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  • CYBERHARCELEMENT : la silenciation des voix minoritaires

    Interview de Laure Salmona par Francine Sporenda

    FS : Vous dites dans votre livre que les réseaux sociaux sont parcourus par les mêmes rapports de force que le reste de la société, et que ce sont les mêmes catégories qui occupent une position dominante en réel qui y accaparent la plus grande partie de l’espace virtuel et en évincent les voix minoritaires. Ces voix minoritaires qui, victimes de cyberharcèlement, doxxing, attaques en meute, etc. finissent par fermer leurs comptes et quitter les RS. Pouvez-vous nous parler de cette silenciation des militantes féministes, antiracistes, etc. sur les RS par le cyberharcèlement ?

    LS : Oui, l’espace numérique, qui est un reflet de nos sociétés et où l’on va donc retrouver toutes les oppressions et dominations qui s’y déploient, est aussi devenu un véritable champ de bataille, au sein duquel les cyberviolences servent d’armes aux groupes dominants et conservateurs, leur permettant de museler et de chasser des réseaux sociaux les militant·es qui tentent de renverser les normes établies et de dénoncer les inégalités et discriminations dont iels sont victimes. S’il suffit d’être une femme pour subir des cyberviolences à caractère sexiste, ces violences frappent de manière encore plus intense celles qui militent pour défendre les droits humains et expriment leurs opinions politiques en ligne, car l’enjeu est de les faire taire pour mieux les évincer du débat public. Ainsi les militantes féministes, d’autant plus si elles luttent aussi contre le racisme, les LGBTIQphobies, le validisme, la grossophobie, etc. sont la cible de nombreuses cyberviolences, menaces et intimidations, qui se produisent en ligne mais peuvent, dans 72% des cas, se poursuivre dans l’espace matériel, notamment via des violences physiques et/ou sexuelles pour une victime sur cinq [1]. Ces violences ont aussi de nombreuses conséquences sur la vie et la santé de celles qui en sont victimes, tout comme sur leur liberté d’expression et sur le débat démocratique dans son ensemble, puisqu’elles poussent de nombreuses femmes à s’autocensurer en ligne par crainte des cyberviolences, muselant ainsi tout une frange de la population qui œuvre pour la transformation sociale et l’égalité réelle.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/10/cyberharcelement-la-silenciation-des-voix-mino

    #féminisme #violence #harcelement