• Projet » Les pauvres, alibis à des politiques de courte vue
    http://www.revue-projet.com/articles/2013-09-les-pauvres-alibis-a-des-politiques-de-courte-vue

    Notre société actuelle se fonde sur des prix de l’énergie bas. Alors quand il s’agit d’opérer notre transition énergétique, les pauvres sont un alibi de poids… pour maintenir le statu quo. Il est donc urgent d’instaurer un nouveau contrat social.

    « Laissez les pauvres tranquilles », s’indignait Gandhi. Comme une invitation à ne pas s’enfermer dans la « bien-pensance ». À propos de la transition énergétique, de quelle façon le sentiment de justice, et donc les « pauvres », risquent-ils d’être instrumentalisés pour bloquer des choix décisifs pour le long terme ? C’est la question à laquelle souhaite répondre cet article. Le terme de « pauvre » ne fait pas référence ici à une catégorie sociologique, mais à une figure invoquée dans les discours publics. Il englobe tous les « non riches », les « vrais pauvres », mais aussi bien les couches moyennes qui se sentent fragilisées.

    Cette alerte est motivée par plusieurs épisodes récents. Elle part de l’idée que la pertinence des porte-paroles des non riches est incertaine concernant les enjeux de long terme, en ces temps de raccourcissement des cycles médiatiques. Pour les revenus, l’emploi, les conditions de travail, la retraite, les salariés ont les syndicats. On peut certes les contester, mais ils expriment, sur la durée, quelque chose du monde du travail. Quant aux mouvements comme le Secours catholique ou le Secours populaire, leur légitimité de porte-paroles des précaires vient du contact direct qu’ils ont avec eux sur des dossiers concrets. En revanche, syndicats et associations caritatives sont moins attendus et légitimes pour parler de l’effet de serre, du nucléaire ou du changement climatique. Quant aux associations de défense de l’environnement, leur ancrage social ne garantit pas qu’elles soient, sur ces sujets, des porte-paroles crédibles des couches défavorisées.

    Or la transition énergétique, élément de réponse nécessaire à la crise économique[1], ne pourra éviter les tensions dues à la hausse des factures énergétiques. L’expression incertaine des non riches sur ces sujets facilite alors l’émergence de rhétoriques qui invoquent opportunément les pauvres pour bloquer une décision qui dérange – et ce n’est d’ailleurs pas nécessairement par pur cynisme. Ne s’interdit-on pas, ce faisant, de trouver les marges de manœuvre qui permettraient de concilier souci du long terme et réponse aux urgences du présent ? ....

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