• #Wikipédia, #démocratie_rhétorique

    Depuis quelques années, des discussions ont lieu dans la version francophone de Wikipédia pour essayer d’aboutir à des conventions de styles relatives à la #transidentité, comme dans la version anglophone. Début 2024, un #sondage interne à Wikipédia a été ouvert à propos de la mention du nom de naissance pour les personnes trans. Ce sondage a suscité presque immédiatement la #polémique. L’affaire a été beaucoup discutée sur Mastodon et s’est retrouvée dans la presse.

    Jusque-là, mon rapport à Wikipédia était assez banal : consultation fréquente (plusieurs fois par semaines, voire par jour) mais pas de contribution. Il faut dire que j’avais retenu la leçon vécue par Marc Jahjah : il vaut mieux s’être bien renseigné sur le fonctionnement de Wikipédia avant de contribuer, car c’est rempli de patrouilleurs indélicats. Et pour présenter rapidement Wikipédia en cours, une compréhension de surface suffit.

    Arrive cette controverse sur le nom des personnes trans. Parce que je connais quelques universitaires impliqués dans les débats, j’ai commencé à parcourir les pages de discussion, par curiosité. Et parce qu’il est indispensable de se renseigner sur le fonctionnement de Wikipédia pour décoder ces discussions, notamment tous les sigles employés, je me suis mis à parcourir toutes les pages qui décrivent le projet Wikipédia, notamment sa hiérarchie des #normes (#principes_fondateurs, #règles et #recommandations).

    Dans la foulée, quelques personnes ont publié des analyses : « contradiction entre volonté de #transparence et d’#entre-soi »  ; « désillusion de l’#intelligence_collective »… c’est là que les roues se sont mises à tourner à toute vitesse dans ma tête.

    Attention : ce qui suit, ce sont mes élucubrations personnelles. Si je les partage, c’est parce qu’elle ne recoupent pas ce que j’ai pu lire ailleurs. Coïncidence, ces jours-ci sort un livre de Sana Boussetat intitulé La formule Wikipédia . Je vois dans la table des matières que quelques pages portent sur le débat participatif et la gestion des conflits, il va en être question dans ce billet… En m’exprimant sur un sujet qui n’est pas ma spécialité, je risque un peu la sortie de piste, donc je préfère le signaler dès ici. Si besoin, je mettrai mon billet à jour.

    #Communs

    Wikipédia fait partie des #biens_communs, plus spécifiquement de la catégorie des #biens_communs_informationnels, ou #communs_de_la_connaissance. Quand on parle de « #communs » tout court, on entend généralement des espaces « collectivement construits et administrés ».

    Wikipédia fait le pari de l’intelligence collective. Or Tam Kien Duong résume justement la controverse actuelle comme une « désillusion de l’intelligence collective ». Pour qu’il y ait #désillusion, il faut qu’il y ait illusion. Alors voici une hypothèse : on a pensé que les communs de la connaissance seraient vertueux par essence.

    #Utopie :

    « Le fruit des rencontres entre les biens et les personnes peut être aussi bien positif que négatif ou quelque part entre les deux. Dans l’arène intellectuelle, le concept des biens communs est souvent brandi comme un étendard synonyme de liberté d’expression, d’accès libre et universel, et d’autogestion […] Cela peut être constructif, d’ailleurs cela donne souvent de l’élan aux actions collectives autour des communs. Mais un commun n’est pas chargé de valeurs. Son impact peut être bon ou mauvais, durable ou non ».

    Les effets produits par les communs de la connaissance dépendent donc de la manière dont ils sont collectivement construits et administrés.

    Comme pour chaque autre catégorie de biens communs, concevoir des communs de la connaissance implique des difficultés spécifiques. Et dans le cas de Wikipédia, il y en a une qui s’est avérée particulièrement aiguë : la tension entre l’idée d’une encyclopédie qui doit être une source de savoir contrôlé, et le principe d’une encyclopédie ouverte, dont tout le monde peut parler, que tout le monde peut rejoindre.
    Démocratie

    Quand on utilise le nom « Wikipédia », on peut désigner l’encyclopédie mais aussi l’organisation qui produit cette encyclopédie. La nature de l’encyclopédie est clairement expliquée sur la page Wikipédia est une encyclopédie : c’est une collection d’articles qui présentent chacun une synthèse des connaissances sur un sujet. En revanche, la nature de l’organisation est un peu moins simple à appréhender.

    La page Principes fondateurs définit dans les grandes lignes « Wikipédia et les conditions de son élaboration ». Elle parle aussi d’un « projet collaboratif ». La page Ce que Wikipédia n’est pas mentionne une « communauté ». Pour mieux cerner cette organisation, il faut donc creuser. On découvrira progressivement que le fonctionnement de Wikipédia est organisé suivant une hiérarchie des normes :

    - principes fondateurs (fondement intangible)  ;
    - règles (issues d’une prise de décision, c’est-à-dire d’un vote)  ;
    - recommandations (élaborées par consensus)  ;
    - essais (propositions relatives au fonctionnement de l’encyclopédie).

    Comment qualifier ce fonctionnement  ? Démocratique  ? Bureaucratique  ? Si on en croit Wikipédia, ni l’un ni l’autre. D’abord, ce ne serait pas « un projet politique » :

    « La communauté s’est dotée de certaines règles, mais il ne faut pas perdre de vue qu’elles n’existent que pour le but auquel la communauté aspire : construire une encyclopédie de qualité. Par extension, Wikipédia n’est ni une démocratie, ni une dictature, ni une anarchie, ou toute autre tentative de réalisation d’un projet politique quelconque. »

    Ce passage a de quoi étonner. Le terme « démocratie » est ramené à une définition historique – « tentative de réalisation d’un projet politique » –, ce qui permet d’affirmer ensuite que Wikipédia ne correspond pas à la définition. Or cette dernière est contestable. On peut arguer du fait que la démocratie n’est pas un processus historique mais sociologique : Raymond Aron par exemple définit la démocratie comme l’organisation pacifique de la compétition pour le pouvoir, et cela s’applique très bien à Wikipédia.

    #Consensus

    Wikipédia a donc un fonctionnement démocratique, que Dominique Cardon résume ainsi : « Wikipédia possède une sorte de Constitution, dont les principes, les règles et les recommandations permettent de trancher en cas de litige ». Concrètement, il y a du vote à certains niveaux mais pas partout : le mécanisme central est en fait le consensus. Celui-ci repose sur les règles suivantes :

    - il y a toujours un consensus pré-établi, qu’il soit tacite ou manifeste  ;
    – si vous voulez modifier quelque chose, « cherchez une modification judicieuse mariant les idées de chacun »  ;
    – si vous êtes en désaccord, « trouvez un compromis »  ;
    – si le désaccord persiste, on revient au consensus précédent.

    Le consensus est un processus dialectique : on exprime des avis  ; on interprète l’ensemble de ces avis  ; on exprime des accords ou désaccords à propos de cette interprétation. Or ce processus n’a qu’un ensemble limité de règles, qui se concentrent sur la mise en forme, la politesse et la traçabilité. Il n’y a pas de règlement politique du consensus. Et pour moi, une dialectique sans règles politiques dégénère immédiatement en rhétorique.
    Bureaucratie

    Wikipédia est parfois qualifiée de bureaucratie. L’encyclopédie elle-même affirme ressembler à une bureaucratie mais ne pas en être une :

    « Bien que Wikipédia rassemble de nombreux éléments d’une bureaucratie, elle n’est pas régie par les lois : ce n’est pas un organisme quasi-judiciaire, et les règles ne sont pas le but final de la communauté. Bien que certaines règles puissent être appliquées, les règles écrites ne fixent pas l’usage accepté. Elles se contentent plutôt de documenter les consensus communautaires existants concernant ce qui doit être accepté et ce qui doit être rejeté. »

    On retrouve le même problème qu’avec « démocratie » : le terme est défini de manière très spécifique pour pouvoir dire ensuite que Wikipédia ne correspond pas à la définition. Pour moi, l’affirmation ci-dessus ne permet pas de dire que Wikipédia n’est pas une bureaucratie, circulez, y’a rien à voir. Tout ce qu’elle fait, c’est déplacer le centre de gravité du fonctionnement bureaucratique vers le consensus, qui est un processus tout à fait formalisé – il est même représenté sous la forme d’un schéma décisionnel.

    Sachant qu’on revient toujours au consensus précédent si un nouveau consensus ne peut pas être trouvé, le système tend au statu quo, en raison d’un paradoxe empirique : un consensus peut s’obtenir très facilement (soit parce qu’il est tacite, soit parce qu’il est produit par une toute petite poignée de contributeurs) mais un nouveau consensus peut être très difficile à obtenir, parce qu’il implique un dilemme social (la remise en question d’un consensus) et que le dépassement de ce dilemme génère une friction énorme.

    En effet, et contrairement à l’un des principes essentiels de conception des communs – créer des mécanismes de résolution des conflits dont le coût soit peu élevé –, l’élaboration du consensus sur Wikipédia contient plusieurs sources de frictions majeures.

    Il y a d’abord ce parasitage de la dialectique par la rhétorique, que j’ai évoqué un peu plus tôt. Certaines personnes le dénoncent parfois, en accusant des contributeurs favorables au statu quo d’étirer les discussions à dessein pour épuiser leurs contradicteurs, qui finissent par jeter l’éponge. Selon moi, Wikipédia souffre ici d’un déficit de régulation. Dans l’espace public politique, il n’y a pas que les suffrages qui soient réglementés : la parole l’est aussi. Ce n’est pas pour rien que l’Assemblée nationale fonctionne avec des temps de parole et un agenda. Une discussion sans limite de temps ou de signes, sans contrainte basée sur la représentativité des interlocuteurs, c’est une discussion qui favorise naturellement les esprits procéduriers et vétilleux.

    Il y a ensuite l’effet « aiguille dans une botte de foin » : un sujet passe facilement sous les radars, du fait de l’immensité de l’encyclopédie. Les personnes qui pourraient y contribuer utilement ne sont donc pas forcément au courant, malgré des mécanismes comme le Bistro – la page d’actualités quotidienne de Wikipédia en français.

    Autre source de frictions, la prime à l’ancienneté : considérer que ceux qui contribuent suffisamment et régulièrement à Wikipédia sont plus légitimes que les autres pour décider de son fonctionnement. Cette idée a un versant positif, aligné avec la notion de biens communs en général : les communs doivent être administrés par la communauté concernée. Mais elle a aussi un versant négatif, quand on conçoit cette communauté comme structurée en cercles concentriques hermétiques. Pour réduire la tension entre l’envie d’ouvrir l’encyclopédie et la nécessité de protéger son fonctionnement interne, les contributeurs utilisent par exemple des critères de participation aux sondages (nombre de contributions total, nombre de contributions récentes). Ceci permet de se protéger de manœuvres visant à détourner le projet encyclopédique en faveur d’intérêts particuliers. Mais cela empêche aussi des groupes de voir leurs intérêts représentés dans le processus, ce qui les repousse vers des mécanismes externes de résolution des conflits, comme les systèmes médiatique et judiciaire.

    Certaines recommandations de Wikipédia comme Ne mordez pas les nouveaux visent à éviter la discrimination envers les novices  ; j’ai mentionné en introduction le cas de Marc Jahjah, eh bien le contributeur qui l’avait si mal accueilli a été sanctionné. La prime à l’ancienneté est une forme plus subtile de cette même logique, qui permet paradoxalement de reconstituer des enclosures à l’intérieur du bien commun.

    Ces différents phénomènes compliquent la résolution des conflits les plus difficiles. Et à cela viennent s’ajouter deux notions qui m’ont l’air de causer beaucoup de problèmes : la neutralité et la bonne foi.

    #Neutralité

    L’un des #Principes_fondateurs de Wikipédia est la Neutralité de point de vue. Il ne s’agit pas de faire émerger un « point de vue neutre » mais de restituer la pluralité des points de vue de manière neutre, c’est-à-dire de manière équitable, en contextualisant les différents points de vue, et en citant des sources.

    La neutralité pose des difficultés car son sens dérive vite. Sur la page de discussion du fameux sondage, on peut lire plusieurs commentaires qui opposent « la communauté Wikipédia » à des « communautés militantes », qui ne seraient pas « neutres ». C’est oublier que la neutralité de Wikipédia n’est pas la recherche d’un point de vue neutre mais d’une pluralité de points de vue. C’est surtout croire qu’il existerait une séparation magique entre une communauté Wikipédia qui serait non militante et des communautés extérieures militantes.

    Militer consiste à « agir pour faire reconnaître et triompher ses idées » (source : TLF). Sachant que la frontière qui séparerait Wikipédia du reste de la société n’existe en fait pas, il est inévitable que des personnes militantes s’impliquent sur Wikipédia. Si une personne militante agit en opposition au principe de neutralité, par exemple en effaçant les idées contraires aux siennes, ses modifications (qui peuvent s’apparenter à du vandalisme) seront retoquées. Mais si elle respecte les règles de Wikipédia, par exemple en faisant représenter ses idées aux côtés d’idées antagonistes, alors son militantisme n’est pas un danger pour Wikipédia. De fait, nombre de contributeurs sur Wikipédia sont « militants » de quelque chose et l’encyclopédie s’en porte très bien.

    Qualifier les militants de « non neutres », c’est donc confondre les actions concrètes de personnes militantes et leurs objectifs supposés, c’est-à-dire leur faire un procès d’intention. Et c’est ici qu’intervient l’hypocrisie de la « bonne foi ».

    #Bonne_foi

    Supposez la bonne foi est une recommandation importante dans Wikipédia. Elle implique deux choses :

    « Quand vous pouvez supposer raisonnablement qu’une erreur faite par quelqu’un est née d’une bonne intention pour atteindre les objectifs du projet, corrigez-la sans la critiquer. »

    « Quand vous n’êtes pas d’accord avec quelqu’un, rappelez-vous qu’il est probable qu’il souhaite et croit sincèrement contribuer à Wikipédia. »

    La bonne foi est ainsi définie comme le souhait sincère de faire progresser l’encyclopédie, de ne pas la dégrader ni lui nuire. En d’autres termes, cela consiste à respecter les principes fondateurs, et notamment le deuxième – la neutralité de point de vue.

    Que la bonne foi existe chez certains, c’est une certitude. En revanche, la présomption systématique de bonne foi me semble constituer un principe naïf, ce que Frédéric Lordon appellerait une « anthropologie enchantée ». Présumer la bonne foi n’implique pas que les gens soient réellement de bonne foi. Et au risque d’enfoncer des portes ouvertes, rien ne permet de présumer que la communauté Wikipédia est constituée exclusivement de gens parfaitement informés et toujours bienveillants : tout indique au contraire qu’elle peut être un haut lieu d’ignorance et d’intolérance, et qu’en cela elle s’inscrit malheureusement assez bien dans l’histoire de l’encyclopédisme et de l’organisation des connaissances.

    Dans la discussion à propos du fameux sondage, il y a quelques personnes qui me semblent d’une mauvaise foi crasse, évidente, assumée  ; des personnes dont tout le monde peut voir qu’elles utilisent sciemment les règles pour orienter le cours des choses dans le sens qu’elles veulent. « Mais non, pensez-vous, je ne fais que m’en tenir aux principes de notre encyclopédie. » Il suffit de lire leur page utilisateur pour découvrir une adhésion revendiquée à des écoles de pensée et des familles idéologiques. L’hypocrisie dont je parlais est là : dire qu’il faut présumer de la bonne foi, se récrier face à toute accusation de parti pris idéologique, et faire des procès d’intention à ceux qui s’opposent à nous.

    Cela va donc sembler un peu violent, surtout pour les personnes attachées à ce principe, mais je crois que la présomption de bonne foi est à la fois une friction et une fiction. C’est un piètre paravent, qui empêche de forcer tout un chacun à jouer cartes sur table dans la résolution des conflits. Elle grippe l’élaboration du consensus. Elle aiguise la duplicité de ceux qui masquent leurs intentions tout en dénonçant celles des autres. Elle permet à certains de jouir d’un pouvoir légitimé par des règles qu’il est très difficile de faire évoluer, par inertie ou effet de majorité  ; des gens qui feront tout pour écœurer les personnes opposées à la reconduction de l’existant, et qui n’hésiteront pas à affirmer ensuite que ce sont ces opposants qui ont déserté (comme on peut le lire dans le Bistro du 6 mars).

    À ce stade de l’écriture, je fais une pause pour boire un verre d’eau et me calmer un peu afin de finir sur une note un peu plus maîtrisée. Pas simple car en lisant des pages de discussion Wikipédia, on attrape vite un syndrôme d’exaspération par procuration.

    #Information

    Suite au sondage, la controverse a fait tache d’huile et atteint désormais de nombreuses pages de discussion, comme celle d’Elliot Page, Chelsea Manning ou encore Laverne Cox. Certaines personnes questionnent le choix des informations données, leur forme, leur place. D’autres résistent, avec plus ou moins de… bonne foi.

    Le désaccord porte sur la tension entre la volonté d’informer et celle de « ne pas nuire », cette dernière faisant partie des recommandations de Wikipédia concernant les Biographies de personnes vivantes. J’ai dit que Wikipédia est une encyclopédie et une organisation, il manquait donc un troisème élément : le lectorat. C’est essentiel car la controverse porte sur l’acte d’informer, qui est la fonction de l’encyclopédie. La neutralité de point de vue, par exemple, est pensée non pas pour elle-même mais pour le bénéfice des lecteurs.

    Or, et c’est une autre difficulté intrinsèque à l’usage du mot « neutralité », certains sur Wikipédia croient qu’il est possible d’informer de manière neutre. Il y aurait une équivalence entre respecter la pluralité des points de vue et informer le lectorat de façon neutre. Voilà qui sonne à mes oreilles comme une résurgence du modèle de la communication chez Shannon : un tuyau qu’on optimise jusqu’à ce que le bruit disparaisse. C’est impossible : informer/s’informer, c’est un processus communicationnel qui implique réception et feedback. C’est toujours situé, toujours soumis à diverses subjectivités, toujours parasité – jamais neutre.

    Si je devais le dire avec d’autres concepts d’info-com, je dirais qu’il y a une poussée ces jours-ci sur Wikipédia pour tenir compte de l’expérience informationnelle des personnes documentées dans l’encyclopédie. C’est un rejet de la tyrannie de la majorité, version encyclopédique. Et je dirais aussi que cela relève d’une chose plus générale : la volonté de tenir compte des valeurs portées par les processus/systèmes d’organisation des connaissances et des effets qu’ils produisent – ce que Birger Hjørland appelle une épistémologie « pragmatique » de l’organisation des connaissances. C’est ce courant de pensée qui produit aujourd’hui des recherches sur l’invisibilisation de certains groupes sociaux dans les archives et les encyclopédies, par exemple.

    #Universalisme

    Dans le fonctionnement de Wikipédia, les dilemmes sociaux qui ne peuvent être tranchés débouchent sur des compromis. Il n’y a pas d’autre issue au dissensus que le consensus. Pourquoi  ? Parce que Wikipédia est conçu pour afficher toujours le même contenu pour chaque lecteur.

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire deux sections qui présentent des idées contradictoires. Mais on ne peut pas lire deux articles différents sur le même sujet, qui développent chacun leur lecture de ces contradictions. C’est le principal grief envers Wikipédia de mon co-directeur de thèse, l’historien Bertrand Müller, qui travaille sur le développement d’encyclopédies documentaires numériques capables de représenter le dissensus d’une autre manière. C’est en discutant de ce genre de chose que je me suis mis à faire des fiches de la forme « Concept (Auteur) » pour documenter des variantes de concepts par auteurs, et qu’à la fin on s’est retrouvés avec Cosma.

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire qu’une personne stylise son nom d’une certaine manière, tout en minuscules par exemple. Mais on ne peut pas cocher une option qui permette d’afficher l’article dans cette convention de style. Il en résulte des bizarreries : on a un article « bell hooks » mais un article « Danah Boyd ».

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire qu’une personne souffre de voir certaines informations divulguées, comme un nom de naissance. Mais on ne peut pas lire une version de cet article où ce nom est caché par défaut. Cela ne concerne pas que des personnes ayant fait une transition mais aussi des artistes dont le nom d’origine fuite et se retrouve relayé par Wikipédia (j’ai un exemple en tête mais par politesse je ne le citerai pas).

    Bref, Wikipédia est à la fois très innovante et pas innovante du tout. En tant qu’organisation éditoriale, c’est une nouveauté (et une réussite) indéniable. Le modèle encyclopédique, lui, est beaucoup plus classique, surtout au regard de ce qu’on pourrait faire avec le Web, les ontologies, le balisage sémantique… À quand Wikipédia multiformats  ?

    –-

    Pour clore ce billet bien trop long, je tiens à exprimer un petit message de soutien (sans les nommer) aux collègues qui s’investissent dans Wikipédia. Ils et elles se reconnaîtront. J’admire leur courage et leur patience. Si j’ai qualifié Wikipédia de démocratie rhétorique, disserté sur l’illusion de la présomption de bonne foi et les confusions autour de la neutralité, imaginé des rebonds parmi les concepts de ma discipline, eh bien c’est d’abord parce qu’il y a des collègues qui travaillent dur en première ligne et qui font connaître leurs efforts. Alors on s’y intéresse, on découvre de nouvelles choses, on élabore ses propres idées. Mais surtout l’enjeu c’est de propager l’idée centrale des communs : l’auto-organisation des personnes concernées. Au-delà des éléments précis abordés dans ce billet, c’est surtout cette idée-là qui me semble importante et intéressante.
    Bibliographie
    Bruce, Davis, Hughes, Partridge et Stoodley (dir.). Information experience : approaches to theory and practice. Emerald, 2014. 978-1-78350-815-0.
    Buckland, Michael. « Information as thing ». Journal of the American Society for Information Science. 1991, Vol. 42, n° 5, p. 351‑360. https://doi.org/10.1002/(SICI)1097-4571(199106)42:5<351::AID-ASI5>3.0.CO;2-3.
    Cardon, Dominique. Culture numérique. Presses de Sciences Po, 2019. Les petites humanités. 978-2-7246-2365-9.
    Gorichanaz, Tim. « Information and experience, a dialogue ». Journal of Documentation. 2017, Vol. 73, n° 3, p. 500‑508. https://doi.org/10.1108/JD-09-2016-0114.
    Hess et Ostrom (dir.). Understanding knowledge as a commons : from theory to practice. MIT Press, 2007. 978-0-262-08357-7.
    Hjørland, Birger. « Classification ». Knowledge Organization. 2017, Vol. 44, n° 2, p. 97‑128. https://doi.org/10.5771/0943-7444-2017-2-97.
    Lévy, Pierre. L’intelligence collective : pour une anthropologie du cyberspace. La Découverte, 1997. 978-2-7071-2693-1.
    Merzeau, Louise. « De la communication aux communs ». InterCDI. 2016, n° 261, p. 29‑30. http://www.intercdi.org/de-la-communication-aux-communs.
    Shannon, Claude E. « A Mathematical Theory of Communication ». Bell System Technical Journal. 1948, Vol. 27, n° 3, p. 379‑423. https://doi.org/10.1002/j.1538-7305.1948.tb01338.x.
    Wiener, Norbert. Cybernétique et société : l’usage humain des êtres humains. Trad. par Ronan Le Roux et Pierre Yves Mistoulon. Seuil, 2014 [1954]. 978-2-7578-4278-2.
    Wiener, Norbert. La cybernétique : information et régulation dans le vivant et la machine. Trad. par Ronan Le Roux, Robert Vallée et Nicole Vallée-Levi. Éditions du Seuil, 2014 [1948]. 978-2-02-109420-6.

    https://www.arthurperret.fr/blog/2024-03-08-wikipedia-democratie-rhetorique.html

    • #Sana_Boussetat, La Formule Wikipédia

      À l’heure où Wikipédia est entrée dans sa deuxième décennie et où les générations nées après les années 2000 n’auront pas connu d’avant Wikipédia, cet ouvrage propose de revenir sur l’œuvre qui est parvenue à dépoussiérer la norme et les usages bien pensés d’une tradition séculaire. Désormais, il est indéniable que l’avènement de Wikipédia a permis de franchir un cap vers une ère nouvelle où la connaissance et l’information ne s’écrivent plus exclusivement entre experts mais par le concours de rédacteurs bénévoles. Bouleversante, Wikipédia a osé modifier notre façon de rechercher la connaissance et, plus généralement, notre rapport au savoir. Mais sait-on vraiment ce qui se cache derrière un principe en apparence simple, celui d’une encyclopédie publiée sous licence libre et gratuite ? D’où nous vient ce concept hors norme ? Quels sont les fondements qui le régissent ? Comment s’organisent ses activités ? À quels rôles et quels moyens peut-on prétendre en rejoignant la communauté des wikipédiens ?

      Pensé comme un guide, cet ouvrage propose de revenir sur cette formule pionnière pour en offrir une description détaillée et un décryptage précis. Une entreprise indépendante dont l’unique but est d’aider le lecteur à appréhender un outil déjà bien installé dans les habitudes d’un grand nombre d’entre nous et qui façonne au quotidien notre information et notre connaissance du monde.

      https://www.fabula.org/actualites/119359/sana-boussetat-la-formule-wikipedia.html
      #livre

  • Profession gendarme

    À l’origine de son engagement, il y a la foi dans le service public, l’envie de se rendre utile aux autres, d’améliorer le monde à son échelle. La #gendarmerie lui paraît alors le lieu où il pourrait s’épanouir. Bien vite, il déchante. #Témoignage d’un gendarme démissionnaire.

    Ex-syndicaliste, fervent défenseur des valeurs humanistes de gauche, notre futur gendarme entre à l’école la fleur au fusil, enthousiaste à l’idée de se fondre dans un collectif dédié à préserver le #bien_commun. Mais l’exaltation des débuts laisse vite place à l’inquiétude.

    Fréquenter l’intolérable dès la formation

    Les remarques racistes ou sexistes de certains camarades le choquent : “Très rapidement, je me suis senti un peu de côté. On m’a catégorisé comme le le gauchiste de la promotion et fait comprendre que je n’étais pas à ma place.” Outre l’#ambiance_nauséabonde, il faut ajouter les #lacunes d’une #formation qui favorisent toutes sortes d’#abus et de #falsifications dans les procédures : "Faut pas s’étonner de la qualité des #procédures_judiciaires, on nous forme pas. Chacun fait son #micmac”. Pour surmonter les doutes, il faut alors s’accrocher à l’espoir de voir les choses changer à la sortie d’école. Il n’en est rien.

    “J’ai été naïf de croire que je pourrais changer les choses” : de la #désillusion à la #démission

    Sur le terrain, c’est le même refrain. Non seulement les discours et réflexes problématiques prospèrent, pouvant atteindre des sommets : “un jour, [un collègue] a sorti : “Moi, vous me laissez une arme dans un quartier, je tire à vue, y a pas de souci”, mais quiconque ose les dénoncer se voit vite mis au ban de l’équipe : “Quand on essaie d’en parler avec eux, ils s’en foutent et répètent que c’est comme ça et pas autrement”. Ainsi, toute protestation se heurte au #silence d’une institution au sein de laquelle le racisme et la #violence restent des questions taboues.

    Face à cette #inertie, tout ce qu’il restait d’espoir dans la droiture des forces de l’ordre s’épuise. Les positions de notre témoin se radicalisent. Désormais anarchiste, comment rester flic ? “Défendre l’État et en même temps vouloir abolir l’État, c’est un peu compliqué”. Une seule solution : la démission.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/gendarme-8281224
    #racisme #sexisme

    –—

    ajouté à la #métaliste de #témoignages de #forces_de_l'ordre, #CRS, #gardes-frontière, qui témoignent de leur métier. Pour dénoncer ce qu’ils/elles font et leurs collègues font, ou pas :
    https://seenthis.net/messages/723573

  • #Harcèlement, #précarité#Université, le grand gâchis ?

    Elle a enquêté sur les conditions de travail des #jeunes_chercheurs en #France : Adèle B. Combes, docteure en neurobiologie et initiatrice du projet “Vies de thèse”, auteure de "Comment l’Université broie les jeunes chercheurs" (Ed Autrement, 2022), est notre invitée aujourd’hui.

    Adèle B. Combes est docteure en neurobiologie. Partant de sa propre expérience et de témoignages recueillis grâce au questionnaire "Vies de thèse : Doctorat et qualité de vie", elle pointe un phénomène banal mais peu (re)connu : la #détresse des jeunes chercheur(e)s en France.

    Elle publie "Comment l’université broie les jeunes chercheurs : Précarité, harcèlement, #loi_du_silence" (Autrement, 5 janvier 2022). Une enquête sur les #conditions_de_travail des jeunes chercheurs en France, “ceux qui n’ont pas été écoutés”, entre #culte_du_secret, #copinages ou #malhonnêteté_intellectuelle. L’#enquête aborde ainsi "toute forme d’#abus_de_pouvoir dans la recherche" : #agressions psychologiques voire sexuelles, #discriminations, harcèlement au travail, difficultés à trouver un financement ou encore précarité du contrat doctoral.

    Des potentiels gâchés par la #désillusion, pour des jeunes chercheurs plein d’#enthousiasme lorsqu’ils commencent leur #doctorat. Selon Adèle B. Combes, qui parle aussi de sa propre expérience de doctorante, "au départ, c’est grisant. On est très fier de faire un doctorat, (...) de pouvoir apporter sa pierre à l’édifice de la connaissance humaine."

    L’enjeu touche à la #santé_publique autant qu’il est national, puisque la recherche en France s’en trouve menacée, entre rêves avortés, fuite des cerveaux à l’étranger et choix du privé. Il s’agit ainsi d’entraîner une réelle prise de conscience sur les conditions de #travail imposées à nombre de doctorant(e)s en France.

    Pour autant, le livre ne vise pas à dissuader de faire une #thèse. Dans de bonnes conditions, nous rappelle l’auteure, ces années-là peuvent être un moment de vie extraordinaire.

    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/harcelement-precarite-universite-le-grand-gachis

    #ESR #facs #science #recherche #Adèle_Combes

    ping @_kg_

    • Comment l’université broie les jeunes chercheurs. Précarité, harcèlement, loi du silence

      De retour d’un terrain, Laurine repousse les mains de son directeur de recherche, un géologue influent qui n’apprécie pas qu’on lui tienne tête et fera tout pour détruire sa carrière. Dans son laboratoire de biochimie, Baptiste se fait exploiter et insulter par son encadrant de thèse, un homme sanguin, homophobe et raciste. À l’autre bout de la France, Sarah, doctorante en anthropologie non rémunérée, essaie de survivre malgré le caractère imprévisible de sa directrice, la violence de l’administration, la perfidie de certains collègues et la détresse de ses amis.
      C’est un mal qui ronge la filière d’excellence du système universitaire français : la précarité, le harcèlement et la culture du silence. Chaque année, plus de 15 000 doctorants se lancent avec passion dans une thèse, mais à l’université, les dysfonctionnements engendrent les déviances. Manque de moyens, lourdeur d’une administration sans affect, compétition féroce et surtout toute-puissance des directeurs de thèse ont ouvert la voie au harcèlement, moral et sexuel, à la pression, aux sollicitations sans limites ou encore à la dévalorisation du travail des jeunes chercheurs, quand il ne s’agit pas simplement de se l’approprier.
      Cette enquête richement documentée perce le silence et appelle à un changement urgent, dont les premières étapes pourraient être déployées rapidement et sont proposées par l’auteure.

      https://www.autrement.com/comment-luniversite-broie-les-jeunes-chercheurs/9782080270474

      #livre

  • Druga strana svega - L’Envers d’une histoire

    Dix ans après la révolution démocratique serbe, un regard à travers le trou de la serrure d’une porte condamnée dans un appartement de #Belgrade, dévoile à la fois l’histoire d’une famille et d’un pays dans la tourmente, et révèle la #désillusion d’une révolutionnaire et son combat contre les fantômes qui hantent le passé et le présent de la #Serbie.

    « Une porte restée fermée pendant plus de soixante-dix ans dans l’appartement d’une famille de Belgrade devient le point de départ d’une formidable chronique familiale, politique et historique. La famille est celle de la réalisatrice, incarnée par sa mère, la charismatique Srbijanka Turajlić, ancienne professeure universitaire et importante figure de l’#opposition au régime des années 1990. Grâce aux conversations des deux femmes, à la fois profondes et drôles, on parcourt l’histoire mouvementée d’un pays, ses bouleversements et ses changements politiques. Il est souvent question d’engagement citoyen et des responsabilités portées par chaque génération - celles des protagonistes mais aussi celles des spectateurs. Grâce à la générosité du récit, on plonge dans une passionnante fresque dans laquelle la réalisatrice, telle une habile couturière cinématographique, arrive à assembler le personnel et le politique, et par ricochet, la petite et la grande histoire. Dans ce voyage à travers les époques et les idéaux, cette porte fermée se révèle être un magnifique prétexte pour explorer cette aventure humaine. »

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/13548_1
    #film #film_documentaire #documentaire

    #Yougoslavie #ethnicité #communisme #nationalisation #bourgeoisie #Slobodan_Milosevic #Milosevic #guerre #conflit #résistance #responsabilité #Srbijanka_Turajlic #OTPOR #Université_de_Belgrade #révolution #5_octobre_2000 #histoire #révolution

    –—

    Une citation :

    Srbijanka Turajlić, min 31’00 :

    « On ne sait pas comment une guerre éclate ! Surtout une guerre civile. On ne sait pas comment ça arrive. Alors on ne croit pas que c’est en route. Jusqu’à ce que ça démarre »

  • Avant l’Exode | Ferarock
    https://ferarock.org/sur-les-antennes/decouvertes/avant-l-exode

    En 2021, le #rap_français est enfin devenu populaire. Le prix à payer ? Pour certains, l’abandon des utopies, d’un certain esprit hip-hop. Mais gare à ceux qui voudraient réduire le rap à une zumba opportuniste : Ils ont oublié que cette musique reste le champ d’action d’artistes sincères, entiers, révoltés. #Keny_Arkana, on le sait depuis longtemps, fait partie de ces MCs aux discours engagés, mais qui jamais n’oublient la performance.

    https://www.keny-arkana.com

    • le complotiste Akhenaton hospitalisé pour covid-19
      https://www.bfmtv.com/marseille/le-rappeur-akhenaton-positif-au-covid-19-hospitalise-pour-detresse-respiratoi

      On a toujours écrit avec IAM des morceaux où on se pose des questions. Je me pose des questions. Je ne dis pas que le masque est inutile mais il est utile en février, en mars, en avril, au début de l’épidémie. Aujourd’hui, vous prenez vos boîtes de masques, vous prenez les masques que vous avez là, Europe 1, et regardez, il y a marqué ’Ne protège pas des virus’ dessus." (...) le masque a des effets beaucoup plus nocifs, parce que le masque que vous portez 5 heures sur le visage fait baisser le taux d’oxygène que vous avez dans votre sang ou engendre d’autres pathologies parce que dans votre nez, vous avez un staphylocoque doré, d’autres bactéries, et vous les respirez en boucle."

      https://www.purepeople.com/article/akhenaton-les-masques-nocifs-la-star-d-iam-choque-et-est-taxe-de-complotiste_a400235/1

      Raoultite aigue : « Je doute de la vraie dangerosité de ce virus-là », affirme Akhenaton (août 2020)
      https://www.europe1.fr/culture/akhenaton-je-doute-de-la-vraie-dangerosite-de-ce-virus-3985564

      début d’une série qui va permettre de rendre les non vaccinés responsables de la quatrième vague, et qui vient à l’appui d’une des fonctions premières du passe non sanitaire (on s’occupe bien de vous, fallait pas refuser

      Marseille c’est le top, de l’élite locale Raoult, Ruberola, Fouché, aux porte drapeaux d’une culture jeune révoltée (nawak) à la Arkana, Akhenaton

      Bon, « la gauche » a une belle responsabilité de n’avoir pas tenu un discours de vérité sur l’épidémie et les mesures à lui opposer. Et quant on voit que pas une organisation de soignants n’a saisi depuis les questions de prévention et de santé publique le conseil d’état sur le passe non sanitaire...

    • « la gauche » a une belle responsabilité

      C’est évidemment un gros euphémisme, puisque « la gauche » à Marseille c’est pas rien, puisque c’est la mairie : la maire EELV élue Michèle Rubirola (désormais en retrait), homéopathe (déjà c’était mal parti), et surtout sa très bruyante alliée « socialiste » Samia Ghali, dont un des coups d’éclat a été de jouer de la posture anti-vax en septembre 2020 (depuis il semble qu’on lui ait demandé de la mettre en sourdine). Notamment concours de populisme pour jouer, sur le Covid, la carte de Marseille victime de la malveillance parisienne tout en courant derrière la droite pour s’acoquiner avec Raoult.

      Covid-19 : Samia Ghali dit ne pas vouloir se faire vacciner, le Pr Gilbert Deray dénonce des propos "dramatiques" de la part d’une élue
      https://www.bfmtv.com/sante/covid-19-samia-ghali-dit-ne-pas-vouloir-se-faire-vacciner-le-pr-gilbert-deray

      « Je vais vous dire la vérité, je ne vais pas être hypocrite, c’est ce que je pense, je le dis franchement : je ne ferai pas demain un vaccin contre le Covid, ça c’est clair, net et précis. Je l’assume », a affirmé la deuxième adjointe à Marseille (divers gauche) Samia Ghali à notre micro.

      « Je ne le ferais pas faire à mes enfants, notamment à mon fils qui est mineur, je le déconseillerai à mes enfants, c’est sûr. C’est mon droit aussi de le penser. Je ne servirai pas de cobaye, ça c’est sûr. Après chacun fera comme il voudra mais moi je donne mon point de vue », a-t-elle encore expliqué.

    • le complotisme de Keny Arkana à Akhenaton, le rap de Marseille bascule dans la fachosphère ???
      Pour tes liens sur IAM @colporteur 3 en un seul message : BFMtv, Europe1 et purepeople je ne sais pas si Akhenaton vénère le fada de Marseille mais je dirai que c’est de la colportite aigue.
      à mon avis tu as besoin de vacances.

    • Arkana fait clairement du Soral. Akhenaton, qui a choisi de causer dans ces organes, a son petit complotisme à lui, et sa grosse confusion. Les théories de la caste, c’est une très bonne manière de croire tout piger à coups d’omnipotence supposée, plus besoin de s’emmerder à analyser des rapports sociaux, des situations concrètes (une pandémie, par exemple), on sait tout d’où ça vient et à qui ça sert, suffit de pas se laisser berner, etc..
      Ils sont pas plus épargnés que ce malheureux Mucchielli.

      Tes Illuminati dirigent déjà la terre
      Ils foncent là sous nos yeux sans faire aucun mystère
      Contrôlent banques, Etats, industries et militaires
      Crétin ! Ça s’appelle des milliardaires

      (sans compter l’iconographie qui joue souvent avec les symboles complotos)

    • Keny Arkana et Karine Lacombe règlent leur compte sur Twitter. Cette dernière attend des excuses publiques ou elle l’attaque pour diffamation.
      https://twitter.com/kenyarkana/status/1421411362148868104

      Sauf que cette chanson n’a pas de clip officiel.
      La vidéo dont vous parlez est un montage fait par un anonyme.
      Vérifiez vos sources, avant de relayer n’importe quoi - et de me salir par la même occasion.
      Vous faites pareil dans votre domaine ? Relayer sans vérifier ?

      son portrait dans Libé 28/7/2021 [paywall]
      https://www.liberation.fr/culture/musique/keny-arkana-la-terre-est-son-monde-20210728_B23B4VH4DRHK3FOHML63QDP6JA

      La rappeuse altermondialiste, voyageuse insaisissable, pense à quitter la France à cause du pass sanitaire.

      une longue itw dans l’Abcdrduson 6/6/2017
      https://www.abcdrduson.com/interviews/lenergie-solaire-de-keny-arkana

      Douze ans après sa première mixtape, Keny Arkana sort L’Esquisse vol.3, annonciatrice d’un troisième album. Profondément marseillaise, mais définitivement nomade, la rappeuse continue de voyager, de militer, et d’écrire son histoire, lumineuse.

      #abcdrduson

    • https://www.franceculture.fr/emissions/affaires-culturelles/akhenaton-na-pas-mis-de-personnages-entre-nos-disques-et-nous-memes

      En avril 2021, Akhenaton, rappeur du groupe IAM, revenait au micro d’Arnaud Laporte sur son univers artistique, et ses méthodes de travail et de création à l’occasion de la publication de son pamphlet La faim de leur monde, toujours disponible aux éditions de L’Iconoclaste (coll. Iconopop).

      Il parle de complot mais c’est à propos du crack !

    • J’avais raté ce seen.

      Ça fait déjà plusieurs années même avant le covid que plusieurs personnalités du rap dévient peu à peu vers le complotisme de bas étage. Or le complotisme est une des portes d’entrée importante pour finir lié à l’extrême-droite, ça c’est quand même assez avéré. Arkana a toujours fait dans l’ésotérisme puis mélangé à de plus en plus de complotisme : exactement comme Rockin’squat d’Assassin.

      Ce dernier étant la locomotive, la figure de proue de tous les complotistes dans le rap. Or comme c’est une légende incontestée dans le rap FR, personne ne le critique alors qu’il dit vraiment des conneries incroyables : c’est le spécialiste du mille feuille argumentatif = mélanger plein de conneries à des trucs parfaitement vrais sur le capitalisme, les manipulations, l’industrie, ce qui fait passer les conneries chez plein de jeunes qui ne s’informent pas sur les détails. Je suis d’ailleurs bien deg que Nikkfurie de La Caution continue invariablement de le soutenir à fond, càd en produisant ses beats + en feat + relai sur ses réseaux. Arkana est vraiment sa fille spirituelle autant pour le contenu que pour le mille feuille.

      Pour le covid en particulier, le monde complet de la culture est en général assez négationniste, rassuriste, car prendre au sérieux toutes les implications veut forcément dire péter tout leur mode de vie : concert, théâtre, cirque, etc, et ça ils sont dans le déni complet du coup. Mais dans le rap j’ai l’impression que c’est encore pire que dans les autres arts et les autres en musique, peut-être parce que c’est juste plus mis en avant, vu que c’est un art revendicatif et que du coup ces artistes là gueulent leur complotisme plus fort que les autres. En tout cas vu que j’en suis quand même pas mal dans le rap indé, une énorme parti soutiens totalement les conneries de Rockin’squat. :(

      Donc @vanderling, je corrobore totalement ce que dis @colporteur malheureusement…

    • [Tribune] Cher Akhenaton et le groupe IAM
      https://factandfurious.com/tribunes/tribune-cher-akhenaton-et-le-groupe-iam

      Je suis aujourd’hui choqué d’entendre votre voix être en harmonie avec celles que vous attaquez depuis 30 ans, celles de l’extrême droite, du fascisme, du populisme.

      Je vous prie d’écouter les mêmes médecins qui manifestent depuis 20 ans pour leurs hôpitaux, qui aujourd’hui n’ont pas le temps de le faire car ils sont pris à l’hôpital depuis presque 2 ans pour une crise qu’ils n’auraient jamais imaginé vivre et qui n’en finit pas. Ce sont les mêmes que je vous demande d’écouter.

      Vous indiquez le rapport de l’ATIH, mais vous oubliez les parties les plus importantes, 20% des jours de réanimations en 2020 (plus en réalité) n’ont été le fait que d’une seule maladie. Pendant les vagues, entre 50% et 100% des lits ont été occupés par des patients COVID, pour des durées bien supérieures aux autres convalescences. Malgré toutes les mesures prises, malgré la réorganisation et la mobilisation de l’hôpital. Et de ceux-là, les 2/3 ont survécu. La majorité des décédés n’ont pas eu cette chance de pouvoir passer en réanimation.

      #blablachierinyourmind

    • Can’t Get You Out of My Head (2021) - Part 1: Bloodshed on Wolf Mountain

      https://www.youtube.com/watch?v=MHFrhIAj0ME

      Adam Curtis Documentary

      We are living through strange days. Across Britain, Europe and America societies have become split and polarised. There is anger at the inequality and the ever growing corruption - and a widespread distrust of the elites. Into this has come the pandemic that has brutally dramatised those divisions. But despite the chaos, there is a paralysis - a sense that no one knows how to escape from this.

      Can’t Get You Out of My Head tells how we got to this place. And why both those in power - and we - find it so difficult to move on. At its heart is the strange story of what happened when people’s inner feelings got mixed up with power in the age of individualism. How the hopes and dreams and uncertainties inside people’s minds met the decaying forces of old power in Britain, America, Russia and China. What resulted was a block not just in the society - but also inside our own heads - that stops us imagining anything else than this.

      #racisme #complotisme #psychologie
      #culture_de_masse #colonialisme
      #réductionisme #désillusion #contrôle #violence
      #Royaume_uni #Europe #États_unis
      #Chine

      #documentaire

  • En France, un système qui fait perdre l’envie de #recherche

    Alternance de #contrats_courts et de périodes de #chômage, vacations payées aléatoirement, difficulté à être titularisé… « Libération » a recueilli les témoignages de nombreux jeunes chercheurs lessivés par le fonctionnement de l’université.

    La France perd ses jeunes chercheurs, dégoûtés du système. En 2018, le nombre de doctorats délivrés était en baisse de 4 %. Les carrières universitaires n’attirent plus. Ou du moins, elles font fuir une partie de ceux qui s’y aventurent quand ils découvrent la galère promise. Une journée de mobilisation a lieu ce jeudi contre la politique de recherche du gouvernement. Les jeunes chercheurs sont à la pointe du mouvement.

    « Il y avait treize doctorants dans mon laboratoire, seulement deux ont continué en post-doctorat. Tous les six mois, je me dis que je vais arrêter, et en fait non », témoigne Mélissa, post-doctorante en éthologie. Elle vit avec son compagnon, Geoffrey, lui aussi chercheur et âgé de 29 ans. Ils sont réunis « pour la première fois en six ans » dans le même appartement. La faute à leur boulot, qui les pousse à bouger dans tous les sens quitte à s’asseoir sur leur vie personnelle. Cette parenthèse à deux s’arrêtera dans trois mois. Mélissa sera alors à Zurich et Geoffrey à Niort. « On ne se plaint pas, on est déjà sur le même continent… »

    Etienne (1), lui, va changer de continent. Ce docteur en intelligence artificielle (IA) a vu de près les dégâts de la recherche à la française. La pression pour publier le plus possible d’articles scientifiques dans des revues, condition sine qua non pour remplir son CV et espérer être titularisé, a fini par le dégoûter : « On dit que c’est "publier ou périr", mais maintenant c’est plutôt "publier et périr" puisqu’il n’y a plus de postes. » Pour ce trentenaire, la désillusion grandit depuis plusieurs années : quand il était doctorant, il a dû finir sa thèse grâce aux indemnités chômage, se contentant de 900 euros mensuels pour vivre. « Mon encadrant principal a fait deux burn-out car il travaillait trop, ça ne donnait pas envie de continuer. » Mais il s’accroche.

    Après sa thèse, Etienne signe un contrat de deux ans de post-doc dans un labo de recherche, malgré les sirènes du privé qui lui promettent d’au moins doubler son salaire. Le déclic, pour changer de cap, il l’a eu en 2019. Il participe alors à une réunion de présentation de la politique française en IA, durant laquelle deux hauts fonctionnaires disent avoir pour projet de propulser la France dans le top 5 mondial. « Ils ne parlaient de recruter que des contrats précaires, des doctorants. Je suis allé leur poser la question : qu’en est-il pour les post-docs qui souhaitent rester en France ? Leur réponse a été assez surprenante : "Non, pas de création de postes fixes, monsieur, allez aux Etats-Unis." » Message reçu, mais pas de gaieté de cœur. Etienne entend bien partir travailler sur l’IA outre-Atlantique.
    « Très dévalorisant »

    Un grand gâchis humain. Quelques mots pour résumer ce à quoi ressemble la politique française en recherche. Libération a reçu plus de 200 témoignages de jeunes chercheurs déçus du système. Comme François (1), qui nous écrit : « La loi de programmation de la recherche m’a définitivement décidé, je ne vais même pas essayer de faire de la recherche dans le public. C’est d’autant plus dommage que, comme normalien, l’Etat a essentiellement payé pour que je le fasse. »

    La pression exercée sur le système conduit à de mauvaises pratiques. Xavier (1), ex-doctorant en astronomie, a vu la réputation du laboratoire passer avant l’éthique scientifique. « Le jour où on m’a demandé de cacher des résultats qui n’allaient pas dans le sens des promesses faites à l’Agence nationale de la recherche devant un public international, j’ai décidé de ne pas continuer dans la recherche, explique celui qui prépare l’agrégation de physique. J’adore la recherche, mais obtenir un poste est un parcours du combattant. Enchaîner les post-docs pendant six, huit, peut-être dix ans, qui veut ça ? »

    C’est exactement la situation que vit Alain (1). Depuis sa thèse de biologie soutenue en 2013, il alterne entre les contrats courts et les périodes de chômage. « Pour l’instant, l’objectif c’est de profiter du chômage pour écrire mes publications en retard, continuer à postuler pour des contrats et prier pour obtenir quelque chose. Ce serait très dévalorisant de me dire que j’ai autant persévéré pour au final abandonner. » Le problème du secteur n’est ni l’attractivité - il y a encore plus de dix candidats par poste ouvert - ni le manque de travail - les recherches et les étudiants continuent d’affluer. « Le premier problème, c’est le manque de financements », lâche Alain. De fait, dans les universités notamment, le besoin en enseignants-chercheurs est criant. Selon le Syndicat national de l’enseignement supérieur, les 150 000 vacataires recensés assurent, au moins, l’équivalent des heures d’enseignement de plus de 15 000 titulaires.

    A 34 ans, Maxime (1), docteur en sciences politiques, vit tantôt chez sa mère, tantôt chez sa compagne. Il a réalisé sa thèse « grâce à deux postes d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche, et du chômage ». Depuis cinq ans, il jongle entre RSA et vacations à l’université. En théorie, il ne pourrait pas être employé de manière précaire par l’université sans avoir un travail fixe ailleurs. Alors il s’arrange. « Dans certains cas, un collègue me sert de prête-nom et je travaille au noir. Parfois, je me fais payer en autoentrepreneur. C’est assez dingue comme situation », explique-t-il. L’an dernier, Maxime estime avoir effectué plus de 277 heures d’enseignement, « plus qu’un service d’un titulaire ». Tout ça pour toucher à peine le smic : « Comme on est payé de manière aléatoire, certains mois c’est le RSA qui me permet de vivre. »
    « On m’avait prévenue »

    La situation est claire : les départements dans lesquels il travaille ne tiendraient pas sans des personnes comme lui. Il a bien essayé de quitter le milieu, mais faute de retours positifs, « la routine de l’université a repris le dessus. J’ai été sollicité pour des cours et des articles. Je tente encore, mais je ne sais pas pour combien de temps. J’ai été classé deuxième à un concours de maître de conférences, ça prouve bien que mon dossier n’est pas si nul… »

    Quadragénaire, Tiphaine se retrouve dans la même situation. Si elle a pu trouver un CDD de recherche pour une association nationale, elle a dû prendre une charge d’enseignement pour compléter son CV. Le système est si tendu qu’elle se retrouve à créer « un enseignement annuel de 80 heures » sans savoir où elle sera l’an prochain. « Je suis atterrée par l’ampleur de la précarité et l’exploitation des vacataires. […] On m’avait prévenue. Mais ça n’a pas suffi, car c’est un métier de passion, j’ai voulu aller jusqu’au bout. Maintenant, la désillusion se matérialise. »

    https://www.liberation.fr/france/2020/12/09/en-france-un-systeme-qui-fait-perdre-l-envie-de-recherche_1808191
    #ESR #recherche #France #précarité #université #titularisation #carrière_universitaire #travail #conditions_de_travail #mobilité #publish_or_perish #désillusion #indemnités_chômage #burn-out #contrats_précaires #gâchis #dévalorisation #LPPR #LPR #éthique #post-doc

  • La pandémie a réactivé la route des migrants vers les îles Canaries

    La semaine dernière, 27 migrants sont décédés en mer au large des îles Canaries. Cette route depuis l’Afrique est à nouveau largement utilisée par les passeurs depuis la pandémie, alors qu’en #Méditerranée de nombreux Tunisiens tentent désormais de gagner l’Italie.

    « Cette route vers les Canaries, utilisée en 2005-2006, n’avait plus été utilisée pendant de nombreuses années et a été réactivée », explique l’envoyé spécial pour la situation en Méditerranée centrale du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) vendredi dans a Matinale. « Depuis le début de l’année, on voit six fois plus de départs des côtes marocaines, du #Sahara_occidental, de la #Mauritanie, du #Sénégal et de la #Gambie vers les Canaries », précise Vincent Cochetel.

    Des frontières fermées mais poreuses

    Plus de 40 pays africains ont pourtant fermé leurs frontières pour cause de pandémie. Mais « ce n’est pas des frontières toujours très faciles à contrôler », souligne ce responsable au HCR. « Il s’agit de déserts, de lieux très peu habités, et les trafiquants multiplient les offres pour essayer d’amener un maximum de clients vers les pays d’Afrique du Nord ».

    Et avec ce déplacement géographique partiel des traversées par la mer, l’Espagne se retrouve directement touchée. « L’Espagne a toujours été un pays d’arrivées, mais principalement pour de jeunes Marocains », rappelle Vincent Cochetel. « Aujourd’hui, on voit une baisse des départs du Maroc directement vers la Péninsule ibérique. L’augmentation des départs se fait surtout vers les îles Canaries ».

    La désillusion des Tunisiens

    Et si les traversées diminuent depuis les côtes marocaines, c’est désormais la Tunisie qui est devenue le premier pays de départ - principalement vers l’Italie. « En termes de chiffres, cela reste gérable », assure l’envoyé spécial pour la situation en Méditerranée centrale. « On parle de 10’000 personnes, dont 34% ont été sauvées ou interceptées par les garde-côtes tunisiens et ramenées sur les côtes tunisiennes. Mais c’est une augmentation très forte, qui touche les populations pauvres du sud de la Tunisie principalement ».

    Cette forte progression des Tunisiens voulant rejoindre l’Europe s’explique notamment par le #désespoir et les #désillusions. « Beaucoup de gens attendaient des changements politiques en Tunisie qui ne sont pas encore intervenus », explique #Vincent_Cochetel. C’est l’effet aussi de la pandémie et des mesures restrictives imposées sur le plan de la fermeture des frontières avec la Libye. « Les gens ne voient pas d’autre #espoir que dans leur #mobilité_personnelle. Et bien entendu les passeurs jouent là-dessus et vendent leurs projets de mort facilement ».

    https://www.rts.ch/info/monde/11531202-la-pandemie-a-reactive-la-route-des-migrants-vers-les-iles-canaries.htm

    #Canaries #routes_migratoires #parcours_migratoires #asile #migrations #réfugiés #îles_Canaries #tunisiens #migrants_tunisiens #réfugiés_tunisiens

    ping @_kg_

  • La durée d’instruction des demandes d’asile et ses effets de long terme sur l’#intégration des réfugiés

    Les variations de la #durée_d’instruction des demandes d’asile peuvent expliquer, toute chose égale par ailleurs, pourquoi les réfugiés de profil similaire s’intègrent différemment. En s’appuyant sur l’Enquête longitudinale sur l’intégration des primo-arrivants (ELIPA), qui suit sur trois années (2010, 2011, 2013) les immigrés français ayant signé le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) en 2009, on constate que plus la durée d’instruction est longue, plus l’intégration (une fois le statut de réfugié obtenu) est lente — un effet qui ne disparaît pas complètement dans le temps.

    La période d’instruction de la demande d’asile est une période de grande #incertitude et de #stress pour les demandeurs d’asile. C’est une source supplémentaire de #démotivation et de #désillusion. De plus, ne possédant qu’un permis de séjour temporaire, les demandeurs d’asile sont pratiquement exclus du #marché_du_travail, ne peuvent pas suivre les cours officiels de langue et n’ont pas accès à d’autres formes de #droits_fondamentaux et d’aides disponibles pour les réfugiés. Ils ne sont pas en mesure de construire et de planifier leur avenir, d’investir dans le capital humain et social de la société d’accueil. En outre, leur capital humain pré-migratoire se déprécie et devient obsolète.

    Les données de l’enquête ELIPA permettent de quantifier les #coûts_socio-économiques liés à la durée d’instruction de la demande d’asile et de mettre en évidence la persistance de ses #effets_négatifs sur l’intégration des réfugiés à long terme, une fois le statut de réfugié obtenu.

    Si nous prenons pour exemple l’#intégration_économique, les résultats montrent que plus les réfugiés vivent longtemps en #France, plus ils ont de chances d’être en #emploi, mais cet impact positif sera réduit par les effets négatifs liés au temps qu’ils ont passé à attendre la reconnaissance officielle de leur statut de réfugié. On constate également que, pour chaque réfugié, la période d’attente se « dilue » progressivement avec le temps et donc que l’ampleur de son impact négatif s’estompe elle aussi peu à peu. Une fois le statut de réfugié obtenu, on pourrait ainsi s’attendre à ce que l’effet négatif de la période d’instruction disparaisse après quelques années et mette tous les réfugiés sur un même pied d’égalité vis-à-vis de l’intégration.

    Tel n’est pas le cas. Ce point est illustré sur le graphique ci-dessous. Pour les réfugiés qui ont connu des délais d’instruction différents, les chances d’intégration dans le marché de l’emploi connaissent une convergence dans le temps mais avec la persistance d’importants écarts. Si nous comparons un réfugié qui a passé 5 années à attendre la reconnaissance de son statut avec un individu qui aurait obtenu un titre de séjour dès son arrivée, les chances du premier d’accéder à l’emploi après 10 années depuis l’obtention de son statut de réfugié seront de 22,2 points de pourcentage (p.p.) inférieures, toute chose égale par ailleurs. Et même après 40 ans de résidence permanente, bien qu’il diminue, l’écart persiste avec un niveau de 7,4 p.p. Pour les réfugiés ayant connu un délai d’attente d’un et de dix ans, ces écarts s’élèvent à 1,6 p.p. et 13,3 p.p. respectivement après 40 ans. Ainsi, plus la durée d’instruction est rapide, plus les chances d’une intégration économique réussie sont élevées.

    Les implications politiques de ces résultats sont importantes. Ils soulignent la nécessité d’une réduction de la durée d’instruction des demandes d’asile, parce qu’elle augmente les risques d’apparition d’une trappe de « #non-intégration » pour les personnes dont le statut de réfugié serait reconnu trop tardivement.

    –-> Lecture du graphique

    Ce graphique présente le nombre d’années depuis l’obtention du statut de réfugiés (sur l’axe des abscisses) et l’écart de probabilité d’être en emploi avec l’individu de référence (sur l’axe des ordonnées). Trois réfugiés avec des délais d’attente d’un, de cinq et de dix ans sont comparés avec une personne théorique (l’individu de référence) qui aurait reçu son permis de séjour immédiatement après son arrivée (période d’instruction = 0). Des valeurs négatives sur l’axe des ordonnées signifient que des réfugiés avec des durées d’instruction strictement supérieures à zéro ont moins de chance d’être en emploi par rapport à l’individu de référence pour lequel la durée d’instruction est égale à zéro. Par exemple, au moment où les trois réfugiés ont reçu leurs permis de séjour permanents (0 sur l’axe des abscisses), leur probabilité d’avoir un emploi était de 66,5 p.p. inférieure par rapport à l’individu de référence (l’axe des ordonnés). Si l’on s’intéresse à leurs chances d’être en emploi 5 ans après, les écarts des probabilités par rapport à l’individu de référence ont diminué mais à des rythmes différents pour s’établir à 11,1 p.p., 33,3 p.p. et 47,5 p.p. respectivement pour chacun de ces trois réfugiés.

    http://icmigrations.fr/2020/06/08/defacto-020-04
    #asile #migrations #réfugiés #procédure_d'asile #durée

    ping @karine4 @isskein

  • La #désillusion d’une 3start-up de l’#économie_circulaire

    Annonce d’#arrêt_d’activité et bilan - #La_Boucle_Verte

    En ce début février 2020, nous avons fait le choix de cesser définitivement notre activité d’économie circulaire portant sur la collecte innovante d’emballages. Après plus de 3 ans, nous n’avons pas su rendre notre entreprise pérenne et surtout, nous avons perdu beaucoup d’intérêt pour notre projet.

    L’objet de cet article est de vous faire part des raisons de notre échec mais aussi de nos désillusions. Par ce retour d’expérience critique, nous souhaitons expliquer en quoi nous nous sommes trompés et éviter à de jeunes porteurs de projets de reproduire les mêmes erreurs que nous, tant sur le plan entrepreneurial qu’environnemental. Nous souhaitons également faire part au grand public des conclusions que nous avons tirées quant à la durabilité de notre modèle de société, notamment en ce qui concerne le recyclage et l’idée de croissance verte. Enfin, nous vous donnerons notre vision actualisée de ce que devrait être un avenir souhaitable et du changement de mentalité que cela implique pour y parvenir de bon cœur.
    1) La naissance du projet, son développement, sa mort

    L’aventure La Boucle Verte débute en Octobre 2016 à Toulouse. Tout juste diplômés d’une école de commerce, sensibilisés à l’entrepreneuriat et un peu rêveurs, nous voulions créer notre entreprise. Notre idée de départ pouvait se résumer ainsi :

    La croissance et la consommation sont les moteurs de notre économie. Cependant, les ressources de la planète sont limitées. « Et si on créait une entreprise capable de collecter tout objet, reste ou résidu pour le recycler, pour transformer tout déchet en une matière première qui a de la valeur. Une entreprise capable de réconcilier croissance économique et développement durable. »

    Ça y est, nous sommes gonflés à bloc, il nous reste maintenant à savoir par quel bout commencer. Un seul problème, nous n’avons ni argent, ni expérience, ni réseau, ni crédibilité. Il fallait commencer par quelque chose de très simple et cette bonne vieille canette métallique nous a séduit ! Soi-disant composée à 100% de métal et recyclable à l’infini, nous pensions pouvoir créer une logistique bien rodée afin de les collecter dans les fast-foods pour les revendre à des grossistes en métaux et qu’elles soient recyclées. Après avoir ruiné le coffre de la Seat Ibiza et s’être attiré les foudres des voisins pour avoir stocké les canettes dégoulinantes dans la cave de notre immeuble, il était temps d’apporter notre butin chez le ferrailleur grâce à la camionnette d’un ami. Une fois arrivés sur cette étrange planète boueuse et peuplée de centaines de carcasses de bagnoles, les canettes alu et acier préalablement triées sont pesées. Après s’être fait enregistrés, nous dégotons notre premier chèque. Et quel choc ! Il n’y avait pas d’erreur de zéro, nous avions bel et bien gagné 38€, même pas de quoi payer l’essence de ce mois de collecte et tout juste de quoi rentabiliser les sacs poubelles. A ce moment-là nous avons fait un grand pas dans notre compréhension du secteur du recyclage : la majorité des déchets ne valent pas le prix de l’effort qu’il faut faire pour les collecter, et, sans obligation réglementaire ou volonté de leur propriétaire de les trier, ces derniers n’ont aucune chance d’être recyclés.

    Pas question pour autant de baisser les bras, en tant que dignes start-upers very smart and very agile, nous devions simplement pivoter pour trouver notre business model et notre value proposition en disruptant le marché. OKAYYY !! Sinon en Français, il fallait trouver une nouvelle idée pour rentabiliser la collecte. Près de 5 mois s’écoulèrent pendant lesquels nous expérimentions tous types de solutions jusqu’à ce que le Can’ivor voie le jour : un collecteur de canettes mis gratuitement à disposition des fast-foods et qui sert de support publicitaire. Plus besoin de gagner des sous avec la vente des canettes, il suffisait de vendre de la pub sur le collecteur pour financer le service de collecte et dégager une marge. Une idée à première vue géniale que nous avons rapidement concrétisée en bricolant des bidons d’huile dans notre garage.

    Mais, après 6 mois de démarchage commercial à gogo, pas le moindre client pour nous acheter nos espaces publicitaires ! Sans doute n’étions-nous pas assez sexy pour les annonceurs, il fallait que ça ait plus de gueule et qu’on transforme l’image de la poubelle pour que le tri sélectif devienne un truc stylé et que la pub devienne responsable ! Notre ami Steve Jobs nous a enseigné que le design et le marketing étaient la clé pour pousser un nouveau produit sur un nouveau marché… Après avoir changé le look du Can’ivor, de logo, de slogan, de site internet, de plaquette commerciale, gagné quelques concours, chopé quelques articles, s’être payé les services de super graphistes, avoir créé toute une série de mots nouveaux, s’être familiarisés avec le jargon de la pub, avoir lancé la mode du « cool recycling », et réalisé une vidéo cumulant 3,3 millions de vues sur Facebook, nous commencions à peser dans le start-up game ! Et… les emplacements publicitaires se vendaient ! On parlait de nous dans les médias, nous passions sur BFM business, la success story voyait enfin le jour. Plus motivés que jamais, nous rêvions d’inonder la France avec nos collecteurs et faisions du repérage à Paris et Bordeaux…

    https://www.youtube.com/watch?v=n306emV4JSU&feature=emb_logo

    Le problème, c’est que nos clients étaient en réalité plus intéressés par le fait de nous filer un coup de pouce et de s’associer à notre image écolo que par notre service d’affichage en lui-même. Une fois le buzz terminé, les ventes s’essoufflèrent… Après s’être débattus pendant plus d’un an à tout repenser, il fallait se rendre à l’évidence, il n’y avait pas de marché pour notre service. Et nous avons pris en pleine poire la seule leçon importante qu’il fallait retenir en cours d’entrepreneuriat : se focaliser sur le besoin client. A vouloir absolument trouver un modèle économique pour collecter nos canettes, nous avons complètement oublié que pour vendre quelque chose il faut répondre au besoin propre à un individu ou une entreprise et qu’un besoin « sociétal » comme l’écologie ne suffit pas.

    Fin 2019, nous avons fait le choix de retirer l’intégralité de nos collecteurs munis d’emplacements publicitaires pour jouer notre dernière carte, celle du service de collecte payant. En l’espace de 3 ans, les mentalités avaient bien changé, nous étions reconnus à Toulouse et avions l’espoir que ce modèle plus simple fonctionne. Nous nous sommes alors mis à proposer des services de collecte multi déchets à tous types de clients en centre-ville. Malheureusement, après 4 mois d’essai, nous en sommes revenus à l’un de nos premiers constats qui était que la majorité des structures étaient prêtes à payer pour un service de collecte que si elles en étaient contraintes par un marché réglementaire. Après tant de tentatives, nous étions à bout de force, démotivés et à cours de trésorerie. Mais surtout, nous avions perdu foi en ce que nous faisions, nous ne nous retrouvions plus dans nos envies de départ. Même si nous sommes parvenus à collecter des centaines de milliers de canettes, nous étions principalement devenus des vendeurs de publicité. Et ces deux mondes sont tellement antinomiques, que nous avons perdu intérêt dans le projet. Et le pire (ou le mieux) dans tout ça, c’est que nous avons également perdu confiance dans le secteur tout entier du recyclage et dans cette idée de croissance « verte ». La Boucle Verte mourut.
    2) Les réalités de la filière emballages et du recyclage

    Lorsque nous nous sommes lancés dans le projet, notre premier réflexe a été de nous renseigner sur les emballages de notre quotidien pour en apprendre plus sur leur prix, leur recyclabilité, leur taux de recyclage et l’accessibilité des filières de valorisation. A l’issue de cela, la canette nous paraissait être un emballage idéal. De nombreux sites internet lui attribuaient le mérite d’être l’emballage le plus léger qui soit entièrement recyclable et à l’infini. On pouvait lire qu’une canette triée redonnait naissance à une canette neuve en 60 jours et que cet emballage était bien recyclé en France (60% d’entre elles). Persuadés de participer à une œuvre écologique et de pouvoir encore améliorer ce taux de recyclage, nous avons foncé tête baissée pour collecter nos canettes ! Mais, la suite de nos aventures et notre longue immersion dans les coulisses du secteur nous a montré une vérité tout autre. Nous ne parlerons pas de mensonges organisés, mais disons que bon nombre d’informations que l’on trouve sur internet sont très superficielles, enjolivées et se passent d’explications approfondies concernant le devenir des déchets. La manière dont sont rédigés ces documents nous laisse penser que la filière est très aboutie et s’inscrit dans une logique parfaite d’économie circulaire mais en réalité, les auteurs de ces documents semblent se complaire dans l’atteinte d’objectifs écologiques médiocres. Et pour cause, ces documents sont en majorité rédigés par les acteurs économiques du secteur ou les géants du soda eux-mêmes qui n’ont pour autre but que de défendre leurs intérêts en faisant la promotion des emballages. La filière boisson préfère vendre son soda dans des emballages jetables (c’est bien plus rentable), la filière canette promeut son emballage comme étant le meilleur et la filière en charge de la collecte ne peut gagner sa croûte que si des emballages sont mis sur le marché : principe de l’éco-contribution. Il est cependant un peu facile de leur dresser un procès quand nous sommes nous-mêmes consommateurs de ces boissons, mais il est grand temps de réformer ce modèle qui ne peut pas conduire à une réduction de la production d’emballages.

    Pour revenir aux fameux documents, on peut lire qu’en France, « 60% des canettes aluminium sont recyclées ». L’idée qui vient à l’esprit de toute personne lisant ceci, est que ces 60% proviennent de la collecte sélective, mais en réalité pas du tout. Seulement 20% des canettes sont captées par le tri sélectif à la source, le reste se retrouve avec le « tout venant » et est enfoui ou incinéré. Les 40% recyclés restant ne proviennent donc pas des centres de tri mais des résidus de combustion des incinérateurs (les mâchefers) qui contiennent également des dizaines d’éléments différents mélangés et carbonisés dont des métaux lourds. De cette part ci, 45% de l’aluminium (qui a grandement perdu en qualité) est extrait et parvient à rejoindre la filière classique (les fonderies) tandis que les 55% restants sont irrécupérables et utilisés avec les autres résidus dans le BTP comme sous couche pour les routes. Par ruissellement, les particules polluantes de ces déchets se retrouvent ainsi dans les nappes phréatiques…

    En bref, voici grossièrement ce qui devrait être écrit sur ces documents : « En France, 38% des canettes sont recyclées comme matière première secondaire, 22% sont valorisées en sous-couche routière, et 40% sont directement enfouies en décharge ». C’est tout de suite moins sexy.

    D’autre part, quiconque a déjà visité un centre de tri (ce pourrait être intéressant à l’école), est en mesure de comprendre qu’il est impossible de séparer parfaitement les milliers de modèles d’emballages différents, de toutes tailles, qui sont souvent des assemblages (carton + plastique), qui sont souillés et qui défilent à toute vitesse sur les tapis roulants. Et puis il y’a les erreurs de tri, qui sont en réalité la norme car même après avoir baigné 3 ans dans le milieu, nous-mêmes avons parfois des doutes pour certains emballages peu courants… C’est dingue, mais absolument personne ne sait faire le tri parfaitement et ce sont souvent les gens les plus soucieux de l’environnement qui ont tendance à trop en mettre dans leur bac ! Sur 5 camions qui arrivent au centre de tri, 2 repartent en direction de l’incinérateur : il y’a 40% d’erreurs ! Et cette infime part de nos déchets, qui parvient à sortir en vie des centres de tri devient alors une précieuse ressource comme le voudrait l’économie circulaire ! Mais non, même pas. Lorsque ces emballages ne trouvent pas de repreneurs (notamment quand les asiatiques ne veulent plus de nos déchets), certains matériaux comme le carton voient leur valeur devenir négative ! Oui, il faut payer pour s’en débarrasser… Et ce n’est pas fini, après la collecte et le tri, il faut passer au recyclage !

    Fin mai 2019, nous avons été invités par la filière aluminium à une réunion de travail et une visite du plus grand site de recyclage français de Constellium dans le Haut-Rhin. Alors que nous étions persuadés que nos bonnes vieilles canettes redonneraient un jour vie à de nouvelles canettes, nous avons eu la stupéfaction d’apprendre par les ingénieurs qui y travaillaient que les balles d’aluminium provenant des centres de tri français étaient inexploitables. Leur qualité était médiocre et il était par conséquent impossible de les utiliser comme matière première car la fabrication de canettes utilise des technologies très pointues et ne peut s’opérer qu’à partir de métaux d’une grande pureté… C’était le comble ! Depuis le début, aucune de nos canettes n’avait redonné vie à d’autres canettes. Quand on sait que les emballages métalliques sont considérés parmi les plus durables et facilement recyclables, on n’ose même pas imaginer le devenir de nos bouteilles plastiques et encore moins de tous ces nouveaux emballages qui font désormais partie de « l’extension de la consigne de tri ». Et même dans un monde idéal, très connecté et intelligent comme le voudraient certains, une canette ne pourrait être recyclable à 100% puisqu’elle n’est pas 100% métallique. En effet, sa paroi extérieure est recouverte de vernis et sa paroi intérieure est couverte d’une fine couche de plastique qui évite que le liquide ne soit en contact avec le métal. De plus, à chaque fois qu’un métal est fondu, une portion de celui-ci disparaît, on appelle cela « la perte au feu ». Quelque que soit donc la performance de notre système de collecte et de tri, il sera impossible de continuer d’en produire pour les siècles des siècles sans continuer d’extraire de la bauxite en Amérique Latine. Vous l’avez compris, le recyclage ce n’est pas la panacée ! Il devrait n’intervenir qu’en dernier recours et non pour récupérer la matière d’objets n’ayant servis que quelques minutes.

    La conclusion que nous avons tiré de cette histoire est que ce secteur, en très lente évolution, ne répondra pas aux enjeux de la crise écologique et qu’il promeut malgré lui la production d’objets peu durables et donc le gaspillage de ressources. Comme se plaisent à le répéter bon nombre d’associations « le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas » et dans un monde idéal, le seul déchet que nous devrions produire est celui d’origine naturelle, celui qui peut retourner à la terre n’importe où pour l’enrichir. La vision de La Boucle Verte était de créer des modèles d’économie circulaire qui fonctionnent comme la nature, mais quelle arrogance ! Lorsqu’une feuille tombe d’un arbre, elle ne part pas en camion au centre de tri. Et lorsqu’un animal meurt dans un bois, il n’est pas incinéré. La vraie économie circulaire, ce n’est pas celle qui tente d’imiter la nature, c’est celle qui tente d’en faire partie.
    3) L’illusion de la croissance verte

    Mais ne soyons pas trop durs avec le secteur du tri et du recyclage à qui l’on demande l’impossible. Nos problèmes sont bien plus profonds, ils émanent principalement de notre culture et sont accentués par un système économique globalisé et débridé. Avançant peu à peu dans ce monde de start-ups à la recherche de croissance rapide, nous avons fini par ouvrir les yeux sur plusieurs points.

    Tout d’abord sur l’innovation, innovation au sens du progrès technique et des nouvelles technologies. Cette formidable capacité humaine à innover a trouvé son lieu de prédilection en entreprise là où tout « jeune cadre dynamique » ne jure que par elle. Cette innovation permet de trouver des solutions aux problèmes que l’entreprise essaye de résoudre, tout en permettant de gagner un avantage compétitif. Globalement, ce que cette recherche constante d’innovation a apporté, c’est une complexification extrême de notre société, rendant au passage le travail de nos dirigeants infernal. Et dans un même temps, ces innovations technologiques successives ont eu un autre effet néfaste, nous pousser à consommer.

    Par exemple, internet était censé nous emmener vers une économie dématérialisée, nous pensions réduire drastiquement notre consommation de papier en nous orientant vers le numérique. Pourtant, entre 2000 et 2020, notre consommation de papier est restée quasiment la même et à côté de cela, l’ère du numérique a créé une infinité de nouveaux besoins et de nouvelles pratiques générant des consommations faramineuses d’énergie, la création de milliards de terminaux composés de métaux rares, et la fabrication d’infrastructures climatisées pour héberger des serveurs. Et bien qu’à première vue immatériel, envoyer un email émet autant de CO2 que de laisser une ampoule allumée pendant 1h… De plus, bon nombre d’innovations parfaitement inutiles voire nuisibles ont vu le jour. C’est le cas du Bit Coin dont la consommation électrique annuelle dépasse celle de la Suisse. Ces innovations participent de plus en plus à aggraver les inégalités et quand on sait qu’un avatar de jeu vidéo consomme plus d’électricité qu’un Ethiopien, il n’y pas de quoi se réjouir. Bien sûr, tout n’est pas à jeter à la poubelle (sans faire le tri) et nous sommes tous contents d’aller chez le médecin du 21ème siècle.

    Ces constats nous amènent tout droit à l’idée de croissance et plus particulièrement de croissance verte, en laquelle nous avions cru, et qui est actuellement plébiscitée par la majorité des pays qui voudraient que l’innovation technologique soit un remède aux problèmes écologiques (eux même engendrés par l’innovation technologique). Bon nombre d’entreprises et de start-ups s’attaquent alors aux grands défis à base de Green Tech, de Green Finance et de Green Energy… Le problème, c’est que la logique fondamentale reste inchangée : complexifier le système, corriger inlassablement les dégâts causés par les innovations précédentes et se trouver une excuse pour continuer de consommer autant qu’avant voire plus ! Pire encore, ces initiatives ont même un effet inverse délétère dans la mesure où elles ralentissent la transition en laissant penser aux gens qu’un avenir durable sans concessions et sans modification de nos comportements est possible grâce à l’innovation. Et cela nous l’avons vécu ! Au cours de notre aventure, nous avons été très surpris de constater à quel point une partie de la population pouvait avoir confiance en notre projet. Nous savions que notre impact environnemental positif n’était que limité à côté du désastre en cours, mais quelques personnes nous considéraient comme la génération de « sauveurs » ou alors déculpabilisaient d’acheter une canette, puisqu’après tout elle serait parfaitement recyclée.

    Et puis allez, soyons fous, gardons espoir dans la croissance. De la même manière que certains déclarent la guerre pour rétablir la paix, nous pourrions accélérer, croître encore plus vite pour passer un cap technologique et rétablir le climat ? Qu’en est-il vraiment ?

    A en croire les chiffres et les études de nombreux scientifiques, depuis 50 ans, la croissance du PIB a été parfaitement couplée à la consommation d’énergie (notamment fossile).

    Cela peut se comprendre de manière assez simple : plus nous produisons d’énergie, plus nos industries et nos machines tournent, plus nous produisons de nouveaux produits, plus nous croissons. Si l’on en croit ce couplage et cette logique simple, quoi que nous fassions, nous serons contraints pour continuer à croitre, de consommer toujours plus d’énergie !

    Faisons un petit calcul : Nous sommes en 2020 et nous partons du principe que nous consommons 100 unités d’énergie et que la consommation d’énergie continue d’être parfaitement couplée à la croissance du PIB. Si nous voulons 2% de croissance par an, quelle sera notre consommation d’énergie dans 50 ans ? Et dans 1000 ans ?

    Dans 50 ans : 100 x 1,02^50 = 269 unités

    Dans 1000 ans : 100 x 1,02^1000 = 39 826 465 165 unités

    Aussi incroyable que cela puisse paraitre, en 50 ans, on multiplierait notre consommation d’énergie par 2,69 et en 1000 ans par presque 400 millions ! Le problème de la croissance en math, c’est qu’elle suit une courbe exponentielle. Que nous fassions donc que 0,5% de croissance par an, que ce couplage finisse par se découpler un peu ou pas, que nous soyons 1 milliard sur terre ou 10 milliards, la croissance perpétuelle restera toujours insoutenable à long terme, alors pourquoi la continuer un an de plus ?

    Et là certains nous dirons : « C’est faux, on peut croitre sans consommer grâce à l’économie de la connaissance » ; « On peut produire de l’énergie qui ne pollue pas grâce aux énergie renouvelables ». Mais en fait non ! Nous sommes en 2020, et malgré une économie tertiarisée depuis longtemps, nous n’avons toujours pas perçu de découplage entre croissance du PIB et consommation d’énergie. Comme nous l’avons décrit à propos de l’ère du numérique, un service en apparence immatériel cache toujours une consommation d’une ressource matérielle. L’économie de la connaissance aura forcément besoin de supports physiques (ordinateurs, serveurs etc…) et nous serons toujours incapable de recycler tout parfaitement et sans pertes s’il ne s’agit pas de matière organique.

    Et pour ce qui est des énergies renouvelables, aucune à ce jour, n’est complètement satisfaisante sur le plan environnemental. Les éoliennes sont des monstres d’acier, sont composées de terres rares et produisent de l’énergies seulement quand il y’a du vent. Stocker l’énergie de ces épisodes venteux pour la restituer plus tard n’est pas viable à grande échelle ou pas performant (batteries au Lithium, barrages réversibles). Les panneaux photovoltaïques ont un mauvais bilan environnemental (faible recyclabilité et durée de vie). Il n’y a pas de région montagneuse partout sur la planète pour fabriquer des barrages hydroélectriques et ces derniers perturbent la faune aquatique et la circulation des sédiments… Cette incapacité à produire et stocker de l’énergie proprement rend donc notre fameuse voiture électrique aussi nuisible que la voiture thermique. Sa seule différence est qu’elle pollue de manière délocalisée : là où est produite l’électricité qui la fait rouler. Que cela soit clair, dans un monde limité où PIB et consommations de ressources sont liées, nous devrons décroître, de gré ou de force.

    Et même si cela était possible, et que nous devenions des humains augmentés, bourrés d’intelligence artificielle, capables de créer une sorte de nouvel écosystème technologique stable permettant d’assouvir notre besoin insatiable de croissance en colonisant d’autres planètes… Ne rigolez pas, pour certains ce n’est pas de la science-fiction ! Le milliardaire Elon Musk, véritable gourou des Startups, se penche déjà sur la question… Mais avons-nous vraiment envie de cela ?

    Alors après tout, est-ce que la croissance est indispensable ? Dans le modèle économique que nous avons créé, il semblerait… que oui ! (Sinon, le chômage augmente et on perd en qualité de vie). Et pourtant dans la vraie vie, quand une population est stable, il ne devrait pas y avoir besoin de voir ses revenus augmenter en permanence pour continuer de vivre de la même manière et que chacun ait sa place dans la société. En fait, il ne s’agit que d’un modèle économique, d’une convention humaine et en aucun cas de quelque chose d’immuable. Jusqu’à présent, on ne s’en plaignait pas parce qu’il y avait probablement plus d’avantages que d’inconvénients à croître, mais maintenant nous avons atteint les limites alors il faut changer de modèle, c’est aussi simple que ça ! Nous ne devrions pas pleurer comme un enfant qui apprend qu’il va déménager, le changement ça ne fait que du bien et quand on repense au passé on se dit parfois : comment ai-je pu accepter cela !?

    4) Une décroissance choisie et non subie

    Bon, on ne va non plus cracher sur l’ancien monde et revenir au Moyen Age. Cette croissance a permis des trucs plutôt cools il faut le dire : globalement il y’a plus d’obèses mais nous vivons en meilleure santé, il y’a moins d’esclaves et plus d’égalité homme femme, il y’a moins d’analphabètes et plus d’accès à la culture… Mais les faits sont là et comme le préconise le GIEC, nous devons en gros diviser par 3 notre consommation d’ici 2050. Du coup ça reviendrait à peu près au même que d’avoir le train de vie qu’avaient nos grands-parents quand ils étaient jeunes.

    Mais après tout, ne pourrait-on pas garder certaines bonnes choses et supprimer les moins bonnes. Et comment définir les bonnes et les moins bonnes ? Au lieu de faire notre sélection sur des critères économiques, on pourrait privilégier des axes assez simples comme l’intérêt pour la société et l’impact sur l’environnement.

    Alalala vous le sentez venir le débat infernal ! Déjà que les choses ne bougent pas vite mais alors là, avec un système où on doit débattre de tout ce qu’il faut garder et supprimer on n’est pas sortis de l’auberge ! Il y’aura toujours une bonne raison de justifier un produit polluant par sa dimension sociale ou culturelle et d’ici qu’on se soit mis d’accord, Français fous que nous sommes, il sera trop tard.

    A vrai dire, pour parvenir à nos objectifs dans la joie et la bonne humeur, tout se résume en quelques mots : il faut simplement changer de culture, changer d’idéal de vie, réaliser qu’acheter un nouvel Iphone ou des écouteurs sans fils n’est absolument pas nécessaire pour être heureux, se convaincre que la valeur d’une personne n’est pas définie par son salaire ou son job. En gros il faut tuer l’américain qui sommeille en nous et réveiller le poète. Et le mieux dans tout ça, c’est qu’on finit par y prendre gout. On se désintoxique de ce monde consumériste et on apprend à créer de nouveaux plaisirs, de nouvelles tendances ! La mode c’est vraiment quelque chose de rigolo, il suffit que des gens connus s’y mettent pour qu’on veuille tous s’y mettre comme des moutons. Si tous les chanteurs et joueurs de foot se trimbalaient avec des fringues de chez Emaus et des Nokia 3310, on vous garantit qu’on ferait cette transition écologique en moonwalk (mais en marche avant) ! D’accord, là on s’emballe un peu mais c’est pourtant bien la réalité. Une des seules craintes de l’être humain est de ne pas être accepté par la communauté. C’est encore difficile pour la majorité d’entre nous de s’imaginer vivre comme des « partisans de la décroissance » mais plus de gens s’y mettront, plus les autres suivront. Et pour ça, il suffit de changer de disque ! Certaines personnes arrivent à changer de religion, il y’a 400 ans, les rois portaient des perruques sur la tête et encore aujourd’hui sur cette planète, il y’a des tribus de gens avec des plumes plantées dans le derrière qui chassent à la sarbacane. Est-ce si absurde que ça de décroître ? Nous les Homos Sapiens (Hommes Sages parait-il) sommes très malins mais aussi très bêtes, parfois rationnel, parfois pas du tout. Nous sommes capables de nous empêtrer dans une situation pendant des siècles pour finalement en changer brusquement. Alors, dans cette dernière partie, on ne va pas vous bassiner avec des conseils éco-responsables bidons du type : « pensez à débrancher votre frigo quand vous partez en vacances pour économiser 10% d’énergie ». En fait, si la transition écologique doit se passer comme ça, elle va être chiante à mourir et en plus de ça on va échouer ! Alors oui, il faut drastiquement réduire notre consommation et aller acheter des carottes bio en vélo le samedi matin ne suffira pas. Il faut arrêter de prendre la voiture tous les jours, ne plus prendre l’avion et arrêter d’acheter des engins téléguidés au petit Mathéo pour son anniversaire. Mais honnêtement, est-ce vraiment grave !? La transition écologique ne doit pas être une punition mais une fête, elle doit être une volonté commune de changer de vie, un départ en vacances prolongé et bien mérité. Nous ne sommes pas des machines ! Il faut que la génération du « burn out » se transforme en génération du « go out ». Il faut qu’on arrête de bosser toute la semaine en ne pensant qu’au shopping qu’on va faire le weekend, il faut qu’on arrête de vouloir gagner la super cagnotte de 130 millions d’€ du vendredi 13, il faut qu’on arrête de s’entasser dans des métros tous les matins pour finalement avoir besoin de partir faire un break en Thaïlande pour déconnecter. Nous ne prenons même pas le temps d’apprécier la beauté de la nature au pied de notre porte alors pourquoi irions-nous faire un safari en Afrique ? Mais d’ailleurs, apprécions-nous réellement ces voyages quand nous passons les ¾ de notre temps derrière l’écran de notre appareil photo, que nous sommes regroupés avec d’autres occidentaux aussi inintéressants que nous et que nous continuons d’acheter du CocaCola à l’autre bout du monde ? Pour une fois, peut être que regarder un reportage animalier depuis notre canapé nous aurait fait plus rêver que de voir ces lions domestiqués se gratter contre la roue de notre 4x4 !

    Alors pour commencer, répartissons-nous sur le territoire, retournons vivre dans les villages au lieu de s’agglutiner en ville et redevenons des paysans, ce sera bien plus dépaysant ! Ces changements, ils sont déjà en train de se produire et tout va aller de plus en plus vite ! Il y’a 6 ans, pleins de potes de l’école rêvaient de devenir trader, parce que c’était un métier stylé où on gagne plein d’oseille. Mais aujourd’hui c’est devenu carrément la honte et les gens stylés sont des artisans, des artistes ou des agriculteurs. Et ça tombe bien parce que ce nouveau monde sera nécessairement un monde agricole. Pas avec des grosses moissonneuses batteuses, mais avec des milliers de petites mains qui travaillent la terre, qui produisent de la vraie nourriture, qui comprennent la nature, qui vivent de petites récoltes mieux valorisées et en circuits courts.

    Les entreprises aussi auront un rôle à jouer, mais en innovant pour simplifier la société et non pour la complexifier, en relocalisant les productions au plus près de consommateurs moins voraces, en préférant les produits durables à l’obsolescence programmée, en favorisant le réemploi plutôt que le recyclage, et en préférant les bonnes vieilles astuces de grand-mères aux artifices technologiques.

    Alors bien sûr, on se trouvera toujours des excuses pour passer à l’acte : « Je vais d’abord travailler dans le marketing à Paris histoire de mettre un peu d’argent de côté et que mes parents ne m’aient pas payé cette école pour rien », « Avec mon mari, on va attendre que la petite Lucie passe en CM2, il ne faudrait pas que ça la perturbe ». « Mais ! Comment vais-je trouver un travail à la campagne, je n’ai pas la formation qu’il faut ? ». Des excuses on s’en trouvera toujours et nous les premiers avons eu vraiment du mal à s’avouer vaincus et à lâcher La Boucle Verte. C’est difficile de construire quelque chose pendant longtemps, de dépenser beaucoup d’énergie pour finalement devoir repartir à zéro. Et pourtant c’est bel et bien ce que nous devons faire collectivement et dès maintenant. Bien que tragique, cette crise du Coronavirus est une chance inouïe, c’est une aubaine. Elle aura cassé notre lente routine destructrice, elle nous aura libéré de la consommation excessive, nous aura fait ralentir et vivre une récession. Alors saisissons cette chance et ne reprenons pas tout comme avant le 11 mai.

    Un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenu et ont participé à l’aventure La Boucle Verte. Nous souhaitons beaucoup de succès à nos compères toulousains Les Alchimistes Occiterra et En boîte le plat qui de par leurs projets sont respectivement dans une logique de valorisation naturelle des biodéchets et de réduction des emballages à la source. Pour ce qui nous concerne, nous allons profiter de cette période pour prendre un peu de repos à la campagne. Et quand nous reviendrons, il est fort probable que ce soit à base de low tech ou d’agriculture. On essaiera de vous donner des nouvelles sur les réseaux sociaux La Boucle Verte et de vous partager des articles qui nous inspirent !

    Bonne santé et bon courage à tous pour affronter cette crise.

    L’équipe La Boucle Verte

    https://www.linkedin.com/pulse/la-d%C3%A9sillusion-dune-start-up-de-l%C3%A9conomie-circulaire-charles-dau
    #économie #croissance_verte #emballages #recyclage #entrepreneuriat #start-up_nation #développement_durable #croissance_économique #canettes #aluminium #alu #ferrailleur #déchets #publicité #marketing #cool_recycling #buzz #besoin #écologie #tri #Constellium #perte_au_feu

  • #Desillusions
    Carnet d’un confiné, #Coronavirus 2020, #Jour14 - davduf.net
    http://www.davduf.net/carnet-d-un-confine-coronavirus-2020-jour14

    Au loin, sur un mur, toute fraîchement débarquée, j’attrape une céramique #Space_Invader. J’empoigne mon téléphone, décidé à immortaliser ma prise (c’est une app, FlashInvaders, qui permet de redevenir gamin, et de s’adonner à un jeu de piste urbain, de la réalité augmentée, qu’ils disent, rien à gagner, rien à perdre, juste à lever les yeux en permanence, pour ne jamais désapprendre à regarder ailleurs). Cette fois, la machine n’enregistre pas ma trouvaille. J’en suis pourtant persuadé, la pièce n’était pas là, avant. J’insiste, incrédule, on ne va pas me voler ça, aussi ? Je pointe à nouveau la céramique, comme un drone inversé, du bas vers le haut, mais je me fais gronder. Les développeurs ont modifié leur programme, et changé les règles. A l’heure du cauchemar, il serait déplacé d’augmenter quelque réalité que que ce soit, à l’heure de la diminution totale.

    #Safer at home, m’ordonne l’application.

    On s’exécute, penauds et émerveillés, vexés et reconnaissants. On rentre.

    #ho !

    • Le #mirage anglais : la #désillusion des migrants

      Après la périlleuse traversée de la Manche, 
des migrants déchantent au Royaume-Uni.

      Depuis plus de vingt ans et l’ouverture du tunnel sous la Manche, les camps d’infortune baptisés « jungles » se succèdent à Calais et aux alentours. Y survivent des Irakiens, des Afghans, des Érythréens, des Soudanais et des ressortissants de bien d’autres nationalités, en fonction des aléas géopolitiques, tous aimantés par cet Eldorado britannique qu’ils fantasment et aperçoivent depuis la plage, à une trentaine de kilomètres.

      D’infimes falaises obsédantes derrière les vagues grises agitées : ce paysage tempétueux est l’une des frontières européennes les plus difficiles à franchir, rendue prétendument étanche grâce aux millions d’euros versés chaque année par la Grande-Bretagne.

      Les infrastructures du port et de l’Eurotunnel, ultimes étapes avant leur escale finale – l’Angleterre – sont gardées comme des forteresses à grand renfort de barbelés, scanners, policiers...

      Les exilés tentent de passer cette lisière seuls, ou avec l’aide des cellules de passeurs souvent kurdes, implantées sur le littoral. En Grande-Bretagne, pensent-ils séduits, leur asile sera accepté, ils trouveront du travail, ou encore ils ne seront pas expulsés vers le premier pays d’Europe, responsable de leur demande d’asile, selon le règlement Dublin III.

      Une fois la Manche franchie, les migrants s’évanouissent dans la nature, s’expriment peu, par crainte d’être ennuyés par les autorités. Ils tentent de se construire une vie, dans l’anonymat. Le soi-disant Eldorado ne comble pas toujours leurs attentes.

      La majorité des demandeurs à l’asile – 30 603 en 2016, selon le Home Office (ndlr : équivalent du ministère de l’Intérieur) – sont Iraniens, puis Pakistanais, Irakiens, Afghans, Bangladais…

      Et au final, « 34 % des demandes sont acceptées, soit un taux moins élevé qu’en France – 40 % », souligne Magali Lambert, de La Cimade. Quant au règlement Dublin III, « il est appliqué comme en France. Tout migrant peut être renvoyé vers le premier pays responsable de sa demande d’asile ».

      Wira et Barzan (Kurdes irakiens)

      Le soleil transperce les nuages gris, illumine les docks.

      Le cri des mouettes couvre la respiration de la marée grise. Il est midi à Liverpool, les pintes de bières règnent sur les tables d’un pub cerné d’entrepôts de briques. Les Britanniques à l’accent scouse, typique de ce grand port du nord-ouest du Royaume-Uni, trinquent sur les quais.

      Devant leurs verres d’eau gazeuse, les Kurdes irakiens Barzan et Wira (prénoms modifiés à leur demande), eux, n’ont pas le goût à la détente. « La décision du Home Office est tombée il y a deux mois. On m’a rejeté, on ne veut pas de moi ».

      Barzan, 26 ans, détaille les justifications des autorités britanniques avec mépris.

      lls m’ont dit que maintenant je pouvais retourner en Irak, que ce n’était plus dangereux, que je pouvais être avec ma famille là-bas.

      Barzan, un Kurde irakien de 26 ans

      Son ami Wira, 36 ans, tente de le consoler, mais a peu d’arguments. « Je suis venu en Grande-Bretagne il y a quatorze ans, ma demande d’asile et mon appel ont été rejetés. Depuis, j’ai fait plus de douze demandes de réexamen [il n’y a pas de limites pour ces requêtes, il faut apporter de nouveaux éléments au dossier, ndlr]. C’est toujours non ».

      Wira est dans une zone grise : sommé de quitter le pays, il ne compte plus les années à errer, anonyme, entre les villes de Leicester, Wrexham et Liverpool.

      Wira et Barzan viennent d’Erbil et de Souleimaniye, dans la région autonome du Kurdistan irakien. L’Angleterre, ils l’ont fantasmée à plus d’une décennie d’écart. Le premier y a posé le pied en 2002, le second en 2016. « Ici, on pouvait gagner notre vie, la construire, du moins c’est ce que je pensais », résume Barzan.

      Son regard vert glacial se fait encore plus froid quand il repense au chemin parcouru. « Je suis venu par la Turquie, la Grèce, la route des Balkans en 2015 ». Il tente d’abord une première demande d’asile en Allemagne en 2015. Puis « neuf mois sans nouvelles », alors il se « reporte » sur la Grande-Bretagne.

      « Je suis resté des mois bloqué à Grande-Synthe (à 30 km de Calais) avant de réussir à passer, après une dizaine de tentatives, avec 24 autres personnes dans un camion de lots de shampoing ». Barzan se souvient : « Ce n’était pas la vie normale. Le temps était long. Tu ne savais pas combien de temps tu allais rester, ce que tu allais devenir ».

      En 2002, « tout était plus simple : ni contrôles ni policiers ni barbelés », lui répond Wira, qui a franchi la frontière à cette date. « Je suis resté trois jours à Calais et j’ai réussi dès le premier coup à passer dans un camion ». Les souvenirs de Wira sont légers et flous, ceux de Barzan tenaces et amers.

      Les deux hommes montrent leurs mains rouges et desséchées. S’ils n’ont toujours pas de statut de réfugié, ils ont un travail, l’une de leurs motivations pour venir en Grande-Bretagne.

      « On lave des voitures », explique Barzan. « Si tu es réfugié, en Angleterre, tu dois passer par le “car-wash” même si ça abime les mains, plaisante Wira, c’est dans une société de lavage de voitures que nous nous sommes rencontrés, beaucoup de Kurdes y travaillent, on trouve toujours. Au début on gagne 39 euros puis avec l’expérience 56 euros par semaine. Je travaille dans ce secteur depuis quatorze ans ».

      Et toujours non déclaré. « Trouver un job au noir, c’est facile en Grande-Bretagne, je ne me suis jamais fait prendre par les autorités. Il paraît que quelques patrons se prennent des amendes. Mais personnellement, je n’ai jamais vu aucun directeur avoir des problèmes ».

      Dans ce pays à l’économie libérale, le travail au noir représente près de 9,4 % du PIB en 2017, selon le magazine américain Forbes.

      On ne compte pas nos heures, on travaille six jours sur sept.

      Barzan, un Kurde irakien de 26 ans

      « Mais je crois qu’en fait c’est la norme, comme un cercle vicieux sans fin, analyse Wira. La Grande-Bretagne a besoin de nous, de main d’œuvre, pour les petits boulots. Mais en même temps, nous sommes rejetés, nous n’avons pas de droits ».

      Les compères remontent l’artère commerçante de Liverpool où se succèdent les magasins des grandes chaînes de prêt-à-porter. « C’est une très belle ville, mais je suis effrayé par le racisme, avoue Barzan. Tu le sens, le raciste, c’est celui qui te regarde comme quelqu’un d’inférieur ». Ils rejoignent un restaurant kurde aux murs blancs.

      Barzan déprime devant sa soupe de lentilles rouges. « Je suis perdu, je veux gagner ma vie mais dans une usine ou en tant que chauffeur de taxi, pas dans un “car-wash”, au noir ». Il songe au retour et évoque cet ami kurde qui lui « n’en pouvait plus d’attendre ». « Il est parti en Allemagne pour tenter de demander l’asile là-bas ».

      Comme lui, en 2017, quelque 966 personnes ont franchi irrégulièrement la frontière entre l’Angleterre et la France, selon l’Ocriest (Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre). Souvent dissimulés dans les camions, ils ont finalement re-traversé la Manche en sens inverse, lassés de la dureté de ce pays dont ils avaient trop rêvé.

      Lire aussi : L’abandon des enfants migrants en France
      Ridire (Bédouin apatride)

      Ridire exhibe tout sourires ses cartes. « Ma première carte d’identité, ma première carte de crédit ». Des sésames dont il est fier et grâce auxquels il bénéficie d’une reconnaissance après un long passage à vide. « Dans tous les pays que j’ai traversés, j’étais considéré comme quelqu’un d’illégal, un terroriste, parce que j’étais un migrant ».

      Cet homme brun au teint hâlé traîne ses longues jambes sur un marché bouillonnant de Birmingham, sa commune d’adoption. « C’est une bonne localité pour recommencer une nouvelle vie, trouver un bon travail ». Entre les étals, les langues anglaise mais aussi pakistanaise, arabe ou chinoise se mêlent dans cette deuxième ville d’Angleterre qui abrite de nombreux réfugiés.

      Bédouin, Ridire est né sans papiers au Koweït.

      « Nous sommes bidoune [sans papiers, ndlr] et persécutés, le pays ne veut pas de nous ». Formant une famille d’apatrides avec sa mère et ses petits frère et sœur, ils prennent en 2010 le chemin de Damas, en Syrie, où Ridire travaille dans un hôtel.

      La guerre arrive, la fuite au Liban s’impose, dans un camp de réfugiés où l’attente devient interminable. Ils décident alors de rejoindre leur oncle, installé depuis des années en Grande-Bretagne.

      Son frère et sa sœur, mineurs, bénéficient d’un regroupement familial. Ridire emprunte la voie illégale : traversée de la Turquie, la Grèce, la route des Balkans, à l’été 2015.

      « J’ai rarement ressenti d’humanité, insiste Ridire. La seule fois c’était à Lesbos, avec des bénévoles qui m’ont parlé comme à quelqu’un de normal ». Une inhumanité qui s’accentue, d’après lui, lorsqu’il débarque à Grande-Synthe.

      « Je suis arrivé de nuit, avec ma mère. D’autres migrants nous ont dit de nous installer dans une tente. Le lendemain, à la lumière du jour, j’ai découvert le cauchemar : les rats, la boue... » Ridire est alors au camp du #Barosch de #Grande-Synthe, aux côtés de 2 000 migrants. Il y découvre le système des passeurs.

      « Des trafiquants sont venus me voir, m’ont dit “comme tu es Koweïtien, tu es riche, un passage te coûtera 2 500 euros” ». Dans le nord de la France, les trafiquants appliquent les tarifs de leurs « prestations » souterraines au faciès.

      Pour passer la Manche caché dans un camion, un ressortissant érythréen, réputé pauvre, paiera moitié moins cher qu’un Syrien, réputé riche, indique Ridire écœuré. Lui n’a pas d’argent. Les saisons passent à Grande-Synthe. Sa mère tombe malade, il parvient à la faire passer légalement en Grande-Bretagne, mi-2016.

      Seul, Ridire déchante. « Je pensais que j’allais mourir à Grande-Synthe. Un passeur qui me voyait dépérir m’a aidé. Un soir il m’a dit, “ok tu montes gratuit” dans un camion qui contenait des télévisions, de la farine, des pots en céramique… ».

      Sur le trajet, il pleure de joie. « Je me disais, je vais enfin avoir des droits. Le poids lourd s’est arrêté dans un village du centre, je suis sorti sous les yeux médusés du chauffeur – un Roumain je crois – en courant, trop heureux. Il n’a rien dit. J’ai appelé ma famille à Birmingham qui m’a envoyé un taxi ».

      Au bout d’un an, Ridire obtient son statut, le Koweït est jugé dangereux pour lui « il y a un risque d’extinction de la communauté (des Bédouins) à cause du mauvais traitement que nous subissons : pas de services, pas d’accès à l’éducation ni à la santé », justifie Ridire.

      Il peut aujourd’hui avoir accès au système de santé, étudie les mathématiques à la faculté, vit dans une maison avec sa mère. Les 42 euros hebdomadaires que lui verse le gouvernement l’aident à se nourrir.

      « D’ici quelques années, je travaillerai dans l’industrie du pétrole, je n’ai pas honte de dire que j’ai envie de bien gagner ma vie. L’Angleterre pour moi, c’est le business, c’est très différent de la France, où j’ai le sentiment que les gens sont plus amicaux ». Le pays réputé individualiste « casse quelques traditions et valeurs familiales, avoue-t-il. En ce mois de juin, c’est le ramadan, or mes frère et sœur n’ont pas le temps de venir dîner, ils disent qu’ils travaillent trop. Alors on s’appelle, mais on ne reste plus ensemble, comme au Koweït. S’il nous arrive une broutille, personne ne se déplace pour l’autre. Trop de travail, c’est souvent l’excuse ».

      Maintenant, Ridire espère obtenir d’autres droits. « J’aimerais pouvoir voter. Si j’avais eu ce droit, je n’aurais surtout pas voté pour le Brexit, qui ­m’inquiète et va nous isoler ».
      Henok (Érythréen)

      Henok chante des airs de rap en marchant sur les trottoirs bondés de Londres. Il slalome ce jour de juin entre les passants, près de la gare internationale de Saint-Pancras. Parmi la foule d’anonymes, personne ne s’attarde sur la bouille ronde du jeune Érythréen, cheveux en bataille, survêtement noir et petite sacoche.

      Sur le chemin de l’exil, Henok devait fuir les regards, « On me dévisageait alors que je voulais être discret, dit l’adolescent de 18 ans. Il était l’étranger. Aujourd’hui, je me sens libre ». Il avance serein entonnant des paroles sur Calais, qu’il a composées lui-même. La ville, jamais loin, le hante toujours. Car avec Tripoli, en Libye, Calais est l’escale de son ­parcours qui l’a le plus « choqué ».

      Parti seul d’un village près d’Asmara à 14 ans, il fuit le service militaire à vie de ce pays d’Afrique de l’Est sous la coupe du dictateur Isaias Afwerki.

      Pendant deux ans, Henok ne songe qu’à traverser les frontières. « Je voulais venir en Grande-Bretagne dès le départ. J’avais entendu par des amis déjà sur place qu’on trouvait du travail plus facilement en Angleterre qu’en Italie ou en France ».

      Son itinéraire se dessine : Soudan, Libye, Italie, France. Des milliers d’autres migrants l’ont fait avant lui, cela lui donne espoir, les photos de proches en Grande-Bretagne le soutiennent pendant son périple. Sans argent, il ne passe pas toujours avec des passeurs de frontières, « je me cachais seul dans les camions ».

      Lire aussi : Plus de cent soudanais renvoyés dans l’enfer libyen

      Henok insiste sur deux étapes qui l’ont traumatisé.

      À Tripoli en Libye et à Calais, j’ai lutté pour ma survie. Je pensais souvent à la mort.

      Henok, Érythréen de 18 ans

      Malgré sa jeunesse, elle est omniprésente dans la vie de l’adolescent. « En Libye, je suis resté bloqué à Tripoli, pendant trois mois, dans une maison de torture [les migrants nomment généralement ces bâtisses des connexions houses, surveillées par les passeurs, ndlr] ».

      Enfoncé dans le fauteuil d’un café cosy londonien, Henok exhibe une blessure sur sa main. « Ceux qui me gardaient me brûlaient, ils voulaient appeler mes parents pour avoir de l’argent contre ma liberté, mais mes parents n’ont pas de téléphone dans leur village ! ».

      Il perd la notion du temps, finit par embarquer pour l’Italie « Un jour de printemps 2015, dit-il évasif. J’avais trop peur, mais il fallait rejoindre l’Italie. C’était la mort en Libye, la mort dans l’eau ou l’Italie, pas d’autres options ». Il navigue sur la Méditerranée centrale dans un bateau en bois où s’entassent 383 personnes, avant d’être tiré des flots par un navire italien. « Le plus beau jour de ma vie, mais je n’arrive pas à le décrire, c’était trop fort ». Il marque un silence et sourit.

      Après cette frontière traumatisante, il reste à Henok une autre mer à traverser : la Manche. Et un second traumatisme, Calais. « Je suis passé facilement de l’Italie à la France par les Alpes, caché dans un camion, contre 30 euros. Calais, finalement, ça paraissait simple à franchir : la Manche est petite comparée à la Méditerranée ».

      Mais, bloqué dans la ville de la dentelle pendant un mois et deux semaines, il partage l’errance d’un sans-domicile avec d’autres Érythréens près du port de la ville, nourris par les ONG.

      Puis Henok découvre la traque, dit-il, de ceux dont tous les migrants connaissent l’acronyme à Calais : les CRS. « Presque chaque nuit, je tentais de me cacher dans des camions, avec des amis, sans passeur, les policiers n’étaient jamais loin. Au bout de quelques semaines, je me suis fabriqué un faux garrot pour faire croire que j’étais blessé et qu’ils me laissent tranquille ».

      Son ton s’accélère, il raconte nerveusement. « J’essayais de me glisser sous les châssis des camions, ou de rentrer dans les cargaisons dès que je voyais des poids lourds à l’arrêt. Je ne comptais pas les tentatives. Je me faisais prendre par les policiers, je recommençais le lendemain ».

      Cela devient un défi pour l’adolescent. « Je n’avais pas peur, je pensais à l’Angleterre toute la journée. La nuit, lors de mes passages, mes vêtements étaient déchirés à force de courir et tomber sur les routes ». Sa crainte principale : « Les chiens (renifleurs) du port qui finissaient toujours par me trouver planqué dans les camions alors que j’étais près du but ».

      Henok parvient à sauter dans un train de poids lourds qui file vers l’Eurotunnel.

      Quand j’ai compris que j’étais sous le tunnel, l’émotion était intense pas autant qu’en mer en Libye, mais presque.

      Henok, Érythréen de 18 ans

      Henok dépose sa demande d’asile dans les minutes qui suivent son arrivée à Douvres à l’automne 2015, dans un commissariat de la ville-frontière du sud de l’Angleterre.

      Le mineur est transféré vers Londres, où il est logé avec des travailleurs sociaux par le Home Office. Il obtient son statut de réfugié au bout d’un an, aidé par sa minorité car un retour en Érythrée est bien trop dangereux. « J’ai ce que je voulais, la sécurité et les études. Je veux devenir électricien et continuer le rap ».

      Mais après cette longue quête, une autre commence pour lui. « Je cherche mes parents et mon frère, dont je n’ai jamais eu de nouvelles depuis mon départ. Ils n’ont ni adresse ni Internet. Je pense à eux, ça me rend triste, je voudrais les faire venir, je ne sais pas ce qu’ils sont devenus et eux non plus ne savent rien de ma vie ».


      https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/les-mirages-de-leldorado-britannique

      #dessins de #Elisa_Perrigueur

    • Arrivés en Angleterre illégalement, de nombreux mineurs isolés sont victimes des trafiquants

      Refoulés par le Home Office après des mois passés à Calais, de nombreux mineurs ont tout de même décidé d’atteindre l’Angleterre de manière illégale. Beaucoup ont disparu dans la nature et sont tombés aux mains des réseaux de trafiquants.

      Selon le quotidien britannique The Independent, de nombreux migrants mineurs dont le dossier a été refusé par le Home Office - le ministère anglais de l’intérieur - au moment du démantèlement de la « jungle » de Calais ont traversé la Manche par leurs propres moyens et sont tombés entre les mains de trafiquants au Royaume-Uni.

      Lors de la signature de l’amendement Dubs en mars 2016, le Royaume-Uni s’était engagé auprès de la France à accueillir 480 mineurs isolés présents à Calais et désireux de rejoindre l’Angleterre. Mais en octobre 2016, date du démantèlement de la « jungle », des centaines de mineurs non accompagnés ont vu leur demande déboutée par le Home Office.

      L’association Social workers without borders - qui avait mené une série d’évaluations sur plusieurs enfants de la « jungle » avant son démantèlement - rappelle que sur les 42 enfants signalés « dans le besoin », aucun d’entre eux n’a eu l’autorisation de rejoindre l’Angleterre.

      >> À lire sur InfoMigrants : Au Royaume-Uni, un migrant peut croupir des années en centre de rétention

      Bon nombre de migrants refoulés par les autorités britanniques ont donc tenté leur chance par la voie illégale. Beaucoup d’entre eux se sont ainsi retrouvés piégés dans des réseaux de trafiquants.

      Selon les dernières données du Centre d’information sur la traite des enfants (CTAC), sur les 293 jeunes arrivés en Angleterre clandestinement depuis mi 2016, seulement 103 personnes ont été localisées. Les autres - les 190 autres restants - ont tout simplement disparu dans la nature. À titre d’exemple, sur les 42 mineurs identifiés par Social workers without borders, neuf ont atteint le Royaume-Uni par leurs propres moyens et 14 sont toujours « introuvables ».

      « Quand ils n’ont pas d’argent, leur corps ou le trafic de drogue deviennent des monnaies d’échange »

      Selon le quotidien britannique, un adolescent soudanais placé dans une famille d’accueil a disparu quelques mois après son arrivée en Angleterre, en décembre 2016. « Je lui ai envoyé un message mais je n’ai pas eu de réponse », déclare à The Independent Sue Clayton, une universitaire qui lui avait rendu visite. « Il était clair que les choses ne se passaient pas bien pour lui en Angleterre. Il est probable qu’il travaillait pour le compte d’un trafiquant (…). Il m’a dit que sa mère était très malade et que sa famille avait besoin d’argent ».

      The Independent met également en avant le cas d’un garçon de 16 ans qui a été « pris en otage » par des trafiquants une fois arrivé au Royaume-Uni. Les malfaiteurs le retenaient car son père, installé en Angleterre, n’avait pas les moyens de payer les passeurs de son fils. Le jeune homme a pu être libéré grâce à l’intervention de la police.

      Swati Pande, membre du CTAC, estime qu’il est fréquent que les enfants ayant traversé la Manche disparaissent ou ne soient jamais retrouvés au Royaume-Uni. « Rien n’est gratuit. Ces jeunes ont fait un si long voyage, ils doivent toujours de l’argent à quelqu’un », explique-t-elle au journal anglais. « Au cours de leurs voyages, nous savons qu’il peut y avoir des abus. Quelle est la monnaie d’échange de ces enfants ? Quand ils n’ont pas d’argent, leur corps ou le trafic de drogues deviennent des monnaies d’échange », continue-t-elle.

      Pour la députée anglaise Sarah Jones cité par The Independent, le gouvernement britannique a « tourné le dos aux enfants réfugiés de la ‘jungle’ et continue de le faire ». « Cette année marque le 80ème anniversaire du Kindertransport, quand notre pays a sauvé 10 000 enfants du régime nazi. C’est une honte que le sentiment anti-migrant de notre gouvernement s’étende même aux enfants les plus jeunes et les plus vulnérables », a-t-elle ajouté.
      Une critique injustifiée selon un porte-parole du Home Office qui rappelle que « l’an dernier, le Royaume-Uni a assuré la protection de 6 000 enfants et a également délivré 5 218 visas de regroupement familial, dont plus de la moitié était destiné à des enfants ». Reste que seuls 220 enfants ont été transférés en Angleterre depuis fin 2016, sur les 480 prévus par l’amendement Dubs.


      http://www.infomigrants.net/fr/post/13286/arrives-en-angleterre-illegalement-de-nombreux-mineurs-isoles-sont-vic

    • Rick Roderick on Marcuse - One-Dimensional Man [full length] | 45 Min.

      https://www.youtube.com/watch?v=WNAKr1TQ0xc

      This video is 4th in the 8-part video lecture series, The Self Under Siege: Philosophy in the Twentieth Century (1993). Lecture Notes:

      I. Marcuse became a pop figure, the philosopher of the 60s. He expressed a key contradiction in modernity. Modernity is “enlightenment”, the end of myth and dogma, the power of reason; but it is also the rise of technology, capitalism, specialization, instrumental reason and the return of myth and dogma. The enlightenment built an intellect powerful enough to surrendering dogmatically before the powers of technology. This is the “Dialectic of Enlightenment” as analyzed by Herxheimer and Adorno and popularized by Marcuse. II. Instrumental rationality, information-based individual reason, leads to irrational outcomes. Individual monologic rationality is not rational in the totality of overall system. How did the force of the love of reason become itself unreasonable? The self cannot escape siege under the sway of instrumental reason alone, it drains the world of meaning and leads to the entwinement of myth and enlightenment. The film “Dr. Strangelove” is one long example of the contradictions outlined by Marcuse. III. Instrumental reason is the product of a one-dimensional society that produces one-dimensional human beings. Marcuse criticizes our society along at least two dimensions. First, the inner dimension: anxiety, despair, nausea and a massive industry in drugs to deal with these pathologies. A society of addicts. Second, the outer social world: alienation (separation from the subject and the object and the self in Marx’s sense); rationalization (bureaucracy and technical action in Weber’s sense). These produce a one-dimensional culture or banality which reduces human suffering and human desire to trivia and image.

      IV. Such humans have by now become deeply skeptical and cynical about almost everything; in particular, the government and the culture industry. Beyond that, we are becoming skeptical about our history, our meaning, our purpose and the general fate of the species.

      V. Marcuse’s method of criticism is called internal critique which measures a society against its own historically accumulated concepts and ideals in order to point out the gap between the actual social practices and the principles.

      VI. Marcuse also never lost faith in the human species to reconstruct itself, to begin anew. This hope of liberation transcended the field of economics and standard Marxism, as well as the achievements of the so-called free and democratic world of today. He also rested his hope in the possibility of that the self could be won against the odds. Today, unfortunately, this view will seem to many quaint.

      For more information, see http://www.rickroderick.org

    • #lumières #raison #rationalité #séparation #addiction #aliénation #banalisation #complexité #démocratie #désillusion

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      https://fr.wikipedia.org/wiki/Herbert_Marcuse

      #Herbert_Marcuse, né le 19 juillet 1898 à Berlin et mort le 29 juillet 1979 à Starnberg (Bavière), est un philosophe, sociologue marxiste, américain d’origine allemande, membre de l’École de Francfort avec Theodor Adorno et Max Horkheimer.

      [...]

      Il est notamment l’auteur et de L’Homme unidimensionnel (1964), qui veut démontrer le caractère inégalitaire et totalitaire du capitalisme des « Trente Glorieuses ». Ces affirmations lui valurent des critiques, notamment celle qui proclamerait la tolérance envers toutes les opinions sauf les opinions « qui perpétuent la servitude », malmènent l’autonomie au profit du statu quo répressif et protègent « la machine de discrimination qui est déjà en service »4. Pour Marcuse, la tolérance envers des idées qui servent le système de domination et d’oppression est une dénaturation du concept de tolérance : Marcuse oppose la vraie tolérance, qui est nécessairement émancipatrice, à une perversion opportuniste de l’idée de tolérance, qu’il qualifie de « tolérance répressive ». Selon Marcuse, c’est la « tolérance répressive » qui a autorisé la prise du pouvoir par le parti nazi en Allemagne5. Pour Marcuse, « une des réalisations de la civilisation industrielle avancée est la régression non-terroriste et démocratique de la liberté – la non-liberté efficace, lisse, raisonnable qui semble plonger ses racines dans le progrès technique même ».

      [...]

  • Mi-juillet, le Crisis Group est fier de t’annoncer que la criminelle de guerre Tzipi Livni rejoint son conseil d’administration :
    https://www.crisisgroup.org/who-we-are/crisis-group-updates/crisis-group-welcomes-new-members-board-trustees

    “It is a privilege to welcome twelve new members who collectively bring to Crisis Group a wealth of experience, wisdom and influence”, said Lord Mark Malloch-Brown, Crisis Group’s Chair of the Board of Trustees. “Their addition will ensure that Crisis Group continues to have one of the most influential boards of any non-governmental organisation in the world”.

    […]

    Tzipi Livni
    Former Foreign Minister and Vice Prime Minister of Israel

  • Shifting relationships, growing threats: Who’s who of insurgent groups in the Sahel

    In the six years since a separatist rebellion broke out in northern #Mali in January 2012, armed groups in West Africa’s Sahel region have grown considerably in both number and the complexity of their ever-evolving relationships with one another.


    http://www.irinnews.org/analysis/2018/02/15/Sahel-militant-groups-Mali-Niger-threat
    #Sahel #Niger #Nigeria #Burkina_Faso #Tchad #ISIS #Etat_islamique #EI #boko_haram #djihadisme
    cc @reka

  • La vidéo du « rat qui se douche » ne montre pas du tout un « rat qui se douche » - vidéo Dailymotion
    https://www.dailymotion.com/video/x6dydz1


    C’est un dur rappel à la l’immuable loi d’internet : derrière une vidéo virale peut parfois se cacher une réalité bien moins mignonne qu’au premier clic. À l’image des chiens qui se tiennent sur leurs pattes arrières, le « rat qui prend sa douche », qui a conquis les réseaux sociaux comme une traînée de poudre, s’est avéré être moins un remake du film Ratatouille qu’une mauvaise mise en scène (voir la vidéo en tête d’article).

    #Fake_news #Vidéos #Viralité

  • Tsipras met la Grèce en ordre de marche pour l’austérité [#éditorial des bulletins d’entreprise Lutte Ouvrière du mardi 22 septembre 2015]
    http://www.lutte-ouvriere.org/notre-actualite/editoriaux/article/tsipras-met-la-grece-en-ordre-de

    Avec plus de 35 % des suffrages exprimés, Syriza a remporté les législatives grecques. Tsipras est donc élu pour la seconde fois. Mais la vague d’espoir soulevée par la victoire de #Syriza en janvier dernier a laissé la place à beaucoup de désillusions.

    L’#abstention de 44 %, un record en Grèce, en témoigne. Et comment ne pas comprendre ceux qui ont boudé les urnes quand leur vote de juin dernier -61 % contre le programme d’#austérité- a été piétiné et utilisé pour faire la politique contraire ? Quoi d’étonnant qu’ils n’aient pas eu envie de choisir quand les deux grands partis présentaient le même programme d’austérité ?

    Cette #désillusion est aussi présente parmi ceux qui ont voté Syriza. Ils savent bien qu’une nouvelle cure d’austérité les attend. Tout ce qu’ils espèrent désormais, c’est qu’elle soit un peu moins dure avec Syriza qu’elle ne l’aurait été avec la droite.

    Aux yeux de cette fraction de l’électorat populaire, Tsipras apparaît cependant toujours comme celui le plus à même de les protéger. Et même s’il a capitulé face aux grandes puissances, ils lui sont reconnaissants d’avoir essayé de s’y opposer.

    Mais pour tous ceux qui ne se résignent pas, en Grèce comme ici, il faut tirer les leçons de l’échec de Tsipras.

    Tsipras a certes été le premier dirigeant grec à contester le sort imposé à son pays par les créanciers, il a même été le seul représentant des pays pauvres d’Europe à le faire. Et si on peut lui reconnaître du courage politique et comprendre que certains parmi les classes pauvres de Grèce en soient fiers, il faut regarder les choses en face.

    Que reste-t-il du Tsipras qui promettait d’arrêter l’austérité mortelle pour les classes exploitées de Grèce ? Que reste-t-il de celui qui voulait forcer les créanciers à relâcher leur emprise pour donner la priorité aux plus pauvres, aux travailleurs, aux retraités les plus modestes ? Une certaine image et beaucoup de paroles creuses. Car aujourd’hui Tsipras est la courroie de transmission de la purge ordonnée par l’Union européenne (#UE) et le #FMI. Il s’est engagé à baisser les retraites, à augmenter la TVA. Il va augmenter les impôts pesant sur les paysans, couper dans les dépenses publiques et privatiser tout ce qui peut encore l’être. Le tout, sous la tutelle de l’Union européenne.

    Alors, comment en est-on arrivé là ? Comment Tsipras s’est-il battu ? Avec quelle politique, quels objectifs et quels moyens ? Tsipras n’a jamais visé la remise en cause de l’ordre capitaliste. Il n’a jamais contesté le remboursement de la dette grecque dans laquelle les classes populaires ne sont pour rien. Et, preuve qu’il ne voulait pas s’en prendre aux intérêts de la bourgeoisie, il n’a même pas mené la lutte dans son propre pays pour faire payer un tant soit peu la bourgeoisie grecque.

    Son objectif, modeste, était d’obtenir un peu de marge de manœuvre de façon à pouvoir prendre quelques mesures qui auraient soulagé les plus pauvres. Il a bataillé auprès des créanciers. Il a bataillé dans les sommets européens et dans les cabinets ministériels. Il s’est servi du suffrage populaire et des élections pour peser dans les négociations. Rien n’y a fait !

    Il faut que les travailleurs sachent que la bourgeoisie et les dirigeants européens sont impitoyables. Ils ne feront aucune concession, ils n’admettront une remise en cause de l’austérité que contraints et forcés par une révolte sociale. La solution est dans le camp des exploités eux-mêmes, dans leur capacité à se battre et à agir d’en bas en usant de toute leur force sociale. Dans le passé, c’est cette lutte de classe qui a réussi à repousser le mur de l’argent. Ce sera la même chose à l’avenir.

    Il faut se méfier comme de la peste de tous ceux qui, en Grèce comme ici, prétendent faire le bien des travailleurs sans être prêts à combattre les intérêts de la bourgeoisie et sans expliquer que la #classe_ouvrière n’obtiendra rien sans se battre.

    Tsipras fait partie de ces faux-amis de la classe ouvrière. Et que sa victoire ait été accueillie favorablement par tous les dirigeants européens le montre assez. Depuis que Tsipras s’est soumis à leur diktat, il est passé du rang de bête noire de l’Europe à celui d’homme politique « responsable » et « crédible ». Avec ces élections, tous les dirigeants, de #Hollande à #Merkel, misent sur Tsipras et sa capacité à « stabiliser » le pays, c’est-à-dire à imposer cette énième cure d’austérité.

    Eh bien, espérons qu’ils se trompent ! Espérons que le monde du travail ne se laissera pas faire. Espérons que les travailleurs victimes du #chômage et de l’abaissement de leur niveau de vie, les retraités qui vont subir la baisse de leur pension, les paysans qui vont voir leurs taxes doubler, réagiront.

    #Lutte_Ouvrière

  • Charlie à tout prix ?, par Frédéric Lordon
    http://blog.mondediplo.net/2015-01-13-Charlie-a-tout-prix

    Lorsque le pouvoir de transfiguration de la mort, ce rituel social qui commande l’éloge des disparus, se joint à la puissance d’une émotion commune à l’échelle de la société tout entière, il est à craindre que ce soit la clarté des idées qui passe un mauvais moment. Il faut sans doute en prendre son parti, car il y a un temps social pour chaque chose, et chaque chose a son heure sociale sous le ciel : un temps pour se recueillir, un temps pour tout dire à nouveau.

    Illustration fournie par le NASDAQ : https://twitter.com/NASDAQ/status/553247771726450688

    • Alors « union nationale » ? « Peuple en marche » ? « France debout » ? Il s’agirait peut-être d’y regarder à deux fois, et notamment pour savoir si cette manière de clamer la résolution du problème par la levée en masse n’est pas une manière spécialement insidieuse de reconduire le problème, ou d’en faire la dénégation. A l’image des dominants, toujours portés à prendre leur particularité pour de l’universel, et à croire que leur être au monde social épuise tout ce qu’il y a à dire sur le monde social, il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même. Il n’est pas certain cependant que ceci fasse un « pays », ou même un « peuple », comme nous pourrions avoir bientôt l’occasion de nous en ressouvenir.

    • Il y aurait enfin matière à questionner la réalité de l’« union nationale » qu’on célèbre en tous sens. Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué.

      Impossible de savoir effectivement, mais pour qui observait les trains en provenance du nord de Paris, il semblerait que ce soit tout de même le cas. Du coup, en écho, lire aussi ce texte, qui glose à partir du dessin d’Uderzo :

      Dès lors le « Je suis un Charlie » signifie bien « Je suis un Français », un « blanc » plutôt. Oui : « je suis un blanc », ce qui n’a rien de honteux en soi naturellement, mais quand c’est un blanc cognant joyeusement sur un porteur de babouches, assimilé implicitement à un envahisseur (par analogie avec les habituelles sandales romaines que viennent ici remplacer les babouches), alors « Je suis un Charlie » signifie : « je suis blanc et j’emmerde les bougnoules ».

      http://lmsi.net/De-quoi-Charlie-est-il-le-nom

    • En lisant l’ami Lordon...
      http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=18421

      J’ai bien lu : « avec une publicité aussi ostentatoire que possible ». Gloups. Si je comprends bien Lordon, Libé aurait été pardonné d’accueillir les rescapés de Charlie, mais surtout sans que personne le sache. Rien de plus facile. Il suffisait à Joffrin de prendre un air dégagé, et de répondre à la presse mondiale qui campe devant le siège du journal que non non, il n’a entendu parler de rien. Charlie comment ? Pas chez nous. Voyez en face.

    • On lit :

      Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude.

      A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs.

      Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué.

      il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même.

      Et on pense que ça aide et que c’est très constructif comme « réflexions ».

      On a déjà perdu quelques repères et quelques référents depuis la semaine dernière, on remercira Lordon de nous démolir encore un peu plus. Et si c’est pour nous arroser de ce regard arrogant, la prochaine fois, il pourra aussi faire plus court.

      #désillusion

    • Tout à fait d’accord avec Lordon sur le point de l’homogénéité des ’marcheurs’ (largement convaincus à la cause) et finalement très triste que l’on ne voit aucune démonstration ou revirement pour aider une jeunesse française perdue et sans espoirs, malgré de nombreuses voix qui s’élèvent pour dénoncer l’urgence (mais qui existe depuis bien des années) de la situation, venant de ceux qui la fréquentent, souvent des institutrices...

  • Contre Pierre Rabhi (et qu’Althusser repose en paix.)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yann-kindo/120714/contre-pierre-rabhi-et-qualthusser-repose-en-paix

    Il a été déjà question de Pierre Rabhi plusieurs fois sur ce blog. Pour l’essentiel, à l’occasion d’une visite à sa ferme expérimentale pas loin de chez nous en Ardèche, au cours de laquelle on avait pu constater avec quelques copains de l’AFIS à quel point les méthodes agronomiques du bonhomme sont une sorte d’arnaque qui repose sur l’exploitation de main d’œuvre gratuite et de dons divers et variés, pour aboutir au final à un résultat absolument minable en termes de production, dont auraient honte même les plus incompétents des jardiniers amateurs (dans mon style)

    http://blogs.mediapart.fr/blog/yann-kindo/280912/agroecologie-quand-bastamag-voit-ce-quil-croit

    http://afis-ardeche.blogspot.fr/2012/09/humanisme-notre-visite-chez-des.html#mor

    Je ne vais pas en rajouter ici sur la question proprement agronomique, que l’on peut considérer comme réglée : si on généralisait les illusions et l’incompétence qui règnent à la ferme du Mas de Beaulieu, il y aurait encore plus de sous-nutrition sur la planète que le capitalisme ne réussit déjà à en provoquer.

    Quand la journaliste l’interroge sur la question des inégalités, Rabhi brasse encore du vide avec des trucs du genre : « Contre les inégalités, il faut inventer de nouvelles politiques, inventives, locales. ». Oui, inventons des inventions, c’est ça qu’il faut faire, mais c’est bien sûr ! Qui pourrait ne pas être d’accord avec des solutions inventives, surtout si elles sont au niveau local, en plus ? Parce que le niveau local, c’est le bon niveau, c’est sûr, à l’heure où l’ensemble de la production est désormais mondialisée... A part ça, que nous dit Rabhi ? Qu’« il faut des règles éthiques et morales », que « Si une société est généreuse et vraiment préoccupée d’équité, elle résoudra le problème. », que « la société civile est un immense laboratoire d’utopies et d’expérimentations d’intérêt général. », que « nous appelons à l’insurrection des consciences », et que « L’écologie devrait être transversale. Elle concerne tout le monde, les arbres, les créatures, tout. ». Et bla bla bli et bla bla bla. Ça doit pas demander beaucoup d’efforts, d’aligner comme ça de telles platitude creuses [car oui, Rabhi arrive à rendre creux ce qui est pourtant plat, c’est en cela que c’est un être d’exception à mes yeux]

    Et surtout, en termes de critique du capitalisme et de perspectives politiques pour les exploités et les opprimés, le discours de Rabhi ne pisse pas plus loin que ce que n’importe quel pape moyen peut raconter dans un sermon qui ferait titrer aux journalistes des choses du genre « L’Eglise se place résolument aux côtés des pauvres ».

    Dans cette interview avec Jade Lingaard, jamais Rabhi ne prononce des mots comme « bourgeoisie », « classes sociales » ni même tout simplement « capitalisme ». Tout cela n’existe pas pour lui, il faut juste que chacun se serre un peu la ceinture et tout ira bien.

    D’ailleurs, en fait, pour être honnête, je crois à la réflexion que le Pape se préoccupe plus des inégalités sociales et des réalités du capitalisme que ne le fait Pierre Rabhi.

    Ce qui n’est pas très surprenant, parce qu’en fait Rabhi s’accommode très bien du capitalisme et du pouvoir de la bourgeoisie, ce qui doit expliquer pourquoi il est le « penseur » « radical » préféré des bourgeois et du show-bizz.

    Dans l’interview à Médipart, Rabhi nous dit :
    « L’argent, je ne le diabolise pas. On en a tous besoin, moi le premier. »
    Effectivement, on l’a vu dans la reportage de l’AFIS 07 à la ferme expérimentale des disciples de Rabhi : ils en ont besoin, d’argent, vu qu’ils ne produisent que très peu par eux-mêmes, malgré toute la main d’œuvre gratuite à leur disposition. Alors ils font payer les « stagiaires » qui viennent travailleur pour eux, et ils font appel aux dons. Et ce à une échelle semble-t-il très large. Parce que la sobriété heureuse de Rabhi, pour qu’elle puisse se répandre, il faut quand même que de riches mécènes plus heureux que sobres viennent lui donner un petit coup de pouce. Ainsi, comme les ventes des livres et des DVDs du gourou ne suffisent pas encore à mettre assez de beurre dans les épinards, il s’est créé une « fondation Pierre Rabhi » dont voici la liste des membres fondateurs ainsi que le comité exécutif :
    http://www.fondationpierrerabhi.org/fondateurs-et-structures-historiques.php

    Aux côté des éditions Actes Sud, on trouve donc d’abord Point Afriques Voyages et son PDG Maurice Freund. Oui oui, une agence de voyages qui organise des transports en avion [quelle horreur !!!!! Et le réchauffement climatique ? Et le repli sur le local ?] pour entre autres aller faire en Afrique des circuits en 4X4 [oh mon Dieu, pas le 4X4, non, pas ça !!!]

    Il y a aussi parmi les fondateurs Charles Kloboukoff, dont la « petite » entreprise résiste très bien à la crise, puisque Léa Nature surfe sur le créneau porteur des produits bio et qu’il est à la pointe du très classique processus de concentration du capital qui est actuellement à l’œuvre dans ce secteur florissant :
    http://www.agriculture-environnement.fr/dossiers,1/agriculture-biologique,54/la-concentration-dans-le-bio,940.html

    « Le 20 mai dernier, le géant du bio Léa nature a pris le contrôle total d’Ekibio, dont il détenait jusqu’alors 40% du capital. Désormais, le groupe de Charles Kloboukoff pèse donc plus de 200 millions d’euros et emploie près de 1000 personnes. Il devient ainsi l’un des leaders incontestés de la transformation des produits bio en France. (…). À l’horizon 2020, son futur holding, baptisé Groupe Léa Biodiversité (et qui réunira Léa Nature et Ekibio) devrait atteindre les 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec une part à l’international de près de 10 %, notamment vers l’Asie et le continent américain. »

    Le local, on vous dit, le local.

    La sobriété heureuse, qu’on vous dit, visez petit pour être épanouis, qu’on vous dit.

    Mais il y a de aspects du message de Rabhi que son bailleur de fonds a bien enregistrés, il faut arrêter de faire du mauvais esprit :

    « Avec une croissance continue oscillant entre 10 et 30% par an depuis dix ans, le groupe affiche une augmentation de son chiffre d’affaires de 11 % pour 2013.

    Bref, Charles Kloboukoff n’est pas vraiment un adepte de la décroissance ! En tout cas, en ce qui concerne ses propres affaires. Car le discours n’est plus du tout le même lorsqu’il s’agit, par exemple, de l’Afrique. Selon lui, ce continent ne doit pas profiter du développement que l’on connaît en Occident. « Le monde occidental qui a colonisé ce continent porte une grande responsabilité dans les dérives modernistes que rencontrent les peuples africains. Nous avons tout fait pour les couper de leurs racines et les éloigner d’une vie simple et authentique. Nous avons introduit des méthodes du soi-disant développement qui ne sont pas les leurs, et ainsi suscité des tentations destructrices. L’Afrique aurait très bien pu se passer du consumérisme occidental ! », estime le businessman, qui souligne qu’« heureusement, beaucoup d’Africains vivent encore dans le détachement et la simplicité matérielle ». Autrement dit, dans la pauvreté et la misère.

    « Je suis convaincu que les produits vivants, qui se développent par eux-mêmes en puisant dans la nature les nutriments dont ils ont besoin, sont plus profitables à l’Homme que les produits sous perfusion d’intrants chimiques », déclare l’homme d’affaires. Pour lui, « ce qui nous manque le plus, c’est cette capacité à écouter la part d’irrationnel en nous. ».

    Eloge du naturel et de l’irrationnel et apologie de la pauvreté (pour les autres surtout), la pensée Rabhi n’est pas trahie par la croissance du chiffre d’affaire et l’absence de diabolisation de l’argent dont on a évidemment tous besoin, et soi-même le premier.

    Ensuite, parmi les piliers de la Fondation Pierre Rabhi, il y a fort logiquement François Lemarchand, le fondateur de la chaîne de magasins bobos Nature et Découvertes – qui a aussi par ailleurs sa propre Fondation à son nom, évidemment. Si Bill Gates en a une, il n’y a pas de raison qu’il n’en ait pas. La fortune personnelle de François Lemarchand était estimée à 45 millions d’euros en 2009 [Source : Wikipédia, article sur le bonhomme]. Sans doute François Lemarchand ne fait-il que s’efforcer d’appliquer le bon conseil que donne Rabhi dans son interview à Médiapart :

    « Souvent je rencontre des jeunes qui me demandent comment vivre dans la simplicité, avec un simple lopin de terre. Je leur réponds : « Commencez par devenir millionnaires ! » La terre est devenue tellement chère. Le foncier fait partie des sujets à repenser. »

    En attendant de « repenser le foncier » [encore une formule creuse] et de cultiver son petit lopin de terre, François Lemarchand est déjà devenu multimillionnaire. On verra après pour la suite du projet....

    A ses côtés pour soutenir l’ « insurrection des consciences » du prophète Rabhi, on trouve également Jacques Rocher, héritier du groupe de cosmétiques Yves Rocher, rien que ça. Mais attention, Jacques Rocher est un écolo, et donc il utilise le profit de l’exploitation de ses employés et de la vente de ses produits très au-dessus de leur valeur réelle pour faire planter des arbres. C’est pas pareil.

    Enfin, le tableau des mécènes Fondateurs ne serait pas complet sans une authentique princesse héritière apparentée à la famille des Grimaldi du Rocher, la ci-devant « Constance de Polignac ». Lisez dans La Croix le récit merveilleux de la rencontre fructueuse entre la « princesse écolo » et le pauvre agriculteur algérien, c’est digne des meilleurs papiers de Gala ou des plus belles histoires de la collection Harlequin :

    http://www.la-croix.com/Actualite/France/Constance-de-Polignac-ou-les-aventures-d-une-princesse-ecolo-2013-06-19-97

    Après, c’est sûr, dans le registre « La bourgeoise et le jardinier », on a le droit de préférer « L’amant de Lady Chatterley », quand même... Pour leur part, Rabhi et Constance de Polignac ont ensemble développé un projet de rénovation d’un domaine de la famille en Bretagne. Il faut préciser toutefois, par rapport au récit de La Croix, que, comme toujours, quand il est écrit des choses comme « Ils ont rénové », il faut comprendre qu’ils ont apporté le pognon et/ou leurs envies, et que concrètement ce sont les travailleurs employés qui ont vraiment rénové le domaine et créé la valeur liée à son exploitation.

    Celle-ci se présente ainsi :
    « Outre son activité hôtelière familiale de haut niveau, Kerbastic est aussi une exploitation agricole et forestière où la préservation de la biodiversité et la production biologique sont une priorité absolue. On y a même fait l’acquisition d’une jument de trait »

    On peut-être sûr qu’avec l’application des méthodes agricoles de Rabhi, le pognon qui rendra l’ensemble viable ne viendra pas de la production agricole qu’on y fait mais des dépenses luxueuses de bien être et de divertissement de bourgeois qui se sont enrichis avec le travail des autres, ce qui est appelé par La Croix une « activité hôtelière familiale de haut niveau » [sobre et heureuse]

    Bref, avec tous ses bourgeois pleins aux as dans la Fondation Pierre Rabhi, il est probable que les membres fondateurs arrivent à donner les 325 000 euros sur les 5 premières années auxquels ils se sont engagés, afin de financer l’activité de Rabhi en synergie avec ses autres structures - comme il est indiqué dans la présentation de la Fondation.

    Tout le monde l’aura donc compris : le réseau de Pierre Rabhi est une des meilleures opportunités de Greenwashing pour des capitalistes qui aiment la nature. D’ailleurs, dans le Comité Exécutif de la Fondation Pierre Rabhi, aux côtés des habituels charlatans naturopathes et écomédecins, il y a l’incontournable Serge Orru, ancien dirigeant du W.W.F. France, qui a dû quitter ses fonctions dans l’ONG sous pression interne parce que ses méthodes faisaient quand même trop mauvais genre. Il avait notamment été publiquement enfoncé dans un entretien avec Elise Lucet pour l’émission Cash Investigation, spectacle réjouissant qui n’est malheureusement plus disponible en ligne depuis la suppression du lien sur Youtube.

    Mais soyons fair-play, et reconnaissons pour finir que Rabhi ne fait pas que récolter la charité de millionnaires pour financer les activités de son réseau de jardiniers incompétents. Il sait aussi donner de sa personne, et les supports de sa parole de type livres ou DVD se vendent sans doute bien et viennent compenser ce que l’activité (très peu) productive ne parvient pas à assurer. D’ailleurs, d’une certaine manière, la parole de Rabhi elle-même est d’or, au sens propre du terme. En effet, Rabhi peut aussi avoir des caprices de diva et sait monnayer ses prêches publics à leur juste valeur (à ses yeux). Par exemple, quand la mairie de Privas en Ardèche l’a sollicité en 2012 pour participer à la semaine du développement durable, il a dû décliner l’offre. Bien qu’il se sentait alors « dans l’optimum de [ses] compétences spécifiques » [= parler pendant des heures pour brasser du vide], il était appelé en d’autres lieux, notamment à l’international – le local, on vous dit, le local- , parce que, on s’en doute, il est très demandé. Ce qui est par contre plus surprenant dans la réponse faite par une collaboratrice de Rabhi aux solliciteurs privadois, c’est leur choix de ne faire participer Rabhi qu’à un événement « en mesure d’accueillir au minimum 600 personnes et qui soit bien relayée dans les médias. », avec comme conditions (toutefois négociables) de rembourser les frais de déplacement, hôtel et nourriture pour deux personnes [normal] en plus d’un cachet de.... 1000 euros ! [Source de l’information protégée, mais bon, la ville a été gérée par la gauche, alors....]

    Pour prendre la mesure de la chose, je précise que j’organise depuis des années dans la même ville des conférences avec des intervenants universitaires dont certains sont des pointures dans leur domaine, et avec tous infiniment plus de compétences spécifiques à leur optimum que n’en a jamais eues Pierre Rabhi. Et tous l’ont fait gratuitement, sans rechigner à causer dans un café devant 20 personnes, en étant quasiment toujours logé chez l’habitant, et alors que certains refusaient même [à mon grand désarroi] de se faire simplement prendre en charge leur repas.

    Rabhi, lui, en voisin ardéchois qu’il est, n’avait en gros qu’à franchir le col de l’Escrinet pour venir délivrer son préchi-précha vide de toute information concrète et qui ne demande donc aucun travail de préparation. Pour 1000 euros et devant 600 personnes minimum...

    Conclusion : L’interview de Médiapart avec Pierre Rabhi était titrée selon ses mots : « Le développement durable est une mystification ».

    Le développement durable, je sais pas.

    Mais ce dont je suis sûr, c’est que Pierre Rabhi est une mystification.

    #les_points_sur_les_i #appeler_un_chat_un_chat

  • Flexibilité du travail : une désillusion américaine | It’s the economy, stupid !
    http://economieamericaine.blog.lemonde.fr/2013/11/13/flexibilite-du-travail-une-desillusion-americaine/#comment-2267

    « It ’s the flexibility, stupid ! » Combien de fois les Européens auront entendu leurs collègues américains expliquer que la persistance du chômage en Europe était liée à l’absence de flexibilité du marché de l’emploi ? Il semble que les vertus du « tout flexible » se soient dissipées au cours des dernières décennies, le coup fatal ayant été porté lors de la dernière récession.

    Alors que de nombreuses voix continuent de s’élever pour critiquer le degré de protection excessif des salariés français ou encore le rôle démesuré des syndicats au regard du pourcentage de salariés qu’ils représentent, l’Amérique découvre le côté obscur de la flexibilité excessive du marché du travail.

    Il est vrai que la France se caractérise par un marché du travail d’insiders : en phase de reprise, et à la différence de plusieurs de ses voisins, les salaires augmentent bien avant que le taux de chômage n’ait atteint son point bas du précédent cycle. Dit autrement, l’évolution du salaire réel (le pouvoir d’achat) est déconnectée du positionnement cyclique de l’économie.

    Le mode de négociation salariale consiste à privilégier les actifs, et non les chômeurs ou les jeunes (qui ne sont pas aidés non plus par la nature des contrats de travail qui sont proposés). L’Accord national interprofessionnel (ANI), qui déplace le curseur des salaires à l’emploi, pourrait être une première dans l’inflexion de ces défaillances structurelles. Mais ses effets seront longs à se manifester.

    De leur côté, les Etats-Unis ont toujours vanté les mérites de la flexibilité : licenciements peu contraints, réévaluations salariales, durée limitée des prestations chômage, mobilité entre emplois... Elle faisait partie des clefs du succès économique, avec une influence notable sur le mode de pensée des grandes institutions internationales. Les faits leur ont donné raison jusqu’aux années 1990 avec un fort taux d’emploi, un chômage structurellement faible et un nombre d’heures travaillées par an parmi les plus élevés au monde.

    Même si ces chiffres masquaient une paupérisation inquiétante de la classe moyenne (inégalités, réduction de la couverture sociale offerte par les employeurs...), la flexibilité est longtemps restée au cœur du « succès » américain. Elle s’est d’ailleurs considérablement accentuée au cours des deux dernières crises économique. Mais d’une manière, on va le voir, asymétrique.

    Le graphique ci-dessous montre l’évolution de la productivité par heure au cours des deux années qui suivent les récessions. Alors que dans les années 1960/70 et 1980 la productivité augmentait de 4 % en moyenne en sortie de crise, ce chiffre a presque doublé au cours des trois dernières récessions.

    http://economieamericaine.blog.lemonde.fr/files/2013/11/evariste-1.png
    Reflet de cette évolution, le nombre d’emplois créés par la reprise se révèle extrêmement maigre, comme le montre ce deuxième graphique.
    ......"

    #Flexibilité du #travail : une #désillusion #américaine

    • Ces trois classes composant le ménage forment une division à part dans la série des parasites. Elles cesseront d’y figurer dans l’état sociétaire...

      Autrement dit si on met plus de tâches en commun (meilleure répartition pas juste à l’intérieur d’une même famille), et que chacun participe à sa mesure aux tâches communes (y compris les enfants).

      Ses formulations paraissent mettre de côté toutes les tâches de « care » (soin des autres et de la maison), essentiellement effectuées par des femmes (encore plus en son temps), et sans lesquelles la société s’écroulerait. MAIS, je crois qu’en vérité il a en partie raison quand même, car une grande partie de ses tâches pourraient éventuellement être mises en commun (s’occuper des petits enfants par exemple) et cela réduirait effectivement le nombre de personnes faisant la même chose chacun dans son coin.

      Après, faut pas non plus prôner l’efficacité en permanence, c’est bien aussi de faire des choses inutiles (mais en fait c’est bien seulement si on ne s’y sent pas obligé de les faire, que ce n’est pas une obligation, si on est obligé et qu’en plus ça pourrait être inutile, là c’est vraiment parasitaire).

    • désolé @touti °x° ca m’a fait tout drôle aussi !

      @rastapopoulos je ne sais pas si il compte vraiment donner des tâches aux êtres « maladroits et malfaisants » que sont les enfants pour lui. Son histoire des 4 vaches est comique mais je ne suis pas certaine que Fourier la voulait humoristique. Pour les femmes et le care, je suis d’accord avec toi qu’il n’en tiens pas compte comme d’un travail. Il me semble que c’est une des raisons qui ont fait capoter beaucoup d’expérience de Phalanstères.

      Il faut du féminisme dans le fourierisme !

    • Remarquez que cette analyse est antérieure à la révolution industrielle.

      Depuis, le Capital s’est employé à résorber les contingents d’inemployés les plus nombreux : (femmes et domestiques). Pour les enfants, elle a inventé l’école obligatoire dans l’espoir de les rendre plus productifs une fois devenus adultes, pari à l’évidence tenu !

  • La virée d’ #Obama en #Israël , #manipulations et #non-dits
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article1698

    #Flou , #échec et #désillusion

    Un fait a été caché par les deux manières, de le #transformer puis de ne pas le citer voire de le retirer, des #puissants #médias qui servent les #opinions en #occident . Il s’est déroulé lors de la #visite d’Obama en Israël, en #mars2013 . Le #président a été #chahuté , lors de sa rencontre avec les #étudiants de l’ #Etat colonisateur au point que seule l’ #intervention des agents de sécurité a mis fin à une mise à l’indexe des plus marquantes pour ce voyage.

    Nos articles les plus récents à propos de la visite de Barack Obama en Israël, mars 2013 :

    Obama en Israël : un itinéraire qui fait réfléchir

    Chuck Hagel : bête-noire du lobby pro-israélien

    Obama en Israël : l’impunité envers la légalité internationale perdure

    Israël : tristes législatives et prostitution médiatique !