• Déchéance de nationalité : tout est possible, surtout le pire
    https://www.mediapart.fr/journal/france/291215/decheance-de-nationalite-tout-est-possible-surtout-le-pire

    L’affolement des argumentaires le prouve : avec la déchéance de la nationalité, le pouvoir a accouché d’une monstruosité mutante qui est en train de faire perdre toute repère, politique et historique, à ses soutiens. Ils ont tout oublié, et notamment ce qu’écrivait #Hannah_Arendt dans son maître-ouvrage, Les Origines du totalitarisme.

    #France #Apatrides #déchéance_de_la_nationalité #Droit_de_la_nationalité #François_Hollande #Manuel_Valls #Olivier_Duhamel

  • La civilisation libérale réalise le fondement social de tout régime totalitaire - L’Etat, Bernard Charbonneau, 1949

    C’est dans l’#économie libérale que s’est élaboré le plus efficacement le monde totalitaire. Dès le début du XIXème siècle la centralisation politique s’est renforcée d’une organisation économique qui tendait à concentrer la puissance en un seul point d’où dépendait tout le reste. Ainsi s’est formée une #humanité habituée à subir, et à subir sans comprendre, pour laquelle le mot de #liberté s’est vidé progressivement de tout contenu. Si nous considérons la tendance de la #technique actuelle à réserver la connaissance à une minorité de spécialistes comme elle réserve la puissance à quelques patrons ou directeurs, sa tendance à s’étendre méthodiquement à tout, sans autre principe que celui de l’efficacité pratique, alors nous pouvons bien affirmer qu’en dehors de toute volonté politique consciente le monde libéral tendait bien à devenir un monde totalitaire, où la #démocratie sociale devenait aussi absurde que la démocratie politique.

    La démocratie tend au partage de la vérité et de la puissance entre tous les #citoyens, la technique tend au #monopole de la vérité autant qu’à celui du pouvoir. Nous payons chaque perfectionnement d’une complication et d’une contrainte, - le tout est de savoir si ce perfectionnement vaut ce prix. Comme le rouage s’ajoute au rouage, l’explication s’ajoute à l’explication, et dans la mesure où l’organisation englobe de nouveaux domaines, elle multiplie les interférences. Ainsi, le sens commun à tous les hommes ne suffit plus, l’individu ne peut plus réaliser la condition de base de toute démocratie : une connaissance élémentaire de ses intérêts matériels, car ceux-ci dépendent d’une foule d’éléments qu’il ne peut plus atteindre directement. Pour juger sérieusement de son #salaire, il lui faut désormais connaître le mécanisme de la #monnaie, le système fiscal, l’économie française et sa situation dans l’économie européenne : une #culture politique et juridique du niveau de la licence en #droit. Dans ces conditions le citoyen ordinaire n’essaie même plus de comprendre, il se jette sur l’explication que lui prépare la #propagande ; atrophiant son aptitude à s’expliquer, la complexité du monde actuel le livre au simplisme du #slogan. Plus les techniques deviennent hermétiques et rigoureuses, plus leur vulgarisation devient vulgaire : l’image ou l’incantation qui s’adresse aux nerfs de la foule compense la formule mathématique qui s’adresse à l’intellect du technicien.

    Submergé par la multiplicité des faits où l’économie complique la #politique et la politique l’économie, l’individu se détourne d’un #pouvoir qui n’a plus de sens pour lui ; sa condition étant d’être dépassé, sa réaction est de s’abandonner. Dans la #nation, dans l’#armée, dans le parti, et dans un #syndicalisme bureaucratisé, il n’est plus qu’un rouage habitué à subir l’impulsion d’un état-major d’administrateurs. Le sens commun - et son représentant le Parlement - n’a plus d’autorité ; dans une société technicisée, ce sont les bureaux qui gouvernent. Le Parlement n’est que le mensonge [...] qui permet aux hommes d’esquiver le problème posé par la fin du bon sens.

    Partout où pénètre la technique recule la liberté, car à la différence de la pensée libérale, ses vérités sont sans appel et leur exécution automatique. La technique comme la #loi impose à tous la même discipline, et partout où elle s’établit, s’établit la loi qui peut seule rendre ses applications possibles : la discipline totalitaire dans ce qu’elle a d’apparemment légitime ne fait qu’exprimer en clair la discipline industrielle. Ainsi sous le couvert du #libéralisme, l’évolution économique réalise dans la vie quotidienne des individus la condition fondamentale du #régime_totalitaire : la démission de l’homme, qu’il s’agisse de l’#indifférence atone du plus grand nombre à des déterminations qui les dépassent ou de la participation frénétique de quelques-uns.

    [...] L’#impuissance individuelle mène au culte de la puissance collective. Quand l’#individu se tourne vers lui-même, il ne trouve qu’incertitude, vide et débilité ; mais quand il considère le monde qui le domine il voit triompher la force. Tout le dissuade de chercher l’autorité autant que le pouvoir en lui-même pour le tourner vers la puissance collective. Tandis que se dressent toujours plus haut des buildings ; dans la fissure de la rue passe l’individu, perdu dans la foule, mais suivi par les contraintes de l’argent et de la loi comme par son ombre ; et sur lui s’effondrent guerres et révolutions, qu’il ne peut que suivre. Alors écrasé, il compense ses complexes d’infériorité individuelle par ses complexes de supériorité collective : celle de sa nation, de son parti ou de sa classe. La révolte de l’individu alimente ainsi les forces qui l’anéantissent.

    #système_technicien #brown_tech

    • Le régime totalitaire vient comme un voleur ; il nous surprend à coup sûr parce-que nous l’attendons monstrueux alors qu’il n’a rien d’étonnant. Progressivement, dans le calme de ce que nous croyons être le temps normal, il s’est adapté à nous, et surtout nous nous sommes adaptés à lui. Il n’est plus loin ; au jour le jour il a déjà fait presque tout le chemin et il n’a plus qu’un pas à faire pour être là.
      [...] Le mal totalitaire n’est pas un fléau étranger qui fondra sur nous à la fin des temps, il grandit en nous dans le silence. Dans la vie quotidienne et dans l’esprit - ou plutôt dans l’absence d’esprit qui y préside : plus que dans nos fureurs, dans notre ennui ; plus que dans nos crises, dans nos petites habitudes. C’est là qu’il nous faudra le découvrir et le combattre. Tout homme doit se préparer à ce jour, et ce jour c’est aujourd’hui.

      #totalitarisme

    • Celui qui voudra résister le moment venu doit savoir qu’il ne sera pas placé d’un coup en face du choix. Le régime totalitaire consacrera l’état de fait plus qu’il ne rompra avec lui ; il nous aura lentement possédés de l’intérieur plus qu’il ne nous forcera de l’extérieur. [...] Songeons que notre régime totalitaire ne se présentera pas sous l’uniforme de l’envahisseur, mais dans l’exaltation de la puissance nationale ; non comme une subversion, mais un effort vers l’ordre universel. En apparence il sera moins un déchaînement de haine que l’irrésistible jaillissement d’un hymne de fraternité ; une unanimité dans laquelle le refus de l’individu ne sera plus affirmation légitime mais scandale.

    • Relu encore à l’instant.

      « perfectionnement » me semble ici très bon et très juste, mais « technique », « la technique » (ne parlons pas du « sens commun » et du « bon sens ») ne passent décidément pas.

      Termes décidément bien trop fourre-tout, qui recèlent autant sinon plus de problèmes cruciaux qu’ils n’apportent de clarifications - en particulier, dans ce que les premiers participent d’un dualisme « nature » vs « artifice » non dit ni assumé qui vient conditionner l’entendement beaucoup trop à mon goût.. (comme on le peut constater régulièrement dans les prises de position des militants « anti-industriels » qui se réclament de ce même Charbonneau).

      de même, l’emploi des catégories « totalitaires » et « libéralisme » me semble ici des plus casse-gueule - et aujourd’hui dépassé pour essayer de saisir les rapports sociaux que nous vivons.

    • Je suis assez d’accord sur l’opposition nature vs artifice, opposition que dépasse le concept d’#écoumène (dont les techniques humaines sont partie prenante cf http://seenthis.net/messages/166201). Cela dit quand Charbonneau parle de technique (même si c’est pas explicite) il parle de technique hétéronome, qui s’autonomise et échappe à la maîtrise commune, par opposition à l’outil convivial (concept forgé plus tard par Illich).
      Sur le glissement vers le totalitarisme en revanche l’analyse de Charbonneau me semble garder sa pertinence. Je trouve que le dernier paragraphe mentionné donne un éclairage saisissant à « l’esprit charlie » et aux derniers propos bellicistes de l’exécutif.

    • @paulo merci

      @koldobika

      Je me suis plongé il y a des mois dans tout ce que j’ai pu lire de Berque sur le web (il y a de la matière), et c’est passionnant, mais je pense que, de par sa singularité dans le paysage intellectuel, (en tout cas, dans le mien), c’est un auteur qui mérite d’être médité et digéré. Je n’ai pas fini d’y revenir.
      Son point de vue déplacé par rapport à la tradition occidentale « classique » et l’étendue de sa culture sont stimulants par l’emploi créatif qu’il en fait, et la notion d’écoumène m’a évidemment beaucoup plu.

      Mais il me semble que son travail reproduit néanmoins des biais fondamentaux, à travers une forme - c’est ce qu’il me semble y lire, je reste néanmoins prudent - d’humanisme universaliste abstrait. Par exemple, je n’ai pas lu chez lui de réflexion sur les rapports humains, les rapports sociaux de domination, (lesquels mettent pourtant en scène la notion de nature de façon récurrente) - j’ai l’impression qu’il y a là l’habituel point aveugle masculin et blanc, aisé, que l’on rencontre trop souvent. Dans ce que j’ai lu, les rapports de domination - sexe, race, exploitation économique - sont quasi-absents, sinon, pour les derniers, du point de vue de leurs conséquences écologiques. Je peux me tromper et avoir manqué cela. Mais j’aimerais les voir explicitement pris en compte : il font partie du milieu, de « l’écoumène », non ? Nous n’appréhendons pas le milieu tou-te-s depuis le même point.

      Pour se déprendre un peu plus du piège de ce dualisme nature-culture, pour être intellectuellement mieux armés face à lui, à défaut de prétendre en finir, les travaux de Colette Guillaumin, qui partent justement des rapports de domination, et en particulier d’appropriation, et qui lient la catégorie « nature » et son emploi à ces rapports sociaux, me semble ouvrir des pistes plus intéressantes dans ce qu’elle proposerait une explication matérialiste de l’existence de cette catégorie - la « nature » ne devant alors son caractère distinct, extérieur... qu’au fait de son appropriation par les humains. Mais là aussi, c’est une lecture que j’ai besoin de digérer - et aussi, en partie, de parvenir à mettre la main dessus (bouquins épuisés, hélas).

    • @martin5 c’est vrai qu’il manque tout ce pan social chez Berque, et ça donne à son propos quelque-chose de très universitaire, qui aime bien causer au calme d’un salon. Autant il a une approche très « habitée » de la question du paysage, autant pour ce qui est des rapports sociaux c’est l’angle mort, ça donne l’impression qu’il parle du rapport d’un humain isolé avec le monde, ou alors d’une culture mais en n’en retenant que la situation géographique et historique et pas les rapports sociaux ni de genre, tout juste aborde-t-il les modes de production, à gros traits.
      J’ai déjà vu passer le nom de Colette Guillaumin, à l’occasion j’en lirai un bout (j’ai déjà une trop grosse pile de bouquins à lire qui m’attend, je m’en sors pas).

    • Du coup je suis retourné plus en profondeur à un autre de ses bouquins, plus récent, que j’ai sous la main (#Le_jardin_de_Babylone), lu il y a trop longtemps.
      Il me semble que Charbonneau - outre des formulations chrétiennes fatigantes : « fils d’Adam » toi même, Bernard ! y donne à lire sans masque la rigidité et les limites d’une pensée banalement conditionnée par les concepts auxquels elle a recours. Si dans un court prologue il semble admettre l’historicité de celui de « nature », c’est ensuite pour en faire à nouveau un absolu et recourir au détour d’un chapitre ou d’un autre à celui de « nature humaine ». Il ne s’agit pas seulement de nature vs technique hétéronome, mais bien d’une incapacité à penser les animaux humains en termes de rapports sociaux, avec leur plasticité, leur historicité.
      Sitôt qu’il s’aventure un peu trop sur ce terrain là, comme p 171 de l’édition de l’EdN :

      si le progrès est illimité, la nature humaine, heureusement, reste immuable : on ne nous a pas encore proposé un superman avec un troisième oeil et des pinces greffées

      (j’italise)
      ,
      la rigidité du paradigme chrétien dans lequel il patauge semble le réduire à recourir immédiatement à une caricature grossière - celle que l’on retrouve, intacte, chez PMO, Escudero, etc, et avec laquelle se complaisent leurs soutiens. Il me semble qu’une pensée engluée dans le dualisme nature vs artifice/technique se condamne à tomber dans ce travers - se privant de la capacité à envisager les rapports sociaux, et donc les pratiques, dans toute leur profondeur en termes de production historique, pratiquant parmi elles une coupure... artificielle entre prétendus « naturels » et soi-disant "artificiels" , absolutisant nécessairement une conception particulière de l’"humain". Sur ce sujet, la confrontation avec la pensée d’une #Hannah_Arendt (#Condition_de_l'homme_moderne) me semble assez éclairante quant à l’espèce d’archaïsme dont on peut dire qu’il caractérisait déjà à l’époque la pensée de Charbonneau.
      Comme si le renoncement à un ancrage dogmatique tel que le sien était pour lui voué à menacer la capacité de juger le présent !

      Incidemment, l’évocation de la pêche et de la chasse est pour lui l’occasion de pages consacrées à une impudente apologie de la prédation et de l’appropriation conçues comme le rapport le plus intime possible avec "la nature" , qui après tout passait peut-être inaperçue il y a quelques décennies ? (Mais qui me semble remarquablement consistante avec la critique que fait Colette Guillaumin du concept de nature comme face mentale, idéologique, de pratiques d’appropriation, comme avec la critique qu’esquisse #Florence_Burgat dans #Pourquoi_l'humanité_est_elle_carnivore )

      je cite :

      La relation du chasseur et du pêcheur à la nature est totale , parce qu’elle est une relation active . L’employé parisien qu’hypnotise le jeu de son bouchon le long des quais de la Seine est plus près de la vie primitive que le touriste qui contemple les glaciers du Spitzberg

      .
      (p 179, même édition, et j’italise à nouveau)

      L’a priori complaisant quant à une conception de « la vie primitive » se donne à lire sans fard ni doute...
      La suite qui, au prétexte de condamner « l’errance moderne », méprise grossièrement le nomadisme, n’est pas meilleure.

      Le lyrisme torrentiel et la verve de l’auteur dissimulent donc à mon sens très efficacement la superficialité et les a-priori avec lesquels sa pensée entre, comme pensée (de fait, fort peu) dans la foisonnante description qu’il donne du moment historique qu’il se trouve vivre : si son regard de chrétien contribue assurément à lui conserver une vive sensibilité à la brutalité des changements imposés par l’industrialisation, si sa culture de chrétien lui fournit la palette pour la peindre d’une façon des plus saisissantes (je ne lui conteste évidemment pas cela), se référer à lui en ignorant le lieu tout de même particulier, et lui même problématique et critiqué, depuis lequel son regard se porte , se référer à lui en ignorant ses biais, ses points aveugles pose un problème qu’il me semble nécessaire de souligner , puisqu’il s’avère qu’aujourd’hui encore, beaucoup de celleux qui disent s’en inspirer ne le remarquent pas, puisqu’ellils se satisfont de les reproduire quasiment à l’identique.

      Je ne leur reproche pas de lire ni de s’inspirer d’un auteur chrétien : après tout, je ne me cache pas de m’être abondamment nourri des écrits de Léon Bloy, Georges Bernanos, Simone Weil,... Jacques Ellul et Bernard Charbonneau himself, pour n’en citer que quelques un-e-s.
      Je leur reproche de le faire en perdant de vue que ceux-ci sont critiquables, aussi précieux et féconds soient-ils ; et que pour y nourrir notre pensée, nous ne sommes en rien tenus de l’encager dans ce qui fut leur paradigme.

  • Une petite citation d’Arendt sur le twitter de #Rocé :


    https://twitter.com/Rocenroll/status/554401137903026176/photo/1

    Ce qui maintient la cohésion des hommes après que le moment de l’action est passé (ce que nous apellons aujourd’hui « organisation ») et ce qu’en même temps ils préservent grâce à leur cohésion, c’est la puissance. Et quiconque, pour quelques raisons que ce soit, s’isole au lieu de prendre part à cette cohésion renonce à la puissance, devient impuissant, si grande que soit sa force, si valables que soient ses raisons.
    Condition de l’homme moderne, Hannah Arendt

    #Charlie_Hebdo #Hannah_Arendt #volonté_de_puissance

    Et une autre juste pour le fun sur le même fil :

  • Les #spatialités dans l’œuvre d’#Hannah_Arendt

    Cet article étudie les concepts spatiaux à l’œuvre dans les écrits d’Hannah Arendt et la problématisation spatiale des questions politiques et anthropologiques auxquelles elle a consacré plusieurs ouvrages majeurs. Il conclut avec l’idée que la diversité des propositions spatiales chez Arendt peut être ramenée à trois spatialités, trois conceptions de l‘espace : la spatialité des #places, la spatialité des #positions et la spatialité de l’#action. Ces trois spatialités ne réfèrent pas à des modes d’existence de l’espace indépendants les uns des autres ; leur articulation dans son analyse de la condition humaine et des « mondes communs » est subordonnée à deux concepts qui occupent une place plus centrale encore dans l’œuvre d’Arendt : l’#identité et la #pluralité.

    http://cybergeo.revues.org/26277
    #espace

  • Donnez une place aux femmes dans les programmes scolaires
    http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/entreprendre-articles-section/entreprendre/3844-petition-pour-ne-plus-apprendre-a-moitie

    Elle vient d’avoir son baccalauréat et n’apprécie pas du tout l’arnaque. Ariane Baillon, 17 ans, se réjouissait d’étudier la philosophie jusqu’à ce qu’elle découvre que « une seule femme a l’honneur de voir son nom figurer dans la liste officielle des philosophes à étudier en Terminale : Hannah Arendt. » Pourtant, écrit-elle après avoir cité quelques absentes, « la liste des grandes philosophes est plus longue qu’on le croit, mais inexplorée ». Alors la jeune bachelière bordelaise a décidé d’adresser une pétition pour demander au ministre de l’Education Nationale, Benoît Hamon, de sortir les femmes de l’ombre. Et pas seulement en philosophie tant qu’on y est. Lancée fin juillet, sa pétition a recueilli plus de 12000 signatures mi-août.

    Dans un article rédigé pour Rue89 Bordeaux, Ariane Baillon va plus loin , remontant ses cours de lettres :« En première, en cours de Français, on ne nous parlait de George Sand que pour parler de sa liaison avec Alfred de Musset » écrit-elle. Et il ne lui a pas échappé que les rares femmes qui apparaissaient dans ses livres étaient réduites à leur sexe « Le choix de faire enseigner des œuvres telles que Les Mains libres, qui brandit une image de la femme-objet uniquement définie dans son pouvoir érotique, n’arrange rien. »

    Tiens, et si le prochain ministre de l’éducation était UNE ministre, hein ?
    #femmes #sexisme #savoirs #arts #sciences

    • Pétition : place aux femmes dans les programmes scolaires
      http://rue89bordeaux.com/2014/08/petition-place-aux-femmes-les-programmes-scolaires

      Je m’appelle Ariane, je vis à Bordeaux, j’ai 17 ans et je viens de finir mon année de Terminale, en section Littéraire.

      Qui dit Terminale L dit grande découverte : celle de la philo ! Quelle ne fut pas ma joie à la rentrée de me voir remettre un épais manuel de philosophie, présage d’une initiation intense à l’exercice de la pensée et aux combats des préjugés. J’ouvre le livre et je tombe sur la liste des auteurs au programme où étaient réunis tous les plus grands penseurs que j’avais hâte de découvrir : Platon, Épicure, Descartes, Pascal, Kant, Nietzsche, Foucault…

      Mais au fur et à mesure de ma lecture de cette liste, ma joie retombe : en effet, la liste est pleine des plus grands penseurs et auteurs depuis l’Antiquité. Et, perdue parmi eux, une femme : Hannah Arendt. Innocemment, je pensais aussi explorer la pensée de Simone de Beauvoir, Anne Conway, Simone Weil, Catherine Kintzler, Elisabeth Badinter. Visiblement, aucune d’entre elles n’a sa place dans un manuel de philo.
      L’homme prend la place de l’humain

      Ce constat amer a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Déjà en primaire, le masculin l’emportait sur le féminin. Au collège, on nous exposait la vie et l’œuvre des grands hommes de l’histoire.

      En première, en cours de Français, on ne nous parlait de George Sand que pour parler de sa liaison avec Alfred de Musset, et on nous faisait travailler « la question de l’homme ». Non, ce n’est pas s’attacher à un détail que de demander qu’on utilise le terme « humain », qui aux dernières nouvelles fait aussi partie de la langue française.

      Et cette année, on me demande de rester stoïque face à la domination masculine du cours auquel les Terminales L assistent pendant 8 à 9 heures par semaine.

      Le sexisme ambiant de notre culture

      Et quelle ironie que le problème se pose en cours de philosophie ! Ce cours où les professeurs nous expliquent comment combattre les opinions toutes faites et les préjugés ! Ce cours où les élèves sont appelés à réfléchir sur la morale et la tolérance, sur la société et l’égalité ! Ce cours où l’on nous affirme que « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » !

  • Les Prophéties d’Hannah Arendt

    Il y a peu d’illusions à se faire sur l’issue finale d’une guerre totale entre Arabes et Juifs. On peut gagner de nombreuses batailles sans gagner la guerre. Et jusqu’à présent aucune bataille réelle ne s’est déroulée en Palestine.

    Et même si les Juifs devaient gagner la guerre, la fin du conflit verrait la destruction des possibilités uniques et des succès uniques du sionisme en Palestine. Le pays qui naîtrait alors serait quelque chose de tout à fait différent du rêve des Juifs du monde entier, sionistes et non sionistes. Les Juifs « victorieux » vivraient environnés par une population arabe entièrement hostile, enfermés entre des frontières constamment menacées, occupés à leur autodéfense physique au point d’y perdre tous leurs autres intérêts et toutes leurs autres activités.

    Le développement d’une culture juive cesserait d’être le souci du peuple entier ; l’expérimentation sociale serait écartée comme un luxe inutile ; la pensée politique serait centrée sur la stratégie militaire ; le développement économique serait exclusivement déterminé par les besoins de la guerre. Et tout cela serait le destin d’une nation qui - quel que soit le nombre d’immigrants qu’elle absorberait et si loin qu’elle étendrait ses frontières (la revendication absurde des révisionnistes inclut l’ensemble de la Palestine et la Transjordanie) - resterait néanmoins un tout petit peuple, largement supplanté en nombre par des voisins hostiles.

    Dans de telles circonstances (comme l’a fait remarquer Ernst Simon), les Juifs de Palestine dégénéreraient en l’une de ces petites tribus guerrières sur les possibilités et l’importance desquelles l’histoire, depuis l’époque de Sparte, nous a amplement renseignés. Leurs relations avec le judaïsme mondial deviendraient aléatoires, puisque les intérêts de leur défense pourraient à tout moment entrer en conflit avec ceux des autres pays où vivraient un grand nombre de Juifs. Le judaïsme de Palestine finirait par se séparer du corps plus vaste du judaïsme mondial et par se transformer, dans son isolement, en un peuple entièrement nouveau. Il devient donc clair que, en ce moment et dans les circonstances présentes, un État juif ne peut être institué qu’aux dépens du foyer national juif.

    [ Hannah Arendt , Ecrits juifs ]

    #Hannah_Arendt
    #Israel
    #sionisme
    #palestine

  • #Hannah_Arendt – une femme dans l’histoire

    Hannah #Arendt est un #film qui se prête particulièrement bien aux interprétations convenues, et, en même temps, qui leur résiste. L’intrigue a pour objet tout à la fois un événement juridique – le procès Eichmann (en Israël en 1961) -, un événement médiatique – la polémique autour des articles d’Arendt (publiés aux Etats-Unis en 1962) – et un tournant historiographique – dans la perception des exécuteurs et de la résistance juive entre 1933 et 1945 (à travers le monde durant les années 1960-70). La plupart des articles publiés dans la presse généraliste et dans les revues spécialisées ont suivi ce triple axe (juridique, médiatique, historiographique). Il y a là trois sujets sur lesquels beaucoup d’encre a déjà coulé ; des sujets “vendeurs”, propice à créer une polémique (c’est-à-dire à faire vendre du papier et à créer de l’attention).

    http://culturevisuelle.org/cinemadoc/2013/10/08/hannah-arendt-une-femme-dans-lhistoire

  • Le #monadisme comme figure totalitaire (1) – #les_monades_urbaines de #Robert_Silverberg
    http://diffractions.info/2013-08-15-le-monadisme-comme-figure-totalitaire-1-les-monades-urbain

    « On réfute tel énoncé particulier ; non pas le scepticisme, ni le ricanement. On réfute telle incohérence #politique ; on ne réfute pas Auschwitz ou le Goulag, on les combat. »...

    #philosophie #revue_littéraire #Arendt #Castoriadis #Cornelius_Castoriadis #George_Orwell #Hannah_Arendt #monade #Orwell #philosophie_politique #Silverberg #totalitarisme

  • Qu’est-ce que la politique ?
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article608

    C’est la répétition des fameuses « affaires », chaque semaine ou presque, qui nous en apporte la preuve : l’immoralité des dirigeants, la corruption, sont la conséquence d’un système qui forme et qui privilégie une élite spécialisée dans l’exercice du pouvoir. Au cœur de la pensée anarchiste au contraire se trouve l’idée selon laquelle la politique ne peut en aucun cas devenir une profession, cela pour empêcher le pourrissement moral qui ne manque jamais d’accompagner toute oligarchie, fût-elle libérale. Le grand mal des formes de sociétés contemporaines en régime d’oligarchie libérale, c’est à nos yeux le désengagement d’une population pour laquelle la liberté consiste beaucoup plus dans la consommation que dans l’action politique, et qui se laisse imposer la loi de la caste dirigeante. La lecture de H. Arendt développant la question de savoir qu’est-ce qu’être libre dans la communauté politique, apporte quelques fondements théoriques pour répondre à cet état de choses.

    #Hannah_Arendt

    #Anarchosyndicalisme ! n°135

  • #Hannah_Arendt - L’amour du monde
    http://www.icem-pedagogie-freinet.org/sites/default/files/N90_HArendt.pdf

    Ce document nous plonge au coeur du XXème siècle en compagnie d’Hannah Arendt, une philosophe sans équivalent, dont la dimension commence à peine à être reconnue.
    Hannah Arendt propose une réflexion sur la nouveauté radicale de notre époque, réflexion qui associe le totalitarisme au renoncement à la politique. Selon elle, tant que les hommes cesseront de penser et surtout de prendre la parole dans l’espace public nous ne serons pas à l’abri de la barbarie.
    Pour l’amour du monde, Hannah Arendt nous met en garde.