie étroite de la profession. De cette manière, ce bloc capte des prébendes, assoit son pouvoir par la formation des normes concurrentielles qu’il contrôle et développe un rôle asymétrique sur les carrières par son rôle dominant dans l’affectation de reconnaissance professionnelle individualisée, en contournant les instances professionnelles. Il y a là création de nouveaux périmètres par la norme, et la profession dans son ensemble n’a plus grande prise, elle est mise à distance des critères qui servent à son nouveau fonctionnement et à la mesure de la performance.

    Les dispositifs mis en place au nom de l’#excellence_scientifique sont des instruments pour ceux qui peuvent s’en emparer et définissant les critères de sélection selon leur représentation, exercent une domination concurrentielle en sélectionnant les élites futures. Il est alors essentiel d’intégrer les Clubs qui en seront issus. Il y a là une #sociologie_des_élites à préciser sur la construction d’#UDICE, club des 10 universités dites d’excellence. L’évaluation de la performance détermine gagnants et perdants, via des labels, qui couronnent des processus de sélection, et assoit le pouvoir oligopolistique et les élites qui l’ont porté, souvent contre la masse de la profession (Musselin, 2017).

    Le jeu des acteurs dominants, en lien étroit avec le pouvoir politique qui les reconnait et les renforce dans cette position, au moyen d’instruments de #rationalisation de l’allocation de moyens pénuriques permet de définir un nouvel espace pour ceux-ci, ségrégué du reste de l’ESR, démarche qui est justifié par son arrimage au régime d’accumulation. Ce processus s’achève avec une forme de séparatisme du nouveau bloc hégémonique composé par ces managers de l’ESR, composante minoritaire qui correspond d’une certaine mesure au bloc bourgeois. Celles- et ceux-là même qui applaudissent le discours présidentiel annonçant la révolution dont un petit fragment tirera du feu peu de marrons, mais qui seront sans doute pour eux très lucratifs. Toutefois le scénario ainsi décrit dans sa tendance contradictoire pour ne pas dire délétère ne doit pas faire oublier que les communautés scientifiques perdurent, même si elles souffrent. La trajectoire choisie de sectorisation déstabilise l’ESR sans ouvrir d’espace pour un compromis ni avec les personnels ni pour la formation. En l’état, les conditions d’émergence d’un nouveau régime pour l’ESR, reliant son fonctionnement et sa visée pour la société ne sont pas réunies, en particulier parce que la #rupture se fait contre la profession et que c’est pourtant elle qui reste au cœur de la production.

    https://laviedesidees.fr/Universite-service-public-ou-secteur-productif
    #ESR #facs #souffrance

  • « Ils nous ont laissé 20 minutes avec lui sans le toucher » : un lycéen meurt après un malaise cardiaque pendant le bac - midilibre.fr
    https://www.midilibre.fr/2023/03/22/un-lyceen-meurt-a-lille-apres-avoir-fait-un-malaise-cardiaque-pendant-une-

    Ce mardi 21 mars, vers 19 h, un adolescent est mort à Lille des suites d’un malaise cardiaque survenu lors d’une épreuve de spécialité du baccalauréat.
    L’élève était en pleine épreuve de spécialité du baccalauréat d’économie pour le bac STMG, vers 14 h 15, ce mardi 21 mars, quand il a fait un malaise cardiaque, a appris BFM Lille auprès du rectorat. Le jeune homme est décédé plus tard dans la journée, vers 19 h, au Centre hospitalier universitaire de Lille après avoir été pris en charge par le SAMU.

    Une lente prise en charge

    Le garçon de 17 ans souffrait d’une pathologie au cœur. Vers 14 h 15, au début de l’épreuve de spécialité du baccalauréat d’économie pour le bac STMG, il a perdu connaissance et est resté inanimé au sol.

    À nos confrères de La Voix du Nord, Vincent (prénom modifié) un élève présent dans la salle d’examen témoigne : « Il y avait huit adultes dans la salle, aucun ne bougeait. Les élèves se levaient pour aller voir ce qu’il avait, on leur criait dessus, on leur disait de se rasseoir, de continuer le bac. Un adulte continuait à passer dans les rangs pour faire signer la feuille de présence, alors qu’il (la victime du malaise) était toujours par terre. Il ne parlait plus, commençait à devenir bleu. Une élève s’est levée quand même et l’a mis en PLS. Nous, on disait qu’il fallait appeler les secours. Ils nous ont laissés 20 minutes avec lui, sans le toucher, sans pouvoir l’aider. »

    Puis, "la CPE est arrivée en courant, elle a appelé les secours".

    « Quitter la salle, c’est abandonner le bac »

    Après l’incident, l’épreuve a été interrompue brièvement avant de reprendre dans une autre salle. Mais la situation a pris une autre tournure. « Le proviseur est arrivé pour nous surveiller. On a dit qu’on ne pouvait pas continuer, que quelqu’un était en train de mourir. Il a répondu que c’est une étape de la vie et que quitter la salle, c’est abandonner le Bac », ajoute le témoin au quotidien de Lille, qui confirme par ailleurs que tous les élèves ont finalement arrêté l’épreuve.

    Avant l’arrivée des secours « personne n’a pu lui faire de massage cardiaque, insiste Vincent. Si on ne l’avait pas laissé si longtemps seul, il serait peut-être encore là aujourd’hui ».

    #éducation_nationale au #laisser_mourir

    • C’est bien répugnant de laisser crever un môme pour respecter l’épreuve de bac, cette bouffonnerie française.

      C’est tout le problème de cette société française : on va à la catastrophe par la soumission continuelle à l’Autorité*
      Maintenir cette pression autoritaire, quoiqu’il en coûte nous mènent à la déshumanisation et à la mort :
      – l’autorité de l’état qui en pleine grève maintient le bac
      – l’autorité d’un travail qui t’oblige à garder des gamins assis
      – pendant qu’un des leurs meurt
      – l’autorité des adultes qui dressent les mômes à accepter ces situations.

      C’est exactement ce qui va nous tomber sur la gueule d’une façon ou d’une autre et à laquelle ce gouvernement travaille ardemment : nous faire accepter comme normal que les flics puissent tabasser mutiler et tuer des manifestants. Parce qu’il est plus important que machin impose sa vision mortifère du monde en faisant croire qu’elle est démocrate à coup de tonfa.

      *Je parle de l’autorité autoritaire , parce qu’il existe une autorité qui va de soi, celle de l’humilité qui est bienveillante.

    • Ironie terrifiante,
      En terminant ce post, je fais quelques recherches puisqu’il est siganlé dans l’article que le gamin était en train de passer l’épreuve du « bac STMG ».
      STMG kezako ?

      Baccalauréat Sciences et Technologies du #Management et de la Gestion

    • Ce phénomène n’est pas nouveau, les français ont été d’une grande passivité pendant Vichy, idem pendant la colonisation, la guerre d’algérie, les dissidents ont de tous temps été minoritaires.

      Merci de ne pas minorer mes paroles : c’est aujourd’hui et maintenant qu’il faut voir la destruction du tissu social à l’œuvre et du dressage à la soumission qui nous est fait systématiquement, des plus jeunes au plus vieux, dans une violence symbolique suffisante pour laisser crever un gamin pendant que les autres continuent leur épreuve du bac.

      Je reprécise ma pensée : Ce gouvernement n’est pas la suite logique d’un peuple obéissant et veule. Ce gouvernement met en place la destruction de toute opposition à l’autorité et nous demande de courber l’échine. Et ces enfants étaient en train de passer une épreuve de management, le pire des systèmes autoritaires, issu des nazis, en france, en 2023.

      Ce n’est pas seulement d’être passifs qui nous est demandé, de renoncer à aller manifester, à secourir son prochain, c’est d’être à tout les niveaux dressé à applaudir l’autorité des dominants, et à s’y plier à contrario de toute raison humaine, à laisser crever un gamin dans sa classe, comme d’autres en méditerranée.

      #systeme_educatif #education_a_la_soumission

  • « Le #plan_France_2030 se heurtera inévitablement au mur des pénuries de compétences »

    Le plan annoncé par le président de la République est voué à l’échec s’il omet le problème d’un système éducatif ne parvenant plus à former pour la science et l’industrie, souligne, dans une tribune au « Monde », #Maroun_Eddé, normalien et auteur d’un rapport sur l’éducation.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/22/le-plan-france-2030-se-heurtera-inevitablement-au-mur-des-penuries-de-compet

    #France_2030 #pénurie #compétences #éducation #système_éducatif #formation #réindustrialisation #France #industrie #recherche

  • Ivan Illich et la déscolarisation de la société 1/2
    https://topophile.net/savoir/ivan-illich-et-la-descolarisation-de-la-societe-1-2

    La pensée d’Ivan Illich (1926-2002), figure inclassable et incontournable de la critique de la société industrielle, se révèle toujours aussi stimulante et pertinente. Elle a nourri et continue de nourrir nombre de mouvements écologistes ainsi que cette humble revue. Illich démontre que les institutions passées un certain seuil deviennent contre-productives, c’est-à-dire se retournent contre leur... Voir l’article

  • Condamnés à réussir

    Chaque année, en novembre, toute la #Corée_du_Sud retient son souffle pendant une journée : cinq cent mille jeunes passent leur examen de fin d’#études, dont les résultats s’avèrent déterminants pour leur avenir professionnel.

    Portrait d’une #jeunesse sud-coréenne sacrifiée sur l’autel de la #performance et de la #réussite_scolaire.


    https://www.youtube.com/watch?v=h-wjwyVQXMc

    #sélection #université #concours_national #excellence #université_d'élite #stress #éducation #système_éducatif

  • Que signifie être radical chez Paulo Freire ? - Questions de classe(s)
    https://www.questionsdeclasses.org/?Que-signifie-etre-radical-chez-Paulo-Freire

    L’ensemble de l’œuvre de Paulo Freire est traversé par la notion de radicalité depuis ses premiers ouvrages L’Éducation, pratique de liberté (1967) et Pédagogie des opprimés (1968) jusqu’à Pédagogie de l’autonomie (1996). Dans ses écrits, cette notion s’exprime à travers les noms communs de « radicalisation », de « radicalité » et à travers l’adjectif « radical ». Alors que se structure en France un réseau militant autour d’une charte de pédagogies radicales qui se réfère à Paulo Freire, il nous a semblé intéressant de revenir sur la notion de radicalité telle qu’elle se présente dans l’œuvre du pédagogue brésilien pour répondre ainsi à la question : Que signifie être radical chez Paulo Freire ?

    https://www.questionsdeclasses.org/local/cache-vignettes/L200xH107/arton5015-cf1d0.jpg?1535282233

    #Paulo_Freire #pédagogie #éducation #radicalité

  • Les écoliers pris entre deux feux dans le conflit qui perdure à l’est de l’#Ukraine (#UNICEF) | ONU Info
    https://news.un.org/fr/story/2018/05/1013072

    Plus de quatre années de conflit dans l’est de l’Ukraine ont dévasté le #système_éducatif, ont détruit et endommagé des centaines d’#écoles, forçant 200 000 filles et garçons à apprendre dans des environnements militarisés, au milieu des combats et des dangers des armes de guerre non explosées, déplore l’UNICEF.

  • À lire : un extrait de « L’école des incapables ? » de M. Millet et J.-C. Croizet
    http://www.contretemps.eu/ecole-apprentissage-domination

    Comment l’école interprète- t-elle les facilités et les difficultés d’apprentissage des élèves ? Comment cette interprétation influence-t-elle leur scolarité, et l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes ? Les résultats de l’enquête – menée pendant plusieurs années dans des écoles maternelles, pour l’essentiel – présentée dans ce livre permettent de répondre à ces questions. En croisant les regards sociologique et psychosocial, Mathias Millet et Jean-Claude Croizet décortiquent le quotidien des classes et révèlent comment les difficultés cognitives, pourtant nécessaires aux apprentissages, sont transformées en un problème. Ils montrent que ces premiers apprentissages scolaires sont aussi, pour les élèves, une première confrontation aux inégalités.

    L’étude met en évidence les logiques quotidiennes d’une violence symbolique par laquelle élèves comme enseignants se persuadent que les verdicts scolaires disent la valeur des individus. Elle montre comment ces élèves et ces enseignants développent, dès l’école maternelle, des interprétations qui personnalisent les « échecs » ou les « réussites » et, ce faisant, les détournent des apprentissages. Cet ouvrage contribue ainsi de manière décisive à l’analyse de la manière dont l’école réduit ou augmente les inégalités sociales.


    #Conjoncture #Diaporama #Enquête #domination #école #éducation #enseignement #inégalités #pédagogie #reproduction #système_éducatif

  • “Etudiants, l’avenir à crédit” ou comment la fac passe à l’école du libéralisme - Télévision - Télérama.fr
    http://television.telerama.fr/television/etudiants-l-avenir-a-credit-ou-comment-la-fac-passe-a-l-ecole-du

    Dans son enquête sur le #système_éducatif mondial diffusée sur Arte, le documentariste Jean-Robert Viallet révèle que, peu à peu, le modèle anglo-saxon s’impose. Les #universités sont obnubilées par la #rentabilité et les #étudiants, condamnés à s’endetter pour décrocher leurs #diplômes.

    Jean-Robert Viallet (qui a réalisé, avec Christophe Nick, La Mise à mort du travail, en 2009) a d’ailleurs beaucoup tournicoté autour du sujet avant de saisir l’ampleur de la lame de fond. Il est d’abord intrigué par la multiplication des fusions de grandes écoles, par l’importance « ahurissante » prise par les palmarès universitaires, par la détermination de ces cohortes d’étudiants désireux d’intégrer les établissements les plus cotés... « En reliant toutes ces informations, j’ai peu à peu compris qu’il se passait quelque chose de fondamental pour l’ #enseignement_supérieur. L’intuition est devenue conviction à force d’entendre des directeurs d’université parler du "marché global de l’étudiant". »

    Le « marché global de l’étudiant » ? De treize millions dans les années 1960, le nombre d’étudiants dans le monde est passé à deux cents millions en 2015 — et devrait atteindre quatre cents millions d’ici à 2030. Soit un bassin gigantesque de « clients », disposés à « investir » des sommes folles pour décrocher le diplôme qui, espèrent-ils, leur assurera un avenir radieux.

  • Dossier : l’Université saisie par le capitalisme, entre marchandisation et résistances
    http://www.contretemps.eu/universite-capitalisme-marchandisation-resistances

    L’Université est au cœur du processus de marchandisation néolibérale, au moins depuis le début des années 2000. Mise en concurrence des équipes de recherche, mise en marché de l’enseignement supérieur, libéralisation ou augmentation des frais d’inscription, développement des établissements privés, introduction de logiques commerciales et d’acteurs capitalistes… la marchandisation prend plusieurs formes et transforme les conditions de travail et d’existence des universitaires, des personnels administratifs et techniques, mais aussi des étudiant·e·s. Si les mobilisations ont été nombreuses – en France comme ailleurs (Chili, Québec, etc.) –, avec plus de défaites que de victoires, ces résistances ont contribué à former une jeunesse fortement mobilisée contre le capitalisme néolibéral et ont posé les jalons d’un projet d’Université – libérée des impératifs marchands, gratuite et émancipatrice.

    #Diaporama #Dossiers #école #enseignement #enseignement_supérieur #mouvement_étudiant #néolibéralisme #système_éducatif #université #marchandisation #Résistances

  • Un tournant conservateur dans l’éducation prioritaire
    http://www.contretemps.eu/zep-tournant-conservateur

    « Diversité », « excellence », « dons », « capacités »… De nouveaux mots d’ordre s’imposent dans l’éducation prioritaire et font reculer celui qui devrait en être le cœur : la lutte contre les inégalités sociales à l’école. Les évolutions liées à la mise en place des dispositifs « Cordées de la Réussite », et plus largement des programmes dits « d’ouverture sociale » de l’enseignement supérieur, en constituent un exemple.

    #Conjoncture #Diaporama #Enquête #discrimination_positive #école #éducation #excellence #inégalités #sociologie #système_éducatif #ZEP

    http://zinc.mondediplo.net/people/contretemps via Contretemps

  • #Langues et système scolaire en #Erythrée

    Neuf langues sont officiellement parlées et reconnues en Erythrée. L’anglais est par ailleurs enseigné comme langue étrangère. E n raison d’un système éducatif qui fait fortement défaut, les jeunes qui arrivent en Suisse pour y trouver refuge n’ en ont que des connaissances très limitées. L’OSAR s’est entretenu e avec Feven Afeworki, interp rète en tigrigna et en amharique à Appartenances, a fin de comprendre quelles sont les défaillances du système éducatif érythré en dans l’apprentissage des langues.

    https://www.osar.ch/assets/news/2016/interview-feven.pdf
    #école #éducation #système_éducatif

  • Une remise en question nécessaire. (zerosurvingt)
    http://www.zerosurvingt.com/une-remise-en-question-necessaire

    Je n’aurais pas pu lui avouer : « votre fils est victime de ce système qui est incapable de s’adapter à ses capacités. C’est l’école qui a gâché la scolarité de votre enfant. Il n’y est pour rien. Il fait ce qu’il peut. L’école aurait dû lui proposer un parcours différent ». Quelle escroquerie morale ! Je ne suis pas fier mais je n’ai aucun remords. C’est devenu une habitude de trahir la vérité à propos de l’école. Je la défends sans m’en rendre compte, parfois avec conviction. Je commence même à croire à mes propres mensonges.
    […]
    Je ne supporte plus ces impostures. J’en ai assez de mentir, de me mentir. Je le répète, depuis plusieurs années, j’ai collaboré pour ce système sans poser de questions, sans l’incriminer. Puis, mes enfants y sont entrés. Je les ai égoïstement prévenus d’un grand nombre de pièges et je continuerai à le faire. Je peux affirmer que j’ai plus ou moins sauvé leur début de scolarité. Mais, heureusement pour eux, je savais comment les aider et les préserver des dangers de l’éducation nationale. Je connaissais les imperfections de l’école et, dans la mesure du possible, je les leur ai évitées. Je me bats toujours pour eux, contre ce système. Je suis convaincu que leur scolarité sera encore un parcours du combattant et je m’y suis préparé. C’est mon devoir de père.

    Je pense également avoir une responsabilité de citoyen, celle de vous informer. Je vous dois ma vérité.

    J’ai enfin le devoir de m’excuser, d’avoir laissé faire et d’être resté apathique toutes ces années. J’aurais dû réagir avant pour les autres enfants. Chaque année, des dizaines de milliers d’élèves du primaire, du secondaire et d’étudiants ont leur scolarité gâchée à une plus ou moins grande échelle ; la cause étant l’école.

    #éducation #école #collège #souffrances #système_éducatif

  • Refondation de l’école : vers une territorialisation de l’éducation (Le Mammouthologue)
    http://blog.educpros.fr/le-mammouthologue/2016/05/02/refondation-de-lecole-vers-une-territorialisation-de-leducation

    Contraintes d’organiser les activités périscolaires, d’investir symboliquement les cours d’école, les gymnases et les salles de classe, les collectivités sont désormais des partenaires éducatifs du quotidien. Et cette implication locale, visible de tous, a des conséquences très concrètes sur l’offre éducative, différente d’un territoire et d’une ville à l’autre. Sans être tout à fait une nouveauté, ces dernières années ont rendu visible par le plus grand nombre cette forme de territorialisation de l’éducation. Et cela ne s’arrête pas aux écoles : la réforme territoriale, la création de grandes régions aux compétences élargies, la nomination de « supers recteurs » aux pouvoirs élargis sont autant de signes du poids des territoires dans une Education nationale de plus en plus éclatée. […] De la même façon, la réforme du collège, qui acte une plus grande autonomie des établissements officialise aussi l’idée d’une offre éducative variable selon les territoires, les villes et les établissements. En témoigne le maintien de classes bilangues à Paris et dans l’académie de Strasbourg…
    […]
    Au fond, l’idée d’une organisation à tête unique, gérant 800 000 enseignants et 12 millions d’élèves de manière totalement centralisée a définitivement vécu. Le quotidien de l’école se construit désormais dans un dialogue et un partage de responsabilités plus ou moins apaisé entre les autorités académiques et les collectivités.
    […]
    Que faut-il attendre de cette lente #territorialisation ? Le niveau local, celui de l’établissement, va gagner en autonomie et en agilité, loin des logiques centralisatrices. La puissance de transformation du numérique éducatif, en grande partie financé par les collectivtés, va accélérer ce mouvement. Les logiques horizontales vont progressivement supplanter les logiques pyramidales et descendantes. Cette forme de contournement des rigidités et des blocages de l’Education nationale a été pensée de longue date -dès les premières vagues décentralisatrices des années 80- par des experts et des haut fonctionnaires, tous conscients du caractère irréformable de la machine.

    #éducation #système_éducatif #territoires #décentralisation #collectivités_locales

  • Choisir une école : quelle colle ! (Télérama.fr)
    http://www.telerama.fr/radio/choisir-une-ecole-quelle-colle,136641.php

    Alors, publique ou privée ? En quatre épisodes, le dilemme d’une mère confrontée à un choix difficile pour ses deux filles.

    Y’a deux écoles (ARTE Radio)
    http://arteradio.com/serie/y_a_deux_ecoles

    #éducation #système_éducatif #école_privée #école_publique #stratégie

  • Une rentrée scolaire entre atonie et désenchantement (L’Express)
    http://www.lexpress.fr/education/une-rentree-scolaire-entre-atonie-et-desenchantement_1711336.html

    Trois ouvrages montrent le décalage entre ceux qui veulent changer l’école et le ministère qui s’en occupe. Ils racontent l’histoire d’une réinvention du système éducatif à la périphérie, voire en marge de l’institution censée la porter.
    […]
    Ces trois ouvrages portent des options radicalement différentes. Ils racontent pourtant la même histoire, celle d’une réinvention du système éducatif bel et bien lancée, mais à la périphérie, voire en marge de l’institution censée la porter. Laquelle, ministère et syndicats majoritaires confondus, semble incapable de comprendre le caractère chaque année plus irrévocable de la défiance qui mine sa légitimité.

    #éducation #réforme #système_éducatif #alternatives #légitimité

  • La supercherie du pilotage par les résultats à l’#école
    http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-frackowiak/180815/la-supercherie-du-pilotage-par-les-resultats-lecole

    D’année en année, depuis fort longtemps, mon étonnement ne fait que croître. Comment est-il possible que des enseignants, et bien plus encore leur encadrement, puissent porter un concept aussi stupide que le pilotage par les résultats à l’école ? Comment peut-on s’être laissé berner à ce point ? Comment cette idée, issue du monde de l’économie et de la finance, a-t-elle pu s’imposer en éducation ? Comment des responsables politiques considérés comme intelligents et progressistes ont-ils pu imposer une pratique aussi contraire aux valeurs humanistes ?

    • Il est idiot de prétendre piloter par les résultats quand on est incapable d’analyser et de réguler les pratiques qui les produisent.
      […] on recueille des résultats qui ne sont pas des évaluations mais des contrôles, ce qui n’a rien à voir avec l’évaluation, et on croit qu’il suffira de connaître ces résultats, de les comparer, de formuler des conseils hétéroclites qui ne sont souvent que des critiques en creux, de multiplier les injonctions, voire de jouer de l’autoritarisme, d’étouffer les acteurs sous une masse de circulaires, de notes de services, de recommandations, de les asservir avec des outils qui deviennent des instruments d’oppression, etc… pour optimiser l’intelligence des enfants et de leurs enseignants et faire évoluer des pratiques qui sont profondément enracinées dans des histoires de vie, avec des opinions et des convictions que la paperasse ne changera pas.
      […]
      On ne peut améliorer la réussite scolaire que si les pratiques changent. On peut faire le pari que si les pratiques changent intelligemment, les résultats seront meilleurs. Encore faut-il connaître les pratiques pour pouvoir les changer, modestement, patiemment, dans des rapports de respect et de confiance…

      #éducation #système_éducatif #pilotage #évaluation

  • En forte baisse depuis trente ans, le retard à l’entrée en CE2 reste très dépendant du milieu social de l’élève (DEPP)
    http://www.education.gouv.fr/cid90484/en-forte-baisse-depuis-trente-ans-le-retard-a-l-entree-en-ce2-reste-t

    Les taux de redoublement en CP et CE1 ont considérablement baissé au cours des trois dernières décennies : celui de CP a été divisé par 4 et celui de CE1 divisé par 2,5. Tous les élèves ne bénéficient pas également de cette évolution : à niveau scolaire équivalent à l’entrée au CP, les élèves issus de milieu défavorisé risquent davantage d’être en retard à l’entrée au CE2 que les élèves de milieu favorisé.

    Un biais : les parents des milieux défavorisés acceptent-ils davantage les redoublements proposés par l’institution que les autres ?
    Une inversion de causalité : le redoublement est une conséquence des inégalités, le supprimer ne va pas supprimer la cause qui continuera à s’exprimer sous cette forme ou ailleurs.
    Un point aveugle : le redoublement doit être supprimé car c’est une médiocre remédiation, quelles remédiations sont proposées aux élèves en difficulté à la place du redoublement, afin de réduire les inégalités ?

    #éducation #école #système_éducatif #redoublement #inégalités

  • L’éradication des dernières petites écoles publiques, dans l’indifférence absolue (Bernard Collot)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/bernard-collot/220615/l-eradication-des-dernieres-petites-ecoles-publiques-dans-l-indiffer

    Mais, ce qui est le plus surprenant, c’est l’indifférence absolue dans laquelle s’effectue la disparition programmée de ce qui constituait un maillage territorial unique au monde et où des pratiques différentes et humanistes n’avaient pas attendu une utopique et fallacieuse refondation. Pour sauvegarder les grenouilles d’une zone humide des dizaines de milliers de personnes se mobilisent. Pour sauvegarder des zones d’enfants heureux qui de plus sont de véritables laboratoires de ce que pourrait, devrait être l’école, c’est le silence. Une ferme de mille vaches horrifie tout le monde mais pas les usines à enfants.

    #éducation #système_éducatif #écoles_rurales #territoires

    • Dans un petit village des Corbières, l’école à classe unique a survécu jusqu’en 2010. L’année précédant sa fermeture, les 4 communes qui y envoyaient leurs enfants avaient même mis la main à la poche, poussées par les parents, pour rénover le mobilier, agrandir l’espace et ajouter une entrée avec vestiaires et toilettes, très réussi tout ça. Cet investissement n’a servi à rien, maintenant l’école au centre du village est vide et inutilisée, les écoliers font 1/2h de car le matin et la même chose le soir avec les dangers de la route de montagne et les rues du village ne résonnent plus de leurs cris, à la grande tristesse des vieux qui étaient là toute la journée.
      #société_mortifère

    • Ceci dit, l’opposition mille vaches vs école est à mon sens malvenue. L’opposition aux grands projets inutiles peut sembler massive, elle reste ridicule par rapport à un rassemblement « Je suis Charlie » ou « Je suis bonnet rouge » ou encore « Je suis Manif pour tous ».

      La guerre totale des élites à l’encontre des services publics est menée sur tellement de fronts simultanés qu’il faudrait se mobiliser en permanence contre tous les accrocs à ce qui nous semble juste et utile.

      Seule explication qu’il va falloir encore visiblement quelques années avant qu’elle n’arrive à nos cerveaux : c’est l’ensemble de l’état qui est désormais programmé pour se démanteler, c’est l’ensemble des élus qui sont programmés pour appliquer ce programme. Nous ne votons plus que (nous ne pouvons plus voter que) pour des gens ayant totalement accepté et intégré le fait qu’il fallait démanteler les services publics.

    • @BigGrizzly, en même temps, cette politique de merde a bien trouvé ses petits soldats avec les parents ou les enseignants actuels. Le système scolaire est bien le bras droit du pouvoir pour soumettre la population. Au lycée, on t’envoie des lettres d’obligation de mail, de fichage, de carte élèves informatisées alors que tout ces obligations sont du bleuf. Mais il faut contraindre les parents et les élèves. Quand tu vois le niveau lamentable des questions au bac et toute l’énergie dépenser pour annihiler le désir des enfants, tu comprends que ce n’est pas les rendre critiques ou érudits qui compte là.

    • Mon fils est à 3 ans du collège, et déjà, le stress arrive à la maison pour savoir dans lequel le placer...
      Discussion avec la nounou « le seul qui vaille la peine, c’est [celui du privé] »... Première explication : « ma petite fille a fait sa 6ème dans [celui du public], et elle est allée faire son redoublement dans le privé ». Tout de la faute du système si la gamine ne s’adapte pas. Seconde explication, quand j’ai le malheur de dire qu’il y a de plus en plus d’enfants, et de moins en moins d’établissements : « ah mais c’est pas les nôtres »... moi « pardon ? »... « oui, c’est pas des enfants comme les nôtres ». Là je comprends... la natalité en France est boostée par les « pas comme nous », et la discussion continue par « dans 10 ans... » silence « on f’ra tous le ramadan ».
      J’ai été tellement estomaqué que je n’ai pas su quoi répondre à tant de crétinerie. Le lire sur Internet, pourquoi pas. Mais l’entendre énoncé de vive voix et sérieusement, ça fait bizarre.

      ...parfois je comprends les élites qui pensent qu’elles peuvent nous considérer comme du bétail.

      Pour revenir au sujet : ça me fait franchement râler de devoir choisir entre peste et choléra pour l’établissement de mon gamin, et de me dire que quoiqu’il arrive, il va passer ses journées dans un endroit où on va lui apprendre des choses que je n’approuve pas forcément. Je stresse régulièrement à l’idée de l’entendre énoncer un préjugé... raciste ou pas.

    • Là, on teste not’gamin pour voir s’il est prêt à se déplacer seul dans la ville. Dans le but de le laisser rentrer seul l’an prochain. Et de ne plus avoir besoin du tout de nounou. On regardait pour un.e étudiant.e, mais mon avis sur ce point, c’est que ce n’est pas assez fiable... trop chronophage et stressant le jour où il/elle nous plante (sans prévenir).

    • Je stresse régulièrement à l’idée de l’entendre énoncer un préjugé...

      @biggrizzly nous avons tous des préjugés, à nos proches de nous botter le cul pour les faire sortir de l’ancrage, à nous de prendre conscience de nos limites pour les repousser.
      C’est plutôt bien que ton enfant teste sur toi ce qu’il entend, tu n’as qu’à poursuivre l’échange en lui demandant ce qu’il en pense, il saura faire rapidement la part des choses avec l’éclairage bienveillant que tu lui apportes.
      Sauf que la confiance de l’éducation à certaines valeurs ne suffit parfois pas devant le travail de sape qui est à l’œuvre. Je ne sais que faire devant la tristesse, le dégout, et l’incompréhension qui émanent de certains enfants, cette sorte de gachis social qui les rend abrutis.

    • Notre collège de secteur est une énorme usine où les petits pedzouilles de 6e sont comme des chatons jetés dans une arène de pitbulls. Faut dire qu’ils ont concentré LEP, Lycée, collège, je crois que ça fait pas moins de 1500 gosses de 10 à 20 et quelques années. Ils affichent des 100% de réussite au bac, mais je les soupçonne surtout de trier en amont comme des malades avec des tas de voies de garage pour avoir un joli classement en S à la fin.
      Le côté usine produit des tas d’effets secondaires pas très désirables (mais pour l’EN, ce sont les économies d’échelle qui comptent) et cela se voit par l’attitude générale (de déplaisante à assez lamentable) des gosses dans les activités extrascolaires.

      Il y a le collège du secteur à côté. Très rural, dans un coin où les inégalités sont très fortes, entre les propriétaires viticoles bien nantis et leurs nombreux ouvriers viticoles, précaires et compagnie où tu vois vois bien que la fin du mois commence plus ou moins le 30 du mois précédent. 200 gamins, maintenus dans une structure à taille humaine parce qu’ils ont créé une spécialité artistique. Je trouve ça bien qu’on propose 12 expos d’art contemporain sur 4 ans à des gosses qui sont généralement passés en pertes et profit dès leur naissance. Il y a une équipe pédagogique plutôt soudée et investie, et une tradition d’établissement pilote avec tout plein de bouts de Freinet dedans.
      Le collège n’a pas de très bons résultats, mais dès les journées de rencontre, j’ai bien senti que leur plan, ce n’est pas de trier, sélectionner et faire du chiffre, mais bien de ne laisser personne au bord du chemin.

      Donc, c’est là que j’ai envoyé ma fille.

      De toute manière, on sait que les gros facteurs de réussite viennent de la maison : niveau d’éducation de la mère, pratique de la lecture, activités culturelles familiales, contrôle stricte des écrans, etc.

      Ensuite, si tu cherches le collège du top pour que le gosse soit au top, fondamentalement, tu as déjà choisi la compétition à fond, l’idée que pour réussir, faut se distinguer, éliminer les faibles, pousser les chances au maximum et que tu as déjà une bonne idée de ce que la réussite signifie pour toi.

      Je préfère un collège où l’on bosse la démocratie, l’expression directe, la coopération, où les profs dépensent beaucoup d’énergie à faire participer les parents, pour qu’ils ne subissent plus l’école et ne transmettent pas leur sentiment d’échec.
      Le collège ne fait pas tout. L’état d’esprit fait beaucoup.

      Je pense que la gosse sera mieux armée pour la suite en passant par là plutôt qu’en allant dans l’usine à performance.

      J’ai peut-être tort, mais je lui fait confiance à elle, je sais qu’elle a de la ressource et que nous sommes toujours là en soutien, donc, tout va bien se passer. Et elle a déjà un foutu esprit critique qui lui permet déjà de bien trier.
      Elle n’est pas sujet de son éducation, elle en est l’actrice, le moteur.

    • A te lire j’ai l’impression que tu as au contraire choisi le meilleur collège (moins d’élèves, plus de pédagogie), comme le font tous les parents qui s’intéressent un peu à l’éducation de leurs enfants. L’égalité des chances tout ça c’est bien sur le papier mais quand il s’agit de l’éducation ou du bien être mental de ton enfant, ben tu sélectionnes et tant pis pour les autres.

    • Les prétextes officiels sont toujours les mêmes depuis le début : archaïsme, intérêt des enfants. En 1991, pour clore le bec aux empêcheurs d’éradiquer en rond, le ministère demanda à son département de l’évaluation et de la prospective d’effectuer des travaux sur les résultats scolaires des écoles suivant leur taille et leur situation.
      A la stupéfaction générale, les travaux de Françoise Oeuvrard démontrèrent que les résultats des classes uniques étaient supérieurs à la moyenne nationale ! Résultats des petites écoles confirmés par les travaux d’Alain Mingat de l’IREDU (Institut de recherche en éducation, Dijon), par le rapport Ferrier de l’Inspection générale, aujourd’hui encore par l’Observatoire Education et Territoires… tous organismes officiels. Beaucoup de travaux, en France et surtout dans les pays anglosaxons, ne cessent de démontrer l’intérêt des petites structures multi-âge, non seulement dans le développement cognitif mais aussi dans la socialisation.Mais, ce qui est le plus surprenant, c’est l’indifférence absolue dans laquelle s’effectue la disparition programmée de ce qui constituait un maillage territorial unique au monde et où des pratiques différentes et humanistes n’avaient pas attendu une utopique et fallacieuse refondation.

    • « Colonisés » ceux de la campagne ? Eux qui ont choisi d’y vivre ? Pas sûr. Mais qu’ils ne s’unissent pas dans « les luttes », ça c’est sûr.

    • @nicolasm les autres parents considèrent avec méfiance le collège où va ma fille : petit, paumé, pas assez de discipline et puis surtout, pourquoi l’art, ça sert à rien, l’art...

      J’ai demandé à ma fille ce qu’elle préférait. Comme elle aime le théâtre, le dessin et faire des trucs avec ses mains, l’option art l’a tout de suite bottée.

      Après, je suis intimement convaincue qu’au niveau comportemental, le nombre d’interactions utiles que nous pouvons avoir en une journée est assez limité. C’est pour cela que les situations de foule sont généralement stressantes pour les humains et que nous avons tendance à rechercher des petits groupes, des clans.

      Déjà, à 200 gamins, ils n’arrivent pas à tous se connaître, même si, de vue, ça marche à peu près. À 1500, la permanence des visages inconnus est un facteur de stress.

  • #Pierre_Deffontaines et les #missions_universitaires_françaises au #Brésil : enjeux politiques et pédagogiques d’une #société_savante outremer (1934-1938)

    Cet article aborde le rôle joué par la géographie à l’intérieur des missions universitaires françaises au #Brésil dans les années 1930, considérées comme fondamentales pour le développement du #système_éducatif dans ce pays, en se focalisant sur le travail du géographe Pierre Deffontaines. En croisant des sources primaires françaises et brésiliennes et en comparant les travaux existants produits en France et au Brésil, à la fois par des géographes et des historiens, nous interrogeons les documents sur les #réseaux_intellectuels mis alors en place et sur les enjeux politiques, culturels et didactiques de cet exemple de circulation internationale des savoirs. Il s’agit aussi, à partir de la #géographie, d’évaluer l’enrichissement réciproque que ce croisement a apporté à la fois à l’université brésilienne et aux sciences humaines en #France.

    http://cybergeo.revues.org/26645
    #pédagogie #éducation

  • Richard David Precht : "Notre école est un crime" (CLES)
    http://www.cles.com/debats-entretiens/article/notre-ecole-est-un-crime

    Pourquoi diable l’école resterait-elle obstinément étanche à toutes les découvertes des neurocognitivistes, des psychologues du développement, des évolutionnistes, des linguistes, des anthropologues ? Le monde des grandes entreprises est souvent plus éclairé que nos écoles qui continuent à fonctionner, au fond, sur le modèle de la société industrielle, vieux de plus d’un siècle.
    Cet archaïsme est conforté par la majorité des parents qui rêvent que leurs enfants soient coachés vers une spécialité pointue, rare et rémunératrice. Comme si le monde n’avait pas changé ! Comme si, au fond, il fallait toujours s’adapter au système pyramidal tayloriste qui fabrique des chefs impeccables au sommet et de bons chevaux de trait à la base, alors qu’il s’agit désormais d’inviter tous les enfants à devenir des « créateurs de projets de vie » imaginatifs et autonomes, conviviaux et polyvalents.
    […]
    Pour au moins deux raisons. Primo, parce que 70 % des métiers qu’exerceront les enfants qui entrent aujourd’hui à l’école n’existent pas encore – d’où la nécessité d’une éducation très différente, beaucoup plus ouverte à l’imagination et à l’intelligence relationnelle, conduisant à épanouir une curiosité polyvalente plutôt qu’une spécialisation de type industriel. Secundo, parce que l’école a perdu son monopole. Jadis, c’était l’endroit où l’enfant apprenait à connaître le monde. Aujourd’hui, nourri d’informations par mille autres biais, le digital native ne voit plus du tout l’intérêt d’aller s’enfermer dans ce lieu si peu excitant, qui ne suscite en lui qu’un mortel ennui.
    […]
    C’est une aberration. L’enfant est naturellement d’une curiosité inouïe. La structuration de ses réseaux neuronaux fait de lui un « athlète synaptique », comparé à l’adulte. Son enthousiasme pour la nouveauté est considérable et ses capacités d’apprentissage impressionnantes. Or, que lui proposons-nous pour épanouir cette potentialité formidable ? De se forcer à s’intéresser à des matières éloignées de sa vie, qui le motivent de moins en moins et qu’il voit infiniment mieux traitées ailleurs. A partir de 12 ans, cela devient dramatique. La transmission est censée se dérouler lors de séances appelées « cours » qui durent un peu moins d’une heure (durée décidée par les moines du Moyen Age) et auxquelles il doit assister sans bouger. Double absurdité : on sait aujourd’hui que la capacité d’attention d’un enfant (et de beaucoup d’adultes) chute au bout de 20 à 30 minutes ; d’autre part, l’immobilité physique du jeune humain est nocive à son fonctionnement cortical si elle dépasse un quart d’heure. Bouger est pour lui vital, la ­psycho-neuro-immuno-endocrinologie l’explique bien.
    […]
    L’école doit redevenir un lieu de bon temps, qui stimule l’esprit créatif et le bonheur d’exister.

    Tout le reste de l’article est à l’avenant : « L’école doit redevenir un lieu de bon temps, qui stimule l’esprit créatif et le bonheur d’exister. »

    #éducation #système_éducatif #pédagogie #e-learning #éducation_nouvelle

  • L’échec de la privatisation des écoles en Suède (ARTE Info)
    http://info.arte.tv/fr/lechec-de-la-privatisation-des-ecoles-en-suede

    Vox Pop a enquêté en Suède où les « Friskol » ont révolutionné le système scolaire. Gérées comme des entreprises, ces écoles libres sont désormais remises en question après la faillite de nombreux établissements.

    #éducation #privatisation #système_éducatif

    • Le système éducatif suédois en crise ?
      http://eduveille.hypotheses.org/6539

      Il est assez difficile prendre la mesure exacte de la crise signalée ici ou là. Le débat est exacerbé par des élections législatives toutes proches. Plusieurs écoles indépendantes ont bien été fermées, jetant hors de l’École plusieurs centaines d’élèves (impossible d’avoir un décompte précis). Les parents ayant inscrit leurs enfants dans le secteur privé sont donc inquiets mais restent attachés à une offre pédagogique différente. Quant à la qualité des enseignants, difficile de savoir où se situent les « bons » enseignants : pour les uns les écoles indépendantes ont aspiré les bons élèves et enseignants, pour les autres les restrictions budgétaires dans ces mêmes écoles ont entrainé une sous-qualification des enseignants.

  • Les temps de l’éducation, le poids du politique | Interro Ecrite
    http://education.blog.lemonde.fr/2014/09/02/les-temps-de-leducation-le-poids-du-politique

    Le temps de l’institution correspond à celui de la vie réelle de ses acteurs et de son public d’élèves. Le temps de la politique correspond, lui, aux vraies décisions prises au niveau gouvernemental. Quant au temps de la communication, il correspond à... l’impression donnée à l’opinion sur ce que les politiques sont censés faire. Ce temps de la communication peut être perçu à la fois comme une excroissance, une accélération et une perversion du temps politique.

    […]

    Le temps politique n’est important et positif, au sens de ce qui procure une prise sur les événements, que s’il se place en phase avec la vraie durée du temps éducatif. C’était le projet annoncé par un adepte déclaré du temps long, Vincent Peillon, qui a commencé à instiller le doute lorsqu’il a annoncé sa candidature aux élections européennes. Ce faisant, alors qu’il était déjà affaibli – par ses propres erreurs, par les épreuves déjà subies dans l’Education nationale et, à l’extérieur, par le début de la déroute présidentielle - il a contribué à créer lui-même les conditions d’une dévalorisation de toute la démarche de « refondation ». Celle-ci, depuis, a été rétrogradée, par son départ puis par le départ de son successeur, à quelque chose de relatif et d’aléatoire, par-delà toutes les réaffirmations solennelles possibles.
    La question, relayée par certains journalistes impertinents, s’est posée d’elle-même ces dernières semaines : après tout, un ministre pour quoi faire ? Non seulement, la rentrée peut s’en passer, mais toutes les actions silencieuses qui correspondent au temps long de l’institution peuvent continuer de s’accomplir sans tambours ni trompettes.

    […]

    Sans compter qu’au-delà de la seule configuration gouvernementale, ce sont les idées et les valeurs traditionnelles de gauche qui, dans l’opinion, subissent une décote spectaculaire. Et qu’est-ce que l’Education nationale sinon une grandiose histoire de gauche, entérinée, récupérée, intégrée par les générations successives de la droite républicaine ? Cette droite qui est en train de changer et d’orienter son gouvernail vers le cap libéral-autoritaire, où l’enseignant incarne la figure honnie du fonctionnaire syndiqué… Comme d’autres milieux, le monde enseignant a tendance à ignorer l’extérieur. En l’occurrence, c’est bien dans le registre suprême du politique et dans sa temporalité que se joue l’avenir de l’éducation.

    #éducation #politique #temps #système_éducatif #réforme

  • Élitisme, individualisme... Le sidérant immobilisme de l’école française
    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20140903.OBS7978/elitisme-indivudalisme-le-siderant-immobilisme-de-l-ecole-franc

    Deux dossiers parus dans « Le Monde » à 40 ans d’intervalle dénoncent mot à mot les mêmes tares dans notre façon d’enseigner.

    Plutôt que le propos de déploration de l’article qui tend vers le cliché éculé (Ah, la France et ses impossibles réformes…), je constaterai plutôt que le bougisme est le meilleur allié de l’immobilisme car combien de ministres et de réformes en 40 ans pour n’arriver nulle part ?

    #éducation #réforme #système_éducatif