Nicole Garreau

Poétesse sans talent et dictateuse sans vergogne

  • n’est pas et n’a jamais été très rimbaldienne : elle reconnaît que le ceusse a écrit deux-trois trucs techniquement pas mal (mais, à choisir, son injustement éclipsé compère Verlaine s’en euh... s’en tirait plus efficacement), elle admet que sa vie de patachon était hors du commun (mais dans le genre mâche-laurier qui a roulé sa bosse elle préfère aduler Eberhardt, qui fut un temps considérée comme sa fille spirituelle et qui a vécu des trucs idéologiquement moins douteux et mille fois plus inspirants), cependant et au pas très humble avis de votre vieille acariâtre préférée il n’y a pas non plus dans l’œuvre ou l’existence du Carolopolitain de quoi casser trois pattes à un canard, et son statut de super-star de la poésie est largement usurpé.

    Pourquoi la Garreau déblatère-t-elle cela tout à trac ? Parce qu’elle a tenté de regarder hier soir « Splendide Hôtel : un voyant en enfer », sorte d’objet cinématographique mal défini qui traînait sur le site d’Arte. Las ! se proposant de gloser autour des pérégrinations arabo-africaines du poète auto-déchu le film dérive en une espèce de voyage hallucinatoire sans grande cohérence, et les perpétuels anachronismes paraissant à l’image empêchent tout ancrage dans quelque époque ou réalité que ce soit. Ça aurait pu être une bonne idée, un bon parti pris, l’envie de montrer un certain universalisme du propos : au lieu de cela ça s’enlise dans un verbiage masturbatoire, on sent bien qu’en tombant dans toutes les caricatures le cinéaste se gargarise du génie qu’il est persuadé posséder, et après une grosse demi-heure de visionnage la vieille spectatrice s’endormit devant son écran comme la bienheureuse qu’elle n’est pas.

    Qui plus outre elle est presque sûre que si ce Rimbaud vivait actuellement le ceusse serait un petit arriviste macrono-lepeniste ou lepeno-macroniste ; c’est tout à fait le genre.

    Flûte, ce dazibao est aussi décousu que le film qu’il était censé éreinter.

    #MamieNicoleEstAigrie.

    • La jambe de Rimbaud
      De retour à Marseille
      Comme un affreux cargo
      Chargé d’étrons vermeils
      Dérive en immondices
      À travers les égouts
      La beauté fut assise
      Un soir sur ce genou

      Horreur Harrar Arthur
      & tu l’as injuriée
      Horreur Harrar Arthur
      Tu l’as trouvée amère…/…La beauté ?

      Une saison en enfer
      Foudroie l’Abyssinie
      Ô sorcière ô misère
      Ô haine ô guerre voici
      Le temps des assassins
      Que tu sponsorisas
      En livrant tous tes flingues
      Au royaume de Choa

      Horreur Harrar Arthur
      Ô Bentley ô château
      Horreur Harrar Arthur
      Quelle âme, Arthur…/…Est sans défaut ?

      Les poètes aujourd’hui
      Ont la farce plus tranquille
      Quand ils chantent au profit
      Des derniers Danakils
      Juste une affaire d’honneur
      Mouillée de quelques larmes
      C’est quand même un des leurs
      Qui fournissait les armes

      Horreur Harrar Arthur
      T’ es vraiment d’outre-tombe
      Horreur Harrar Arthur
      & pas de commission
      Horreur Harrar Arthur
      & pas de cresson bleu
      Horreur Harrar Arthur
      Où la lumière pleut

      (HF Thiéfaine)