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  • Taire la nationalité des prévenus ?

    Afin d’éviter les amalgames, une majorité du parlement est favorable à interdire à la #police genevoise de communiquer à la presse la nationalité des délinquants présumés.

    La #motion, soutenue par la majorité des partis, a de grandes chances d’être adoptée par le parlement cantonal. Elle vise à modifier la pratique de la police genevoise lorsqu’elle communique avec la presse sur des délits commis à Genève ou sur des interpellations.

    A l’avenir, la nationalité des délinquants présumés pourrait ne plus du tout être mentionnée. L’auteure de la motion, la députée verte Delphine Klopfenstein Broggini, entend ainsi lutter contre les amalgames xénophobes.

    Le texte est aussi soutenu par Ensemble à gauche, le PS et le PDC, et doit encore être voté en séance plénière. « La nationalité n’apporte pas d’informations pertinentes sur la question du délit », a justifié Delphine Klopfenstein Broggini en commission.

    Elle cite une étude, menée par le professeur en criminologie André Kuhn, qui montre que des facteurs comme l’âge, le niveau socio-économique, le sexe ou encore le niveau de formation sont les plus déterminants. « La mention de la nationalité ne fait qu’attiser la haine », poursuit l’élue écologiste. Elle estime que ces données peuvent être instrumentalisées par certains groupes à des fins politiques.
    La pratique actuelle

    La motion s’inspire de la pratique mise en place dans les villes de Zurich et de Berne. Elle prévoit des exceptions « si cette information est pertinente dans une situation spécifique ». Delphine Klopfenstein Broggini précise que la police genevoise serait tenue de taire la nationalité, non seulement dans ses communiqués, mais également si des journalistes questionnent son service de presse. « Il faut avoir un cadre strict. »

    Actuellement, la publication de la nationalité des prévenus dans les communiqués de la police est la norme, suivant les recommandations de la Conférence des commandants des polices cantonales de Suisse. Il mentionne aussi l’année de naissance et le sexe des personnes. « Sur demande, il est possible de confirmer une origine étrangère », précise aussi le Service de presse de la police genevoise.

    Toutefois, ce dernier ne communique de loin pas sur toutes les affaires. Dans son bulletin journalier, il fournit des informations sur les cas « de moindre importance », le plus souvent en rapport avec des vols, des infractions à la loi sur les stupéfiants ou au code de la route.

    La police s’abstient lorsqu’il s’agit de délits plus graves, comme les homicides, ou des affaires qui se déroulent dans la sphère privée ou qui concernent des mineurs. Cette communication partielle n’est pas anodine : dans certains domaines, comme celui du trafic de drogues, la part des infractions répertoriées impliquant des étrangers est plus élevée.
    Une proposition « contre-productive »

    La proposition des Verts ne fait pas l’unanimité au Grand Conseil. En commission, les groupes de l’UDC, du MCG et du PLR s’y sont opposés. Pour le député UDC Marc Fuhrmann, dont le parti est connu pour pointer le lien entre populations étrangères et criminalité, « il s’agit d’une obstruction à la liberté de la presse ».

    Il estime que la population a le droit, au nom de la transparence, de connaître ce type d’informations. « Cette motion veut manipuler le public afin de le détourner de la réalité », écrit le député. Il relève notamment que les prisons suisses sont occupées majoritairement par des détenus étrangers. Un constat qui doit être expliqué en prenant en compte d’autres critères (comme l’âge, le sexe, ou la situation socio-économique), rétorque Delphine Klopfenstein Broggini.

    Pour beaucoup d’opposants, le fait de taire l’information de la nationalité serait contre-productif. Une partie du public pourrait avoir l’impression qu’on lui cache quelque chose, ce qui renforcerait des sentiments xénophobes. « Notre culture du fait divers est à revoir, répond Delphine Klopfenstein Broggini. Si une partie de la population recherche ces informations, c’est aussi que les médias les ont fournies pendant longtemps. C’est pour cette raison que la pratique doit changer et que les mentalités doivent évoluer. »

    https://lecourrier.ch/2019/06/18/taire-la-nationalite-des-prevenus
    #nationalité #presse #criminalité #médias #Genève

    Et Le Courrier met quoi comme image ? Photo d’un homme noir...

  • Les rues genevoises en voie de #féminisation

    Trop masculine, la nomenclature des rues fait débat en #Suisse romande. A Genève, le #collectif féministe #L’Escouade a rebaptisé, depuis début mars, une vingtaine d’artères avec des noms de femmes. L’initiative trouve un écho au Grand Conseil.

    A Genève, seules 5,6% des rues portent des noms de femmes. Soit le taux le plus bas de Suisse romande après Sion (5,2%). Un score peu enviable que le collectif féministe L’Escouade veut améliorer. Depuis le 1er mars, il rebaptise toutes les deux semaines une dizaine d’artères au moyen de plaques violettes en hommage à des femmes artistes, militantes, écrivaines ou encore diplomates que l’histoire a laissées de côté. L’initiative « 100Elles* », réalisée en partenariat avec la ville de Genève et un groupe d’historiennes, trouve un relais politique au Grand Conseil où une députée veut pérenniser le projet.

    Trop masculine, voire parfois politiquement incorrecte, la nomenclature des rues est fréquemment remise en question, en Suisse et ailleurs. Preuve tangible de la mémoire collective, elle agit comme un baromètre de la sensibilité, rendant soudain encombrantes certaines personnalités jadis encensées. A Neuchâtel, l’espace dédié au scientifique Louis Agassiz, éminent glaciologue également auteur de thèses racistes, a été débaptisé l’an dernier au profit de Tilo Frey, première élue noire au Conseil national. En matière de genre, le déséquilibre actuel apparaît lui aussi comme le reliquat d’un monde où les femmes ne comptaient pas ou peu. Face à la pression, les villes tentent de renverser la tendance. A l’instar de la municipalité lausannoise, qui a récemment décidé d’attribuer les quatre premiers noms de rues du futur écoquartier des Plaines-du-Loup à des femmes.

    Dans le canton de Genève, seules 41 rues sur 589 rendent hommage à des femmes. La plus populaire des héroïnes de l’Escalade, la Mère Royaume, Catherine Cheynel de son nom de jeune fille, n’a droit qu’à une ruelle de 150 mètres aux Pâquis. Parmi les rares élues, on trouve la journaliste Emilie Gourd, l’écrivaine Alice Rivaz ou encore la doctoresse Marguerite Champendal. « Symbole de la domination masculine dans l’histoire et, partant, dans l’espace public, ce déséquilibre n’est pourtant pas motivé par des critères de sélection objectifs », souligne Myriam Gacem, membre de L’Escouade. La loi ne fait en effet aucune mention du genre : la personne honorée doit avoir marqué de manière pérenne l’histoire de Genève et être décédée depuis plus de dix ans. Force est de constater que la marge d’interprétation a laissé place à l’arbitraire.

    #Asymétrie de genres

    Des femmes illustres, ambitieuses par leur œuvre ou leur engagement, Genève en regorge. Sur mandat de L’Escouade, onze historiennes de l’Université de Genève en ont retenu cent et effectué un travail minutieux pour retracer des parcours souvent inconnus du grand public. Sur la liste qui sera égrenée jusqu’au mois de juillet, on trouve ainsi Marguerite Frick-Cramer (1887-1963), première femme déléguée du CICR, Hélène Gautier-Pictet (1888-1973), fondatrice du Centre de liaison des associations féminines genevoises, Jeanne Henriette Rath (1773-1856), artiste peintre qui a financé le musée bien connu de la place de Neuve, ou encore Alexandra Kollontaï (1872-1952), ambassadrice de l’URSS et fervente féministe.

    A partir de quand juge-t-on que quelqu’un a marqué durablement l’histoire ? Pour Daniela Solfaroli Camillocci, professeure à l’Institut d’histoire de la Réformation et membre du groupe d’historiennes, le choix est éminemment politique. « Historiquement, des critères de sélection subjectifs ont produit des asymétries de genres, observe-t-elle. Ecrire l’histoire des femmes en insistant sur leurs affects, définir leur identité à travers leur affiliation au groupe familial ou encore perpétuer leur caractère exceptionnel, tous ces réflexes ont contribué à une invisibilisation des femmes dans l’espace public. »
    Reconfigurer l’espace public

    Exhumer des parcours oubliés peut sembler compliqué. En se plongeant dans les archives d’Etat, d’institutions et d’associations, tout comme dans la littérature secondaire, les chercheuses ont pourtant été confrontées à une abondance de matière. « Travailler en groupe nous a permis d’ouvrir nos perspectives, pour représenter des milieux sociaux, des identités et des trajectoires les plus variés possible », souligne Daniela Solfaroli Camillocci. Certains milieux sociaux défavorisés n’ont en revanche laissé aucune trace. La sélection inclut donc des figures collectives, les « trente immortelles de Genève » ou encore les horlogères, pour combler ces vides. Reste que les enjeux de la mémorialisation évoluent constamment : « Les choix d’aujourd’hui ne seront pas les mêmes dans vingt ans. »

    Au parlement, une motion de la députée d’Ensemble à gauche Jocelyne Haller, soutenue par les socialistes, les Verts et le PDC, donne trois ans au canton pour féminiser les rues genevoises sur la base de la liste établie. « Donner des noms de femmes aux ouragans semble aller de soi, relève-t-elle. Lorsqu’il s’agit de rues ou d’établissements scolaires, c’est plus compliqué. » A quelques mois de la grève des femmes, le sujet dépasse selon elle le clivage gauche-droite. Si sa proposition n’est pas discutée d’ici au 14 juin, elle n’exclut pas de demander l’urgence.
    Volonté politique

    A Genève, le « réflexe féminin » est déjà présent, assure Sandrine Salerno, cheffe du Département des finances. « Ce projet s’inscrit dans la politique de l’égalité que mène la ville pour valoriser le travail des femmes. » A défaut de débaptiser massivement, la ville compte plutôt profiter des nouveaux quartiers pour honorer des femmes. « Dans le secteur de la gare des Eaux-Vives, toutes les nouvelles rues ont des noms de femmes, précise Rémy Pagani, chef du Département de l’aménagement et des constructions. Le futur pont du CEVA, à Carouge, sera celui des Orpailleuses. » Une fois complète, la liste des « 100Elles* » sera envoyée à toutes les communes pour les sensibiliser.

    Lire aussi : La seconde vie des sorcières sur Wikipédia

    Selon quel processus nomme-t-on une rue ? Les communes donnent des préavis à la commission de nomenclature qui soumet les propositions au gouvernement pour validation. « En 2012, ce dernier avait modifié la réglementation pour privilégier les dénominations courtes se référant à la toponymie locale, puis il est revenu en arrière en 2015, rappelle Geneviève Arnold, ancienne membre de la commission. Nous y étions personnellement opposés considérant les enjeux de mémoire et de préservation de l’histoire locale. »
    Baptiser et débaptiser

    Débaptiser une rue, en revanche, est un processus rare, long et complexe. Il faut motiver la demande auprès de la commission de nomenclature avec des sources historiques. Et cela ne se fait pas toujours sans accroc. « En 2012, la rue Sautter a dû être renommée pour cause de travaux, se souvient Geneviève Arnold. Le choix d’honorer Gabrielle Perret-Gentil (1910-1999), gynécologue et obstétricienne qui s’est notamment battue pour le droit des femmes à l’avortement, n’a pas fait l’unanimité au sein du conseil d’Etat ni des Hôpitaux universitaires de Genève qui auraient préféré un homme. » Par le passé, le processus de dépabtisation s’est aussi observé dans le sens inverse. En Vieille-Ville, la rue des Belles-Filles, jadis lieu de rendez-vous libertins, est aujourd’hui la rue de l’écrivain et pasteur Etienne Dumont (1759-1829).

    https://www.letemps.ch/suisse/rues-genevoises-voie-feminisation
    #Genève #noms_de_rue #toponymie #toponymie_féministe #résistance #féminisme #re-nomination #repabtisation #action_toponymique #toponymie_politique
    Pour archivage, article paru le 5 avril 2019

    • 22.06.2019| Deuxième partie consacrée au collectif #femmes dans ta rue. En marge de la Grande Grève Féministe, le collectif romand constelle la rue d’images de femmes invisibilisées, Qu est ce le mécanisme quasi automatique, pourquoi et comment le renverser. Une rencontre passionnante !


      http://libradio.org/?page_id=6474

      Pour écouter le podcast :

      http://libradio.org/wp-content/uploads/2019/06/s7_Visite_Master.mp3

      #audio

    • A Genève, les noms de rue se féminisent

      D’ici la fin de l’année, dix rues et places de Genève vont être « rebaptisées » de noms de femmes. Le projet initié par des militantes féministes vient d’être officiellement approuvé par le canton. Il permettra de donner leur place aux femmes dans l’Histoire et l’espace public genevois.

      A Genève, seuls 7% des rues portant des noms de personnes font référence à des femmes. Pourquoi ? « Les hommes sont-ils les seuls à avoir contribué à l’histoire de Genève ? », s’interroge le collectif du projet 100 Elles*, qui a fait les comptes : 548 rues genevoises portent des noms d’hommes et 41 des noms de femmes. Après un long travail d’enquête et de recherches, en collaboration avec les autorités locales, le projet a donc fini par voir le jour. Remettre en lumière ces femmes oubliées de l’histoire de la ville. Leur (re)donner la place (ou la rue) qu’elles méritent.

      Fin 2020, la place des 22-Cantons s’appellera place #Lise_Girardin, du nom de la première femme maire de la Ville de Genève et en Suisse, en 1968 ; elle fut aussi la première femme élue au Conseil des Etats, en 1971.

      L’avenue William-Favre va inclure sa sœur #Alice_Favre, présidente de la Croix-Rouge genevoise, tandis que la rue de la Pisciculture deviendra celle des #Trois-Blanchisseuses, d’après un fait divers tragique : trois blanchisseuses se sont noyées dans le Rhône en 1913, suite à l’écroulement d’un bateau-lavoir mal entretenu.

      « D’autres suivront »

      « Il s’agit de la première fournée, d’autres suivront ces prochaines années », a indiqué devant les médias le président du Conseil d’Etat Antonio Hodgers.

      La Ville de Genève se réjouit de cette décision. Elle va accompagner les habitants et entreprises concernés par ces changements. Elle précise que les démarches à entreprendre seront limitées, puisque la plupart des modifications se feront de manière automatique et groupée auprès de l’Office cantonal de la population, des Services industriels ou encore de La Poste.

      Quatre noms en attente

      Pour ces modifications, des lieux qui ont peu d’adresses ont été choisis, sans pour autant se limiter à des ruelles sans visibilité. Le rapport entre la personne et le lieu a aussi été pris en compte, tout comme les répétitions. Alors qu’il existe un pont et une rue des Acacias, le parc éponyme deviendra le parc #Eglantyne-Jebb, d’après la fondatrice de l’association Save the Children.

      La commission cantonale de la nomenclature a toutefois refusé de débaptiser la place du Cirque et quatre rues. Informés par la Ville de Genève de cette démarche, les habitants de la rue #Jean-Violette, par exemple, se sont opposés à ce qu’elle soit renommée. La municipalité doit faire de nouvelles propositions de rues pour pouvoir leur donner les noms de quatre femmes validés par la commission.

      « C’était drôle car l’annonce a été faite le jour des 50 ans du MLF, dont le slogan était qu’un homme sur deux était une femme. Ce n’est pas encore le cas dans la nomenclature de la Ville de Genève et dans bien d’autres villes dans le monde ! Mais on est tout de même évidemment très contentes, c’est sûr nous ne sommes pas encore à la parité, mais c’est une première étape, ça va continuer dans les années à venir. C’est sûr que dix sur plus de 500 rues, c’est pas encore gagné ! », réagit Justine Barton, du groupe féministe L’Escouade, jointe par Terriennes.

      « Il y aura toujours des mécontents, c’est souvent ceux qu’on entend le plus !, confie-t-elle, Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne veut pas changer l’histoire, on veut juste visibiliser des personnes qui ont aussi existé, les habitants ne se rendent pas forcément compte de cette partie de l’histoire, ni écrite ni visibilisée encore. Mais on a aussi des réactions très positives. Il y a mêmes certaines personnes qui nous demandaient si, avec les plaques alternatives, elles pouvaient déjà changer d’adresse et recevoir leur courrier ! C’est certain, c’est un changement majeur, et pour les nouvelles adresses, la municipalité a promis d’accompagner les Genevois.es. En tout cas, la cause en vaut la peine ! »

      Quant aux futures plaques portant les noms de femmes, la militante nous l’assure, « Elles seront bleues, comme les autres ».

      https://information.tv5monde.com/terriennes/geneve-les-noms-de-rue-se-feminisent-372621

  • « Gilets jaunes » : Mettan dit stop à la vente de l’arme qui crève l’oeil - Monde - tdg.ch
    (article du 27/05/2019)
    //www.tdg.ch/monde/mettan-dit-stop-vente-arme-creve-loeil/story/25909412


    Le lanceur de balles de défense (LBD), de fabrication suisse, a servi à crever les yeux de plusieurs « Gilets jaunes » en France.
    Image : Archive/AFP

    « Gilets jaunes »Un élu genevois a déposé, lundi, un projet de résolution pour que la Suisse arrête d’approvisionner la France en armes LBD.

    Le député au Grand Conseil genevois Guy Mettan veut interdire l’exportation en France du lanceur de balles de défense (LBD), de fabrication suisse. L’élu a déposé, lundi, un projet de résolution allant dans ce sens auprès du Parlement cantonal.

    Le texte invite le Conseil fédéral « à mettre tout en oeuvre pour interdire l’exportation du LBD en France ». Guy Mettan demande au gouvernement suisse de s’appuyer sur l’Ordonnance sur le matériel de guerre, qui prohibe l’exportation d’armes s’il y a de forts risques que ce matériel soit utilisé contre la population civile.

    Pour le député qui siège comme indépendant, le LBD, conçu par l’entreprise bernoise Brügger & Thomet, est utilisé de façon abusive par les forces de l’ordre françaises lors des manifestations des gilets jaunes. A ce jour, poursuit M.Mettan, des centaines de blessures irréversibles à la tête et aux yeux ont été causées par ce lanceur.

    La situation est aggravée par l’emploi en France de munitions plus dangereuses et non conformes au mode d’emploi du fabricant suisse, relève encore M.Mettan. Le député est effrayé de l’usage qui est fait du LBD par la police de l’Hexagone, transformant ce moyen défensif lourd « en une arme d’attaque terrifiante ».

  • Mettan dit stop à la vente de l’arme qui crève l’oeil - Monde
    https://www.20min.ch/ro/news/monde/story/Mettan-dit-stop-a-la-vente-de-l-arme-qui-creve-l-oeil-15824352

    Le député au Grand Conseil genevois #Guy_Mettan veut interdire l’#exportation en #France du lanceur de balles de défense (LBD), de fabrication suisse. L’élu a déposé, lundi, un projet de résolution allant dans ce sens auprès du Parlement cantonal.

    Le texte invite le Conseil fédéral « à mettre tout en oeuvre pour interdire l’exportation du #LBD en France ». Guy Mettan demande au gouvernement suisse de s’appuyer sur l’Ordonnance sur le matériel de guerre, qui prohibe l’exportation d’armes s’il y a de forts risques que ce matériel soit utilisé contre la population civile.❞

    #merci_Guy_Mettan

  • Chaque expulsion est violente ; à quand un retournement de cette violence contre l’État ?

    16 avril, à l’aube, les flics débarquent dans un appartement de Leysin pour emmener de force une famille toute entière, grands-parent.es, parent.es, et enfant.es. Une expulsion forcée vers la géorgie, après des années de vie dans ce village.

    Des médecins avaient averti : « Nous relevons une importante anxiété et des angoisses massives en lien avec sa situation administrative, à tel point que Monsieur D. n’envisage pas d’autres solutions que de se tuer s’il devait être renvoyé de Suisse… Nous ne pouvons exclure un passage à l’acte suicidaire en cas de renvoi ». Ce qu’il fait, en pleine arrestation, en s’entaillant profondément les avant-bras à quatre reprises. Les flics lui scotchent des bandages sur les blessures, avant de l’embarquer de force et de l’attacher dans une ambulance. Il est transporté comme ça jusqu’à l’aéroport de Genève, où une personne qu’il ne pense pas être du corps médical lui recoud les plaies, si mal qu’à Tbilissi, un médecin constate qu’un bras est déjà infecté.

    La mère est ligotée aux jambes et aux poignets, un masque sur la tête, jusqu’à l’aéroport où elle est attachée sur une chaise roulante. Dans l’avion, une autre famille de 4 personnes, le reste est rempli de flics. Les enfant.es, tous les trois né.es ici, sont aujourd’hui traumatisé.e.s, iels ne dorment et ne mangent plus.

    Les parent.e.s et grand-parent.e.s, yézidis, étaient arrivé.e.s en suisse en 2011. Le couple avait été tabassé en géorgie jusqu’à ce que la femme perde le bébé qu’elle portait dans son ventre.

    Les soi-disant « suicides » dans les camps (« centre pour requérant.es d’asile ») ou n’importe ou ailleurs, c’est des meurtres commis par l’état. La lente dégradation de la santé mentale des personnes racisées, causée par leurs conditions de vie et le racisme quotidien, c’est une manière de les tuer à petit feu, de s’en débarrasser, quand iels ne sont pas enfermé.es ou expulsé.es.

    Les soi-disant « retours volontaires », c’est littéralement avec ces flingues sur la tempe qu’ils sont obtenus, ceux qui servent aux expulsions de force. Quelles autres violences faut-il encore laisser faire pour que chacun.e.x s’empare réellement des « armes de l’état » et rétorque ? Pas celles qu’il prétend magnanimement concéder à travers ses pantin.es politicien.nes, mais celles qu’il utilise concrètement contre les gens…

    La violence coloniale et post-coloniale n’a pas de frontières.

    Il en faut au moins autant pour détruire les frontières que les états construisent à travers leurs systèmes de fichage, leur idéologie raciste, leurs barbelés, leurs camps, leurs flics, leurs entreprises dévouées, leurs fonctionnaires bien appliqué.es.
    Témoignage d’un voisin ami de la famille

    Le 16 avril vers 6 heures du matin, nous entendons des cris provenants de la maison. Je monte voir et rencontre un grand nombre de policiers à l’entrée et dans l’appartement de la famille D. Ils me disent de redescendre dans mon appartement. Je leur demande s’ils ont un mandat de perquisition. Un des policiers qui à l’air d’être en charge, sort trois feuilles où, après avoir demandé mon nom, l’écrit sur une d’elles et signe lui-même, sans que j’aie pu lire quoi que ce soit. Est-ce que ce papier aurait dû être donné aux Davrishyan le 5 avril pour qu’ils aient ces 10 jours mentionnés pour faire recours ? Si c’est le cas, aucun d’eux n’a rien reçu. Toujours est-il qu’il est mentionné que le soussigné, (moi-même), certifie avoir notifié la présente ordonnance à E. alors que je n’ai ni pu lire ce papier et qu’il a été signé par ce policier et que je n’ai pu ni voir ni parler à Erik. Lorsque je demande justement à voir E., on me l’interdit.

    J’entend ensuite les cris de M. qui appelle mon nom avec dans sa voix une telle détresse qui me pousse à aller voir ce qui se passe. La police me prend avec force. Un ordre est donné à deux policiers de me ramener dans mon appartement. Lorsque je demande au moins de pouvoir leur dire au revoir après 6 années d’amitié entre nous, ils me l’interdisent à nouveau. J’entrevois passer E., tout ensanglanté et groggy, puis M. et sa belle-mère, en pyjama, criant à la mort. Ligotée aux jambes et aux poignets, un masque sur la tête, M. restera ainsi jusqu’à Genève où elle sera attachée sur une chaise roulante. Les 3 enfants, dont l’un d’eux atteint d’autisme, sont témoins de cette scène de violence digne de l’arrestation des plus grands meurtriers de la planète, envers leur parents dont le plus grand crime est celui d’éviter qu’un autre crime soit commis contre eux, comme ils en ont déjà été victimes et qui hantent leurs cauchemars au point de préférer ôter leur vie plutôt que de retourner dans l’enfer qu’ils ont connu et qui les attend là-bas.

    Les D. sont d’une extrême gentillesse, ils sont toujours prêts à rendre service. Nos 3 enfants mutuels ont grandi ensemble, les 2 plus grands étant dans la même classe d’école. Ils sont Yézidis, minorité religieuse persécutée. Ils ont un système de castes et n’ont pas le droit de se marier hors caste. Ce qui a été le cas d’E. qui se marie par amour et s’enfuient pour ne pas avoir de problèmes. Sa femme est tellement mise sous pression par sa propre famille qu’elle rentre à la maison. Divorce. Lui se fait tabasser et fait de la prison. Lorsqu’il rentre en relation avec M., son épouse actuelle, elle se fait elle même tabasser par les membres de la famille de l’ex-femme, elle perd l’enfant qu’elle avait en elle et ils lui disent qu’elle n’aura jamais de descendance. C’est pour ça qu’elle a vécu un tel stress depuis, avec cette peur constante d’être renvoyée a l’horreur, et cette angoisse que ses enfants subissent le même sort que son premier. Lorsqu’elle reçoit récemment l’information à nouveau qu’ils vont être renvoyés, elle passe 2 semaines à Nant, en hôpital psychiatrique. Les médecins de famille sont consultés au niveau de leur santé et les 2 préconisent de ne pas les renvoyer au vu de leur santé. Ils suspectent que le cas d’autisme d’un de leur enfants se soit aggravé lors du renvoi de la grand maman, et que le renvoi de la famille lui fait risquer une décompensation. Les rapports médicaux de médecin de l’institut psychiatrique de « Nant » stipulent qu’E. suite à ses problèmes d’anxiétés dû à ce qu’il a vécu en Géorgie et à la peur de devoir y retourner, risque de passer à l’acte suicidaire s’il devait être déporté. Ils n’ont ni famille ni maison en Géorgie. Trois enfants en bas âge qui ont vécu uniquement en Suisse depuis 8 ans. Leur seule famille et à Leysin, le frère d’E. et sa famille qui sont en situation légale, réfugiés pour les mêmes raisons, mais ayant pu avoir le statut avant le durcissement des lois. E. a été rembarqué, les bras lacérés, et c’est seulement à Genève qu’ils lui ont recousu sommairement les bras. Ils sont arrivé en Géorgie et un médecin lui demande qui lui avait fait un aussi mauvais travail et que la plaie était déjà infectée…

    Un avion spécial attendait leur famille et une autre de 4 personnes à destination de la Géorgie "Tout le reste du Boeing était rempli par des policiers..."

    https://renverse.co/CHAQUE-EXPULSION-EST-VIOLENTE-A-QUAND-UN-RETOURNEMENT-DE-CETTE-VIOLENCE-CON
    #renvois #expulsions #asile #réfugiés #Leysin #Géorgie #Suisse #Vaud

    • PÉTITION POUR LE RETOUR EN SUISSE DE LA FAMILLE DAVRISHIYAN

      La #famille #Davrishyan (Erik et Marina,, Alexander (7), Emily (4) et Miron (2), ainsi que les grands-parents) ont été renvoyés en Géorgie par vol spécial le 16 avril 2019, après presque 8 ans de séjour en Suisse.

      En 2011, ils avaient demandé l’asile en Suisse en raison de risques pour leurs vies suite à un mariage hors caste dans leur communauté Yézidi. Erik a dû fuir car sa vie ainsi que celle de sa femme étaient menacées. Enceinte de huit mois, celle-ci a été battue et a perdu son enfant, son mari a échappé de peu à la mort grâce à l’intervention de tiers.

      Les autorités suisses ont prononcé plusieurs fois des avis négatifs face à leur demande d’asile et aux multiples demandes de réexamen qui mettaient en valeur les aspects médicaux.

      Ce renvoi violent a été effectué malgré les avis médicaux confirmant que les deux parents n’étaient pas en état d’être renvoyés, étant les deux dans un état anxio-dépressif « Nous ne pouvons exclure un passage à l’acte suicidaire en cas de renvoi » Le fils aîné a été diagnostiqué autiste. Sa prise en charge thérapeutique à Leysin lui a permis de progresser au point de suivre la 3ème année à l’école publique. Le rapport médical atteste qu’il est vulnérable, gravement déstabilisé par les changements et qu’il court un grave risque de décompensation sans continuité dans sa prise en charge. Malgré ces avis médicaux et un passage de Marina à l’hôpital juste quelques jours plus tôt, ils ont été renvoyés en Géorgie.

      Le 16 avril au matin, après que la Police aie enfoncée la porte, Erik s’est tailladé profondément les avant-bras qui saignaient abondamment. Son épouse se débattait en criant, elle essayait de résister face à une multitude de policiers. Les enfants étaient en pleurs. Marina, en pyjama, s’est vue ligotée aux pieds et aux mains et mettre un masque sur la tête. Erik à été ligoté dans l’ambulance se plaignant fortement de douleurs aux bras et ce n’est qu’à Genève, que quelques points de suture lui sont fait, alors qu’il en aurait eu besoin de bien plus. Dans l’appartement, les policiers ont rempli les valises à la va-vite, saisissant ce qui leur tombait sous la main. A Genève un avion spécial les attendait ainsi qu’une autre famille de 4 personnes à destination de la Géorgie. Tout le reste du Boeing était rempli par des policiers.

      Arrivés sur place, ils n’ont pas de logement régulier et les plaies d’Erik sont déjà infectées. Ils ont consulté plusieurs institutions sur place pour poursuivre le traitement d’Alexander, le fils autiste, mais les soins leur sont refusés, sous prétexte qu’il ne parle pas la langue du pays. Il est complètement perturbé, ne parle pas, ne mange pas et se cache sous la table. Nous sommes très inquiets pour la situation actuelle de détresse de la famille.

      Nous dénonçons cette violence envers cette famille et craignons pour le bien-être des enfants comme des parents. Il s’agit d’une violation des articles 3 et 23 de la Convention relative aux Droits de l’Enfant de l’ONU.

      Nous soussigné-e-s, demandons au Grand Conseil du canton de Vaud et au Conseil d’État qu’ils fassent toutes les démarches nécessaires pour le retour de la famille DAVRISHIYAN en Suisse et pour l’attribution d’un permis de séjour stable.

      http://petitiondavrishiyan.strikingly.com
      #pétition

  • le Conseil d’Etat de #Bâle refuse d’exécuter un renvoi Dublin

    le Conseil d’Etat du canton de Bâle vient de prendre une position très forte : ils refusent d’exécuter le renvoi d’un jeune demandeur d’asile afghan qui devrait, selon décision du SEM confirmée par un arrêt du TAF, être renvoyé vers l’Autriche à cause du règlement du Dublin. Auparavant le Grand Conseil avait été saisi d’une #pétition et les 2/3 du Parlement ont soutenu les conclusions de la pétition. Le porte-parole du gouvernement dit : « Le Conseil d’Etat juge que l’accord de Schengen-Dublin n’est [dans ce cas] pas applicable. »

    Le canton s’expose ainsi aux réprimandes du #SEM, qui peut user de #sanctions financières (l’article évoque un montant de 128’000 francs de manque à gagner pour le canton dans l’hypothèse où le requérant obtiendrait une admission provisoire au terme de la procédure d’asile en Suisse).

    C’est un acte fort posé par le Conseil d’Etat bâlois, qui montre la voie du courage politique face aux décisions absurdes d’un règlement inhumain. Le gouvernement le fait avec toutes les pincettes nécessaires (« ce cas est particulier », « nous suivons le vote du Grand Conseil », etc.), mais il le fait et publiquement. Puisse cet acte inspirer d’autres cantons humanistes, qui auraient tout intérêt à s’opposer collectivement au SEM sur ce genre de cas.

    #Suisse #asile #migrations #réfugiés #NEM #renvois_Dublin #Dublin #règlement_Dublin #résistance

    Source : reçu par email d’un ami... qui lui-même cite cette source :
    Basler Regierung verweigert Ausschaffung

    Die Exekutive folgt einer Petition des Grossen Rates und will einen jungen Afghanen nicht ausweisen. Damit widersetzt sie sich einem Entscheid des Bundesverwaltungsgerichts.

    https://www.bazonline.ch/basel/stadt/basler-regierung-verweigert-ausschaffung/story/19616376

  • Droit de rester pour les Erythréennes et les Erythréens : reportages
    https://asile.ch/2019/04/12/droit-de-rester-pour-les-erythreennes-et-les-erythreens-reportages

    Mercredi 10 avril 2019, une pétition en faveur du droit de rester des Érythréennes et des Érythréens a été déposée auprès du Grand Conseil et du Conseil d’État genevois. Ces dernières années, plusieurs ressortissant.e.s originaires d’Érythrée ont vu leur demande d’asile rejetée. La pétition demande aux autorités cantonales de ne pas les exclure de l’aide sociale […]

    http://libradio.org/wp-content/uploads/2019/04/Erythr%C3%A9e_Master.mp3

  • L’ONU condamne la Suisse pour l’examen lacunaire de la demande d’asile d’un ressortissant érythréen
    https://asile.ch/2019/04/09/lonu-condamne-la-suisse-pour-lexamen-lacunaire-de-la-demande-dasile-dun-ressor

    Le 7 décembre 2018, le Comité contre la torture (CAT) a déclaré que la décision de renvoi prise par la Suisse envers un requérant érythréen violait la Convention de l’ONU contre la torture (M.G. c. Suisse, Communication n° 811/2017). Dans sa plainte au CAT, le requérant invoque le risque de subir des mauvais traitements (violation […]

    • Renvois impossibles vers l’Érythrée, des solutions pragmatiques s’imposent

      Aujourd’hui une manifestation a eu lieu à l’occasion de la remise d’une Pétition adressée au Grand Conseil et au Conseil d’Etat de Genève. Cette pétition, signée par près de 4’000 personnes, soutient les requérants Érythréens déboutés de l’asile et démis de leur permis F (Admission provisoire).

      Les signataires comme moi considèrent que les conditions ne sont pas réunies pour organiser des renvois vers l’Érythrée et que cette politique ne fait que grossir le nombre de personnes à l’aide d’urgence encourageant la clandestinité de jeunes dont beaucoup ont déjà fait leurs preuves dans le monde professionnel en Suisse.

      La pétition “Droit de rester pour les Érythréen-e-s” demande aux autorités politiques genevoises de ne pas exclure de l’aide sociale cette population et d’éviter leur précarisation. Elle demande aussi d’autoriser les Érythréens déboutés à poursuivre leur formation dans le canton et de leur permettre de travailler à Genève. Elle prie les autorités cantonales d’intervenir auprès du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) pour qu’il suspende les levées d’admissions provisoires et pour qu’il accorde aux Érythréens le droit de rester en Suisse en mettant en place une action de régularisation extraordinaire.

      Gardons à l’esprit que le SEM est dans l’incapacité d’organiser des renvois vers l’Érythrée. La Suisse est aussi le seul pays à rendre des décisions de renvoi à l’égard des ressortissants Érythréens.

      Revirement politique vis-à-vis des requérants Érythréens

      En s’appuyant sur plusieurs jugements du Tribunal administratif fédéral (TAF) en 2017 et en 2018 (1) et sur des informations impossibles à vérifier sérieusement sur le terrain, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) a modifié drastiquement sa politique vis-à-vis des requérants d’asile originaires de ce pays connu pour avoir l’un des pires bilans en matière de violations des droits humains.

      Depuis, beaucoup d’Érythréens ont reçu des décisions de renvoi et le SEM réexamine aussi depuis avril 2018 les dossiers de 3000 personnes admis à titre provisoire (Permis F) qui résident en Suisse depuis déjà quelques années.

      Un rapport de l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (ODAE) explique ce durcissement en se basant sur des cas concrets. Le rapport intitulé “Durcissement à l’encontre des Érythréen·ne·s : une communauté sous pression“ explique la dérive juridique que cette politique pose sur le droit d’asile en général.

      Trouver des solutions pragmatiques

      La protection des requérants d’asile et des réfugiés à Genève et en Suisse est trop souvent abordée de manière partisane ce qui nuit aux requérants d’asile en général mais aussi aux contribuables suisses et étrangers résidents dans notre pays. Pourquoi ? Parce que les décisions des autorités d’asile peuvent s’avérer incohérentes, inefficaces, dangereuses pour les personnes concernées et finalement coûteuses pour les PME en Suisse qui ont commencé à former des apprentis performants et appliqués. Ces décisions ont aussi un impact négatif sur les cantons qui allouent des subventions importantes dans des programmes d’intégration de personnes maintenant déboutées et pourtant utiles au développement économique de la Suisse.

      Faire disparaître ces personnes dans la clandestinité n’est pas une option intelligente. En ce qui concerne les personnes érythréennes déboutées de l’asile et en ce qui concerne les personnes érythréennes démises de leur permis F (admission provisoire) qui ne peuvent plus travailler ou continuer leurs formations, les femmes et les hommes politiques de Genève ont l’occasion de décider s’il est préférable que les Érythréens restent dans la lumière et ne soient pas forcés à la clandestinité en Suisse. Elles et ils ont l’opportunité de décider en faveur de la continuation de leur formation et de leur emploi puisque les renvois vers l’Érythrée sont impossibles.

      Pas besoin de montrer une quelconque humanité ou même une fibre sociale. Il suffit d’être pragmatique et penser aux rentrées fiscales, à la baisse des coûts, aux futurs talents qui feront la joie des Suisses.

      https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/2019/04/10/renvois-impossibles-vers-lerythree-des-solutions-pragmatiques-simposen

    • Près de 4’000 signatures pour le droit de rester des Erythréennes et des Erythréens

      Les milieux de défense du droit d’asile déposent aujourd’hui une pétition adressée au Grand Conseil et au Conseil d’Etat en faveur du droit de rester des Erythréennes et des Erythréens. Lancée à la mi-décembre, celle-ci a récolté près de 4’000 signatures en moins de quatre mois. Un rassemblement a lieu aujourd’hui à 16h devant l’UIT, où se réunit le Grand Conseil, suivi d’un cortège vers la Place des Nations. Il est organisé par des jeunes hommes et femmes érythréen-ne-s en demande d’asile, épaulé-e-s par des bénévoles et les associations de la Coordination asile.ge. Les manifestants iront ensuite jusqu’à la place des Nations, rappelant que le Comité onusien contre la Torture a récemment condamné la Suisse pour une décision de renvoi vers l’Erythrée.

      Ces dernières années, de nombreux-ses Érythréennes et Érythréens ont demandé l’asile à la Suisse. La plupart d’entre eux sont jeunes, beaucoup sont arrivé-e-s mineur-e-s sur le sol helvétique. Nombreux sont ceux-celles qui voient désormais leur demande d’asile rejetée. Or, cela les condamne non seulement à l’angoisse d’un renvoi (même si aucun renvoi forcé vers l’Érythrée n’est aujourd’hui possible en l’absence d’accord de réadmission), mais cela les plonge également dans la précarité, du fait de l’exclusion de l’aide sociale qui frappe les débouté-e-s de l’asile. Tous leurs efforts d’intégration sont alors anéantis.

      Quelque 3’890 signataires (dont 1’417 signatures électroniques), demandent aux autorités politiques cantonales genevoises compétentes :

      De ne pas exclure de l’aide sociale cette population jeune et pleine de perspectives. L’aide d’urgence les précarisera, quel que soit l’issue de leur procédure.
      D’autoriser les Érythréennes et Érythréens déboutés à poursuivre leur formation dans le canton.
      De permettre aux Érythréennes et Érythréens déboutés de pouvoir exercer un travail rémunéré à Genève.

      De s’engager auprès du Secrétariat d’Etat aux Migrations afin :

      qu’il suspende les levées d’admissions provisoires
      qu’il accorde aux Érythréennes et Érythréens le droit de rester en Suisse, avec un permis F ou un permis B, avec effet immédiat et rétroactif.
      qu’il sollicite le SEM pour mettre en place une action de régularisation extraordinaire.

      De son côté, le Comité contre la torture des Nations unies, dans une décision datée du 7 décembre 2018, a estimé que le renvoi d’un requérant érythréen dans son pays constitue « une violation de la Convention contre la torture ». La décision ne concerne qu’un seul cas, celui d’un réfugié érythréen à qui la Suisse a refusé l’asile, et le Comité ne demande pas à la Suisse de lui octroyer l’asile mais uniquement de « réexaminer le dossier ». Cependant, les considérants de la décision sont clairs : le CAT conteste la vision angélique de la Suisse sur le régime érythréen et s’oppose à la pratique helvétique de renvoi des réfugiés érythréens ; il cite notamment la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits de l’homme en Erythrée, pour laquelle « la situation reste sombre » dans ce pays.

      Le Comité se base aussi sur la Commission d’enquête sur les droits de l’homme en Erythrée, qui rappelle que « la durée du service militaire (…) reste indéterminée » et qui suspecte cette pratique de « constituer pas moins que l’asservissement d’une population entière, et donc un crime contre l’humanité ». Manifestement, l’ONU, par la voix de sa Commission d’enquête, juge la situation des droits de l’homme en Erythrée pour le moins problématique. Relevons qu’avec sa pratique, la Suisse est le seul pays européen qui prend des décisions de renvoi pour les Érythréennes et Érythréens. Les pays européens octroient tous une protection aux demandeurs d’asile érythréens, conformément aux recommandations du HCR.

      La Suisse n’exécutera aucun renvoi vers l’Erythrée avant d’avoir signé un improbable accord de réadmission avec cette dictature. Elle s’enfonce donc dans une situation absurde et pernicieuse : elle refuse l’asile aux requérants érythréens, ordonne leurs renvois mais ne les exécute pas. Elle alimente ainsi une nouvelle catégorie de réfugiés sans aucuns droits, qui ne peuvent ni voyager, ni travailler, ni étudier, tout juste respirer.

      https://mailchi.mp/87f6559070a8/restructuration-de-lasile-le-csp-genve-plus-que-jamais-engag-auprs-des-rfugi

    • CSDM | Requérant.e.s d’asile erythréen.ne.s : la Suisse viole le droit international

      Le Centre Suisse pour la défense des Droits des Migrants (CSDM) a saisi les procédures spéciales du #Conseil_des_droits_de_l’homme des Nations Unies à propos de la pratique des autorités suisses de nier la protection internationale aux ressortissant-e-s érythréen-ne-s. Dans leur #Appel_Urgent (https://asile.ch/wp/wp-content/uploads/2019/05/Appel-Urgent-Erythree-CSDM-14.05.2019.pdf), ils demandent aux Rapporteurs spéciaux, sur la situation des droits humains en Érythrée, sur la torture et sur les droits humains des migrants, d’intervenir en urgence auprès des autorités suisses pour prévenir les violations graves des droits fondamentaux ainsi que la précarisation sociale des demandeur-e-s d’asile érythréen-ne-s. Par le biais de cette démarche, le CSDM soutient les revendications du réseau de Familles-relais/familles de parrainages pour les requérants d’asile qui a récemment interpellé les Rapporteurs spéciaux au sujet de cette problématique.


      https://asile.ch/2019/05/23/csdm-requerant-e-s-dasile-erythreen-ne-s-la-suisse-viole-le-droit-internationa
      #justice #ONU #droits_fondamentaux #droits_humains #appel

    • Le #Mouvement_érythréen de #Genève appelle à manifester
      https://renverse.co/home/chroot_ml/ml-geneve/ml-geneve/public_html/local/cache-gd2/40/5469f7729bcf3651daa233cfb75ae1.png?1569796643

      Le Mouvement érythréen de Genève appelle à un rassemblement de solidarité avec les personnes sur les routes de l’exil, bloquées en Libye, aux portes de l’Europe. Rendez-vous le vendredi 4 octobre 2019 de 12h à 16h à la Place des Nations, Genève.

      Aujourd’hui des gens côtoient des cadavres du matin au soir

      De nos sœurs et de nos frères bloqué.e.s en Libye, nous, établi.e.s ici en Europe et en Suisse, recevons des récits d’une telle violence et des images tellement choquantes. Des personnes érythréennes, somaliennes, éthiopiennes, soudanaises et provenant d’autres régions d’Afrique survivent captives en Libye, dans des zones où l’insécurité permanente règne. Même les camps mis en place par le HCR (High Commissioner for Refugees) pour offrir une protection ne sont plus des espaces où trouver la sécurité. Le degré de misère, de détresse et de violence auquel ces personnes bloquées aux portes de l’Europe sont soumises, nul ne pourrait le souhaiter à des êtres humains. Capturées par des passeurs ou des milices, leur souffrance prend trop de formes : des viols et des tortures ont lieu jours et nuits. Dans une vidéo reçue cet été, des femmes captives en Libye nous suppliaient : « Parlez de nous ! On est torturées. On est violées. On est vos sœurs et vos filles ! » La douleur que cela engendre chez nous est difficile à décrire. Cela en devient irréel.

      Aujourd’hui des gens côtoient des cadavres du matin au soir. Les corps de certaines personnes mortes en essayant de traverser la Méditerranée reviennent sur les rives libyennes où d’autres personnes en exil sont encore captives. Lorsque ces dernières ont la permission d’aller faire leurs besoins aux bords de la mer, il n’est pas rare qu’elles côtoient des cadavres échoués. Elles n’ont pas de quoi enterrer ces morts et les passeurs ou les milices - difficile de comprendre de qui il s’agit précisément - ne laissent pas nos frères et nos sœurs enterrer ces corps. Des paroles remontent à nous par téléphone, par vidéo, par messages : « Sauvez nous ! Ne nous laissez pas vivre à côté des cadavres des nôtres ! Au moins, laissez-nous enterrer nos morts ! »

      Responsabilités

      Comment est-ce possible qu’au 21e siècle des personnes ayant pris les chemins de l’exil subissent encore maltraitances, tortures et viols ? Comment être témoin de cela et ne rien faire ? Comment assumerons-nous cela devant les générations futures ? Notre responsabilité est de ne pas fermer nos yeux et de dénoncer cette situation.

      Ces pratiques d’une violence inouïe sont en train d’être banalisées par le silence complice des pays européens et des organisations internationales impliquées dans la migration. Ces mêmes acteurs portent une responsabilité indéniable dans ce qui a mené à créer cette situation. Leur responsabilité prend plusieurs formes. Les politiques migratoires des États européens ont mené à la fermeture de leurs frontières et aux drames humains en Méditerranée. Leur financement de la gestion par le gouvernement libyen des routes d’accès à l’Europe engendre les atrocités perpétrées actuellement dans les terres et sur les côtes libyennes. On normalise ces faits. Devenons-nous aveugles ?

      Si des milliers de personnes quittent leur pays pour différentes raisons et empruntent une route dangereuse et meurtrière en connaissance du danger, c’est bien parce qu’elles n’ont plus d’espoir de mener une vie humaine dans le lieu qu’elles fuient. Et dans leur recherche de dignité humaine, elles sont soumises à la barbarie, frappées, humiliées, enfermées, sauvagement torturées et violées. Les frontières de l’Europe s’étant fermées, ces personnes en exil sont les proies des passeurs et des milices.

      L’Europe ne peut pas refuser l’entrée à des êtres humains qui ne demandent qu’à vivre une existence digne.

      Nous appelons

      la communauté internationale, à accorder un couloir humanitaire de toute urgence jusqu’à ce que ces personnes en exil trouvent refuge dans d’autres pays. La communauté internationale doit prendre sa responsabilité face à ces populations.

      la Suisse et les pays européens à ouvrir leurs portes aux personnes fuyant la persécution et cherchant une vie digne. La Suisse et l’Europe doivent cesser de fermer les yeux sur ce qui se passe en Libye.

      les gouvernements européens à cesser de soutenir le gouvernement libyen en lui sous-traitant leur politique migratoire, car ce faisant ils sont responsables des atrocités qui ont lieu là-bas.

      Rassemblons-nous à la place des Nations à Genève le vendredi 4 octobre 2019 entre 12h et 16h pour manifester notre solidarité envers les personnes en exil bloquées en Libye et pour exiger la fin de cette situation dramatique aux portes de l’Europe.

      https://renverse.co/Le-Mouvement-erythreen-de-Geneve-appelle-a-manifester-2215
      #résistance #manifestation

    • NCCR | Durcissements à l’encontre des Érythréen·ne·s : une communauté sous pression

      Dans un rapport publié en novembre 2018, et une actualisation de celui-ci à paraître cet hiver, l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (l’ODAE romand) met en lumière les durcissements du droit d’asile qui visent actuellement les Érythréen·ne·s, le groupe le plus représenté dans le domaine de l’asile en Suisse et en proie à des attaques politiques depuis plusieurs années.

      Après que les autorités suisses ont durci leur pratique à l’encontre des Érythréen·ne·s en 2017, nombreux·euses sont ceux et celles qui reçoivent des décisions négatives à leurs demandes d’asile. Dans un rapport publié en novembre 2018, et une actualisation de celui-ci à paraître cet hiver, l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (l’ODAE romand) met en lumière les durcissements du droit d’asile qui visent actuellement les Érythréen·ne·s, le groupe le plus représenté dans le domaine de l’asile en Suisse et en proie à des attaques politiques depuis plusieurs années.

      De la politisation au durcissement légal

      La situation des Érythréen·nes occupe une place importante sur la scène politique suisse, notamment depuis un arrêt de la Commission suisse de recours en matière d’asile (CRA) (JICRA 2006/3 du 20 décembre 2005) selon lequel les objecteurs·rices de conscience et les déserteurs·ses érythréen·ne·s doivent se voir en général accorder l’asile. Dans les années qui suivent, près de 70% des Érythréen·ne·s obtiennent l’asile et l’Érythrée devient le premier pays d’origine des personnes requérantes d’asile en Suisse. Dès 2007, Christoph Blocher (l’Union démocratique du centre – UDC), alors conseiller fédéral en charge du Département fédéral de justice et police (DFJP), estime qu’il faut réagir à cette situation et demande des mesures rigoureuses pour lutter contre l’« effet d’attraction » de l’arrêt précité.

      En 2007 et 2008, l’UDC dépose devant le Parlement deux interpellations (07.3178 et 08.3353) qui présentent « l’augmentation massive » de la population érythréenne comme une « tendance effrayante » et « un abus du système de l’asile » devant être stoppés. Les années suivantes, la politisation de la question érythréenne prend de l’ampleur : de nombreuses questions, interpellations et autres motions sont lancées par des parlementaires de différents horizons politiques. L’UDC en dépose une trentaine et le PLR une dizaine, remettant en cause l’octroi d’une protection aux Érythréen·ne·s, demandant de réduire l’« attractivité de la Suisse » pour cette communauté et réclamant l’exécution des renvois vers l’Érythrée (voir par exemple la motion 15.3566 ou encore l’interpellation 18.3406). Les Érythréen·ne·s y sont souvent décrit∙e∙s comme des « abuseurs » qui mettent en danger la politique d’asile et le système social suisse.

      Dans ce contexte et dans le cadre des modifications urgentes de la loi sur l’asile (LAsi) qui prennent effet en 2012, les autorités introduisent une modification de l’article 3 LAsi qui exclut la désertion et l’objection de conscience comme motifs d’asile. La disposition, surnommée « lex Eritrea » dans le débat public, vise avant tout les requérant∙e∙s érythréen∙ne∙s et a une grande portée symbolique, selon plusieurs analystes.

      Des durcissements juridiques progressifs

      La pression politique exercée sur les personnes demandeuses d’asile érythréennes, le discours de « lutte contre les abus » et de « réduction de l’attractivité de la Suisse » auront également un impact sur la pratique des autorités en charge de la mise en œuvre du droit d’asile. En 2016, suite à son rapport Focus Eritrea sur le service national érythréen et la sortie illégale du pays, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) durcit sa pratique, en décidant que la sortie illégale du pays n’est plus suffisante en soi pour obtenir la qualité de refugié·e. Un durcissement qui sera confirmé par le Tribunal administratif fédéral (TAF) dans trois arrêts de référence. Le premier (D-7898/2015), de janvier 2017, confirme la pratique du SEM concernant la sortie illégale. En août 2017, le TAF se penche sur la question de l’exigibilité de l’exécution du renvoi pour les per­sonnes ayant déjà répondu à leurs obligations militaires et conclut que ces personnes ne risquent pas de traitement inhumain en cas de renvoi. Dans cet arrêt (D-2311/2016), le TAF estime aussi que l’Érythrée ne se trouve pas en proie à une situation de violence généralisée qui dicterait de présumer une inexigibilité générale de l’exécution du renvoi. Dans un troisième arrêt (ATAF 2018 VI/4) de juillet 2018, le TAF conclut à la licéité et à l’exigibilité des renvois y compris pour des personnes n’ayant pas encore effectué leur service militaire national. Le TAF estime que les conditions du service national sont difficiles en raison de sa durée et des mauvais traitements qui y prévalent, mais conclut que les violations ne sont pas suffisamment systématiques pour qualifier le service national de contraire à la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH).

      La situation a-t-elle vraiment changé en Érythrée ces dernières années ? En dépit d’un accord de paix signé avec l’Éthiopie voisine, rien ne montre que la situation des droits humains se soit améliorée. Un certain nombre de rapports, que ce soit celui de l’European Asylum Support Office (EASO) ou ceux de la rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains en Érythrée, confirment que la situation érythréenne n’a pas évolué. Mais c’est surtout la difficulté à trouver des informations fiables et indépendantes sur ce qu’il s’y passe réellement qui persiste. Une incertitude elle-même reconnue par le TAF dans son arrêt de janvier 2017 qui qualifie l’Érythrée de « boîte noire ». Quant à l’analyse de la situation qui est présentée dans les trois arrêts du TAF, elle « aurait aussi bien pu amener à prendre des décisions diamétralement opposées à celles retenues par les juges du TAF », selon une chercheuse et un chercheur de l’Université de Neuchâtel (Mariotti et Rosset 2020).

      Des exigences accrues en matière de vraisemblance

      Dans la pratique, les durcissements se traduisent également par une appréciation toujours plus exigeante des motifs d’asile invoqués par les personnes. Le changement de pratique institutionnelle demande aux fonctionnaires et aux juges chargé·e·s d’appliquer le droit d’asile d’être plus attentifs·ves à la possibilité d’un retour en Érythrée, et donc plus suspicieux∙ses vis-à-vis des dires des requérant·e·s. Notre lecture des arrêts du TAF publiés en français en 2019 pour les ressortissant·e·s érythréen·ne·s montre ainsi que plus de deux tiers des arrêts négatifs ont été rendus sur la base de l’invraisemblance des motifs d’asile. En d’autres termes, les Érythréen·ne·s se retrouvent davantage confronté·e·s à la « politique institutionnalisée du soupçon » qui caractérise l’examen des demandes d’asile (Affolter 2017 ; Miaz 2020). Et comme toutes les personnes demandeuses d’asile, ils et elles rencontrent de grandes difficultés à remplir les exigences de vraisemblance, pour diverses raisons : départ à un âge très jeune, traumatismes liés à la route de l’exil, paranoïa et méfiance vis-à-vis de l’autorité, méconnaissance de ses droits et du déroulement d’une procédure administrative, temps écoulé entre les faits et le moment des auditions sur les motifs d’asile, etc.

      Des conséquences dramatiques

      Malgré l’absence d’accord de réadmission avec l’Érythrée et donc l’impossibilité d’effectuer des renvois forcés, les décisions de renvois continuent de tomber, avec différentes conséquences pour les personnes concernées. Pour celles et ceux qui décident de rester en Suisse, leur seule perspective réside alors dans la précarité du régime de l’aide d’urgence. Parfois depuis plusieurs années en Suisse, ces personnes sont interdites de séjour, privées d’aide sociale, de mesure d’intégration, du droit de travailler ou de se former. Au vu de cette situation, certain·e·s décident de tenter leur chance ailleurs en Europe. Un phénomène qui entraîne, d’une part, un report de l’accueil sur les autres pays européens, et d’autre part une plongée dans l’incertitude et l’errance, car le risque d’un refoulement vers la Suisse n’est jamais absent.

      Ce résumé de la situation permet non seulement de questionner le coût humain et social de ces durcissements visant une communauté particulière. Mais plus généralement, l’exemple érythréen montre la force des discours de « lutte contre les abus » et de « réduction de l’attractivité de la Suisse » sur les pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs dans le domaine de l’asile (Leyvraz et al. 2020). Il est frappant de constater comment différents instruments juridiques et pratiques des autorités – réserve à la définition de réfugié·e, appréciation de la situation dans le pays d’origine, examen de la vraisemblance, régime d’aide d’urgence – se conjuguent pour répondre à une volonté de contrôle migratoire, au risque d’en mépriser les conséquences humaines et le besoin de protection des personnes concernées.

      Références :

      – Affolter, Laura (2017). Protecting the System. Decision-Making in a Swiss Asylum Administration, thèse de doctorat en anthropologie, Université de Berne.
      – Leyvraz, Anne-Cécile et al. (dir.) (2020). Asile et abus : regards pluridisciplinaires sur un discours dominant, Zurich et Genève, Seismo, 193-218.
      – Mariotti, Aurélie et Rosset, Damian (2020). « L’analyse-pays et les “précédents factuels” dans la jurisprudence du Tribunal administratif fédéral sur l’Érythrée : entre ombre et lumière », Asyl,vol. 2/2020, 3-9.
      –Miaz, Jonathan (2020). « De la “lutte contre les abus” aux dispositifs et pratiques de contrôle des demandes d’asile », in Leyvraz, Anne-Cécile et al. (dir.), Asile et abus : regards pluridisciplinaires sur un discours dominant, Zurich et Genève, Seismo, 193-218.

      https://asile.ch/2020/10/30/nccr-durcissements-a-lencontre-des-erythreen%c2%b7ne%c2%b7s-une-communaute-sou

  • Asile : une #protection_juridique_gratuite et controversée

    La nouvelle loi sur l’asile entrera pleinement en vigueur le 1er mars, avec pour objectif l’accélération des procédures. Tous les requérants auront droit à une protection juridique gratuite. Mais plusieurs organisations remettent en cause l’efficacité de la mesure.

    Le système suisse d’asile met le turbo à partir du 1er mars. L’accélération des procédures, acceptéeLien externe par le peuple en 2016, entre pleinement en vigueur. Grâce à une concentration des différents acteurs dans les mêmes centres, l’examen de la plupart des demandes devrait pouvoir se dérouler en moins de 140 joursLien externe. Pour garantir les droits des requérants dans ce nouveau tempo, une protection juridiqueLien externe gratuite est mise en place. Chaque demandeur d’asile peut être conseillé et représenté par un juriste dès le début de sa procédure. Une nouveauté qui divise profondément les professionnels et les associations de défense des migrants.

    L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSARLien externe), faîtière de plusieurs associations dont Caritas, l’Entraide Protestante Suisse (EPER) et Amnesty, soutient l’introduction de ce nouvel outil. Elle participe même activement à sa mise en place, puisque ses œuvres d’entraide ont obtenu le mandatLien externe du Secrétariat d’État aux migrations (SEMLien externe) pour assurer la représentation légale des demandeurs d’asile dans les centres d’accueil fédéraux.

    Soutenir vite et bien

    CaritasLien externe a déjà mené le projet pilote de protection juridique l’an dernier en Suisse romande. L’association tire un bilan positif de cette première expérience : « Nous avons le sentiment que les demandeurs d’asile font bien la différence entre les représentants de Caritas et les employés du SEM. L’avantage est que nous sommes en contact étroit dès le début de la procédure. Les requérants comprennent ainsi plus vite et sont aussi défendus plus rapidement », affirme Fabrice Boulé, responsable communication de Caritas pour la Suisse romande. Il soutient que l’indépendance des juristes est garantie : « Nous sommes partenaires avec le SEM, car nous avons des échanges sur les conditions cadre, nous pouvons discuter afin d’adapter certains points. »

    Caritas a d’ailleurs demandé des améliorations, notamment une meilleure coordination avec le SEM, afin de pouvoir adapter les délais à chaque cas et éviter la précipitation. Fabrice Boulé relève également que « l’accès aux soins et donc à l’information concernant l’état de santé des requérants reste insuffisante, ce qui rend difficile la défense juridique des individus présentant des problèmes médicaux pertinents pour la procédure d’asile. »

    Caritas constate que le travail des juristes sur le terrain semble porter ses fruits et apporter un réel soutien aux requérants, tout particulièrement aux plus vulnérables : « Dans plusieurs affaires, la préparation d’audition sur les motifs de la demande d’asile réalisée par le représentant juridique a eu un impact important sur le cas », dévoile Fabrice Boulé. Forte de cette expérience, l’œuvre d’entraide considère que la nouvelle procédure peut être appliquée de façon utile et efficace pour les requérants. Elle va donc poursuivreLien externe son mandat de représentation juridique dans les centres fédéraux de Suisse romande, du Tessin et de Suisse centrale.
    Multiples failles

    Cette protection juridique gratuite ne convainc toutefois pas tous les acteurs du domaine. Les Juristes démocrates de SuisseLien externe dénoncent des problèmes de déontologieLien externe et d’indépendanceLien externe, ainsi que des délais souvent trop courts pour mener une défense de qualité. Des failles relevées également par le Centre social protestant (CSPLien externe), qui précise que de nombreuses démarches ne sont pas couvertes par cette représentation juridique : regroupement familial, problèmes d’hébergement, réexamen en raison de faits nouveaux, etc.

    Le CSP dispose d’un service d’aide juridique pour demandeurs d’asile, mais il n’a pas voulu s’impliquer dans la mise en place des procédures accélérées. « Cela nous posait des problèmes d’indépendance et était incompatible avec notre manière de travailler », explique Aldo BrinaLien externe, chargé d’information sur l’asile au CSP. « Il y a d’abord une dépendance structurelle qui est celle du prestataire de service, dans son lien avec le SEM qui le subventionne, et il y a la question de l’indépendance sur place, dans un cadre de travail et un rythme dictés par le SEM. » De plus, les représentants légaux peuvent refuser de faire recours contre une décision d’asile si la démarche a peu de chances d’aboutir. « Mais, ainsi, ils se limitent toujours à la jurisprudence et ne font pas bouger les pratiques », regrette Aldo Brina.

    Durant la phase testLien externe au centre pilote de Zurich, la moitié des recours a été déposée par des juristes externes. La SonntagszeitungLien externe cite l’exemple d’un jeune Kurde dont le représentant légal refusait de contester la décision négative. Il s’est alors tourné vers une association externe et la procédure actuellement en cours révèle que son dossier n’est de loin pas sans espoir.

    Les experts interrogés par le journal pointent du doigt les forfaits par cas : les juristes du centre pilote recevaient 1400 francs par demandeur d’asile, quelle que soit la complexité et la durée de la procédure. Une limitation qui n’encourage pas à faire recours. « Dans la pratique, nos juristes ne vont jamais arrêter la procédure pour des raisons financières. La défense juridique va jusqu’au bout, réagit Fabrice Boulé. L’évaluation des chances de recours ne se fait pas en fonction de critères financiers, mais en fonction du droit et de la pratique. »
    Pour plus de militantisme

    L’accélération des procédures d’asile va donc de pair avec la création d’une nouvelle instance de protection juridique, régie par le mandat du SEM, qui vient s’ajouter à celle déjà disponible auprès des associations et œuvres d’entraide. « En schématisant, on pourrait parler de deux systèmes de protection juridique : l’enjeu du premier est de questionner son indépendance, l’enjeu du second est de savoir où il trouvera le financement pour continuer son travail », résume Aldo Brina.

    La participation active de certaines organisations dans le nouveau système d’asile inquiète de nombreuses personnes et associations qui s’engagent pour la défense des réfugiés. Le mouvement FreiplatzaktionLien externe à Zurich a publié un manifeste en faveur d’un travail juridique militant. Une position que rejoint le CSP : « Défendre les requérants d’asile est un acte politique, ce n’est pas juste engager des juristes pour suivre des dossiers. Nous constatons à regret que la position des œuvres d’entraide est en train de se modifier. Elles se montrent moins critiques et délaissent l’aspect politique », déclare Aldo Brina.

    Invité à réagir à ces reproches, Caritas a répondu à swissinfo.ch : « Nous nous sommes prononcés en faveur de la nouvelle loi et de la procédure accélérée à la condition sine qua non d’une défense juridique gratuite et de qualité dès le début de la procédure. Cette nouvelle loi a été largement acceptée par le peuple. Dans ce mandat, Caritas doit garantir la qualité de la défense juridique. »

    L’heure est désormais à la pratique avec l’instauration de ce nouveau modèle de représentation juridique dans les centres fédéraux. Sa qualité et son efficacité ne pourront véritablement être évaluées que sur le long terme, mais sa mise en place sera scrutée avec attention.

    https://www.swissinfo.ch/fre/societe/politique-migratoire_asile--une-protection-juridique-gratuite-et-controvers%C3%A9e/44767812
    #restructuration #réforme #asile #migrations #réfugiés #Suisse #protection_juridique

    • Nouvelle procédure d’asile : entre doutes et incertitudes

      Après avoir été testée dans les centres pilote de Zurich et Boudry, la nouvelle procédure d’asile entrera en vigueur dès le 1er mars 2019 en Suisse. Ce dernier article de la rubrique « Des faits plutôt que des mythes » se penche sur certaines des incertitudes qui entourent la nouvelle procédure d’asile.

      La nouvelle procédure d’asile entre en vigueur le 1er mars 2019. A compter de cette date, les procédures seront accélérées et se dérouleront de manière décentralisées dans six #centres_fédéraux pour requérants d’asile (correspondant chacun à une des six régions d’asile). Les personnes requérantes d’asile bénéficieront en outre durant la procédure d’une #protection_juridique_gratuite (conseil et représentation juridique). En décembre 2018, au moment de quitter le Département fédéral de justice et police (DFJP) pour rejoindre celui du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, Simonetta Sommaruga a tenu devant les médias les propos suivants : « La #réforme majeure du système de l’asile visant à assurer une procédure rapide et équitable est maintenant terminée. Cette procédure sera mise en œuvre dès le printemps prochain. Cette réforme […] marquera notre système d’asile pour les prochaines années. » Par ses propos, la Conseillère fédérale laisse entendre que l’ensemble des aspects liés à la nouvelle procédure ont été clarifiés et que tout est enfin prêt. Or, dans les faits, un certain nombre de questions restent en suspens. Ce dernier article de la rubrique « Des faits plutôt que des mythes » se penche sur certaines des incertitudes qui entourent la nouvelle procédure d’asile.

      Rapidité

      La nouvelle procédure d’asile devrait permettre un traitement d’environ deux tiers des demandes d’asile dans un délai de moins de cinq mois (décision de première instance et décision de deuxième instance en cas de recours). Des délais stricts ont ainsi été fixés pour les autorités ainsi que les personnes requérantes d’asile et leurs représentant-e-s juridiques. Les délais prévus pour les autorités sont cependant considérés comme des « délais d’ordre » et ne sont donc pas juridiquement contraignants. Toutefois, il est à supposer qu’ils induiront une forte pression (politique) pour un traitement rapide des dossiers. Les #délais imposés aux personnes requérantes d’asile sont en revanche contraignants (p. ex., délai pour la prise de décision sur le projet de décision, délai de #recours) et s’élèvent à quelques jours ouvrables.

      L’expérience acquise dans le cadre des projets pilote de Zurich et de Boudry (NE) a montré que, malgré les délais serrés imposés, cette procédure s’est révélée positive pour beaucoup des personnes en quête de protection. En particulier, elle permet une clarification rapide quant à leur chance de rester en Suisse. Il faudra toutefois attendre quelques mois avant de connaître les effets de ces délais sur la qualité globale du travail du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), du Tribunal administratif fédéral (TAF) et des actrices et acteurs de la protection juridique (conseil et représentation juridique).

      #Procédure_étendue

      Environ un tiers des demandes d’asile ne pourront faire l’objet d’une décision dans les très brefs délais fixés et seront alors soumises à la procédure étendue. Les personnes requérantes d’asile seront alors attribuées des centres fédéraux pour requérants d’asile à un canton, où, comme précédemment, elles attendront la suite de leur procédure. Cette procédure doit durer environ un an au total.

      Ces cinq dernières années ont permis, à travers les projets pilotes, d’acquérir une profonde expérience sur la nouvelle procédure accélérée, ce qui n’est pas le cas pour la procédure étendue. Ainsi, par exemple, il reste encore à déterminer comment et dans quelle mesure les personnes requérantes d’asile feront appel aux bureaux de consultation juridique et dans quel délai elles obtiendront une décision d’asile définitive.

      #Vulnérabilité

      En raison des épreuves rencontrées durant leur exil, nombre de personnes en quête de protection nécessitent un soutien physique et psychologique particulier. Or, en raison de la rapidité avec laquelle les procédures d’asile sont appelées à être exécutées, il convient de s’interroger sur la capacité des personnes requérantes d’asile, en particulier des personnes traumatisées, à présenter intégralement les faits entourant leur besoin de protection. La taille des nouveaux centres fédéraux pour requérants d’asile et leur localisation parfois très excentrée présentent également un risque d’#isolement. Il s’agit aussi d’apporter une attention particulière à la prise en charge médicale. Il y a lieu de s’interroger si le personnel spécialisé dispose des ressources humaines suffisantes et des moyens appropriés pour communiquer avec ses patient-e-s.

      Uniformité et coordination

      Alors que, jusqu’à présent, la grande majorité des personnes requérantes d’asile étaient entendues sur leurs motifs d’asile de manière centralisée à Berne, ces entretiens se dérouleront désormais dans six lieux différents. Les décisions d’asile seront elles aussi prises de manière décentralisée. Afin d’assurer l’uniformité des pratiques décisionnelles, les autorités devront suivre de nouveaux procédés et processus. L’existence de tels processus et leur éventuel fonctionnement restent encore à déterminer avec exactitude.

      L’#égalité_de_traitement en matière de protection juridique gratuite entre toutes les personnes requérantes d’asile constituera également un défi. Les organisations chargées de cette tâche joueront un rôle essentiel dans l’orientation et la portée que prendra cette nouvelle activité de conseil et de représentation. La coordination entre ces organisations sera indispensable. Il s’agit également de redéfinir la coopération avec les bureaux cantonaux de conseil juridique habilités à représenter les personnes requérantes d’asile dans la procédure étendue.

      En conclusion

      La nouvelle direction du DFJP est donc, elle aussi, confrontée à des incertitudes et des questions en matière d’asile. Il s’agira, pour les clarifier, de coopérer avec l’ensemble des actrices et acteurs concernés et de ne jamais perdre de vue les besoins des personnes en quête de protection. Avec ou sans notre publication « Des faits plutôt que des mythes », l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et le Swiss Network of young Migration Scholars resteront au fait et continueront de mettre en lumière, sur la base de principes scientifiques et d’expériences pratiques, les aspects critiques du domaine de l’asile.

      https://www.osar.ch/des-faits-plutot-que-des-mythes/articles-2019/nouvelle-procedure-dasile-entre-doutes-et-incertitudes.html
      #procédure_accélérée #accélération_des_procédures

    • Restructuration de l’asile, tout change, rien ne change ?

      Ce 1er mars entre en vigueur la restructuration du domaine de l’asile portée durant tout son mandat au DFJP par Simonetta Sommaruga et soutenue en 2016 à 66.8% en vote populaire.

      L’objectif central, l’accélération des procédures, est répété sans grand succès depuis la première loi sur l’asile de 1979. L’ampleur de la présente réforme lui donne cependant plus de chance que les précédentes, en particulier en raison d’une logique de proximité : l’ensemble de la procédure doit désormais se dérouler dans un seul et même lieu. Plusieurs centres fédéraux pour requérants d’asile (CFA) ont été érigés. Les demandeurs d’asile y séjourneront au maximum 140 jours et leur demande sera traitée sur place. Il est prévu que 60 pourcents de toutes les demandes d’asile feront l’objet d’une décision définitive dans ce délai. Les autres cas seront affectés aux cantons comme par le passé. En complément, des centres dédiés au départ devraient accélérer le renvoi des déboutés.

      Contrairement aux réformes précédentes qui penchaient clairement vers la restrictivité, la restructuration de 2019, plutôt d’ordre technique, pourrait apporter des améliorations profitables aux réfugiés. Elle est flanquée d’une importante innovation en matière de garantie des droits puisqu’un conseiller/représentant juridique indépendant sera octroyé à chaque requérant d’asile. Elle a été soutenue par une partie des milieux de défense de l’asile et combattue par des partisans d’une politique restrictive.

      La réforme ne touche cependant pas aux grands principes de la politique d’asile et c’est l’occasion ici d’en faire un inventaire critique. Quatre grandes orientations ressortent avec constance de l’action des autorités au cours des dernières décennies :

      – la volonté de maintenir en place le système issu de la Convention de 1951 ;

      – l’adaptation aux évolutions du contexte par la multiplication des statuts ;

      – l’accélération des procédures et le renforcement de l’exécution des décisions ;

      – la diminution des prestations dans un but de dissuasion.

      Maintien du système : droits fondamentaux et logique de tri individuel

      La volonté de maintenir le système d’asile adopté par la Suisse en 1954 découle d’obligations internationales, mais aussi de la place de la tradition humanitaire dans l’identité helvétique. Le caractère individuel de la procédure, la stricte séparation entre les volets humanitaires et économiques de la politique d’immigration et le fait que la protection est accordée sur le territoire même de la Suisse sont au cœur de ce système. Malgré les multiples remises en question, jamais un changement de ce paradigme n’a été durablement envisagé. Certains milieux ont certes proposé de restreindre drastiquement l’accueil en Suisse en contrepartie d’une contribution accrue aux efforts de protection collectifs dans les zones d’origine des réfugiés, d’autres ont suggéré l’inclusion des réfugiés dans un contingentement global de l’immigration mais ces propositions n’ont jamais emporté l’adhésion.

      Au fil des années, le nombre absolu des personnes obtenant le statut de réfugié en Suisse a eu tendance à croître ce qui invalide la dénonciation par certains d’un démantèlement généralisé de l’asile. A l’heure actuelle un quart des requérants obtiennent le statut de réfugié et 60% une forme ou une autre de protection. Une partie des autres voient leur demande d’asile traitée par un autre état Dublin et sont susceptibles d’être protégés. Des milliers de personnes déboutées sont cependant contraintes de quitter la Suisse chaque année, 3029 ont été expulsées directement vers leur pays d’origine en 2018.

      La politique d’asile reste donc basée sur des principes restrictifs selon lesquels le statut de réfugié est un privilège réservé à une catégorie bien spécifique de personnes en fuite : celles qui peuvent faire valoir une crainte fondée de persécution individuelle liée à leur appartenance à un groupe social spécifique. Elle implique donc un processus de triage et fait peser sur les requérants un soupçon de fraude permanent. La Suisse semble être l’un des pays qui se tient le plus strictement à une exigence de persécution individuelle attestée par un récit circonstancié pour octroyer le statut de réfugié.

      Multiplication des types d’autorisation de séjour

      Confrontée à des motifs d’asile variés et à l’interdiction du refoulement vers une zone où l’intégrité physique d’une personne serait en danger, la Suisse a eu de plus en plus recours à des statuts subsidiaires n’offrant pour la plupart qu’une protection temporaire. Il s’agit là d’une deuxième ligne de force de la politique d’asile. Elle se retrouve, mais de manière moins marquée, dans de nombreux autres pays d’accueil. Le cas le plus flagrant en Suisse est celui des personnes « admises provisoirement » (permis F). Elles n’ont pas obtenu l’asile mais bénéficient d’une autorisation de séjour d’une année (renouvelable) liée soit à une situation de violence dans leur pays d’origine (principe de non-refoulement) ou au fait que leur retour n’est pas possible. Elles étaient 46’657 au 1.1.2019.

      La création de statuts subsidiaires peut faire l’objet de deux lectures antagonistes. D’un côté, elle représente une amélioration des conditions d’accueil car elle offre une protection à des personnes qui ne peuvent stricto sensu prétendre au statut de réfugié, car elles fuient par exemple des situations de violence indifférenciée. Elle s’inscrit dans une prise en compte croissante par les états d’accueil de la vulnérabilité des populations, laquelle se substitue au modèle traditionnel de l’asile basé sur la persécution politique. D’un autre côté, cette multiplication des statuts maintien de nombreux exilés dans des situations provisoires souvent extraordinairement pénibles.

      Accélération des procédures et excécution des renvois

      Une troisième préoccupation constante des autorités est l’accélération de la procédure et l’exécution des renvois. Au début des années 1980, il n’était pas rare que la procédure d’asile se déroule sur de nombreuses années. Progressivement, la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons, la limitation des délais de recours, l’obligation de collaborer imposée aux requérants, mais aussi le traitement prioritaire des demandes d’asile ayant peu de chance de succès et le ciblage de certains pays (« procédure 48 heures » pour les ressortissants d’Albanie, Bosnie, Géorgie, Kosovo, Macédoine et Serbie dès 2012/13, procédure « fast-track » pour la Gambie, la Guinée, le Nigeria, le Maghreb et le Sénégal dès 2013) ont permis un raccourcissement significatif des durées de procédure.

      Dans le même temps, cependant, la multiplication des pays de provenance, la difficulté de collaborer avec leurs gouvernements et d’obtenir des documents de voyage ainsi que la nécessité d’éviter les refoulement des demandeurs d’asile déboutés vers des pays où ils pourraient être menacés, ont conduit à de grands retards dans l’exécution des décisions négatives, une fois celles-ci rendues exécutoires. Cette situation a conduit à des tensions entre les acteurs de la politique d’asile.

      Confrontés aux faibles chances de succès de leur requête et au risque de devoir rapidement quitter la Suisse, les demandeurs d’asile ont parfois un intérêt objectif à cacher leur origine et leur itinéraire et à ne pas présenter de documents d’identités afin de rendre difficile un rapatriement de force. De leur côté, les autorités fédérales tendent à soupçonner toute personne dépourvue de documents d’identité d’être un dissimulateur dépourvu de motifs d’asile.

      La problématique de l’exécution des renvois a été, dans ce contexte, une source de préoccupation majeure des années récentes. La Confédération a tenté et tente toujours de remédier à cette situation par la signature d’accords de réadmission avec les pays d’origine et de transit et par la mise en place de conditions d’expulsion de plus en plus dures, permettant la détention en vue du départ, la mise sous pression financière des cantons pour qu’ils exécutent les renvois et celle des demandeurs d’asile pour qu’ils fournissent toutes les informations et documents requis.

      Dissuasion et technologisation

      Une quatrième caractéristique récurrente de la politique d’asile des dernières décennies est une volonté de dissuasion par des conditions d’accueil peu attractives et des procédures sélectives. Les normes d’assistance pour les demandeurs d’asile ont ainsi été progressivement abaissées et les délais de recours raccourcis. La mise en place de barrières rendant plus difficile l’accès à la procédure d’asile (non-entrée en matière sur certaines demandes, recours systématique aux accords de Dublin, sanctions contre les compagnies aériennes transportant des personnes dépourvues de documents valables) ainsi que l’octroi de statuts subsidiaires vont dans le même sens.

      Des outils technologiques de plus en plus sophistiqués ont été mis en œuvre pour l’identification des personnes (dactyloscopie), l’établissement de l’âge (radiographies), l’expertise des documents et la vérification des provenances (expertise linguistique). Des campagnes d’information ont par ailleurs ciblés certains pays afin de dépeindre la Suisse comme une destination peu attractive.

      La politique de dissuasion est justifiée par le fait qu’elle est censée s’adresser aux personnes n’ayant pas de motifs d’asile solides et ainsi favoriser l’accueil des autres. Dans le même temps, les épisodes d’exil récents et en particulier la crise syrienne ont montré que pour des personnes pourtant considérées par le HCR comme des réfugiés de plein droit, la Suisse était devenue une destination de deuxième choix.

      Un changement de paradigme ?

      Les grandes évolutions que nous venons d’évoquer montrent à quel point, malgré la restructuration actuelle, la politique d’asile continue à s’exercer dans un certain paradigme. L’accueil sélectif et la dissuasion en sont les maîtres mots. L’approche reste ainsi réactive face à la croissance des demandes de protection à l’échelle mondiale et soulève de nombreuses questions : les personnes les plus menacées sont-elles bien celles qui sont protégées ? Les critères de protection choisis ne favorisent-ils pas certains profils indépendamment des risques objectifs encourus ? Imposer le déplacement jusqu’en Suisse pour demander la protection ne suscite-il pas de dangereux voyages ? La sélection par la vraisemblance du récit et par son adéquation à une définition spécifique du réfugié est-elle la seule possible ?, etc…

      Maintenant que l’importante réforme de la procédure est sous toit, il est sans doute temps d’initier une réflexion plus profonde sur ces questions visant à inscrire la politique d’asile dans un projet plus cohérent et proactif de protection.

      https://blogs.letemps.ch/etienne-piguet/2019/03/01/restructuration-de-lasile-tout-change-rien-ne-change

    • Une procédure expéditive

      Par une décision du 7 décembre 20181, le Comité contre la torture dit que la Suisse, en prononçant une décision de renvoi d’un ressortissant érythréen vers son pays d’origine, viole l’art. 3 de la Convention de l’ONU contre la torture. Selon cette disposition, aucun Etat partie n’expulsera, ne refoulera, ni n’extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture.

      Il s’agit d’un requérant d’asile qui a fui son pays en juin 2010 afin d’éviter d’être recruté par l’armée. Après avoir vécu trois années au Soudan, notamment dans un camp du Haut Commissariat pour les réfugiés, il a introduit en Suisse une demande d’asile le 22 mai 2014. Lors des deux auditions conduites par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), il n’a pas bénéficié de représentation légale gratuite. Mais surtout, lors de la deuxième audition sur les motifs d’asile, malgré sa demande, il n’a pas eu accès à un interprète dans sa #langue maternelle, mais en tigrinya, dont il n’a pas une bonne maîtrise.

      Le 1er mars 2016, le SEM a rejeté la demande d’asile car les motifs de départ du requérant n’avaient pas été rendus vraisemblables et a prononcé son renvoi de Suisse. Le 4 avril 2016, le requérant a interjeté un recours contre cette décision au Tribunal administratif fédéral. Il a sollicité la dispense de paiement de l’avance des frais de procédure en raison de son indigence : il lui était interdit de travailler et bénéficiait d’une assistance mensuelle de 415 francs. Le Tribunal a rejeté la requête, exigeant le paiement de l’avance des frais de procédure. Procédant à un examen sommaire de la situation, il était arrivé à la conclusion que le recours était voué à l’échec. Faute de paiement dans le délai, le recours a été déclaré irrecevable par le Tribunal dans un arrêt du 17 mai 2016.

      Assisté par le Centre suisse pour la défense des droits des migrants (CSDM), le requérant a introduit une plainte le 3 mars 2017 au Comité contre la torture des Nations Unies (#CAT). La décision du comité est intéressante car elle critique la #procédure_expéditive dont a fait l’objet ce ressortissant érythréen, tant celle menée par le SEM que celle qui s’est déroulée auprès du Tribunal. Dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle procédure d’asile applicable dès le 1er mars 2019, dont l’objectif principal est l’accélération du traitement des demandes d’asile, les autorités et juridictions doivent être particulièrement attentives au contenu de cette décision.

      Le CAT, qui fait référence au rapport du 25 juin 2018 de la Rapporteuse spéciale des nations Unies sur la situation des droits de l’homme en #Erythrée, indique que la situation des droits fondamentaux est sombre dans ce pays, que la torture et les mauvais traitements continuent d’y être pratiqués. Or, le CAT observe que, lors de la procédure devant le SEM, le requérant n’a pas eu accès à un #conseil_juridique gratuit et qu’il n’a pas été auditionné dans sa langue maternelle. De plus, les autorités ont contesté la validité des documents produits sans pourtant prendre des mesures pour en vérifier l’authenticité. Mais surtout, l’article 3 de la Convention implique un #droit_à_un_recours utile de sorte qu’il soit possible de procéder à un examen effectif, indépendant et impartial de la décision de renvoi si l’on est en présence d’une allégation plausible mettant en cause le respect de l’interdiction du refoulement.

      En exigeant le paiement d’une #avance_de_frais de procédure de 600 francs, alors que le requérant n’était pas en mesure de s’acquitter de ce montant, la Suisse ne lui a pas donné la possibilité de démonter les risques qu’il encourrait en cas de retour forcé en Erythrée et, partant, l’a privé d’un examen indépendant et impartial de la décision du SEM de le renvoyer. Le CAT observe que la Suisse semble avoir accepté la probabilité que le requérant soit astreint à des obligations militaires en Erythrée, sans toutefois se prononcer sur la compatibilité de cette pratique avec les droits tirés de la Convention. Ainsi, son renvoi constituerait une violation de l’article 3 de la Convention.

      La nouvelle procédure d’asile, par les cadences qu’elle impose, en particulier en fixant des délais brefs tout le long de l’instruction de la demande et dans le cadre du recours, présente des dangers quand bien même une représentation légale gratuite est instaurée.

      La décision du CAT rappelle l’importance de garantir une #procédure_équitable aux demandeurs d’asile. Il ne s’agit pas que d’une question de forme. Un traitement mécanique des demandes d’asile, par souci d’efficacité, sans respect effectif des droits de procédure, est susceptible de mettre en danger les migrants qui sollicitent une protection de la Suisse.

      https://lecourrier.ch/2019/03/13/une-procedure-expeditive

    • Mise en exergue d’un passage du rapport du Grand Conseil genevois sur le centre du #Grand-Saconnex. Il s’agit des mots prononcés par #Pierre_Maudet autour de la nouvelle loi sur l’asile (p.9 du rapport : http://ge.ch/grandconseil/data/texte/M02489A.pdf) :

      L’objet affiché et assumé de cette loi était de réduire l’attrait de la Suisse aux yeux des requérant-e-s et de complexifier l’accès à la #Suisse.

      #dissuasion #attractivité #réforme #révision #loi

      Comme le dit un ami :

      …dire qu’après ça certains reprennent encore la bouche en cœur la communication du DFJP visant à faire croire qu’il s’agit d’accélérer les procédures dans l’intérêt des requérants…

      #accélération_des_procédures

  • La construction du Centre fédéral « mise de côté »

    On n’aurait pas pensé trouver une information d’une telle importance en lisant un énième article sur « l’affaire Maudet » mardi 22 dans la Tribune de Genève...

    ...Et pourtant, On a pas rêvé, c’est écrit noir sur blanc que : « d’autres éléments liés à la détention et faisant aussi partie des desseins de Pierre Maudet sont également mis de côté. C’est le cas du centre fédéral pour les requérants d’asile qui était prévu à proximité de l’aéroport ». « Mis de côté », « qui était prévu »... On dirait que ce projet raciste de criminalisation, d’enfermement et de précarisation des personnes demandant l’asile ne verra pas le jour tout de suite.


    C’est une douce éclaircie dans le sombre paysage de l’enfermement et de la répression bâti à Genève par Pierre Maudet. Mais on ne baissera pas la garde ! Nous ne voulons pas de centre fédéral au #Grand-Saconnex ni ailleurs mais surtout on en veut ni maintenant ni après !

    https://renverse.co/La-construction-du-Centre-federal-mise-de-cote-1881
    #centre_fédéral #centres_fédéraux #Maudet #Genève #asile #migrations #réfugiés #restructuration

    • #Rapport de la #commission des affaires sociales chargée d’étudier la proposition de motion de Mmes et MM. Delphine Klopfenstein Broggini, Frédérique Perler, Pierre Eckert, Jean Rossiaud, Yves de Matteis, Marjorie de Chastonay, Alessandra Oriolo, Yvan Rochat, Philippe Poget, Isabelle Pasquier, François Lefort, Paloma Tschudi, Adrienne Sordet, Mathias Buschbeck, Jocelyne Haller, Jean Batou, David Martin, Olivier Baud, Nicole Valiquer Grecuccio, Caroline Marti, Jean-Charles Rielle, Grégoire Carasso, Léna Strasser, Salima Moyard, Diego Esteban, Sylvain Thévoz, Xhevrie Osmani, Marion Sobanek, Cyril Mizrahi, Pierre Bayenet : Pas de centre fédéral d’attente et de départ à Genève !

      http://ge.ch/grandconseil/data/texte/M02489A.pdf

      Mise en exergue d’un passage, les mots prononcés par #Pierre_Maudet autour de la nouvelle loi sur l’asile (p.9 du rapport cité ci-dessus)...

      L’objet affiché et assumé de cette loi était de réduire l’attrait de la Suisse aux yeux des requérant-e-s et de complexifier l’accès à la #Suisse.

      #dissuasion #attractivité #réforme #révision #loi

      Comme le dit un ami :

      …dire qu’après ça certains reprennent encore la bouche en cœur la communication du DFJP visant à faire croire qu’il s’agit d’accélérer les procédures dans l’intérêt des requérants…

      #accélération_des_procédures

    • Du fard sur la vérole

      Des migrants en photo qui sourient, des promesses de soins, de protection juridique efficace, de journées occupées, pleines d’activités récréatives… Il n’y a pas à dire, la présentation offerte mercredi par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) et le Département genevois de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES) pour présenter le futur centre d’attente et de renvoi de requérants d’asile déboutés du Grand-Saconnex a fait son petit effet. Les deux institutions ont tenté de présenter une vision sinon idyllique du moins humaine de la politique d’asile suisse.

      En réalité, rien de très surprenant. Le SEM commence à être habitué de ces opérations de communication pour présenter sous un jour favorable ce que presque tous les défenseurs des droits humains jugent indéfendable. En septembre dernier, l’entité fédérale organisait une journée portes ouvertes dans son centre pilote de procédures accélérées à Boudry (NE). Musique, bières locales, activités sportives ou encore visite des lieux, tout avait été fait pour favoriser la rencontre entre la population locale et les résidents. Tout, au point d’en cacher les conditions d’existence réelles. Si les clôtures entourant le centre n’avaient pas pu être enlevées, les fouilles systématiques ou les chicanes dont les migrants font régulièrement état avaient, elles, bel et bien disparu. La population locale était repartie conquise.

      Comme à Neuchâtel, le centre fédéral genevois, s’il voit le jour – il est combattu par une motion acceptée par le Grand Conseil –, s’est montré sous ses plus beaux atours. D’un coup de baguette rhétorique, tous les défauts se transforment presque en atout. La proximité avec le tarmac et les risques pour la santé liés à la pollution de l’air et sonore ? Négligeables ! Les séjours sont de courte durée et le centre sera très bien insonorisé. Promis ! Les clôtures ? Elles sont là pour éviter l’intrusion de tiers et pour préserver la sphère privée des migrants. Juré ! Le fait de les astreindre à des travaux d’intérêt général ? Une excellente occasion de rencontrer la population. Evidemment…

      Dans un silence coupable, le DSES n’a cessé d’acquiescer au discours d’arracheur de dents du SEM, se gardant bien de dire que s’il accepte ce centre, c’est simplement pour se voir attribuer moins de demandeurs d’asile. De l’ordre de 230 pour 2019, l’équivalent d’un centre, si les chiffres de l’asile restent stables. On aura beau la farder, la politique suisse en matière d’asile reste vérolée. Et le centre du Grand-Saconnex ne fera pas exception.

      https://lecourrier.ch/2019/05/16/du-fard-sur-la-verole

    • Pourquoi les Genevois-e-s ne veulent pas d’un centre fédéral de renvoi au Grand-Saconnex ?

      Communiqué du 15 mai 2019

      Le Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM) organise ce jour un entretien avec les médias au sujet de la procédure d’approbation des plans du centre fédéral dit d’asile (CFA) qu’il est prévu de construire sur la commune du Grand-Saconnex. La Coordination asile.ge profite de l’occasion pour rappeler son opposition à un centre dont la fonction première ne sera pas l’asile mais bien le renvoi. Explications.

      1. Au nom de qui et au nom de quoi ?

      Le peuple genevois ne s’est jamais prononcé sur la construction d’un CFA de départ sur son territoire. C’est un engagement qu’a pris le Conseil d’Etat. Le Grand Conseil vient quant à lui d’adopter une motion intitulée « Pas de centre fédéral d’attente et de départ à Genève ». Ce centre ne fait pas l’unanimité auprès des Genevois, et probablement même pas la majorité.

      2. Le visage le plus laid de notre politique d’asile

      La restructuration de l’asile a été maintes fois dénoncée pour son caractère gestionnaire et déshumanisant. Les CFA sont les pièces maîtresses de ce dispositif. Au lieu d’être en contact avec une société d’accueil, des demandeurs d’asile en quête de protection y sont hébergés pour une durée prolongée à 140 jours dans un environnement sécuritaire à la limite du carcéral : grillages avec barbelés, fouilles systématiques à chaque entrée y compris pour les enfants, horaires d’entrée et de sortie, système de punitions arbitraire et infantilisante. Les observations de la Commission nationale de prévention de la torture et les recommandations de la Commission fédérale contre le racisme sont claires à ce sujet.

      3. Un « hub » d’expulsions

      Le CFA du Grand-Saconnex est conçu pour que s’exécutent les renvois. Les hommes, femmes et enfants qui y seront hébergés n’auront eu droit qu’à une procédure accélérée ou à une procédure Dublin. Nombre d’entre eux seront censés être reconnus réfugiés au sens de la Convention de Genève, mais seront renvoyés vers un autre pays européen en vertu d’une application quasi-mécanique du Règlement Dublin que les défenseurs du droit d’asile dénoncent sans relâche (voir l’Appel Dublin). Une majorité du Grand Conseil a adopté une motion demandant plus de compassion dans l’application de ce règlement. Par le CFA du Grand-Saconnex l’administration fédérale mettra la pression pour que notre canton exécute des renvois que notre population juge inhumains.

      4. Une infrastructure pour inciter aux départs dans la clandestinité

      Le CFA sera flanqué d’un bâtiment abritant le siège de la police internationale, celle chargée de l’exécution des renvois, et comprenant 50 places de détention administrative. Le complexe lui-même est construit à côté du tarmac de l’aéroport. Tout évoquera le renvoi forcé, ce qui confine à la torture psychologique. Cette situation favorisera les départs dans la clandestinité, ou « départs non contrôlés » selon le jargon fédéral, qui sont déjà en explosion depuis le début de la mise en œuvre de la restructuration. Comment Genève envisage-t-elle de gérer la croissance d’une telle population précarisée ?

      5. Un emplacement impropre à l’hébergement

      Située à côté du tarmac de l’aéroport, la parcelle pose des questions de santé publique, vu la pollution de l’air et sonore extrêmement nocive occasionnée par les avions, sans parler de la stigmatisation qui consiste à placer des requérant-e-s d’asile sur une parcelle qui n’accueillerait jamais un logement ordinaire pour ces raisons. Les normes de l’Ordonnance sur la protection contre le bruit seront dépassées. L’autorité compétente aurait ramené au forceps le projet dans la légalité en assimilant ces bâtiments non pas à des logements mais à des hôtels, sous prétexte que la durée moyenne de séjour est de six semaines seulement, un « séjour de courte durée » soi-disant. Pourtant la durée de séjour peut s’étendre jusqu’à près de quatre mois (art. 24 LAsi).

      6. Ni à Genève, ni ailleurs

      Les défenseurs du droit d’asile actifs à Genève adressent un message de résistance au reste de la Suisse. Nous n’accepterons pas de centres fédéraux où le sécuritaire prime sur l’encadrement social, l’accès aux soins et la dignité humaine.


      https://coordination-asile-ge.ch/pourquoi-les-genevois-e-s-ne-veulent-pas-dun-centre-federal-de

    • A Genève, le futur centre fédéral pour requérants d’asile provoque des tensions

      Des députés de gauche et du PDC dénoncent un « projet indigne » et accusent le Conseil d’Etat de se soumettre aux exigences de Berne.

      Après Fribourg et Vaud, Genève doit à son tour accueillir un centre fédéral pour requérants d’asile. Prévu pour 2022 au Grand-Saconnex, le lieu devrait abriter quelque 250 personnes, candidats déboutés de l’asile ou en attente d’une décision, pour un séjour moyen de six à huit semaines. Le projet évalué à 25 millions de francs provoque son lot de tensions. Alors qu’une procédure d’approbation des plans a été lancée, des députés de gauche et du PDC accusent le Conseil d’Etat de court-circuiter le processus législatif.

      C’est que le Grand Conseil a voté, en mars dernier, une motion pour empêcher la construction d’un centre considéré comme de la « semi-détention ». « Horaires de sortie, barbelés, fouilles : le lieu situé à proximité de l’aéroport, en dehors de toute zone de vie, criminalise les requérants », déplore Delphine Klopfenstein, députée verte. Dans une lettre ouverte, les signataires de la motion exhortent le canton à s’imposer face à la Confédération. « Alors que les demandes d’asile sont en baisse, il faut envisager l’accueil de manière inclusive et sortir des schémas sécuritaires. »
      « Préserver l’anonymat »

      De son côté, Pierre-Alain Ruffieux, responsable romand au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), précise que l’établissement est clôturé « pour préserver l’anonymat, l’intimité et la sécurité » de ses occupants. « Ce n’est pas un centre de détention », martèle de concert Mauro Poggia, chef du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé, précisant que la proximité avec l’aéroport relève du pur hasard.

      Quid de la motion acceptée au Grand Conseil ? « Une réponse va être envoyée prochainement aux députés », répond le magistrat. « Un accord a été signé en janvier 2016 pour la création de ce centre, rappelle-t-il. Le canton doit respecter ses engagements s’il veut conserver sa crédibilité. » Une marge de manœuvre semble toutefois demeurer. « Nous avons émis plusieurs suggestions, notamment pour prolonger les heures d’ouverture et scolariser les enfants amenés à rester en Suisse à l’école ordinaire », précise Mauro Poggia.
      Lien de confiance « rompu »

      Pas sûr que ces déclarations suffisent à rassurer les députés. « Genève avait construit une relation de confiance avec le SEM autour du projet Papyrus ; aujourd’hui, ce lien est rompu », déplore l’élue PDC Anne Marie von Arx-Vernon.

      https://www.letemps.ch/suisse/geneve-futur-centre-federal-requerants-dasile-provoque-tensions

  • Utilisés par la police françaises, les #flash-balls suisses dans le viseur

    La majorité des policiers français sont équipés de #LBD_40, fabriqués par l’entreprise #Brügger_&_Thomet, basée à Thoune. Mais l’utilisation de ces #lanceurs_de_balle, qui ont fait des dizaines de blessés, est très controversée.
    Dans la nuit du 5 au 6 janvier dernier, la police intervient au domicile d’un homme en pleine crise de démence dans son appartement d’Auxerre, en France. Afin de l’immobiliser, un agent lui tire dessus avec un LBD 40 de fabrication suisse. Ce lanceur de balles en caoutchouc est plus communément appelé flash-ball. Quelques heures plus tard, le trentenaire décède. L’autopsie a relevé « des contusions pulmonaires et cardiaques liées à l’onde de choc du projectile ».

    Discrète entreprise suisse alémanique

    La France a commencé à utiliser des flash-balls au milieu des années 90, afin d’aider les forces de l’ordre à réagir en cas d’échauffourées. Elle équipe d’abord ses policiers du modèle français, fabriqué par #Verney-Carron. Mais suite à plusieurs accidents, le ministère de l’Intérieur change son fusil d’épaule et opte pour des lanceurs suisses, réputés plus précis. C’est la très discrète entreprise suisse alémanique Brügger & Thomet, créée en 1991 à Thoune, qui remporte le marché en 2007 avec ses LBD puissants, au canon de 40 millimètres.

    Pour la société de Thoune, l’affaire est intéressante, car elle porte sur des milliers de flash-balls, vendus environ 1800 francs pièce. Son chiffre d’affaires a doublé depuis les deux dernières années, expliquait en février au Schweiz am Sonntag son fondateur, #Karl_Brügger. Cette entreprise familiale, qui indique sur son site internet occuper moins de 50 collaborateurs, a su se faire un nom.

    Matériel militaire

    En décembre dernier, à la Bourse internationale aux armes de Lausanne, elle disposait d’un stand impeccable, où pistolets et carabines rutilants étaient présentés. Les flash-balls #GL_06, surnommés LBD 40 par les policiers français, ne s’y trouvaient pas. Sur place, l’employé nous a précisé qu’il s’agit de #matériel_militaire, impossible à exposer dans une foire publique. Car si le flash-ball envoie des balles en caoutchouc, il n’a rien d’un jouet. Ce petit fusil, d’un noir mat, pèse 2,1 kilos et mesure 60 cm. Selon l’entreprise, il s’agit du flash-ball le plus « léger, le plus ergonomique et le plus rapide à tirer ».

    Le plus rapide, mais pas le moins dangereux. Depuis 2004, les flash-balls ont fait au moins deux morts et 39 blessés graves en France, dont 21 éborgnés, selon un rapport de l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) publié en mai 2016. Parmi les victimes, on compte un tiers de mineurs, dont deux enfants de neuf ans. L’arme, considérée comme « non-létale », est classée dans la catégorie A, à usage militaire. Le LBD 40 comprend un canon rayé ainsi qu’un viseur électronique de la marque #EOTech, utilisé par l’armée américaine, qui a une portée de tir de 50 mètres. Pour ces raisons, l’ACAT considère que sa #dangerosité est « disproportionnée » et préconise son interdiction.

    Victime indemnisée

    #Pierre_Douillard en sait quelque chose : le 27 novembre 2007, il a perdu son œil droit sous les balles d’un LBD 40. L’adolescent français, alors âgé de 16 ans, manifestait devant la préfecture de Nantes avec d’autres lycéens, quand un agent lui tire au visage avec son flash-ball. Le choc provoque plusieurs fractures crâniennes et abîme son œil droit, dont il perd définitivement la vue. Depuis, le jeune homme milite contre les flash-balls. « C’est une arme qui se situe à la frontière entre le maintien de l’ordre et la guerre : on retrouve ce type de munitions tirées à Jérusalem Est, à Baltimore ou en Seine-Saint-Denis », explique-t-il. La justice vient de lui donner raison : l’Etat français a été condamné en novembre dernier par le tribunal et devra indemniser Pierre Douillard.

    Dans l’hexagone, les policiers ont l’interdiction formelle de viser avec leur flash-ball la tête d’un manifestant. Mais face à une foule agitée, il est souvent difficile pour les forces de l’ordre de respecter ces consignes… Qu’en pense Brügger & Thomet ? A Thoune, le directeur de l’entreprise, Karl Brügger, a refusé notre demande d’interview en invoquant l’accord de confidentialité signé avec ses clients. Il regrette toutefois qu’en France, les manifestants soient souvent présentés comme « gentils, alors qu’ils jettent parfois des pierres ou des cocktails Molotov aux policiers », qui peuvent également causer des blessures. « Si les manifestants se comportaient de manière pacifique, l’utilisation du LBD 40 ne serait pas nécessaire… », ajoute-t-il par e-mail.
    La police de Lausanne l’utilise

    La multiplication des accidents causés par le LBD 40 en France n’empêche pas l’entreprise de remporter des marchés, comme en Catalogne, où elle complète désormais l’attirail des forces de l’ordre. Plus près de chez nous, la police de Lausanne en possède depuis 2012. L’arme remplissait le cahier des charges et présentait l’avantage de venir du marché local.

    « Seuls les opérateurs du Groupe d’Intervention les utilisent dans des situations bien particulières avec comme principe de repousser le plus possible, si la situation le permet, le recours aux armes létales », précise son porte-parole Sébastien Jost. Celui-ci a eu connaissance des incidents causés par le flash-ball en France. Mais cela ne l’inquiète pas, car selon lui, l’utilisation faite par les agents lausannois n’est pas la même. Avant de conclure : « Toute arme est dangereuse ».

    https://www.letemps.ch/suisse/utilises-police-francaises-flashballs-suisses-viseur
    #armes #armement #flashball #France #Suisse #police #violences_policières

    ping @reka @fil @davduf

    • Mettan dit stop à la vente de l’arme qui crève l’oeil

      Un élu genevois a déposé, lundi, un projet de résolution pour que la Suisse arrête d’approvisionner la France en armes LBD.

      Le député au Grand Conseil genevois #Guy_Mettan veut interdire l’exportation en France du lanceur de balles de défense (LBD), de fabrication suisse. L’élu a déposé, lundi, un projet de résolution allant dans ce sens auprès du Parlement cantonal.

      Le texte invite le Conseil fédéral « à mettre tout en oeuvre pour interdire l’exportation du LBD en France ». Guy Mettan demande au gouvernement suisse de s’appuyer sur l’Ordonnance sur le matériel de guerre, qui prohibe l’exportation d’armes s’il y a de forts risques que ce matériel soit utilisé contre la population civile.

      Pour le député qui siège comme indépendant, le LBD, conçu par l’entreprise bernoise Brügger & Thomet, est utilisé de façon abusive par les forces de l’ordre françaises lors des manifestations des gilets jaunes. A ce jour, poursuit M.Mettan, des centaines de blessures irréversibles à la tête et aux yeux ont été causées par ce lanceur.

      La situation est aggravée par l’emploi en France de munitions plus dangereuses et non conformes au mode d’emploi du fabricant suisse, relève encore M. #Mettan. Le député est effrayé de l’usage qui est fait du LBD par la police de l’Hexagone, transformant ce moyen défensif lourd « en une arme d’attaque terrifiante ».

      https://www.tdg.ch/monde/mettan-dit-stop-vente-arme-creve-loeil/story/25909412

  • Pétition | Droit de rester pour les Érythréennes et Érythréens
    https://asile.ch/2018/12/20/petition-droit-de-rester-pour-les-erythreennes-et-erythreens

    De nombreuses décisions négatives et levées d’admissions provisoires ont été rendues dernièrement dans les cas concernant les ressortissants Érythréens. Une pétition en soutien aux Érythréennes et Érythréens qui subissent ce durcissement de la politique d’asile à leur égard, adressée au Grand Conseil et au Conseil d’État genevois, a été lancée. La pétition peut être signée par […]

  • Projet de mon prochain patriarche sur l’or.
    Patriarche n°8 - El Dorado
    à partir de cette image

    "Bernard Otto Holtermann and the world’s largest “nugget” of gold, North Sydney, ca. 1874-1876 / montage photograph by American and Australasian Photographic Company" The “nugget” was found in Hill End, New South Wales by German prospector, Bernhard Otto Holtermannon 19th October 1872. More than half of the 630 lbs weight was pure gold, at that time having the value of 12,000 pounds ($24,000). Today, with gold worth say $1400 per ounce, the value today would be over $10 million. Three photographs were used to create this image of Holtermann, (supposedly holding the worlds’ largest accumulation of rock and gold ever brought to the surface in one piece). He was posed in the studio with his hand on a headclamp, the nugget was inserted and both placed on a photograph of the verandah of his mansion, built from the proceeds of his goldmine.[1]

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    Fiche wikipédia sur la montagne d’or
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Montagne_d%27or_(mine)


    Résultats de la coulée de boues (de cyanure) issue de la rupture de barrages de Bento Rodrigues en 2015
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    Projet Montagne d’or en Guyane : après la mine de Lefa en Guinée, Nordgold peut-il faire mieux ? - Outre-mer la 1ère
    https://la1ere.francetvinfo.fr/pojet-montagne-guyane-apres-mine-lefa-guinee-nordgold-peut-il-fa

    L’Etat doit se prononcer sur la réalisation de ce projet avant la fin de l’année. François de Rugy, le ministre de la Transition écologique a été interrogé à plusieurs reprises par la presse à ce sujet. Il a déclaré sur France Inter que « le projet ne pouvait pas être mené tel qu’il avait été envisagé ». A l’Assemblée nationale, le ministre a été plus loin en ajoutant « qu’il fallait le revoir de fond en comble ».

    Nordgold en Guinée
    En attendant la décision de l’Etat, deux journalistes du Monde et de France Inter se sont intéressés aux activités en Guinée du groupe russe Nordgold censé se charger de l’exploitation de la Montagne d’or en Guyane.

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    Le projet de Montagne d’or en Guyane va être revu pour obtenir le feu vert de l’Etat

    Cette mine d’or, qui serait la plus grande jamais construite sur le territoire français, provoque l’hostilité d’une partie de la population.

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/09/07/montagne-d-or-nordgold-pret-a-revoir-son-projet-pour-obtenir-le-feu-vert-de-

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    Guyane française : la traque des orpailleurs clandestins
    https://www.youtube.com/watch?v=kRtFvKlC43w

    Cayenne : le nouveau far west français
    https://www.youtube.com/watch?v=SebdJ9FN-mc

    Chasseur de chercheur, l’or de Guyane
    https://www.youtube.com/watch?v=5geIRZZPWSc

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    Controverses géopolitiques 1A - Projet de la montagne d’or en Guyane
    https://www.youtube.com/watch?v=9qEeddqdPNA

    Mines en Guyane : le projet Montagne d’or "inacceptable" pour les autochtones
    https://www.youtube.com/watch?v=j5XaI65Hn-Y

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    mine d’or en Australie

    The ‘Super Pit’ is Australia’s largest open cut gold mine. It is 3.5 km long, 1.5 km wide and 350 m deep, and is large enough to be seen from space. It produces around 28 tonnes of gold per year, and they estimate it won’t reach the end of its life until 2021.

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    Mine de Yanacocha (Pérou)
    La plus grande mine d’or à ciel ouvert d’Amérique du sud


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_de_Yanacocha

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    Cartographie

    Schéma structural de la Guyane française( C. Delor , 2004 )


    http://www.jump-voyage.com/carte-guyane-francaise/vacances-guyane

    http://sphaera.cartographie.ird.fr/images/telechargement/00756.pdf

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    Vers la structuration d’une filière aurifère « durable » ? Etude du cas de la Guyane française
    Jessica Oder

    L’objectif de cet article est de se demander si la filière aurifère légale en Guyane française peut servir les objectifs du développement durable. En effet, cette filière est en proie à des difficultés : alors que les cours de l’or sont en constante augmentation, le nombre d’opérateurs miniers diminue constamment, depuis près de sept ans. Ce paradoxe aurifère guyanais trouve ses origines dans la volonté étatique française d’organiser la filière et d’en faire un exemple en matière de « durabilité », volonté clairement exprimée à la suite du Grenelle de l’Environnement. Principalement élaboré à partir d’entretiens semi-directifs et d’archives, l’article a notamment cherché à analyser les principaux éléments de cette structuration, le schéma départemental d’orientation minière (SDOM), en cours d’adoption, et plusieurs initiatives destinées à améliorer les pratiques des opérateurs miniers qui sont majoritairement des artisans. Toutefois, cette évolution révèle des antagonismes entre les parties prenantes (collectivités territoriales, services de l’État, opérateurs miniers et environnementalistes). Ces derniers ont fait surface lors de l’affaire du Camp Caïman, impliquant la multinationale Iamgold, et pendant le processus d’élaboration du SDOM lui-même. Des problématiques connexes telles que les revendications locales de gestion de la ressource aurifère, mais aussi et surtout l’orpaillage illégal, dressent des perspectives d’avenir plutôt incertaines pour la filière aurifère.

    https://journals.openedition.org/echogeo/12587

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    #mad_meg #or

    • José-Maria de Heredia
      Les Conquérants de l’Or

      Après que Balboa menant son bon cheval
      Par les bois non frayés, droit, d’amont en aval,
      Eut, sur l’autre versant des Cordillères hautes,
      Foulé le chaud limon des insalubres côtes
      De l’Isthme qui partage avec ses monts géants
      La glauque immensité des deux grands Océans,
      Et qu’il eut, s’y jetant tout armé de la berge,
      Planté son étendard dans l’écume encor vierge,
      Tous les aventuriers, dont l’esprit s’enflamma,

      Rêvaient, en arrivant au port de Panama,
      De retrouver, espoir cupide et magnifique,
      Aux rivages dorés de la mer Pacifique,
      El Dorado promis qui fuyait devant eux,
      Et, mêlant avec l’or des songes monstrueux,
      De forcer jusqu’au fond de ces torrides zones
      L’âpre virginité des rudes Amazones
      Que n’avait pu dompter la race des héros,
      De renverser des dieux à têtes de taureaux
      Et de vaincre, vrais fils de leur ancêtre Hercule,
      Les peuples de l’Aurore et ceux du Crépuscule.

      Ils savaient que, bravant ces illustres périls,
      Ils atteindraient les bords où germent les béryls
      Et Doboyba qui comble, en ses riches ravines,
      Du vaste écroulement des temples en ruines,
      La nécropole d’or des princes de Zenu ;
      Et que, suivant toujours le chemin inconnu
      Des Indes, par delà les îles des Épices
      Et la terre où bouillonne au fond des précipices
      Sur un lit d’argent fin la Source de Santé,
      Ils verraient, se dressant en un ciel enchanté
      Jusqu’au zénith brûlé du feu des pierreries,
      Resplendir au soleil les vivantes féeries
      Des sierras d’émeraude et des pics de saphir
      Qui recèlent l’antique et fabuleux Ophir.

      Et quand Vasco Nuñez eut payé de sa tête
      L’orgueil d’avoir tenté cette grande conquête,
      Poursuivant après lui ce mirage éclatant,
      Malgré sa mort, la fleur des Cavaliers, portant
      Le pennon de Castille écartelé d’Autriche,
      Pénétra jusqu’au fond des bois de Côte-Riche
      À travers la montagne horrible, ou navigua
      Le long des noirs récifs qui cernent Veragua,
      Et vers l’Est atteignit, malgré de grands naufrages,
      Les bords où l’Orénoque, enflé par les orages,
      Inondant de sa vase un immense horizon,
      Sous le fiévreux éclat d’un ciel lourd de poison,
      Se jette dans la mer par ses cinquante bouches.

      Enfin cent compagnons, tous gens de bonnes souches,
      S’embarquèrent avec Pascual d’Andagoya
      Qui, poussant encor plus sa course, côtoya
      Le golfe où l’Océan Pacifique déferle,
      Mit le cap vers le Sud, doubla l’île de Perle,
      Et cingla devant lui toutes voiles dehors,
      Ayant ainsi, parmi les Conquérants d’alors,
      L’heur d’avoir le premier fendu les mers nouvelles
      Avec les éperons des lourdes caravelles.

      Mais quand, dix mois plus tard, malade et déconfit,
      Après avoir très loin navigué sans profit

      Vers cet El Dorado qui n’était qu’un vain mythe,
      Bravé cent fois la mort, dépassé la limite
      Du monde, ayant perdu quinze soldats sur vingt,
      Dans ses vaisseaux brisés Andagoya revint,
      Pedrarias d’Avila se mit fort en colère ;
      Et ceux qui, sur la foi du récit populaire,
      Hidalgos et routiers, s’étaient tous rassemblés
      Dans Panama, du coup demeurèrent troublés.

      Or les seigneurs, voyant qu’ils ne pouvaient plus guère
      Employer leur personne en actions de guerre,
      Partaient pour Mexico ; mais ceux qui, n’ayant rien,
      Étaient venus tenter aux plages de Darien,
      Désireux de tromper la misère importune,
      Ce que vaut un grand cœur à vaincre la fortune,
      S’entretenant à jeun des rêves les plus beaux,
      Restaient, l’épée oisive et la cape en lambeaux,
      Quoique tous bons marins ou vieux batteurs d’estrade,
      À regarder le flot moutonner dans la rade,
      En attendant qu’un chef hardi les commandât.
      II

      Deux ans étaient passés, lorsqu’un obscur soldat
      Qui fut depuis titré Marquis pour sa conquête,
      François Pizarre, osa présenter la requête
      D’armer un galion pour courir par-delà
      Puerto Pinas. Alors Pedrarias d’Avila
      Lui fit représenter qu’en cette conjoncture
      Il n’était pas prudent de tenter l’aventure
      Et ses dangers sans nombre et sans profit ; d’ailleurs,
      Qu’il ne lui plaisait point de voir que les meilleurs
      De tous ses gens de guerre, en entreprises folles,
      Prodiguassent le sang des veines espagnoles,
      Et que nul avant lui, de tant de Cavaliers,
      N’avait pu triompher des bois de mangliers

      Qui croisent sur ces bords leurs nœuds inextricables ;
      Que, la tempête ayant rompu vergues et câbles
      À leurs vaisseaux en vain si loin aventurés,
      Ils étaient revenus mourants, désemparés,
      Et trop heureux encor d’avoir sauvé la vie.

      Mais ce conseil ne fit qu’échauffer son envie.
      Si bien qu’avec Diego d’Almagro, par contrats,
      Ayant mis en commun leur fortune et leurs bras,
      Et don Fernan de Luque ayant fourni les sommes,
      En l’an mil et cinq cent vingt-quatre, avec cent hommes,
      Pizarre le premier, par un brumeux matin
      De novembre, montant un mauvais brigantin,
      Prit la mer, et lâchant au vent toute sa toile,
      Se fia bravement en son heureuse étoile.

      Mais tout sembla d’abord démentir son espoir.
      Le vent devint bourrasque, et jusqu’au ciel très noir
      La mer terrible, enflant ses houles couleur d’encre,
      Défonça les sabords, rompit les mâts et l’ancre,
      Et fit la triste nef plus rase qu’un radeau.
      Enfin après dix jours d’angoisse, manquant d’eau
      Et de vivres, sa troupe étant d’ailleurs fort lasse,
      Pizarre débarqua sur une côte basse.

      Au bord, les mangliers formaient un long treillis ;
      Plus haut, impénétrable et splendide fouillis

      De lianes en fleur et de vignes grimpantes,
      La berge s’élevait par d’insensibles pentes
      Vers la ligne lointaine et sombre des forêts.

      Et ce pays n’était qu’un très vaste marais.

      Il pleuvait. Les soldats, devenus frénétiques
      Par le harcèlement venimeux des moustiques
      Qui noircissaient le ciel de bourdonnants essaims,
      Foulaient avec horreur, en ces bas-fonds malsains,
      Des reptiles nouveaux et d’étranges insectes
      Ou voyaient émerger des lagunes infectes,
      Sur leur ventre écaillé se traînant d’un pied tors,
      Ces lézards monstrueux qu’on nomme alligators.
      Et quand venait la nuit, sur la terre trempée,
      Dans leurs manteaux, auprès de l’inutile épée,
      Lorsqu’ils s’étaient couchés, n’ayant pour aliment
      Que la racine amère ou le rouge piment,
      Sur le groupe endormi de ces chercheurs d’empires
      Flottait, crêpe vivant, le vol mou des vampires,
      Et ceux-là qu’ils marquaient de leurs baisers velus
      Dormaient d’un tel sommeil qu’ils ne s’éveillaient plus.

      C’est pourquoi les soldats, par force et par prière,
      Contraignirent leur chef à tourner en arrière,
      Et, malgré lui, disant un éternel adieu

      Au triste campement du port de Saint-Mathieu,
      Pizarre, par la mer nouvellement ouverte,
      Avec Bartolomé suivant la découverte,
      Sur un seul brigantin d’un faible tirant d’eau
      Repartit, et, doublant Punta de Pasado,
      Le bon pilote Ruiz eut la fortune insigne,
      Le premier des marins, d’avoir franchi la Ligne
      Et poussé plus au sud du monde occidental.

      La côte s’abaissait, et les bois de santal
      Exhalaient sur la mer leurs brises parfumées.
      De toutes parts montaient de légères fumées,
      Et les marins joyeux, accoudés aux haubans,
      Voyaient les fleuves luire en tortueux rubans
      À travers la campagne, et tout le long des plages
      Fuir des champs cultivés et passer des villages.

      Ensuite, ayant serré la côte de plus près,
      À leurs yeux étonnés parurent les forêts.

      Au pied des volcans morts, sous la zone des cendres,
      L’ébénier, le gayac et les durs palissandres,
      Jusques aux confins bleus des derniers horizons
      Roulant le flot obscur des vertes frondaisons,
      Variés de feuillage et variés d’essence,

      Déployaient la grandeur de leur magnificence ;
      Et du nord au midi, du levant au ponent,
      Couvrant tout le rivage et tout le continent,
      Partout où l’œil pouvait s’étendre, la ramure
      Se prolongeait avec un éternel murmure
      Pareil au bruit des mers. Seul, en ce cadre noir,
      Étincelait un lac, immobile miroir
      Où le soleil, plongeant au milieu de cette ombre,
      Faisait un grand trou d’or dans la verdure sombre.

      Sur le sable marneux, d’énormes caïmans
      Guettaient le tapir noir ou les roses flamants.
      Les majas argentés et les boas superbes
      Sous leurs pesants anneaux broyaient les hautes herbes,
      Ou, s’enroulant autour des troncs d’arbres pourris,
      Attendaient l’heure où vont boire les pécaris.
      Et sur les bords du lac horriblement fertile
      Où tout batracien pullule et tout reptile,
      Alors que le soleil décline, on pouvait voir
      Les fauves par troupeaux descendre à l’abreuvoir :
      Le puma, l’ocelot et les chats-tigres souples,
      Et le beau carnassier qui ne va que par couples
      Et qui par-dessus tous les félins est cité
      Pour sa grâce terrible et sa férocité,
      Le jaguar. Et partout dans l’air multicolore
      Flottait la végétale et la vivante flore ;

      Tandis que des cactus aux hampes d’aloès,
      Les perroquets divers et les kakatoès
      Et les aras, parmi d’assourdissants ramages,
      Lustraient au soleil clair leurs splendides plumages,
      Dans un pétillement d’ailes et de rayons,
      Les frêles oiseaux-mouche et les grands papillons,
      D’un vol vibrant, avec des jets de pierreries,
      Irradiaient autour des lianes fleuries.

      Plus loin, de toutes parts élancés, des halliers,
      Des gorges, des ravins, des taillis, par milliers,
      Pillant les monbins mûrs et les buissons d’icaques,
      Les singes de tout poil, ouistitis et macaques,
      Sakis noirs, capucins, trembleurs et carcajous
      Par les figuiers géants et les hauts acajous,
      Sautant de branche en branche ou pendus par leurs queues,
      Innombrables, de l’aube au soir, durant des lieues,
      Avec des gestes fous hurlant et gambadant,
      Tout le long de la mer les suivaient.

      Cependant,
      Poussé par une tiède et balsamique haleine,
      Le navire, doublant le cap de Sainte-Hélène,
      Glissa paisiblement dans le golfe d’azur
      Où, sous l’éclat d’un jour éternellement pur,
      La mer de Guayaquil, sans colère et sans lutte,

      Arrondissant au loin son immense volute,
      Frange les sables d’or d’une écume d’argent.

      Et l’horizon s’ouvrit magnifique et changeant.

      Les montagnes, dressant les neiges de leur crête,
      Coupaient le ciel foncé d’une brillante arête
      D’où s’élançaient tout droits au haut de l’éther bleu
      Le Prince du Tonnerre et le Seigneur du Feu :
      Le mont Chimborazo dont la sommité ronde,
      Dôme prodigieux sous qui la foudre gronde,
      Dépasse, gigantesque et formidable aussi,
      Le cône incandescent du vieux Cotopaxi.

      Attentif aux gabiers en vigie à la hune,
      Dans le pressentiment de sa haute fortune,
      Pizarre, sur le pont avec les Conquérants,
      Jetait sur ces splendeurs des yeux indifférents,
      Quand, soudain, au détour du dernier promontoire,
      L’équipage, poussant un long cri de victoire,
      Dans le repli du golfe où tremblent les reflets
      Des temples couverts d’or et des riches palais,
      Avec ses quais noircis d’une innombrable foule,
      Entre l’azur du ciel et celui de la houle,
      Au bord de l’Océan vit émerger Tumbez.

      Alors, se recordant ses compagnons tombés
      À ses côtés, ou morts de soif et de famine,
      Et voyant que le peu qui restait avait mine
      De gens plus disposés à se ravitailler
      Qu’à reprendre leur course, errer et batailler,
      Pizarre comprit bien que ce serait démence
      Que de s’aventurer dans cet empire immense ;
      Et jugeant sagement qu’en ce dernier effort
      Il fallait à tout prix qu’il restât le plus fort,
      Il prit langue parmi ces nations étranges,
      Rassembla beaucoup d’or par dons et par échanges,
      Et, gagnant Panama sur son vieux brigantin
      Plein des fruits de la terre et lourd de son butin,
      Il mouilla dans le port après trois ans de courses.
      Là, se trouvant à bout d’hommes et de ressources,
      Bien que fort malhabile aux manières des cours,
      Il résolut d’user d’un suprême recours
      Avant que de tenter sa dernière campagne,
      Et de Nombre de Dios s’embarqua pour l’Espagne.
      III

      Or, lorsqu’il toucha terre au port de San-Lucar,
      Il retrouva l’Espagne en allégresse, car
      L’Impératrice-Reine, en un jour très prospère,
      Comblant les vœux du prince et les désirs du père,
      Avait heureusement mis au monde l’Infant
      Don Philippe — que Dieu conserve triomphant !
      Et l’Empereur joyeux le fêtait dans Tolède.
      Là, Pizarre, accouru pour implorer son aide,
      Conta ses longs travaux et, ployant le genou,
      Lui fit en bon sujet hommage du Pérou.
      Puis ayant présenté, non sans quelque vergogne
      D’offrir si peu, de l’or, des laines de vigogne
      Et deux lamas vivants avec un alpaca,
      Il exposa ses droits. Don Carlos remarqua

      Ces moutons singuliers et de nouvelle espèce
      Dont la taille était haute et la toison épaisse ;
      Même, il daigna peser entre ses doigts royaux,
      Fort gracieusement, la lourdeur des joyaux ;
      Mais quand il dut traiter l’objet de la demande,
      Il répondit avec sa rudesse flamande :
      Qu’il trouvait, à son gré, que le vaillant Marquis
      Don Hernando Cortès avait assez conquis
      En subjuguant le vaste empire des Aztèques ;
      Et que lui-même ainsi que les saints Archevêques
      Et le Conseil étaient fermement résolus
      À ne rien entreprendre et ne protéger plus,
      Dans ses possessions des mers occidentales,
      Ceux qui s’entêteraient à ces courses fatales
      Où s’abîma jadis Diego de Nicuessa.
      Mais, à ce dernier mot, Pizarre se dressa
      Et lui dit : Que c’était chose qui scandalise
      Que d’ainsi rejeter du giron de l’Église,
      Pour quelques onces d’or, autant d’infortunés,
      Qui, dans l’idolâtrie et l’ignorance nés,
      Ne demandaient, voués au céleste anathème,
      Qu’à laver leurs péchés dans l’eau du saint baptême.
      Ensuite il lui peignit en termes éloquents
      La Cordillère énorme avec ses vieux volcans
      D’où le feu souverain, qui fait trembler la terre
      Et fondre le métal au creuset du cratère,
      Précipite le flux brûlant des laves d’or

      Que garde l’oiseau Rock qu’ils ont nommé condor.
      Il lui dit la nature enrichissant la fable ;
      D’innombrables torrents qui roulent dans leur sable
      Des pierres d’émeraude en guise de galets ;
      La chicha fermentant aux celliers des palais
      Dans des vases d’or pur pareils aux vastes jarres
      Où l’on conserve l’huile au fond des Alpujarres ;
      Les temples du Soleil couvrant tout le pays,
      Revêtus d’or, bordés de leurs champs de maïs
      Dont les épis sont d’or aussi bien que la tige
      Et que broutent, miracle à donner le vertige
      Et fait pour rendre même un Empereur pensif,
      Des moutons d’or avec leurs bergers d’or massif.

      Ce discours étonna Don Carlos, et l’Altesse,
      Daignant enfin peser avec la petitesse
      Des secours implorés l’honneur du résultat,
      Voulut que sans tarder Don François répétât,
      Par-devant Nosseigneurs du Grand Conseil, ses offres
      De dilater l’Église et de remplir les coffres.
      Après quoi, lui passant l’habit de chevalier
      De Saint-Jacque, il lui mit au cou son bon collier.
      Et Pizarre jura sur les saintes reliques
      Qu’il resterait fidèle aux rois Très-Catholiques,
      Et qu’il demeurerait le plus ferme soutien
      De l’Église Romaine et du beau nom chrétien.
      Puis l’Empereur dicta les augustes cédules

      Qui faisaient assavoir, même aux plus incrédules,
      Que, sauf les droits anciens des hoirs de l’Amiral,
      Don François Pizarro, lieutenant général
      De Son Altesse, était sans conteste et sans terme
      Seigneur de tous pays, îles et terre ferme,
      Qu’il avait découverts ou qu’il découvrirait.
      La minute étant lue et quand l’acte fut prêt
      À recevoir les seings au bas des protocoles,
      Pizarre, ayant jadis peu hanté les écoles,
      Car en Estremadure il gardait les pourceaux,
      Sur le vélin royal d’où pendaient les grands sceaux
      Fit sa croix, déclarant ne savoir pas écrire,
      Mais d’un ton si hautain que nul ne put en rire.
      Enfin, sur un carreau brodé, le bâton d’or
      Qui distingue l’Alcade et l’Alguazil Mayor
      Lui fut remis par Juan de Fonseca. La chose
      Ainsi dûment réglée et sa patente close,
      L’Adelantade, avant de reprendre la mer,
      Et bien qu’il n’en gardât qu’un souvenir amer,
      Visita ses parents dans Truxillo, leur ville,
      Puis, joyeux, s’embarqua du havre de Séville
      Avec les trois vaisseaux qu’il avait nolisés.
      Il reconnut Gomère, et les vents alizés,
      Gonflant d’un souffle frais leur voilure plus ronde,
      Entraînèrent ses nefs sur la route du monde
      Qui fit l’Espagne grande et Colomb immortel.
      IV

      Or donc, un mois plus tard, au pied du maître-autel,
      Dans Panama, le jour du noble Évangéliste
      Saint Jean, fray Juan Vargas lut au prône la liste
      De tous ceux qui montaient la nouvelle Armada
      Sous Don François Pizarre, et les recommanda.
      Puis, les deux chefs ayant entre eux rompu l’hostie,
      Voici de quelle sorte on fit la départie.

      Lorsque l’Adelantade eut de tous pris congé,
      Ce jour même, après vêpre, en tête du clergé,
      L’Évêque ayant béni l’armée avec la flotte,
      Don Bartolomé Ruiz, comme royal pilote,
      En pompeux apparat, tout vêtu de brocart,

      Le porte-voix au poing, montant au banc de quart,
      Commanda de rentrer l’ancre en la capitane
      Et de mettre la barre au vent de tramontane.
      Alors, parmi les pleurs, les cris et les adieux,
      Les soldats inquiets et les marins joyeux,
      Debout sur les haubans ou montés sur les vergues
      D’où flottait un pavois de drapeaux et d’exergues,
      Quand le coup de canon de partance roula,
      Entonnèrent en chœur l’Ave maris stella ;
      Et les vaisseaux, penchant leurs mâts aux mille flammes,
      Plongèrent à la fois dans l’écume des lames.

      La mer étant fort belle et le nord des plus frais,
      Leur voyage fut prompt, et sans souffrir d’arrêts
      Ou pour cause d’aiguade ou pour raison d’escale,
      Courant allègrement par la mer tropicale,
      Pizarre saluait avec un mâle orgueil,
      Comme d’anciens amis, chaque anse et chaque écueil.
      Bientôt il vit, vainqueur des courants et des calmes,
      Monter à l’horizon les verts bouquets de palmes
      Qui signalent de loin le golfe, et débarquant,
      Aux portes de Tumbez il vint planter son camp.
      Là, s’abouchant avec les Caciques des villes,
      Il apprit que l’horreur des discordes civiles
      Avait ensanglanté l’Empire du Soleil ;
      Que l’orgueilleux bâtard Atahuallpa, pareil
      À la foudre, rasant villes et territoires,

      Avait conquis, après de rapides victoires,
      Cuzco, nombril du monde, où les Rois, ses aïeux,
      Dieux eux-mêmes, siégeaient parmi les anciens Dieux,
      Et qu’il avait courbé sous le joug de l’épée
      La terre de Manco sur son frère usurpée.

      Aussitôt, s’éloignant de la côte à grands pas,
      À travers le désert sablonneux des pampas,
      Tout joyeux de mener au but ses vieilles bandes,
      Pizarre commença d’escalader les Andes.

      De plateaux en plateaux, de talus en talus,
      De l’aube au soir allant jusqu’à n’en pouvoir plus,
      Ils montaient, assaillis de funèbres présages.
      Rien n’animait l’ennui des mornes paysages.
      Seul, parfois, ils voyaient miroiter au lointain
      Dans sa vasque de pierre un lac couleur d’étain.
      Sous un ciel tour à tour glacial et torride,
      Harassés et tirant leurs chevaux par la bride,
      Ils plongeaient aux ravins ou grimpaient aux sommets ;
      La montagne semblait prolonger à jamais,
      Comme pour épuiser leur marche errante et lasse,
      Ses gorges de granit et ses crêtes de glace.
      Une étrange terreur planait sur la sierra
      Et plus d’un vieux routier dont le cœur se serra
      Pour la première fois y connut l’épouvante.
      La terre sous leurs pas, convulsive et mouvante,

      Avec un sourd fracas se fendait, et le vent,
      Au milieu des éclats de foudre, soulevant
      Des tourmentes de neige et des trombes de grêles,
      Se lamentait avec des voix surnaturelles.
      Et roidis, aveuglés, éperdus, les soldats,
      Cramponnés aux rebords à pic des quebradas,
      Sentaient sous leurs pieds lourds fuir le chemin qui glisse.
      Sur leurs fronts la montagne était abrupte et lisse,
      Et plus bas, ils voyaient, dans leurs lits trop étroits,
      Rebondissant le long des bruyantes parois,
      Aux pointes des rochers qu’un rouge éclair allume,
      Se briser les torrents en poussière d’écume.
      Le vertige, plus haut, les gagna. Leurs poumons
      Saignaient en aspirant l’air trop subtil des monts,
      Et le froid de la nuit gelait la triste troupe.
      Tandis que les chevaux, tournant en rond leur croupe,
      L’un sur l’autre appuyés, broutaient un chaume ras,
      Les soldats, violant les tombeaux Aymaras,
      En arrachaient les morts cousus dans leurs suaires
      Et faisaient de grands feux avec ces ossuaires.

      Pizarre seul n’était pas même fatigué.
      Après avoir passé vingt rivières à gué,
      Traversé des pays sans hameaux ni peuplade,
      Souffert le froid, la faim, et tenté l’escalade
      Des monts les plus affreux que l’homme ait mesurés,
      D’un regard, d’une voix et d’un geste assurés,

      Au cœur des moins hardis il soufflait son courage ;
      Car il voyait, terrible et somptueux mirage,
      Au feu de son désir briller Caxamarca.

      Enfin, cinq mois après le jour qu’il débarqua,
      Les pics de la sierra lui tenant lieu de phare,
      Il entra, les clairons sonnant tous leur fanfare,
      À grand bruit de tambours et la bannière au vent,
      Sur les derniers plateaux, et poussant en avant,
      Sans laisser aux soldats le temps de prendre haleine,
      En hâte, il dévala le chemin de la plaine.
      V

      Au nombre de cent six marchaient les gens de pied.
      L’histoire a dédaigné ces braves, mais il sied
      De nommer par leur nom, qu’il soit noble ou vulgaire,
      Tous ceux qui furent chefs en cette illustre guerre
      Et de dire la race et le poil des chevaux,
      Ne pouvant, au récit de leurs communs travaux,
      Ranger en même lieu que des bêtes de somme
      Ces vaillants serviteurs de tout bon gentilhomme.

      Voici. Soixante et deux cavaliers hidalgos
      Chevauchent, par le sang et la bravoure égaux,
      Autour des plis d’azur de la royale enseigne
      Où près du château d’or le pal de gueules saigne

      Et que brandit, suivant le chroniqueur Xerez,
      Le fougueux Gabriel de Rojas, l’alferez,
      Dont le pourpoint de cuir bordé de cannetilles
      Est gaufré du royal écu des deux Castilles,
      Et qui porte à sa toque en velours d’Aragon
      Un saint Michel d’argent terrassant le dragon.
      Sa main ferme retient ce fameux cheval pie
      Qui s’illustra depuis sous Carbajal l’Impie ;
      Cet andalou de race arabe, et mal dompté,
      Qui mâche en se cabrant son mors ensanglanté
      Et de son dur sabot fait jaillir l’étincelle,
      Peut dépasser, ayant son cavalier en selle,
      Le trait le plus vibrant que saurait décocher
      Du nerf le mieux tendu le plus vaillant archer.

      À l’entour de l’enseigne en bon ordre se groupe,
      Poudroyant au soleil, tout le gros de la troupe :
      C’est Juan de la Torre ; Cristobal Peralta,
      Dont la devise est fière : Ad summum per alta ;
      Le borgne Domingo de Serra-Luce ; Alonze
      De Molina, très brun sous son casque de bronze ;
      Et François de Cuellar, gentilhomme andalous,
      Qui chassait les Indiens comme on force des loups ;
      Et Mena qui, parmi les seigneurs de Valence,
      Était en haut renom pour manier la lance.
      Ils s’alignent, réglant le pas de leurs chevaux
      D’après le train suivi par leurs deux chefs rivaux,

      Del Barco qui, fameux chercheur de terres neuves,
      Avec Orellana descendit les grands fleuves,
      Et Juan de Salcedo qui, fils d’un noble sang,
      Quoique sans barbe encor, galope au premier rang.
      Sur un bravo étalon cap de more qui fume
      Et piaffe, en secouant son frein blanchi d’écume.

      Derrière, tout marris de marcher sur leurs pieds,
      Viennent les démontés et les estropiés.
      Juan Forès pique en vain d’un carreau d’arbalète
      Un vieux rouan fourbu qui bronche et qui halète ;
      Ribera l’accompagne, et laisse à l’abandon
      Errer distraitement la bride et le bridon
      Au col de son bai brun qui boite d’un air morne,
      S’étant, faute de fers, usé toute la corne.
      Avec ces pauvres gens marche don Pèdre Alcon,
      Lequel en son écu porte d’or au faucon
      De sable, grilleté, chaperonné de gueules ;
      Ce vieux seigneur jadis avait tourné les meules
      Dans Grenade, du temps qu’il était prisonnier
      Des mécréants. Ce fut un bon pertuisanier.

      Ainsi bien escortés, à l’amble de leurs deux mules
      Fort pacifiquement s’en vont les deux émules :
      Requelme, le premier, comme bon Contador,
      Reste silencieux, car le silence est d’or ;

      Quant au licencié Gil Tellez, le Notaire,
      Il dresse en son esprit le futur inventaire,
      Tout prêt à prélever, au taux juste et légal,
      La part des Cavaliers après le Quint Royal.

      Or, quelques fourrageurs restés sur les derrières,
      Pour rejoindre leurs rangs, malgré les fondrières,
      À leurs chevaux lancés ayant rendu la main,
      Et bravant le vertige et brûlant le chemin,
      Par la montagne à pic descendaient ventre à terre.
      Leur galop furieux fait un bruit de tonnerre.
      Les voici : bride aux dents, le sang aux éperons,
      Dans la foule effarée, au milieu des jurons,
      Du tumulte, des cris, des appels à l’Alcade,
      Ils débouchent. Le chef de cette cavalcade,
      Qui, d’aspect arrogant et vêtu de brocart,
      Tandis que son cheval fait un terrible écart,
      Salue Alvar de Paz qui devant lui se range,
      En balayant la terre avec sa plume orange,
      N’est autre que Fernan, l’aîné, le plus hautain
      Des Pizarre, suivi de Juan, et de Martin
      Qu’on dit d’Alcantara, leur frère par le ventre.
      Briceño qui, depuis, se fit clerc et fut chantre
      À Lima, n’étant pas très habile écuyer,
      Dans cette course folle a perdu l’étrier,
      Et, voyant ses amis déjà loin, se dépêche
      Et pique sa jument couleur de fleur de pêche.

      Le brave Antonio galope à son côté ;
      Il porte avec orgueil sa noble pauvreté,
      Car, s’il a pour tout bien l’épée et la rondache,
      Son cimier héraldique est ceint des feuilles d’ache
      Qui couronnent l’écu des ducs de Carrion.

      Ils passent, soulevant un poudreux tourbillon.

      À leurs cris, un seigneur, de ceux de l’avant-garde,
      S’arrête, et, retournant son cheval, les regarde.
      Il monte un genet blanc dont le caparaçon
      Est rouge, et pour mieux voir se penche sur l’arçon.
      C’est le futur vainqueur de Popayan. Sa taille
      Est faite pour vêtir le harnois de bataille.
      Beau comme un Galaor et fier comme un César,
      Il marche en tête, ayant pour nom Benalcazar.
      Près d’Oreste voici venir le bon Pylade :
      Très basané, le chef coiffé de la salade,
      Il rêve, enveloppé dans son large manteau ;
      C’est le vaillant soldat Hernando de Soto
      Qui, rude explorateur de la zone torride,
      Découvrira plus tard l’éclatante Floride
      Et le père des eaux, le vieux Meschacébé.
      Cet autre qui, casqué d’un morion bombé,
      Boucle au cuir du jambard la lourde pertuisane
      En flattant de la voix sa jument alezane,
      C’est l’aventurier grec Pedro de Candia,

      Lequel ayant brûlé dix villes, dédia,
      Pour expier ces feux, dix lampes à la Vierge.
      Il regarde, au sommet dangereux de la berge,
      Caracoler l’ardent Gonzalo Pizarro,
      Qui depuis, à Lima, par la main du bourreau,
      Ainsi que Carbajal, eut la tête branchée
      Sur le gibet, après qu’elle eut été tranchée
      Aux yeux des Cavaliers qui, séduits par son nom,
      Dans Cuzco révolté haussèrent son pennon.
      Mais lui, bien qu’à son roi déloyal et rebelle,
      Étant bon hidalgo, fit une mort très belle.

      À quelques pas, l’épée et le rosaire au flanc,
      Portant sur les longs plis de son vêtement blanc
      Un scapulaire noir par-dessus le cilice
      Dont il meurtrit sa chair et dompte sa malice,
      Chevauche saintement l’ennemi des faux dieux,
      Le très savant et très miséricordieux
      Moine dominicain fray Vincent de Valverde
      Qui, tremblant qu’à jamais leur âme ne se perde
      Et pour l’éternité ne brûle dans l’Enfer,
      Fit périr des milliers de païens par le fer
      Et les auto-da-fés et la hache et la corde,
      Confiant que Jésus, en sa miséricorde,
      Doux rémunérateur de son pieux dessein,
      Recevrait ces martyrs ignorants dans son sein.

      Enfin, les précédant de dix longueurs de vare,
      Et le premier de tous, marche François Pizarre.

      Sa cape, dont le vent a dérangé les plis,
      Laisse entrevoir la cotte et les brassards polis ;
      Car, seul parmi ces gens, pourtant de forte race,
      Qui tous avaient quitté l’acier pour la cuirasse
      De coton, il gardait, sous l’ardeur du Cancer,
      Sans en paraître las, son vêtement de fer.

      Son barbe cordouan, rétif, faisait des voltes
      Et hennissait ; et lui, châtiant ces révoltes,
      Laissait parfois sonner contre ses flancs trop prompts
      Les molettes d’argent de ses lourds éperons,
      Mais sans plus s’émouvoir qu’un cavalier de pierre,
      Immobile, et dardant de sa sombre paupière
      L’insoutenable éclat de ses yeux de gerfaut.

      Son cœur aussi portait l’armure sans défaut
      Qui sied aux conquérants, et, simple capitaine,
      Il caressait déjà dans son âme hautaine
      L’espoir vertigineux de faire, tôt ou tard,
      Un manteau d’Empereur des langes du bâtard.
      VI

      Ainsi précipitant leur rapide descente
      Par cette route étroite, encaissée et glissante,
      Depuis longtemps, suivant leur chef, et, sans broncher,
      Faisant rouler sous eux le sable et le rocher,
      Les hardis cavaliers couraient dans les ténèbres
      Des défilés en pente et des gorges funèbres
      Qu’éclairait par en haut un jour terne et douteux ;
      Lorsque, subitement, s’effondrant devant eux,
      La montagne s’ouvrit sur le ciel comme une arche
      Gigantesque, et, surpris au milieu de leur marche
      Et comme s’ils sortaient d’une noire prison,
      Dans leurs yeux aveuglés l’espace, l’horizon,

      L’immensité du vide et la grandeur du gouffre
      Se mêlèrent, abîme éblouissant. Le soufre,
      L’eau bouillante, la lave et les feux souterrains,
      Soulevant son échine et crevassant ses reins,
      Avaient ouvert, après des siècles de bataille,
      Au flanc du mont obscur cette splendide entaille.

      Et, la terre manquant sous eux, les Conquérants
      Sur la corniche étroite ayant serré leurs rangs,
      Chevaux et cavaliers brusquement firent halte.

      Les Andes étageaient leurs gradins de basalte,
      De porphyre, de grès, d’ardoise et de granit,
      Jusqu’à l’ultime assise où le roc qui finit
      Sous le linceul neigeux n’apparaît que par place.
      Plus haut, l’âpre forêt des aiguilles de glace
      Fait vibrer le ciel bleu par son scintillement ;
      On dirait d’un terrible et clair fourmillement
      De guerriers cuirassés d’argent, vêtus d’hermine,
      Qui campent aux confins du monde, et que domine
      De loin en loin, colosse incandescent et noir,
      Un volcan qui, dressé dans la splendeur du soir,
      Hausse, porte-étendard de l’hivernal cortège,
      Sa bannière de feu sur un peuple de neige.

      Mais tous fixaient leurs yeux sur les premiers gradins
      Où, près des cours d’eau chaude, au milieu des jardins,
      Ils avaient vu, dans l’or du couchant éclatantes,
      Blanchir à l’infini, les innombrables tentes
      De l’Inca, dont le vent enflait les pavillons ;
      Et de la solfatare en de tels tourbillons
      Montaient confusément d’épaisses fumerolles,
      Que dans cette vapeur, couverts de banderoles,
      La plaine, les coteaux et le premier versant
      De la montagne avaient un aspect très puissant.

      Et tous les Conquérants, dans un morne silence,
      Sur le col des chevaux laissant pendre la lance,
      Ayant considéré mélancoliquement
      Et le peu qu’ils étaient et ce grand armement,
      Pâlirent. Mais Pizarre, arrachant la bannière
      Des mains de Gabriel Rojas, d’une voix fière :
      Pour Don Carlos, mon maître, et dans son Nom Royal,
      Moi, François Pizarro, son serviteur loyal,
      En la forme requise et par-devant Notaire,
      Je prends possession de toute cette terre ;
      Et je prétends de plus que si quelque rival
      Osait y contredire, à pied comme à cheval,
      Je maintiendrai mon droit et laverai l’injure ;
      Et par mon saint patron, Don François, je le jure ! —

      Et ce disant, d’un bras furieux, dans le sol
      Qui frémit, il planta l’étendard espagnol
      Dont le vent des hauteurs qui soufflait par rafales
      Tordit superbement les franges triomphales.

      Cependant les soldats restaient silencieux,
      Éblouis par la pompe imposante des cieux.

      Car derrière eux, vers l’ouest, où sans fin se déroule
      Sur des sables lointains la Pacifique houle,
      En une brume d’or et de pourpre, linceul
      Rougi du sang d’un Dieu, sombrait l’antique Aïeul
      De Celui qui régnait sur ces tentes sans nombre.
      En face, la sierra se dressait haute et sombre.
      Mais quand l’astre royal dans les flots se noya,
      D’un seul coup, la montagne entière flamboya
      De la base au sommet, et les ombres des Andes,
      Gagnant Caxamarca, s’allongèrent plus grandes.
      Et tandis que la nuit, rasant d’abord le sol,
      De gradins en gradins haussait son large vol,
      La mourante clarté, fuyant de cime en cime,
      Fit resplendir enfin la crête plus sublime ;
      Mais l’ombre couvrit tout de son aile. Et voilà
      Que le dernier sommet des pics étincela,

      Puis s’éteignit.

      Alors, formidable, enflammée
      D’un haut pressentiment, tout entière, l’armée,
      Brandissant ses drapeaux sur l’occident vermeil,
      Salua d’un grand cri la chute du Soleil.

      https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Conqu%C3%A9rants_de_l%E2%80%99Or

    • Question @simplicissimus
      En cherchant l’ideogramme chinois pour l’or, j’ai trouvé un symbole de « triple or »

      https://fr.wiktionary.org/wiki/%E9%91%AB
      mais il n’y a pas de traduction ni définition pour ce signe. Gogol translate traduit par Xin et Xin veut dire nouveau, mais j’ai un doute.
      Est-ce que tu sait si un triple or fait un nouveau mot qui n’a pas de rapport direct à l’or ou est ce que ca veux dire qu’il y a trois fois plus d’or dans cet or ?

    • Merci @mad_meg de ta grande confiance en mes capacités ! et, surtout, merci de mobiliser ma curiosité qui ne demande que cela…

      Je ne suis pas sinisant, mais un peu de recherche en partant de ton idéogramme me donne des éléments de réponse. Apparemment, différents idéogrammes retranscrivent le même son, transcrit xīn (et parfois jīn, avec la même prononciation…, le trait horizontal, dont le nom typographique est un #macron est la marque du premier ton (haut et long dixit WP https://fr.wikipedia.org/wiki/Macron_(diacritique)#Transcription_du_chinois )

      cf. gg:translate (à l’écoute du robot qui prononce ces trois idéogrammes, je ne perçois pas vraiment de différence)
      https://translate.google.fr/#zh-CN/fr/金%0A鑫%0A新

      D’après Chine nouvelle et son dictionnaire (Xinhua, justement l’un des xin, comme pour Xin Jiang (ex-Sinkiang dans les transcriptions françaises anciennes)

      • 金 : or

      • 鑫 : ton « triple or », signifiant prospère (et pas d’autre info, si ce n’est que ce caractère est très utilisé pour les noms de commerce…)

      • 新 : nouveau

      Au passage, je trouve les articles de Chine nouvelle particulièrement bien faits… et tu peux apprendre à l’écrire (semble-t-il çar le lien demande une connexion à son compte gmail…)

      https://www.chine-nouvelle.com/outils/dictionnaire.html

    • De mon point de vue, un incontournable : L’Or de Blaise Cendrars

      L’Or (roman) — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Or_(roman)

      L’Or (sous-titré La Merveilleuse Histoire du général Johann August Suter) est un roman de Blaise Cendrars paru chez Grasset en 1925. C’est le premier roman publié par son auteur, connu jusqu’alors pour ses poèmes (Les Pâques à New York, la Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France) et ses collaborations avec les peintres dans les milieux d’avant-garde.

    • Merci @simplicissimus j’étais sur que tu saurais résoudre cette énigme du « triple or » j’avais vu en effet beaucoup de logos commerciaux avec ce signe. Pour L’Or de Cendras je l’avais lu dans ma jeunesse mais je m’en souviens pas très bien, je vais voir si je te retrouve dans mes livres pour m’y replongé car c’est le moment de m’y mettre vu ma thématique actuelle.
      Et merci aussi pour le lien vers les mines sauvages des indiens du venezuela. Je vais regarder ca de près, ainsi que ce macron que j’ai pas bien compris ce que c’est ^^

    • Sinon sur l’or ca me fait toujours pensé à ce passage du deuxième chant de Maldoror - je pense pas l’utilisé mais j’en profite pour le collé ici

      Un jour, donc, fatigué de talonner du pied le sentier abrupte du voyage terrestre, et de m’en aller, en chancelant comme un homme ivre, à travers les catacombes obscures de la vie, je soulevai avec lenteur mes yeux spleenétiques, cernés d’un grand cercle bleuâtre, vers la concavité du firmament, et j’osai pénétrer, moi, si jeune, les mystères du ciel ! Ne trouvant pas ce que je cherchais, je soulevai la paupière effarée plus haut, plus haut encore, jusqu’à ce que j’aperçusse un trône, formé d’excréments humains et d’or, sur lequel trônait, avec un orgueil idiot, le corps recouvert d’un linceul fait avec des draps non lavés d’hôpital, celui qui s’intitule lui-même le Créateur ! Il tenait à la main le tronc pourri d’un homme mort, et le portait, alternativement, des yeux au nez et du nez à la bouche ; une fois à la bouche, on devine ce qu’il en faisait. Ses pieds plongeaient dans une vaste mare de sang en ébullition, à la surface duquel s’élevaient tout à coup, comme des ténias à travers le contenu d’un pot de chambre, deux ou trois têtes prudentes, et qui s’abaissaient aussitôt, avec la rapidité de la flèche : un coup de pied, bien appliqué sur l’os du nez, était la récompense connue de la révolte au règlement, occasionnée par le besoin de respirer un autre milieu ; car, enfin, ces hommes n’étaient pas des poissons ! Amphibies tout au plus, ils nageaient entre deux eaux dans ce liquide immonde !… jusqu’à ce que, n’ayant plus rien dans la main, le Créateur, avec les deux premières griffes du pied, saisît un autre plongeur par le cou, comme dans une tenaille, et le soulevât en l’air, en dehors de la vase rougeâtre, sauce exquise ! Pour celui-là, il faisait comme pour l’autre. Il lui dévorait d’abord la tête, les jambes et les bras, et en dernier lieu le tronc, jusqu’à ce qu’il ne restât plus rien ; car, il croquait les os. Ainsi de suite, durant les autres heures de son éternité. Quelquefois il s’écriait : « Je vous ai créés ; donc j’ai le droit de faire de vous ce que je veux. Vous ne m’avez rien fait, je ne dis pas le contraire. Je vous fais souffrir, et c’est pour mon plaisir. » Et il reprenait son repas cruel, en remuant sa mâchoire inférieure, laquelle remuait sa barbe pleine de cervelle.

      https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Chants_de_Maldoror/Chant_II

    • Encore une question pour @simplicissimus ou toute personne qui aurais des infos là dessus.
      Dans un interview sur la chaine Thinkerview mais je ne sais plus laquelle, le mec qui fait les entretiens dit que la Chine constituerait un stock d’or de manière à pouvoir étaloné le yuan sur l’or et prendre ainsi le dessus sur le dollar et faire du yuan la nouvelle monnaie de référence. J’en sais pas plus, mais si quelqu’un·e à des infos là dessus, ou sur cette rumeur, je suis prenneuse.
      Merci

      sur gogol j’ai trouver quelques infos de 2017 mais je sais pas ce que ca vaut
      https://www.loretlargent.info/crise/la-chine-adossera-le-yuan-%E5%85%83-a-l%E2%80%99or/7762
      https://www.businessbourse.com/2017/12/13/letalon-or-russo-chinois-signifie-fin-de-domination-dollar-americain
      https://medium.com/@Pierre_Paperon/alibaba-et-un-standard-mon%C3%A9taire-le-yuan-or-419b578c58d7
      https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-baquiast/blog/170917/le-brics-prepare-la-mise-en-place-dun-nouvel-etalon-or

    • Une histoire de la ruée vers l’or, en Californie, à partir de 1848
      https://www.youtube.com/watch?v=XKxVyBo9jek

      Effondrement minier survenu sur la mine d’Elura située à 600 km à l’ouest-nord-ouest de Sydney, qui exploitait un gisement découvert dans les années 1970. Les mineurs y extrayaient de l’or, de l’argent, de l’ilménite, du leucoxène (altération de l’ilménite1), du zircon, du cuivre, du zinc et du plomb. L’effondrement s’est heureusement produit peu après le retrait des mineurs (et du matériel de chantier).

    • Dans l’Aude, la vallée de l’Orbiel minée par une pollution à l’arsenic
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/05/dans-l-aude-la-vallee-de-l-orbiel-minee-par-une-pollution-a-l-arsenic_539270
      #paywall je vais voire si il y a d’autres sources sur ce sujet.

      https://www.lindependant.fr/2018/11/14/pollution-a-larsenic-dans-lorbiel-suite-aux-intemperies-trois-associati
      –—

      https://www.lindependant.fr/2014/08/02/cet-arsenic-qui-empoisonne-la-vie-de-la-vallee-de-l-orbiel,1914128.php

      La préfecture a reconduit le 8 juillet un arrêté de 1997 interdisant la mise sur le marché des légumes-feuilles, légumes-racines, de thym ou d’escargots issus de huit communes.

      Le triste rituel est reconduit, chaque année, à de rares exceptions près, depuis 1997. Le 8 juillet, le préfet de l’Aude Louis Le Franc a, comme ses prédécesseurs, signé l’arrêté « portant suspension de la mise sur le marché des légumes feuilles, des légumes racines, des poireaux cultivés, du thym et des escargots ramassés dans la vallée de l’Orbiel, de ses environs et du site industriel de Salsigne ».

      C’est, comme pour les arrêtés des années passées, à de multiples analyses effectuées de 1997 à 2007 sur les végétaux que se réfère la préfecture. Arsenic, plomb, cadmium, mercure, voilà les éléments dont des « concentrations supérieures aux teneurs au-delà desquelles la sécurité des populations ne peut être garantie » ont été détectées.

      De quoi justifier ces suspensions de mise sur le marché des carottes, navets, choux, épinards, salades, mâche, blette, céleris branches et autres poireaux « cultivés sur des parcelles inondables, irriguées ou arrosées par des eaux en provenance de l’Orbiel et de ses affluents » : Villanière, Villardonnel, Conques-sur-Orbiel, Salsigne, Lastours et Villalier sont visées. Même mesure, donc, pour le thym et les escargots, avec une liste de villages concernés à laquelle viennent se rajouter Fournes-Cabardès et Limousis.

      –-----
      La mine d’or de Salsigne est un des sites les plus pollué en France.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_d%27or_de_Salsigne

    • Un bouquin sur le sujet signalé par @vanderling ;
      Ni or ni maître. Montagne d’or et consorts


      https://seenthis.net/messages/828122

      –—
      Au fait j’ai fait ce dessin il y a un bon moment mais il n’a pas encore été exposé et j’ai pas encore fait l’appli.
      J’ai pour le moment seulement un aperçu.

    • Merci @vanderling :)
      il fait 140x220cm
      –---

      RÉVÉLATIONS - FRANÇAFRIQUE : PARFUM DE CORRUPTION EN GUINÉE

      https://www.youtube.com/watch?v=j_whCfWEOds

      Un projet français capable de séduire des pontes du CAC 40 pour exploiter une mine de bauxite en Guinée tourne au vinaigre : entre paradis fiscaux et corruption, dictature tropicale et néocolonialisme, récit d’un incroyable scandale, au cœur d’une Françafrique qui ne veut pas mourir.

      L’enquête de Thomas Dietrich : https://www.lemediatv.fr/articles/enquetes/revelations-francafrique-parfum-de-corruption-en-guinee-KYxpRbuCQLyo39-sS5

  • Val-de-Ruz mettra fin à son éclairage public dès l’année prochaine ats/ther - 6 Novembre 2018 - RTS

    Le Conseil général de Val-de-Ruz (NE) a décidé lundi soir l’extinction de son éclairage public. Avec ses 15 villages et ses quelque 17’000 habitants, la vallée devient la plus grande commune de Suisse à éteindre ses lampadaires.
    Le législatif a accepté d’éteindre son éclairage public de minuit à 4h45, à l’exception des passages pour piétons, dès la fin de l’année prochaine.

    L’expérience concluante menée dans des localités de la commune, soit au Pâquier et à Fontaines, a poussé le Conseil communal à l’étendre à l’ensemble du territoire.


    Recommandation déposée au Grand Conseil
    Pour l’Agence suisse pour la protection de l’environnement nocturne (Lamper), la seule « ombre au tableau » est l’exigence du Service cantonal des ponts et chaussées qui demande à la commune de maintenir allumés ses passages pour piétons, ce qui représente environ 10% des candélabres.

    Lamper reproche au canton d’imposer « sans aucune base légale » des mesures aux communes.

    « Une recommandation a été déposée au Grand Conseil demandant au Conseil d’Etat de revoir sa position », explique Laurent Debrot, secrétaire général de Lamper et député vert.

    Un « faux sentiment de sécurité »
    Dans son explication à destination des communes neuchâteloises, Lamper explique que plus de 12’000 communes françaises pratiquent déjà l’extinction, dont des villes de plus de 60’000 habitants comme Mérignac.

    Ces dernières ont constaté une réduction du tapage nocturne, des incivilités et de la petite délinquance.

    Selon Lamper, « l’éclairage ne saurait garantir à lui seul la sécurité des piétons et des cyclistes. Au contraire, il pourrait même donner un faux sentiment de sécurité pouvant occasionner des comportements téméraires ».

    #éclairage #énergie #environnement ##délinquance #incivilités #sécurité #piétons #cyclistes

  • Genève | La motion “Pour une application digne et humaine de la politique d’asile” acceptée par le Grand Conseil
    https://asile.ch/2018/10/15/geneve-la-motion-pour-une-application-digne-et-humaine-de-la-politique-dasile-

    La motion “Pour une application digne et humaine de la politique d’asile” (Motion 2345A), déposée en septembre 2016, a été acceptée vendredi 12 octobre 2018 par une majorité du Grand Conseil genevois. La motion appelle les autorités à renoncer à l’exécution de renvois Dublin si cela implique la séparation des membres d’une famille et dénonce […]

  • A l’école genevoise, le #Kosovo n’existe pas

    Les cartes géographiques murales dans les classes font du Kosovo une province serbe. Elles ont été achetées à l’entreprise Michelin, en France. Le Département de l’instruction publique reconnaît une erreur.

    « Madame, il est où le Kosovo sur la carte ? » demande un élève. Réponse hypothétique de l’enseignant : « En #Serbie, Toto. » C’est la blague de la rentrée scolaire genevoise, qui fera sans doute davantage grimacer que sourire. Mais elle est vraisemblable. En effet, sur les cartes murales du monde et de l’Europe des classes des degrés primaire et secondaire dont le Département de l’instruction publique (DIP) a fait l’acquisition, le Kosovo n’existe pas. Il n’est qu’une province serbe, alors que son indépendance a été reconnue. Diable, il va falloir que les professeurs se montrent fins diplomates.

    Comment cette bourde a-t-elle été rendue possible, dans un canton où la communauté kosovare est très présente ? « L’absence des frontières politiques du Kosovo n’a pas été remarquée par les acheteurs sur le moment, répond Pierre-Antoine Preti, porte-parole du DIP. Il n’y a aucune volonté délibérée de la part du DIP, qui va désormais s’employer à corriger cette erreur. » Comment ? Dans un premier temps, la commande 2018-2019 sera renvoyée à l’expéditeur. Les commandes suivantes seront conformes aux frontières politiques européennes, assure le département.
    Exigence de cartes plastifiées résistantes

    Chaque année, Genève procède au réassort des cartes murales donnant des signes de fatigue. Le canton vient de faire l’acquisition de 73 exemplaires. La Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) a passé commande au français Michelin, manifestement pas à la page puisque l’Hexagone, comme la Suisse, a reconnu le Kosovo en 2008, peu après sa déclaration d’indépendance unilatérale.

    Genève aurait été mieux inspiré en achetant local. En Suisse, le numéro un des éditeurs touristiques est Hallwag Kümmerly+Frey et ses cartes sont à jour. Le DIP n’ignorait pas ce fournisseur lorsqu’il a procédé au choix, l’acquisition étant passée par la centrale commune d’achat du Département des finances, qui veille à l’application des règles usuelles des marchés publics.

    Mais la DGEO avait sur le produit des idées bien arrêtées. Elle souhaitait des cartes plastifiées plus résistantes à l’usage scolaire, une exigence formulée avec le soutien d’experts pédagogiques dans le domaine de la géographie. Dommage qu’attachés à ces considérations techniques, ils en aient oublié le fond. Et comme le concurrent suisse de Michelin ne proposait pas cette plastification dans le format désiré, c’est l’entreprise française qui l’a emporté.
    « La communauté kosovare mérite toute notre considération »

    Au grand dam aujourd’hui de la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta, qui regrette l’absence des frontières nationales du Kosovo sur ces documents : « La communauté kosovare présente sur notre territoire mérite toute notre considération. La Suisse fut l’un des premiers pays à reconnaître ses frontières nationales. »

    Du côté des politiques, on reste pantois devant la gaffe : « C’est grave, car on constate qu’on a mis l’accent sur l’emballage, et pas sur le contenu, réagit Jean Romain, député PLR au Grand Conseil. Enseigner, c’est d’abord transmettre des connaissances, les plus justes possible. » François Lefort, député vert au parlement : « Le DIP devient un habitué des bourdes. Soit par ignorance, soit par manque d’intérêt. C’est regrettable. »

    Pour un enseignant du primaire, cette affaire est dommageable : « C’est blessant pour les élèves kosovars, et cela pourrait créer des remous même au sein des familles. A nous de saisir l’occasion de faire un peu de géopolitique pour expliquer les choses. » Francesca Marchesini, présidente du Syndicat des enseignants du primaire (SPG), salue la volonté du DIP de corriger le tir. « Même si le problème n’a pas été soulevé par le corps enseignant avant ce réassort. » Les cartes actuellement dans les classes souffrent en effet de ce même manquement.
    « Au détriment aussi des entreprises suisses »

    Au Syndicat des enseignants du Cycle d’orientation (Famco), Julien Nicolet, membre du bureau, relève un autre choix problématique, selon lui : la renonciation à l’Atlas mondial suisse, publié par la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’Instruction publique, au profit d’un atlas des Editions De Boeck, en Belgique : « Les données statistiques sont anciennes, la cartographie est médiocre, certaines régions, comme la péninsule Ibérique, ne sont pas traitées, et les noms sont francisés à outrance. Ces économies de bouts de chandelle ne riment à rien. »

    Elles posent aussi une autre question : « L’obligation d’épargner se traduit par des économies de court terme. Dans les deux cas d’espèce, elles sont au détriment aussi des entreprises suisses. Comment dit-on se tirer une balle dans le pied en wallon ? » plaisante un enseignant.

    A Genève, les 3500 cartes géographiques suspendues dans les classes totalisent une valeur de 65 000 francs. Pas cher pour ce qu’elles procurent de rêves, mais cher pour y voir figurer des erreurs. Cela ne risque pas d’arriver dans le canton de Vaud, qui a rompu depuis des années avec la tradition en n’achetant plus de cartes murales du monde, leur préférant la projection. Demeure une seule carte en papier, celle du canton. Une valeur sûre qui évitera à Toto de chercher le Kosovo dans le Gros-de-Vaud.

    https://www.letemps.ch/suisse/lecole-genevoise-kosovo-nexiste
    #polémique #cartographie #école #éducation #Suisse

    cc @reka

    • La carte est fausse ? La leçon de géographie sera meilleure !

      Il est évidemment regrettable que le Kosovo ait été « oublié » sur les cartes scolaires genevoises comme le révèle le TEMPS. Les réactions contrites des protagonistes de la bourde sont justifiées. Mais l’épilogue de l’affaire (renvoi chez Michelin afin d’obtenir des cartes correctes) et les réactions outrées des politiciens en quête d’une « transmission des connaissances les plus justes possibles » mérite discussion.

      L’histoire de la cartographie – portée par des grandes figures comme Brian Harley et Mark Monmonier – nous apprend en effet qu’aucune carte n’est « vraie » ou « juste ». Les bonnes cartes, certes, tendent à être les plus fidèles possibles, mais toutes représentent un reflet du monde, des choix cartographiques et des rapports de pouvoirs. Comment les futures cartes « justes » qui seront livrées au DIP représenteront-elles la Palestine ? la Crimée ? Le Tibet ? Le Cachemire ? Les îles Kouriles ? Ceuta et Melilla ? Gibraltar ? Je serai curieux de le savoir !

      Il y a là une matière d’apprentissage bien plus nécessaire pour les élèves que la géographie traditionnelle de pays figés chacun dans une couleur et de capitales à mémoriser. Mon conseil aux enseignants de géographie genevois est donc de conserver précieusement leurs nouvelles cartes fausses et d’en faire la matière d’un cours sur la géographie changeante des Balkans – une région riche d’ailleurs d’une histoire cartographique particulièrement remarquable – sur le pouvoir des cartes et sur les rapports compliqués entre la réalité et sa représentation…

      Ce sera toujours plus intéressant que de contempler – comme les petits vaudois si l’on en croit l’article du TEMPS – le seul canton de Vaud…

      Harley, B. J. 1988. Maps, Knowledge and Power. In The Iconography of Landscape, eds. D. Cosgrove and S. Daniels. Cambridge : Cambridge University Press.

      ------. 1989. Deconstructing the Map. Cartography (26):1-20.

      Monmonier, M. S. 1993. Comment faire mentir les cartes. Paris : Flammarion.

      https://blogs.letemps.ch/etienne-piguet/2018/08/30/la-carte-est-fausse-la-lecon-de-geographie-sera-meilleure

  • Droit de rester Neuchâtel | Inquiétude au sujet du Centre fédéral de Perreux
    https://asile.ch/2018/07/17/droit-de-rester-neuchatel-inquietude-au-sujet-du-centre-federal-de-perreux

    Dans une lettre ouverte adressée aux autorités communales, cantonales et fédérales compétentes, l’Association Droit de rester Neuchâtel fait part de son inquiétude au sujet des conditions d’accueil dans le nouveau Centre fédéral pour requérant.e.s d’asile de Perreux. Contresignée par 26 députés au Grand Conseil, cette lettre énumère notamment onze mesures urgentes à prendre pour améliorer […]

  • Le canton de #Vaud déclare la guerre aux publicités sexistes

    Le Conseil d’Etat vaudois veut interdire toute forme de publicité sexiste dans l’espace public. Il a proposé lundi au Grand Conseil de modifier la loi sur les procédés de réclame.

    http://www.rts.ch/info/regions/vaud/9689661-le-canton-de-vaud-declare-la-guerre-aux-publicites-sexistes.html
    #suisse #publicité #interdiction #sexisme #femmes #publicité #espace_public #affiches

    signalé par @albertocampiphoto

    • Pendant ce temps là à Vaud : Pascal Jeannerat/gax - 2 Juillet 2018 - RTS
      http://www.rts.ch/info/regions/vaud/9647441-la-rie-iii-vaudoise-sourit-deja-aux-actionnaires.html

      L’introduction anticipée dans le canton de Vaud du taux maximum d’imposition du bénéfice des entreprises à 13,79% dès 2019 permet déjà aux sociétés de dissoudre et distribuer aux actionnaires une partie de leurs provisions.

      La décision du Conseil d’Etat vaudois le 1er novembre d’introduire dès 2019 la baisse du taux ordinaire sans attendre la réforme fédérale (PF17) a eu des conséquences dès le bouclement des comptes 2017 de certaines entreprises. Romande Energie par exemple a inscrit « la reconnaissance d’un crédit d’impôts différés de 45 millions de francs », indiquait un communiqué du groupe le 16 avril.

      Du moment que le taux annoncé d’imposition du bénéfice n’est plus de 20,8% mais de 13,7%, les provisions pour la fiscalisation des réserves latentes peuvent être réduites, a expliqué Romande Energie au 19h30 de la RTS. Le groupe a notamment dissous 27 millions provisionnés qui ont contribué à rehausser son bénéfice net 2017 à 121 millions de francs et permis de verser un dividende de 36 francs par action.

      Cadeau aux actionnaires ?  
      La dissolution de provisions crée de facto du bénéfice comptable pour les entreprises, explique Daniel Spitz, responsable fiscalité suisse au sein de RSM Switzerland à Lausanne. « Il y a certes plus de fonds propres disponibles pour la distribution de dividendes, mais pour distribuer, il faut encore avoir le cash correspondant », tempère-t-il.
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      Vaud seul devant
      Cet effet anticipé s’ajoute à l’attractivité fiscale déjà forte du canton de Vaud avec l’introduction dès 2019 du taux de 13,79% pour l’imposition du bénéfice des entreprises. Baisse que le canton de Vaud est le seul de Suisse à avoir décidé d’introduire et qui réduira de 309 millions de francs ses recettes fiscales en 2019.
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  • Le renvoi d’une famille scandalise les professionnels de la santé

    Le médecin traitant et la psychologue d’une requérante déboutée sortent de leur réserve pour dénoncer son expulsion.

    Le renvoi récent d’une maman d’origine bosniaque, avec ses deux enfants, suscite de vives critiques sur la façon dont l’opération a été menée. Dénoncée dans un premier temps par deux associations de défense des réfugiés (notre édition du 25 mai), l’action policière fait sortir de sa réserve le médecin traitant de la famille. « Je ne suis pas d’accord qu’on leur inflige un tel traitement, tonne le docteur Laurent Lob.

    On peut être d’accord ou pas avec la loi, mais il y a la manière dont on l’applique. » La psychologue chargée de cette mère de famille tempête elle aussi. Le récit qu’elle donnera après avoir contacté sa patiente à son arrivée à Sarajevo suscite l’inquiétude des professionnels de la santé. Ils déplorent le manque de considération pour des personnes à la #santé_mentale fragilisée par leur vécu. Les propos de Laurent Lob confirment la version dénoncée en premier lieu par le collectif Droit de rester.

    Il rappelle que la mère de famille a perdu son mari pendant la guerre en ex-Yougoslavie. En Suisse depuis neuf ans avec son second mari, elle a donné naissance à un garçon (15 ans) et une fille (7 ans), née en Suisse. L’incertitude sur leur statut de réfugié, qui s’est ajoutée au #traumatisme du passé, a débouché sur des problèmes psychologiques qui ont mené le père à Cery. C’est là qu’il était lorsque les forces de l’ordre ont emmené le reste de la famille. « Les deux enfants portent déjà en eux cette #angoisse_familiale, dit le docteur Lob.

    La façon dont ils ont été expulsés ajoute une #agression : on ne peut pas faire irruption à 3 h du matin chez eux, on ne peut pas les séparer de leur mère ! »

    Aller simple pour Sarajevo

    « Son fils n’arrête pas de répéter : « Maman est-ce que je rêve ? Je crois que j’ai rêvé. » La petite, quant à elle, dira : « Maman, on peut rentrer à la maison maintenant ? Qu’est-ce qu’on fait là, où est-ce qu’on est ? » C’est ainsi que la psychologue Sabina Herdic Schindler a retranscrit les propos de la mère de famille, qu’elle a pu joindre juste après son arrivée à Sarajevo. Elle s’en veut d’avoir tenté de rassurer sa patiente. « J’ai cru à tort qu’ils n’avaient pas de crainte à avoir, dit-elle. Des enfants mineurs, un père hospitalisé, pas d’assignation à résidence et un dossier en cours de réexamen à Berne. » Elle se remémore un cas similaire, où les policiers venus expulser une famille ont tourné les talons en constatant que le père était absent. « Dans le cas présent, il n’y avait même pas un interprète et la dizaine de personnes qui sont entrées à la lumière de lampes de poche ne se sont pas présentées », dénonce la psychologue. La retranscription de la conversation entre la mère et sa psychologue dépeint le vécu traumatisant de cette expulsion.

    Il commence au moment où la #police fait irruption dans ce logement de Prilly. Les forces de l’ordre ont obtenu de l’EVAM les clés de l’appartement. Il est 3 h du matin environ : « C’est à ce moment que les policiers en uniforme, sans allumer la lumière, vont réveiller Madame avec des lampes torches. Elle n’arrête pas de demander : « Qu’est-ce qui se passe ? » Mais n’arrive pas à comprendre ce qu’on lui dit. Elle se souvient de mots comme partir, police, Sarajevo.

    Très agitée et prise de panique, elle cherche à se lever, prendre un médicament (ndlr : un calmant), mais on lui ordonne de rester assise et de ne pas faire de bruit. (...) Les enfants sont réveillés par les personnes présentes, pas par leur mère. Ils ne comprennent strictement rien. Le garçon me dira qu’il était pris de #peur et de #panique (...) il croit que c’est lui qu’on est venu chercher. (...) À chaque fois que Madame essayait de parler à ses enfants pour les rassurer ou leur expliquer ce qui se passe, on lui interdisait de parler. » La suite du récit se déroule sur quatre pages. Emmenés à l’aéroport, leurs téléphones confisqués, le garçon placé dans une autre voiture que sa mère et sa sœur, sans qu’elles sachent où il se trouve. C’est un #vol_spécial qui les attend, avec des escales à Tirana, Pristina, Belgrade et Sarajevo. C’était leur première fois en avion.

    Surveillance aux WC

    Entre Prilly, Genève et Sarajevo, divers épisodes semblent douloureux, comme les entraves à la communication entre la mère et ses enfants, tous séparés par des accompagnants. Ou humiliant, comme cette scène où la mère, malade, doit faire ses besoins en présence de deux personnes. « Elle avait la diarrhée, ça sentait très fort et elle était observée par deux personnes », relate Sabina Herdic Schindler. La petite fille de 7 ans n’échappera pas non plus à cette surveillance aux toilettes. À l’aéroport de Sarajevo, les policiers rendront les téléphones confisqués, assortis d’une enveloppe de 500 francs en guise d’adieux.

    « La façon dont cela s’est passé est grave, dit la psychologue. L’intégrité de la famille n’a pas été respectée et on n’a fait preuve d’aucun #respect pour leur détresse, sans tenir compte de leur situation médicale. » Le médecin de famille n’est pas loin de comparer les méthodes employées aux rafles opérées pendant la Seconde Guerre mondiale. « C’est irresponsable car cette intervention laissera des séquelles, dit Laurent Lob. Mais je ne jette pas la pierre aux intervenants car certains souffrent aussi de ces opérations : je suis deux policiers, dont l’un a quitté la police... Ils ne vont pas bien psychologiquement non plus. »

    Réactions tous azimuts •
    Les associations de défense des réfugiés ont été les premières à dénoncer une intervention « inhumaine ». Les professionnels de la santé ont emboîté le pas en parlant ouvertement de leur patiente - avec son accord.

    En outre, un courrier de psychiatres et psychologues circule dans le milieu afin de récolter des signatures. Ces professionnels s’inquiètent « des séquelles psychologiques et des traumas provoqués par de tels événements sur des enfants et des parents, déjà traumatisés par un passé de guerre ». Dénonçant « l’irrespect du droit fondamental de l’être humain d’être bien traité et soigné », ils demandent le retour de la famille « afin que les soins médicaux en cours soient poursuivis pour chacun dans des conditions de sécurité et de dignité humaine ». Ce courrier sera adressé au Tribunal administratif où un recours a été déposé, dans l’espoir de réunir à nouveau la famille en Suisse. Le Parti socialiste a aussi relayé le cas devant le Grand Conseil en déposant une interpellation demandant des éclaircissements au Conseil d’État.

    « Il y a dans cette affaire des éléments choquants, incompréhensibles, qui dépassent la ligne rouge fixée lors des débats que nous avons tenus à propos de la loi sur les étrangers », commente Gaétan Nanchen, secrétaire général du PS Vaud. Les enseignants de Prilly, où étaient scolarisés les deux enfants, ont adressé un courrier courroucé au conseiller d’État Philippe Leuba. Enfin, les élèves et amis des deux enfants expulsés leur ont adressé des messages de soutien et d’espoir.

    Conseiller d’État à la tête du Département de l’économie, de l’innovation et du sport, Philippe Leuba dirige le Service de la population (SPOP) chargé de la mise en œuvre des lois fédérales et cantonales en matière de migration. Face à la critique des médecins, il réagit en précisant que le SPOP n’a pas de compétence médicale.

    « C’est l’organisation #OSEARA, sur mandat du Secrétariat d’État aux migrations, qui garantit les conditions sanitaires du renvoi ; elle est habilitée à annuler un départ si la santé d’une personne frappée d’une décision de renvoi est enjeu. Sur la base des documents médicaux que les milieux médicaux ont bien voulu donner, l’OSEARA n’a pas relevé de contre-indication médicale au retour. Par ailleurs, un représentant de la Commission nationale de prévention de la torture est systématiquement présent pour chaque vol spécial. » Le ministre insiste : « Personne ne procède à un renvoi de gaieté de cœur. » La famille ayant refusé toutes les aides au retour, « le vol spécial est légalement la seule option pour effectuer un renvoi.

    L’organisation du vol spécial est de la compétence de la Confédération. » Si la famille a été réveillée en pleine nuit, c’est en raison du #plan_de_vol. « L’horaire est dicté par un impératif lié au pays d’accueil. On ne peut pas prévoir un vol qui arriverait tard dans la journée, au moment où les instances chargées d’accueillir les personnes ne travaillent plus. » Le conseiller d’État souligne que le renvoi s’est déroulé « sans recours à la force, sans détention et sans assignation à résidence préalable ».

    Et d’ajouter : « De tous les cantons, Vaud est celui qui a mis en place des procédures les moins contraignantes pour les familles. ».

    https://www.24heures.ch/vaud-regions/renvoi-famille-scandalise-professionnels-sante/story/30928044
    #expulsions #renvois #asile #migrations #réfugiés #débouté #Vaud #Suisse

    #à_vomir

    cc @isskein

  • Les brise-glaces de l’égalité — La Cité

    https://www.lacite.info/politiquetxt/liste-femmes-geneve

    Pour la première fois, une liste 100% féminine part à l’assaut du Grand Conseil genevois. Leur credo : si les parlements étaient majoritairement composés de femmes, les inégalités salariales avec les hommes disparaîtraient. Rencontre avec cinq candidates qui ambitionnent de percer le plafond de verre figeant la question de l’égalité.

    Et ce qu’en dit l’excellent Charles Heller :

    Bel article parut dans LaCité - merci Fabio Lo Verso - sur l’extraordinaire expérience politique qu’est "LALISTE Femmes" pour les élections cantonales à Genève, qui vont se clorent ce weekend. J’ai voté LALISTE, parce que je soutien cette initiative féministe et l’autonomie d’organisation des femmes. Elles ne sont suffisamment représentées par aucun parti, ce qui contribue à la reproduction d’une société sexiste.

    Je ferai de même si il y avait une liste étrangers (si ils et elles étaient éligibles) ou une liste personnes racisées, car je soutien les voix et l’organisation autonome des personnes opprimées.

    Leurs revendications sont porteuses d’une société plus juste pour toutes et tous. Quel que soit le résultat des élections, LALISTE a déjà contribué à transformer le champ politique et permis la participation de personnes qui normalement en sont exclues.

    Bravo LALISTE ! Barvo Manuela Honegger Fabienne Abramovich Cerise Rossier Fahrion et toutes les autres. J’ai été heureux de participer à travers la taxe révolutionnaire « garde familiale » à cette étape d’une aventure qui continuera sous une forme ou une autre.

  • Coordination asile.ge | Loi sur les manifestations : le Tribunal de police acquitte la Coordination asile.ge
    https://asile.ch/2017/11/30/coordination-asile-ge-loi-manifestations-tribunal-de-police-acquitte-coordinat

    Loi sur les manifestations : la Coordination asile.ge se réjouit de l’acquittement d’un de ses membres par le Tribunal de police Le 22 novembre dernier, le Tribunal de police a acquitté un des membres de la Coordination asile.ge. Suite à un rassemblement tenu en 2015 devant le Grand Conseil, il avait en effet été condamné […]

  • Vivre Ensemble | Valais : une privation de bourse d’étude pour les permis F
    https://asile.ch/2017/11/20/vivre-ensemble-valais-privation-de-bourse-detude-permis-f

    https://asile.ch/wp/wp-content/uploads/2017/11/Nouvelliste_11.2017_permisF_bourses_VS.jpeg

    En Valais, alors que le Grand Conseil avait avalisé en 2015 l’attribution de bourses d’études aux personnes détentrices de permis F, le Conseil d’Etat refuse d’appliquer cette décision. Selon les déclarations de Christophe Darbellay, chef du département de la formation, cette décision est en lien avec le caractère provisoire du séjour des personnes détentrices d’un […]

  • Témoignage | Jusqu’où peut aller la déshumanisation de nos instances gouvernementales ?
    https://asile.ch/2017/11/13/temoignage-jusquou-aller-deshumanisation-de-nos-instances-gouvernementales

    Nous publions ci-dessous la lettre ouverte de trois citoyennes mobilisées pour aider une famille frappée par un renvoi Dublin vers Nice. De nombreux réfugié-e-s y sont à la rue, la famille ne s’y était jamais rendue et n’y connait personne. Elle avait émis le souhait d’être plutôt transférée dans la ville de Bellegarde, où elle […]

    • Témoignages de situations à Fribourg

      C. quitte le Sénégal pour échapper aux violences dans sa famille. Arrivée en Italie, elle se marie avec un homme qui s’avère violent, lui infligeant durant 6 ans des violences psychologiques, sexuelles et physiques. C. décide alors de demander l’asile en Suisse mais risque le renvoi en l’Italie. C. est terrorisée à l’idée d’y retourner, sachant qu’elle n’y trouvera aucune protection.

      K. fuit également le Sénégal avec sa fille de six mois que sa famille veut faire exciser. K. trouve refuge en Espagne. Sa famille la retrouve et veut faire exciser l’enfant en Espagne. Pour échapper au réseau familial, K. gagne la Suisse, où elle demande l’asile. La Suisse n’entre pas en matière, estimant que l’Espagne est compétente. K. attend donc dans l’angoisse son renvoi, ne sachant comment échapper aux violences qui attendent sa fille si elle devait être contrainte de retourner en Espagne.

      Emprisonnée à cause de son engagement politique, Y. doit quitter l’Ethiopie en raison des persécutions étatiques. Elle se rend d’abord en Autriche où un homme la séquestre pendant 5 mois. Elle réussit à fuir vers la Suisse où elle demande l’asile. La Suisse prononce une non-entrée en matière. Enceinte de 7 mois, Y. souhaite rester en Suisse avec son enfant à naître et craint de retomber entre les mains de l’homme qui l’a séquestrée en Autriche.

      R. quitte l’Érythrée pour fuir les violences étatiques et pour rejoindre son compagnon, au bénéfice d’une autorisation de réfugié statutaire, en Suisse depuis 2014. Elle arrive en 2016 mais une décision de non entrée en matière et le renvoi vers l’Italie sont prononcés par les autorités. R. est enceinte de 6 mois et le couple a un enfant de 5 ans qui attend au Soudan de pouvoir rejoindre ses parents. Un renvoi vers l’Italie enfreindrait le droit fondamental à la vie familiale.

      http://www.appeldelles.ch/temoignages-de-situations-a-fribourg

    • 30 policiers et une nouvelle tentative d’expulsion : La famille H., à nouveau traquée un an après leur « vol spécial »

      A l’occasion des vacances scolaires, les autorités vaudoises ont fait débarquer 30 policiers au foyer d’aide d’urgence de Vennes/Lausanne pour tenter d’expulser à nouveau M. et Mme H. et leurs 4 enfants vers Nice !

      Heureusement, la famille ne se trouvait pas au centre ce jour-là ! Elle est toutefois désormais condamnée à survivre par ses propres moyens et à se vivre cachée durant de nombreux mois si elle ne veut pas être prise… L’EVAM (Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants), complice, appellera sans aucun doute la police cantonale si la famille devait se représenter. Cela s’est déjà souvent produit.
      La police a fouillé le centre et les chambres et les personnes vivant dans ce foyer d’aide d’urgence, toutes menacées d’un renvoi et une fois de plus confrontées à la police, ont encore craint que ce soit leur tour…

      Pour rappel, la famille H., a déjà vécu les mêmes violences de l’Etat l’été passé, à savoir l’arrestation d’une partie de la famille (Mme et les 3 filles cadettes) et leur expulsion forcée à destination de Nice où elles avaient été livrées à elles-mêmes.
      Ces violences avaient été dénoncées à travers un communiqué et un mail (ci-joint) et avaient fait l’objet d’une interpellation au Grand Conseil questionnement le déroulement (habituellement) immonde du "vol spécial" vers la France (ci-joint également)

      Elles étaient très vite revenues en Suisse, retrouvant leur mari/père et leur fille/sœur aînée et avaient redéposé une demande d’asile qui a été à nouveau rejetée, malgré les discussions entre organisations et autorités fédérales (M. Gattiker, Mme Sommaruga & co) en lien avec « l’Appel Dublin ». Cette nouvelle décision de renvoi a été prononcée alors qu’une organisation consultée continuait à attester qu’il n’existerait pas de prise en charge adaptée en France (Nice) et alors que la famille a passé une année supplémentaire à s’ancrer ici et à faire valoir son droit à rester !

      Reçu via la mailing-list du collectif R, le 17.07.2018
      cc @stesummi

  • Lausanne Ils interpellent le mauvais requérant gambien. Ce dernier meurt en cellule

    Les gardes-frontière ont confondu Lamine F. avec un autre requérant portant le même nom et signalé à Lucerne. L’homme décédé souffrait d’épilepsie.

    https://mobile2.lematin.ch/articles/59f4881dab5c3726a9000001
    #mourir_dans_la_forteresse_europe #asile #migrations #réfugiés #Dublin #erreur (fatale) #renvoi_dublin #détention_administrative #décès #Suisse #Lausanne #détention_administrative #rétention #mourir_en_détention_administrative #Lamine_F #Lamin_F

    • La mort du requérant gambien en prison met en lumière les failles de la procédure

      Dans un communiqué paru samedi dernier, la police cantonale vaudoise annonçait qu’un ressortissant gambien de 23 ans, Lamin F., avait trouvé la mort mardi dernier dans une cellule du centre de police de la Blécherette, à Lausanne. Après vérification, il s’est avéré qu’une erreur avait été faite sur la personne et que l’individu décédé était un requérant pris en charge par le canton de Vaud et hébergé au centre d’asile d’Ecublens. La personne interpellée par des gardes-frontières en gare de Lausanne était également gambienne, avait le même prénom et était née le même jour que son homonyme, qui devait être renvoyé sous peu en Italie.
      Interpellé par les gardes-frontière d’après un signalement des autorités lucernoises à la recherche de ce dernier, Lamin F. a d’abord été hospitalisé au CHUV en raison d’un malaise : le jeune homme souffrait d’épilepsie. Il a ensuite été transféré en cellule. Le lendemain, les gardes ont découvert son corps sans vie. Le Ministère public et la justice militaire mènent l’enquête pour déterminer les causes de son décès. La situation soulève par ailleurs une autre question cruciale : comment expliquer la confusion des autorités ?
      Identification peu fiable

      Le Point d’eau, centre pour démunis qui accueille également beaucoup de migrants en situation précaire, avance une hypothèse : « Tout d’abord, il y a énormément d’homonymes originaires d’Afrique subsaharienne. Ensuite, pour ce qui concerne la date de naissance, ces données leur sont attribuées », explique François Chéraz, directeur. Il poursuit : « Les mères gambiennes n’accouchent pas toujours à l’hôpital. Elles s’y rendent fréquemment a posteriori, où leur nouveau-né est enregistré au premier jour du mois. Si un individu ne dispose d’aucune information sur sa naissance ou ne désire pas en fournir à son arrivée en Europe, une date aléatoire lui est attribuée par les autorités du pays par lequel il est arrivé sur le continent - dans ce cas, l’Italie. Il s’agit souvent d’une date de début d’année, comme le 1er janvier », explique le Lausannois.
      La fondation ajoute de son côté des informations supplémentaires, comme des numéros de téléphone, pour différencier les homonymes nés le même jour dans ses dossiers. En Suisse, le Secrétariat d’Etat aux migrations affirme quant à lui ne pas utiliser cette pratique aléatoire, dont la mauvaise interprétation aura été fatale à Lamin F.
      Politisation du drame

      Député au Grand Conseil vaudois pour Ensemble à gauche, Jean-Michel Dolivo a déposé une intervention sur la mort du jeune Gambien lors de la séance hebdomadaire de ce mardi. Joint par téléphone, il demande des explications : « Même si une erreur d’interpellation a été commise, ce monsieur a vraisemblablement dû indiquer qu’il était pris en charge par l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants », déclare-t-il. Et d’ajouter : « Il n’avait commis aucun délit et n’était pas en situation irrégulière, pourquoi ne pas éclaircir la situation avant de le mettre en prison ? » L’avocat vaudois s’insurge également contre le « flagrant délit de faciès » des gardes-frontière, qui ont manifestement arrêté Lamin F. « parce qu’il était Noir ».

      Une manifestation aura lieu ce mercredi à l’initiative du Collectif R, qui accueille à Lausanne des requérants déboutés. Le groupe, qui déclare « ne pas être surpris par ce drame », affirme être constamment témoin d’abus, de maltraitance et d’incompétence. Il dénonce le « manque de considération de la part de toutes les entités dans cette affaire ». Contacté, le Département vaudois des institutions et de la sécurité s’est refusé à tout commentaire tant que la procédure est en cours.

      https://www.letemps.ch/suisse/2017/10/31/mort-requerant-gambien-prison-met-lumiere-failles-procedure

    • Trop de questions, pas assez de réponses

      Plus d’une semaine après la mort de Lamin, dans une cellule de la Blécherette, de trop nombreuses zones d’ombre persistent.

      Le décès du requérant d’asile gambien de 23 ans est d’autant plus dramatique qu’il n’aurait jamais dû se trouver en prison. Mais dans sa chambre. Où il avait, à coup sûr et à portée de main, ses médicaments contre la grave épilepsie dont il souffrait.

      Interpellé par les gardes-frontière, dimanche 22 octobre à la gare de Lausanne, il est alors confondu avec un homonyme. Après un malaise, il passe une nuit aux urgences du Chuv, ce même hôpital où il avait subi une opération au cerveau fin septembre. Le lendemain, il est transféré dans la zone carcérale de la Blécherette. Mardi matin, il est retrouvé sans vie dans sa cellule. Et c’est seulement vendredi que les autorités réalisent que Lamin n’est pas celui que les gardes-frontière pensaient avoir interpellé.

      Sa mort semble ainsi être la conséquence de failles en cascade. C’est ce qu’ont dénoncé des centaines de manifestants mercredi à Lausanne.

      Comment expliquer qu’un jeune homme n’ayant commis aucun délit et n’étant pas en situation irrégulière meure en prison ? Il a été confondu avec un de ses compatriotes – portant les même prénom, nom et date de naissance – réclamé par Lucerne pour être expulsé, paraît-il. Il avait pourtant des papiers sur lui qui prouvaient qu’il était pris en charge par le canton de Vaud, assurent des défenseurs des migrants. Comment n’a-t-il pas été cru ? Les agents ont-ils appliqué la présomption de culpabilité envers ce jeune Africain demandeur d’asile ?

      Comment ses empreintes digitales, prises par les gardes-frontière – s’ils ont bien suivi la procédure –, ne les ont-elles pas ensuite alertés de leur erreur ? Le système a-t-il bogué ? Ou l’alarme a-t-elle fonctionné mais les agents ont insisté dans la présomption de mensonge ?

      Comment l’hôpital a-t-il, de son côté, laissé les forces de sécurité emmener un jeune épileptique, opéré un mois plus tôt dans cette même institution, et tout juste victime d’un malaise ?

      Comment expliquer, enfin, que l’identification de Lamin n’a été effectuée que deux jours après l’autopsie ?

      Trop de questions restent ouvertes dans ce drame. Et trop d’erreurs semblent avoir été commises.

      Face à une procureure peu entreprenante et une enquête qui paraît jusqu’ici bien légère, le Conseil d’Etat serait inspiré de mettre la pression sur la justice en réclamant une enquête administrative, comme ça a été le cas pour l’affaire Skander Vogt. Une procédure qui avait alors levé le voile sur de vastes dysfonctionnements au sein des institutions pénitentiaires vaudoises.

      https://www.lecourrier.ch/153953/trop_de_questions_pas_assez_de_reponses