@fil C’est bien la lecture de cet article de Reflets (indiqué en référence plus haut) qui m’a fait réagir. Je ne suis pas particulièrement l’eréputation des personnalités, mais il existe des outils de suivi et d’alerte qui permettent de repérer ce genre de suggestions, que cela soit dans Google, Bing, Yahoo ! ou ailleurs.
J’en profite pour remarquer que si Google semble le plus touché du trio de tête (et, compte tenu de ses parts de marché en France, dépassant 90 % du marché de la recherche, en particulier si l’on compte ses affiliés), Yahoo ! pose aussi un problème de diffamation dès les résultats de recherche suggérés, mais que Bing échappe à cette mode, j’ignore cependant si cela vient du fait que Bing ait mis un filtre sur ses algorithmes, ou bien s’il s’agit d’un moteur épargné par l’« attaque ».
@stephane Le mojo de Google, « Don’t be evil », semble totalement omettre l’idée que les gens, eux, le sont, vils. Et il suffit d’une minorité de personnes pour manipuler les suggestions de recherche de Google, qui se défend derrière la popularité de ces recherches et un choix objectif et algorithmique des résultats.
Pourtant, en informatique, on m’a appris dès l’école à ne pas faire confiance dans les données obtenues de tiers, et à en vérifier la pertinence. Sous prétexte que les tiers soient nombreux, les données deviennent fiables et ne réclament aucun filtre ? Pourtant, ce sont bel et bien les employés de Google qui écrivent les algorithmes, à savoir en définissent les règles. Plutôt que d’ajouter des algorithmes additionnels pour protéger l’individu, Google a pris la décision d’en faire l’économie. Ce serait « Don’t be evil », cette approche ?
Il est intéressant que Google défende davantage les intérêts commerciaux des majors en censurant désormais les suggestions automatiques liées au piratage des œuvres culturelles — comme quoi c’est techniquement possible —, mais en omettant de protéger la réputation des individus.
@wardlittell Google a longtemps ignoré le phénomène de Google Bombing, pour finir par mettre un algorithme le rendant plus difficile. Mais Google fait habituellement trop confiance aux textes figurant sur la partie cliquable des liens (le « texte d’ancre de lien »). Or, ces textes sont fournis par des tiers : les webmasters, blogueurs, forumeurs, et j’en passe.
►http://petitnuage.fr/referencement-web/influence-texte-ancre-liens-positionnement-4253
En référencement naturel, on considère que les liens externes sont essentiels à un bon positionnement sur les moteurs de recherche. Parmi les critères figurent la diversité de ces liens, et le texte d’ancre.
Ainsi, pour faire grimper une page dans les résultats de recherche sur la requête « trou du cul du web », il « suffit » de publier un grand nombre de liens vers cette page portant le texte « trou du cul du web ». Si l’absence de cette expression rend le positionnement difficile, l’absence de toute concurrence — du moins préalable — facilite la manœuvre.
Attention toutefois, la jurisprudence rend l’auteur d’un lien juridiquement responsable, comme nous l’apprend l’affaire NRJ contre Europe 2 :
►http://owni.fr/2010/07/23/la-marais-noire-du-web-submerge-la-hadopi
En septembre 2001, Marie-Françoise Marais condamna, en appel, Europe 2 à 500.000 francs de dommages et intérêts, plus 100.000 francs pour l’insertion de sa décision dans deux journaux, au motif que “la mention “anti-NRJ” reproduite par la société Europe 2 Communication sur son site constituait un acte de contrefaçon de marque (et) de concurrence déloyale” dans la mesure où “la création de ce lien procède d’une démarche délibérée et malicieuse, entreprise en toute connaissance de cause“.
Pour ce qui est de la manipulation de Google Suggest, elle n’est guère plus difficile. Il suffit qu’un grand nombre (tout est relatif) d’Internautes (ou de robots se passant pour tels) tapote une requête équivalente dans la barre de recherche, puis clique sur l’un des résultats obtenus. Par « grand nombre », je parle d’environ 100 individus. C’est à la portée de tout Internaute doté d’amis, ou astucieux, ou prêt à dépenser une somme folle, à savoir... 5 € :
Comment faire du Negative SEO qui fonctionne, en 9 minutes
►http://www.deliciouscadaver.com/comment-definitivement-pourrir-la-e-reputation-de-quelquun-pour-5e
Voici donc la marche à suivre :
1) Ouvrez un compte sur Amazon Mechanical Turk
2) Créez un HIT qui consiste à faire taper votre recherche sur Google.fr en langue FR et à cliquer sur le premier résultat (très important, plusieurs expériences l’ont montré).
3) Consacrez un budget de 5$ (100 hits à 0,05$ ou moins si vous êtes pingre). Le HIT est accompli en quelques minutes.
4) Laissez mijoter 1 mois ou beaucoup moins si le nombre de recherche est élevé (pour la suggestion de la photo de ben laden mort, c’était au bout de quelques heures).
5) Ouvrez le four et sortez-en votre suggest modifié
Notons qu’Amazon Mechanical Turk désapprouve ce type de procédés. Mais ce n’est pas non plus le seul service du genre (bien que le plus populaire de la place).
En revanche, les parades contre ce genre d’attaques sont peu évidentes à mettre en place. En effet, il faudrait faire de même avec d’autres requêtes, et de préférence de manière pro-active. Une fois que l’attaque concurrente a donné ses fruits, il faut intensifier la démarche préventive, dans l’espoir que celle-ci s’avère plus puissante, et surtout, s’armer de patience.
Discuter avec Google est difficile : il se retranche derrière ses algorithmes, comme s’il s’agissait d’une justification légitime. Les résultats en justice contre Google au sujet de Google Suggest sont habituellement très longues, très coûteuses et présentent des résultats tout à fait incertains.
Bon, je râle, mais en fait, ce genre de situations permet de développer un nouveau marché, celui de l’e-réputation en général et du personal branding en particulier. Je fais une partie de mon chiffre d’affaires là dessus. Pour autant, ça me révolte. Plutôt que de gagner sa vie à faire des choses réellement utiles, positives, bref, construire quelque chose qui sert, on en vient à lutter contre les effets pervers et parasites de technologies pourries à la base, qui n’ont que peu de valeur ajoutée, présentent des failles patentes, et qui présentent des effets particulièrement indésirables. Pas très constructif, ni glorifiant. :-(