• Les privatisations de l’éducation

    Les processus de privatisation « en » éducation et « de » l’éducation concernent désormais la plupart des pays du monde.
    Dans un contexte de #mondialisation et d’#internationalisation accrues des systèmes éducatifs, la mise en œuvre, ces dernières décennies, de mesures spécifiques de privatisation, le développement d’un #secteur_marchand de l’éducation, mais aussi des évolutions sociétales de fond concernant les notions d’#individualisme et d’individu interrogent d’une nouvelle manière les enjeux liés aux privatisations.
    La promotion des #intérêts_privés est-elle compatible avec un processus d’éducation ? Induit-elle irrémédiablement, par exemple, une conception utilitariste de l’éducation ? Quel est son impact sur les nouvelles générations et leur capacité à faire société ? Finalement, les privatisations en cours de l’éducation en changent-elles la nature ou ne s’agit-il que d’une différence de modalité d’organisation ou de gouvernance ?
    Pour répondre à ces questions, ce dossier rassemble les contributions de treize chercheurs en éducation, spécialistes mondiaux réputés ou auteurs d’enquêtes pionnières dans leur domaine, dont les travaux permettent d’envisager une grande diversité de cas (#Angleterre, #Chili, #Côte_d’Ivoire, #États-Unis, #France, #Inde, #Suède). Il met également en évidence des problématiques transversales à de nombreux pays, comme le développement du #soutien_scolaire_privé en Asie ou les stratégies mises en œuvre par des entreprises privées pour influencer les #politiques_éducatives.
    Quelle que soit la définition retenue, tous les auteurs soulignent la croissance sans précédent de la privatisation ces dernières années. Illustrer cette diversité est l’un des objectifs majeurs de ce dossier qui donne à voir trois principales formes de privatisation, non exclusives et clairement liées les unes aux autres : une privatisation par le biais de politiques publiques spécifiques, une privatisation par le marché et une privatisation par une prise en compte croissante d’aspirations et d’intérêts individuels privés.

    https://journals.openedition.org/ries/8837
    #privatisation #revue #éducation #utilitarisme #USA #Etats-Unis

    • L’Ecole peut-elle échapper à sa privatisation ?

      « C’est une lame de fond qui est à l’oeuvre ». La formule de Xavier Pons (UPEC), dans le nouveau numéro (82) de la Revue internationale d’éducation, montre la puissance d’un phénomène mondial. La privatisation de l’enseignement peut prendre des formes variées, endogène ou exogène, avouée ou masquée, systématique ou très localisée, elle est à l’oeuvre partout. Elle pose plusieurs défis. Celui de la qualité de l’enseignement, car dans de nombreux pays elle entraine son déclin. Et un fort enjeu politique et social : comment des systèmes éducatifs privés peuvent ils transmettre des valeurs communes et encourager le commun ? Ce numéro, dirigé par Xavier Pons et Thierry Chevaillier, particulièrement réussi, visite 8 pays : le Chili, les Etats-Unis, la Suède, la Côte d’ivoire, l’Inde, la Chine, l’Angleterre, sans oublier la France. Tous sont touchés. La privatisation c’est l’avenir de l’Ecole ?

      Une privatisation exogène

      Si la privatisation est à l’oeuvre dans les systèmes scolaires du monde entier, force est de constater qu’elle prend des formes bien différentes. Peut-être est en Suède ou en Angleterre qu’elle s’affiche de la façon la plus visible. En Suède le système éducatif a été totalement dérégulé dans les années 1990. L’Etat a autorisé les écoles privées, y compris lucratives, et les a financées grâce à un système de chèque éducation, les familles ayant la possibilité de choisir leur école. Aujourd’hui un jeune sur quatre est dans une école privée. Le fort développement de ce secteur a attiré des grands groupes privés et du capital risque. 68% des établissements privés sont des sociétés par action. Tous ces changements se sont faits petit pas après petit pas, au nom de la liberté des familles, par choix politique.

      En Angleterre, selon Anne West, l’Etat a autorisé des « academies », c’est à dire des écoles publiques gérées par des organismes privés, d’abord pour relever le niveau d’établissements publics populaires. Aujourd’hui une école primaire sur trois et 3 établissements secondaires sur 4 sont des academies ou des free schools, un autre type d’école privée. Dans des comtés entiers l’éducation a pu être confiée à des sociétés privées comme Atkins Education dans le comté de Southwark. On a là des privatisations exogènes, le secteur privé entrant dans le secteur public et y réalisant des profits.

      Quand les idées du privé pénètrent l’Ecole

      Il y a aussi des formes endogènes où ce sont les idées , les pratiques du privé qui s’imposent dans le public. C’ets ce qu’on voit avec le New Public Management. Il a déjà pénétré la plupart des pays développés. Nous vivons en ce moment en France une ultime tentative pour le faire accepter à travers le « nouveau métier enseignant » et les nouvelles formes de gestion passées dans la loi de transformation de la fonction publique. Le nouveau plan pour l’éducation adopté en Wallonie (Belgique) préfigure ce qui attend la France : il rend les écoles responsables des résultats des élèves et prévoit des sanctions si les objectifs évalués ne sont pas atteints.

      La privatisation des esprits

      Il y a aussi des formes plus masquées de la privatisation. C’est le cas du développement du soutien scolaire privé ou encore du développement d’une offre parallèle à l’école d’Etat justifiée par des raisons idéologiques ou la recherche d’une autre pédagogie. C’est aussi le développement de l’école à la maison. Là aussi ce développement s’appuie sur une tendance de fond de la société : l’individualisation.

      La privatisation peut aussi progresser en passant par l’expérimentation ou le soutien social, rappelle X Pons. Il donne en exemple Teach for France, devenu Le choix de l’école. Ce programme américain, soutenu en France par l’Institut Montaigne et l’Education nationale, utilise des élèves des grandes écoles pour les envoyer dans les classes de quartiers populaires comme contractuels. « Au nom de cela on promeut une autre vision de la carrière des enseignants et de leur gestion. C’est une stratégie des acteurs privés de passer par là pour avoir un effet d’entrainement sur le système éducatif ».

      Quelles conséquences ?

      Quelles conséquences peut avoir cette privatisation ? La Revue de Sèvres cite la baisse des résultats scolaires en Suède. Mais une récente livraison de l’OCDE montre que c’est aussi le cas au Chili, autre pays phare, ou encore en Finlande, en Australie, aux Pays Bas et Belgique, tous pays marqués par le New Public Management. La recherche du profit amène les entreprises scolaires a faire travailler des proportions croissantes de maitres peu formés et moins onéreux. Là où le privé est très installé les effets peuvent être plus graves sur les élèves pauvres. Par exemple en Angleterre des écoles non rentables sont fermées par leurs exploitants privés les laissant sans solution de scolarisation.

      Les enseignants sont aussi dans les premières victimes. Pour assurer la rentabilité de la privatisation, on va exiger davantage d’eux pour des rémunérations plus faibles. Les plus expérimentés sont remplacés par des contractuels.

      Mais la privatisation menace aussi les communs. Elle encourage la fragmentation de la société. Les groupes privés, associatifs ou marchands, colportent des valeurs qui peuvent s’opposer aux valeurs collectives. La Revue en donne des exemples saisissants en Inde, par exemple. La privatisation devient ainsi un enjeu politique majeur.

      Mais comment la controler ou l’éradiquer ? La Revue montre que la privatisation s’accompagne du passage dans l’ombre de la gestion de l’école ce qui rend les politiques de controle plus difficiles. « Je crois à la vertu de l’exemple », estime cependant Xavier Pons. « Dans les études d’opinion les Français sont pour le libre choix de l’Ecole à 72% et même 85% dans les quartiers défavorisés. Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions ». Le meilleur barrage à la privatisation serait -il éthique ?

      http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/02/06022020Article637165711505818185.aspx?actId=ebwp0YMB8s1_OGEGSsDRkN

  • Clichy : débat houleux sur les stages de soutien scolaire pendant les vacances (Le Parisien)
    http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/clichy-debat-houleux-sur-les-stages-de-soutien-scolaire-pendant-les-vacan

    La majorité municipale (LR) a décidé d’allouer une subvention de 50 000 € à Acadomia pour des stages de soutien scolaire à tarifs modérés.

    #éducation #soutien_scolaire #périscolaire #remise_à_niveau #privatisation

  • La réussite à l’école ne dépend pas que de l’école : voici la preuve en chiffres (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/92499/reussite-ecole-eleves-inegalites

    En resserrant les liens entre l’école et la maison, on parviendra à insuffler dans les foyers une atmosphère plus favorable. « Une fracture s’est réalisée tout au long du siècle entre parents et enseignants », constate l’expert. « Il faut absolument améliorer le climat de confiance et sensibiliser les familles à l’école », ajoute-t-il, en prenant comme exemple l’initiative de la « mallette aux parents », qui prévoit notamment des séances de débats et de conseils sur des thèmes aussi différents que l’apprentissage de la lecture ou le bien-être.

    #éducation #inégalités_sociales #pratiques_culturelles #soutien_scolaire #relations_école_familles #éducation_prioritaire #santé #hygiène #sommeil #alimentation

  • Le business florissant du soutien scolaire (Les Échos)
    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/enquete/0202236601277-le-business-florissant-du-soutien-scolaire-366175.php

    Le petit monde des entreprises de cours particuliers à domicile, qui a littéralement explosé depuis le début des années 2000 à la faveur de la fameuse déduction fiscale soutenant l’aide à la personne, peut « souffler » : la loi de Finances 2013, présentée par le gouvernement demain, ne devrait pas remettre en cause cette populaire niche fiscale.
    […]
    Le soutien scolaire privé a pourtant l’habitude des détracteurs. « Il fonctionne sur le marché de l’angoisse scolaire alimenté par un système de notes, de classements, d’examens et de menace de redoublement. Il ne sert qu’à rassurer les parents. Ce bachotage ne permet même pas de former les élèves, il fait comme s’il préparait des bêtes à concours, et ne règle rien sur le fond », résume Jean-Jacques Hazan […]. Mais l’accusation la plus forte porte sur son rôle social. Ce système marchand « pérennise et accentue les stratifications sociales », rappelle Mark Bray […]. Même l’Union européenne s’agace d’un système qui aggrave les inégalités entre les enfants de familles aisées et ceux de foyers démunis. « Les cours particuliers ont moins à voir avec les élèves qui ont besoin d’un soutien qu’ils peuvent trouver à l’école, qu’avec le maintien des avantages compétitifs de ceux qui connaissent déjà le succès scolaire et sont privilégiés », relève-t-on ainsi à la Commission. De fait, on estime qu’un bon tiers des élèves ayant recours au soutien scolaire appartiennent à des familles CSP +, 50% aux classes moyennes, et au grand maximum 20 % à des familles ne payant pas d’impôts. Dans les grands lycées parisiens, 75 % des élèves suivraient des cours particuliers. De quoi faire tiquer beaucoup de monde sur la déductibilité offerte par cette niche fiscale...
    Au-delà du stress social, le soutien scolaire ne manque pas de bonnes raisons de si bien fleurir. Il sert de substitut familial à des parents trop occupés par leur travail ou séparés, et de béquille à un enseignement public fragilisé, relève-t-on souvent.

    #éducation #soutien_scolaire

  • Externaliser la difficulté scolaire (Educavox)
    http://www.educavox.fr/Externaliser-la-difficulte

    L’idée de placer l’aide aux élèves en difficulté hors du temps scolaire « normal » s’est insinuée, répandue, imposée dans le paysage éducatif comme une vague sournoise et sans ressac. Ses sources sont anciennes avec les devoirs et les cours particuliers. Elles ont décuplées en puissance avec les « boîtes de soutien ». L’aide individualisée, caractéristique de la politique des cinq dernières années, habilement imposée, a conditionné une grande partie de l’opinion publique.
    […]
    L’école est capable d’améliorer nettement ses performances si elle est refondée : finalités, programmes, évaluation, pédagogie, structures, fonctionnement (une heure/une discipline,/un prof/une classe), formation des enseignants, etc.
    Parallèlement les activités permises à tous les élèves hors temps scolaire doivent être repensées. Les parents ont mieux à faire qu’à réduire leur rôle à celui de répétiteurs. Les associations, les clubs, les mouvements, les équipements culturels et sociaux ont mieux à faire qu’à tenter de faire hors temps scolaire, avec des professionnels ou des bénévoles non enseignants, ce que des professionnels, spécialistes des apprentissages, n’ont pas réussi à faire durant le temps scolaire. La culture de la connaissance, l’appétit de savoirs, l’apprentissage de méthodes, de stratégies, l’expression sous toutes ses formes, dans des situations non scolaires, la découverte de la société de la communication, le vivre ensemble ont leur place à prendre dans le cadre de projets éducatifs globaux.
    […]
    L’externalisation de la difficulté scolaire est une erreur et une faute. La solution ne peut se trouver que dans un changement de l’école en profondeur, en faisant confiance aux enseignants, en changeant notre regard sur l’éducation informelle et non formelle, puissants leviers pour l’épanouissement individuel et collectif, pour l’émancipation et pour la démocratie.

    #éducation #école #échec_scolaire #privatisation #soutien_scolaire #périscolaire

  • Dans les coulisses du marché de l’angoisse scolaire (Rue89)
    http://www.rue89.com/2011/11/17/dans-les-coulisses-du-marche-de-langoisse-scolaire-225813

    Dopées par l’abattement fiscal de 50% du service à la personne, les entreprises de soutien scolaire affichent des taux de croissance insolents (+10% à 20% par an) lors de la décennie écoulée, malgré un léger ralentissement depuis la crise de 2009.
    […] Pourtant, aucune étude ne prouve leur efficacité.
    […] Un stress également très présent chez les enfants. En 2002, une étude l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé que 71% des élèves français de 11 à 15 ans étaient régulièrement sujet à l’irritabilité, 63% à la nervosité et 60% au mal de ventre. […] L’obsession est nationale : les petits Français sont les plus stressés d’Europe, selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
    […] L’école n’apparaît plus en mesure d’aider les plus faibles. Malgré quelques tentatives de réponses du système public, le soutien scolaire reste l’apanage des structures privées. À 35 euros l’heure de cours en moyenne, l’argent reste donc le nerf de la guerre, et les inégalités se creusent.
    Certains parents s’endettent même pour s’assurer que leur enfant trouve ailleurs le soutien qu’ils ne trouvent plus dans l’école de la République.

    #éducation #soutien_scolaire #stress #inégalités #la_France_a_peur