region:cachemire

  • Mongolia: A toxic warning to the world - BBC Reel

    https://www.bbc.com/reel/video/p074bqzb/mongolia-a-toxic-warning-to-the-world

    Quand je vois “Mongolie” je pense immédiatement @simplicissimus

    Mongolia: A toxic warning to the world
    23 April 2019|Environment

    All over the world cities are grappling with apocalyptic air pollution but the capital of Mongolia is suffering from some of the worst in the world.

    And the problem is intrinsically linked to climate change.

    • La question qui n’est pas abordée dans le petit film est la présence de structures d’état capables de prendre des décisions adéquates et d’imposer des mesures efficaces en fonction. A Berlin nous étions également exposés au smog causé par le charbon brûlé dans les poêles chauffant les appartements, mais on a su y trouver une solution.

      Nous sommes loin de faire tout ce qui est possible pour améliorer la qualité de l’air. Même les verts sont aujourd’hui tellement dépendant du jeux soi-disant démocratique que mes humbles idées sur la question sont extrémistes et radicales par rapport à leur grand programme de transformation pro-cycliste. Cette campagne ne consiste en vérité que dans une série de compromis absurdes qui ne font qu’aggraver les problèmes environnementales.

      Aujourd’hui notre problème est le nombre de véhicules polluants qui occupent toute la place et empêchent l’amélioration des transports en commun et le changement de cap vers une ville verte agréable pour les piétons et cyclistes.

      Pourtant on a réussi le remplacement du chauffage au charbon utilisé dans tous les bâtiments anciens jusque dans les année 1980. Il n’en reste que de rares appartements exotiques où on continue à brûler des « Briketts ». La généralisation des chauffages au gaz, au fuel et par récupération des la chaleur des centrales d’électricité est le résultat de l’injection d’amples subventions dans les immeubles. Tout au long des années 80 et 90 les plombiers réalisaient des chiffres d’affaires faramineuses en installant des chauffages au gaz dans des millions d’appartements.

      Il n’y a jamais eu d’interdiction de se chauffer au charbon et il y a toujours deux machands de charbon qui livrent à domicile. Le succès des mesures est sans doute dû à la gestion efficace des fonds. Depuis la ville de Berlin a vu l’amputation d’une grande partie de son administration dans l’élan néolibéral après 1989. Ceci a crée une situation où les services au citoyens ne suffisent plus, la croissance de la ville amplfie encore ce problème. Résultat : dans plusieurs secteurs professionnel les modèles d’affaires criminelles sont devenus incontournables pour tenir en vie une entreprise.

      Sous ces conditions il n’est plus sûr du tout si des décisons gouvernementales produisent l’effet désiré. Je crains qu’à Oulan-Bator le problème soit encore plus graves que dans le tier-monde allemand.

      L’autre problème expliqué dans le film est la désertification des steppes. Sachant que l’abondance d’eau dont nous jouissons est au fait assez précaire, la région qui entoure Berlin risque de subir des phénomènes semblables à celles obsevés dans les steppes de la Mongolie.

      Actuellement nous sommes à la troisième incendie de forêt de l’année seulement dans les limites de la ville. Dans un cercle de 100 kilomètres autour le sol n’est que du sable sauf quelques marécages qui ónt survécu la construction de drainages depuis le 18éme siècle. Les agriculteurs se plaignent déjá autant du manque de pluie que les employés de l’administration des espaces verts de la ville.

      La Mongolie c’est comme chez nous, il faudrait se le rappeller plus souvent.

    • Il n’en reste que de rares appartements exotiques où on continue à brûler des « Briketts ».

      À UB, le problème majeur est le chauffage. Comme en DDR, charbon de mauvaise qualité (genre la lignite…) en raison de son coût, mais aussi parce que l’anthracite est réservée à l’exportation. De plus, UB est situé dans une vallée assez encaissée orientée est-ouest. À l’entrée de cette vallée (et de la ville) sont situées la centrale (à charbon) pour l’électricité et celle pour le chauffage urbain (les célèbres canalisations bouillantes, gloire d’UB). Le seul truc (un peu !) sérieux entrepris par le gouvernement (ou la ville, je ne sais plus) est de proposer des radiateurs électriques avec électricité gratuite dans certains « quartiers de yourtes »…

      L’autre problème expliqué dans le film est la désertification des steppes.

      Dérèglement climatique comme il est bien indiqué dans l’article : hiver trop froid, avec 3 variantes trop de neige, trop de froid (glace), dans les 2 cas, les ovins et caprins ne peuvent pas se nourrir et trop sec, ce qui a l’aire d’être le cas cette année. Et de l’autre côté, étés trop secs ou trop pluvieux.

      Tu ajoutes à ça le surpâturage, facteur majeur de désertification, provoqué par la modification de la part des familles animales dans la composition du troupeau. La part des chèvres, de toute éternité fortement contingentée car destructrice (les chèvres arrachent les herbes) a fortement augmenté sous la pression économique (le cachemire)

      Sachant que l’abondance d’eau dont nous jouissons est au fait assez précaire,…

      Ça commence à se sentir, cf. les étiages quasi catastrophiques du Rhin et du Danube…

    • @aude_v L’année dernière l’armée allemande a mis le feu à d’immenses couches souterraines de tourbe. Suite à des tirs d’essai des kilomètres et kilomètres ont brulé pendant des mois sans possibilité d’intervention.

      En ce qui concerne les incendies de forêts je ne suis que l’actualité régionale. Jusque il y a peu de temps les incendies de forêts ne constituaient qu’une éventualité. On nous rappellait sans cesse de ne pas fumer pendant les ballades et de pas jeder de mégots par la fenêtre quand on roulait sur les autoroutes.

      Là les incendies arrivent de plus en plus souvent. Voici quelques sources qui décrivent le status quo et nous font comprendre si l’augmenation de cadence a vraiment llieu.

      Eh non ...

      Waldbrände | Umweltbundesamt
      https://www.umweltbundesamt.de/daten/land-forstwirtschaft/waldbraende#textpart-1
      https://www.umweltbundesamt.de/sites/default/files/styles/800w400h/public/medien/384/bilder/2_abb_waldbraende-schadensfl_2018-09-18.png?itok=qEGZFo12

      Waldbrände in Deutschland

      Mit deutschlandweit 424 Waldbränden ist 2017 die bisher niedrigste Anzahl an Waldbränden seit Erstellung der Waldbrandstatistik registriert worden. Mit einer betroffenen Waldbrandfläche von 395 Hektar (ha) war das Jahr 2017 ein unterdurchschnittliches Jahr im Vergleich zum mehrjährigen Mittel der Jahre 1993 bis 2016 (in diesem Zeitraum lag der jährliche Mittelwert bei durchschnittlich 1.001 Waldbränden und 505 ha betroffener Waldfläche pro Jahr), wobei die Waldbrandfläche um 39 Prozent (%) im Vergleich zum Vorjahr zunahm.

      52% des incendies sont la suite directe d’actes humains, 5% seulement ont des raisons naturelles.

      Ursachen für Waldbrände

      Im Wesentlichen sind zwei Faktorenkomplexe von besonderer Bedeutung für das Waldbrandgeschehen: Zum einen das menschliche Handeln (Brandstiftung und Fahrlässigkeit) und zum anderen das Klima- bzw. Witterungsgeschehen. Als Hauptursache für das Waldbrandgeschehen kann gemäß den Daten der Waldbrandstatistik (pdf) menschliches Handeln identifiziert werden (sofern eine Ursache ermittelbar ist). Klima und Witterung hingegen beeinflussen zusammen mit den lokalen Gegebenheiten (wie dem Vorhandensein von brennbarem Material) die Disposition einer Waldfläche für die Entzündung und in Folge das weitere Brandgeschehen (Feuerausbreitung). Fahrlässigkeit und Vorsatz (das heißt Brandstiftung) waren im Jahr 2017 für rund 52 Prozent (%) der Waldbrände ursächlich. Natürliche Ursachen, wie zum Beispiel Blitzschlag, waren hingegen nur für rund 5 % der Waldbrände der Auslöser. Bei ungefähr 36 % der Waldbrände konnte die Ursache nicht geklärt werden (siehe Abb. „Waldbrandursachen 2017“).

      Ce sont les statistques pour l’Allemagne entière.

      Le land Brandebourg est particulièrement touché par les incendies de forêts.

      FAQ : Warum brennt es in Brandenburg so oft ? | rbb|24
      https://www.rbb24.de/panorama/beitrag/2018/08/hintergrund-brandenburg-wald-waldbraende.html

      Im Jahr 2017 lag Brandenburg mit knapp 140 Bränden deutlich an der Spitze. In Hessen gab es 58 Waldbrände und in Bayern 44. In ganz Deutschland kam es im vergangenen Jahr zu 424 Waldbränden. Wie dramatisch die Lage in diesem Jahr ist, zeigt eine aktuelle Zahl: Allein in Brandenburg wurden bis Mitte August 405 Feuer in Wäldern gezählt.

      Warum ist Brandenburg so häufig betroffen?

      Nirgends in Deutschland gibt es laut Potsdamer Forstministerium so viele Kiefern wie in Brandenburg - auf rund 70 Prozent der Waldfläche des Bundeslandes stehen die Nadelbäume. Schon im 18. Jahrhundert war der Holzbedarf groß, weshalb die im Mittelalter noch vorherrschenden Eichen und Buchen durch die genügsamen und schnell wachsenden Kiefern ersetzt wurden. Das setzte auch die DDR fort. Diese Monokulturen auf oft sandigem Boden sind stärker waldbrandgefährdet als Laub- und Mischwälder. Zudem trocknet der aus Kiefernnadeln bestehende Boden schnell aus und kann ebenfalls brennen. Zusätzlich ist die durchschnittliche Regenmenge in Brandenburg deutlich geringer als etwa in Bayern.

      Voilà.

      On pourrait ajouter que les « fleuves » de Berlin coulent si lentement qu’ils n’emmènent quasiment pas d’eau. Parfois ils changent même de sens et ce qui étaite « en amont » il y a une semaine devient « en aval » le jour présent. Suivant l’explication d’un spécialiste de l’entreprise berlinoise qui gère l’eau de la capitale (Berliner Wasserwerke) sont des « interprètes de fleuve » comme des acteurs sur une scène de théâtre.

      La ville de berlin et le Land de Brandebourg entreprennent d’efforts considérable pour contrer ces facteurs de base plutôt négatifs. Une nouvelle loi impose la construction de cisternes et l’aménagement d’espace de verdure pour retenir l’eau et pour prévenir les conséquences des averses de plus en plus violentes.

      L’avenir des mines de charbon joue également un rôle important car on cesse de pomper l’eau des énormes trous quelles ont laissé ce qui réduit l’arrivée d’eau dans les cours d’eau de toute la région. Le paysage du Spreewald qui ressemble au Marais poitevin en paie également les frais.

      #Brandebourg #Mongolie #incendie #climat #eau

    • @simplicissimus Tout Berlin utilisait du charbon de mauvaise qualité pour se chauffer, pas seulement les gens à l’est.

      C’est une idée fausse tres répandue comme quoi l’Est était gris (oui, c’était gris) et l’Ouest brillait dans toutes les couleurs (non, c’était plutôt gris aussi). Jusque dans les années 70 les deux parties de la ville se ressemblaient beaucoup. C’est avec la banqueroute prévisible de la RDA dans les années 1980 qu’une véritable différence devenait perceptible.


      Abrißhäuser, #Kreuzberg 1975

      A l’Est on suivait le même principe urbanistique qu’on connaissait déjà à l’Ouest : On construisait des cités en banlieue et laissait á l’abandon les quartiers au centre ville.


      Politisch bewegte Clowns vor dem Laden der #Mieterinitiative #Klausenerplatz in der #Nehringstraße 11, im Jahr 1979. Foto : Gottfried Schenk

      A l’Ouest les squatteurs ont sauvé de quartiers entiers de la déstruction alors qu’à l’Est c’est le manque de moyens qui a freiné la déstruction des quartiers ouvriers devenus chics aujourd’hui.

      #Berlin #squat

  • « Un revenu de base en Inde », Thomas Piketty
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/13/thomas-piketty-un-revenu-de-base-en-inde_5449649_3232.html

    Chronique. Le plus grand vote de l’histoire du monde vient de commencer en Inde : plus de 900 millions d’électeurs. On dit souvent que l’Inde a appris l’art de la démocratie parlementaire au contact des Britanniques. L’affirmation n’est pas entièrement fausse, à condition, toutefois, d’ajouter que l’Inde a porté cet art à une échelle inconnue avant elle, au sein d’une communauté politique de 1,3 milliard d’habitants, traversée par d’immenses clivages socioculturels et linguistiques, ce qui est autrement plus compliqué.

    Pendant ce temps, le Royaume-Uni a bien du mal à le rester. Après l’Irlande au début du XXe siècle, il n’est pas impossible que ce soit au tour de l’Ecosse de quitter le Royaume et son Parlement en ce début de XXIe siècle. Quant à l’Union européenne et ses 500 millions d’habitants, elle ne parvient toujours pas à mettre en place des règles démocratiques permettant d’adopter le moindre impôt en commun, et continue d’accorder des droits de veto à des grands-duchés rassemblant à peine 0,1 % de ses citoyens. Plutôt que d’expliquer doctement que rien dans ce beau système ne peut être changé, les responsables européens seraient bien inspirés de regarder du côté de l’Union indienne et de son modèle de République fédérale et parlementaire.

    Evidemment, tout n’est pas rose pour autant dans la plus grande démocratie du monde. Le développement du pays est miné par d’énormes inégalités et une pauvreté qui diminue trop lentement. L’une des principales innovations de la campagne qui s’achève est la proposition faite par le Parti du Congrès d’introduire un système de revenu de base : le NYAY (nyuntam aay yojana, « revenu minimum garanti »). Le montant annoncé est de 6 000 roupies par mois et par ménage, soit l’équivalent d’environ 250 euros en parité de pouvoir d’achat (3 fois moins au taux de change courant), ce qui n’est pas rien en Inde (où le revenu médian ne dépasse pas 400 euros par ménage). Ce système concernerait les 20 % des Indiens les plus pauvres. Le coût serait significatif (un peu plus de 1 % du PIB), sans être rédhibitoire.

    Mesures sociales, éducatives et fiscales

    Comme toujours avec les propositions de ce type, il est important de ne pas s’en tenir là et de ne pas prendre le revenu de base pour une solution miracle ou un solde de tout compte. Pour mettre en place une répartition juste des richesses et un modèle de développement durable et équitable, il faut s’appuyer sur tout un ensemble de mesures sociales, éducatives et fiscales, dont le revenu de base n’est qu’un élément. Comme l’ont montré Nitin Bharti et Lucas Chancel, les dépenses publiques de santé ont stagné à 1,3 % du PIB entre 2009-2013 et 2014-2018, et l’investissement éducatif a même baissé, passant de 3,1 % à 2,6 %. Un équilibre complexe reste à trouver entre la réduction de la pauvreté monétaire et ces investissements sociaux, qui conditionnent le rattrapage de l’Inde sur la Chine, qui a su mobiliser des ressources plus importantes pour élever le niveau de formation et de santé de l’ensemble de la population.

    Il reste que la proposition du Congrès a le mérite de mettre l’accent sur les questions de redistribution et d’aller au-delà des mécanismes de quotas et de « réservations », qui ont certes permis à une fraction des basses castes d’accéder à l’université, à l’emploi public et aux fonctions électives, mais qui ne suffisent pas. La plus grande limite de la proposition est que le Congrès a choisi de rester discret sur le financement. C’est dommage, car cela aurait été l’occasion de réhabiliter le rôle de l’impôt progressif, et de tourner définitivement la page de son moment néolibéral des années 1980 et 1990.

    Surtout, cela lui aurait permis de se rapprocher plus explicitement de la nouvelle alliance entre les partis socialistes et de basses castes (SP, BSP), qui proposent la création d’un impôt fédéral de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 25 millions de roupies (1 million d’euros en parité de pouvoir d’achat), ce qui rapporterait l’équivalent des sommes requises pour le NYAY, et de renforcer la progressivité de l’impôt fédéral sur le revenu. Au fond, le véritable enjeu de cette élection est la constitution en Inde d’une coalition de gauche, à la fois égalitaire et multiculturelle, seule à même de battre le nationalisme hindou pro-business et antimusulmans du BJP.

    Big business

    Il n’est pas sûr que cela soit suffisant cette fois. Ancien parti hégémonique venu du centre, le Congrès est toujours dirigé par le très peu populaire Rahul Gandhi (issu de la lignée Nehru-Gandhi), alors que le BJP a eu l’intelligence de se donner pour la première fois, avec Modi, un dirigeant aux origines modestes. Le Congrès craint d’être débordé et de perdre la direction du gouvernement s’il se lance dans une coalition trop explicite avec les partis situés à sa gauche.

    Par ailleurs, Modi bénéficie du financement du big business indien, dans un pays qui brille par une absence criante de régulation en ce domaine. Il a en outre habilement exploité l’attentat de Pulwama, au Jammu-et-Cachemire, et les raids aériens qui ont suivi pour faire vibrer les sentiments anti-Pakistan et accuser le Congrès et les partis de gauche de connivence avec l’islam intégriste (cela n’arrive pas qu’en France), dans ce qui risque de rester comme le tournant dans la campagne. En tout état de cause, les graines semées reprendront leur cours, en lien avec les transformations politico-idéologiques en mouvement dans le reste du monde. Les décisions débattues en Inde nous concerneront tous de plus en plus. En cela, cette élection indienne est bien une élection d’importance mondiale.

    Un parti gouvernemental qui promet un revenu de base pour essayer de ne pas perdre les élections, voilà qui n’est pas français.

    #Inde #revenu_minimum_garanti #revenu_de_base

  • Israël est comme « cul et chemise » avec le régime ultra-nationaliste hindou
    Robert Fisk - 28 février 2019 – The Independent – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah
    http://www.chroniquepalestine.com/israel-est-comme-cul-et-chemise-avec-le-regime-ultra-nationalist

    (...) Pendant des mois, Israël s’est aligné assidûment aux côtés du gouvernement nationaliste indien du Bharatiya Janata Party [BJP – Parti du Peuple Indien] dans une coalition inavouée – et politiquement dangereuse – de « lutte anti-islamiste », une alliance non officielle, tandis que l’Inde est devenue le plus grand marché pour le commerce d’armement israélien.

    Ce n’est donc pas un hasard si la presse indienne vient de déclarer que les « bombes intelligentes » Rafael Spice-2000 de fabrication israélienne ont été utilisées par les forces aériennes indiennes pour attaquer les « terroristes » de l’organisation Jaish-e-Mohammed (JeM) au Pakistan.

    Comme dans le cas de nombreuses vantardises israéliennes sur des cibles similaires, l’aventure indienne au Pakistan tient peut-être plus de l’imagination que d’un succès militaire. Les « 300 à 400 terroristes » supposés avoir été éliminées par les bombes à guidage GPS fabriquées et fournies par les Israéliens pourraient ne s’avérer être guère plus que des rochers et des arbres.

    Mais il n’y avait rien d’irréel dans l’embuscade sauvage des troupes indiennes au Cachemire le 14 février, qui a été revendiquée par le JeM et qui a coûté la vie à 40 soldats indiens. Ni la destruction d’au moins un jet indien cette semaine.

    L’Inde était le plus gros client d’armes d’Israël en 2017 et ce pays a versé 530 millions de livres sterling pour la défense aérienne, les systèmes radar et les munitions de fabrication israélienne, y compris des missiles air-sol testés pour la plupart lors des offensives militaires israéliennes contre des Palestiniens et des cibles en Syrie.

    Israël lui-même tente d’expliquer ses ventes ininterrompues de chars, d’armes et de bateaux à la dictature militaire du Myanmar – tandis que les pays occidentaux imposent des sanctions au gouvernement qui a tenté de détruire sa minorité et le peuple majoritairement musulman Rohingya. Mais le commerce des armes entre l’Israël et l’Inde est légal, au-dessus des frontières et très prisé des deux côtés.

    Les Israéliens ont filmé des exercices conjoints entre leurs propres unités de « commando spécial » et celles envoyées par l’Inde pour être entraînées dans le désert du Néguev, toutes les compétences prétendument acquises par Israël à Gaza et sur d’autres champs de bataille remplis de civils.

    Au moins 16 commandos indiens « Garud » – appartenant à une délégation militaire indienne de 45 personnes – étaient basés pendant un certain temps sur les bases aériennes de Nevatim et de Palmachim en Israël. Lors de sa première visite en Inde l’année dernière, précédée d’une visite en Israël du Premier ministre nationaliste indien Narendra Modi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé les attentats islamistes de 2008 à Mumbai au cours desquels près de 170 civils ont été tués. « Les Indiens et les Israéliens connaissent trop bien la douleur des attaques terroristes », a-t-il déclaré à Modi. « Nous nous souvenons de l’horrible sauvagerie de Mumbai. Nous serrons les dents, nous nous défendons, nous ne cédons jamais. » C’était aussi les déclarations du BJP. (...)

    #IsraelInde
    traduction de cet article : https://seenthis.net/messages/763950

  • Séléné entre dans le Grand jeu
    http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2019/03/selene-entre-dans-le-grand-jeu.html

    Cachemire, Iran, Venezuela, Corée, Syrie... Les points chauds du globe se multiplient dans un Grand jeu en perpétuel mouvement, encore compliqué par l’erratisme de la tête impériale suite à l’élection de Trump. L’Inde et le Pakistan sont en crise ouverte...

  • Duc de Saint-Frippon

    On voyait hebetés des nobles, couverts d’une simple couverture en cachemire, fouillant sans espoir les restes de leur Porsche à la recherche de leur iPad.

    Le Monde diplomatique

    Trois jours après les mobilisations de « gilets jaunes » avenue Kléber à Paris, les riverains de ce beau quartier de la capitale « sont toujours sous le choc », raconte Le Parisien.

    https://www.youtube.com/watch?v=aiurvtnvuoA

    Source : https://twitter.com/MFrippon/status/1070420743282929665

    #Twitter #GiletsJaunes #enmarche

  • Ces pays du monde où s’opère la jonction entre religion et nationalisme | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280918/russie-inde-pologne-israel-turquie-iran-quand-la-religion-rencontre-le-nat

    lusieurs dizaines d’États sur la planète sont aujourd’hui gouvernés par des régimes qui relèvent du nationalisme religieux ou qui sont influencés par cette configuration idéologique. Ce phénomène affecte tous les continents, démontrant que cette forme de nationalisme s’adapte à des religions très diverses, monothéistes ou non. Plus intolérant encore que les autres nationalismes face à la dissidence ou à l’opposition, plus inclusif aussi pour tous ceux qu’il entend incorporer au récit national, il se nourrit souvent de l’explosion des inégalités, des frustrations économiques et sociales, et semble désormais constituer une réponse traditionaliste de la « communauté nationale » à la globalisation et à la modernité.

    En Europe, il s’impose surtout à l’Est, au sein de feu l’empire soviétique. En Russie, où l’Église orthodoxe a joué un rôle central dans la quête de la nouvelle identité nationale post-communiste, Vladimir Poutine a été un acteur majeur du retour du religieux sur la scène russe et internationale. Retour qui se traduit aujourd’hui, selon le patriarche orthodoxe Kirill, par un « état de fusion symbiotique entre le fait national et le fait religieux ». En Arménie, en Ukraine, mais aussi en Pologne ou en Hongrie, c’est également le nationalisme religieux qui sous-tend les dérives xénophobes et autoritaires.

    Nous publions ici l’essentiel du chapitre consacré à l’Inde du livre coordonné par Oliver Da Lage, L’Essor du nationalisme religieux, à paraître début novembre.

    • Le nationalisme hindou aux commandes de « la plus grande démocratie du monde »

      par Olivier Da Lage

      Au seuil de l’année 2018, un parlementaire d’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde, dirigé depuis l’année précédente par le BJP (1), a déclaré que le nom du pays étant l’Hindoustan, ce pays était pour les Hindous et eux seuls. Peu auparavant, le ministère du tourisme de l’Uttar Pradesh avait retiré le Taj Mahal de la brochure publiée par le ministère pour vanter les sites à visiter : le monument, symbole de l’Inde dans le monde entier, se trouve être un mausolée construit par un empereur musulman. Parallèlement, un militant nationaliste hindou a – en vain – tenté de faire dire par un juge que le Taj Mahal était en fait un ancien temple hindou.

      À l’approche de Noël et du nouvel an, des brigades hindouistes ont tenté au Madhya Pradesh et au Rajasthan d’empêcher les écoles chrétiennes de célébrer Noël avec leurs élèves d’autres religions, ce qui, selon ces militants adeptes de la menace, relèverait de la « conversion forcée » ; en Andhra Pradesh, les temples hindous ont reçu interdiction de marquer l’entrée dans la nouvelle année du calendrier chrétien, qui ne relèverait pas de la culture hindoue.

      Dans plusieurs États, du nord au sud, des musulmans ou des dalits (ex-intouchables) ont été battus, parfois à mort, par des foules les soupçonnant de transporter de la viande de bœuf ou des vaches destinées à l’abattage. Dans bien des cas, le soupçon était infondé, ce qui n’a pas empêché plusieurs responsables régionaux du BJP, dont le chef du gouvernement du Chhattisgarh, de déclarer que les tueurs de vaches méritaient la pendaison.

      Depuis 2015, des intellectuels ou acteurs célèbres dénoncent un climat d’intolérance. En protestation, plusieurs ont rendu leur Padma Shri, équivalent indien de la Légion d’honneur. Ici et là, des intellectuels et des journalistes ont été tués sans que l’on retrouve leurs assassins. Le point commun de ces victimes était leur défense de la laïcité (secularism) et leur dénonciation des excès du nationalisme hindou. Parallèlement, tout avis négatif, ou simplement réservé sur l’action du gouvernement de Narendra Modi entraîne instantanément des réactions massives et très vives de ses partisans sur les réseaux sociaux, avec l’objectif manifeste d’intimider ceux qui seraient tentés par la critique.

      Bien entendu, les violences intercommunautaires et l’intolérance n’ont pas attendu l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi et du BJP pour se manifester en Inde. Ses partisans ne manquent jamais, et à juste titre, de le rappeler. On assiste cependant incontestablement à une radicalisation et à une intensification de cette intolérance et de ces manifestations violentes. Corollaire de cette banalisation de la violence, le seuil d’indignation s’élève inexorablement et, sans être militants pour autant, de très nombreux membres de la classe moyenne urbaine indienne, qui ont voté en 2014 pour le BJP sur la promesse du développement économique et de la prospérité, en viennent graduellement à trouver naturel que la majorité hindoue (80 % des Indiens) ne tolère les minorités, notamment les musulmans, qui ne représentent que 14 % des habitants, qu’à la condition qu’elles « restent à leur place », c’est-à-dire se rendent aussi invisibles que possible et acceptent un statut de citoyens de seconde zone.

      C’est très précisément la thèse que défendait en 1923 Vinayak Damodar Savarkar dans son manifeste : Hindutva,Who is a Hindu ?. L’idéologie de l’hindutva (hindouité) est restée très minoritaire, voire marginale, tant dans le combat contre l’occupation britannique que plusieurs décennies après l’indépendance, notamment du fait que Nathuram Godse, l’assassin du Mahatma Gandhi, avait appartenu au RSS (2), le mouvement fondé en 1925 pour propager l’hindutva.

      (1) Le BJP (Bharatiya Janata Party), parti nationaliste hindou, est au pouvoir en Inde depuis mai 2014.

      (2) Le Rashtriya Swayamsevak Sangh, créé en 1925 à Nagpur (Maharashtra), est une milice de volontaires chargés de défendre les hindous et de propager l’hindutva.
      Le renouveau hindouiste à la fin du XIXe siècle

      En un sens, le nationalisme hindou est le produit de la colonisation britannique. Il ne s’agit pas de prétendre qu’avant l’arrivée de la Compagnie des Indes orientales, les relations aient toujours été idylliques entre hindous et musulmans, mais, comme dans bien d’autres régions du monde, la colonisation a progressivement donné naissance à une réaction nationaliste qui a pris plusieurs formes. La naissance du Congrès national indien en 1885 incarnait au départ une revendication classique, partie de la demande d’égalité des droits pour évoluer vers une demande d’autonomie, puis aboutir, au fil des années et de la répression, à une exigence d’indépendance.

      Pour sa part, le nationalisme hindou, qui s’est développé à la fin du XIXe siècle, a été dès le départ fondé sur une démarche identitaire favorisée par l’insistance quasi entomologique des Britanniques à diviser les Indiens en sections et sous-sections, entre religions d’abord, et au sein de celles-ci ensuite. Si tous les hindous admettent le principe des quatre grandes castes, les varnas – brahmanes (prêtres), kshatrias (guerriers), vaishyas (commerçants), shudras (serviteurs) –, ce sont largement les Britanniques qui ont fait des jati (corporations dont le métier se transmet héréditairement) des sous-castes de celles-ci, morcelant ainsi une société hindoue déjà très divisée.

      En créant au début du XIXe siècle des établissements universitaires enseignant séparément le hindi et l’ourdou (qui, dans l’usage populaire, se fondaient largement dans ce qu’on appelait alors l’hindoustani), les Anglais ont accentué la séparation entre hindous et musulmans. Enfin, alors que montaient les revendications indépendantistes au seuil du XXe siècle, les Britanniques ont donné aux hindous le sentiment qu’ils appuyaient la minorité musulmane afin de contenir les aspirations de la majorité hindoue.

      En réaction, plusieurs initiatives ont tenté tout à la fois de moderniser l’hindouisme, en insistant sur ce qui rapproche plutôt que ce qui divise, et de rattacher l’essence de l’Inde moderne à ses racines anciennes remontant à l’époque védique. Cette défense des valeurs de l’Inde antique intervient alors même que les administrateurs coloniaux et les hommes politiques anglais insistaient dans leurs discours publics et dans leurs correspondances privées sur ce qu’ils dépeignaient comme la barbarie intrinsèque des traditions hindoues, auxquelles, pour la plupart, ils déniaient la qualité de civilisation.

      En 1875, l’arya samaj (la noble société) est fondée, avec pour ambition de promouvoir les valeurs védiques de l’hindouisme et la croyance en un seul dieu. L’arya samaj introduit le prosélytisme, notion jusqu’alors inconnue dans l’hindouisme. À Bombay, Lokmanya Bal Gangadhar Tilak, pourtant membre du Congrès et partisan d’un rapprochement avec les musulmans, relance la cérémonie hindoue de Ganesh Chathurthi, tombée en désuétude, par laquelle le dieu à tête d’éléphant est rituellement immergé chaque année dans l’océan Indien. C’est pour lui une façon de contourner l’interdiction des rassemblements édictée par le colonisateur. En 1893, Swami Vivekananda prononce à Chicago, au Parlement des religions, un discours marquant dans lequel il présente l’hindouisme comme une religion à la fois ancienne et moderne répondant aux problèmes du moment. Un peu plus tard, en réaction à la création de la Ligue musulmane et à la volonté du Congrès qu’hindous et musulmans mènent en commun le combat pour l’indépendance, se crée en 1915 la Hindu Mahasabha (assemblée hindoue panindienne), afin de défendre les intérêts des seuls hindous.

      Parallèlement, certains écrits occidentaux influencent ce nationalisme hindou naissant, notamment ceux de l’orientaliste anglais d’origine allemande Max Muller, fasciné par la civilisation indienne, particulièrement la culture aryenne. Quant aux écrits du Français Arthur de Gobineau, ils développent l’idée ouvertement raciste d’une race aryenne naturellement faite pour diriger, mais il critique les castes supérieures hindoues pour s’être métissées avec les castes inférieures. À une époque où la notion de « race », loin d’être contestée, allait jusqu’à celle de « race anglaise » dans les discours des politiciens les plus réputés, Gobineau et les orientalistes européens ont offert à certains nationalistes hindous le cadre de référence qui leur manquait pour élaborer une théorie fondée sur la supériorité de la « race hindoue ».
      L’hindutva, un projet avant tout culturel

      Ce corps doctrinal, élaboré au fil des années à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, a une date de naissance officielle : 1923. Cette année-là, paraît un livre de 141 pages intitulé Hindutva, who is a Hindu ?. Signé : « Un Marathe. » Son véritable auteur, Vinayak Damodar Savarkar, est alors emprisonné pour ses activités antibritanniques. La thèse qu’il développe dans cet ouvrage est que les hindous, tirant leur nom de la terre qui est la leur (Hindoustan), doivent reprendre leur destin en main face aux étrangers qui les dirigent (les Britanniques), mais aussi vis-à-vis des musulmans et des chrétiens qui, du seul fait qu’ils sont nés en Inde, se considèrent comme Indiens. Ce n’est pas suffisant, argue Savarkar, car l’appartenance à une nation suppose de réunir trois critères sans lesquels il n’est pas d’appartenance commune :

      • L’attachement à la terre des ancêtres, qui s’étend du « Sindhu au Sindhu », bordée par l’Himalaya et l’océan, en tant que mère patrie.
      • Le lien du sang, hérité de ses ancêtres, qui forge l’appartenance à la « race hindoue », peu important par ailleurs que la progéniture soit la conséquence d’unions sexuelles inter-castes.
      • L’appartenance revendiquée à la culture et à la civilisation hindoues, à des figures historiques vénérées en tant que héros, à des fêtes communes, à des rites et sacrements communs et à des lois communes.

      Il est clair, poursuit Savarkar, que si nombre de chrétiens et musulmans (dont les ancêtres hindous ont été convertis autrefois) peuvent se prévaloir des deux premiers critères, tel n’est pas le cas s’agissant du troisième. En conséquence, chrétiens et musulmans ne peuvent être considérés comme appartenant à la nation hindoue. Pour Savarkar, le problème est essentiellement culturel, bien davantage que religieux. Au point qu’il va jusqu’à préciser : « Certains d’entre nous sommes monothéistes, d’autres panthéistes, certains sont théistes, d’autres athées – nous sommes tous hindous et partageons le même sang. Nous ne sommes pas seulement une nation, mais une race, une fraternité de naissance. »

      L’idéologie de l’hindutva, ainsi développée par Savarkar, est précisée une quinzaine d’années plus tard avec la publication de We or Our Nationhood defined, édité en 1939 par MS Golwalkar (3), l’année même où il est choisi par le fondateur du RSS Hedgewar pour lui succéder. Disciple de Savarkar, Golwalkar est également un praticien de l’hindutva puisque cette idéologie constitue la colonne vertébrale du RSS, fondé en 1925 sur le modèle des milices fascistes.

      Dans son livre, il reprend et complète la thèse de Savarkar : les hindous ont contrôlé leur terre pendant 8 000 à 10 000 ans avant d’être envahis. Contrairement aux théories de Muller, ce ne sont pas les Aryens nordiques qui ont envahi l’Inde, mais le contraire, car jadis, soutient Golwalkar, le pôle Nord se trouvait dans ce qui est aujourd’hui le Bihar ou l’Orissa (nord-est de l’Inde). Ce sont donc bien les Indiens et nul autre peuple qui sont à l’origine de la grande civilisation indo-européenne.

      Golwalkar entreprend alors de faire l’éloge du pangermanisme ainsi que de la façon dont l’Allemagne traite la question des minorités culturelles et ethniques : afin de préserver la pureté de la race et de sa culture, l’Allemagne a choqué le monde en purgeant le pays des races sémitiques, les juifs. La fierté raciale s’est ici manifestée à son plus haut. L’Allemagne a également montré à quel point il est presque impossible pour les races et les cultures ayant des différences remontant à leurs racines d’être assimilées en un tout unifié, une bonne leçon à retenir pour nous en Hindousthan dont nous devons tirer profit.

      Et de conclure que le Congrès est une invention des Anglais (4) afin de diviser les hindous, ce qui a fait perdre à ces derniers le sens de la nation que Golwalkar les exhorte à retrouver. Savarkar, qui, en 1937, a pris la tête du Hindu Mahasabha, lance en 1942 un mot d’ordre : « Hindouiser la nation et militariser l’hindouisme », tout en s’opposant au mouvement Quit India lancé par Gandhi.

      Le nationalisme hindou est longtemps resté marginal dans la politique indienne. Interdit en 1948 après l’assassinat de Gandhi, puis préautorisé un an plus tard, le RSS a pris soin (comme il le fait encore aujourd’hui) d’affirmer que sa mission est avant tout culturelle et non politique. Les partis se réclamant de l’hindutva ne pesaient presque rien du temps de Nehru. Leur progression à partir des années 1960, mais surtout de la fin des années 1970, est dans une large mesure l’effet de l’usure du Congrès, qui a dominé la vie politique de façon hégémonique avant et après l’indépendance. De mouvement de libération nationale englobant toutes les tendances politiques, le Congrès s’est progressivement mué en parti dirigé par une dynastie (Nehru-Gandhi) et miné par la corruption, aboutissement logique de l’exercice du pouvoir pratiquement ininterrompu pendant plusieurs décennies.

      Il faut attendre 1977 pour qu’un gouvernement soit dirigé par un adversaire du Congrès. C’est la conséquence de la dictature exercée par Indira Gandhi pendant l’état d’urgence (1975-1977). Encore s’agit-il d’un gouvernement de coalition et le premier ministre Morarji Desai est lui-même un ancien dirigeant du Congrès. Le retour au pouvoir du Congrès en 1980 est à peine éclipsé en 1990 et 1991 par d’éphémères gouvernements de coalition, certes soutenus par le BJP, mais dont la politique n’est pas marquée par l’idéologie nationaliste hindoue.

      Cependant, l’Inde entre progressivement dans une culture d’alternance et le Congrès n’est plus voué à rester au pouvoir quoi qu’il arrive. C’est le BJP, qui a pris en 1980 la suite du Bharatiya Jana Sangh, qui incarne cette alternance. Ses cadres, depuis l’origine, sont généralement issus du RSS, qui les « délègue » au BJP, assuré qu’ils ont été formés à l’hindutva. Pourtant, après des débuts marqués par une intransigeance idéologique, tout particulièrement sous la présidence de Lal Krishna Advani (1993-1998), les échecs électoraux successifs amènent le parti à s’en remettre à l’un de ses fondateurs, Atal Bihari Vajpayee, partisan d’une ligne plus modérée. Ce dernier mène le parti à la victoire en 1998 et en tant que Premier ministre, Vajpayee parvient à la fois à s’inscrire dans la lignée des gouvernements précédents (Congrès) tout en infléchissant la politique suivie jusqu’alors vers un rapprochement marqué avec Israël et les États-Unis et une libéralisation accrue de l’économie (5).

      Ces inflexions sont par la suite assumées et reprises à son compte par la coalition dirigée par le premier ministre Manmohan Singh (Congrès), au pouvoir de 2004 à 2014. Car de 1998 à 2004, contraint par ses partenaires au sein de la coalition, Vajpayee n’était pas libre d’appliquer à sa guise le programme du BJP. Tout au plus a-t-il tenté de remanier les programmes scolaires en présentant les Moghols (musulmans) comme des envahisseurs ou en rehaussant le rôle des personnages opposés à Nehru dans la lutte pour l’indépendance de l’Inde. Mais faute de majorité, il a prudemment évité de mettre en œuvre les points essentiels du programme du BJP, à savoir l’abrogation de l’article 370 de la Constitution qui accorde un statut particulier au Cachemire (État du Jammu et Kashmir), la construction à Ayodhya d’un temple consacré à Ram sur l’emplacement de la mosquée Babri, détruite par des militants nationalistes hindous en décembre 1992, et la mise en place d’un code civil uniforme, c’est-à-dire l’abolition des dispositions spécifiques aux chrétiens et surtout aux musulmans.

      (3) Madhav Sadashiv Golwalkar, originaire du Maharashtra, a dirigé le RSS de 1940 jusqu’à sa mort, en 1973.

      (4) De fait, c’est bien un fonctionnaire britannique, Allan Octavian Hume, qui en est à l’origine.

      (5) Cette libéralisation a permis un décollage économique, la réduction de la pauvreté et élargi considérablement la petite et moyenne bourgeoisie urbaine, socle électoral du BJP. Mais les inégalités se sont aussi creusées : entre 1980 et 2014, la part de revenu captée par les 10 % des Indiens les plus riches est passée de 30 à 56 % (source : rapport publié le 14 décembre 2017 par le Projet World Wealth and Income Database WID, cité par Le Monde, 15 décembre 2018).
      La majorité hindoue se sent discriminée

      De fait, le choix de thèmes clivants, le recours à la violence se sont avérés électoralement bénéfiques pour le BJP. Pas nécessairement immédiatement : le BJP n’a pas remporté les élections générales de 1989 ni celles de 1991, alors même que le parti était dirigé par LK Advani, qui prônait une politique de rupture, qu’il a notamment incarnée par son fameux Ram Rath Yatra, marche politico-religieuse qu’il a conduite de septembre à octobre 1990 de Somnath (Gujarat) vers Ayodhya. Advani fut arrêté avant d’atteindre sa destination. En décembre 1992, la destruction de la mosquée Babri par des militants de la VHP (6) et du RSS a déclenché des violences entre hindous et musulmans, qui ont fait plusieurs milliers de morts à travers le pays, tout particulièrement à Bombay en 1993.

      Pour la première fois, le BJP accède au pouvoir au Gujarat en 1995, l’année même ou le Shiv Sena, un parti xénophobe et antimusulman, emporte les élections municipales à Bombay. En 2002, la mort de militants nationalistes et de pèlerins hindous, brûlés vifs dans leur wagon à bord du train qui les ramenait d’Ayodhya (7), déclenche des pogroms antimusulmans au Gujarat, qui font près de 2 000 morts, presque tous musulmans. Soupçonné d’avoir encouragé, ou du moins laissé faire, les milices nationalistes hindoues, Modi, chef du gouvernement du Gujarat depuis l’année précédente, est frappé d’ostracisme à l’étranger (les États-Unis lui refuseront un visa dix ans durant). L’intéressé laisse dire et refuse de commenter, entretenant le soupçon chez ses adversaires, mais renforçant sa stature au sein de la petite et moyenne bourgeoisie urbaine hindoue, qui constituent le socle de l’électorat du BJP. Après 2002, le BJP progresse fortement dans les régions du Gujarat où les violences ont été les plus marquées.

      Modi a correctement lu l’évolution de la société indienne vers le « majoritarianisme » (8). De façon croissante, la population hindoue a le sentiment d’être discriminée en faveur de la minorité musulmane, cajolée (pampered) par le parti du Congrès [parfois surnommé de façon péjorative Khangress (9)], qui s’en sert comme d’un réservoir de voix (vote bank), et se reconnaît dans la politique du BJP, qui refuse les concessions (appeasement) envers les musulmans. On est désormais au cœur de l’hindutva telle que la concevaient Savarkar et Golwalkar : les minorités religieuses ne peuvent être tolérées en Bharat (Inde) que si elles se plient à la culture de la majorité hindoue (y compris les codes religieux) et renoncent toute revendication spécifique.

      Et pourtant, la campagne électorale du BJP en 2014 n’a pas été menée sur les thèmes de l’hindutva. Ils en sont même singulièrement absents. Cette campagne, très personnalisée autour de Modi, mettait en avant le développement (vikas) et la bonne gouvernance, la fin de la corruption (liée au Congrès) et la création d’emplois grâce aux investissements privés venus de l’étranger. En d’autres termes, il s’agissait d’appliquer à l’Inde tout entière les recettes économiques qui ont fait le succès du « modèle Gujarati » dont Narendra Modi était crédité dans l’opinion.

      Cependant, quatre ans après l’accession au pouvoir du BJP, les résultats économiques ne sont pas au rendez-vous. Les milieux d’affaires reprochent au gouvernement la timidité et la lenteur des réformes économiques, en dépit des promesses. La création d’emplois se fait attendre et les investissements directs étrangers, bien qu’en progression, ne sont pas à la hauteur espérée, malgré les multiples voyages du premier ministre au cours desquels il martèle son slogan, Make in India, promettant dans chaque pays d’installer en Inde un climat favorable aux investisseurs. Séduits, ou simplement bienveillants, ceux-ci tardent néanmoins à venir car, nonobstant le volontarisme de Modi, l’Inde demeure un pays compliqué pour les entrepreneurs étrangers.

      De surcroît, la démonétisation surprise, en novembre 2016, des billets de 500 et 1 000 roupies, qui a soudainement retiré 86 % de la masse des billets en circulation, a fait perdre à l’Inde plus d’un point de croissance en 2017. Ce qui était présenté comme un coup politique hardi afin d’assécher l’argent noir de la corruption s’est avéré avoir été mal préparé et a privé de ressources les cultivateurs au moment où ils devaient acheter leurs semences (en espèces). Sans surprise, cela s’est traduit l’année suivante par une baisse des récoltes.

      L’exemple peut se décliner dans divers secteurs de l’économie. L’incapacité – du moins temporaire – du gouvernement BJP à tenir les promesses économiques de la campagne de 2014 a entraîné une dégradation de son image et de sa popularité, même si le BJP a encore enregistré des succès électoraux en 2016 et 2017, comme en Uttar Pradesh, où le BJP a remporté, en mars 2017, les trois quarts des sièges de l’Assemblée du plus grand État de l’Inde, dont la population équivaut à celle du Brésil. C’est Narendra Modi lui-même qui a choisi pour le diriger un moine connu pour ses positions extrémistes, Yogi Adityanath, très en pointe dans la dénonciation des musulmans.

      Il est notamment à l’origine des campagnes contre le love jihad, autrement dit le mariage entre une femme hindoue et un homme musulman. Selon la théorie du love jihad, il s’agirait d’un plan délibérément conçu pour islamiser la société hindoue en tirant parti de la naïveté de jeunes hindoues séduites par des « Roméo » musulmans. Des brigades font la chasse à ces couples mixtes et parviennent parfois à les faire arrêter par la police, et, plus rarement, à les faire traduire devant les tribunaux.

      Parallèlement, les milices de défense de la vache (gau rakshaks) traquent les consommateurs de viande de bœuf. Ces dernières années, les cas de violences, parfois mortelles, à l’encontre de personnes simplement soupçonnées de transporter ou de stocker de la viande de bœuf ou de convoyer des vaches pour les abattre, se sont multipliés. L’année 2018 a connu une succession de lynchages qui a amené la Cour suprême à enjoindre au gouvernement central de prendre des mesures pour mettre fin à la mobocratie (la loi de la populace). L’État du Mahrashtra, pour sa part, a interdit en 2015 le commerce et le stockage de la viande de bœuf. Il se trouve que la filière bovine emploie presque exclusivement des musulmans ou des dalits (ex-intouchables). Musulmans et dalits sont également, et de loin, les premières victimes de ces lynchages, dont les auteurs sont ouvertement soutenus par quelques élus régionaux du BJP.

      Cette radicalisation, ce repli sur les marqueurs identitaires, est manifeste dans la campagne menée en décembre 2017 par le BJP pour conserver le Gujarat (État que Narendra Modi a dirigé pendant dix ans). Il n’y était plus question de vikas ni de bonne gouvernance, mais d’insinuer que le Pakistan voulait la victoire du Congrès au Gujarat, avec des références à Aurangzeb (empereur moghol honni des hindous pour son intolérance), et de suggérer que le Congrès voulait désigner un musulman à la tête du Gujarat. En fin de compte, le BJP a conservé de justesse la majorité des sièges, au terme d’un scrutin qui fait figure de victoire à la Pyrrhus pour le parti au pouvoir.

      À la fin de 2017, un membre du gouvernement fédéral a publiquement déclaré que le BJP comptait bien abolir la laïcité de la Constitution indienne. Il n’a pas été suivi sur ce terrain par ses collègues, mais il ne fait pas de doute que le désaccord porte non sur l’objectif mais sur le rythme des réformes. Si les élections de décembre 2017 au Gujarat peuvent donner un aperçu des thèmes de la prochaine campagne au niveau fédéral pour les élections de 2019, il serait exagéré pour autant d’évoquer un rythme accru dans la mise en œuvre du calendrier idéologique du BJP. Il est vrai que depuis 2016, les diverses milices de la Sangh Parivar semblent avoir toute liberté pour défier, souvent par la violence, ceux qui « heurtent les sentiments » des hindous, vandalisant les salles de cinéma qui projettent des films où jouent des acteurs pakistanais ou remettant en question leur vision de l’histoire (même mythologique), s’en prenant physiquement aux mangeurs de bœuf (ou ceux qui sont simplement soupçonnés de l’être), etc.

      Le silence prolongé des autorités – et notamment de leur chef – après la plupart de ces incidents dramatiques est perçu, tant par les partisans de Modi que ses adversaires, comme un encouragement tacite. À plusieurs reprises, cependant, Modi a pris la parole pour condamner sévèrement les excès des milices de défense de la vache. Mais le caractère tardif de ces prises de position et leur inefficacité ne permettent pas de trancher sur le point de savoir s’il condamne vraiment ces exactions ou s’il ne s’agit que d’une concession de forme pour enrayer les critiques montant en Inde comme à l’étranger.

      De façon plus surprenante, le RSS ne semble pas pousser à une accélération du calendrier, tout particulièrement s’agissant de la construction du temple de Ram à Ayodhya. Il préfère manifestement donner la priorité à la révision des manuels scolaires (le nom de Nehru a été banni des manuels scolaires au Rajasthan) et éviter pour l’heure les sujets trop clivants. Son chef suprême, Mohan Bhagwat, multiplie même les déclarations conciliantes, affirmant par exemple en octobre 2017 devant des cadres du mouvement que l’« Inde est une nation d’hindous, mais n’exclut pas les autres », ce qui est une version très édulcorée de l’hindutva, que professe pourtant depuis l’origine le RSS, qu’il dirige depuis 2009. Tout se passe comme si le RSS, donnant la priorité à son projet à long terme, ne voulait pas brûler les étapes au risque de compromettre ses objectifs par un échec du BJP lors du scrutin national de 2019. Il sera toujours temps, après les élections, d’aller plus loin dans l’hindouisation de la société.

      Le BJP a remplacé le Congrès comme parti attrape-tout à l’échelle de l’Union indienne. Il est tiraillé entre la modération nécessaire afin de conserver cette audience et l’intransigeance idéologique de son noyau dur. Le retour de la croissance que prédit le FMI pour 2019 ainsi que les conseils du RSS pourraient inciter Narendra Modi et le BJP à abandonner les thématiques antimusulmanes, auxquelles ils ont eu recours lors des élections de 2017 au Gujarat, pour revenir à des slogans plus neutres idéologiquement, fondés sur le développement, l’environnement et la lutte contre la corruption, et à garder pour plus tard la mise en œuvre d’un programme intransigeant fondé sur l’hindutva.

      (6) La Vishva Hindu Parishad a été créée en 1964 à l’initiative du RSS pour « organiser, consolider la société » et « servir et protéger le dharma (loi naturelle) hindou ».

      (7) Le 27 février 2002, des pèlerins hindous, pour la plupart membres ou sympathisants de la VHP, reviennent d’Ayodhya. Lors de son arrêt en gare de Godhra, le train est attaqué et un incendie se déclare, tuant 59 personnes.

      (8) Ce néologisme, tiré du terme anglais majoritarianism, me semble mieux rendre compte de la réalité que les traductions habituelles (« fait majoritaire », « principe de majorité »).

      (9) Khan est l’un des noms musulmans les plus courants en Inde.

  • A l’école genevoise, le #Kosovo n’existe pas

    Les cartes géographiques murales dans les classes font du Kosovo une province serbe. Elles ont été achetées à l’entreprise Michelin, en France. Le Département de l’instruction publique reconnaît une erreur.

    « Madame, il est où le Kosovo sur la carte ? » demande un élève. Réponse hypothétique de l’enseignant : « En #Serbie, Toto. » C’est la blague de la rentrée scolaire genevoise, qui fera sans doute davantage grimacer que sourire. Mais elle est vraisemblable. En effet, sur les cartes murales du monde et de l’Europe des classes des degrés primaire et secondaire dont le Département de l’instruction publique (DIP) a fait l’acquisition, le Kosovo n’existe pas. Il n’est qu’une province serbe, alors que son indépendance a été reconnue. Diable, il va falloir que les professeurs se montrent fins diplomates.

    Comment cette bourde a-t-elle été rendue possible, dans un canton où la communauté kosovare est très présente ? « L’absence des frontières politiques du Kosovo n’a pas été remarquée par les acheteurs sur le moment, répond Pierre-Antoine Preti, porte-parole du DIP. Il n’y a aucune volonté délibérée de la part du DIP, qui va désormais s’employer à corriger cette erreur. » Comment ? Dans un premier temps, la commande 2018-2019 sera renvoyée à l’expéditeur. Les commandes suivantes seront conformes aux frontières politiques européennes, assure le département.
    Exigence de cartes plastifiées résistantes

    Chaque année, Genève procède au réassort des cartes murales donnant des signes de fatigue. Le canton vient de faire l’acquisition de 73 exemplaires. La Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) a passé commande au français Michelin, manifestement pas à la page puisque l’Hexagone, comme la Suisse, a reconnu le Kosovo en 2008, peu après sa déclaration d’indépendance unilatérale.

    Genève aurait été mieux inspiré en achetant local. En Suisse, le numéro un des éditeurs touristiques est Hallwag Kümmerly+Frey et ses cartes sont à jour. Le DIP n’ignorait pas ce fournisseur lorsqu’il a procédé au choix, l’acquisition étant passée par la centrale commune d’achat du Département des finances, qui veille à l’application des règles usuelles des marchés publics.

    Mais la DGEO avait sur le produit des idées bien arrêtées. Elle souhaitait des cartes plastifiées plus résistantes à l’usage scolaire, une exigence formulée avec le soutien d’experts pédagogiques dans le domaine de la géographie. Dommage qu’attachés à ces considérations techniques, ils en aient oublié le fond. Et comme le concurrent suisse de Michelin ne proposait pas cette plastification dans le format désiré, c’est l’entreprise française qui l’a emporté.
    « La communauté kosovare mérite toute notre considération »

    Au grand dam aujourd’hui de la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta, qui regrette l’absence des frontières nationales du Kosovo sur ces documents : « La communauté kosovare présente sur notre territoire mérite toute notre considération. La Suisse fut l’un des premiers pays à reconnaître ses frontières nationales. »

    Du côté des politiques, on reste pantois devant la gaffe : « C’est grave, car on constate qu’on a mis l’accent sur l’emballage, et pas sur le contenu, réagit Jean Romain, député PLR au Grand Conseil. Enseigner, c’est d’abord transmettre des connaissances, les plus justes possible. » François Lefort, député vert au parlement : « Le DIP devient un habitué des bourdes. Soit par ignorance, soit par manque d’intérêt. C’est regrettable. »

    Pour un enseignant du primaire, cette affaire est dommageable : « C’est blessant pour les élèves kosovars, et cela pourrait créer des remous même au sein des familles. A nous de saisir l’occasion de faire un peu de géopolitique pour expliquer les choses. » Francesca Marchesini, présidente du Syndicat des enseignants du primaire (SPG), salue la volonté du DIP de corriger le tir. « Même si le problème n’a pas été soulevé par le corps enseignant avant ce réassort. » Les cartes actuellement dans les classes souffrent en effet de ce même manquement.
    « Au détriment aussi des entreprises suisses »

    Au Syndicat des enseignants du Cycle d’orientation (Famco), Julien Nicolet, membre du bureau, relève un autre choix problématique, selon lui : la renonciation à l’Atlas mondial suisse, publié par la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’Instruction publique, au profit d’un atlas des Editions De Boeck, en Belgique : « Les données statistiques sont anciennes, la cartographie est médiocre, certaines régions, comme la péninsule Ibérique, ne sont pas traitées, et les noms sont francisés à outrance. Ces économies de bouts de chandelle ne riment à rien. »

    Elles posent aussi une autre question : « L’obligation d’épargner se traduit par des économies de court terme. Dans les deux cas d’espèce, elles sont au détriment aussi des entreprises suisses. Comment dit-on se tirer une balle dans le pied en wallon ? » plaisante un enseignant.

    A Genève, les 3500 cartes géographiques suspendues dans les classes totalisent une valeur de 65 000 francs. Pas cher pour ce qu’elles procurent de rêves, mais cher pour y voir figurer des erreurs. Cela ne risque pas d’arriver dans le canton de Vaud, qui a rompu depuis des années avec la tradition en n’achetant plus de cartes murales du monde, leur préférant la projection. Demeure une seule carte en papier, celle du canton. Une valeur sûre qui évitera à Toto de chercher le Kosovo dans le Gros-de-Vaud.

    https://www.letemps.ch/suisse/lecole-genevoise-kosovo-nexiste
    #polémique #cartographie #école #éducation #Suisse

    cc @reka

    • La carte est fausse ? La leçon de géographie sera meilleure !

      Il est évidemment regrettable que le Kosovo ait été « oublié » sur les cartes scolaires genevoises comme le révèle le TEMPS. Les réactions contrites des protagonistes de la bourde sont justifiées. Mais l’épilogue de l’affaire (renvoi chez Michelin afin d’obtenir des cartes correctes) et les réactions outrées des politiciens en quête d’une « transmission des connaissances les plus justes possibles » mérite discussion.

      L’histoire de la cartographie – portée par des grandes figures comme Brian Harley et Mark Monmonier – nous apprend en effet qu’aucune carte n’est « vraie » ou « juste ». Les bonnes cartes, certes, tendent à être les plus fidèles possibles, mais toutes représentent un reflet du monde, des choix cartographiques et des rapports de pouvoirs. Comment les futures cartes « justes » qui seront livrées au DIP représenteront-elles la Palestine ? la Crimée ? Le Tibet ? Le Cachemire ? Les îles Kouriles ? Ceuta et Melilla ? Gibraltar ? Je serai curieux de le savoir !

      Il y a là une matière d’apprentissage bien plus nécessaire pour les élèves que la géographie traditionnelle de pays figés chacun dans une couleur et de capitales à mémoriser. Mon conseil aux enseignants de géographie genevois est donc de conserver précieusement leurs nouvelles cartes fausses et d’en faire la matière d’un cours sur la géographie changeante des Balkans – une région riche d’ailleurs d’une histoire cartographique particulièrement remarquable – sur le pouvoir des cartes et sur les rapports compliqués entre la réalité et sa représentation…

      Ce sera toujours plus intéressant que de contempler – comme les petits vaudois si l’on en croit l’article du TEMPS – le seul canton de Vaud…

      Harley, B. J. 1988. Maps, Knowledge and Power. In The Iconography of Landscape, eds. D. Cosgrove and S. Daniels. Cambridge : Cambridge University Press.

      ------. 1989. Deconstructing the Map. Cartography (26):1-20.

      Monmonier, M. S. 1993. Comment faire mentir les cartes. Paris : Flammarion.

      https://blogs.letemps.ch/etienne-piguet/2018/08/30/la-carte-est-fausse-la-lecon-de-geographie-sera-meilleure

  • La géographie, sujet explosif en Chine
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/02/03/la-geographie-sujet-explosif-en-chine_5251316_3234.html

    En janvier, le groupe Marriott a provoqué l’ire de Pékin en représentant sur son site Web Hongkong, Macao, le Tibet et Taïwan comme quatre Etats indépendants.

    Vu de Shanghaï. Pas question de dépasser ni d’utiliser la mauvaise couleur ! Les entreprises étrangères qui opèrent sur le sol chinois sont prévenues : les cartes de Chine qu’elles présentent à leurs clients doivent être impeccables, autrement dit correspondre aux revendications territoriales du pays jusqu’au moindre îlot.

    En janvier, plusieurs sociétés, dont Zara, Audi, Muji ou Delta Airlines, en ont fait les frais, à la suite d’un scandale impliquant la chaîne d’hôtels de luxe Marriott. Sur son site Internet, Hongkong, Macao, le Tibet et Taïwan étaient représentés comme quatre Etats indépendants, ce qui n’a pas manqué de provoquer l’ire des internautes chinois.

    En la matière, le droit à l’erreur n’existe pas, surtout quand ladite erreur porte sur des territoires contestés. Si le Tibet et Hongkong sont officiellement des zones chinoises, ils ont un statut particulier. Quant à Taïwan, l’île revendiquée par Pékin possède les caractéristiques d’un Etat, avec un gouvernement indépendant et une armée propre, mais pas de reconnaissance internationale. Le sujet de l’appartenance à la mère patrie provoque des réactions épidermiques chez la plupart des citoyens chinois.

    • @reka, tu taggues « manipulation » et « chantage », et ça m’intéresse :) Est-ce que la Chine est la seule dans ce cas là ? Je me dis qu’on doit avoir les mêmes règles ici, sauf qu’on a réussi nos invasions plus tôt et que les territoires conquis ne sont pas disputés par d’autres puissances. Mais que ce passe t-il si des entités publies des cartes dans lesquelles la Corse ou des DOM-TOMs ne sont plus français ?

    • @nicolasm Pour des pays comme la France, le Royaume-Uni ou ls États-unis, puissances qui ont encore des possessions post-coloniales, les représentations qui « oublient » les territoires lointains ne posent pas de problèmes particuliers au niveau officiel. Ces états admettent très bien des représentations uniquement « métropolitaines » parce que pour eux, ces possessions lointaines sont d’importance stratégique surtout et ne servent aucune volonté nationaliste exubérante, aucun objectif émotionnel de propriété territoriale. En clair, ils ne font jamais chier personne pour des représentation cartographiques uniquement métropolitaines.

      Par contre des pays comme la Grèce, le Maroc, la Corée, le Japon, la Chine, l’Inde, le Pérou et l’Équateur, l’Arabie saoudite, l’Iran, le Vietnam sont beaucoup plus sensibles aux représentations n’incluant pas certains territoires excentrés, ou des territoires joints au territoire métropolitain mais contestés. L’oubli d’une île, ou d’une région occupée ou administré par un pays voisin, u !ne frontière contestée en trop ou en moins déclenche souvent des grosses colères ds états concernés qui considère les « représentations cartographiqus » non conforme comme ds insultes, exigent des xcuses voire des réparations, censures les journaux ou les livres qui publient ces fausses cartes" etc... Pour certains états comme la Corée, c’est une question émotionnelle très sensible débattue quasi-quotidiennement : la forme du pays, la manière de nommer un lieu, c’est l’identité nationale, ne pas se conformer aux exigences du pays (même si c’est en contradiction avec celles du pays voisin) relève de l’insulte suprème. C’est ’équivalent de bruler le drapeau ou s’essuyer les pieds dessus.

      J’ai des dizaines d’exemples, décrits ça et la entre autre sur visions carto si ça t’intéresse, on pourrait en faire une liste. Les tags, c’est pour les retrouver facilement

    • Pratiquement tous les pays qui ont des contentieux territoriaux ne tolèrent de cartes que conformes à leur revendication.

      Ainsi pour la Crimée, entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, pour la Guyane Esequibo entre le Venezuela et Guyana, pour l’Aksaï Chin entre l’Inde et la Chine, le Cachemire entre l’Inde et le Pakistan, etc. (tous pbs déjà abordés ici). Pour la France, il y a contentieux pour les Îles Eparses (avec Madagascar) ce dont tout le monde ou presque se tape ici (mais pas forcément là-bas).

      Le problème a aussi été abordé ici à propos de Google Maps qui trace les frontières en fonction du pays correspondant à l’adresse IP.

    • @reka, j’imagine que dans le cas de la France, évidemment il n’y a pas de contencieux, mais également les territoires où il y a le plus de revendications indépendantistes sont insulaires, donc effectivement une représentation métropolitaine ne choque pas plus que ça car beaucoup de raisonnements s’appliquent de toute façon à l’hexagone qui a une continuité terrestre. Mais si des cartes commencent à apparaître où il manque un bout de l’hexagone et éditée par des entreprises, ça risque de coincer j’imagine ?

    • Thatcher à envoyé la Marine pour les récupérer dans les années 1980 :) c’est stratégiquement intéressant pour eux, mais les british s’en foutent complètement que ce soit représenté ou pas sur une carte du Royaume-Uni. Par contre si tu ne représente pas une île coréenne contestée ou vietnamienne dans la mer de chine méridionale, tu t’exposes au courroux et à la censure, à la colère etc...de ces pays.

    • Que ce soit représenté ou non ils s’en foutent peut être, mais si une entité basée en UK sort une carte où c’est attribué à l’Argentine ? Encore une fois l’exemple n’est pas le meilleur car on parle d’un territoire qui est loin géographiquement, donc qui a peut de chance de ce retrouver sur une carte, mais j’avais envie de voir les réactions des états « du bien », car je soupçonne qu’on ferait pareil dans un cas de figure similaire

  • Les « martyrs » jihadistes veulent-ils forcément mourir ? | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2011-5-page-867.htm

    Les attentats suicides et autres formes apparentées de violence autosacrificielle sont devenus un répertoire d’action privilégié des mouvements islamistes radicaux contemporains. En Asie du Sud, les groupes jihadistes  y ont recours dans le territoire disputé du Cachemire dès la fin des années 1990, puis dans le reste de l’Inde et au Pakistan (où une cinquantaine d’attaques de ce type ont lieu par an depuis 2007). Les facteurs historiques, politiques et stratégiques de ce phénomène, variables selon les pays, ont été précisément étudiés. Les motivations des exécutants continuent, quant à elles, de nous troubler, car enfin, « pourquoi des individus se tueraient pour d’autres raisons que de ne plus vouloir vivre ? »
    .

  • J – 135 : Suis allé voir Une vie de Stéphane Brizet au Kosmos . En suis sorti enchanté.

    Suis allé voir Une vie de Stéphane Brizet au Kosmos , j’étais sous le charme à la fois des images toutes filmées avec de longues focales, et pour les plans rapprochés avec des angles de vues très surprenants, avec un fort goût pour le pan trois quart arrière qui n’est pas le plus expressif s’agissant des visages des acteurs, et pourtant, une certain nonchalance, une certaine lenteur, quelques très beaux effets de coupe au montage et ces plans qui seraient ingrats dans n’importe quel film finissent par être tout aussi évocateurs que d’autres plus face.

    Suis allé voir Une vie de Stéphane Brizet au Kosmos , j’ai été en de nombreuses occasions subjugué par la force de son montage, aussi bien pour les séquences entières que pour les séquences mises bout à bout, sans parler des effets de flashback et de flash forward si vifs et tellement surprenants, surtout le plan de fastforward du personnage de Jeanne, magnifiquement interprété par Judith Chemla, dont on se demande bien, au début du récit ce qu’il vient faire là, vers quelle attente est tenue cette Jeanne apparemment plus âgée. J’ai aimé particulièrement le silence de la bande-son des flashbacks qui indiquaient sans pouvoir s’y méprendre qu’ils étaient des flashbacks , j’ai aimé ces souvenirs silencieux, et, au contraire, la violence du vent dans les plans de flash forward et qui disent que le futur est un aspirateur implacable.

    Suis allé voir Une vie de Stéphane Brizet au Kosmos , où j’ai aimé l’admirable surprise de la dernière ligne qui m’a fait un peu le même effet que la dernière ligne d’Extinction de Thomas Bernhard, après six cents pages atrabilaires et pesantes comme seul Thomas Bernhard savait les écrire, c’était une manière de rayon vert, de dernier rai de lumière dans une existence que l’on aurait pensé fermée sur elle-même, non sans quelques inspirations du côté du Ruban blanc de Michael Hanecke, ce côté d’observation clinique d’un monde reclus et dans lequel la règle sert de garde-fou, et quand elle cède, ce sont des grands naufrages qui ont lieu, il y a décidément quelque chose d’autrichien dans le cinéma de Stéphane Brizet auquel je trouvais déjà des airs de Michael Hanecke dans la longueur insupportable de ses plans séquences dans la Loi du marché.

    Suis allé voir Une vie de Stéphane Brizet au Kosmos , je me suis interrogé sur la permanence du luxe des étoffes des habits de Jeanne qui ne me semblait pas raccord d’avec le reste du récit et notamment sa déchéance économique, je me suis dit que réalisateur, Stéphane Brizet aurait dû gendarmer sa ou son costumière, fut-ce au prix de l’empêcher de jouir de cet étalage de grands châles aux motifs cachemire - même si j’ai moi-même en matière d’étoffes la même prédilection - et je me suis étonné de constater à quel point un tel détail pouvait avoir une incidence aussi désastreuse presque sur un film dont le reste de bout en bout est parfaitement maîtrisé.

    Suis allé voir Une Vie de Stéphane Brizet au Kosmos , en en sortant j’avais envie de relire Une vie de Maupassant, non pas par souci de vérification ou que sais-je d’un peu comptable de la sorte vis-à-vis d’un film dont je pensais de toute manière le plus grand bien, mais de Maupassant, dans ma bibliothèque tellement désordonnée, je ne suis parvenu qu’à remettre la main sur le Horla que j’ai relu le soir et qui m’a occasionné une très belle insomnie de peur, et puis finalement, un peu de sommeil quand même mais habité de rêves très angoissants dans un univers très dix-neuvième, et je ne me félicite pas d’une telle porosité de mon inconscient.

    Exercice #56 de Henry Carroll : Prenez un portrait de groupe qui saisit l’individualité de chacun.

    #qui_ca

  • Une industrie bien armée face à la crise
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article847

    Si le climat économique est globalement morose, il y a au moins un secteur dont la santé est éblouissante : celui des industries de l’#armement. Le marché mondial de la défense a battu un record de ventes en 2015, en progression de 11 % par rapport à 2014 . Et cette croissance va continuer : la situation géopolitique mondiale est incertaine et tous les États rêvent d’avoir une armée plus puissante que celles de leurs voisins. La France est la grande gagnante de cette compétition : elle « a relancé son industrie de défense et bénéficié de ventes régulières plusieurs années consécutives » constate un expert. En 2012, les exportations françaises d’armement s’élevaient à 4,8 milliards d’euros, en 2015 elles ont atteint 16 milliards d’euros et elles vont plus que doubler encore en 2016. Cette vertigineuse croissance fait que la France est devenue le troisième vendeur d’armes dans le monde, devant l’Allemagne, et elle devrait dépasser la Russie pour « devenir le deuxième plus grand exportateur mondial d’équipements de défense » dès 2018 selon la revue spécialisée Jane’s.

    Les États-Unis, leader incontestés, restent encore hors d’atteinte. Les firmes d’armement françaises, Dassault, D.C.N. , Thalès, Airbus etc. sont à la fête, leurs bénéfices gonflent en proportion et leurs actions crèvent les plafonds. Nos responsables politiques ne manquent pas de mettre en avant ces succès, générateurs d’emplois et de rentrées de devises. Ainsi, suivant Jean-yves Le Drian, ils constituent « une reconnaissance de la puissance de la France , de sa dimension mondiale » . De gauche ou de droite, tous les nationalistes, amoureux du bleu-blanc-rouge bombent le torse et poussent des cocoricos. Nos actuels dirigeants politiques n’hésitent pas à attribuer ces succès à leur action, à leur engagement, à leur talent et ils en tirent gloire.

    On ne peut pourtant s’empêcher de faire un parallèle entre la courbe des ventes d’armes et celle des engagements militaires français à l’étranger : jamais, depuis les débuts de la cinquième république, les armées françaises n’avaient été engagées sur autant de terrains d’opération : Mali, Syrie, Lybie etc. « Moi-président » laissera dans l’histoire le souvenir d’un grand chef de guerre. Et chacun de ces théâtres d’opération constitue pour nos armées un remarquable terrain de démonstration. C’est que les acheteurs d’armement sont comme n’importe quel client : ils sont difficiles, exigeants ; ils veulent voir, vérifier. C’est que dans le domaine des ventes d’engins de mort, la concurrence est rude et rien ne vaut, pour prouver la réelle efficacité du matériel et finaliser un contrat, l’épreuve de vérité, c’est-à-dire leur utilisation en temps de guerre contre de vrais ennemis, sur de vrais théâtres d’opération.

    Et des théâtres d’opération pour vérifier l’efficacité des matériels, corriger leurs défauts, optimiser leurs performances, nos fabricants nationaux en ont plus que de besoin, ce que nos « représentants » ne manquent pas de mettre en avant. Ils ont en face d’eux de redoutables négociateurs, des gens extrêmement riches comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar, (pétrole oblige) qui ne s’embarrassent pas de sentimentalisme : l’Arabie Saoudite par exemple applique strictement la charia (amputations, décapitations (153 condamnés décapités en 2015) et lapidations en place publique ; par exemple, le jeune Ali Mohamed al-Nimr dont le tort était d’être le neveu d’un dignitaire chiite, farouche opposant au régime, a été décapité et son corps, crucifié exposé pour l’exemple sur une place publique. Par ailleurs, l’armée saoudienne engagée dans une guerre au Yémen est accusée par les organisations humanitaires de dizaines de meurtres de civils (bombardement d’hôpitaux, d’écoles etc.).

    Quand on est face à de tels acheteurs, il faut faire preuve de réelles qualités de négociateur, surtout quand l’on sait que la France a ratifié le Traité international sur le Commerce des Armes. Ce traité a pour but de réguler le commerce « légal et légitime » des armes et sa rédaction devrait nous interdire de commercer avec l’Arabie Saoudite. En effet, les États signataires s’engagent à

    « ne pas autoriser de transferts d’armes classiques, ni de leurs munitions pièces ou composants….. s’ils ont connaissance, lors de l’autorisation, que ces armes ….. pourraient servir à commettre des crimes internationaux, notamment des crimes de guerre » .

    La France, patrie des droits de l’homme, a par ailleurs signé la charte de l’Organisation Internationale du Travail et en particulier les articles relatifs à la liberté syndicale, à la reconnaissance effective pour les travailleurs du monde entier du droit de négociation collective et à l’élimination du travail forcé ou obligatoire. En mai 2014, le constructeur DCNS (dont l’État français est actionnaire) vendait à l’Égypte (ce pays connaît depuis l’arrivée au pouvoir en 2013 du maréchal Sissi un cycle répressif - massacres de manifestants, emprisonnement des opposants, procès iniques, élections totalement truquées) 4 corvettes dont trois devaient être construites en Égypte.

    Le chantier naval chargé de ce contrat racheté par l’armée Égyptienne, connaît depuis ce rachat des conflits sociaux. Les nouveaux propriétaires n’ont pas hésité à laminer très fortement les salaires et les primes des ouvriers civils : de 400 € mensuels les salaires plus primes ont été ramené au salaire de base soit 50 € augmenté suivant les mois de 10 à 30 € de primes. C’est lors de la distribution de la prime du ramadan (mai 2016) que la colère des ouvriers a explosé : la direction de l’entreprise accordant royalement une prime de 7 €, alors que traditionnellement les ouvriers recevaient l’équivalent de deux mois de salaire. Suite à une entrevue avec les ouvriers, le directeur a appelé l’armée pour investir l’entreprise.

    Le 25 mai, 14 ouvriers sont arrêtés et emprisonnés puis inculpés avec 12 autres.

    « Ces 26 employés ont été choisis à peu près au hasard, dans tous les secteurs de l’usine. La direction veut faire un exemple pour mettre au pas toute l’entreprise. Ils ont beau être innocents, le juge militaire ne fera qu’appliquer les ordres qu’on lui transmet » déclare leur avocat.

    De fait, les tribunaux militaires ont en Égypte une compétence très large, leurs juges sont sous les ordres du chef d’état-major et ils n’offrent aucune garantie de procès équitable. Le procès a été plusieurs fois reporté et des ouvriers sont toujours emprisonnés. Des intérimaires ont été embauchés à leur place pour construire les navires vendus par la France.

    Soyons justes, la France ne vend pas des armes qu’à des pays qui violent les droits de l’homme comme l’Égypte ou l’Arabie Saoudite, ou qu’à des pays qui financent ou ont financé des terroristes comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite. Parmi nos clients, nous comptons aussi des pays comme l’Australie (sous-marins) ou l’Inde (avions). « La plus grande démocratie du monde » (plus de un milliard d’habitants) vient ainsi de nous acheter 36 Rafale pour un montant de 8 milliards d’euros. Cette somme représente un an et demi du budget que l’État indien consacre à la santé ! Or la situation des institutions sanitaires indiennes est lamentable : la majorité des hôpitaux et des dispensaires sont délabrés et des dizaines de millions de patients n’ont pas accès aux soins.

    Pour comprendre le choix du gouvernement indien, il faut prendre en compte le fait que l’Inde, majoritairement peuplée d’hindouistes, est depuis sa création en conflit au sujet du Cachemire avec le Pakistan peuplé quasi exclusivement de musulmans.

    Depuis 1947, les deux pays sont en état de guerre larvée et les fréquents affrontements militaires ont causé des milliers de morts, ceci pour le plus grand profit des vendeurs d’armes. Jouant sur la fibre patriotique, les militaires indiens, jaloux des matériels détenus par l’armée pakistanaise n’ont donc eu aucun mal à présenter comme une urgence absolue l’achat de ces avions. Les personnels hospitaliers et les patients indiens devront attendre, mais que les âmes sensibles se rassurent ; gageons que les gouvernants français auront pensé à expliquer à leurs homologues indiens les avantages d’un « téléthon » pour financer la modernisation de leurs hôpitaux.

    Dans ce domaine aussi, l’expertise de la France est incontestable. Grâce au talent de nos gouvernants, à leur capacité à « oublier » les traités qu’ils ont signés ou à détourner le regard pour ne pas voir certaines réalités obscènes, la France va devenir le deuxième marchand d’armes dans le monde. Pour parvenir à ce résultat, nous voici fournisseurs d’armes et complices objectifs de certains des pires états criminels de la planète.

    Le plus effrayant est que ce sont les mêmes qui d’une main ratifient des traités internationaux pour défendre les droits de l’homme et de l’autre signent avec des états voyous des contrats d’armement, vantent le rôle historique de la France, patrie des droits de l’homme, infatigable défenseur de la liberté et en même temps se bouchent les oreilles pour ne pas entendre les cris des torturés et des massacrés. Que pèsent en effet, ces cris, ces souffrances, ces détresses face aux milliards de dollars des ventes d’armement, aux profits des entreprises et des actionnaires, aux emplois créés en France : rien, absolument rien, affirme notre premier ministre en réponse à la question d’un journaliste.

    La grandeur de la France, sa santé économique sont une raison suffisante. C’est la dure loi du système capitaliste, un système aussi immoral qu’inhumain car il ne connaît que la loi de l’argent et autorise toutes les bassesses pour accroître le profit, raisons pour lesquelles nous voulons son abolition.

    Article d’@Anarchosyndicalisme ! n°152 déc 2016 - Janv 2017
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article844

  • Le joyau du Cachemire | Tauseef Mustapha
    https://making-of.afp.com/le-joyau-du-cachemire

    « Je me rends régulièrement autour du lac Dal, c’est un endroit où je me trouve en paix, quelle que soit la saison », écrit Tauseef Mustapha, photographe à Srinagar, au sujet de ce haut lieu touristique du Cachemire, à l’extrémité de l’Himalaya. « Le lac est un joyau, le plus souvent silencieux. C’est un endroit que j’aime parce qu’il me permet aussi de faire une pause dans la couverture des affrontements entre les séparatistes cachemiris et l’armée indienne ». Source : Making-of

  • #INDE-PAKISTAN:Situation au Cachemire : « Le vrai risque, c’est un fou à la tête d’un Etat nucléaire »
    http://vilistia.org/archives/12192

    21 sept. 2016 © Mukesh Gupta Source : Reuters Les manifestants brûlent le drapeau pakistanais à Jammu, en Inde, suite à l’attaque contre l’armée indienne à Cachemire, le 20 septembre 2016 Les relations entre l’Inde et le Pakistan demeurent tendues, … Lire la suite →

  • #Cachemire : l’#Inde mène des « frappes chirurgicales » contre des camps rebelles

    L’Inde a annoncé jeudi avoir mené des « frappes chirurgicales » contre des camps rebelles le long de la ligne de démarcation de la région contestée du Cachemire, frontière de facto entre l’Inde et le #Pakistan, Islamabad faisant de son côté état de deux soldats pakistanais tués.

    http://www.courrierinternational.com/sites/ci_master/files/styles/image_original_765/public/afp/50bdd90d2fd822bed4ac6db7ff3f02c30aa5e924.jpg?itok=3QtDoRTl
    http://www.courrierinternational.com/depeche/cachemire-colere-du-pakistan-apres-des-frappes-de-linde.afp.c
    #conflit #disputes_territoriales #frontières #disputes_frontalières

  • Inde. Et si Delhi arrêtait les eaux de l’#Indus pour assécher le Pakistan ?

    Telle est la dernière trouvaille de ceux qui, en Inde, réclament du gouvernement Modi une riposte à l’attaque récente contre une base militaire au Cachemire.


    http://www.courrierinternational.com/article/inde-et-si-delhi-arretait-les-eaux-de-lindus-pour-assecher-le

    #eau #conflit #Inde #Pakistan #fleuve

  • Pakistan, Chine, Moyen-Orient : l’Inde opère un tournant diplomatique
    https://www.mediapart.fr/journal/international/200916/pakistan-chine-moyen-orient-l-inde-opere-un-tournant-diplomatique

    L’attaque terroriste contre une base de l’armée indienne au Cachemire, dimanche 18 septembre, pousse le premier ministre indien, #Narendra_Modi, arrivé à mi-mandat, à clarifier sa politique étrangère : resserrer les liens avec les voisins immédiats et hausser le ton à l’égard des ennemis de toujours.

    #International #Asie #diplomatie #Inde

  • Dans le numéro de septembre 2016
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/09


    À Washington, scénarios pour un conflit majeur ; dans les Balkans, le plus vieil islam d’Europe ; données personnelles, une affaire politique ; riposte culturelle au Cachemire ; la Corne de l’Afrique dans l’orbite de la guerre au Yémen ; au Nicaragua, que reste-t-il du sandinisme ? Affrontements réels et faux-semblants de l’élection américaine ; l’art de rue entre subversion et récupération ; les primaires, version russe ; quand les tuyaux avalent les journaux ; l’économi*e comme on ne vous l’a jamais expliquée ; Aix-Marseille, laboratoire de la fusion des *universités ; cette France en mal de médecins ; traduire Shakespeare ; trompeuses métaphores du cancer

  • Censure : le Cachemire indien privé d’Internet depuis 20 jours
    http://www.numerama.com/politique/185490-censure-le-cachemire-indien-prive-dinternet-depuis-20-jours.html

    Pour éviter qu’un mouvement séparatiste pro-Pakistanais ne prenne de l’ampleur, l’administration du Cachemire indien a décidé de couper l’accès à internet et les téléphones mobiles dans la région depuis trois semaines. Seuls ces derniers ont été rétablis mardi. Le Cachemire est une région qui fait l’objet depuis 1947 d’une dispute entre l’Inde et le Pakistan, le premier revendiquant d’absorber l’intégralité de la région montagneuse au sein de sa fédération d’états, tandis que le Pakistan revendique d’y (...)

    #censure #surveillance

  • Vous vous souvenez du plateau du Golan ?
    par Eric Margolis, 30 avril 2016 traduit de l’anglais par Djazaïri
    https://mounadil.wordpress.com/2016/05/08/disloquer-durablement-la-syrie-perenniser-loccupation-du-golan

    (...) En 1981, Israël a officiellement annexé la portion de 580 Km2 du Golan qu’il occupe. Cette annexion illégale a été condamnée par les Nations Unies, les Etats Unis et les puissances européennes. Mais Israël est resté au Golan et y a installé 50 000 colons dans quelque 41 colonies financées par l’Etat.

    Le monde semble avoir complètement oublié à quel point il a été proche d’une guerre nucléaire en 1973 pour le Golan. Le plateau du Golan était devenu un des premiers déclencheurs potentiels de guerre nucléaire avec le Cachemire, la trouée de Fulda en Allemagne et la zone démilitarisée, frontière entre les deux Corées.

    La Golan a récemment refait surface dans les informations quand le premier ministre israélien d’extrême droite Benjamin Netanyahou a dit au président russe Vladimir Poutine que son pays ne rendrait jamais le Golan à la Syrie. Dans un discours prononcé peu de temps après, Netanyahou a fait le serment qu’Israël garderait le Golan pour « toute l’éternité ». Il avait aussi reconnu pour la première fois qu’Israël avait effectué des « dizaines » d’attaques sur la Syrie, de l’autre côté de la frontière.

    Le long plateau de basalte a effectivement une grande valeur. Il s’étend du Mont Hermon avec son sommet enneigé à 2814 mètres au nord au lac de Tibériade et à la rivière Yarmouk au sud. Le Golan représente 15 % des ressources limitées en eau d’Israël et il recèle peut-être du pétrole et du gaz.(...)

  • #références_projet_perso #alternatives #liste
    « VIE PRATIQUE »
    diverses infos pour un quotidien sans cruauté

    alimentation végétale
    → fruits
    → légumes
    → céréales
    → légumineuses
    → oléagineux

    → recommandations brèves
    https://dl.dropboxusercontent.com/u/40648100/dietethics/Compilation_booklet_FR_A5.pdf

    → B12
    http://www.vivelab12.fr
    https://dl.dropboxusercontent.com/u/40648100/dietethics/Vitamin_B12_FR.pdf

    en cuisine
    → remplacer le lait animal
    laits végétaux

    → remplacer le beurre, le fromage, yaourts, crèmes, etc.
    substituts végétaux (margarine, "fauxmage", yaourts végétaux, etc.)

    → remplacer les oeufs
    huile végétale, banane écrasée, compote, graines (lin, chia...), fécules, agar-agar, tofu, yaourt de soja, ou substitut en poudre "egg replacer"

    → remplacer le miel
    sirop (d’agave, riz, glucose, érable), mélasse

    → arrêter la chair animale mais garder la même apparence, même texture...
    "similis carnés" (steaks, saucisses et charcuterie végétaux.ale.s), produits à base de soja (tofu, tempeh, seitan)

    budget
    → comparaisons "vraie viande" et similis (pour ceux qui ne souhaitent pas abandonner l’apparence de la "viande")
    société végane, 2011
    http://www.societevegane.fr/guide-conso/aide-conso/viandes

    produits/mentions
    → mentions : "non-testé sur animaux", "cruelty-free"

    → labels (garantissant que ce n’est pas testé -ni ingrédients, ni produit fini- et qu’il y a interdiction d’exportation en Chine où les tests sont obligatoires) : Lapin HSC (logo=lapin avec étoiles), Lapin Peta, Lapin CCF, BDIH, SOIL, IHTK (produits professionnels)
    + précisions http://cav.asso.fr/cruelty-free/labels.html

    tests
    → légalement, depuis 2013 la Commission Européenne a interdit les tests pour les produits cosmétiques ; mais pas pour les produits ménagers, les médicaments...
    liste des différents tests effectués
    http://animalter.com/cosmetique/ouvrez-les-yeux/50-les-tests-sur-les-animaux

    → les tests sur non-humains ne signifient rien, créent de la souffrance inutile
    article de la neurophysiologiste Aysha Akhtar, 2015
    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4594046
    (trad. http://antidote-europe.org/aysha-akhtar-recherche-animale )
    Coalition Anti-Vivisection
    http://cav.asso.fr/abolition/science.html

    → Profession, animal de laboratoire (chapitre 1) de Audrey Jougla, éditions Autrement, 2015
    écrit après une enquête d’un an...
    http://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fwww.edenlivres.fr%2Fflipbook%2Fpublications%2F109873.js&o

    se vêtir, etc.
    → à base de matières "cruelty-free" (végétales et chimiques) : coton, lin, chanvre, polyester, cuir d’ananas, jute, viscose, bambou...
    à base de "matières animales" : alpaga, angora, cachemire, crin, croûte de cuir, cuir, daim, duvet / édredon, feutre, fourrure, laine, maroquin, mérinos, mohair, nubuck, os / corne, pashmina, peau de chamois / peau chamoisée, petit-gris, plume, soie / soie sauvage, soie de porc, suède, velours

    listes
    → sortie : restaurants
    liste par les internautes - annuaire vegan france
    http://www.vegan-france.fr/restaurants-vegan.php

    → alimentaire : ingrédients qui permettent de manger avec n’importe qui (hors allergies ou préférences du palais)
    initiative laïque etc.
    http://www.dietethics.eu/fr/recettes/ingredients.php?lang=FR

    → alimentaire : boissons, alcool
    référencement de bières et vins qui n’ont pas été filtrés avec des "substances animales"
    http://www.barnivore.com

    → alimentaire : additifs
    colorants, conservateurs, anti-oxydants, émulsifiants, acidifiants, épaississants, exhausteurs, édulcorants, et autres
    http://www.les-additifs-alimentaires.com/liste-tous-vegetalien.php

    → alimentaire : chocolats
    entreprises qui font certains de leurs chocolats végan & éthique (provenant de zones sans esclavage/sous-traitement des travailleurs)
    http://www.foodispower.org/chocolate-list

    → produits : cosmétiques & ménagers
    juin 2015
    http://animalter.com/images/fiches_pour_agir/Cosmetique/Liste_cosmeto_animalter_06_2015.pdf
    http://www.international-campaigns.org/bronzez-sans-cruaute/cosmetiques-ethiques-ic

  • Qui refuse la paix entre l’Inde et le #Pakistan ?
    https://www.mediapart.fr/journal/international/180116/qui-refuse-la-paix-entre-l-inde-et-le-pakistan

    Les attaques terroristes contre une base militaire indienne proche de la frontière pakistanaise et contre un consulat indien en #Afghanistan marquent le grand retour de l’organisation islamiste armée Jaish-e-Mohammed sur la scène régionale. Au moment précis où les premiers ministres indien et pakistanais semblent enfin disposés à parler de l’avenir du Cachemire.

    #International #Asie #Inde #Narendra_Modi #Nawaz_Sharif #terrorisme

  • L’Inde et le Pakistan annoncent la reprise des négociations de paix - Asie-Pacifique - RFI
    Publié le 09-12-2015
    http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20151209-inde-le-pakistan-annoncent-reprise-negociations-paix-islamabad?ns_campa
    http://scd.rfi.fr/sites/filesrfi/imagecache/rfi_16x9_1024_578/sites/images.rfi.fr/files/aef_image/2015-12-09T160805Z_1182157659_GF10000259968_RTRMADP_3_INDIA-PAKISTAN-TALKS_0

    L’Inde et le Pakistan ont décidé de reprendre des négociations de paix. Interrompues en 2008 après les attentats de Bombay, elles avaient été relancées en 2011, mais les tensions s’étaient accumulées ces deux dernières années. L’annonce faite ce mercredi laisse espérer un dégel entre les deux puissances nucléaires voisines.

    Avec notre correspondant à Islamabad, Michel Picard

  • Google Maps, des frontières à la carte pour ne froisser personne - L’Obs

    http://tempsreel.nouvelobs.com/les-internets/20150602.OBS9998/google-maps-des-frontieres-a-la-carte-pour-ne-froisser-personne

    Ça c’est connu, mais c’est assez marrant vu comme ça.

    l y a tout juste une décennie, le 8 février 2005, Google annonçait le lancement d’un service de cartographie maison qui allait vite devenir inévitable, d’abord en Amérique du Nord puis en Europe : « Maps ». Avec des fonctions comme le calcul d’itinéraires, la vision satellite et les vues photographiques à 360° de portions de route (Street View, 2007), sa popularité a vite dépassé le français Mappy ou le britannique participatif OpenStreetMap, avant d’être imité par « Bing Maps » en 2010.

    #inde #chine #pakistan #cachemire #frontières #murs