• L’éco-crèche, ou l’art d’éduquer les enfants en pleine nature
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    Forêt, prairie, plage, le terrain de jeu des crèches en nature est vaste, tout comme les modèles choisis. De quelques heures par semaines à un accueil à temps plein, les initiatives essaiment en Europe depuis les années cinquante. La première expérience suisse a vu le jour à Wald, dans le canton de Zurich. C’était en 1996, bien après que les Scandinaves s’y sont mis, explique l’enseignante et psychologue suisse Sarah Wauquiez. Aujourd’hui, il existe 300 initiatives semblables en Suisse alémanique, dont une dizaine de crèches à temps plein.
    « En Romandie, ce concept est encore très peu connu », remarque celle qui a écrit le seul ouvrage francophone1 sur la question. Une quinzaine de projets existent, dont le dernier, La Bicyclette à Genève, est le premier à viser un accueil continu.

    Pour Mme Wauquiez, toutefois, il est important que la mixité des modèles perdure. « Les crèches en forêt touchent un public convaincu. Alors que l’alternative mixte, c’est-à-dire les institutions classiques qui passent une partie du temps en nature, permettent de cibler les enfants les plus à même de manquer des bienfaits de l’extérieur », poursuit-elle.
    Au départ, l’idée a émergé d’une simple nécessité. Celle de pallier le manque de places d’accueil, notamment au Danemark. Puis la valeur pédagogique de l’expérience s’est imposée. « Désormais, l’objectif de la pédagogie par la nature est de créer un lien affectif entre les enfants et leur environnement. On a remarqué que cette relation émotionnelle est la base d’un comportement responsable à l’âge adulte », explique encore la spécialiste.
    D’autre part, la vie en plein air favorise le développement de l’enfant. Avec sa faune, sa flore, son sol irrégulier, la nature est un véritable laboratoire de psychomotricité et de connaissances. « Elle offre tous les outils nécessaires au développement de la motricité fine et globale ainsi qu’au développement cognitif. Elle favorise les compétences sociales et la créativité », assure Viktorie Švarková, fondatrice de La Bicyclette.

    D’un bout de bois, une brindille devient baguette magique, avion, lance à incendie... « Sans jouets prédéfinis, dehors les enfants sont constamment en train d’inventer quelque-chose. Une soupe de feuille, un abri pour les insectes... Tous leurs sens sont mis à contribution. »

    Passer une partie de son temps à l’extérieur contribue aussi à renforcer les défenses immunitaires. « Les études montrent que les enfants sont moins souvent et moins longtemps malades, qu’ils sont émotionnellement plus stables et plus aptes à se concentrer », ajoute Nathalie Barras, formatrice dans trois Hautes Ecoles pédagogiques pour les cantons du Valais, du Jura, de Fribourg, de Berne et de Neuchâtel. « Quand ils passent suffisamment de temps à l’extérieur, ils se développent de manière plus complète. »
    Autre point fort : la nature fait barrage à la surstimulation ambiante. « Au milieu des écrans et des matières en tout genre bien étrangers à notre biologie, c’est une pause vitale. »

    #écologie #éducation #Suisse