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  • Chkoune Gaâ ! – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2019/05/01/chkoune-gaa

    ❝LEZAMI/E/S
    Alors que j’approche des côtes australiennes, un Cétacé de moi inconnu, se dresse sur sa queue et me tend un rouleau de papyrus qu’il tient dans sa gueule.

    J’attrape le document, je le déroule et que lis-je ?

    Chkoune Gue3 ?

    –Un petit coucou aux administrateurs qui vendent des rames de papier aux cybers du coin.
    –Un bonjour aux enseignants qui habitent les logements de fonction dans des primaires et qui branchent leurs machines à laver à partir d’une prise électrique d’une classe(beaucoup de logement sont alimentés directement du compteur de l’établissement).
    –Un salut à cet ouvrier qui vend des moteurs qu’il déclare défectueux à l’usine.
    –Un bonsoir à cette employée qui revend les enveloppes timbrées retirées des dossiers administratifs des citoyens.
    –Saha le sapeur-pompier qui a mis la sirène pour acheter du lait.
    –Salam à celui qui ouvre les offres(soumissions cachetées) des entreprises en mettant les enveloppes au frigo et qui communique ensuite les sommes à son ami.
    –Sans oublier le gynécologue de l’EPH qui fait tout pour que sa patiente accouche par césarienne à la clinique privée de son ami.
    –Azul à cet agent d’ordre qui aime les billets de 2000 dinars oubliés à l’intérieur des permis de conduire.
    –À cet enseignant qui gonfle les notes des élèves qui suivent des cours particuliers chez lui.
    –À cet ingénieur en urbanisme qui signe le nombre des étages selon le nombre de cadeaux.
    –À ce technicien du contrôle technique automobile qui ne signale aucune réserve pour un sandwich offert.
    –Coucou aux postiers et banquiers qui fond des comptes-à-comptes en prenant des crédits sans intérêts.
    –Salam aalikoum les avocats qui font les courtiers des juges corrompus.
    –À cet élu qui signe un certificat de vie à un proche d’une vieille retraitée de la caisse de retraite française, morte depuis trois ans.
    –À ce journaliste qui fait les portraits des artistes à 10 000 Dinars. Azul !
    N.B. / J’espère que je me suis pas fait trop d’ennemis.

    –Allez ! On reprend

    Chkoune Gue3 ?.

    –Bonjour l’employée qui vend des produits de beauté dans les couloirs de l’administration.
    –Salut l’étudiant – membre du comité de cité U – qui choisit lui même les fournisseurs de produits alimentaires. Ça va les affaires ?
    –Coucou la greffière qui joue à la représentante commerciale en faisant de la pub pour certains avocats.
    –On a failli oublier ce douanier qui fait passer les voitures des immigrés à 50€. Bonjour à vous monsieur.
    –À ce cuisinier d’une cantine scolaire dont l’épouse ne cuisine que pendant les vacances. Azul !
    –À ce président de l’APC qui fait d’un droit une faveur. Il bloque le dossier d’un futur bénéficiaire de l’auto-construction jusqu’à ce que celui-ci soit acquis pour les prochaines élections.
    –À ce caissier de la Sonelgaz qui se fait des dizaines de millions chaque trimestre rien qu’on disant aux clients qu’il manque de petites monnaies. Bravo et bonjour à toi.
    –Aux militants des droits de l’homme qui font du tourisme et qui bouffent les budgets et subventions. Bon voyage.
    –Toutes nos excuses pour les personnes omises.
    –Si vous aussi, vous avez des bonjours à faire passer, n’hésitez pas.
    Non à la corruption.
    Halte à la dilapidation du deniers publics.

    Chkoune Gue3 ?

    Piqué quelque part et publié il y’a bien longtemps.
    Remis par un Cétacé mi dauphin mi orque qui dit C’est assez, faut dénoncer tout le monde pour être juste.

    Le Popeye Grincheux entre papyrus et olives. Publié par Fateh Boureboune

  • Les Yéménites oubliés

    Parmi les quelque deux cent mille personnes qui ont fui le Yémen, quinze mille se trouvent en #Jordanie où elles bénéficient d’une aide dérisoire. La Chaîne du bonheur récolte ce jeudi des dons pour le Yémen.

    Dans la difficulté, ils se sont regroupés. A Amman, la capitale de la Jordanie, les réfugiés yéménites fréquentent les mêmes restaurants, les mêmes mosquées et les mêmes commerces. « Nous nous entraidons parce que nous sommes loin de chez nous. Ce restaurant nous nourrit gratuitement », se réjouit Tahar*, un Yéménite de 47 ans, assis sur les tapis élimés d’un établissement d’Al Baladiyah, un quartier nord d’Amman. Il a fui le Yémen en 2011. Il y est revenu à plusieurs reprises mais a finalement décidé de rester en Jordanie, loin de sa femme et de ses enfants. Ayant servi dans l’armée de son pays, Tahar craint d’être pris pour cible par les forces houthis s’il s’établissait à nouveau au Yémen.

    Environ 15’000 Yéménites ont été enregistrés par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) en Jordanie, dont le tiers l’an dernier. Comme Tahar, la plupart sont des hommes venus seuls et ils vivent à Amman. Officiellement, beaucoup sont arrivés en Jordanie pour suivre un traitement médical ou faire du tourisme. Puis ils y sont restés afin d’obtenir le statut de réfugié. Chaque année, à l’approche de l’hiver, le HCR leur verse une aide financière. Douze mille cinq cents personnes en ont bénéficié l’an dernier. « Le montant se situe autour de 270 dinars [380 francs] et varie selon le nombre de personnes dans le foyer », détaille Mohammad, un autre réfugié assis à la même table que Tahar.
    Coûteux permis de travail

    Cette somme ne suffit pas à couvrir les besoins annuels d’un foyer dans un pays comme la Jordanie où les prix des produits de première nécessité et les loyers sont élevés. Les réfugiés yéménites doivent donc travailler. « Chaque fois que je trouve un emploi dans un restaurant, on me demande mon permis de travail. Et sans ce document, on m’engage rarement », regrette Mansour, 39 ans, un habitué du restaurant d’Al Baladiyah.

    En théorie, Tahar, Mohammad et Mansour peuvent obtenir un permis de travail. Mais dans les faits, le sésame leur est difficilement accessible puisqu’il coûte entre 500 et 600 dinars, soit 700 à 850 francs, selon le secteur d’activité. S’il parvenait à économiser, Mansour affirme qu’il enverrait le peu qu’il aurait réussi à épargner à sa famille restée au Yémen. Il ne verserait pas ce précieux pécule au Ministère jordanien du travail.

    Dans ces conditions, ces réfugiés n’ont d’autre choix que de vivre au crochet des autres et de travailler illégalement quand l’opportunité se présente. Mansour exerce occasionnellement dans des restaurants. « Je regarde alors souvent autour de moi pour vérifier que des contrôleurs du Ministère du travail ne sont pas dans les environs. Ils sont déjà venus sur mon lieu de travail et j’ai dû m’enfuir », se souvient-il. En cas d’interpellation, le Ministère assure qu’il n’expulse pas le travailleur yéménite – qu’il ait le statut de réfugié ou pas – et qu’il se contente d’un rappel à la loi à l’employeur, voire d’une amende si ce dernier récidive. Cela dissuade bien sûr les patrons d’engager des Yéménites. « Après une courte période d’activité, on me remercie, relate Mansour. La Jordanie donne en fait la priorité à ses ressortissants sur le marché du travail. »
    Syriens oui, Yéménites non

    Cette préférence nationale s’explique par le haut niveau de chômage. Officiellement, 19% de la population active est à la recherche d’un emploi en Jordanie. Mais cette mise à l’écart des Yéménites interroge, dans la mesure où d’autres réfugiés, bien plus nombreux, peuvent obtenir gratuitement un permis de travail. Plus d’un million de Syriens, soit 10% de la population en Jordanie, peuvent exercer librement dans différents secteurs d’activité, comme l’agriculture, l’hôtellerie et la construction. Pourquoi pas les Yéménites ? « Nous traitons les Syriens comme des réfugiés, pas les Yéménites, justifie Mohammad Alkhateeb, porte-parole du Ministère jordanien du travail. Officiellement, ils sont venus chez nous en visite, pas en tant que réfugiés. » La reconnaissance de leur statut par le HCR n’a pas infléchi la position gouvernementale à ce sujet.

    Le fonctionnaire reconnaît qu’ils ne sont pas traités à égalité avec les Syriens. « Peut-être que personne n’écoute leur voix parce qu’ils ne sont pas plus de 15’000 », se hasarde-t-il. Le gouvernement jordanien peut décider de rendre gratuit le permis de travail pour certains ressortissants. Interrogés sur leurs intentions, le bureau du premier ministre, Omar Razzaz, ainsi que le Ministère jordanien des affaires étrangères n’ont pas donné suite aux sollicitations du Courrier.
    Une politique internationale

    La précarité des Yéménites s’explique aussi par la politique discriminatoire des bailleurs de fonds qui financent l’aide humanitaire au Moyen-Orient. Beaucoup se détournent de la crise yéménite, qui a fait moins de réfugiés que le conflit syrien, et dont les victimes sont donc moins visibles. De fait, la presse internationale a longtemps ignoré la guerre au Yémen. De son côté, le HCR souhaite soutenir les réfugiés en Jordanie sans condition de nationalité.

    « Mais cette approche est de plus en plus difficile à tenir car nos financements sont souvent assignés à la crise syrienne, analyse Lilly Carlisle, porte-parole du HCR à Amman. Nous ne pouvons donc pas dépenser cet argent pour des populations qui ne sont pas syriennes. » Pour le moment, seul 1% des besoins du HCR pour les réfugiés non syriens de Jordanie est financé pour cette année, notamment grâce à des contributions des Pays-Bas.

    Sans emploi stable et sans perspective intéressante en Jordanie, beaucoup espèrent se réinstaller dans des pays tiers. Les offres d’accueil sont rarissimes. « En 2018, onze réfugiés yéménites de Jordanie sont partis vivre au Royaume-Uni, trois au Canada et un aux Pays-Bas », reprend Lilly Carlisle, qui regrette la priorité donnée sur ce dossier à certaines nationalités, et le préjudice subi par d’autres. Quatre mille cinq cents Syriens aujourd’hui établis en Jordanie devraient être relocalisés dans des pays développés en 2019.

    Reste l’éventualité du retour au pays, une option fort périlleuse, que considère Zohra. Cette grand-mère yéménite ne parvient plus à payer son loyer à Amman. Elle craint d’être expulsée. « Je vais mourir ici, se lamente-t-elle dans un sanglot. Alors autant rentrer dans mon pays. Et je mourrai là-bas. »


    https://lecourrier.ch/2019/03/27/les-yemenites-oublies
    #réfugiés_yéménites #discriminations #catégorisation #tri #réfugiés_syriens #asile #migrations #réfugiés #urban_refugees #réfugiés_urbains #Amman #travail

  • Les couleurs de nos origines

    Guidés par Claire Doutriaux, des élèves d’un collège de #Saint-Denis, issus de la #diversité, présentent des #objets venant du pays d’origine de leurs parents. Une touchante série de #portraits de jeunes qui jonglent entre différentes cultures.

    En 2017, le #collège_Fabien de Saint-Denis, en #Seine-Saint-Denis, propose à Claire Doutriaux une « résidence de journaliste » dans une classe de quatrième dont les élèves sont tous issus de la diversité. Immergée aux côtés de ces adolescents bilingues, voire trilingues, la créatrice du magazine Karambolage leur propose, en collaboration avec leur professeur de français Maxim Kaba, de présenter face caméra un objet, un #mot, une #recette ou un #rite venant du pays d’origine de leurs parents. Du pilon réunionnais rapporté par Axel à la fleur de lotus bangladaise de Sabrine, du billet de 10 dinars tunisiens sur lequel figure l’arrière-arrière-grand-père de Hamza, le poète Abou el Kacem Chebbi, aux bureks kosovars confectionnés par le père de Chérif, du chignon sikh d’Amritpal au bazin du Sénégal revêtu par Salihou, chacun évoque la place de cet élément dans sa #culture et ce qu’il représente personnellement pour lui.

    #Mosaïque_culturelle
    « Regardez-nous, aimez-nous, soyons nous » : c’est par ces mots que l’une des élèves a décrit le projet, étalé sur une année scolaire. Battant en brèche certaines idées préconçues sur l’intégration, ce montage de petits films nous entraîne dans un surprenant voyage autour du globe, et esquisse le portrait, aussi drôle que touchant, d’une jeunesse qui conjugue, avec plus ou moins d’aisance, différentes cultures.

    https://www.arte.tv/fr/videos/085407-000-A/les-couleurs-de-nos-origines
    #multilinguisme #multiculturalisme #vidéo #film #objet #école #enfants #enfance #vidéo

  • Pourquoi les migrants traversent la #Méditerranée sans #gilets_de_sauvetage ?

    De nombreux lecteurs questionnent la rédaction d’InfoMigrants sur la #sécurité des traversées en mer Méditerranée. Une interrogation revient souvent : pourquoi les migrants, notamment les femmes et les enfants, tentent la traversée sans gilets de sauvetage ? La rédaction fait le point.

    « Pourquoi les migrants montent sur les canots sans gilets de sauvetage ? », « Pourquoi prendre autant de risques sans gilets ? », « Combien coûte un gilet pour ne pas en prendre un avant de partir avec des enfants ? ». Voici en substance quelques messages reçus par InfoMigrants au fil des reportages et témoignages publiés sur le site.

    En effet, la grande majorité des migrants qui tentent de se rendre en Europe depuis les côtes libyennes ne portent pas de gilets de sauvetage. Cette absence de protection a été confirmée auprès d’InfoMigrants par les sauveteurs de l’Aquarius - le navire humanitaire qui portait secours aux migrants en détresse en Méditerranée jusqu’à la fin de l’année 2018.

    En deux ans de mission, entre 2016 et 2018, Anthony, un des membres de l’équipe de sauvetage de l’Aquarius, n’a jamais croisé de canot où tous les occupants étaient équipés d’un gilet de sauvetage. « Au contraire, c’est très rare. Au cours des dizaines de sauvetage auquel j’ai participé, je n’ai même jamais croisé d’enfants qui avaient été correctement sécurisés à bord », explique-t-il. Même son de cloche de la part de Iasonas, un autre sauveteur de l’Aquarius joint par InfoMigrants. « Au cours de mes missions, je n’ai jamais vu d’Africains subsahariens avec des gilets de sauvetage ».

    En haute mer, pourtant, en cas de naufrages, les noyades peuvent être très rapides, surtout sans bouée ni gilet. Une personne peut se noyer en une « quinzaine de minutes », précise Anthony. Voire en 30 secondes, quand on ne sait pas nager, précise l’ONG Sea Watch.

    « Un ‘extra’ qui coûte cher »

    Mais en Libye, un gilet de sauvetage se monnaye cher. Il se négocie en amont de la traversée dans le forfait négocié avec le passeur ou il peut être acheté individuellement. Dans les deux cas, « c’est un ‘extra’ qui coûte cher et beaucoup ne peuvent pas se le permettre financièrement », explique Maurice Stierl, l’un des fondateurs d’Alarm phone, une plateforme téléphonique qui réceptionne les appels de détresse en mer Méditerranée.

    « Beaucoup de migrants n’ont donc pas les moyens d’assurer leur sécurité avant une traversée », ajoute-t-il. Généralement, les prix se monnayent entre 50 euros et 400 euros, à en croire les témoignages recueillis par InfoMigrants. « Ils varient en fonction de la qualité du gilet et du forfait négocié avec les trafiquants », précise Sissoko, un Malien survivant d’un naufrage en 2016.

    « Moi, le passeur m’en a donné un parce que j’étais blessé. Mais je ne sais pas pourquoi il m’a aidé », explique-t-il. Aucun des 129 autres passagers, assis à côté de Sissoko, n’a eu de gilet. « Il n’a rien donné aux enfants. Mais de toute façon, le gilet était trop petit, alors je n’ai pas pu m’en servir », se rappelle-t-il.

    « Demander un gilet, c’est prendre le risque de se faire frapper »

    Dans les rues de Tripoli, aucun magasin ne met en vente des gilets de sauvetage – contrairement à Izmir, par exemple, point de départ de la Turquie vers la Grèce où de nombreux commerces profitent d’un juteux marché et exposent des gilets dans les devantures de leurs boutiques. « Là-bas [à Tripoli], en marchant dans la rue, impossible de trouver des gilets en vente », se rappelle Sissoko.

    De nombreux migrants supplient donc les passeurs quelques minutes avant la traversée. Ils sont pris de panique en voyant les bateaux surchargés et en mauvaise état. « Souvent, les passeurs sur la plage frappent les migrants qui réclament des gilets de sauvetage. Je me rappelle que le jour du départ, un Ivoirien à côté de moi a vu que son canot était légèrement percé et que l’eau rentrait dedans. Il a demandé un gilet, il a dit qu’il ne partirait pas sans ça. Les Libyens l’ont fait descendre et l’ont tabassé. »

    « Ne pas attirer la marine libyenne », explique un passeur

    D’autres migrants racontent que leurs gilets ont été confisqués au moment de monter sur les bateaux. « J’ai payé 300 dinars libyens [60 euros] à un passeur dans Tripoli pour pouvoir me procurer un gilet de sauvetage, mais on me l’a pris quand je suis arrivé sur la plage », confie un ami de Sissoko, un autre survivant de la traversée.

    Selon un passeur basé à Tripoli, cité par un migrant, « un gilet de sauvetage [de couleur orange], ce n’est pas discret. Ça peut attirer la marine libyenne ». De plus, « porter un gilet prend de la place. Or nous devons remplir au maximum les canots », a ajouté le trafiquant.

    Désespérés, certains migrants cherchent à se confectionner eux-mêmes une protection. « Parfois, j’ai sorti de l’eau des personnes qui portaient des chambres à air de vélos ou de voiture autour de la taille… », explique Anthony, l’ancien sauveteur de l’Aquarius.

    Des gilets jamais aux normes

    Reste que même les gilets - qui ne sont pas confisqués - et qui sont utilisés lors des traversées sont particulièrement dangereux. Ils sont de très mauvaise qualité et ne sont presque jamais aux normes, expliquent les ONG. « J’ai vu des migrants porter des vieux gilets qu’on utilisait dans les années 1970 pour le canyoning ou la planche à voile », explique encore Anthony. « A la première vague, avec ces gilets, la personne finit sous l’eau ».

    Au total, plus de 2 250 personnes sont mortes en mer Méditerranée en 2018. Malgré les températures hivernales, les mauvaises conditions météo, des centaines de migrants continuent d’emprunter cette voie maritime pour tenter de rejoindre l’Europe.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/15253/pourquoi-les-migrants-traversent-la-mediterranee-sans-gilets-de-sauvet
    #migrations #asile #réfugiés #sauvetage #danger

  • 21.11.2018 – UE - Tunisie - Conseil d’association - Priorités stratégiques

    Décision n° 1/2018 du Conseil d’association UE-Tunisie du 9 novembre 2018 adoptant les priorités stratégiques UE-Tunisie pour la période 2018-2020

    (...)

    Consolider le partenariat privilégié UE-Tunisie : priorités stratégiques pour la période 2018-2020

    (...)

    2.3. Rapprochement entre les peuples, mobilité et migration

    Le rapprochement entre les sociétés tunisiennes et européennes constitue un pilier essentiel du partenariat privilégié, à travers le renforcement des échanges entre peuples, sociétés et cultures. Cette dimension mobilité revêt une importance particulière dans la mise en œuvre du partenariat pour la Jeunesse. La mise en œuvre effective de l’association de la Tunisie à Horizon 2020 et sa participation à Europe Créative et Erasmus+ seront les pierres angulaires de ces efforts.

    La gestion concertée de la migration est une priorité politique, tant pour la Tunisie que pour l’Union européenne. Les deux parties s’engagent à intensifier le dialogue et la coopération, notamment par la mise en œuvre du partenariat pour la mobilité, le renforcement de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière, ainsi qu’une disponibilité européenne pour soutenir la mise en place d’un système d’asile tunisien. Cette coopération, qui reflétera aussi la dimension régionale de ces problématiques, inclura :

    -- la mise en œuvre de la stratégie nationale tunisienne en matière de migration, couvrant également l’asile et la protection internationale, y inclus la mise en œuvre d’un cadre législatif approprié,

    -- la conclusion des négociations d’accords de réadmission et de facilitation des visas,

    -- la bonne gouvernance de la migration légale, par une meilleure coordination avec les États membres de l’Union européenne dans le respect de leurs compétences, y compris à travers la mise en place de schémas pilotes de mobilité et une meilleure intégration des migrants dans les pays hôtes,

    --

    le soutien à la mobilisation des Tunisiens de l’étranger pour les investissements dans les secteurs innovants en Tunisie,

    -- le soutien à la prévention de la migration irrégulière, en particulier par une meilleure prise en compte des questions migratoires dans les stratégies de développement ; ceci passe également par une gestion des frontières renforcée et par des campagnes de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière,

    -- le soutien aux activités de prévention, et de lutte contre le trafic des migrants et la traite des êtres humains, y compris à travers la détection et la poursuite des réseaux criminels, et

    -- la consolidation de la coopération en matière de retour et réadmission, y compris à travers le soutien à la réinsertion durables des Tunisiens de retour.

    –-> https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=uriserv:OJ.L_.2018.293.01.0039.01.FRA&toc=OJ:L:2018:293:TOC

    http://www.europeanmigrationlaw.eu/fr/articles/actualites/ue-tunisie-conseil-d-association-priorites-strategiques.html
    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #Tunisie #EU #UE #Europe

    Commentaire de Claudia Charles sur la mailing-list Migreurop :

    En complément du message envoyé par Alizée, voici un article sur la décision n° 1/2018 du conseil d’association (en vertu de l’#accord_d'association UE - Tunisie) "adoptant les priorités stratégiques UE - Tunisie pour la période 2018 - 2020

    Le point sur « rapprochement entre les peuples, mobilité et migration » se résume (rien de nouveau) à l’adoption, par la Tunisie, d’une réglementation en matière de migration et d’asile, des mesurettes concernant la mobilité (ce qui était déjà dit à multiples occasions et enceintes (processus de Rabat, Sommet de Malte, FFU, partenariat pour la mobilité), et les #accords_de_réadmission / facilitation de #visa.

    L’#OIM aura sa part du gâteau : « la consolidation de la coopération en matière de retour et #réadmission, y compris à travers le soutien à la #réinsertion durables des Tunisiens de retour. »

    #IOM #retours #renvois #expulsions

    ping @_kg_

    • L’émigration irrégulière : Conception de l’opération et parade

      L’émigration vers l’Europe n’est pas un phénomène nouveau en Tunisie car elle date depuis 1970. Par contre, l’émigration irrégulière (la #Harga) entre les côtes tunisiennes et italiennes a commencé en 1990 lorsque l’#Italie a ratifié les accords #Schengen imposant ainsi des #visas d’entrée pour les ressortissants tunisiens.

      Une étude élaborée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) montre qu’avant la révolution de 2011, 30% des Tunisiens de moins de 35 ans exprimaient le désir de migrer vers l’Europe. En raison de la #crise_économique qui ne cesse de frapper le pays durant la période de transition démocratique, ce chiffre a grimpé à 54% en 2017.

      La recrudescence de l’#émigration clandestine à partir de 2015 s’est traduite par des chiffres très alarmants. En effet, 119.369 migrants sont arrivés en Italie en 2017 alors que le nombre de victimes en 2016 est de 5000 selon un rapport publié par les Nations Unies.

      Face à cette situation préoccupante, l’Europe cherche à coordonner avec les #pays_de_transit en vue de trouver une solution à ce quelle considère une menace asymétrique qui pèse sur la sécurité de l’Occident.

      Aujourd’hui, les causes de l’émigration irrégulière sont connues et toute solution au problème doit passer par une combinaison de mesures politiques, économiques, sociales et sécuritaires.
      Sachant que les mesures politiques et socio-économiques ont fait l’objet de plusieurs études, le présent article est consacré à l’explication du volet opérationnel de l’émigration irrégulière. Une explication sans laquelle toute mesure sécuritaire reste incomplète et non concluante.

      Ainsi, après une présentation succincte de l’importance géographique de la Tunisie qui fait du pays un tremplin pour l’Europe, je prendrai en détails la conception de l’opération d’émigration clandestine avant de proposer les actions à entreprendre pour interdire ou contrer cette opération.

      1. Importance géographique de la Tunisie

      Selon une carte tracée par l’Union Européenne, les flux de l’émigration clandestine à destination de l’Europe suivent trois routes en mer méditerranéenne : La route occidentale qui passe par Gibraltar, la route centrale qui passe par la Tunisie et la Libye (carte nr1) et la route orientale qui passe par la Turquie et la mer Egée.

      Sur cette route centrale, la Tunisie occupe une place privilégiée. En effet, située sur le canal de Sicile qui constitue un pont entre l’Afrique et l’Europe et marquée par des conditions météorologiques clémentes sur la quasi-totalité de l’année, elle offre plusieurs possibilités pour rallier l’Italie (carte nr2) :

      Au nord, on trouve deux routes : La Galite-La Sardaigne (130 km) et Bizerte-Mazzara (175km).
      le nord-est présente trois options : Kélébia-Pantelleria (70km), Al Hawaria-Mazzara (160km) et Béni Khiar-Lampedusa (195km).
      au sud, trois autres itinéraires vers Lampedusa : à partir de Chebba (135km), de Kerkennah (140km) et de Zarzis (250km).

      En outre, la Tunisie est devenue le seul pays de transit après la fermeture des routes partant de la Libye. En effet, le flux d’émigrés à partir de ce pays a significativement tari suite à la signature d’un mémorandum d’entente le 2 février 2017 entre Rome et Tripoli (appuyé par les dirigeants européens dans la déclaration de Malte). Aux termes de cet accord, l’Italie doit coopérer avec les forces armées et les garde-frontières libyennes afin de juguler l’afflux de migrants illégaux. Un dispositif a été alors mis en place et 20.000 émigrants ont été interceptés en 2017 et reconduits en Libye, dans des centres de détention. Ainsi, le flux venant essentiellement des pays du Sahel africain a basculé sur le territoire tunisien.
      2. Déroulement d’une opération d’émigration clandestine

      De prime abord, il est à signaler que Les voyages clandestins sont organisés par des réseaux criminels. Le trafic est devenu transnational et apporte beaucoup d’argent. Une étude publiée par le journal d’actualités américain « The Christian Science Monitor » souligne « l’apparition de groupes mafieux d’envergure internationale italiens, albanais, libyens et autres » qui se livrent à ce trafic et gagnent 400 milliards de dollars à travers leurs actions qui englobent toute la région. Selon la même étude, Le candidat à l’émigration clandestine à partir de la Tunisie doit dépenser entre 3000 et 8000 dinars.
      L’organisation d’une opération d’émigration irrégulière passe par trois phases :
      2.1. La phase de recrutement

      Il s’agit de se servir d’agents et intermédiaires pour chercher et d’identifier les postulants à l’émigration sur le territoire national. Les quartiers pauvres et les zones grises du pays sont visés en priorité. Le contact se fait soit directement de bouche à l’oreille dans les cafés et les lieux publics soit par internet et notamment à travers les réseaux sociaux. Ceux qui viennent des pays étrangers sont recrutés et regroupés dans les pays limitrophes avant de les transférer par des passeurs en Tunisie.
      2.2. La phase de préparation logistique

      Tout d’abord, il faut trouver des caches (locaux) où regrouper les postulants au voyage et stocker des vivres pour subvenir à leur besoin durant la période d’attente. Ensuite, on prévoit le moyen de transport. Il est généralement un moyen vétuste acheté à moindre coût pour effectuer un aller sans retour (canot pneumatique, embarcation ou un vieux chalutier). Ce moyen est dépourvu de tout équipement de sécurité, de navigation et de communication. Enfin, le chef de réseau doit coordonner avec ses agents locaux et ses pairs à l’étranger pour fixer les moyens et les procédures nécessaires pour passer et/ou diriger les émigrés sur le lieu du regroupement. Cette phase englobe aussi une collecte de renseignement sur les dispositifs de sécurité déployés sur le théâtre de l’opération.
      2.3. Phase de préparation du transit

      C’est la phase la plus importante car elle fait appel à une bonne expérience pour choisir l’itinéraire, la période propice au voyage et le passeur (patron) qui sera chargé de la traversée.

      2.3.1. Choix de l’itinéraire : Le choix de la route doit prendre en compte la caractéristique physique du milieu marin, la sûreté du transit et le temps mis pour la traversée :

      La route La Galite-La Sardaigne est relativement longue (130km). Elle traverse une zone connue par la faible densité du trafic maritime et le mauvais temps. Elle est donc favorable à la détection radar (difficulté de dissimulation) et défavorable à la navigation des petites embarcations.
      Les deux routes à destination de Mazzara à partir de Bizerte (175km) et de Hawaria (160km) sont similaires. Elles sont longues et traversent une zone de séparation de trafic par laquelle passe plusieurs centaines de navires par jour. La zone est caractérisée par des courants giratoires relativement forts. Elle est donc favorable à la dissimulation mais défavorable à la navigation des petites embarcations.
      La route Kélébia-Pantellaria est la plus courte (70km). Cependant, elle est risquée en raison des patrouilles, de la couverture radar et du dispositif de sécurité mis en place par les autorités italiennes.
      La route Béni Khiar-Lampedusa (195km) est longue et traverse une zone peu fréquentée sur une grande partie de l’année. Elle est donc très défavorable à l’emploi des embarcations pneumatiques qui sont handicapées par le manque d’autonomie et le mode de propulsion.
      Les deux routes à destination de Lampedusa à parir de Chebba (135km) et de Kerkenah (140km) sont très similaires. Elles ont la même distance et traversent la zone de pêche réservée délimitée par l’isobathe de 50m (la zone verte sur la carte nr3). C’est une zone de haut fond qui s’étend jusqu’aux approches de Lampedusa. Cette zone est très hospitalière pour les petits navires. Elle est fréquentée par plusieurs milliers de chalutiers et embarcations. L’environnement est donc très favorable à la navigation et la dissimulation.

      La route Zarzis-Lampedusa est la plus longue (250km). L’emploi de petites embarcations sur cette route est très risqué à moins qu’elles soient utilisées comme relais pour rallier une plate-forme plus grande stationnée au large (navire ou chalutier).

      2.3.2. Le critère de compétence : Les iles Kerkennah se distinguent par le nombre de compétences (des anciens pêcheurs) qui coopèrent avec les réseaux criminels. Ces pêcheurs reconvertis en passeurs sont chargés de la traversée. Cette reconversion s’explique par une pollution maritime qui a mis ces gens de mer au chômage. En effet, les déchets chimiques provenant des industriels dont notamment Thyna Petroleum Services (TPS) et Petrofac ont dégradé l’environnement marin détruisant ainsi la faune marine (poissons, poulpes et éponges). victime de cette pollution et de la pêche illicite, la mer n’est plus généreuse comme au bon vieux temps. D’après The Christian Science Monitor, “les pêcheurs gagnaient jusqu’à 40$ - 100$ par jour (entre 100 et 250 dinars tunisiens). Maintenant, ils ont du mal à gagner 4 à 7$ (entre 10 et 17 dinars) par jour”. Ils ce sont alors livrés aux contrebondiers et leurs embarcations sont vendues aux réseaux criminels à un coût qui fait trois fois le prix réel.

      C’est cette qualité de pêcheur qui explique l’enrôlement des Kerkéniens dans les réseaux de trafic de migrants. Les statistiques du ministère de l’intérieur montrent que la majorité des patrons d’embarcations arrêtés lors des opérations avortées sont originaires de l’archipel.

      2.3.3. Le choix de la période et lieu d’embarquement :

      C’est le critère le plus important pour décider de l’exécution de l’opération. Tout s’explique par la force et la direction du vent. Une étude élaborée par l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques ( ITES) montre des chiffres très significatifs tirés à partir des opérations avortées en 2017 :

      le gouvernorat de Sfax est classé premier sur la liste avec 62 opérations suivi par Nabeul (34 opérations), Bizerte (24 opérations) et Zarzis (11 opérations). En outre, les statistiques montrent que 60% de ces opérations sont effectuées pendant les mois de septembre et d’octobre, 14% pendant juin et juillet. Le reste (26%) est réparti sur toute l’année. Ceci s’explique par la force et la direction (moyenne sur toute l’année) du vent dans ces régions (voir tableau).
      En effet, dans la région de Sfax, le vent atteint sa force la plus faible durant septembre et octobre (inférieur à 10 km/h). Il souffle du secteur Est engendrant de petites vagues qui ne gênent pas le mouvement des embarcations qui naviguent bout au vent (face au vent). Les accidents qui surviennent durant cette période sont causés essentiellement par un manque de stabilité en raison d’un excès de chargement. Ces caractéristiques du vent qui s’ajoutent aux caractéristiques physiques de l’environnement et aux compétences des pêcheurs font de Kerkénah le port préféré pour l’embarquement.
      Le fait que Nabeul et Bizerte occupent respectivement la deuxième et la troisième place s’explique par le vent du secteur Ouest qui souffle sur ces régions et qui pousse les embarcations (vent arrière) sur les côtes de Pantellaria et Mazzara. Les itinéraires partant de la Galite vers la Sardaigne et de Béni Khiar vers Lampeduza, qui sont déjà discriminés par le facteur physique, sont écartés en raison du vent très défavorable (vent de travers).
      La place occupée par Zarzis (4ème place) s’explique uniquement par sa proximité des frontières libyennes et par le vent modéré qui domine la région.

      3. Comment lutter contre le fléau ?

      Tout d’abord, il faut signaler que nos voisins européens déploient leur force (Opération Sofia) sur nos frontières et cherchent à s’ingérer dans nos affaires intérieures sous prétexte de lutter contre l’immigration clandestine. Plusieurs déclarations de responsables européens rentrent dans ce sens :

      Le 15 février 2011, le ministre de l’intérieur italien Roberto Maroni propose de déployer des policiers italiens en Tunisie. Le 9 avril de la même année, il parle de « débarquement » de 22.000 Tunisiens sur les côtes italiennes.
      Le 26 mai 2011, le député maire de Nice, Christian Estrosi, déclare “On constate aussi qu’une partie d’entre eux (les imigrés) – et cela est plus grave – appartiennent aux 10 000 délinquants condamnés et évadés des prisons.”
      Le 3 juin 2018, le nouveau ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini déclare « Il y a de plus en plus de migrants clandestins qui arrivent de Tunisie ici. Ce ne sont pas des réfugiés de guerre mais bien souvent des délinquants et ex-détenus. »
      Dans son projet de rapport 2018/2044(INI), la commission spéciale sur le terrorisme demande au parlement européen « que le mandat de l’opération #EUNAVFOR_MED Sophia soit étendu et que sa portée territoriale soit élargie afin de mieux répondre à l’évolution des schémas migratoires tels que les débarquements fantômes en provenance de la Tunisie, et que la lutte contre le terrorisme soit spécifiquement couverte par son mandat ». Elle propose aussi de « saisir Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’adopter une résolution permettant à Sophia d’accéder aux eaux territoriales des États côtiers afin d’effectuer des contrôles sur les navires suspects ».
      Ensuite, il faut appliquer les textes juridiques propres à la matière :
      le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer, additionnel à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée en 2000.
      notre réglementation intérieure en matière de lutte contre l’émigration clandestine et notamment la loi du 3 février 2004 relative à la traite des personnes et au trafic des migrants.
      Les accords bilatéraux (avec la France et l’Italie) concernant les migrants.

      Sur le plan opérationnel, la lutte doit se baser sur deux volets ; le renseignement et l’intervention. Le renseignement est la seule solution pour compenser le manque de moyens matériels dont souffrent nos unités.

      Aujourd’hui, l’intervention est handicapée par le manque d’unités navales et la diversité des intervenants en mer qui appartiennent aux différents ministères (marine nationale, garde maritime nationale et douane). Pour assurer notre souveraineté sur les espaces maritimes qui nous reviennent de droit et remplir nos missions en mer (dont la lutte contre l’émigration clandestine), il faut agir en deux directions :

      Adopter le concept de la sauvegarde maritime pour assurer la synergie des efforts entre tous les intervenants en mer,
      Déployer nos unités en fonction des impératifs du moment. A titre d’exemple, basculer des unités sur le port de Sfax, durant les mois de septembre et d’octobre pour couper la route à l’émigration clandestine entre Kerkennah et Lampedusa.

      Ainsi, ce sont quelques idées proposées aux décideurs pour les éclairer sur le coté opérationnel de l’émigration irrégulière. La guerre contre ce fléau ne peut être gagnée qu’avec la combinaison de mesures d’ordre économique et social.

      http://www.leaders.com.tn/article/25601-l-immigration-irreguliere-conception-de-l-operation-et-parade
      #émigration_irrégulière #migrations #asile #réfugiés #Tunisie #statistiques #chiffres #histoire #opération_sophia #externalisation
      ping @_kg_

  • Pour un abandon des peines privatives de liberté en matière de délits de presse – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/21/pour-un-abandon-des-peines-privatives-de-liberte-en-matiere-

    Après deux semaines de détention provisoire, Abdou Semmar, rédacteur en chef du site « Algérie Part », et son collaborateur Merouane Boudiab -poursuivis pour diffamation et atteinte à la vie privée, après une plainte du groupe Ennahar et du wali d’Alger-, ont été remis en liberté le 9 novembre 2018 à l’issue de leur comparution devant le tribunal correctionnel d’Alger, en attendant un « complément d’information ». 

    Si on ne peut que saluer cette libération, il ne faut pas oublier qu’Abdou Semmar et Merouane Boudiab ont été détenus pendant deux semaines et encouraient une peine d’emprisonnement. La possibilité qu’un journaliste puisse être placé en détention provisoire et puisse encourir une peine d’emprisonnement pour avoir tenu des propos prétendument diffamatoires en 2018 est inacceptable, non seulement au regard des obligations internationales de l’Algérie en matière de droit de l’Homme, mais également au regard de sa Constitution. 

    En effet, l’Algérie est partie prenante des conventions internationales qu’elles a ratifiées, telles que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ou la Charte africaine des droits de l’Homme, ayant consacré chacune la liberté d’expression dont découle la liberté de la presse, cette dernière constituant « un droit fondamental et inaliénable et un élément indispensable de la démocratie 1 » . 

    De plus, par une révision constitutionnelle en date du 7 mars 2018, il a été consacré à l’article 502 de la Constitution algérienne la liberté de la presse et l’interdiction de prononcer une peine privative de liberté en cas de délit de presse. Cette consécration constitutionnelle s’inscrit alors dans la continuité de la loi du 12 janvier 2012 réformant le Code de l’information, qui avait posé les prémices de cette révision, notamment en supprimant l’ensemble des peines privatives de liberté en matière de délits de presse et en les remplaçant par des amendes allant de 50.000 à 500.000 DA. 

    Si ces avancements ne peuvent être que salués, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore du chemin à parcourir pour que les délits de presse ne soient plus passibles de peines d’emprisonnement comme la situation des journalistes Abdou Semmar et Merouane Boudiab a pu le mettre en lumière. 

    À l’heure actuelle, il existe des inadéquations entre la Constitution, le Code de l’Information et le Code pénal algérien puisque ce dernier prévoit encore des peines d’emprisonnement en matière de droit de la presse. À titre d’exemple, son article 298 (issu de la loi n° 01-09 du 26 juin 2001) prévoit que « toute diffamation commise envers des particuliers est punie d’un emprisonnement de deux (2) à six (6) mois ». 

    Or, comme le Comité des droits de l’Homme des Nations unies a pu l’affirmer : « Les États parties devraient envisager de dépénaliser la diffamation et, dans tous les cas, l’application de la loi pénale devrait être circonscrite aux cas les plus graves et l’emprisonnement ne constitue jamais une peine appropriée3 ». 

    Ainsi, nous exhortons l’ensemble des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux algériens à militer pour qu’une réforme pénale en matière de liberté de la presse soit entreprise afin que l’emprisonnement des journalistes ne soit plus une sanction en cas de délit de presse. Il est nécessaire que des sanctions proportionnées aux délits de presse soient adoptés, les peines privatives de liberté n’entrant pas dans ce champ. Il en va de la sauvegarde de la liberté d’expression afin de créer un meilleur espace démocratique en Algérie car elle constitue « l’un des fondements essentiels d’une société démocratique et l’une des conditions fondamentales de son progrès et de son développement4 ». 

    Notes : 

    1 Ré solution sur l’Adoption de la Déclaration de Principes sur la Liberté d’Expression en Afrique 17 au 23 octobre 2002, [http://www.achpr.org/fr/sessions/32nd/resolutions/62/]

    2 Article 50 de la Constitution Algérienne : « La liberté de la presse écrite, audiovisuelle et sur les réseaux d’information est garantie. Elle n’est restreinte par aucune forme de censure préalable. Cette liberté ne peut être utilisée pour attenter à la dignité, aux libertés et aux droits d’autrui. La diffusion des informations, des idées, des images et des opinions en toute liberté est garantie dans le cadre de la loi et du respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la Nation. 

    Le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté 

    3 Comité des droits de l’Homme, Observation générale n° 34 CCPR/C/GC/34 adoptée à Genève lors de la session du 11 au 29 juillet 2011. 

    4 Conseil des droits de l’Homme, Résolution 21/12, Sécurité des journalistes, 27 septembre 2012, A/67/53/Add.1. 

    Avocats au Barreau de Paris et Shannon Valentino, juriste                         
    par Fayçal Megherbi Et Bernard Schmid

  • SILA : commerce ou culture ? – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/08/sila-commerce-ou-culture

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    SILA : commerce ou culture ?
    novembre 8, 2018 par salim sellami, publié dans uncategorized
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     Quele sont donc les paramètres liés à l’importance d’un salon dédié au livre ? Le nombre de copies vendues ou celui des visiteurs ? Le chiffre d’affaires réalisé ou le remplissage des parkings et autres espaces y attenant ? A qui aurait en finalité profité l’organisation d’un tel salon ? Quelle est cette plus-value intellectuelle que va apporter cette manifestation ?

    Sans oser attenter à la solennité du lieu ou à l’esprit intrinsèque de l’événement, tout salon n’est que confort d’assise et d’abandon aux nonchalances du cuir et du velours des sièges et sofas. Dans une administration, un salon cache un bureau, dans une entreprise, l’exposition dissimule la machine de production, dans une justice il éclipse la balance et que divulgue-t-il enfin dans la vente de livres ?

    La foire dans le livre comme toute autre est où le premier profit est le profit. Entre l’éditeur et l’écrivain le fossé n’est fait que du nombre de feuillets, du bristol et de l’encre usitée. Ce folklore paginé ne profite qu’aux industriels de la barbotine alfatière. Il y avait autant de livres que moins de lecteurs, autant d’auteurs que moins d’éditeurs. Autrement dit et vu sous un autre angle ce commerce de l’intelligence est aussi un monde où se disputent l’art et l’intérêt, la gloire et le gain. Ainsi un amalgame vient chaque année pour s’instaurer dans l’idée génésiaque présidant à l’organisation d’une exposition commerciale. Le public est confondu. Enfants à la recherche de manuels scolaires, avec une croyance ferme qu’il pourrait s’agir là d’une kermesse à bas prix ; se pressent en compagnie de mères dont le seul souci réside dans l’économie des frais de fournitures scolaires. Les autres, rares mais plus avertis et habitués sont préparés à épier les nouveautés dans le rang des best-sellers nationaux ou étrangers. Les libraires peu nombreux emplissent l’étagère beaucoup plus par du papier-fort et des boites de couleurs que des dernières œuvres littéraires. Chez eux aussi le spectre de l’informel fait ravage. Derrière chaque libraire se cache un éditeur. Derrière chaque grand éditeur se cache une grosse machine d’imprimerie. Le plus gros de l’âme d’un livre ne se situe plus dans le fil romanesque qui ‘anime mais bel et bien dans le vacarme des rotatives toussant de jour comme de nuit. Le réseau de distribution ressemble étrangement à celui qui se pratique dans l’agro-alimentaire. Les retards de livraison, les crédits à la vente, le défaut de paiement, le retour d’invendus font la même scène que s’il s’agissait de pomme de terre ou parpaings bitumeux. Ainsi pour paraphraser un ami en butte à l’édition l’on saura bien dire que « derrière chaque livre, il existe une grosse affaire d’argent » pas pour son auteur, mais pour son fabricant.

    S’il y a un mérite qui existe dans ce salon, c’est qu’il met en relief timidement de nouveaux noms. Ceux à qui le monde de l’édition demeure un obstacle plus saumâtre et laborieux que l’œuvre elle-même. Par contre les « clients potentiels » sont les eternels convives, les seuls modérateurs et les animateurs privilégiés. Ils sont toujours les mêmes. On les voit un peu partout. Ce sont presque comme ces leaders de partis qui n’apparaissent qu’à l’intermittence des échéances électorales. Il est en toute évidence un vrai salon calfeutré et capitonné pour certains au moment ou nombreux autres sont dans l’antichambre, le patio ou les couloirs poisseux d’un espace qui ne peut dire son véritable raisonnement. C’est une affaire de location du sol. A 6000 dinars le mètre carré, les petites boites on ne les voit pas. Cependant celles appartenant à l’Etat sans y être impliquées directement dans le processus du livre mais gravitant autour comme des scories, y sont majestueusement installés. Juste pour la galerie. Façon de dire, on est là.

    Les statistiques fournies par les organisateurs ne montrent que des chiffres sur le nombre des éditeurs, exposants, leurs nationalités. Il n’existe aucun renseignement sous forme de bilan dressé au titre du salon précédent. En fait l’on aimerait être édifié sur le profil du visiteur de ce salon. Visiteur, curieux, badaud, lecteur, accrocs, revendeur, libraire ? Son niveau, son rang, ses goûts, ses préférences ? Sa langue de lecture ? Enfin son intérêt, son amour pour la chose culturelle ?

    Le salon international du livre d’Alger est une circonstance formidable dans la mesure où il participe à la médiatisation de la production littéraire nationale ou étrangère. Il tient à aider les maisons d’éditions dans un travail supplémentaire de marketing qu’elles n’arrivent pas encore à maîtriser sauf par quelques panneaux d’une publicité timide à insérer dans certains quotidiens nationaux. Si ce n’étaient les rubriques culturelles de quelques rédactions, personne n’en saurait davantage sur tel ou tel auteur. Ainsi tous s’équivaudront. Croyez-vous que pour être édité il vous faudrait de l’aptitude ? Le talent devra exister avant la germination du désir envers l’édition. Le piston dans l’édition bat son plein. C’est ainsi que certaines maisons d’éditions à peine de disparaître doivent fournir un grand effort vers la promotion de leur produit. L’ENAG, entreprise publique confond les rôles qui lui sont attribués. Elle se noie dans la complexité de l’édition et du commissariat du salon. Elle oublie ses auteurs. Sinon elle fait dans les deux poids deux mesures. Wacini est invité à déjeuner, l’autre ou les autres en séance de signature pas même une bouteille d’eau. Le grand mal de cette entreprise se situe dans sa politique d’édition, si du moins elle existe. Elle est totalement absente. Un déclic lui doit être administré dans son volet de politique promotionnelle éditoriale, sans ça, c’est l’asphyxie. Sans la subvention publique, elle mourra. Pari.

    Il fut un temps où le temps était au monopole de l’unique société nationale d’édition et de diffusion (sned) que de rares noms avaient pu émerger des presses politiquement grincheuses et parcimonieuses de cet organisme de l’Etat. Avec l’avènement de la démocratie, conditionnée dans son essence par la liberté d’expression, la chose imposait sans ambages l’ouverture du monde de l’édition. Il n’y a pas plus nostalgique que de revisiter les années passées où la foire du livre, au plan local ou régional constituait un événement. En ces temps là, la révolution culturelle ne manquait que d’une culture révolutionnaire. Sinon, le soutien accordé aux prix du livre importé, sur budget de l’Etat ne rimait pas avec commercialité, rentabilité ou performance des entreprises.

    Le SILA, devrait à l’aide de ses sponsors (peu nombreux et hors champ culturel) créer l’envie de lire. Il devra entre autre ; de paire avec ses « clients » et patentés que sont les éditeurs inciter à la consommation bibliographique. Il n’est cependant en aucun cas responsable de la léthargie dans laquelle se trouve la situation atrophiée du taux négligeable de lecture actuelle. Le prix est certes déterminant dans la relance de la lecture, mais il ne peut être l’unique facteur de la régression lectorale. Que faut-il attendre pour la politique du livre, que si dans un pays le prix d’un livre de poche dépasse celui de la poule de chair ? Le constat est amer. L’école ne fait plus donner l’envie de lire et de bouquiner. Nos universités ne sont que des débats de restauration, de transport et d’hébergement. Enfin cette reculade face à l’ardeur de dévorer les pages, de connaître les chefs d’œuvres universels, de découvrir les nouveaux talents, les poètes en herbe, les néo-nouvellistes suscite à bien des égards beaucoup d’inquiétude.

    Le problème en somme n’est donc pas un cas d’édition. Ni encore de production. Il s’agit d’une absence manifeste d’acheteurs. Les éditeurs choisissent, et c’est une légitimité, l’aspect commercial, loin de l’authenticité d’un travail intellectuel. Combien ceci va remporter s’exprime en centimes et non pas en audience. Ceci reste corroboré par la convoitise acharnée pour le livre scolaire, point de fixation des imprimeries privées, car les « acheteurs » sont répertoriés sur les bancs des écoles et bien obligés d’honorer la commande, sinon le ministère de l’éducation ou de la solidarité nationale le fera à leur place.

    Enfin le Sila ressemble bel et bien à ce monde que nous vivons dehors. Il y ceux qui sont déjà connus et qui semblent rapporter et ceux qui y viennent croyant se faire connaitre. J’ai vu des auteurs dédicaçant tout le long de la semaine leurs œuvres. Ils pointent la journée entière, se fixent derrière l’amas de livres et attendent d’y apposer une dédicace. L’on dirait qu’ils sont recrutés journaliers chez leurs éditeurs. D’autres moins nombreux, à l’instar de Yasmina Khadra ou Daoud qui ont crée une longue file d’attente ou Azzedine Mihoubi doivent leur aura à autre chose. Le talent ? Le statut ? Les médias ? Deux plumes, deux livres. Poids et mesures.                                                                                                                              par El Yazid Dib                                                                                                                      http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5268829

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    Quels sont donc les paramètres liés à l’importance d’un salon dédié au livre ? Le nombre de copies vendues ou celui des visiteurs ? Le chiffre d’affaires réalisé ou le remplissage des parkings et autres espaces y attenant ? A qui aurait en finalité profité l’organisation d’un tel salon ? Quelle est cette plus-value intellectuelle que va apporter cette manifestation ? 

    Sans oser attenter à la solennité du lieu ou à l’esprit intrinsèque de l’événement, tout salon n’est que confort d’assise et d’abandon aux nonchalances du cuir et du velours des sièges et sofas. Dans une administration, un salon cache un bureau, dans une entreprise, l’exposition dissimule la machine de production, dans une justice il éclipse la balance et que divulgue-t-il enfin dans la vente de livres ? 

    La foire dans le livre comme toute autre est où le premier profit est le profit. Entre l’éditeur et l’écrivain le fossé n’est fait que du nombre de feuillets, du bristol et de l’encre usitée. Ce folklore paginé ne profite qu’aux industriels de la barbotine alfatière. Il y avait autant de livres que moins de lecteurs, autant d’auteurs que moins d’éditeurs. Autrement dit et vu sous un autre angle ce commerce de l’intelligence est aussi un monde où se disputent l’art et l’intérêt, la gloire et le gain. Ainsi un amalgame vient chaque année pour s’instaurer dans l’idée génésiaque présidant à l’organisation d’une exposition commerciale. Le public est confondu. Enfants à la recherche de manuels scolaires, avec une croyance ferme qu’il pourrait s’agir là d’une kermesse à bas prix ; se pressent en compagnie de mères dont le seul souci réside dans l’économie des frais de fournitures scolaires. Les autres, rares mais plus avertis et habitués sont préparés à épier les nouveautés dans le rang des best-sellers nationaux ou étrangers. Les libraires peu nombreux emplissent l’étagère beaucoup plus par du papier-fort et des boites de couleurs que des dernières œuvres littéraires. Chez eux aussi le spectre de l’informel fait ravage. Derrière chaque libraire se cache un éditeur. Derrière chaque grand éditeur se cache une grosse machine d’imprimerie. Le plus gros de l’âme d’un livre ne se situe plus dans le fil romanesque qui ‘anime mais bel et bien dans le vacarme des rotatives toussant de jour comme de nuit. Le réseau de distribution ressemble étrangement à celui qui se pratique dans l’agro-alimentaire. Les retards de livraison, les crédits à la vente, le défaut de paiement, le retour d’invendus font la même scène que s’il s’agissait de pomme de terre ou parpaings bitumeux. Ainsi pour paraphraser un ami en butte à l’édition l’on saura bien dire que « derrière chaque livre, il existe une grosse affaire d’argent » pas pour son auteur, mais pour son fabricant. 

    S’il y a un mérite qui existe dans ce salon, c’est qu’il met en relief timidement de nouveaux noms. Ceux à qui le monde de l’édition demeure un obstacle plus saumâtre et laborieux que l’œuvre elle-même. Par contre les « clients potentiels » sont les eternels convives, les seuls modérateurs et les animateurs privilégiés. Ils sont toujours les mêmes. On les voit un peu partout. Ce sont presque comme ces leaders de partis qui n’apparaissent qu’à l’intermittence des échéances électorales. Il est en toute évidence un vrai salon calfeutré et capitonné pour certains au moment ou nombreux autres sont dans l’antichambre, le patio ou les couloirs poisseux d’un espace qui ne peut dire son véritable raisonnement. C’est une affaire de location du sol. A 6000 dinars le mètre carré, les petites boites on ne les voit pas. Cependant celles appartenant à l’Etat sans y être impliquées directement dans le processus du livre mais gravitant autour comme des scories, y sont majestueusement installés. Juste pour la galerie. Façon de dire, on est là. 

    Les statistiques fournies par les organisateurs ne montrent que des chiffres sur le nombre des éditeurs, exposants, leurs nationalités. Il n’existe aucun renseignement sous forme de bilan dressé au titre du salon précédent. En fait l’on aimerait être édifié sur le profil du visiteur de ce salon. Visiteur, curieux, badaud, lecteur, accrocs, revendeur, libraire ? Son niveau, son rang, ses goûts, ses préférences ? Sa langue de lecture ? Enfin son intérêt, son amour pour la chose culturelle ? 

    Le salon international du livre d’Alger est une circonstance formidable dans la mesure où il participe à la médiatisation de la production littéraire nationale ou étrangère. Il tient à aider les maisons d’éditions dans un travail supplémentaire de marketing qu’elles n’arrivent pas encore à maîtriser sauf par quelques panneaux d’une publicité timide à insérer dans certains quotidiens nationaux. Si ce n’étaient les rubriques culturelles de quelques rédactions, personne n’en saurait davantage sur tel ou tel auteur. Ainsi tous s’équivaudront. Croyez-vous que pour être édité il vous faudrait de l’aptitude ? Le talent devra exister avant la germination du désir envers l’édition. Le piston dans l’édition bat son plein. C’est ainsi que certaines maisons d’éditions à peine de disparaître doivent fournir un grand effort vers la promotion de leur produit. L’ENAG, entreprise publique confond les rôles qui lui sont attribués. Elle se noie dans la complexité de l’édition et du commissariat du salon. Elle oublie ses auteurs. Sinon elle fait dans les deux poids deux mesures. Wacini est invité à déjeuner, l’autre ou les autres en séance de signature pas même une bouteille d’eau. Le grand mal de cette entreprise se situe dans sa politique d’édition, si du moins elle existe. Elle est totalement absente. Un déclic lui doit être administré dans son volet de politique promotionnelle éditoriale, sans ça, c’est l’asphyxie. Sans la subvention publique, elle mourra. Pari. 

    Il fut un temps où le temps était au monopole de l’unique société nationale d’édition et de diffusion (sned) que de rares noms avaient pu émerger des presses politiquement grincheuses et parcimonieuses de cet organisme de l’Etat. Avec l’avènement de la démocratie, conditionnée dans son essence par la liberté d’expression, la chose imposait sans ambages l’ouverture du monde de l’édition. Il n’y a pas plus nostalgique que de revisiter les années passées où la foire du livre, au plan local ou régional constituait un événement. En ces temps là, la révolution culturelle ne manquait que d’une culture révolutionnaire. Sinon, le soutien accordé aux prix du livre importé, sur budget de l’Etat ne rimait pas avec commercialité, rentabilité ou performance des entreprises. 

    Le SILA, devrait à l’aide de ses sponsors (peu nombreux et hors champ culturel) créer l’envie de lire. Il devra entre autre ; de paire avec ses « clients » et patentés que sont les éditeurs inciter à la consommation bibliographique. Il n’est cependant en aucun cas responsable de la léthargie dans laquelle se trouve la situation atrophiée du taux négligeable de lecture actuelle. Le prix est certes déterminant dans la relance de la lecture, mais il ne peut être l’unique facteur de la régression lectorale. Que faut-il attendre pour la politique du livre, que si dans un pays le prix d’un livre de poche dépasse celui de la poule de chair ? Le constat est amer. L’école ne fait plus donner l’envie de lire et de bouquiner. Nos universités ne sont que des débats de restauration, de transport et d’hébergement. Enfin cette reculade face à l’ardeur de dévorer les pages, de connaître les chefs d’œuvres universels, de découvrir les nouveaux talents, les poètes en herbe, les néo-nouvellistes suscite à bien des égards beaucoup d’inquiétude. 

    Le problème en somme n’est donc pas un cas d’édition. Ni encore de production. Il s’agit d’une absence manifeste d’acheteurs. Les éditeurs choisissent, et c’est une légitimité, l’aspect commercial, loin de l’authenticité d’un travail intellectuel. Combien ceci va remporter s’exprime en centimes et non pas en audience. Ceci reste corroboré par la convoitise acharnée pour le livre scolaire, point de fixation des imprimeries privées, car les « acheteurs » sont répertoriés sur les bancs des écoles et bien obligés d’honorer la commande, sinon le ministère de l’éducation ou de la solidarité nationale le fera à leur place. 

    Enfin le Sila ressemble bel et bien à ce monde que nous vivons dehors. Il y ceux qui sont déjà connus et qui semblent rapporter et ceux qui y viennent croyant se faire connaitre. J’ai vu des auteurs dédicaçant tout le long de la semaine leurs œuvres. Ils pointent la journée entière, se fixent derrière l’amas de livres et attendent d’y apposer une dédicace. L’on dirait qu’ils sont recrutés journaliers chez leurs éditeurs. D’autres moins nombreux, à l’instar de Yasmina Khadra ou Daoud qui ont crée une longue file d’attente ou Azzedine Mihoubi doivent leur aura à autre chose. Le talent ? Le statut ? Les médias ? Deux plumes, deux livres. Poids et mesures. 
                             

    par El Yazid Dib

    http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5268829

  • Traversées de la Méditerranée : quand la jeunesse tunisienne, désespérée, se jette à la mer (4/4)

    Depuis l’été 2018, de plus en plus d’embarcations partent de Tunisie pour traverser la mer Méditerranée. En face, l’Union européenne grince des dents. Pourtant, Tunis ne réagit pas, ou si peu. Déjà confronté à une crise économique et sociale majeure, le pays n’a pas - encore - fait de la crise migratoire une priorité. La Tunisie n’a toujours pas mis en place une politique nationale d’asile et il n’existe presqu’aucune structure d’aide pour les migrants. À l’instar des Africains subsahariens, la jeunesse tunisienne prend elle aussi - et de plus en plus souvent - le chemin de la mer pour atteindre l’Europe. Si la dictature a disparu, leurs espoirs d’une vie meilleure aussi.

    Miloud n’a pas l’air contrarié quand il évoque le sujet. « C’est comme ça », dit-il, fataliste. « Il est pêcheur, il connaît la mer ». Miloud, un chauffeur de taxi de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, n’a pas cherché à retenir son petit frère quand il a pris la mer, un matin en direction de l’Europe. La Méditerranée est pourtant pernicieuse, imprévisible, « mais pour les pécheurs de Zarzis, elle ne fait pas peur », affirme le trentenaire en souriant.

    Depuis l’été 2018, de plus en plus de barques partent de Tunisie et de la région de #Zarzis, notamment, en direction de l’Italie. « Près de 50 canots en juillet et en août », affirme Chamseddine, un pêcheur de la région, assis à côté de Miloud, dans un café de la ville. Le projet paraît fou : sur ces minuscules canots à moteur, il faut naviguer plus de 20 heures avant d’atteindre les côtes siciliennes, « 25 heures, si le moteur n’est pas de bonne qualité », ajoute Miloud qui précise que son petit frère est arrivé sain et sauf en Italie. « Mais les jeunes ici n’ont peur de rien, ils n’ont pas peur de la mer ».

    Contrairement aux départs depuis la Libye, seule une poignée des candidats à la traversée sont des Africains subsahariens. « L’écrasante majorité, 90% environ, sont des Tunisiens », affirme Ben Amor Romdhane, le chargé de communication du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants, notamment. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), près 5 000 Tunisiens ont en effet atteint l’Italie depuis le début de l’année. Ils représentent aujourd’hui la principale nationalité des arrivées dans la péninsule.

    Le profil de ces jeunes a souvent un même dénominateur commun : ils ont moins de 30 ans, et ils sont les premières victimes de la #crise_économique. Dans la région de Zarzis, écrasée par le soleil et le #chômage, Miloud, lui, fait un peu figure d’exception dans le paysage. « Je connais plein de Zarzisiens qui sont arrivés aujourd’hui en France, mais moi, mon activité de taxi marche bien. Je n’ai pas envie de traverser ».

    La mer attire aussi les diplômés sans emploi et les #travailleurs_pauvres

    Pour le FTDES, le gouvernement tunisien est en grande partie responsable de cette vague migratoire. Sept ans après la révolution, si la dictature a disparu, les espoirs d’une vie meilleure aussi.

    « Il n’y a aucun message d’optimisme de la classe politique », affirme Ben Amor Romdhane. « Le sentiment, c’est que l’école ne sert à rien, elle ne donne que des chômeurs ». Et ce sentiment a contribué à grossir inlassablement les rangs des candidats au départ vers l’Europe. « Si vous regardez ces jeunes, vous verrez qu’il y a parmi eux des étudiants qui ne trouvent pas de travail, des travailleurs avec des salaires bas. Ce n’est plus seulement les personnes les plus pauvres qui traversent ».

    Pour atteindre l’Europe, le petit frère de Miloud a embarqué avec 10 autres Tunisiens. Loin des grosses embarcations de plus de 100 personnes dont les médias ont diffusé d’innombrables clichés, les jeunes Tunisiens tentent, eux, la traversée sur des petits bateaux de 10 à 20 places. « Les passeurs achètent désormais des petits canots, avec des moteurs puissants. C’est plus discret et plus efficace », explique Ben Amor Romdhane.

    Parfois aussi, les jeunes partent sans passeur et préparent leur voyage de manière autonome, sans intermédiaire. Ils se cotisent, expliquent Miloud et Chamseddine. Un canot neuf avec moteur coûte environ 13 000 dinars (4 000 euros). Si chaque participant apporte 1 000 dinars (300 euros) – « c’est cher mais possible » – le départ a de grandes chances de prendre forme.

    De l’importance des #réseaux_sociaux

    Le rôle des réseaux sociaux est fondamental dans les incitations aux départs : « Les jeunes filment les traversées, les tentatives, il y a des groupes Facebook, des échanges entre jeunes, des partages de vidéos, d’images, de conseils. Les premiers encouragent les autres à partir », précise encore Ben Amor Romdhane.

    Combien de jeunes hommes et de jeunes femmes ont quitté les côtes tunisiennes depuis le début de l’année ? Difficile de savoir. Mais beaucoup atteignent les terres siciliennes, affirme Valentin Bonnefoy, un autre membre de l’association FTDES, coordinateur du département « Initiative pour une Justice Migratoire ». « Je pense que presqu’un Tunisien sur deux arrive en Italie sans se faire arrêter par les autorités italiennes. Nous recevons des témoignages en ce sens, des personnes qui ne sont pas interpellées, donc pas recensées dans les chiffres officiels ».

    Des drames arrivent aussi. Le 7 octobre, un Tunisien de 23 ans s’est noyé lors d’un #naufrage au large de Djerba. Le trajet dans de telles conditions est dangereux, rappellent les pêcheurs zarzisiens. « Il ne suffit pas de savoir naviguer, il faut savoir rester immobile sans bouger pendant des heures, les canots sont parfois de très mauvaise qualité, si quelqu’un se lève, il peut se renverser », explique Chamseddine. Il y a aussi des risques d’incendie. « Pour atteindre l’Italie avec de si petites embarcations, il faut caler 30 bidons d’essence à l’intérieur. Pour l’instant, il n’y a pas eu d’accident. Mais imaginez si quelqu’un allume une cigarette trop près… », ajoute de son coté Salaheddine, un autre pêcheur de Zarzis qui a déjà vu une quinzaine d’embarcations prendre le large cet été.

    Les appréhensions des pêcheurs de Zarzis

    Face aux départs, les autorités apportent une réponse sécuritaire. La surveillance des côtes a été renforcée, un complexe sécuritaire a vu le jour sur l’île de Kerkennah (dans la province de Sfax, au sud du pays), d’où partent aussi de nombreuses embarcations. « Mais le fond du problème reste le même, aucune politique n’est mis en place pour retenir les jeunes », déplore Ben Amor Romdhane de FTDES. « Pour le gouvernement, la priorité, ce sont les élections [présidentielles et législatives] de 2019 ».

    Les bateaux humanitaires, peu nombreux en mer, ne sont pas présents au large de la Tunisie pour secourir les éventuels naufragés. C’est souvent aux pêcheurs qu’incombe ce devoir malgré leurs craintes. « Nous apportons notre aide quand nous voyons des personnes en détresse, mais nous avons peur de la réaction des autorités », confesse Salaheddine. Depuis l’arrestation d’un de ses confrères, #Chamseddine_Bourassine, soupçonné d’être un passeur après avoir tracté une barque avec 14 migrants à bord en direction de Lampedusa, les pêcheurs de la région ont peur d’être assimilés à des trafiquants.

    « Souvent, les jeunes en difficulté, dans les eaux internationales, nous supplie de ne pas les ramener en Tunisie », explique Salaheddine qui a déjà secouru deux petites embarcations l’année dernière. « Ils veulent aller en Italie », et ils savent que la zone de pêche des Zarzisiens n’est pas loin de l’île italienne de Lampedusa. « C’est vraiment triste. Parfois, ces jeunes Tunisiens veulent tellement atteindre l’Europe qu’ils menacent de se faire du mal si nous les ramenons en Tunisie », conclut-il. « Et pourtant, je ne peux pas les emmener en Italie. Je ne peux pas leur faire cette promesse-là et aucun pêcheur de la région ne le pourra ».

    http://www.infomigrants.net/fr/post/12954/traversees-de-la-mediterranee-quand-la-jeunesse-tunisienne-desesperee-
    #Tunisie #émigration #jeunesse #migrations #jeunes #migrants_tunisiens #Méditerranée #mourir_en_mer #décès #mort #sauvetage #pêcheurs #pêcheurs_tunisiens

    Je mets en évidence ce passage :

    « Si vous regardez ces jeunes, vous verrez qu’il y a parmi eux des étudiants qui ne trouvent pas de travail, des travailleurs avec des salaires bas. Ce n’est plus seulement les personnes les plus pauvres qui traversent ».

    #pauvreté #développement

    ping @_kg_

  • Esclave en #Tunisie : le calvaire d’une migrante ivoirienne séquestrée par une riche famille de #Tunis (1/4)

    Depuis l’été 2018, de plus en plus d’embarcations partent de Tunisie pour traverser la mer #Méditerranée. En face, l’Union européenne grince des dents. Pourtant, Tunis ne réagit pas, ou si peu. Déjà confronté à une crise économique et sociale majeure, le pays n’a pas - encore - fait de la #crise_migratoire une priorité. La Tunisie n’a toujours pas mis en place une politique nationale d’asile et il n’existe presqu’aucune structure d’aide pour les migrants. InfoMigrants s’est rendu sur place pour enquêter et a rencontré Jeanne-d’Arc, une migrante ivoirienne, séquestrée et réduite en #esclavage pendant plusieurs mois par une famille tunisienne aisée. Elle se dit aujourd’hui abandonnée à son sort.

    Son visage exprime une détermination sans faille, la voix est claire, forte. « Non, je ne veux pas témoigner de manière anonyme, filmez-moi, montrez-moi. Je veux parler à visage découvert. Pour dénoncer, il ne faut pas se cacher ». Jeanne-d’Arc, est dotée d’un courage rare. Cette Ivoirienne, à la tête d’un salon de coiffure afro à Tunis, #sans_papiers, refuse l’anonymat tout autant que le mutisme. « Il faut que je raconte ce que j’ai subi il y quelques années pour éviter à d’autres filles de se faire piéger ».

    C’était il y a 5 ans, en décembre 2013, et les souvenirs sont toujours aussi douloureux. Pendant 5 mois, Jeanne-d’Arc a été l’#esclave_domestique d’une famille aisée de Tunis. « L’histoire est si banale…, commence-t-elle. Vous avez un #trafiquant qui promet à votre famille de vous faire passer en Europe et puis qui trahit sa promesse et vous vend à quelqu’un d’autre », résume-t-elle, assise sur le canapé de son salon dont les néons éclairent la pièce d’une lumière blafarde. « Quand nous sommes arrivées à Tunis, j’ai vite compris que quelque chose ne tournait pas rond, il y avait plusieurs jeunes filles comme nous, on nous a emmenées dans un appartement puis réparties dans des familles... Je n’ai rien pu faire. Une fois que vous êtes sortie de votre pays, c’est déjà trop tard, vous avez été vendue ».

    #Passeport_confisqué

    Comme de nombreuses autres Ivoiriennes, Jeanne-d’Arc a été victime de réseaux criminels « bien rôdés » dont l’intention est d’attirer des migrantes d’#Afrique_subsaharienne pour ensuite les « louer » à de riches familles tunisiennes. Pendant 5 mois, Jeanne-d’Arc ne dormira « que quand sa patronne s’endormira », elle nettoiera chaque jour ou presque « les 6 chambres, 4 salons et deux cuisines » du triplex de ses « patrons » qui vivent dans une banlieue chic de la capitale, la « #cité_el_Ghazala ». « La patronne m’a confisqué mon passeport. Évidemment je n’étais pas payée. Jamais. On me donnait l’autorisation de sortir de temps en temps, je pouvais dormir aussi, j’avais plus de chance que certaines. »

    Jeanne d’Arc a raconté son histoire au Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide, entre autres, aux migrants. L’association tente depuis longtemps d’alerter les autorités sur ces réseaux - ivoiriens notamment - de #traite_d’êtres_humains. Des mafias également bien connues de l’organisation internationale des migrations (#OIM). « Comme beaucoup de pays dans le monde, la Tunisie n’est pas épargnée par ce phénomène [de traite] dont les causes sont multiples et profondes », a écrit l’OIM dans un de ces communiqués. Depuis 2012, l’OIM Tunisie a détecté 440 victimes de traite, 86 % viennent de #Côte_d'Ivoire.

    Pour lutter contre ce fléau, la Tunisie a adopté en août 2016 une #loi relative à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes - loi qui poursuit et condamne les auteurs de trafics humains (#servitude_domestique, #exploitation_sexuelle…). Ce cadre juridique devrait en théorie permettre aujourd’hui de protéger les victimes – qui osent parler - comme Jeanne-d’Arc. Et pourtant, « l’État ne fait rien », assure-t-elle. « L’OIM non plus… Une loi, c’est une chose, la réalité, c’est autre chose ».

    L’enfer des « #pénalités » imposées aux migrants sans-papiers en Tunisie

    Car Jeanne-d’Arc a essayé de s’en sortir après sa « libération », un jour de janvier 2014, quand sa patronne lui a rendu son passeport et lui a ordonné de partir sur le champ, elle a cru son calvaire terminé. Elle a cru que l’État tunisien allait la protéger.

    « C’est tout le contraire... À peine libérée, un ami m’a parlé de l’existence de ’pénalités’ financières en Tunisie… Il m’a dit que j’allais certainement devoir payer une amende. Je ne connaissais pas ce système. Je ne pensais pas être concernée. J’étais prise au #piège, j’ai été anéantie ».

    La demande d’asile de Jeanne-d’Arc a été rejetée en 2015. Crédit : InfoMigrants

    En Tunisie, selon la loi en vigueur, les étrangers en #situation_irrégulière doivent s’acquitter de « pénalités de dépassement de séjour », sorte de sanctions financières contre les sans papiers. Plus un migrant reste en Tunisie, plus les pénalités s’accumulent. Depuis 2017, cette amende est plafonnée à 1 040 dinars tunisiens (environ 320 euros) par an, précise le FTDES. « C’est une triple peine, en plus d’être en situation irrégulière et victime de la traite, une migrante doit payer une taxe », résume Valentin Bonnefoy, coordinateur du département « Initiative pour une justice migratoire » au FTDES.

    Malgré l’enfer qu’elle vient de vivre, Jeanne d’Arc est confrontée à une nouvelle épreuve. « Mon ami m’a dit : ‘Tu pourras vivre ici, mais tu ne pourras pas partir’... » En effet, les « fraudeurs » ne sont pas autorisés à quitter le sol tunisien sans s’être acquitté de leur dette. « Si j’essaie de sortir du pays, on me réclamera l’argent des pénalités que j’ai commencé à accumuler quand j’étais esclave !… Et ça fait 5 ans que je suis en Tunisie, maintenant, le calcul est vite fait, je n’ai pas assez d’argent. Je suis #bloquée ».

    Asile rejeté

    Ces frais effraient les étrangers de manière générale – qui craignent une accumulation rapide de pénalités hebdomadaires ou mensuelles. « Même les étudiants étrangers qui viennent se scolariser en Tunisie ont peur. Ceux qui veulent rester plus longtemps après leurs études, demander une carte de séjour, doivent parfois payer ces pénalités en attendant une régularisation. C’est environ 20 dinars [6 euros] par semaine, pour des gens sans beaucoup de ressources, c’est compliqué », ajoute Valentin Bonnefoy de FTDES.

    Pour trouver une issue à son impasse administrative et financière, Jeanne-d’Arc a donc déposé en 2015 un dossier de demande d’asile auprès du Haut-commissariat à l’ONU – l’instance chargée d’encadrer les procédures d’asile en Tunisie. Elle pensait que son statut de victime jouerait en sa faveur. « Mais ma demande a été rejetée.La Côte d’Ivoire n’est pas un pays en guerre m’a-t-on expliqué. Pourtant, je ne peux pas y retourner, j’ai des problèmes à cause de mes origines ethniques », dit-elle sans entrer dans les détails. Jeanne d’arc a aujourd’hui épuisé ses recours. « J’ai aussi pensé à dénoncer la famille qui m’a exploitée à la justice, mais à quoi bon... Je suis fatiguée… »

    « J’ai le seul salon afro du quartier »

    Après une longue période d’abattement et de petits boulots, Jeanne-d’Arc a récemment repris du poil de la bête. « Je me suis dit : ‘Ce que tu veux faire en Europe, pourquoi ne pas le faire ici ?’ ». Avec l’aide et le soutien financier d’un ami camerounais, la trentenaire sans papiers a donc ouvert un salon de coiffure afro, dans un quartier populaire de Tunis. « Je paye un loyer, le bailleur se fiche de ma situation administrative, du moment que je lui donne son argent ».

    Les revenus sont modestes mais Jeanne d’Arc défend sa petite entreprise. « Je me suis installée ici, dans un quartier sans migrants, parce que je ne voulais pas de concurrence. Je suis le seul salon afro du secteur, et plus de 90 % de ma clientèle est tunisienne », dit-elle fièrement, en finissant de tresser les nattes rouges et noires d’une jeune fille. Mais les marchandises manquent et ses étals sont ostensiblement vides. « J’ai besoin de produits, de mèches, d’extensions… Mais pour m’approvisionner, il faudrait que je sorte de Tunisie... Je ne sais pas comment je vais faire ».

    Pour les migrants comme Jeanne-d’Arc acculés par les pénalités, la seule solution est souvent la fuite par la mer. « Payer un #passeur pour traverser la Méditerranée peut s’avérer moins cher que de payer cette amende », résume Valentin Bonnefoy de FTDES. Une ironie que souligne Jeanne d’Arc en souriant. « En fait, ce gouvernement nous pousse à frauder, à prendre des dangers… Mais moi, que vais-je faire ? », conclut-elle. « Je ne veux pas aller en #Europe, et je ne peux pas retourner vivre en Côte d’Ivoire. Je suis définitivement prisonnière en Tunisie ».

    http://www.infomigrants.net/fr/post/12875/esclave-en-tunisie-le-calvaire-d-une-migrante-ivoirienne-sequestree-pa

    #UNHCR #demande_d'asile

  • #erreurs_médicales en #Tunisie : #vide_juridique, impunité et omerta

    Avec un dispositif juridique insuffisant, un gouvernement qui traîne à adopter et soumettre au législateur un projet de loi et une omerta corporatiste, la crise du secteur de la #santé en Tunisie ne cesse de s’accentuer, notamment en favorisant l’impunité des erreurs médicales. Des proches de patients victimes témoignent.

    À ce jour, il n’y a pas de lois sanctionnant les erreurs médicales en Tunisie. En cas de #décès d’un patient par négligence médicale, faute d’une loi spécifique, les poursuites judiciaires se font conformément à l’article 217 du Code pénal portant sur l’homicide involontaire. Il punit de « deux ans d’emprisonnement et de 700 dinars d’amende, l’auteur de l’homicide involontaire commis ou causé par maladresse, imprudence, négligence, inattention ou inobservation des règlements ». Mais la question dépasse cette éventualité puisqu’il y a des erreurs médicales qui n’entraînent pas de décès. « Une erreur médicale est l’exécution d’une action non-conforme à l’action prévue, ou l’application d’un plan incorrect », ainsi est-elle définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il s’agit donc d’un cadre juridique insuffisant pour certains dont Sara qui a perdu sa mère en 2016. D’après elle, l’anesthésiste a confondu deux seringues lors d’une opération, mais a gardé le silence au lieu d’informer le médecin en charge.

    Insuffisances du dispositif juridique

    « Lors de l’admission de ma mère à l’hôpital, le médecin nous a assuré que c’est une opération sans danger et qu’au bout d’une heure, elle sera de nouveau en bonne santé mais ce n’était pas le cas. Ce qui nous a poussés à chercher son dossier pour découvrir qu’il y a eu une erreur médicale. Mais on ne pense pas que les poursuites que nous avons engagé nous rendraient justice », nous confie Sara. Les erreurs médicales récurrentes durant les dernières années ont poussé le ministère de la Santé en collaboration avec le Conseil national de l’Ordre des Médecins et l’Association des Jeunes Médecins à élaborer un projet de de loi dont Nawaat a eu exclusivement une copie.

    L’incrimination de l’erreur médicale et l’indemnisation du patient sont les principaux apports du nouveau projet de loi actuellement en examen par le ministère de la Santé. Le projet a été finalisé le 25 janvier 2018 mais n’a pas encore été soumis à l’Assemblée des Représentants du Peuple. « Je pense qu’il n’a même pas été adopté au niveau du conseil ministériel. J’espère qu’il ne tardera pas à l’être car cette loi portant sur la responsabilité médicale et paramédicale est d’une importance capitale pour les patients ainsi que pour la sérénité du milieu médical », déclare le député Souhail Alouini, président de la commission de la santé et des affaires sociales à l’Assemblée des Représentants du Peuple. « J’ai eu le projet de loi pour lecture après la fin des travaux de la commission ministérielle et je pense que c’est un excellent travail. Concernant la caisse de dédommagement, je pense qu’il faudra trouver un système plus efficace car la formule adoptée ne sera pas suffisante et la participation des assurances doit être incluse, même pour le secteurs public », estime cet élu, également médecin.

    Déficit de communication et crise de confiance

    Au-delà du traitement clinique, un volet de la prise en charge médicale est généralement négligé en Tunisie, celui de la communication avec les patients et leurs familles. « Une meilleure communication dans la relation médecin-patient améliore habituellement le suivi des traitements, les résultats cliniques et la qualité de vie des patients. Mais cette relation est plutôt conflictuelle en Tunisie. Les médecins oublient souvent l’importance de créer un lien de confiance avec le patient ou ses parents, ce qui renforce le manque de confiance dans le corps médical », relève Amina Ben Hamoud, médecin diplômée de l’école de médecine de l’Université Jiao-tong, Shanghai. Et d’ajouter : « Il est très important d’accorder plus d’attention au rôle du patient dans des décisions médicales qui le concernent, puisque ça contribue à améliorer sa satisfaction, diminuer son anxiété et, par conséquent, éviter les erreurs médicales ».

    Parmi les témoignages concernant la communication avec les médecins, celui de Dorsaf Bedoui est le plus symptomatique. Son père, Belgacem, a été hospitalisé le 24 janvier 2016 et est décédé le lendemain à 66 ans. « C’est vrai que mon père n’allait pas bien mais nous n’avions pas d’autres choix que de faire confiance à son médecin et à la clinique. On ne s’attendait pas à ce qu’il nous quitte. Il fallait changer le stent qu’il avait depuis 2012 en urgence », se souvient Dorsaf, avant d’essuyer une larme et poursuivre : « Malheureusement, il est mort parce qu’il était admis dans l’une des cliniques impliquée dans l’affaire des stents périmés. Nous n’avons pas porté plainte tout simplement, parce qu’on sait que ça ne ramènera pas mon père en vie ».

    Omerta corporatiste

    Pour sa part, Dr Issam El Amri, président de l’Association Tunisienne d’Aide aux Victimes d’Erreurs médicales (ATAVEM), dénonce l’inexistence de quelconque recensement des erreurs médicales en Tunisie permettant d’estimer l’ampleur et la gravité du phénomène. Toutefois, il a relevé que le nombre de plaintes reçues par l’association a considérablement augmenté depuis près de 2 ans, surtout contre des médecins pratiquant la chirurgie esthétique, expliquant que de tels actes sont souvent pris en charge par des chirurgiens non spécialistes. Mohamed, 45 ans, a affirmé que l’ATAVEM est d’une grande aide. « J’ai perdu ma fille âgée de 5 ans en juillet 2018, je ne savais pas vers qui me tourner. Elle avait juste une simple fièvre au début. On était dans un hôtel, alors on a opté pour le médecin de l’hôtel. Il nous a assuré que tout va bien avant de lui prescrire une ordonnance avec des médicaments. Mais le soir elle n’arrêtait pas de pleurer et son état s’est détérioré. Alors, j’ai contacté le médecin de nouveau qui nous a proposé de la ramener à une clinique. Mais c’était trop tard. En route, elle a rendu l’âme », nous a-t-il confié.

    Bien que la sécurité du patient doive être la priorité des médecins, dans certains cas, les membres du corps médical soutiennent inconditionnellement leurs collègues. Ce soutien est souvent justifié par les conditions dans lesquels ils travaillent. De quoi empêcher un traitement du problème et prolonger l’impunité. « Une infirmière s’est tout simplement trompée de la dose à prescrire de chimiothérapie à ma sœur âgée de 35 ans, une dose huit fois supérieure à la prescription », nous a confié Lamia Jerbi. Et d’ajouter : « L’hôpital a tout fait pour cacher cette erreur. C’est vraiment dégoûtant. Ça a coûté à ma sœur sa vie. Depuis, notre famille a du mal à faire confiance aux médecins ».

    http://nawaat.org/portail/2018/10/05/erreurs-medicales-en-tunisie-vide-juridique-impunite-et-omerta

  • Le Peuple ? – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/09/06/le-peuple

    Pourquoi tout le monde national ou presque, à chaque défaillance venue d’ailleurs ou de l’intérieur tend à accuser de tous mots et maux le pauvre peuple ? Qui de passif et résigné, qui manquant de vision d’avenir, qui d’abandon de sort.

    Certains ont même eu le libre aplomb de lui jeter l’anathème, le traitant qui de lâcheté, qui de félonie, qui de malpropre.

    Ils ont le peuple dans la bouche et ils détestent la foule

    L’on ne cesse de s’interroger sur son prétendu silence. On l’accuse de naïveté, de léthargie ou de somnolence. Un silence que l’on n’entend pas, car ses voix ne se débitent pas à tout vent. Elles s’emmagasinent au fil du temps, à mesure que l’usure se fasse persistante. Est-il absent ou simple présentéiste pour confirmer la raison de l’Etat, la nécessité d’une nation ? Certainement pas. Le peuple n’est qu’un concept qu’utilisent les politiciens. Il n’est pas un conglomérat d’individus, un « ghachi » ou un long listing d’habitants. Le vrai peuple existe dans chacun de nous, dans nos rangs, dans nos différentes classes, dans nos divergentes opinions, dans nos distinctes visions. Il suffit pour sortir de cette torpeur qui semble, chez certains le pourfendre ; les mêmes idéaux suprêmes, les mêmes valeurs fondamentales, comme dans la nuit d’un certain Novembre.

    Tellement mâché et remâché à chaque coin de micro ou de tribune, ce mot « peuple » a perdu toute sa connotation. Personne n’admet qu’il y soit dedans ou concerné.

    A entendre dire un « responsable » quelconque, élu ou désigné qu’il agit au nom du peuple et pour son exclusif intérêt, il n’y a que le fou-rire qui puisse contenir la moquerie et l’absurdité. Avec qui tu parles mon p’tit ? aw ? En Droit, personne n’a le droit de parler au nom du peuple. Sauf le président de la république, car élu au suffrage universel direct et le juge, car prononçant ses verdict au non du peuple. Un chef de parti du FLN, du RND, HMS ou d’autres appendices, s’il a un mot à dire ça sera au nom de ses militants, pas plus. Alors que dire d’un membre du gouvernement ou d’un Wali ? Ainsi du Droit l’on passe à la légitimité. Ceci est une autre affaire.

    « De qui ris-tu, de la bûche ou du menuisier ? »

    Cependant la véritable question profonde et impétueuse est celle de pouvoir savoir identifier dans cavités cérébrales des uns et des autres et de dire qui en est responsable ? Dans la philosophie d’un adage populaire, disant « sur qui ris-tu, de la bûche ou du menuisier ? » il y est susurré que dans toute œuvre la main de l’artisan reste toujours prédominante. Si le peuple, pris en ce sens , est une œuvre toutes les malformations, les difformités, les imperfections qui le grèvent sont le travail de ceux qui sont censés le modeler et le moduler. Les bonnes œuvres aussi portent l’empreinte de leurs signataires. Néanmoins dans chaque pays, il existe bel et bien un code pénal, des prisons, des asiles, des ordures. Dans chaque peuple des policiers, des juges, donc des criminels, des indélicats.

    Ainsi chacun de nous, dans sa faiblesse humaine et son spontanéité naturelle, dira les pires insanités lorsqu’il est confronté à des situations où la fausseté, la rapine et le mensonge sont devenus maitres de céans. Il dira aussi et atrocement son désarroi lorsque son destin, sa survie, ses amours, ses espérances dépendent de l’humeur d’hommes sertis de pouvoirs et de décisions alors qu’ils n’ont ni l’étoffe ni le punch.

    Un peuple à l’image de ses dirigeants et vice-versa

    C’est dans l’image de son maire, de ses députés, de son wali, du moins dans leurs agissements que le villageois ou le citadin entraperçoit l’honnêteté publique, le reniement de soi et la mise à disposition pour le servir ou l’ensemble de leur contraire. Il n’a pas à entendre, à satiété les discours de proximité ou les promesses de circonstances. Ce sont certains de ces gens là, qui par mollesse dans l’exercice de leurs fonctions régaliennes ou par compromission ont favorisé un tel climat. Le citoyen, partie cellulaire de ce peuple reste tenu par ce contrat social tacite qui lie les uns aux autre. La loi doit venir ainsi, ferme et coercitive pour condamner tout abus ou toute violation de ce fameux contrat. Encore que, ce n’est pas à l’Etat de lui prescrire qu’il doit tirer la chasse d’eau quand il exécute ses besoins dans des toilettes publiques. Non plus, de lui ordonner de ne pas conduire, cannette d’houblon en main et jeter ses mégots pardessus vitres.

    « Il n’y a pas de mauvais élèves, il n’y a que de mauvais maitres » C’est une maxime ancienne, connue dans les grandes encyclopédies de la gestion managériale encore balbutiante. Comme dans une caserne, il ne peut y avoir de mauvais soldats, que si le chef l’est. Idem pour une entreprise, une administration, une direction, un ministère, un office. Car tout simplement les prérogatives d’édicter des règles de conduite, de comportement, de procédures appartiennent à ceux qui ont la puissance publique. Mais la complexité, c’est que le « peuple » n’est pas uniquement un contingent d’élèves ou un gros effectif de fonctionnaires ou de travailleurs.

    D’où cette autre interpellation tenace de savoir qui de l’Etat ou du peuple façonne l’autre ? L’on dira qu’ils sont les deux complices de l’interaction négative qui se fait voir au grand jour. Encore que la co-responsabilité est difficile à établir.

    Le gourdin de la loi, rigueur et justice

    Voir l’irrespect, l’incivilité, l’incivisme, l’impolitesse, la brutalité, le manque de savoir être partout, y compris dans les mosquées, la plage, la poste, le bus, la cité et tout l’espace public n’est qu’un constat amère affirmant que le peuple doit se refaire. L’Etat doit se corriger, châtier et se châtier. C’est ce couple inséparable peuple/Etat qui est appelé à se mouvoir dans une neuve trajectoire. Un déclic est salutaire. Il y a péril en la demeure. Si la loi qui existe bel et bien reste totalement appliquée, la conduite sociale citoyenne sera en toute certitude une conformité à suivre. Mais comme, cette loi vit alternativement tantôt sous une fermeture d’œil voulue, tantôt au gré d’une intervention ou d’un traitement de faveur. L’on voit de temps à autre, des campagnes s’élever contre des étalages sauvages, des marchés parallèles, des constructions illicites, des activités clandestine, l’irrigation aux eaux usées et puis hop ; la loi se met en veilleuse, s’endort sur les quelques statistiques récoltés et s’apprête à rebondir au nouvel ordre.

    C’est cet état aléatoire de l’application de la loi selon les circonstances et les conjonctures, les têtes et les épaules qui lui fait perdre toute sa crédibilité en faisant perdre au bon citoyen toute confiance. Le gourdin de la loi est une bonne thérapie pour le grand salut public. Il doit être comme une règle de droit ; neutre, abstrait et impératif, de surcroit s’il est fort et juste.

    Il est établi que l’individu, voire l’Algérien n’a d’égard que pour ce qui rentre ou sort vers ou de sa poche. Les amendes pour outrage à l’environnement, entorse à la loi dans sa généralité ou autres infractions minimes soient-elles auraient un grand impact dans la prévention et l’exemplarité si elles arrivaient à être constatées, dressées puis recouvrées. Le seul indice de cette fermeté de l’application légale est fort signifiant en matière de port de la ceinture de sécurité. Ce n’est plus, presque une obligation, c’est un geste machinal, culturel, habituel.

    L’Etat de Droit ? L’on en n’a que faire ……

    A contrario de tout ce qui se passe ailleurs, l’Algérien passe pour être le plus patriotique du monde. Il aime sa patrie sans faire d’effort. Réciter kassamen, arborer le drapeau uniquement lors des mach de l’équipe nationale ou du retour du hadj sont les plus forts moments de ce patriotisme triomphant. Participer à l’édification d’un Etat de droit, pense-t-il ce n’est pas de ses affaires. Pour anecdotique qu’elle soit, votre humble serviteur avait eu à vivre cette aventure d’aveux et d’attente populaires. Un matin d’un ramadhan ensoleillé, dans un souk où des marchandises alimentaires, fromages, limonades, jus, gâteaux en butte de péremption étaient exposées, j’interpellais le jeune vendeur qui vociférait à tout vent – haya tout à 50 dinars ! : C’est quoi tout ça mon fils …et l’Etat qu’en dis-tu ? – quoi l’Etat ? , hilarant me rétorqua t-il. – Oui l’Etat ! Tu n’en veux pas d’un Etat de Droit ? C’est quoi ton état de droit ya El hadj ? – Eh ben, dans cet Etat tu auras tous tes droits, personne ne te dérangera, tout le monde te respectera, il n’y aura plus de hogra ni de piston, ni d’interventions, tu seras heureux. Paraissant tout heureux, souriant il me lance – eh ! winrah , ou est cet Etat ya khouya ! c’est un rêve – Ecoute mon fils, dans cet Etat, toi tu dois avoir un local, un registre de commerce, une enseigne lumineuse, payer tes impôts, Il me stoppa net : – arrête ya El hadj, laisse-la comme elle est ! Et il reprend ses cris, haya ! tout à 50 dinars !

    C’est dire qu’il y a de ces situations bizarroïdes qui tendent à aménager chacun selon ses commodités où tout un chacun trouve son compte. La loi ainsi n’arrange pas tout le monde. En fait la construction d’un Etat de droit est un consensus général qui nécessite l’adhésion volontaire ou impérative.

    Chérissez ce peuple, il vous chérira !

    Pas en fermant carrément l’œil sur les dépravations ni les encourager par un laxisme ou une insouciance. Pas même en le chouchoutant, croyant trouver dans ces mauvaises caresses de l’ouïe et de la bonne attention. Nommez des gens valables, modestes et compétents. Ainsi le peuple tient toujours à reporter son verdict final. Au contraire du simple individu qui ne vit qu’une seul fois, a un seul état civil, un seul parcours d’actions de l’acte de naissance à celui du décès ; le peuple se régénère, s’accroit et se multiplie. Il est un ensemble de registres, un ensemble de mairies, tout un territoire. Mais qui est en fait responsable de ce qu’est devenu ce peuple ? Une famille démissionnaire, une école otage, une rue abandonnée, une loi inappliquée, une religion mal interprétée, des politiques mal entamées ? Ou bien mauvais œil, un destin impitoyable ou une malédiction de chouhadas trahis.                                                                              Publié par El-Yazid DIB

    http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5265878

  • La république des « Fils de… » (1re partie) – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/07/29/la-republique-des-fils-de-1re-partie

    Frasques, voracité, prédation, succession… Rejetons conçus dans le dos de la République égalitaire, les enfants terribles de la nomenklatura sont les nouveaux seigneurs de cette« Algérie de papa », la version bâtarde de l’« Etat algérien restauré ». Pour désigner les fils de généraux et hauts gradés de l’armée, des services de sécurité, ministres, pontes de la haute administration…, l’humour populaire est intarissable de génie créatif : ouled al qiada, meqla, qaloi, chouaker, ouled douk douk, qemqoum, les rejetons des pontes font valoir chaque jour leur droit de cuissage sur les ressources du pays. De Toufik Benjedid à Saïd Bouteflika, de Adel Gaïd à Sid Ali Mediene, de Abdelmoumen Khalifa à Farid Bedjaoui, de Rym et Farès Sellal à Amine Zerhouni, de Réda Habour à Khaled Tebboune, des fils de Meziane au fils Ould Kaddour, des fille et fils de Saadani au fils Ould Abbès, de Amel Bouchouareb à Khaldoun et Sina Khelil…, des échantillons représentatifs de la caste de compradores et de fabricants d’hégémonie qui réécrit l’histoire d’un « seul héros, le pouvoir ». Plongée dans les dessous putrides de la reproduction en marche de la classe des dirigeants.

    Ils sont dans l’import-import (60 milliards de factures d’importation), dans l’immobilier (?), dans les « services » (12 milliards/an), dans la com’ et l’événementiel, les bureaux d’études, le consulting, les centres commerciaux et grandes surfaces, le catering, le contrôle et concessions automobiles, les franchises, les sociétés de gardiennage et de sécurité, 7 milliards de dollars que se partagent quelques sociétés appartenant à des généraux à la retraite et/ou en activité, comme celle d’un des fils de Gaïd Salah, Adel, et à des personnalités du gouvernement et de la haute administration, à l’image de Vigie Plus, société à 50 000 agents, apparentée au fils de l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Aucun créneau juteux, aucune opportunité d’affaires, aucun business florissant n’échappe à leur appétit vorace.

    Shootés à l’argent public, addicts aux privilèges et rente de « l’Etat pompeur », les « fils de » ont un « couloir vert » dans les ports, les tapis rouges des salons d’honneur, occupent des postes (fictifs de préférence, mais rémunérés en devises) dans les grandes compagnies (Air Algérie, Sonatrach…), postés dans les grandes capitales mondiales. Ils sont dans la diplomatie, dans les agences et organismes internationaux. Ils ont des ports secs pour cocaïne pure (fils du général Hamel) et quincaillerie de luxe, des flottes (navires de la Cnan rachetés en partie par Réda Habour).

    Ils sont dans le négoce des matières premières (Sina Khelil…), dans la distribution, souvent en situation de monopole (Mouloud Djebbar, fils du général M’henna Djebbar), « bien nés » et as du trafic d’influence, ils ont les clés des coffres-forts de l’Etat social, dépecés, en bandes organisées, lors des soirées banquet. D’affriolantes saisons algériennes pour une jet-set fâchée avec le Projet national et le principe d’égalité des chances.

    Boucherie du peuple vs caudillo du régime

    Kouba. « Marché des 13 salopards ». « La boucherie du peuple ». Il porte bien son nom, le très « modeste » magasin de Kamel « Le Boucher », gros sous-traitant présumé des cartels de la cocaïne, scellé depuis plus d’un mois. L’homme aux 701 kg de coke a entraîné dans sa chute spectaculaire deux caudillos du régime : Abdelghani Hamel et Menad Nouba, tout puissants patrons de la police et de la gendarmerie.

    Au ministère de la Défense, gros client de la viande importée par « le Boucher », deux généraux-majors, Boudouaour Boudjemaa, le directeur des finances, et Mokdad Benziane, directeur du personnel du MDN, sont éjectés, « admis à la retraite ». Le menu fretin (26 inculpés-1, le fils de l’ex-Premier ministre Tebboune) est envoyé au cachot. L’Algérie, ses attributs de pouvoir, ses autorités régaliennes, flirte dangereusement avec narco-Etat.

    Dans le Vieux Kouba, c’est encore la consternation. La colère. De l’incompréhension aussi. « Kouba, ce sont toutes ces personnalités qui ont fait l’histoire. De Ferhat Abbas qui y a vécu (en résidence surveillée) au colonel Mohamedi Saïd, de Cheikh Soltani à Ali Benhadj et j’en passe. Mais des ”cavés” comme ça, on en avait pas. » Yazid, spécimen de cette petite bourgeoisie de Kouba qui se sent « salie » par l’érection dans son paysage de ce sulfureux personnage. « Ce berani (étranger) qui a débarqué ici presque avec son seul vélo et qui s’achètera, en un temps record, pas moins de 26 villas. »

    A Alger, les gendarmes de la section de recherches ont mis au jour 22 promotions immobilières, dont les appartements de standing sont cédés à des hauts fonctionnaires de l’Etat. « L’homme aurait juré de raser toute la ville et de ne laisser au peuple de Kouba que l’Hôtel de la mairie pour ses papiers d’identité. » Au chemin Calvaire, dans le bas Kouba, il aurait offert quelque 130 milliards pour s’adjuger un djenane de 6000 m2. « La famille, une grande famille de militants nationalistes qui y résidait depuis plusieurs générations, voulait préserver la valeur patrimoniale de la résidence.

    Le Boucher ne voulait rien savoir. ”Dites-moi plutôt combien elle fait en longueur, combien en largueur et combien vous en voulez !” » Le Boucher a, selon ce riverain, mis tout le monde dans sa poche, « distribuant des cadeaux et liasses de billets par-ci, des kilos de viande par-là, offrant une voiture au commissaire, de petits pécules pour les fonctionnaires des mairies, de la daïra et de la wilaya et même des omra aux fidèles de la mosquée ».

    Le « gueux » quadra, fils d’un boucher venu de sa « gueuse » province de Palestro (Lakhdaria), s’est blanchi sous le harnais du pouvoir et de ses camorra. Sa résidence à Kouba, située en face du commissariat de police (qui n’a rien vu) ; les bureaux de ses sociétés à La Croix et à Aïn Naâdja ne désemplissaient pas de visiteurs de haut rang qui lui mangeaient avidement dans la main. « Les magistrats sont en train de compiler les écoutes téléphoniques et quelque 3 ans de vidéo-surveillance », rapporte la journaliste Salima Tlemçani, qui enquête sur l’affaire.

    Des enregistrements « compromettants pour la longue liste de personnalités civiles et militaires qui y apparaissent ». 30 ans après le scandale impliquant un des fils du président Chadli – en association avec un roturier du quartier La Montagne (Bourrouba) – dans la ruine d’une banque publique, l’affaire dite « Testosa » – du nom de la célèbre Ferrari Testarossa – a fait des « petits ». Beaucoup de « petits ».

    La patri Mohand Aziri e pour les riches, le patriotisme pour les pauvres

    Portrait d’un fils de… De l’élevage ovin dans les Hauts-Plateaux à la technologie de pointe, Lotfi Nezar est un entrepreneur aussi polyvalent que coriace. « Il est impitoyable en affaires », témoigne HKM*, un employé de SLC (Smart Link Communication), la « petite » boîte familiale devenue grande (plus de 150 employés), nichée au chemin Gadouche (Ben Aknoun) sur le domaine d’une ancienne coopérative militaire.

    PDG de la société, Lotfi, l’aîné, y est actionnaire au même titre que sa fratrie et son généralisme paternel, aussi président de son conseil d’administration. Pionniers dans la technologie wimax (solution internet haut débit par ondes hertziennes), les fils du général affichaient un carnet de commandes plein.

    Ses abonnés clients allant des ministères de la Défense, de la Santé, de l’Enseignement supérieur aux compagnies pétrolières (Becker, Schlumberger, Sonatrach…), les banques (BNP Paris Bas…), Alstom, Peugeot. « Une véritable machine à cash dont une partie des revenus générés est perçue en devise, en Espagne, notamment », décrit la gorge profonde. Le pouvoir, la réputation du père, le général Khaled Nezzar (sauveur de la République ou fossoyeur de son peuple, c’est

    selon), parmi les premiers promus sous Chadli au grade d’officier général, a fait exploser littéralement le plan de charge de la SPA, créée en 1997. « Aujourd’hui, les affaires tournent de moins en moins bien. A cause de la concurrence soutenue par deux autres fournisseurs de services, Anwar Net et Icosnet, tout aussi puissants et adossés à des pontes mais surtout à cause des déboires de la famille avec le clan présidentiel. » Le général a dû, selon la même source, rembourser quelque 40 milliards de crédits alors que d’autres ont vu leurs ardoises effacées. La patrie pour les riches, le patriotisme pour les pauvres.

    « Hna fi hna, el barani yasamhna »

    Déclinaison locale de « Entrepreneurs de progrès », la devise chère au FCE, le cercle des bonnes affaires sis à El Mouradia, au fond d’une impasse, rue Sylvain Fourastier, du nom du maire de Bir Mourad Raïs dans les années 1940. C’est ici, dans la proximité charnelle du pouvoir et de l’argent, à quelques centaines de mètres du Palais présidentiel, que se trouve la fine fleur du CAC 40 algérien, les Kouninef, Bairi, Mazouz, Benabdeslam, Benamar, Tahkout et consorts, empires biberonnés aux marchés publics.

    « 150 millions pour réserver sa place à la table du Premier ministre. » H. Imad*, témoin ulcéré par les turpitudes de cette business class « made in bladi », jeune loup de la finance, a été dans le staff de Ali Haddad, le président du Forum des chefs d’entreprise, le FCE. « Self made man » comme sait en « fabriquer » à la chaîne le cercle présidentiel, le patron du groupe ETRHB, petite société de BTP fondée en 1997, est propulsé, 20 ans après, à la tête d’un empire engrangeant quelque 400 millions de dollars de revenus annuel (Forbes). « Rebrab ? C’est rien. Mon chiffre d’affaires à moi, c’est 5 à 6 fois plus », se vanterait Ali Haddad.

    Le groupe Cevital, propriété d’Issad Rebrab, affiche un chiffre d’affaires de 3,5 milliards de dollars. Agence parapublique orientée vers la captation des contrats publics, le FCE possède sa version « fils de ». Jil FCE, ce pouls de jeunes entrepreneurs connectés aux centres de décisions. Comme Allégories, la boîte de com’ et événementiel, drivée par le tandem Lourari/Marhoun Rougab, fils de Mohamed Rougab, secrétaire particulier du président Bouteflika.

    C’est Allégorie qui, le 3 décembre 2016, a organisé, pour le compte du FCE, le Forum africain d’investissements et d’affaires au Centre international de conférences (CIC) et qui a tourné au fiasco. Ce jour-là, le gouvernement Sellal, arguant les « entorses au protocole », se retira, sous les regards médusés de centaines d’invités étrangers. « Tout n’a pas été dit sur cette affaire du CIC, raconte Imad. Il y avait une forme de mise en scène, puisque le gouvernement était la veille en possession du programme des interventions et aurait pu décliner sa participation. »

    Les enjeux se superposaient, selon lui. Dans les coulisses du CIC, aux manettes, ce fut Saïd Bouteflika, tout puissant frère et conseiller plénipotentiaire du Président. « Il fallait à la fois happer le destin de Lamamra, le MAE qui était présidentiable, saper l’autorité du gouvernement au profit d’un patronat paraissant tout puissant, et troisio, renverser la table des négociations des contrats qui s’amorçaient dans la salle (…). »

    Jeunesse dorée, jeunesse offshore

    De SwissLeaks à Panama Papers, une orgie à coups de centaines de millions de dollars. Les listings des propriétaires algériens de comptes dans les banques suisses (HSBC) et de sociétés offshore au Panama renseignent sur la fraude à grande échelle et sur les pratiques des faunes au pouvoir. Le scandale planétaire des Panama Papers est aussi celui de cette caste d’Algériens dont les fortunes mal acquises transhument à travers les paradis fiscaux, lavées, blanchies, « réinvesties ».

    Des Îles Vierges britanniques au Panama, des îles Caïman à la République suisse, de la Barbade à Maurice, de Hong Kong à Dubaï, la toute nouvelle plaque tournante du blanchiment de l’argent algérien. Aux Emirats, une société offshore, c’est 30 000 dollars de capital avec droit de succession garanti pour les ayants droit en cas de décès du propriétaire.

    Dans les Panama Papers, les Algériens y sont souvent en famille : les Khelil (Chakib), père, épouse et fils, les Sellal (père et fille), les Bouchouareb, les Habour, les Chadli, les frères Bedjaoui, les Zerhouni – entre autres cités –, paraissant en qualité de propriétaires, bénéficiaires et/ou ayants droit de sociétés offshore. Journaliste d’investigation, membre du réseau ICIJ – le Consortium international des journalistes d’investigation qui révéla le scandale Panama Papers –, Lyès Hallas a eu accès à certains documents fuités de la société fiduciaire panaméenne Mossack Fonseca.

    Ne se distinguant ni par des « compétences reconnues » ni par un « savoir-faire particulier », les « fils de », observe le journaliste, excellent par contre dans la « fructification des carnets d’adresses » de leurs parents, dans la mise en relation d’affaires d’entreprises étrangères intéressées par le marché algérien. Ils sont dans « l’intermédiation internationale ».

    Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, est de ceux-là. « Ce ne sont certainement pas les 75 000 dollars canadiens de revenus annuels générés par son ancienne société de négoce qui ont permis à Bedjaoui de s’offrir des tableaux de Salvador Dali ou des biens immobiliers à Montréal et à New York, mais, les placements de Sonatrach.

    Pourquoi n’a-t-il pas pu décrocher la gestion des portefeuilles de BP ou ExxonMobil, génie en placements financiers qu’il est ? » Impliqué dans les affaires Saipem, Sonatrach, SNC Lavalin (suit une longue liste), Farid Bedjaoui passe pour celui qui sait ouvrir les portes blindées des décideurs algériens, sécurisant, via un système de commissions/rétro-commissions, les gros contrats de compagnies étrangères.

    « Le drame de ce pays est que son élite dirigeante n’imagine pas son avenir, l’avenir de ses enfants, en Algérie. Son principal souci est de trouver des alternatives pour financer l’éducation, les soins ou s’offrir une douce retraite à l’étranger, parce que les salaires perçus ne sont pas en mesure de prendre en charge son train de vie. Comment un Pdg de Sonatrach qui touche 300 000 DA de salaire mensuel pourrait s’acheter une résidence à Neuilly-sur-Seine ? »

    Les Gated communities du Mont Sidi Yaya

    Mont Sidi Yaya… Hydra. Le « Beverly Hills » algérois, une houma branchée au grille-pain et à la compteuse à billets, n’a rien d’un quartier pour ouled bouchia. Gosses de riches, gosses de maqla (pontes) et résidus du lumpenprolétariat s’y côtoient intimement dans ce lit d’oued (oued Hydra) où la jet-set s’est offert, par flots d’argent ininterrompus, son quartier de « luxe »…

    Enfant de la cité Sellier, populace suspendue aux flancs des Crêtes, Nadir a vu le quartier se transfigurer. En seulement quelques années d’économie de bazar. « Vous voyez ce pâté de villas, désigne-t-il de la main. Elles appartiennent toutes à des généraux. Le terrain sur lequel elles sont construites devait accueillir à l’origine une coopérative pour enseignants. » Banques étrangères, restaurants sélects, magasins de grandes marques, Sidi Yahia est le quartier des affranchis du pouvoir et des franchises qui prolifèrent.

    Malgré les nombreux interdits dressés par la Banque d’Algérie qui proscrit le transfert des royalties au franchiseur (la maison mère détentrice de la marque). Comment s’y prennent-elles ? « D’abord, elles appartiennent toutes à de hauts responsables et/ou à leurs enfants, ensuite, elles contournent les obstacles de la BA en gonflant le prix d’achat ou en transférant les devises sous le prétexte de l’assistance technique. »

    Tout autour du quartier chic, des résidences gardées. Un phénomène urbanistique en pleine expansion. Des Gated Communities où gent aisée et gent du pouvoir s’inventent un « entre-soi », loin des masses qui menacent. Safar Zitoun Madani, spécialiste en sociologie urbaine, ne hurle pas au loin pour autant. Les Gated Communities sont un phénomène « universel ». De la Chine « communiste » à l’Afrique du Sud, du Maroc aux Etats de l’Amérique latine. Une tendance mondiale. L’implantation de ces bunkers hautement sécurisés renseigne toutefois sur les inégalités qui s’accroissent dans un pays. Des inégalités qui ne sont pas toujours justifiées d’un point de vue économique.

    Des « inégalités un peu honteuses » et un « enrichissement pas très transparent ». « Dans le cas algérien, dit le sociologue, il faut un peu le relativiser. Car ce qui le caractérise, c’est qu’avant l’indépendance, nos villes étaient extrêmement inégalitaires du point de vue de la répartition des populations dans l’espace. Il y avait d’un côté les quartiers européens, les quartiers mixtes et les quartiers musulmans où résidaient la majorité des Algériens.

    A l’indépendance, cette structure ségrégationniste, inégalitaire, a complètement explosé. Nos villes se sont mélangées, des populations d’origines modeste, moyenne, ont occupé des habitations situées dans les quartiers européens. Aujourd’hui, ce que l’on constate, c’est que les élites, notamment celles qui disposent des ressources, ne se retrouvent plus dans ce mélange. Alors, elles inventent des espaces d’entre-soi.

    On revient, en quelque sorte, contre l’absence de ségrégation, et par des formes inédites, à une nouvelle façon de ségréguer, de se séparer des autres. » Loin du Fahs algérois, la proche campagne d’Alger, naguère prisée par les bourgeoisies coloniales, ottomane et française, les quartiers de l’ancienne plaine de la capitale sont en plein dans le processus de « gentrification », mot désignant ces quartiers de la noblesse anglaise qui étaient à l’origine des quartiers populaires d’origine sociale modeste.

    Les opérations de relogement, de résorption de l’habitat précaire, menées au pas de charge, sur fond de spéculation foncière, immobilière, vident le Vieil Alger de sa population, au profit d’une autre. « Ce sont des processus sociologiques très courants. Ces quartiers, pour des raisons pratiques, leurs positions dans la ville, la présence d’opportunités, attirent une clientèle qui prend une coloration sociale bien particulière (…).

    Progressivement donc, il y a un remplacement de population. » Dans ce processus, précise le spécialiste, l’Etat n’y est pour rien : « Il n’y a pas de volonté derrière, pas de deus ex machina, pour délimiter les quartiers des riches des quartiers pauvres. Ce sont des processus objectifs. » Dans le plan d’urbanisme d’Alger, explique-t-il, qui n’est pas « ségrégatif », la volonté de vider les quartiers populaires n’y est pas.

    « Même si derrière un certain vocabulaire très technique, il y a la possibilité de comprendre que telle zone, par exemple, est destinée à une population fortunée. Mais il n’y a pas de volonté de déloger les gens du centre-ville, les populations pauvres et modestes pour la périphérie. Dans les plans, il n’y a rien de cela, dans la pratique, avec les opérations de relogement en cours. Effectivement, pour certains bidonvilles du centre-ville d’Alger, les populations sont relogées en périphérie. Est-ce qu’il y a une volonté de déportation de ces populations ? (…) »                                                                                                    Mohand Aziri                                                                                                                                                               https://www.elwatan.com/edition/actualite/la-republique-des-fils-de-1re-partie-28-07-2018

  • Moussa, rescapé en Méditerranée mais naufragé du système d’asile européen

    Une fois débarqué en Italie, Moussa, Soudanais de 26 ans, a erré dans les limbes du système d’asile européen pendant plus d’un an, ballotté entre Paris et Rome. Le Conseil d’État vient d’imposer à la France l’examen de son dossier. Mediapart a reconstitué son parcours, symbole de l’absurdité des politiques migratoires, alors qu’un mini-sommet de crise se tient dimanche à Bruxelles.
    Tarbes (Hautes-Pyrénées), de notre envoyée spéciale.- Moussa est bien incapable de donner le nom du « grand bateau » qui l’a sauvé en Méditerranée. La couleur ? Aucune idée. La taille ? Pas plus. « Avec le choc », sa mémoire a effacé les détails. Ce qui lui reste d’images tient en une phrase : « Au lever du soleil, on a d’abord vu le grand bateau. Puis en avançant, d’autres petits bateaux gonflables comme le nôtre, renversés. Et autour, des corps noirs qui flottaient. »

    Avec la vingtaine de passagers de son canot pneumatique parti de Libye, Moussa J. a été hissé à bord du navire, où l’attendaient « des médecins habillés en blanc » –probablement le bâtiment d’une ONG. C’était en février 2017. À peine accosté en Italie, ce jeune Soudanais de 26 ans est entré dans le circuit du droit d’asile européen. Le moins dur a commencé, pas le moins humiliant ni le moins kafkaïen.

    Parce que les Soudanais sont la nationalité la plus représentée parmi les 630 passagers de l’Aquarius débarqués en Espagne, parce qu’il faut examiner de près ce que l’Europe fait à ses rescapés, Mediapart a choisi de raconter le parcours de Moussa, tout à la fois banal et rare, représentatif jusqu’à l’absurde de la manière dont l’Italie et la France se renvoient la balle, singulier en même temps par son dénouement.

    Une fois un pied en Italie, Moussa s’est retrouvé, 15 mois durant, à errer dans les limbes du système dit « de Dublin », qui régit la « répartition » des demandeurs d’asile dans l’Union européenne (ou plutôt leur non-répartition, faute de solidarité entre États membres) et auquel les prochains passagers de l’Aquarius seront confrontés.

    Que dit ce règlement remontant à 2003 ? Que le pays d’entrée des migrants, souvent la Grèce ou l’Italie, en tout cas le premier pays à enregistrer leurs empreintes, reste chargé de leurs demandes d’asile. Les pays de « rebond » comme la France ou l’Allemagne ont le droit grosso modo de renvoyer les exilés où ils ont accosté. Moussa n’y a pas échappé.

    Mais surprise. Dans son dossier, le Conseil d’État vient de rendre une décision exceptionnelle, sinon inédite, cinglante à l’égard des services du ministère de l’intérieur français : « Dublin » ou pas « Dublin », la plus haute juridiction administrative du pays a ordonné que la demande d’asile de Moussa soit examinée en France et que cesse ce jeu de ping-pong entre Paris et Rome, « une atteinte grave » au droit de Moussa de solliciter le statut de réfugié.

    C’est donc ce survivant-là que Mediapart a voulu rencontrer, à la fois rescapé de la guerre civile au Darfour, de l’exploitation en Libye, d’une traversée de la Méditerranée et du naufrage du « système de Dublin ». Installé dans les locaux de la Cimade, association qui lui offre conseils juridiques et cours de français à Tarbes (Hautes-Pyrénées), Moussa pose ses mains épaisses sur la table. Il a l’air baraqué, un bouc taillé de près, aucune cicatrice apparente. Et pourtant.

    1. Le #Darfour

    Vers 10 ans, il a vu son village détruit par des hordes janjawid, ces milices armées par le gouvernement central du Soudan pour mater des régions non arabes et rebelles, en particulier le Darfour, à l’ouest du pays. « Ils ont mis le feu, raconte le jeune homme né dans la tribu des Masalit, des bergers. Il ne restait pas un arbre, pas un dromadaire. C’est difficile de raconter à une dame… Ils ont séparé les femmes, on les entendait crier. Ils nous ont laissé juste quelques bourricots. »

    Démarré en 2003, le conflit au Darfour a fait plus de 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, au point que le président du Soudan, Omar el-Béchir, est aujourd’hui visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour « génocide » et « crimes contre l’humanité ». Traduction en France ? Les Soudanais qui réussissent à faire examiner leur dossier par l’Ofpra (l’office chargé d’accorder ou non le statut de réfugié) obtiennent une protection dans 75 % des cas. Encore faut-il que leur dossier soit examiné.

    « Pendant des années, j’ai vécu avec ma famille dans un camp à la frontière avec le Tchad, poursuit Moussa. En grandissant, je risquais d’être tué ou enlevé, incorporé de force dans l’armée. Mes parents avaient quatre filles, un seul garçon. C’est une réunion de famille qui a décidé : il fallait que je parte. » Pour sauver sa vie, certainement pas gagner l’Europe. Jamais Moussa n’a songé à quitter l’Afrique. D’abord, il est passé au Tchad, puis « des chameliers qui emmenaient un convoi en Libye ont proposé de me faire travailler, je les ai suivis. Ils ne m’ont jamais payé. »

    2. La #Libye

    Au début, là non plus, Moussa n’a pas gagné un dinar. « Les Libyens qui me faisaient travailler promettaient de me payer le mois d’après, puis le mois d’après, etc. Au bout de quatre mois, toujours rien. » Alors il décampe. Puis un certain Ali, qui tient des commerces et loge une vingtaine de migrants, lui propose de laver des voitures du matin au soir pour 5 euros par jour. Non seulement Moussa reçoit des coups quand les clients se font trop rares, mais il doit payer un loyer. « On mangeait une fois par jour les restes de sa maison. »

    La nuit, surtout, les migrants hébergés par Ali subissent des attaques d’« hommes enturbannés », qui « fouillent, volent, frappent », avec la « complicité » du patron, soupçonne Moussa. Selon lui, le racisme est criant chez « les Libyens arabes », chez « les Libyens noirs », partout. « Pour éviter de mourir gratuitement », le jeune exilé ne sort « jamais » de cet endroit, pendant six mois.

    Et puis Ali a suggéré de partir en Italie. Tarif ? 1 000 dinars libyens, soit à peine 700 euros, somme ridicule au regard des milliers d’euros déboursés par certains migrants tombés aux mains de milices et dont les familles restées au pays sont soumises au chantage. Le jeune homme résume ainsi sa situation à lui : « Tout ce que mon employeur m’a donné, il me l’a repris. » Va pour l’Italie.

    « Je ne savais pas nager, je ne savais rien sur l’Europe, précise Moussa. Mais au Soudan, c’était la mort assurée. À l’embarquement, ils nous ont encore frappés, traités d’animaux, d’esclaves. J’ai fait toutes mes prières au bon Dieu, j’étais prêt à mourir. »

    3. L’Italie

    Une fois parvenu dans les #Pouilles, Moussa n’a plus rien : « Mon corps et mes habits. » Pris en charge dans un camp, où il peut enfin manger et se doucher, le Soudanais confie ses empreintes aux policiers sans hésiter, sans mesurer l’enjeu. À l’entendre, surtout, les fonctionnaires lui demandent de partir sans expliquer la procédure d’asile, sans adresse ni consigne. Ou alors Moussa n’a pas compris.

    Avec un compagnon de route, ils grimpent dans un train pour Milan, sont nourris par « une vieille dame », poursuivent jusqu’à Vintimille (la dernière ville italienne avant la France), où ils dorment sous un pont. Parce qu’on lui ressasse qu’il n’y a « rien » pour lui en Italie, Moussa tente alors de traverser la frontière, à pied d’abord. Raté. La seconde tentative, par le train, sera la bonne. « Arrivé à Nice, un homme nous a aidés, emmenés chez lui, puis ramenés à une gare », direction la capitale.

    4. La #France

    Arrivé à Paris, c’est le soulagement. En quelques jours, après qu’il a fait connaître son désir d’obtenir le statut de réfugié, Moussa est envoyé au centre d’accueil et d’orientation (#CAO) de #Tarbes, parce que les autorités tentent de répartir les migrants sur l’ensemble du territoire. Sa demande d’asile est ainsi enregistrée à la préfecture des Hautes-Pyrénées. Mais là, immanquablement, ses empreintes font tilt dans le fichier #Eurodac. Le voilà « #dubliné », selon le jargon administratif : la France peut demander son renvoi en l’Italie. Après que celle-ci a donné son accord tacite, le préfet signe un arrêté dit « de transfert » le 20 septembre 2017. Sans surprise, le recours de Moussa devant le tribunal administratif restera un échec. Dans la foulée, il reçoit son « routing » : une feuille de route et des titres de transport pour #Rome.

    « On me répétait que ça, c’était la loi, qu’on ne pouvait rien faire pour moi », se souvient Moussa. Alors qu’il pourrait fuir ou tenter l’Angleterre, le jeune Soudanais prie et suit les consignes. Le trajet, pourtant, n’est pas une mince affaire. Arrivé à Bordeaux, il faut trouver le train pour Paris, puis s’y retrouver dans les méandres de l’aéroport. Un traducteur proche de la Cimade doit le guider par téléphone, en arabe. À un moment, perdu, Moussa lui passe même une personne chargée du ménage, histoire de trouver le bon étage. C’est finalement la police aux frontières (PAF) qui le conduit jusqu’à l’avion, le premier de sa vie.

    5. L’Italie (bis)

    « À l’aéroport de Rome, les Italiens m’ont demandé pourquoi je revenais, raconte Moussa. Je leur ai dit : “C’est vous qui demandez !” Ils ont répondu qu’ils n’avaient rien demandé du tout. » Un couperet tombe, incompréhensible : loin d’être reconnu comme demandeur d’asile, Moussa écope d’un « arrêté d’expulsion » qui lui « ordonne de quitter le territoire national dans les sept jours », sous peine « d’une amende de 10 000 à 20 000 euros ». En prime, si l’on en croit le jeune homme, les policiers déchirent certains de ses documents. Cette fois, pas question d’obéir. Supposé rentrer au Soudan, Moussa prend plutôt la route pour Vintimille. Refoulé par la PAF de Menton une première fois, il réussit à regagner Paris, puis les Pyrénées.

    6. La France (bis)

    Et là, rebelote. Cette fois, le rendez-vous en préfecture n’a pas lieu à Tarbes mais dans le département d’à côté, en Haute-Garonne – pourquoi faire simple ? Évidemment, ses empreintes matchent. Malgré les explications sur son traitement en Italie, sur son impossibilité d’y obtenir l’asile, Moussa est « dubliné » une seconde fois, avant de se voir refuser l’allocation prévue pour les demandeurs d’asile – il est considéré comme « fraudeur » désormais.

    Nous sommes alors en mars 2018 et la machine administrative ne s’arrête plus : le 5 avril, une nouvelle demande de transfert est adressée à l’Italie. Avec l’aide d’une avocate, Me Selvinah Pather, Moussa saisit bien sûr le tribunal administratif en référé, c’est-à-dire en urgence, arguant que son droit à demander l’asile en Europe n’est pas respecté. Mais sans succès.

    Il faut se battre jusqu’au Conseil d’État pour qu’enfin, le 29 mai dernier, le juge des référés du Palais-Royal rende une ordonnance exemplaire et toutes ses chances à Moussa. « Le refus d’enregistrer la demande de Monsieur J. [en France] doit être regardée comme portant une atteinte grave et manifestement illégale à son droit, constitutionnellement garanti, de solliciter le statut de réfugié », peut-on lire dans la décision qui retient que le ministère de l’intérieur français n’a « pas contesté l’existence de [l’arrêté] d’expulsion » signé par les autorités italiennes, pas plus qu’il n’a apporté la preuve que Moussa aurait « renoncé à demander l’asile » en Italie.

    Alors, face à un voisin transalpin défaillant, la France est rappelée à ses obligations, fixées par la Convention de Genève. « Il est enjoint au préfet des Hautes-Pyrénées », là où vit Moussa, d’enregistrer sa demande d’asile en procédure normale et de lui « délivrer l’attestation afférente dans un délai de 15 jours ». Le voilà sorti du « système Dublin ». Une première victoire.

    Demain, le jeune Soudanais va devoir convaincre l’Ofpra, auquel il vient juste d’envoyer son dossier d’asile avec le détail des persécutions subies et des risques qu’il encourt au Soudan, de lui accorder la protection de la France.

    Surtout, Moussa attend la place en centre d’hébergement et le versement de l’allocation de demandeur d’asile à laquelle il a droit dans l’intervalle. À ce jour, en effet, il ne touche toujours pas un centime et dort ici ou là, « parfois à la gare routière », lavant son linge chez des amis.

    Sollicitée par Mediapart, l’institution chargée de fournir l’aide matérielle aux demandeurs d’asile, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) fait savoir, par la voix de son directeur, que Moussa devrait commencer à toucher son allocation à partir de « mi-juillet », une fois qu’il aura « signé son offre de prise en charge en direction territoriale et présenté son attestation en cours de validité ».

    Questionné sur le rattrapage des mensualités perdues, l’OFII répond que c’est impossible, « du fait de la réglementation ». Quant à l’hébergement, il « dépendra des places vacantes et donc pourrait ne pas être immédiat ». Tellement « moins inquiet » qu’auparavant, Moussa veut positiver : « Je ne peux que remercier Dieu. »

    Les dirigeants européens, eux, sont censés discuter les 28 et 29 juin prochain d’une réforme du « règlement de Dublin », en réalité condamnée avant même d’avoir été esquissée faute d’une volonté partagée de faire preuve de solidarité à 28, avec la Grèce et l’Italie (qui a tout de même vu 700 000 migrants débarquer sur ses côtes depuis 2013).

    Quand on lui demande, pour terminer, s’il veut ajouter quelque chose d’important à son récit, Moussa choisit d’évoquer un pan de sa vie dont il n’a jamais parlé à personne jusqu’ici. Sans doute était-ce moins important que tout le reste, tabou aussi. Désormais, il aimerait voir un docteur, un homme, pour soigner des douleurs dont il souffre depuis qu’il a été frappé, sinon torturé, au plus intime de lui-même. Plus d’un an après avoir croisé son premier médecin européen, il se l’autorise enfin.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/230618/moussa-rescape-en-mediterranee-mais-naufrage-du-systeme-d-asile-europeen

    #frontière_sud-alpine #parcours_migratoire #itinéraire_migratoire #Italie #France #Dublin #migrerrance

  • En Tunisie, l’exil sans fin d’une jeunesse naufragée - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/06/04/en-tunisie-l-exil-sans-fin-d-une-jeunesse-naufragee_1656619

    De la région minière de Metlaoui aux îles Kerkennah, d’où ils partent pour Lampedusa, « Libération » a suivi la route qu’empruntent les jeunes Tunisiens sans avenir, celle qu’avaient prise les passagers du bateau qui a sombré samedi en Méditerranée. Sept ans après la révolution, si la dictature a disparu, les espoirs de vie meilleure se sont fracassés, grossissant les rangs des candidats au départ.

    Des dizaines de cadavres ont été engloutis par la #Méditerranée après le naufrage, samedi soir, d’une embarcation au large de l’archipel des Kerkennah. A son bord, entre 180 et 200 personnes, selon les estimations des survivants. Soixante-huit émigrants ont été secourus par la marine tunisienne, et 48 corps sans vie ont été repêchés. Les recherches ont repris lundi avec l’aide de neuf unités navales, un hélicoptère et des plongeurs.Les passagers étaient presque tous tunisiens.

    Sept ans après la révolution, les jeunes fuient leur pays. Depuis le début de l’année, 2 780 Tunisiens ont choisi l’exil clandestin en Italie, selon l’Office international des migrations. Libération a suivi leur parcours entre le bassin minier de #Gafsa et les îles des pêcheurs de #Kerkennah. La route s’étire sur 300 kilomètres, en comptant le crochet par Sidi Bouzid. L’itinéraire barre horizontalement la Tunisie, passant des terres contestataires des « zones intérieures » à la riche cité côtière de Sfax. C’est celui qu’empruntent les chômeurs pour monter dans des bateaux qui rejoignent l’île italienne de #Lampedusa, porte d’entrée de l’Europe.

    A Metlaoui : « Ici, c’est le phosphate ou Lampedusa »

    La terre ne donne rien de végétal, à #Metlaoui. Même les oliviers ont renoncé à s’y accrocher : le sol semble mort, brûlé par un soleil trop grand et un ciel trop bleu. Les hommes, comme les plantes, n’ont pas grand-chose à faire ici. Ils sont pourtant venus fouiller le sol, et ils ont trouvé dans les replis des montagnes nues qui découpent l’horizon de la ville la plus grande richesse du pays, le phosphate. Autour de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), a poussé la ville minière, à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui encore, la société étatique gratte chaque année 5 millions de tonnes de cette roche utilisée dans la composition des engrais.

    A la sortie ouest de Metlaoui, en direction de la frontière algérienne, un café sans nom jouxte un garage. Un auvent fournit de l’ombre. Mais en milieu d’après-midi, c’est à l’intérieur de la vaste pièce blanche aux murs nus qu’il fait le plus frais. Au fond de la salle sans fenêtre, cinq hommes attendent sur des chaises en plastique. Ce sont les seuls clients. Les aînés ont des moustaches, les jeunes du gel dans les cheveux. Le plus âgé, Mohamed Atrache, est un employé de la CPG à la retraite. Comme son père, et son grand-père avant lui, embauché en 1917. Quand son fils a été pris à son tour, en janvier, il a pleuré de joie. « Il avait tenté de passer en Europe, explique-t-il. A trois reprises. La première fois, le bateau est tombé en panne. La seconde, il a été arrêté par la police. La troisième, le temps était trop mauvais. »

    « A Metlaoui, le phosphate est le rêve de tous les jeunes. C’est ça ou Lampedusa », résume Ahmed Jedidi, 26 ans, titulaire d’un master de civilisation française. Il y a beaucoup de diplômés comme lui, à Metlaoui. Ahmed a été brièvement arrêté, en 2016, pour avoir pris la tête du mouvement des jeunes chômeurs qui avaient bloqué l’activité de la CPG pour exiger des embauches. La crise a duré deux mois et demi. Pourtant, la CPG recrute. Vorace, elle saute d’un gisement à l’autre, fourrageant dans les montagnes pour expédier ses wagons de cailloux noirs vers la côte. Elle a besoin de bras et de cervelles quand elle découvre un nouveau filon. La société organise alors des concours. En 2016, elle a recruté 1 700 techniciens. L’an dernier, 1 700 ouvriers non-qualifiés. C’est un pacte tacite : la compagnie doit nourrir la ville, sans quoi la ville mord la compagnie. Au total, depuis la révolution de décembre 2010, le nombre d’employés a été multiplié par trois, alors que sa production s’est effondrée. La CPG est devenue une soupape sociale pour éviter l’explosion de cette région contestataire.

    Khams Fajraoui, 21 ans, a échoué au concours de janvier. Il est le seul à rester muet autour de la table du café, il ne parle pas le français. Il a une crête sur la tête, des chaussettes dans des claquettes, et un regard fixe. Il est le benjamin d’une famille de cinq frères et sœurs, tous au chômage. Son père est décédé il y a cinq ans. Il fait les moissons, là où le blé pousse, plus au nord. Hors saison, il gagne 10 à 15 dinars (3 à 5 euros) trois fois par semaine en chargeant et déchargeant les camions du souk de Metlaoui. Il ne partira pas en Europe car « ses oncles et ses tantes lui ont demandé de rester ». Il veut un travail, « n’importe lequel ».

    « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti »

    Saïd Bkhairya avait aussi défendu à son fils d’émigrer. Un jour, en son absence, Koubaib, 17 ans, est parti quand même. Il faut passer sous l’ancien tapis roulant qui acheminait le phosphate vers la ville pour arriver chez Saïd. Ce cordon ombilical qui relie la mine à Metlaoui est comme une guirlande de tôle suspendue au-dessus de son quartier. Dans la cour de sa maison fatiguée, il a planté un citronnier. Black, le chien de Koubaib, est attaché derrière le poulailler. « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti. Elle avait peur de ma réaction », dit Saïd. Elle est assise à côté de lui sur le canapé. La mère a dans la main le smartphone qu’elle a acheté pour communiquer avec Koubaib sur Skype. Sa vue est mauvaise, elle doit approcher le visage tout près de l’écran pour appeler son fils. La conversation dure quelques secondes, deux ou trois phrases. « Il est fatigué, il couche dehors, explique-t-elle. Il ne fait rien, il demande de l’argent. »

    Saïd a déjà deux crédits à rembourser. Il envoie irrégulièrement des petites sommes à Koubaib, qui vivrait à Mestre, près de Venise. « Je m’en fous. Dès que j’aurai amassé assez, moi aussi, un jour, je partirai », assure Wael Osaifi, un cousin de Koubaib, après que son oncle a quitté la pièce. Il a été blessé il y a cinq ans dans un accident de voiture au terme d’une course-poursuite avec la police. Wael passait de l’essence de contrebande depuis l’Algérie. « Il y a un type qui organise les départs, il est très discret. C’est une mafia. Les prix ont augmenté. C’était 3 000 dinars, maintenant c’est 5 000 [environ 1 630 euros]. J’ai des amis en Italie, certains travaillent, certains trafiquent. » A Metlaoui, il boit parfois des bières avec des amis dans une maison abandonnée. « On n’a rien d’autre à faire. Les prix sont devenus invivables. Avec Ben Ali [le dictateur renversé par la révolution, ndlr], on avait une meilleure vie, lâche-t-il. Le paquet de cigarettes Royale valait 3,5 dinars, aujourd’hui c’est 5,5 dinars… » Koubaib a quitté Metaloui il y a dix mois, en même temps qu’un groupe de 18 jeunes de la ville. « Pour certaines familles, c’est un investissement », regrette Saïd. Sur les photos que le fils envoie depuis l’Italie, il a l’air très jeune. Il ressemble beaucoup à son petit frère, qui sert le jus de mangue aux invités. Sur les images plus anciennes, Koubaib pose souvent avec son chien. Dehors, Black aboie de temps en temps depuis qu’il est parti.

    A Gafsa : « Un travail légal, c’est une question de dignité »

    Leur énergie a quelque chose de déconcertant dans une ville comme Gafsa. On ne devine pas, en passant devant cette rue morne de la « capitale » régionale, qui affiche un taux de chômage à 26 % (plus de 40 % pour les jeunes diplômés), qu’un tel tourbillon d’activité agite le second étage de cet immeuble de la cité Ennour. Sirine, Nejma, Abir et Khora, une Française en stage, font visiter le local de leur association, Mashhed. Elles ont entre 19 ans et 23 ans. « Les séminaires ou les concours de jeunes talents, ce n’est pas notre truc, annonce Sirine, longs cheveux noirs et chemise rayée. Notre finalité, c’est la transformation sociale. On ne fait pas de l’art pour l’art. On ne veut pas non plus "sensibiliser". On fait, c’est tout ! Des poubelles dans la rue, des projections de cinéma, des lectures, des journaux, des festivals, du montage, des jeux, des manifestations… »

    Chacune a une clé du local. Elles passent à Mashhed le plus clair de leur temps. S’y engueulent, s’y échappent, s’y construisent. L’association compte 70 membres actifs et 300 adhérents. Les garçons sont les bienvenus, mais ce sont de toute évidence les filles qui mènent la danse. Les filles, elles, n’embarquent pas pour l’Europe.

    Sirine : « Mon petit frère a voulu partir, ça a choqué mes parents, on a essayé de lui faire entendre raison. »

    Abir : « C’est la faute d’un manque de communication dans les familles. Les gars ne trouvent personne avec qui partager leurs soucis. »

    Najla : « La France, ce n’est pourtant pas le paradis ! La fuite, c’est débile. Moi, je pense qu’on peut faire en sorte d’être heureux là où on est. C’est dans la tête, le bonheur. »

    Abir : « Ce n’est pas que dans la tête ! Il n’y a pas de travail. Tu sais combien c’est, un salaire de serveur, aujourd’hui ? »

    Khora : « Justement, je ne pige pas comment vous faites pour sortir et faire des festins tout le temps, alors que vous êtes au chômage ! Moi, quand je suis chômeuse, je reste chez moi à manger des pâtes. »

    Najla (en riant) : « C’est la solidarité arabe. Toi, tu ne connais pas ça ! »

    La nuit tombe vite sur Gafsa. A 22 heures, la ville s’éteint presque complètement. A la terrasse du café Ali Baba, désert, deux hommes fument dans le noir. Le gérant de l’établissement et son ami. Ils parlent de la révolution. Quand on leur demande leur avis sur la chose, Abdeslam, 28 ans, demande s’il peut répondre en anglais. « Notre déception est immense, parce que l’espoir qu’avait suscité la chute de Ben Ali était immense, explique-t-il. On ne sait pas qu’un café est amer tant qu’on n’a pas goûté un café sucré. Maintenant, on sait. »

    Il a voulu étudier le droit, s’est inscrit à l’université de #Sousse, sur la côte. Mais n’a jamais achevé sa formation, bouffé par les petits boulots qu’il effectuait pour payer ses études. Aujourd’hui, il travaille de temps en temps sur un chantier de bâtiment. « Des docteurs qui construisent des immeubles, c’est ça, la Tunisie », poursuit-il. Au fil de la discussion, le débit d’Abdeslam s’accélère. Son ami s’est levé pour ranger les tables. « Je ne veux pas partir sur la mer, je m’y refuse et puis j’ai peur. Je veux une vie adaptée, c’est tout. Je me fiche d’avoir une belle maison et une grosse voiture. Un travail légal, c’est tout ce que je demande, c’est une question de dignité. » Sa voix tremble dans le noir. Les cigarettes s’enchaînent.

    On ne pose plus de questions depuis longtemps, mais la détresse pousse Abdeslam à parler encore, de plus en plus vite. « A l’école, j’étais bon en philosophie. Je lis encore Kant, Spinoza, Heidegger, Sartre… Pourtant, cette société me méprise. Gafsa enrichit l’Etat, mais l’Etat nous crache dessus », conclut-il. Sa vieille mobylette est garée toute seule dans la rue vide. Il l’enfourche, plié en deux, pour aller dormir chez ses parents. Le gérant a fini de balayer, il tire le rideau de fer.

    A Bir el Haffey : « Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré »

    Sur la route qui relie Gafsa à Sidi Bouzid, les voyageurs imaginent souvent être témoins d’un mirage. Au bord de la chaussée, des fourrures brillent au soleil, exposées dans toute leur splendeur. Du castor, du poulain, de l’ours, du lapin, du léopard… Cette panoplie appartient à un commerçant, d’un naturel méfiant. « Depuis la révolution, il y a des espions de la CIA et du Mossad partout, croit-il savoir. Il y a quinze ans, je cherchais des tours de cou, on m’a refilé un grand sac avec des manteaux à poils. J’ai commencé comme ça », dit-il pour justifier son activité insolite. Qui peut bien acheter ces fourrures à l’orée du Sahara ? « Détrompez-vous, les gens s’arrêtent. Avant, j’avais des Canadiens, des Allemands, les guides me les ramenaient. Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré. J’ai tout de même de temps en temps des Algériens ou des Libyens. »

    A Sidi Bouzid : « Ils font ça juste pour avoir l’air beau »

    Dans son bureau, flotte un mélange de sueur et de parfum. Zeinobi Khouloud, 28 ans, gère une salle de sport, l’une des rares activités offertes aux jeunes de Sidi Bouzid. Derrière elle, des gants de boxe et des boîtes de protéines sont exposés sur l’étagère. Son père a ouvert le club, Abidal’s Gym, il y a deux ans, au rez-de-chaussée d’un immeuble dont les étages supérieurs ne sont pas terminés. La famille est rentrée d’Arabie Saoudite après la révolution, mais s’est à nouveau éparpillée pour faire des affaires. Zeinobi, elle, est restée dans la petite ville du centre de la Tunisie, connue dans le monde entier depuis qu’un vendeur de légumes du nom de Mohamed Bouazizi s’y est immolé, le 17 décembre 2010, pour protester contre la confiscation de sa charrette par la police. Son geste désespéré a été le point de départ d’une révolution qui a emporté le dictateur Ben Ali, avant de déborder dans tout le monde arabe.

    Sept ans plus tard, le visage géant de Bouazizi s’affiche en noir et blanc sur la façade d’un bâtiment municipal. Sa charrette emblématique a maladroitement été statufiée sur un terre-plein central. Mais même ici, les jeunes disent être déçus par les fruits du printemps tunisien. « Le chômage est toujours là, les jeunes n’ont rien à faire, c’est pour ça qu’ils viennent ici, décrit Zeinobi. Leurs parents les poussent à venir à la salle pour qu’ils ne traînent pas dans la rue toute la journée. Ils oublient leurs problèmes en faisant du sport. » Dans la salle, on croise des adolescents à lunettes avec des muscles de personnages de jeu vidéo. La plupart ont les cheveux rasés sur les côtés. Abidal’s Gym propose des cours de taekwondo, de muay-thaï, d’aérobic, de kick-boxing, mais ce sont avant tout les appareils de musculation, « importés d’Espagne », qui attirent les jeunes à 30 kilomètres à la ronde. « Ils font ça juste pour avoir l’air beau », se moque Zeinobi. Parmi les 900 clients, quelques femmes, « surtout l’été », précise-t-elle. « Les femmes ont beaucoup de responsabilité dans notre région, elles n’ont pas de temps libre. »

    Sur la route de Regueb : « 3 euros le kilo avant, 8 maintenant »

    La route est encadrée par les figuiers de barbarie de trois mètres de haut, dans lesquels viennent se ficher de loin en loin des sacs en plastique échappés des décharges à ciel ouvert.

    Dans un champ, un âne détale après avoir arraché le piquet qui le retenait prisonnier. Il s’éloigne en direction des collines pelées comme les bosses d’un chameau. Ce sont les derniers reliefs à franchir avant de basculer définitivement dans la plaine de Sfax, à l’est du pays. Sur leurs flancs, des restes de minuscules terrasses en pierre sèche, que plus personne n’est assez fou ou courageux pour cultiver désormais. Il reste uniquement des bergers dans cette vallée. Les plus vieux sont toujours bien habillés, en pantalons de ville et en vestes sobres. Leur mouton, au goût particulier, est réputé dans toute la Tunisie. Mais son prix a augmenté, passant de « 3 euros le kilo avant la révolution à 8 euros maintenant », reconnaît un vendeur de viande grillée installé au bord de la route. La raison en est simple : le prix des aliments pour le bétail a flambé depuis 2011, explique-t-il.

    A Regueb : « Notre seul loisir : aller au café »

    Nabil, 35 ans, mâchouille l’embout en plastique de sa chicha. Il recrache la fumée entre ses dents jaunies en fixant une partie de billard : « C’est tranquille, Regueb. Trop tranquille. Notre seul loisir, c’est d’aller au café. » Son ami Aymen, 25 ans, a ouvert cette salle de jeu il y a deux ans. En plus de la table de billard, il a installé neuf ordinateurs, deux PlayStation, un baby-foot. Investissement total : 2 600 euros. L’affaire ne marche pas : « Les jeunes jouent sur leurs téléphones. » Aymen va revendre, ou fermer. L’an prochain, de toute manière, il doit effectuer son service militaire.

    « Je voulais créer une petite unité de fabrication d’aliments pour le bétail, mais il fallait des papiers, et pour avoir ces papiers, on me demandait de l’argent, ressasse Nabil. L’administration est corrompue, j’ai dû renoncer. » Il vit chez ses parents, avec sa femme. Lui a pu se marier, mais « c’est rare, parce que c’est compliqué, sans travail », avoue-t-il.

    A Sfax : « Ici, les gens respectent le travail »

    Les industries de #Sfax signalent la ville de loin. La deuxième ville du pays est aussi son poumon économique. Les arbres d’ornementation sont étrangement taillés au carré, les rues sont propres, l’activité commerciale incessante dans la journée. La richesse des Sfaxiens est proverbiale, en Tunisie. Pourtant, Mounir Kachlouf, 50 ans, avoue qu’on s’y ennuie aussi. « Où tu vas sortir, ici ? Même moi, le week-end, je vais à Sousse ou à Hammamet ! » Il est le gérant du café-restaurant Mc Doner, installé le long de la petite promenade de Sfax, qui se vide de ses promeneurs au crépuscule. « Depuis 2002, on nous promet un port de plaisance, une zone touristique, mais on ne voit rien venir », dit-il. Le patron a même une théorie sur les raisons de cet échec : « Les Sfaxiens ont de l’argent. La Tunisie a besoin qu’ils le dépensent ailleurs pour faire tourner l’économie. S’ils développaient Sfax, les gens n’auraient plus besoin de sortir ! »

    Un groupe de six jeunes femmes pressées longe la corniche, valises à roulettes sur les talons. Elles rentrent de vacances. Le lendemain, elles reprendront toutes le travail. L’une est « technicienne d’esthétique et coach personnel », les autres sont vendeuses de tissu de haute couture dans une boutique de la médina. « Nous, les Sfaxiens, on est comme les Chinois, on travaille tout le temps, surtout les femmes, s’amuse Yorshelly. C’est bien pour l’économie, mais ça rend la ville fatigante, polluée, embouteillée. Il y a du travail ici, enfin, surtout pour les non-diplômés. » Aucune d’entre elles n’est mariée. « Il y a un gros problème de "racisme" chez les familles sfaxiennes, glisse Marwa. Les parents veulent que l’on épouse un Sfaxien. Nous, honnêtement, on s’en fiche. »

    Un homme a tendu l’oreille, inquiet qu’on dise du mal de sa ville dans un journal français. Il insiste pour témoigner lui aussi. « Je m’appelle Mahdi, j’ai 31 ans, je suis électricien, j’aime mon pays, je vis à Sfax car ici, les gens respectent le travail, dit-il, énervé. Les jeunes veulent de l’argent facile. Je les vois rester au café toute la journée. Je leur dis : "Venez bosser avec moi, il y a de quoi faire." Mais ils préfèrent être assis à boire et fumer ! »

    A Kerkennah : « La traversée est 100 % garantie »

    C’est l’île des départs. D’ici, près de 2 700 Tunisiens ont pris la mer depuis le début de l’année pour gagner Lampedusa, à 140 kilomètres en direction du Nord-Est. En 2017, ils étaient plus de 6 000. En 2018, ils représentent le plus important contingent de migrants arrivés en Italie, devant les Erythréens et les Nigérians. La traversée dure une nuit. Contrairement à une idée reçue, les émigrants ne montent pas sur des canots pneumatiques ou des barques vermoulues, comme en Libye voisine. A Kerkennah, les #passeurs comme les passés sont tunisiens. Un lien social les attache malgré tout, on ne risque pas des vies de compatriotes à la légère. « La traversée est 100 % garantie, c’est comme un aéroport », décrivait Ahmed Souissi, 30 ans, coordinateur de l’Union des diplômés chômeurs, quelques semaines avant le naufrage d’une embarcation surchargée le week-end dernier, au cours duquel plus de cinquante migrants sont morts noyés. « Les émigrants partent sur des bateaux de pêche qui ont été au préalable dépouillés de tous leurs accessoires. Quand on voit un bateau nu, on sait qu’il va y avoir un départ. »

    Il faut traverser les marais salants du centre de l’île, puis les grandes étendues vides piquées de tristes palmiers sans palmes (elles sont utilisées dans la fabrication des pêcheries fixes au large de Kerkennah) pour trouver la route du chantier, installé dans une ferme derrière le village de Chergui. Une dizaine de squelettes de navires flottent dans le ciel, au-dessus des copeaux de bois. Les charpentes sont en bois d’eucalyptus. Certaines sont déjà coloriées en rouge ou en bleu. Un peintre dont la blouse ressemble à une toile de Pollock désigne du bout de son pinceau la seule embarcation toute noire : « C’est le bateau utilisé par [le futur président] Bourguiba pour fuir en Egypte pendant la période coloniale, explique-t-il. Quelqu’un y a mis le feu il y a trois ans. On travaille à sa restauration. »

    Mohamed et Karim s’affairent sur le bâtiment le plus avancé du chantier. Ils sont tourneur soudeur et chaudronnier, et s’occupent de toute la partie métallique : armatures, bastingage, proue, etc. « Les migrants partent sur des 12-mètres comme celui-là, dit le premier, sans s’arrêter de souder. Il y a tellement de chômage que la police ferme les yeux. » Pollution des eaux, dégradation des fonds marins, réchauffement : « Les pêcheurs ont de moins en moins de poissons depuis deux ou trois ans, ils ont besoin d’un revenu, complète le second. Certains vendent leur bateau, des passeurs les remplissent avec 100, 120 jeunes, et les mènent à Lampedusa. Les bateaux restent là-bas. »

    Le leur est une commande de Boulababa Souissi. Le capitaine est dans sa cabine, la buvette improvisée du chantier, une canette de bière à la main. « Dans cinq jours, à ce rythme-là, c’est fini, savoure-t-il, l’œil guilleret. J’ai fait venir un moteur d’occasion d’Italie. Je vais enfin retourner pêcher. » Il baptisera son chalutier Oujden, le prénom de sa fille. Coût : 50 000 euros. Le précédent va-t-il continuer à naviguer ? « Il ne remontera plus de poisson », lâche le capitaine.

    Les visiteurs débarquent à Kerkennah, 15 500 habitants, par un ferry arrivant de Sfax. Puis, une route remonte l’archipel du Sud au Nord. La simplicité des maisons - des agrégats de cubes blancs - leur donne un air moderne. Des constructions, ou des agrandissements, sont souvent en cours. « C’est l’argent des harragas », ricane une femme, en passant devant un portail refait à neuf. Les « harragas », « ceux qui brûlent » en arabe, est le terme utilisé pour désigner les clandestins. « Ils ne se cachent même plus, comme au début. Dans une petite île où tout le monde se connaît, on les repère tout de suite, indique Ahmed Souissi. Pour la police, c’est difficile de contrôler les ports de Kerkennah. Les bateaux peuvent sortir de n’importe quelle ville ou plage. D’ailleurs, tout le monde les voit. » Ne sont-ils pas arrêtés ? « Les flics arrivent trop tard. Ou n’arrivent jamais. Pourtant, ça ne demande pas beaucoup d’intelligence de savoir qui organise les passages, dit l’activiste. Mais l’État n’est pas pressé de voir la fin des subventions européennes au titre de la lutte anti-immigration. Et puis, je crois que ça arrange tout le monde que les jeunes chômeurs sortent de Tunisie. »

    Tout au bout de la route, il y a le port de Kraten. En direction du Nord, quelques îlots plats, rocailleux, taches claires dans la mer sombre, sans vague. Les derniers mètres carrés solides de Tunisie. En cette fin de matinée, les pêcheurs démêlent et plient les filets, au soleil. Les camionnettes frigorifiques des acheteurs sont déjà reparties, à moitié vides. Sur le ponton, on marche sur des carcasses de crabes bruns qui craquent sous les chaussures. Les Tunisiens ont surnommé cette espèce « Daech ». « Ils sont arrivés d’Egypte il y a quelques années, et ils remontent le long de la côte, commente un marin, l’air dégoûté. Ils mettent les pêcheurs sur la paille : ils coupent les filets, ils bouffent le poisson ! Si ça continue, ils vont débarquer en Europe. La pêche n’est plus rentable. » Lui est là pour aider son père ce dimanche, mais en semaine il occupe un emploi de professeur de sport à Sfax.

    Au petit café de la jetée, le patron moustachu sert l’expresso le plus serré de Tunisie en bougonnant. Il jure qu’aucun bateau ne part de « son » port. « Les jeunes, ils peuvent aller se faire foutre, ils ne pensent qu’à l’argent. » Contre le mur, un pêcheur de 55 ans, « dont trente-quatre en mer », pull rouge et bonnet bleu, philosophe : « Cette révolution était un don. Elle nous a montré qu’on peut régler nous-mêmes nos problèmes, on doit garder ça en tête. Ce crabe Daech, par exemple, on ne doit pas le détester, Dieu nous a envoyé cette satanée bête pour qu’on corrige nos façons de pêcher. On me regarde comme un vieux fou quand je critique les collègues qui pêchent au chalut en ravageant les fonds, mais ce sont eux qui ont fait disparaître les prédateurs des crabes », assène Neiji.

    Son français est chantant. Il fait durer son café. « Les jeunes qui partent, c’est aussi naturel, reprend-il. Sans cela, ils rejoindraient peut-être le vrai Daech, qui sait ? C’est la logique humaine d’aller tenter sa chance. Moi, si je n’avais pas une femme et trois filles, je crois que j’aurais aussi filé. » Neiji tire sur sa cigarette en aspirant la fumée très lentement, avant d’expirer sans bruit. « Ce va-et-vient, c’est la vie. Les pêcheurs sont des gens intelligents, il faut me croire. »
    Célian Macé

    Très bon reportage, avec photos dans l’article source. La fin de l’article avec les propos du pêcheur, est à méditer.

    #chômage #tunisie #émigration #jeunesse #Afrique

  • #ARIANE_MNOUCHKINE E L’INNO ALL’#ILLUMINISMO : « DA 50 ANNI INSEGUO L’#UTOPIA »

    Ariane Mnouchkine et l’hymne aux #Lumières : « Je poursuis l’#utopie depuis 50 ans »
    http://27esimaora.corriere.it/articolo/ariane-mnouchkine-e-linno-allilluminismo-da-50-anni-inseguo-luto
    publié le 02/02/2015
    consulté le 16/04/2018 à 19h00

    Sulla strada dell’utopia Ariane Mnouchkine è in marcia da oltre mezzo secolo. E se tanti nel frattempo si sono perduti, tornati indietro, preso vie laterali più comode, peggio per loro. A cambiare il mondo lei non rinuncia. Nemmeno ora che i riccioli sono candidi e il bel viso severo porta le rughe di molte battaglie per l’integrazione e l’accoglienza. Per i sans papier, gli esuli afghani e tibetani, i rifugiati politici di ogni parte del mondo.

    À la recherche de l’utopie depuis près d’un demi-siècle, Ariane Mnouchkine est décrite dans cet article comme une icône du théâtre, le plus grand metteur en scène d’Europe. Le #Théâtre_du_Soleil, installé depuis 1964 à Paris, dans une ancienne fabrique de munitions, la Cartoucherie, œuvre en faveur des sans papiers, des exilés afghans ou tibétains et des réfugiés politiques du monde entier ; dans une époque pourtant encline à la perdition, au retour en arrière et au choix de la facilité, Ariane Mnouchkine ne renonce pas à changer le monde. Selon cette dernière, « l’#égalité n’est pas un mot abstrait » (« l’eguaglianza non è una parola astratta ») : elle comprise, toute la communauté du théâtre du soleil participe aux décisions et touche le même salaire. Inspirée des lumières et mue par un idéal de tolérance, Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil sont en outre lauréats de nombreux prix (Molières, pris Nonino...). Elle s’inspire en partie de monuments classiques, allant des œuvres d’Eschyle à celles de Shakespeare, qu’elle transpose dans diverses cultures, souvent orientales ; nombre de ses pièces ont également comme thème des sujets controversés, allant de la guerre d’Iraq à celle de Syrie, en passant pas les exils tibétain, afghan ou palestinien. Le Théâtre du Soleil transmet en outre ses idées à travers sa forme même : ouvert à tous et à toutes nationalités, les acteurs rencontrent les spectateurs à l’issue de la pièce à l’occasion d’un repas convivial. Le Théâtre du Soleil prône donc un idéal dont les seules limites sont la conscience et le respect de l’autre, la justice, la solidarité.

    Mon commentaire sur cet article :
    Cet article présente avec fidélité l’idéal poursuivi par Ariane Mnouchkine : celui de l’humanisme. Le Théâtre du Soleil se veut un exemple d’égalité et de tolérance pour ses spectateurs, autant par le sujet de ses pièces que par la diversité de sa production et des troupes qu’il convie à la Cartoucherie.
    Cependant, les propos rapportés d’Ariane Mnouchkine me paraissent trop généraux, l’article n’insiste pas assez sur les actions concrètes du Théâtre du Soleil afin de mettre en pratique cet idéal utopique dans les pays et pour les personnes qui en ont besoin.

  • Nawaat – Médina de Tunis : les artisans désemparés face au « made in China »
    https://nawaat.org/portail/2018/02/22/medina-de-tunis-les-artisans-desempares-face-au-made-in-china

    La prolifération des produits asiatiques à bas prix est visible dans tous les secteurs créatifs traditionnels de la Médina : cages de Sidi Bou Saïd, décoration, bijoux, maroquinerie, etc. Pour Samia Fourati, chargée du bureau de presse de l’Office National de l’Artisanat (ONA), « aujourd’hui, la Médina ne représente pas notre artisanat ».

    La loi 94-41 relative au commerce extérieur protège pourtant les artisans nationaux des importations touchant au patrimoine culturel, qui sont soumises à autorisation du ministère du Commerce. L’ONA effectue également des contrôles techniques. Mais « les marchés parallèles et la contrebande affectent l’artisanat comme tous les secteurs économiques », avance Samia Fourati. Et selon les artisans et commerçants que nous avons interrogés, les contrôles sont rares et insuffisants. Parallèlement, les importations asiatiques ne cessent d’augmenter. Selon les chiffres de l’Institut National de la Statistique (INS), la Chine est le premier partenaire commercial asiatique de la Tunisie en janvier 2018, exportant sur le marché tunisien pour plus 371 millions de dinars, presqu’autant que l’Allemagne.

    #tunisie mais au-delà bien entendu, #mondialisation aussi

  • Algérie : « Le système de santé est devenu un grand sketch » - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/01/08/algerie-le-systeme-de-sante-est-devenu-un-grand-sketch_1621104

    Alors que des médecins protestent depuis deux mois, le manque de moyens pèse sur les hôpitaux du pays, à l’image de celui de Sétif, vétuste, sous-dimensionné et qui rebute les jeunes praticiens.

    Le temps a écaillé la peinture bleu ciel des volets du vieil hôpital de Sétif. Le bois des lattes est apparu, des confettis de couleur se sont déposés sur les rebords des fenêtres. Reconnaissables à leurs blouses qui dépassent des manteaux, des travailleurs du CHU se réchauffent au soleil dans le jardin central de l’établissement. C’est un jeudi de décembre. Sétif est situé dans les terres, à 1 100 mètres d’altitude. Il y fait 10 degrés de moins qu’à Alger, à 270 kilomètres. L’arrivée d’une camionnette pâle de poussière a dérangé trois chats serrés contre la porte d’entrée du service de médecine interne : une vieille femme, portée par son mari, est délicatement étendue sur un matelas à motifs fleuris disposé à l’arrière du véhicule. Des câbles électriques sectionnés pendent des murs blancs.

    « Le bâtiment date de l’époque française, il a été construit en 1934 pour une population de 30 000 colons. Aucun investissement sérieux n’a été réalisé alors qu’aujourd’hui, 6 millions d’Algériens dépendent de ce CHU, qui manque de lits, de matériel, de personnel, explique, vibrant d’une colère contenue, un médecin qui s’exprime dans son bureau fermé à double tour, de l’autre côté de la cour. Pourtant, à une époque, l’argent public ne manquait pas ! » On a longtemps parlé d’un second hôpital à Sétif. Mais le projet, évoqué dans les années 80, semble avoir été abandonné. Depuis 2014, la plongée des cours du pétrole, dont l’Etat algérien reste extrêmement dépendant, a rendu sa perspective encore plus incertaine.

    Le pays consacre 10 % de sa dépense publique au secteur de la santé (contre 6 % pour le Maroc, 14 % pour la Tunisie et 16 % pour la France). « Depuis l’indépendance, la médecine gratuite est une pièce fondamentale de notre Etat hypersocial, résume le sociologue Madani Safar Zitoun. Notre système de protection sociale est le plus universel, le plus généreux et le plus dispendieux de la région, c’est un cas unique. Il repose en partie sur les cotisations salariales, l’Etat payant celles des invalides, des chômeurs, des retraités démunis, etc. Mais avec l’explosion du travail informel (environ 40 % de l’activité) et l’augmentation de l’espérance de vie, c’est devenu un gouffre pour les finances publiques. »

    Dans les allées du parc, Nasrin, Ikran et Aïcha (1) désignent les pavillons à deux étages qui constituent les différents départements du CHU. Les trois femmes voilées, originaires de Sétif, ont 26 ans : elles sont médecins « résidentes » (l’équivalent français des internes) et connaissent les lieux depuis leur enfance. « Pour un hôpital de cette importance, il manque beaucoup de services, s’accordent-elles. Il n’y a pas d’ophtalmo, ni de dermato, de gastro ou d’urologie… En gynécologie, il n’y a qu’un seul spécialiste. Ils font venir des obstétriciens chinois ! Nous n’avons pas d’IRM, le scanner est en panne deux jours sur trois. »

    Ont-elles envisagé de quitter le pays, comme le font tant de médecins algériens ? « Bien sûr. Tous les jeunes y pensent forcément à un moment ou un autre. Ceux qui vous disent le contraire ne sont pas sincères. » Depuis deux mois, les médecins résidents (ils sont 9 000 en Algérie) mènent une « grève tournante » pour protester contre leurs conditions de travail. En particulier le service civil, qui prévoit leur affectation obligatoire dans un établissement public pendant au moins deux ans à la fin des six années d’études de spécialisation. « On nous envoie dans des endroits reculés, sans personne pour nous superviser, décrit Nasrin. Parfois, les médecins ne peuvent même pas pratiquer leur spécialité faute de matériel adéquat ou d’équipe dédiée dans ces dispensaires oubliés. » Un jeune médecin en résidence au CHU de Bab el-Oued, à Alger, complète : « Pour les hommes, c’est la double peine, car nous avons aussi un an de service militaire obligatoire. Ces contraintes, ces années perdues, sont l’une des raisons pour lesquelles il y a tous ces départs. »

    « Fuite des cerveaux »

    Dimanche dernier, des centaines de médecins se sont rassemblés dans le plus grand hôpital d’Alger pour demander l’abrogation du service civil. Quatre jours plus tôt, ils avaient tenté de marcher dans le centre-ville de la capitale mais la manifestation, interdite, avait été dispersée par la police. La coordination du mouvement a fait état de 20 blessés.

    Avec 9 365 médecins algériens exerçant en France en 2017 selon les chiffres du Conseil national de l’ordre, l’Algérie est le premier pays étranger « fournisseur » de praticiens dans l’Hexagone. Plus de 80 % des médecins diplômés d’une faculté algérienne et installés en France sont arrivés il y a moins de quinze ans. « C’est aussi le résultat de notre système de formation, explique Madani Safar Zitoun. Notre modèle universitaire gratuit a provoqué une démocratisation de l’enseignement supérieur : beaucoup de jeunes diplômés, en médecine comme ailleurs, cherchent un poste que l’Etat n’est plus en mesure de fournir. Le secteur privé a grossi très vite, mais ne peut pas absorber tout ce monde. D’où la fuite des cerveaux vers l’étranger. »

    Sous le porche de l’hôpital de Sétif, une centaine de personnes s’avancent en rangs serrés. Mains dans les poches, pas pressés, comme pour une ouverture d’usine. Il est 13 heures, c’est le début de la période des visites. Tous les deux mois, Aït Ammar Hamid accompagne sa petite sœur de 16 ans, atteinte de la maladie de Crohn « avec fistule », qui doit recevoir une injection médicamenteuse régulière. Toute la famille fait le trajet depuis la ville côtière d’Annaba, à 280 kilomètres, pour ce rituel médical, faute d’un traitement disponible plus proche. « La santé dans ce pays est devenue un grand sketch ! Le ministre de la Santé a osé dire l’an dernier à Annaba que les hôpitaux algériens étaient mieux que les européens, s’agace-t-il. Tout le monde se méfie des hôpitaux publics, ici ! Ils manquent de personnel, de matériel, les conditions d’hygiène sont lamentables. Si tu n’as pas de pouvoir ou de connaissances à l’intérieur du système, on te laisse crever. » Cet été, le décès d’une femme enceinte dont l’admission avait été refusée par trois hôpitaux différents de la province de Djelfa, dans le centre du pays, a déclenché une vague nationale d’indignation sur les réseaux sociaux.

    « Dans les établissements publics algériens, certes la barrière de l’argent n’existe pas, mais puisque le nombre de lits est limité, d’autres filtres l’ont remplacée, explique Madani Safar Zitoun, qui a supervisé une étude sur la question il y a une dizaine d’années. Des filières se mettent en place, familiales, claniques, régionales, pour avoir accès à tel ou tel médecin. On voit ainsi souvent débarquer au CHU des familles rurales qui viennent de très loin, mais qui, en actionnant leur réseau au sein de l’hôpital (infirmiers, personnels administratifs ou d’entretien, etc.), obtiennent directement un rendez-vous avec un spécialiste. »

    « Bien trop petite »

    Un vieux pick-up s’est arrêté en grinçant devant l’entrée des urgences de Sétif. A la place du mort, un jeune à la tête bizarrement enflée et sanguinolente attend qu’un médecin puisse l’examiner. Une bagarre qui a mal tourné, précisent ses copains en tongs. Au bout d’un quart d’heure, ils le portent à l’intérieur. « Il n’y avait pas de couteau, rien de très grave, ce n’était pas prioritaire, explique un brancardier dans la salle de garde. Nous n’avons que douze lits d’observation, la structure est bien trop petite, c’est une évidence. » Le week-end d’avant, 21 personnes ont été admises aux urgences le même jour, obligeant les patients à partager les lits.

    « En gynécologie, elles sont parfois à trois, tête bêche, sur un matelas, affirme une infirmière en rougissant. On manque de tout, même de tenues. Ils nous donnent un vêtement à notre arrivée, mais le reste, on l’achète avec notre propre salaire. » Le sien est de 30 000 dinars par mois (220 euros au taux officiel). La soignante dit être marquée par le décès d’un enfant de 3 ans, quelques semaines auparavant : « Il avait été renversé par une voiture. Il fallait le placer sous assistance respiratoire, mais nous n’avions aucun ventilateur clinique, ce n’est quand même pas de la haute technologie, s’emporte-t-elle, en faisant défiler des photos de l’enfant sur ton téléphone. Je ne sais pas si cela aurait pu le sauver, mais par contre je sais que sans appareil, il ne pouvait pas survivre. »
    Célian Macé envoyé spécial à Sétif

    #Algérie #santé #hôpital #médecine

  • LIBYE : DES MIGRANTS VENDUS AUX ENCHÈRES COMME ESCLAVES - NegroNews
    http://negronews.fr/libye-migrants-vendus-aux-encheres-esclaves
    https://www.youtube.com/watch?v=z08zUFaF740

    Un reportage de la chaîne de télévision américaine CNN montre des migrants qui sont vendus lors d’enchères aux esclaves. Sur les images, de jeunes hommes attendent en file indienne de savoir à quel prix ils vont être cédés aux acheteurs qui les entourent.

    La scène a été filmée la nuit, dans un endroit non identifié situé en banlieue de la capitale, Tripoli. Deux hommes sont ensuite vendus en bonne et due forme : « 400 ? 700 ? 800 ? 1200 ? » lance-t-il, en évoquant les prix en dinars libyens. Les tarifs sont très bas. Le prix de base est fixé à 350 dinars libyens, soit 217 euros. Pour convaincre les acheteurs, les organisateurs n’hésitent pas à vanter les qualités des individus mis en vente. « Est-ce quelqu’un a besoin d’un creuseur ? Lui, il creuse, c’est un grand homme fort, il creusera ». Des témoignages de migrants font également état de femmes vendues comme esclaves sexuelles. D’autres témoignages racontent qu’une fois vendus les migrants sont victimes de torture et font l’objet de demande de rançons.

    Il y aurait actuellement 20 000 migrants détenus par les autorités libyennes. Le nombre de ceux détenus par les trafiquants d’esclaves est inconnu.

    • Ok. Donc l’Union européenne finance la Lybie à fond pour qu’elle empêche le peu de migrants décidés à rejoindre l’Europe à passer. On savait que ce financement a pour conséquence d’inciter les autorités à battre, emprisonner, torturer les migrants qui tombent entre leurs mains et de les rapatrier de force même quand ils sont dans les eaux internationales. Maintenant s’ajoute cet esclavage organisé et répandu. C’est donc une nouvelle sorte de commerce triangulaire avec l’Europe dans un rôle un peu différent qu’il y a quelques siècles mais néanmoins tout aussi abject. Mon but n’est pas d’absoudre en quoi que ce soit les Lybiens en cause mais en tant que Français on pourrait peut-être se rendre compte de la responsabilité primaire qui est celle de nos gouvernants : l’implication dans la chute de Khadafi, le chaos qui en a découlé et les financements monstrueux qui ont créé ces situations actuelles de chasse à l’homme et d’esclavage.
      Quand répondront-ils de leurs actes ?

  • L’Union Européenne a ces derniers jours, par un accord avec la Libye, interdit de fait aux ONG (MSF et d’autres) de secourir les migrants qui se noient en Méditerranée .
    http://www.msf.fr/presse/communiques/sauvetages-en-mediterranee-entraves-assistance-humanitaire-vont-creer-vide-aux-c
    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/08/13/msf-suspend-des-activites-de-sauvetage-de-migrants_5171859_3210.html

    L’UE prétendant avoir formé les gardes-côtes libyens au secours en mer, plus personne ne se demande combien d’hommes de femmes et d’enfants sont en trains soit de se noyer soit d’être réduits en esclavage.

    Ici le seul témoignage récent que j’ai trouvé sur ce qui se passe pour ceux qui ne se noient pas :
    http://www.infomigrants.net/fr/post/4596/video-prince-camerounais-quand-les-gardes-cotes-nous-recuperent-en-mer

    #migration #Union-Européenne #Libye #MSF

  • Quand la presse française se laisse piéger par un hoax sur les baignades républicaines en Algérie
    https://francais.rt.com/france/41790-quand-presse-francaise-se-laissee-pieger-hoax-baignades-republica

    Les médias français se passionnent depuis un mois pour les baignades républicaines organisées en Algérie. A tel point qu’ils ont survendu la première d’entre elles, organisée en juillet, avant d’en inventer une seconde... Source : RT en français

    • 1) Déjà le fond est moyen. Chaque action qui fait un buzz sans avoir de base sociale suffisante à votre goût n’est pas un Hoax(1). Je pense que l’article Marianne ci-dessous démonte totalement celui de RT.

      2) RT s’y connais en Hoax(2). Pourquoi relayer ces infos via RT (directement liée au kremlin) et peu crédible ?

      La Contre-propagande c’est une propagande comme les autres. Le mensonge additionner aux mensonges ne fait que renforcer. Seul la vérité est révolutionnaire, comme disait un certain Victor Serge(3).

      Sur ce salut.

      (1)
      https://www.marianne.net/monde/revolution-du-bikini-en-algerie-et-baignade-du-7-aout-non-marianne-n-pas-r

      (2) Voir :
      http://www.stopfake.org/fr/comment-la-chaine-de-television-russia-today-diffuse-t-elle-des-mensonges-

      http://offensivesonore.blogspot.fr/2017/02/les-resaux-du-kremlin-en-france.html

      (3) Je deviens convaincu que si il était vivant aujourd’hui vous auriez sûrement quelques articles staliniens sous le coude à diffuser pour dénoncer ces Hoax(s) sur l’URSS.

    • Il y a surtout les journaux étrangers qui remettent bien les pendules à l’heure : à savoir que ce sont les médias français qui sont massivement tombés dans le panneau, parce que cela convenait à leur « storytelling » et que du coup, ils n’ont pas jugé utile de vérifier l’info.
      Perso, Le Monde n’est plus une source fiable…

      Des "baignades républicaines" en Algérie ? "Un fantasme des médias étrangers, français en particulier"
      http://www.lalibre.be/actu/international/des-baignades-republicaines-en-algerie-un-fantasme-des-medias-etrangers-fran

      Mais ces opérations bikini, « c’est un fantasme des médias étrangers, français en particulier, pour meubler l’été après le feuilleton du burkini » en 2016, a-t-elle expliqué à l’AFP.

    • @mona La question n’est pas d’avoir des aprioris sur tel ou tel presse dite bourgeoise. Il y a une nuance à faire entre « Mariane », « Le Monde » et « Russian Today ». RT et Spuntik sont de véritable organe d’état qui ont pour but d’être viral. Elle utilise d’avantage les réseaux d’extrême droite d’ailleurs.
      L’objet est de savoir :
      1) si l’info est vrai
      2) si cet ce n’est pas un médias indépendant progressiste si l’organe de presse est suffisamment neutre pour le mettre en avant. 1) Je trouve que c’est au mieux du « Piège à clics » 2) Niet

    • Sans entrer dans le débat sur le fond (certainement légitime), je souhaite que tu retires tes propos insultants merci d’avance.

    • http://www.jeuneafrique.com/458754/societe/algerie-veux-me-baigner-bikini-me-baigne-bikini

      Porter un #bikini sur une plage algérienne n’est pas chose facile. Un groupe #Facebook - tenu secret - qui a vu le jour au lendemain de la fin de l’Aïd et rassemble aujourd’hui 3 600 femmes de la ville d’Annaba s’est donné pour mission d’organiser de grandes baignades collectives. Face aux regards appuyés et au harcèlement sexuel et moral, ces Algériennes opposent la force du groupe.

      Chez le voisin, il faut raquer pour poser son cul dans le sable
      http://www.jeuneafrique.com/mag/457227/economie/tunisie-tres-cheres-vacances

      La Tunisie attend environ 6,5 millions de touristes pour l’année 2017, dont 3 millions d’Algériens

      « Avant, on pouvait trouver une place sur une plage publique. Elles étaient même très nombreuses. Aujourd’hui, on ne peut y accéder qu’en louant un parasol et des chaises. Pour quatre personnes, il faut compter 20 dinars [7 euros] par jour. Ajoutez-y le repas et l’essence, qui vient d’augmenter, et la journée de détente revient cher »

    • https://seenthis.net/messages/620974
      Pas moins de onze articles de la presse française et une infos au JT (de France 3), se sont fait l’écho d’une information dont le point de départ a été une obscure « opération » sur Facebook de « lutte contre le bikini » dans les plages de Annaba (Est du pays), suivie d’une « contre-attaque » d’un « groupe secret » sur le même réseau social appelant ses 3200 membres à organiser la « riposte républicaine » en se baignant en bikini.❞
      https://seenthis.net/messages/620955

    • @fil « je souhaite que tu retires tes propos insultants merci d’avance »
      Je suppose que tu parles de moi. Peut-tu être plus clair, car je ne souhaite pas être dans l’invective ou dans l’insulte. Si c’est pour Victor Serge j’aimerais bien retirer ça. Sauf que c’est une intime conviction. Que les railleries qui suivent confirme.

      @biggrizzly

      Le Monde et Marianne sont aux mains d’oligarques. Ils ont sans doute le mérite de ne pas être russes... Quelle différence avec des médias publics en ce qui concerne la production ou non de propagande ?

      Nuance 1 :
      « le mérite de ne pas être russes »
      La Russie est un état autoritaire pas du tout comparable à la France. Si la France était la Russie, Emmanuel Macron et Élise Lucet aurait été assassiné dans l’indifférence général. Alors oui, c’est différent.

      Nuance 2 :

      Le Monde et Marianne sont aux mains d’oligarques

      Selon la définition stricto-sensu « Un oligarque est un membre d’une oligarchie, classe dominante liée au gouvernement d’un pays ».

      Tu ne peux pas comparer un directeur de GazProm nommé par Poutine à Lagardère. (même si je ne nie pas les lien de classe et de connivence. On est bien dans un système différent qui laisse plus de liberté à la presse.)

      Nuance 3 :
      RT est un organe d’influence qui à pour but de déstabilisé la politique française et redorer l’image l’image du Kremlin. Il pourrait être comparé au du soft powers US ou Français (via CNN international et les RFI). Mais la stratégie différente plus agressive plus viral plus « subversive ». C’est pour cela que Meyssant, Soral y passe de temps en temps et le FN très souvent.

      Au risque de passé pour un soc-dem (tiède). L’absence de nuance est un aveuglement dangereux.

    • L’information brute existe-t-elle ? Si oui, qu’elle soit relayée par une raclure capitaliste (ce que sont les russes, entre nous... le temps de Staline est loin...) ou par un lapin aux yeux rouges n’en change pas la nature.

      Qu’un évènement survienne, et qu’il ne nous soit transmis que par RT, et de fait, celui-ci ne mérite pas d’être discuté ?

      Je suis enquiquiné au quotidien de devoir relayer des journaux comme Le Monde ou Le Figaro. Mais comment discuter de ce qu’il se passe, si on ne se base pas sur ces traces écrites ?

      Actuellement, les évènements au Vénézuela ne sont relayés que par les journaux officiels de la vermine capitaliste. On fait comment pour discuter sérieusement de ce qu’il se passe là bas ? C’est un vrai exemple de ce que nous journaux sont incapables de traiter ce sujet avec le moindre recul.

    • Nassima et sa sœur, Karima, ont mis l’une un paréo, l’autre une robe sur leur maillot de bain en sortant de l’eau. « Regardez autour de nous, la plupart sont des hommes. Si on s’allonge en maillot, on va se faire harceler, affirme Karima. Il paraît qu’à Annaba, elles font la révolution ! » Les deux sœurs, plutôt francophones, regardent les chaînes de télévision françaises grâce à un décodeur piraté. Certaines, dans la foulée de l’hebdomadaire Marianne, ont évoqué l’initiative d’un groupe de jeunes femmes sur Facebook et parlé de « révolte du bikini » avec près de 3 000 baigneuses (un chiffre démenti depuis). Nassima et sa sœur ont trouvé cela courageux. Lorsqu’on explique qu’il s’agit en fait d’une trentaine de femmes qui se donnent rendez-vous via le réseau social, Nassima rit : « Ah mais c’est comme quand on va à la plage entre copines le week-end ! On se sert de Facebook, c’est plus simple. »

      http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/08/10/en-algerie-de-toute-facon-on-n-a-que-la-plage_5170972_3212.html

      Actuellement, les évènements au Vénézuela ne sont relayés que par les journaux officiels de la vermine capitaliste. On fait comment pour discuter sérieusement de ce qu’il se passe là bas ? C’est un vrai exemple de ce que nous journaux sont incapables de traiter ce sujet avec le moindre recul.

      @biggrizzly ces jours-ci, ceci sur seenthis.
      https://seenthis.net/messages/621303
      https://seenthis.net/messages/620577
      https://seenthis.net/messages/620336
      Et l’Huma en parle régulièrement, seul quotidien national dont le capital n’est pas contrôlée par de grands groupes privés. Par de la « vermine communiste » peut-être !
      perso je préfère.
      https://www.humanite.fr/mot-cle/venezuela

    • @biggrizzly

      Le temps de Staline est loin...

      Certes, mais le pays y retourne petit à petit.

      Exemple la méthode de RT est vielle.
      C’est de semé le doute sur la crédibilité de la presse européenne ; en sous-titre c’est :
      1/ On ment mais comme vous
      2/ Vous mentez, surtout quand vous dites que l’on ment

      Résultat sur les personnes influencés : « dans le doute je m’abstiens. » ou « c’est vraiment trop compliqué ». Bingo !

      Cet méthode est très efficace dans nos milieux.
      Aucun article de fond sur le sujet n’est passé sur rezo.net sur l’Ukraine.
      Par contre pas mal d’article sourcé de RT.

      Taper ’Ukraine’ vous tomberez sur un seul article :
      – « Elle » a interviewé une militante néo-nazie

      D’un cotée on délégitime/relativise les valeurs de nos médias et de l’autre on renforce leurs crédibilités. Ce choix est loin d’être sans importance.

      Il semble que valeur les paroles de RT sont plus fiable d’autre sites comme :
      http://collectifkoltchenko.blogspot.fr
      https://avtonom.org/en

      Ou encore :
      http://www.stopfake.org/fr/accueil

      L’équipe de Démosphere Paris défend mordicus ’les ennemis des mes ennemis sont inatacable’.
      Pour eux aucune manifestation sur le sujet de la Russie (ou critique de l’Islam, l’Iran, Syrie, Tibet, Chine) ne doit être annoncé.

      https://paris.demosphere.eu/charte

      Sujets particuliers - sensibles

      Démosphère est un agenda alternatif. Nous évitons de publier des rendez-vous critiques à l’égard « d’ennemis officiels » désignés par les pouvoirs et les médias... même si, dans certains cas, certains éléments de ces critiques peuvent sembler légitimes.

      En particulier, sur la thématique « international », nous privilégions les rendez-vous centrés sur une critique des intérêts des classes dirigeantes françaises et de leurs alliés.

      Voici quelques sujets sensibles qui nous semblent rentrer dans ce cadre :

      Iran : l’Iran est un ennemi désigné de la politique étrangère occidentale et fait face à des menaces militaires graves. Une guerre aurait des conséquences désastreuse pour toute la population. Les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, ont investi des sommes considérables dans sa déstabilisation politique. Nous n’avons aucune sympathie pour le régime en place et condamnons ses politiques répressives. Mais nous ne publions pas de rendez-vous sur l’Iran s’ils ne se sont pas centrés sur une critique de cette politique étrangère occidentale et des menaces d’agression militaire.

      Syrie : notre politique éditoriale est similaire à celle tenue pour l’Iran (voir ci-dessus).
      Nous publions les rendez-vous concernant la situation en Syrie lorsqu’ils :
      1) dénoncent clairement et explicitement l’état policier Syrien et ses politiques répressives
      2) sont centrés sur une critique de la politique menée par l’État français et ses alliés
      3) dénoncent clairement et explicitement toute ingérence et menace d’intervention militaire étrangère

      Islam / Voile : Nous vivons dans un grave climat de xénophobie et de racisme, entretenu par le pouvoir et les médias. Nous ne publierons pas de rendez-vous critiques de l’Islam, s’ils ne se sont pas centrés sur une remise en cause de ce climat xénophobe.

      Tibet : Voir l’article de Michael Parenti "Friendly feudalism - the Tibet myth"

      Les rendez-vous concernant la Chine et la Russie rentrent aussi dans ce cadre.

      Psychiatrie : nous avons d’importants désaccords avec la psychanalyse, qui est le paradigme dominant en France. Sauf exceptions, nous ne publions pas de rendez-vous de cette thématique.

  • FCE ou quand l’UGTA Fait Comme Eux ! - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/08/fce-ou-quand-l-ugta-fait-comme-eux.html

    Pauvre Aïssat Idir, toi cofondateur de l’UGTA pour laquelle, entre autres, tu as été torturé, brûlé et assassiné à petit feu parce que tu voulais que l’Algérie vive et devienne indépendante où les droits de ses travailleurs seront défendus et préservés par des hommes à ton image...Que de sang a coulé depuis ce 26/02/1956 qui vit naître l’UGTA, la fierté de ton parcours de militant, de résistant clos par ton martyr en ce triste mois de juillet 1959...
    Hélas oui Aïssat Idir, l’UGTA n’est plus que l’ombre d’elle-même, pire, n’est plus que l’ombre de son propre fantôme, mort-vivante qu’elle est !
    Elle est possédée et non présidée par des croque-morts, rapaces de leur état et de l’état, qui s’empiffrent sur sa carcasse en la mesurant constamment sous toutes ses coutures non pour la mettre en bière mais pour voir combien ils peuvent en tirer de ses dimensions pour les utiliser à leurs profits strictement perso.
    Le secrétaire général de L’UGTA, principale centrale syndicale pour ne pas dire mastodonte parce qu’un éléphant ça trompe énormément, qui prend fait et cause pour le patron des patrons, une première qui ne peut être qu’algérienne…Ah, ces pachydermes, ils ont cet art, avec leurs trompes, de tromper tout le monde, la preuve, non seulement ils étanchent leurs soifs avec, ils se permettent même de s’arroser entièrement jusqu’aux tréfonds de leurs âmes, à boire et à manger, en veux-tu, en voilà, bains, douches, saunas, hôtels, bars, restaurants, voitures, voyages, villas, terrains, commerces, comptes en banque plus gros que le budget annuel de la sécurité sociale avec en prime, comme une cerise sur un gâteau, la bistouquette sur un mont de vénus et tout cela, au frais de la princesse qu’est l’Algérie !
    Au moment où des travailleurs sont sous payés, brimés et où un droit ne s’obtient qu’en l’achetant sous une forme ou une autre, où des jeunes qu’on fait travailler au noir pour 400 dinars la journée autrement dit pour une misère qui s’acolyte à la pauvreté ambiante, terreaux privilégié des intégristes religieux, pour entretenir l’opulence des patrons, voilà uoi que ?) qui retrouve, comme par enchantement tel un retour d’ascenseur, toute sa verve pour suivre à la queue leu leu le patron des patrons à qui l’état demande des comptes sur des contrats non honorés voire plus ! n secrétaire générale du syndicalisme algérien qui n’en a cure, à longueur d’année, des travailleurs qui l’ont élu (quoi que ?) qui retrouve, comme par enchantement tel un retour d’ascenseur, toute sa verve pour suivre à la queue leu leu le patron des patrons à qui l’état demande des comptes sur des contrats non honorés voire plus !

    Je m’interroge franchement sur le mobile de cette démarche ?
    1/ Qu’un syndicaliste défende et préserve les droits d’un travailleur est tout à fait honorable et louable…
    2/ Qu’un syndicaliste exige que les normes de sécurité dans les lieux de travail soient respectées est respectable…
    3/ Qu’un syndicaliste organise une marche ou une grève quand les emplois des travailleurs sont menacés est compréhensible...
    4/ Qu’un syndicaliste déclenche une manifestation pour négocier l’âge de départ à la retraite est normal…
    Mais quel est l’intérêt d’un syndicaliste d’être à la botte du patron des patrons ?
    Surtout qu’il est notoirement connu que ce patron s’est enrichi de manière opaque en un laps de temps sidéral avec d’énormes biens et possessions dans le pays comme à l’étranger...
    En quoi cela concerne un syndicaliste que l’état demande des comptes à un citoyen homme d’affaires richissime ?
    En quoi cela concerne un syndicaliste qu’un premier ministre refuse la présence de ce même homme d’affaires richissime en un lieu donné ? 
    De quel droit un syndicaliste signe une déclaration se terminant par la non reconnaissance des institutions de l’état en l’occurrence un premier ministre ne faisant allégeance qu’au président de la république ?
    L’Algérie est-elle devenue une monarchie ?
    D’après les rumeurs, ENI de Abdelwahab Rahim et BTPH d’Abdelmadjid Dennouni nient avoir signé cette cabale sous forme de déclaration contre le premier ministre Algérien…Si tel était le cas, on serait devant une démarche machiavélique de la part de certains dont l’ego n’a plus de dimensions…Mastodontes, pachydermes que je vous disais !
    A ma connaissance, faux et usage de faux, faux en écriture, usurpation d’identité d’un tiers sont des délits assez conséquents pour montrer à certains le chemin menant au cimetière des éléphants…Bien qu’un véritable éléphant, sachant sa fin proche, y va tout seul…
    J’avoue que je ne comprends pas la démarche !
    Si vous avez une idée, merci de m’éclairer parce que ma bougie étouffe sous le poids des questions.
    Et à propos de poids, ce richissime homme d’affaire semble peser lourdement sur les décisions de ceux qui sont sensés défendre les intérêts des travailleurs qu’il exploite !
    Parfois, il n’est pas prudent d’avoir une barbichette dorée parce qu’on risque de se faire prendre par-là et plus bas encore si affinité profonde et intime y a…Et à ne pas en douter, il y a, rien qu’à voir cette solidarité, l’un dans l’autre et je m’en vais te la signer ta cabale, pour une fois que c’est moi qui signe comme qui dirait Céline ! 
    Heureux Aïssat Idir qui n’a pas vu toute cette mascarade car L’UGTA n’est plus ce qu’elle était...
    Certains veulent remplacer le français par l’anglais et là c’est pire parce que l’acronyme UGTA risquerait (au conditionnel, pour ceux qui vont crier au loup oubliant les étrons pachydermiques dans lesquels ils y sont), de signifier dans la langue de Shakespeare « UnderGround Thieves Association » !
    Avec mes amitiés et mon respect à tous les travailleurs Algériens qui, j’espère, auraient un jour des représentants qui sauront défendre avec abnégation leurs droits et qui seront à l’image des idéaux du martyr AÎSSAT IDIR !
    Gloire à nos martyrs et Vive l’Algérie 
    http://www.monjournal-dz.com

  • Serbie : « La grève à l’usine Fiat de #Kragujevac est un nouveau type de combat »

    Ils réclamaient que le salaire moyen dans l’entreprise passe de 38 000 dinars (environ 315 euros) à 45 000 dinars (375 euros). Les ouvriers de l’usine Fiat à Kragujevac ont interrompu la semaine dernière une longue grève commencée le 27 juin. Retour sur ce mouvement social avec l’historien et économiste Goran Musić.


    https://www.courrierdesbalkans.fr/Goran-Music-La-greve-a-l-usine-Fiat-de-Kragujevac-est-un-nouveau-

    #grève #Fiat #travail #Serbie #industrie_automobile
    cc @albertocampiphoto

  • L’ergonomie, indispensable à l’adoption massive du libre - Matthias Dugué - Luc Chaffard | April
    https://www.april.org/l-ergonomie-indispensable-l-adoption-massive-du-libre-matthias-dugue-luc-chaf

    En gros, l’un des principaux soucis, c’est qu’il y a un vrai manque de dialogue, un vrai manque de confiance entre les différents acteurs du projet. Quand vous développez une interface en tant que dev et que avez imaginé votre produit, vous, vous savez très bien où vous voulez aller donc, pour vous, c’est limpide. Ça ne le sera pas forcément pour l’essentiel des gens. Donc il faut collaborer avec des gens qui sont capables de vous apporter du savoir-faire, vous apporter de l’expérience, de l’expertise - des ergonomes, par exemple, des designers, entre autres - mais ça veut dire qu’il va falloir faire confiance à ces gens-là, il va falloir travailler avec ces gens-là et pas contre ces gens-là.

    Le problème, c’est qu’on est dans une espèce de relation qu’on a nommée assez aimablement une relation « égosexuelle », je nomme le « aimablement » quand même, parce que, très vite, on en vient à faire de l’entre-soi. On fait un produit, on l’a pensé pour nous, on l’aime bien, c’est notre bébé, on l’a vachement pensé, on le raisonne énormément. C’est super ! Pas très inclusif, mais c‘est super ! Donc l’enjeu c’est d’apprendre à vivre ensemble, c’est d’apprendre…

    #opensource #libre #ergonomie #ux #design #ui