• Comment les super-riches payent pour échapper à la crise climatique
    https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/comment-les-super-riches-payent-pour-echapper-a-la-crise-climatique-149206.

    « Quelle que soit la menace, nos abris sont construits et conçus pour résister ou atténuer à peu près tout, du changement de pôles aux éruptions de volcans, en passant par les tremblements de terre, les tsunamis, les pandémies, les explosions nucléaires, les catastrophes biologiques ou chimiques, le terrorisme et même une anarchie généralisée », lit-on sur le site. Vivos a également équipé ses bunkers de filtres pour contrer les fumées des incendies aux alentours. « Dehors, mec, tu pouvais sentir la fumée. Mais à l’intérieur de leurs bunkers, les gens ont dit qu’ils ne la sentaient pas », explique au Financial Times Dantes Vicino, directeur exécutif de la société qui a testé les filtres lors d’incendies dans le Wyoming. D’autres sociétés proposent aussi des systèmes de refroidissement, calqués sur les gilets pare-balles, qui se portent sous les vêtements.

    Ces pratiques permettant d’échapper aux impacts de la crise climatique ont un coût très élevé, accessible seulement à une partie de la population. Pour Abdul El-Sayed, épidémiologiste et ancien commissaire à la santé de la ville de Détroit, si les riches « quittent un système » c’est qu’il est cassé pour l’ensemble de la population. « C’est juste que tout le monde n’a pas les moyens de sortir du système », dénonce-t-il dans le FT.

  • Les formations transformatrices – Quelles capacités viser ? Quels exemples ?

    L’#université_internationale_Terre_Citoyenne développe une « pédagogie de la résilience et du changement” qui s’appuie sur différents apports, démarches : des méthodes d’éducation populaire, la pédagogie de l’opprimé de #Paolo_Freire, la #Théorie_U d’#Otto_Sharmer, l’#Art_of_Hosting, l’approche des situations conflictuelles et complexes d’#Adam_Kahane, l’#Approche_et_la_Transformation_Constructives_des_Conflits (#ATCC) d’#Hervé_Ott et #Karl_Heinz_Bitll, le #Community_Organizing de #Saul_Alinsky, le #Process-Work/#Démocrati_ Profonde d’#Arnold_Mindell

    L’#UITC avec ses organisations associées cherchent à former de nouveaux #leaders_citoyens et sociaux mais aussi des #étudiants, des responsables locaux ou nationaux capables d’accompagner les changements profonds et systémiques et de transformer des situations difficiles. En ce sens, certaines capacités nous apparaissent centrales à acquèrir : celles de faire face aux situations complexes, interculturelles, celles aussi de pouvoir transformer de manière constructive les #conflits au niveau individuel et collectif.

    A partir de situations et de problématiques concrètes et variées, les organisations associées UITC et l’ensemble UITC cherchent à développer, en particulier, les capacités individuelles et collectives suivantes :

    - Développer de la #résilience dans des situations de #crise/ d’#effondrement

    – Créer des conditions de #dialogues générateurs de #changement

    – Créer une #confiance_collective

    – Créer des conditions pour favoriser l’émergence de l’intention personnelle ou collective

    – » #Relier toujours relier » des évènements, des idées, des symboles, des actions, des personnes, des organisations…

    – Créer des conditions favorables afin de pouvoir percevoir le futur en émergence dans une situation complexe et difficile

    - Prendre conscience des différents rôles dans les conflits (victime, agresseur, garant) et de la phase du conflit dans laquelle nous nous trouvons.

    - Transformer de manière constructive des conflits

    - Savoir agir dans des situations qui impliquent des acteurs qui sont en conflits (processus multi acteurs)

    #Agir pour se donner confiance et créer de la #connaissance

    – Sentir dans un moment de vie, de processus, les différentes situations (polarités, émotions,Identifier les limites et les passages de frontières, les ambiances qui agissent sur le groupe…)

    - Sentir les processus de diffusion des émotions, de rang, de désirs mimétiques, de bouc émissaire……..

    - Savoir agir de manière pragmatique (lier la main, le coeur et l’esprit dans un même mouvement) lorsque l’on découvre une nouvelle vision, un nouveau projet

    - Savoir sentir le tout, suivre son intention « traverser la rivière » et « sentir chaque pierre avec ses pieds »

    – Savoir prototyper, tester, modifier et retester, remodifier

    - Savoir déployer individuellement ou collectivement son action.

    Si vous souhaitez connaitre les expériences de formations transformatrices reliées ou impliquées dans le réseau UITC veuillez les contacter directement (voir la liste et des contacts ci-joints) . Si vous voulez participer participer à une session de formation, contactez les personnes indiquées ou le secrétariat de l’UItC. Si vous êtes intéressées de monter des formations, faites de même. Contactez -nous !

    Dans le réseau de l’Université Internationale terre Citoyenne (UITC), nous nous appuyons sur un groupe d’expériences de formation qui, pour nous, ont un caractère transformateur des personnes impliquées mais aussi des réalités auxquelles ces personnes sont confrontées. Quand nous parlons de caractère transformateur, nous pensons au fait que les personnes sortent de ces formations avec une vision du monde différente, transformée, avec des capacités qui leur permettent d’agir avec plus de pertinence et d’efficacité afin de faire face aux situations chaotiques et conflictuelles, aux crises, aux effondrements possibles. Ces compétences doivent leur permettre d’affronter ces réalités mais aussi de tenter de les transformer dans le sens de sociétés plus durables.

    En 2015, nous avions édité un catalogue de 47 formations réalisées par des organisations associées UITC https://issuu.com/almedio/docs/maqueta_catalogo_18sept15

    Aujourd’hui, nous mettons en lumière une liste d’une quinzaine de formations qui ont pour nous un caractère transformateur et avec lesquelles nous sommes engagés dans une processus de valorisation, d’échanges à distance (visioconférences) . Elles sont aussi partie prenante pour une partie d’entre elles à une recherche/ action autour des démarches, des méthodes transformatrices des personnes, des situations, des sociétés. (Pédagogie de la résilience et du changement)

    https://uitc.earth/les-formations-transformatrices

    #transformativité #formation #éducation #transformation #formations_transformatrices

    • Beaucoup plus détaillé ici :

      300 millions de personnes menacées par la montée des océans d’ici 2050
      Reporterre, le 30 octobre 2019
      https://seenthis.net/messages/808835

      En France, et dès 2050 : la côte nord française (Dunkerque, Calais, Berck...), Dieppe, Le Havre et le long de la Seine jusqu’à Rouen, Deauville, Cabourg, une partie du Cotentin (oui, les centrales nucléaires), le Mont Saint Michel et tout autour, Saint Malo, l’Ile de Bréhat, l’Ile de Batz, l’Ile Molène, L’Ile de Sein, Roscoff et toute la côte nord, Brest, Lorient, Guérande, toute l’embouchure de la Loire, de Saint Nazaire à Nantes et au delà, Noirmoutiers et toute la côte en face, une partie de l’Ile de Ré et de l’Ile d’Oléron, La Rochelle, toute la région autour de Rochefort, l’Embouchure de la Garonne avec pas mal de vignobles (Saint Estèphe, Pauillac, Margaux...), jusqu’à Bordeaux et autour, le bassin d’Arcachon, Bayonne...

      #eau #océans #cartographie #climat #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène

  • « Que les décideurs politiques ouvrent le débat sur l’effondrement de la société pour que nous puissions commencer à nous y préparer »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/10/que-les-decideurs-politiques-ouvrent-le-debat-sur-l-effondrement-de-la-socie

    « 
    Un débat public sur cette menace de l’effondrement est indispensable afin de pouvoir en réduire la probabilité, la rapidité, la gravité et les dommages infligés aux plus vulnérables comme à la nature, relève dans une tribune au « Monde » un collectif de plus de 400 scientifiques d’une vingtaine de pays.

    –---

    Nous sommes des scientifiques et universitaires de plus de vingt pays et nous appelons les décideurs politiques à s’engager ouvertement face au risque de bouleversements, voire d’effondrement, de nos sociétés. Cinq ans après l’accord de Paris de 2015 sur le climat, nous n’avons pas réussi à réduire nos émissions de carbone, et nous devons maintenant faire face aux conséquences.

    S’il est essentiel d’agir avec courage et équité pour réduire les émissions et réabsorber naturellement du carbone, nombreux sont les chercheurs qui considèrent désormais l’effondrement de la société au cours de ce siècle comme un scénario crédible. Les avis diffèrent sur le lieu, l’étendue, la date, la durée et la cause de ces bouleversements ; mais la manière dont les sociétés modernes exploitent les hommes et la nature est une préoccupation commune à tous.

    [...]

    #effondrement #tribune #paywall #collapsologie

    • On parle d’un effondrement à venir, comme si la dégradation des conditions de la vie sur Terre n’était pas déjà en route depuis un moment. Pas un mot sur les mouvements de résistance qui existent déjà, et qu’il faudrait encourager et soutenir.

      Cet appel s’adresse aux dirigeants de la part de « scientifiques » qui se veulent les conseillers d’un Prince Eclairé et Charmant (l’Etat, sa Police, son Armée) qui est sensé défendre le bien public alors qu’il est évident qu’il défend « la liberté du commerce et de l’industrie », et donc les intérêts des classes dominantes. En Marche vers la #technocratie collapsologique. On y retrouve bien sûr #Pabo_Servigne et sa #bêtise_politique insondable...

      Texte complet et en français de la tribune : https://framaforms.org/appel400scientifiques-1607524970

  • Crises des islams et crises globales

    Louis de Colmar

    https://lavoiedujaguar.net/Crises-des-islams-et-crises-globales

    L’idéologie occidentale a tendance à présenter l’« islam » comme un tout cohérent, ainsi qu’à confondre l’augmentation de la médiatisation de la question dite islamique avec un renforcement de la cohésion de l’islam. Or, je dirais que l’on assiste exactement au contraire, c’est-à-dire à un processus d’implosion de l’islam : jamais encore, sans doute, la conflictualité interne à l’islam n’aura été aussi forte, aussi exacerbée…

    Ce que nous pouvons constater aujourd’hui, c’est l’échec de la greffe « nationale » (au sens occidental du terme) tentée au sortir de la Première Guerre mondiale tout particulièrement au Moyen-Orient. Ce rejet est devenu manifeste lors de l’effondrement de l’antagonisme structurant du XXe siècle entre la version libérale classique et la version dirigiste, en particulier léniniste, du capitalisme, qui a eu lieu durant la guerre d’Afghanistan, et qui aura été marqué par l’effondrement de l’URSS en 1989.

    L’effondrement de l’URSS, qui n’est que l’expression la plus visible de l’effondrement de la perception et de l’intelligibilité « classique » du capitalisme issues de la conscience historique du XIXe siècle, a ainsi ouvert la boîte de Pandore des contradictions géopolitiques qui avaient été mises sous le boisseau des illusions progressistes. (...)

    #islam #crise #implosion #conflictualité #capitalisme #URSS #effondrement #Afghanistan #Gilles_Kepel #Iran #Empire_ottoman #religion #nomades #migrants #errance #déracinement #État #France #Karl_Polanyi #Nedjib_Sidi_Moussa

    • Peut-être peut-on souligner le cas particulier de l’État français qui, parce qu’il a, plus que tous les autres, privilégié significativement le pôle politique aux dépens du pôle religieux, est de ce fait confronté à une crise de cohésion étatique plus forte que ses voisins, car plus bridé qu’eux dans ses capacités de rééquilibrage. Il est ici sans doute symptomatique que le ministère chargé du maintien de l’ordre soit également celui qui s’occupe des élections et des cultes...

  • CETTE RÉFORME DU CHÔMAGE QUI VA TUER L’ÉCONOMIE
    https://www.youtube.com/watch?v=bj3Y1RIdwho&feature=youtu.be

    Pour une information libre et indépendante, je soutiens le Fil d’Actu : ▶️ http://bit.ly/tipeeeActu

    Pour voir notre vidéo d’analyse sur la réforme de l’assurance-chômage (juin 2019), c’est ici : ▶️ https://youtu.be/Qc8mBr5C7wc

    Si vous avez raté notre dernière vidéo sur la crise économique qui vient : ▶️ https://youtu.be/iChk67CNyLM

    #covid #blackfriday #effondrement

    #Chômage #Emploi #Société #Travail

  • A propos du livre de Philippe Pelletier, Effondrement et capitalisme vert, par Habib Ayeb
    https://www.facebook.com/habib.ayeb/posts/10158931706685645

    La critique, plus que justifiée et indispensable, du capitalisme vert et des théories de l’effondrement (la collapsologie) peut amener à des positions totalement climatosceptiques.


    J’ai rarement été dérouté par un livre qu’en lisant celui de #Philippe_Pelletier (géographe libertaire, français) « Effondrement & Capitalisme vert ; La collapsologie en question ». Nada 20V0. Dérouté parce que l’auteur fait une analyse précise, détaillée, argumentée et très richement documentée des discours dominants actuellement à propos des diverses questions en relation avec l’environnement, pour en souligner l’origine, les contradictions internes et surtout la « cohérence et la continuité » avec le système capitaliste.
    Une analyse critique qui déconstruit un certain nombre de « concepts », d’idées reçues et de solutions qui sont sensés répondre à l’urgence écologique (environnementale, climatique, pandémique et sanitaire…) imminente (catastrophisme ou collapsologisme) : la protection de la nature, la fin du monde, les limites de la planète, la déforestation, la désertification, le dérèglement climatique, le développement durable, la bonne gouvernance… le capitalisme vert (généralement proposé comme solution…).
    Non seulement, il démontre que le capitalisme vert n’est qu’un mécanisme inventé dans le double objectif de a) consolider le système capitaliste de plus en plus « globalisé » et le protégeant contre les crises, telle que la crise financière de 2008, en le contournant et/ou en lui donnant un « visage » plus humain et surtout plus « environment friendly » ; b) maintenir et renforcer les relation de domination/dépendance Nord/Sud…, mais Philippe Pelletier rappelle, à raison, que pour expliquer la détérioration de l’environnement , le discours dominant désigne toujours les petits paysans, les petits entrepreneurs, les marginalisés, les populations du grand Sud… tous désignés comme obstacles aux progrès scientifiques et technologiques et contraintes majeures au développement…
    Jusque-là, tout va très bien d’autant plus que l’auteur, qui fait preuve de beaucoup de rigueur dans sa démonstration, propose un texte accessible sans trop de difficultés, le style étant à la fois étant fluide, clair et simple… Sur ces éléments de l’ouvrage, peu de choses me dérangent ou me semblent nécessiter davantage de discussions, justifications ou preuves. L’auteur rejoins à ce niveau la très majorité de la littérature marxiste ou marxienne, plus ou moins radicale (même si lui-même se dit libertaire (« disciple » d’Elisée Reclus, un autre géographe anarchiste) et donc plus proche de Bakounine que de Marx… )… Mais, comme dirait quelqu’un « le diable est dans le détail ».
    En effet, plus on avance dans la lecture et plus on est surpris par des raccourcis déroutants et autres affirmations sans « preuves ». Ainsi sous le prétexte de « démonter » les discours et autres affirmations « collapsologistes », l’auteur nous sert un florilège d’affirmations intelligemment parsemées « entre les lignes », le long des quelques 320 pages (+ une longue bibliographie) que compte le livre. Quelques exemples très (trop ?) rapides et non détaillés d’affirmations pour le moins surprenantes :
    – Tout en affirmant, à juste titre, que la « capacité de charge » démographique de la planète est loin d’être atteinte par la population mondiale actuelle, Pelletier passe sous silence l’exploitation intensive des ressources par une économie capitaliste de plus en plus extractiviste. Il multiplie même les (contre) exemples pour affirmer la limite est loin d’être atteinte… On serait même tenté de se demander « si le capitalisme « classique » n’est pas si nuisible qu’on le dit, pourquoi, diable, fallait-il inventer le « capitalisme vert » pour en couvrir les impacts ?
    – Le dérèglement climatique : climat n’a jamais cessé de changer et le GIEC qui développe les discours les plus alarmiste n’est en réalité qu’un club de riches scientistes généreusement payés pour nourrir les discours apocalyptiques les plus culpabilisateurs tout en évitant de désigner les vrais coupables et de remettre en cause le modèle économique dominant. En s’appuyant sur plusieurs exemples, l’auteur remet en question l’accélération vertigineuse et brutale des phénomènes tels que le réchauffement climatique, l’effet de serre, l’augmentation de dioxyde de carbone, les déplacements des étages écologiques, les remontées des niveaux de la mer et des océans…
    – La déforestation : Le constat est implacable, contre toute évidence : l’espace forestier n’a jamais été aussi large que ces dernières années !!! En fait, ce n’est pas totalement faux dès lors qu’on considère comme espace forestier tout espace « boisé ». Mais un géographe aussi soucieux du détail et de l’argument que Pelletier ne peut ignorer la grande différence entre les deux.
    – Aucune relation prouvée entre l’élevage intensif et industriel, la déforestation et les pandémies. Vraiment ?!! Le livre est sortie il y a à peine quelques semaines et l’auteur aborde donc la pandémie Covid 19 qui bloque le monde depuis plusieurs mois maintenant… Mais paradoxalement, la riche bibliographie ne compte aucune référence des recherches récentes et précisément publiées avant le mois d’août 2020, date à laquelle l’auteur aurait terminé son manuscrit.
    Alors, une conclusion ? En fait, j’en ai deux :
    1) N’hésitez pas à lire le livre (sans vouloir en faire la pub), vous ne serez pas déçu.e.s par sa richesse factuelle et, pour la grande partie, par la qualité de la démonstration… mais attention, N’oubliez jamais que le « diable est dans le détail » et, j’ajouterai, dans les tournures des phrases et l’art du déguisement intellectuel.
    2) Entre chaque deux lignes ou deux pages de ce livre, il y a un grand climatosceptique qui se cache assez bien derrière un discours sans concessions contre le système capitaliste dominant.
    C’est étonnant ? Non, pas vraiment. être de gauche protège pas contre certaines dérives intellectuelles... Est-ce qu’on peut être marxiste/marxien, libertaire, anticapitaliste… et climatosceptique ? Ce livre en donne la meilleure preuve…
    Encore un petit effort camarades…

    #climatoscepticisme #capitalisme_vert #écologie #effondrement #anarchisme

  • « La collapsologie ou l’écologie mutilée » de Renaud Garcia
    https://topophile.net/savoir/la-collapsologie-ou-lecologie-mutilee-de-renaud-garcia

    Créée par Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans Comment tout peut s’effondrer (Seuil, 2015), la « collapsologie » se veut « l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre société thermo-industrielle et ce qui pourrait lui succéder » . L’effondrement y est défini, selon les mots d’Yves Cochet, comme le « processus à l’issue duquel les besoins de base ne sont plus... Voir l’article

  • L’écosocialisme du XXIe siècle doit-il s’inspirer de Keynes ou d’Orwell ?
    Par Jacques Luzy et Aurélien Berlan
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-luzi/blog/171020/l-ecosocialisme-du-xxie-siecle-doit-il-s-inspirer-de-keynes-ou-d-orw

    L’effondrement économique que la crise du coronavirus est en train de provoquer sera, à en croire la plupart des analystes, comparable et même pire que celui engendré par la crise boursière de 1929, qui avait plongé le monde dans la récession, puis dans la guerre mondiale. L’importance des idées de l’économiste John Maynard Keynes dans la mise en place du dispositif socioéconomique ayant permis de la surmonter et d’inaugurer la période faste des Trente Glorieuses, grâce notamment au développement inédit de l’État social, conduit une part conséquente de la gauche (et plus largement de la classe politique et des citoyens) à soutenir un retour à Keynes contre le néolibéralisme dominant depuis les années 1980. C’est l’une des justifications sous-jacentes aux plans de relance économique échafaudés aujourd’hui de par le monde, et notamment aux projets de Green New Deal ou de « pacte vert » au cœur du débat public.

    On peut néanmoins se demander si le désastre écologique en cours, dont la pandémie de la Covid-19 est l’un des innombrables effets et, du point de vue de ses conséquences sociopolitiques probables, une sorte d’« avant-goût », ne barre pas définitivement la route à la planche de salut keynésienne d’un capitalisme régulé de manière étatique et fordiste. Issu du dépassement des limites écologiques lié à la croissance illimitée qui caractérise le capitalisme, ce désastre correspond moins à une crise conjoncturelle qu’à une débâcle structurelle et largement irréversible que l’on peut seulement espérer modérer dans son ampleur, sa vitesse et ses effets sociaux et (géo)politiques délétères. Or, la stratégie keynésienne de sortie de crise suppose la relance de la croissance et a coïncidé historiquement avec la « Grande Accélération » dans la prédation industrielle de la nature – qui constitue la cause « humaine » ultime de la crise actuelle, si du moins on s’en tient à l’explication la plus courante de l’origine « animale » du coronavirus, comme de la plupart des virus qui se multiplient depuis les années 1970, à mesure que cette prédation progresse.

    #Keynes #Orwell #Ecosocialisme #Covid-19 #Effondrement

  • La Fin de la mégamachine. Sur les traces d’une civilisation en voie d’#effondrement

    Énorme succès à l’étranger, ce livre haletant nous offre enfin la clé de compréhension des #désastres climatiques, écologiques, pandémiques et économiques contemporains. Accuser Sapiens, un humain indifférencié et fautif depuis toujours, est une imposture. Notre histoire est sociale : c’est celle des structures de #domination nées il y a cinq mille ans, et renforcées depuis cinq siècles de #capitalisme, qui ont constitué un engrenage destructeur de la Terre et de l’avenir de l’humanité, une #mégamachine.
    Mais ces forces peuvent aussi être déjouées et la mégamachine ébranlée. Alors que les #alternatives ne manquent pas, quel déclic nous faut-il pour changer de cap et abandonner une voie manifestement suicidaire ? La réponse est dans ce récit. Car seul celui qui connaît sa propre histoire peut être capable de l’infléchir.

    https://www.seuil.com/ouvrage/la-fin-de-la-megamachine-fabian-scheidler/9782021445602
    #livre #collapsologie #dominations

  • Fonte sans précédent de la calotte glaciaire
    Claude Gauvreau, Actualités UQAM, le 1er octobre 2020
    https://www.actualites.uqam.ca/2020/groenland-fonte-sans-precedent-calotte-glaciaire

    « Un tel scénario conduirait à une hausse de près d’un centimètre du niveau de la mer chaque année, ce qui entraînerait des répercussions dévastatrices pour les zones côtières de la planète », souligne la professeure du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère Anne de Vernal, qui fait partie de l’équipe de recherche. Celle-ci regroupe quelque 20 spécialistes dans les domaines de la modélisation climatique, de la géomorphologie, de la télédétection et de la paléoclimatologie, provenant principalement d’universités américaines.

    L’an dernier, la calotte glaciaire a perdu plus de 500 milliards de tonnes, un record, contribuant pour 40 % à la montée du niveau de la mer en 2019.

    Article original :

    Rate of mass loss from the Greenland Ice Sheet will exceed Holocene values this century
    Jason P. Briner, Joshua K. Cuzzone, Jessica A. Badgeley, Nicolás E. Young, Eric J. Steig, Mathieu Morlighem, Nicole-Jeanne Schlegel, Gregory J. Hakim, Joerg M. Schaefer, Jesse V. Johnson, Alia J. Lesnek, Elizabeth K. Thomas, Estelle Allan, Ole Bennike, Allison A. Cluett, Beata Csatho, Anne de Vernal, Jacob Downs, Eric Larour & Sophie Nowicki. Nature 586:70–74 (2020)
    https://www.nature.com/articles/s41586-020-2742-6

    On l’ajoutera à la quatrième compilation :
    https://seenthis.net/messages/818991

    #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène

  • « Bientôt nous ne pourrons plus du tout » : une universitaire répond à #Frédérique_Vidal

    Je suis maîtresse de conférences dans une “petite” université hors des grandes métropoles. Comme la plupart de mes collègues, la plus grande partie de mes heures de travail consiste non pas à enseigner ou à chercher, mais à effectuer des tâches administratives. La mienne est d’être responsable d’une licence dont les enseignant·es sont, en grande majorité, des vacataires ou des contractuel·les.

    En cette semaine de rentrée universitaire à l’ère de la Covid-19, j’ai bossé 75 heures, de 5h à 23h certains jours, pour préparer une rentrée impossible. Aucun moyen humain supplémentaire ne nous a été alloué alors que nous devons, déjà en temps normal, nous surpasser pour tenir le coup. Mais pas de panique : des caméras sont en train d’être installées dans les amphithéâtres : les enseignant·es pourront doubler la capacité de leur cours en enseignant à la fois “en distanciel” et “en présentiel”, en répondant aux questions dans la salle et sur leur ordinateur par chat. Voici la fameuse révolution louée par Frédérique Vidal, car il faut dépasser “les cours magistraux traditionnels, où le professeur lit son cours face à un amphi d’étudiants qui ne posent pas de questions”. Non pas en nous permettant de privilégier les TD en petits groupes plutôt que les CM bondés, non pas recrutant des collègues qui permettront de nous donner plus de temps de suivi individuel des étudiant·es, non pas en nous rendant les heures d’enseignement volées à nos licences au fil des coupes de budget. Non : en mettant les étudiant·es chez eux face à un écran pour suivre les cours. Révolutionnaire comme pratique pédagogique ! Au passage, Frédérique Vidal nous insulte tou·tes et montre sa dangereuse méconnaissance de la réalité : cela fait bien longtemps qu’on a remisé l’image d’Épinal d’un·e mandarin·e monologuant face des étudiant·es qui prennent des notes sans lever la tête. Si la ministre veut voir de vraies “innovations”, qu’elle assiste donc à nos cours et découvre nos pratiques pédagogiques.

    Donc cette semaine, en 6 jours, j’ai bossé 75 heures. Il m’a fallu créer des groupes de TD adaptés aux nouvelles capacités de chaque salle et donc refaire les emplois du temps, recruter les 3 enseignant·es qui manquaient pour l’année, arriver à faire payer les vacataires non payé·es l’an dernier, rendre un dossier d’auto-évaluation de la licence pour l’HCERES, former les enseignant·es au numérique, assurer l’organisation et la tenue de 6 réunions de rentrée, faire soutenir 16 étudiant·es de M2 et, accessoirement, donner 8 heures de cours. Je ne parle pas de la recherche, qui redevient un horizon inatteignable : j’y ai consacré les congés d’été, seule période un peu calme où l’on peut se concentrer.

    Si les universités sont “prêtes” pour la rentrée universitaire comme le clame Frédérique Vidal, c’est à quel prix ? Beaucoup de fatigue bien sûr, énormément de culpabilité aussi de ne pas avoir été là pour la rentrée de mes enfants, que je n’ai retrouvé que vendredi soir. Ce sera comme ça tout le mois de septembre, sans doute un peu plus.

    Je ne me plains pas vraiment, parce qu’il y a pire comme boulot, parce que le mien m’apporte encore des satisfactions, parce que participer chaque jour pour à la production et à la diffusion de savoirs c’est bien loin d’être un bullshit job ou un travail aliénant. Parce que je gagne plus de 2000 euros et que, si ce n’est bien sûr pas du tout à la hauteur des salaires des enseignant·es-chercheur·es dans les autres pays européens, je ne galère pas à nourrir mes enfants en fin de mois. Ces 70 heures de travail, je les ai parfois faites le sourire aux lèvres, lorsque j’ai découvert les étudiant·es de première année de licence, lorsque j’ai retrouvé les enseignant·es que j’adore, lorsque j’ai fait soutenir des étudiant·es qui avaient mis tout leur cœur dans leur premier travail de recherche. On le sait, l’amour de notre métier et les bénéfices secondaires qu’il nous procure est aussi ce qui nous perd : nous sommes prêt·es à tout pour que l’université fonctionne.

    Mais quelle colère ! Quelle colère quand je découvre en fin de semaine l’interview de notre ministre Frédérique Vidal qui annonce qu’elle va « créer 30000 places supplémentaires dans les Universités », sans un seul recrutement !
    On fait comment ? Quelle est le secret de ces “places magiques” ? Vraiment, à la fin de cette semaine, la seule chose que je sais c’est que JE NE PEUX PAS FAIRE PLUS. Ce n’est plus possible. Il n’y a plus d’heure de sommeil ou de temps de famille à rogner.

    Attention : je suis bien évidement foncièrement favorable à l’ouverture de places supplémentaires. Je suis pour que tou·tes les bachelièr·es aient accès aux études supérieures, sans la sélection sociale et raciste mise en place par Parcoursup et l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant·es extra-européen·nes. Pour accueillir tous ces étudiant·es, il manque au minimum 60 000 postes d’enseignant·es-chercheur·es et probablement autant pour les personnels administratifs et techniques. Ces personnes sont à nos portes, en attente d’être recruté·es pour assurer ces 35 heures supplémentaires faites en une semaine. Ils et elles sont déjà à la fac, font quelques heures payées au lance-pierre, survivent avec un peu de chômage ou le RSA. Mais Macron nous l’a dit : recruter des enseignant·es “c’est le genre de créations d’emplois qui vont aggraver le déficit et qui ne servent pas à redresser le pays”. Voici donc 100 milliards d’euros pour les grandes entreprises et même pas quelques miettes pour le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui forme la jeunesse et produit des savoirs essentiels à notre avenir et à notre vie démocratique.

    Nous sommes épuisé·es par tant de mépris. Nous sommes épuisé·es que le gouvernement choisisse cette période où nous sommes à bout de souffle pour faire passer en force – “en procédure accélérée” – une LPPR qui détruit nos statuts et contre laquelle nous avons été en grève partout en France l’an dernier. Nous sommes à bout car tout s’effondre : un bout de bâtiment à l’université de Caen, les conditions de vie des étudiant·es, le volume d’heures dans les formations, la possibilité de produire de la recherche essentielle aux enjeux contemporains, le moral et les corps des collègues. Nos universités accueillent 300000 étudiant·es de plus qu’il y a 10 ans, et nous devons le faire avec moins de travailleur·ses titulaires, dans des bâtiments toujours plus vétustes.
    Tout ne tient plus qu’à un fil, l’université est au bord de l’effondrement.

    Cette rentrée sera plus douloureuse et plus inégalitaire que jamais. Aux exclu·es de Parcoursup vont bientôt s’ajouter celles et ceux qui verront leur université fermer, faute de véritables moyens humains et matériels pour assurer notre sécurité sanitaire à tou·tes et des conditions d’étude acceptables. C’est le service public de l’université et de la recherche que Frédérique Vidal et Emmanuel Macron assassinent.

    Si nos revendication ne sont pas entendues, nous serons des centaines à claquer la porte.
    Nous ne pouvons pas plus.
    Bientôt, nous ne pourrons plus du tout.

    https://universiteouverte.org/2020/09/05/bientot-nous-ne-pourrons-plus-du-tout-une-universitaire-repond-a-

    #ESR #enseignement_supérieur #facs #université #France #alarme #effondrement #tâches_administratives #précarisation #rentrée_2020 #rentrée_impossible #dédoublement_des_classes #moyens #manque_de_moyens #distanciel #enseignement_à_distance #coronavirus #covid-19 #présentiel #enseignement_mixte #pédagogie #travail #conditions_de_travail #colère #mépris #épuisement #témoignage

    ping @isskein

  • Pour des forêts plus résilientes
    Jean-François Ducharme, Actualités UQAM, le 1er septembre 2020
    https://www.actualites.uqam.ca/2020/gestion-forestiere-mal-adaptee-changements-climatiques

    La baisse de diversité est aussi associée à une perte de connectivité fonctionnelle – le degré de connexion entre les arbres sur le plan de leurs composantes, de leur répartition spatiale et de leurs fonctions écologiques. La connectivité assure le fonctionnement et la stabilité des écosystèmes en permettant, par exemple, le déplacement des animaux ou le déroulement d’un processus écologique.

    Article original :

    Network analysis can guide resilience‐based management in forest landscapes under global change
    Marco Mina, Christian Messier, Matthew Duveneck, Marie‐Josée Fortin, Núria Aquilué, Ecological Applications, 2020
    https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/eap.2221

    #Forêt #Arbres #biodiversité #Québec, mais aussi à rajouter à la quatrième compilation :
    https://seenthis.net/messages/818991

    #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #anthropocène #capitalocène

  • Après la chute
    Julie Bernier, Les Glorieuses, le 14 août 2019
    https://lesglorieuses.fr/juliebernier/?v=11aedd0e4327

    Aujourd’hui nous sommes le 29 décembre 2070, et je te souhaite un joyeux anniversaire. J’ai, enfin tu as, enfin nous avons 75 ans ! Je sais que t’es très étonnée de recevoir cette lettre parce que – bah déjà je t’écris du futur et c’est pas chose courante – mais aussi parce que tu ne pensais pas vivre si longtemps. Eh bien félicitations, tu l’as fait !

    #féminisme #utopie #écologie

    A rajouter à la quatrième compilation :
    https://seenthis.net/messages/818991

    #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #anthropocène #capitalocène

  • 300 000 ans pour en arriver là (1/3)
    https://lundi.am/300-000-ans-pour-en-arriver-la-1-3

    Grégory Jarry et Otto T., déjà auteurs d’une « Petite histoire des colonies françaises » en 5 tomes, viennent de publier « 300 000 ans pour en arriver là » aux éditions FLBLB. Nous en publions cette semaine la 1re partie.

    « Quand on met le monde actuel en équa­tion, on se rend compte que toutes les courbes qui dési­gnent des trucs horribles (réchauf­fe­ment clima­tique, dispa­ri­tion des espèces, défo­res­ta­tion, etc) sont des expo­nen­tielles. Expo­nen­tielles, ça veut dire que ça va de plus en plus vite et que rien semble pouvoir stop­per l’em­bal­le­ment. Comment en est-on arrivé là  ? Pourquoi les scien­ti­fiques qui travaillent sur ces ques­tions se mettent-ils tous en arrêt de travail pour dépres­sion nerveuse  ?

    Pour répondre à ces ques­tions, nous aurons besoin de réflé­chir à l’his­toire de l’hu­ma­nité, aux 290 000 ans durant lesquels nous avons été chas­seurs-cueilleurs et aux 10 000 ans depuis lesquels nous sommes agri­cul­teurs. Et si l’agri­cul­ture avait été une grosse catas­trophe compa­rable à la météo­rite qui a fait dispa­raître les dino­saures  ? Et si, pour justi­fier le passage à l’agri­cul­ture qui les arran­geaient bien, les domi­nants au fil des siècles avaient inventé un discours, quasi­ment une reli­gion, dont les « sciences écono­miques » serait le modèle le plus abouti  ? Et si, en fin de compte, un système néces­si­tant de grandes quan­ti­tés d’éner­gie était toujours voué à l’ef­fon­dre­ment  ?

    Dit comme ça, on se demande à quoi ça sert de se poser toutes ces ques­tions, puisque tout semble fichu. Mais en fait peut-être pas. Ou pas complè­te­ment. Enfin on vous dit pas, vous aurez la surprise à la fin. »

    #effondrement #capitalocène

  • Dominique Eddé : « Le Liban, c’est le monde à l’essai »

    Nous nous obstinons à ignorer qu’il n’est plus une plaie, plus un pays, plus une partie du corps, plus une partie du monde qui puisse se penser isolément. Les dictatures arabes, les armées islamistes, la brutalité et l’impunité de la politique israélienne, les grandes et moyennes puissances prédatrices, les solidarités morbides – Nord et Sud confondus –, le règne sans bornes de l’argent, les intérêts communs des ennemis déclarés, le fanatisme religieux, les trafics d’armements, tout cela est en cause dans le port de Beyrouth. Le langage de la géopolitique peut encore informer, trier, analyser. Mais il ne peut plus voir au-delà de ce dont il traite. Il est prisonnier de la convention selon laquelle on peut fabriquer et vendre des armes d’un côté et fabriquer la paix de l’autre. Le clivage est si profond, le mensonge si bien organisé, que nous pouvons encore feindre la cohérence. Mais jusqu’à quand ?

    #Beyrouth (#Liban), le 15 août. DALIA KHAMISSY POUR « LE MONDE »

    Que s’est-il passé ? Un accident, une attaque… ? On ne sait pas. Le Liban a-t-il encore une chance ? Est-il à la veille de disparaître ? De se refaire ? On ne le sait pas non plus. Ce qui est à peu près sûr, c’est que le pays est le lieu de la saturation absolue. Tout s’y trouve à l’excès : les populations, la misère, les affects, le courage, la peur, les retombées des conflits régionaux, les mémoires contradictoires. Toutes les croyances, toutes les formes de représentations. L’héroïsme et l’horreur vivent ici, à leur comble, côte à côte, sur 10 452 km2.

    Dans Beyrouth, les montagnes d’ordures sont tapissées de verre brisé. Un homme en chaise roulante, une jambe en moins, se débat avec un balai pour nettoyer une ruelle ; des employées de maison, philippines, éthiopiennes, se joignent à la troupe des volontaires pour débarrasser les trottoirs. Chacun, chacune se porte au secours de l’autre, pendant que les services de l’Etat brillent par leur absence. L’entraide et la chaleur humaine sont d’une qualité exceptionnelle. Les gens qui ont perdu leur maison courent à l’aide de ceux qui sont gravement blessés, les blessés au secours de ceux qui ont perdu un proche. Tous racontent le « miracle » qui s’est produit au sein de ce cauchemar : ce ne sont pas des centaines mais des dizaines de milliers de morts qu’aurait dû causer « logiquement » une telle déflagration.

    Beyrouth a les membres cassés, les yeux malades. Les Beyrouthins aussi. Envahis de chagrin, de colère, les pauvres, les bourgeois, les musulmans, les chrétiens, les femmes de tous âges, tête nue, têtes voilées, marchent côte à côte dans les mêmes manifestations. Jusqu’à quand ? La violence policière monte dangereusement. Retrouvé dans une armoire, parmi les ruines, un chien pleure. On ne saura jamais ce qu’il a vécu. Et le Liban, les Libanais, saura-t-on jamais ce qu’ils ont vécu ?

    Ce qui s’est passé dans le port de la ville, le 4 août, est le produit d’une faillite générale, monumentale, qui engage certes et avant tout nos gouvernants criminels, mais aussi le monde entier. Pourquoi le monde entier ? Parce que nous vivons le bon à tirer d’un processus de décomposition engagé il y a plusieurs décennies dans cette partie du monde. Parce que nous tardons tous à comprendre que le mal est partout dans l’air, à l’image du coronavirus. Le désarroi des Libanais découvrant brusquement qu’ils sont en deuil, sans toit, peut-être bien sans pays, est le raccourci foudroyant du mal qui a dévasté l’Irak, la Syrie, la Palestine…

    Nous nous obstinons à ignorer qu’il n’est plus une plaie, plus un pays, plus une partie du corps, plus une partie du monde qui puisse se penser isolément. Les dictatures arabes, les armées islamistes, la brutalité et l’impunité de la politique israélienne, les grandes et moyennes puissances prédatrices, les solidarités morbides – Nord et Sud confondus –, le règne sans bornes de l’argent, les intérêts communs des ennemis déclarés, le fanatisme religieux, les trafics d’armements, tout cela est en cause dans le port de Beyrouth. Le langage de la géopolitique peut encore informer, trier, analyser. Mais il ne peut plus voir au-delà de ce dont il traite. Il est prisonnier de la convention selon laquelle on peut fabriquer et vendre des armes d’un côté et fabriquer la paix de l’autre. Le clivage est si profond, le mensonge si bien organisé, que nous pouvons encore feindre la cohérence. Mais jusqu’à quand ?

    Outre l’#effondrement économique et social, nous vivons sous la menace d’un grand danger psychiatrique. Les têtes sont elles aussi au bord de la faillite. Si rien ne change, au rythme où elles sont menées, elles ne tiendront qu’à l’une de ces deux conditions : perdre la raison ou se robotiser. Les autres, celles qui préfèrent la liberté à la fusion, se cognent déjà un peu partout aux barreaux de l’extrême solitude. Et ce constat qui vaut pour le Liban vaut bien au-delà. La fusion, c’est le fascisme, la dictature, le pouvoir entre les mains d’une poignée d’hommes ou de machines.

    Bocal explosif

    A force d’avoir tout vu, tout entendu, tout encaissé, durant les cinquante dernières années, les Libanais sont sans doute mieux armés que d’autres pour traiter avec la folie. Mais à trop tirer sur la corde, elle risque de se rompre d’un moment à l’autre. Les habitants de ce pays peuvent se serrer les coudes comme ils peuvent s’entre-tuer. Ils peuvent remonter la pente comme ils peuvent s’écraser à jamais. Ils n’en peuvent plus d’être si solidaires et si divisés à la fois. Ils ne pourront s’en sortir que par eux-mêmes, certes, mais, comme tous les grands blessés, ils ne pourront s’en sortir par eux-mêmes sans secours. Ils n’y parviendront que si cette partie du monde sort du piège dans lequel elle est enfermée. Enfermée par elle-même et par les puissances étrangères. Il y a, ici, un cercle vicieux qui sabote toutes les énergies positives.

    Avec un million et demi de réfugiés – plus d’un quart de la population – sur leur sol, les Libanais sont entassés dans un bocal explosif. Pris en otage par leurs chefs de communautés respectives, ils sont animés, pour la plupart, par une égale envie d’en finir mais aussi, compte tenu de leurs réflexes ataviques et de l’absence d’Etat, par une égale incapacité à franchir le pas. Ils ne savent plus qui ils sont. Ils n’en peuvent plus de repartir à zéro. Le Liban était pris en tenaille par la Syrie et Israël. Il l’est à présent par Israël et le Hezbollah. Que s’est-il passé le 4 août à 18 heures ? Deux déflagrations successives se sont produites sur le lieu d’un gigantesque dépôt de nitrate d’ammonium à proximité d’un hangar dont on nous dit qu’il abritait des armes. La criminalité des pouvoirs libanais qui ont endossé cet effroyable stockage est flagrante, indiscutable. Sera-t-elle déterminée, jugée, punie ? Pourquoi le récit séquencé de l’horreur ne nous a-t-il pas encore été livré ? Quelle est l’origine de la première explosion ? Qu’y avait-il dans ce dépôt ? Qui protège qui de quoi ?

    « Raisonnements circulaires »

    Lors de sa visite au Liban, le 6 août, le président Emmanuel Macron a rencontré une vingtaine de personnes issues de la « société civile », dont j’étais. Cette brève rencontre se tenait à l’ambassade de France au terme d’une table ronde entre lui et les chefs de guerre qui s’était tenue dans la pièce à côté.

    A l’issue de l’entretien, il nous a dit notamment cette petite phrase qui, depuis, a fait son chemin : « Je suis frappé par vos raisonnements circulaires. Aussi bien dans la pièce à côté (celle des mafieux) que dans celle-ci (celle où nous nous trouvions) ». J’aurais aimé que la comparaison fût évitée, mais c’est vrai me suis-je dit, sur-le-champ, il a raison, nous sommes prisonniers de raisonnements circulaires. Nous n’arrivons pas à nous organiser. L’opposition commence à peine à s’unir. Puis, tel un souvenir que l’on tarde à s’approprier, la phrase m’a révélé son sens à retardement. Le mot « circulaire » qui évoque le cercle vicieux, la quadrature, l’enfermement, m’est apparu comme « un déplacement » au sens freudien du terme, comme une projection. Le cercle n’était pas dans nos raisonnements mais dans le sujet. Je dirais même que nous avons ici une capacité obligée et quasi inhumaine à penser la complexité.

    C’est elle, c’est la réalité qui tourne en rond. C’est la donne. Le pays. La région. Le manège du monde. La règle du jeu. C’est le jeu qui impose le cercle. La rotation, telle qu’elle est, rejette de tous côtés la moindre velléité de solution. Le Liban est dans l’œil du cyclone. Tout œil extérieur est désormais obligé de comprendre que pour rompre cette spirale infernale, c’est au cyclone qu’il faut s’en prendre. Par « s’en prendre » je veux dire décider, de la base au sommet, d’un coin du monde à l’autre, que la paix régionale est préférable à la guerre. Rien que ça ? L’utopie ou la mort ? Oui. A petite et à grande échelle, je ne vois rien d’autre. « Paix régionale » signifiant l’exact contraire du sordide arrangement qui vient de se faire entre Mohammed Ben Zayed [le prince héritier d’Abou Dhabi] et Benyamin Nétanyahou [le premier ministre israélien] sous la houlette de Donald Trump [le président américain].

    Le Liban, c’est le monde à l’essai. S’il se vide de son sens, de ses différences, de sa jeunesse, il sera le signe avant-coureur d’une catastrophe bien supérieure à celle qui se vit actuellement sur son sol. Il est trop tard pour défendre souveraineté et territoires à coups de murs, de ghettos et de frontières physiques. Il n’est plus d’autre issue que d’activer à l’échelle de la planète un coup de théâtre hissant la pulsion de vie au-dessus de la pulsion de mort. Le sujet du jour – au Liban aujourd’hui et partout ailleurs dans un second temps –, c’est la santé mentale, c’est l’avenir de l’être. Livré à la réalité telle qu’elle est, l’inconscient collectif ne sera pas moins inflammable, à terme, qu’un hangar de nitrate d’ammonium. Il suffira, pour mettre le feu, du largage d’un missile, réel ou symbolique, physique ou verbal. Ce ne seront plus des morceaux de villes mais des morceaux de pays qui partiront en fumée.

    Dominique Eddé est une romancière et essayiste libanaise. Elle est notamment l’autrice d’"Edward Said. Le roman de sa pensée" (La Fabrique, 2017).

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/16/dominique-edde-le-liban-c-est-le-monde-a-l-essai_6049067_3232.html

  • La collapsologie ou l’écologie mutilée

    Intervention de #Renaud_Garcia, professeur de philosophie, durant les rencontrés d’été 2020 organisées par l’association Crise & Critique, dans laquelle il présente succinctement le contenu de son livre intitulé « La #collapsologie ou l’écologie mutilée », qui sortira en octobre aux éditions l’Echappée.

    https://www.lechappee.org/collections/pour-en-finir-avec/la-collapsologie

    Note corrective : lorsque Renaud Garcia dit, au début, que le Gilet jaune collapso a suivi toutes les manifs du samedi au printemps 2018, il faut comprendre 2019, évidemment.

    https://peertube.iriseden.eu/videos/watch/d5c51f40-40ff-4577-a334-e440b7663348

    #écologie, #confusionnisme, #effondrement.

  • Global deforestation accelerates during pandemic | Financial Times
    https://www.ft.com/content/b72e3969-522c-4e83-b431-c0b498754b2d?segmentid=acee4131-99c2-09d3-a635-873e61754

    Forests have been razed at an alarming rate across Asia, Africa and Latin America during the coronavirus pandemic, according to new research, as environmental law enforcement has been sidelined and villagers have turned to logging for income in parts of the tropical world.

    Since the start of the coronavirus pandemic, forest loss alerts have increased by 77 per cent compared to the average from 2017-2019, according to data from Global Land Analysis and Discovery (GLAD) — a worldwide warning system for the depletion of tree cover — and compiled by conservation body WWF Germany.

    #déforestation #forêt #pandémie

  • Deforestation in the Amazon is drying up the rest of Brazil: Report
    https://news.mongabay.com/2020/08/deforestation-in-the-amazon-is-drying-up-the-rest-of-brazil-report

    Over the past two years, drought has severely affected much of Brazil. According to a bulletin from the National Center for Monitoring and Alerts on Natural Disasters (Cemaden), an agency of the Ministry of Science, Technology, Innovations and Communications, rainfall has been below historical averages in the center-west, south and part of the southeast regions of the country, including in the state of São Paulo.

    The phenomenon became more evident in 2012. “Severe drought started in the northeast and lasted almost seven years,” says Cemaden researcher Adriana Cuartas. “Then, in 2014, water supply was in critical conditions in the Greater São Paulo area. Now the focus of concerns turns to the south, where rainfall has been below average for almost two years.”

    Scientist Antônio Donato Nobre, author of the report “The Future Climate of Amazonia,” is emphatic: “South America is drying up as a result of the combined effects of deforestation and climate change.”

    #climat #déforesation

  • Climat : la dernière plateforme glaciaire de l’Arctique canadien s’est effondrée
    https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/climat-la-derniere-plateforme-glaciaire-de-l-arctique-canadien-s-est-ef

    C’est une nouvelle conséquence du réchauffement climatique en cours. La dernière plateforme glaciaire intacte de l’Arctique canadien s’est effondrée, perdant plus de 40% de sa superficie en seulement deux jours fin juillet, ont annoncé jeudi 6 août des chercheurs. La plateforme de glace Milne se trouve à la lisière de l’île d’Ellesmere, dans le territoire peu peuplé du Nunavut, dans le nord du Canada.

  • Arctic Sea Ice Shrank To Record Lows In July
    https://www.bloombergquint.com/global-economics/climate-news-arctic-sea-ice-shrinks-to-lowest-ever

    Ice covering the Arctic Ocean reached the lowest level since at least 1979 for July as temperatures spiked in the region, leaving large stretches of Russia’s Siberian coast mostly ice-free.

    Sea ice extent in the Arctic last month was 27% below the average set between 1981 and 2020, the lowest level ever recorded, with the previous July low set in 2012, according to a monthly report by Europe’s Copernicus agency. 

    The Arctic, which is warming more than twice as fast as the rest of the planet, has endured a heatwave through spring and summer that saw record-high temperatures, an early start of the fire season and the opening up of usually frozen sea routes to shipping companies.

    Satellite readings show ice-free conditions almost everywhere along the so-called Northern Sea Route, which spans through Russia’s northern coast. The region shows the highest levels of ice melting and also the highest temperatures for the Arctic region in July, compared to the historical average, Copernicus said. Ice begins melting in the Arctic as spring approaches in the northern hemisphere,

    #pendant_ce_temps-là
    #meanwhile

  • Italie : un glacier du Mont Blanc menace de se détacher, évacuations en cours - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/060820/italie-un-glacier-du-mont-blanc-menace-de-se-detacher-evacuations-en-cours

    Un fragment d’un glacier des Grandes Jorasses, dans la partie italienne du massif du Mont Blanc, menace de s’effondrer du fait de la chaleur, nécessitant l’évacuation de plusieurs dizaines de résidents et touristes dans la zone, ont annoncé jeudi les autorités locales.

    Un volume de glace estimé à 500.000 mètres cube serait sur le point de se détacher du glacier de Planpincieux, sur le territoire de la commune de Courmayeur, indique une ordonnance de cette municipalité de la région du Val d’Aoste située près de la frontière avec la France.

    #climat

  • A Quarter of Bangladesh Is Flooded. Millions Have Lost Everything. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/07/30/climate/bangladesh-floods.html

    Torrential rains have submerged at least a quarter of Bangladesh, washing away the few things that count as assets for some of the world’s poorest people — their goats and chickens, houses of mud and tin, sacks of rice stored for the lean season.

    It is the latest #calamity to strike the delta nation of 165 million people. Only two months ago, a cyclone pummeled the country’s southwest. Along the coast, a rising sea has swallowed entire villages. And while it’s too soon to ascertain what role climate change has played in these latest floods, Bangladesh is already witnessing a pattern of more severe and more frequent river flooding than in the past along the mighty Brahmaputra River, scientists say, and that is projected to worsen in the years ahead as #climate change intensifies the rains.

  • Réchauffement climatique : comme prévu il y a trente ans, la machine s’emballe dans le cercle arctique
    https://www.franceculture.fr/environnement/rechauffement-climatique-comme-prevu-il-y-a-trente-ans-la-machine-semb

    La Sibérie vit une vague de chaleur sans précédent depuis l’hiver dernier avec des températures moyennes supérieures de 6 degrés à la normale. L’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste de la planète et le constat se vérifie via tous les indicateurs : thermomètre mais aussi fonte du pergélisol et de la banquise (deux fois plus vite que la moyenne 1980-2010 d’après la NSIDC, le National Snow and Ice Data Center aux États-Unis) ou encore les incendies, qui auraient libéré 59 mégatonnes de CO2 dans l’atmosphère contre 53 l’an dernier d’après Copernicus, programme européen d’observation de la Terre.

    Les scientifiques ont identifié depuis longtemps que les variations climatiques étaient plus intenses au pôle Nord mais la persistance de ce phénomène sur plusieurs mois en impressionne plus d’un. C’est le cas de Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS et climatologue, qui nous explique les ressorts de ce réchauffement prononcé dans le grand nord.

    #réchauffement_climatique #france_culture

  • Sibérie : la vague de chaleur et les incendies libèrent du méthane qui risque de rendre « hors de contrôle » le changement climatique, alerte un membre du GIEC
    https://www.francetvinfo.fr/meteo/canicule/siberie-la-vague-de-chaleur-et-les-incendies-liberent-du-methane-qui-ri

    Est-ce que cette partie du monde se réchauffe plus vite que le reste de la planète ?

    François Gemenne : Elle se réchauffe à peu près deux fois plus vite que le reste du monde. Et l’anomalie de température est vraiment très particulière. Depuis le début de l’année, on a une vague de chaleur très importante, avec des températures cinq degrés supérieures à la normale et même 10 degrés supérieures au mois de juin.

    shit, ventilateur, toussa toussa.