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  • Conflits d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques : les facs de médecine épinglées

    http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/01/10/prevention-des-conflits-d-interets-les-facs-de-medecine-epinglees_5060033_16

    Une association publie un classement des universités en fonction de leurs rapports avec l’industrie pharmaceutique.

    Dès les premières années de leur cursus universitaire, les étudiants en médecine sont insuffisamment protégés contre l’influence des laboratoires pharmaceutiques. C’est ce que confirme le classement de Formindep, le premier du genre, publié lundi 9 janvier dans la revue scientifique en ligne PLOS ONE. L’association pour une information médicale indépendante a étudié les politiques des facultés de médecine vis-à-vis des conflits d’intérêts.

    S’inspirant d’une opération similaire menée aux Etats-Unis en 2007, l’association a adressé aux doyens de trente-sept facultés de médecine en France un questionnaire de treize critères permettant d’évaluer leur démarche en la matière. Sont aussi bien pris en compte le degré de limitation des cadeaux et des repas offerts par l’industrie pharmaceutique, le niveau d’encadrement des liens d’intérêts des enseignants, l’existence de formations des étudiants sur ce sujet, ou encore la tolérance aux financements des fabricants de médicaments.
    Seules neuf facultés obtiennent au moins un point, sur un score global de vingt-six. Deux d’entre elles, Angers et Lyon-Est (Lyon-I), enregistrent les moins mauvais scores avec respectivement 4 et 5 points. Les vingt-huit autres facultés ne marquent aucun point, par absence de politique ou de réponse au questionnaire. En effet, malgré cinq relances, seuls trois doyens d’université ont répondu à l’association. Pour établir son classement, elle s’est également s’appuyée sur les informations disponibles sur les sites Internet et sur ses relais locaux. Pour cette première édition, l’enquête ne porte par ailleurs que sur les facultés, laissant de côté l’hôpital, où se jouent pourtant davantage les interactions avec les labos.

    « L’interaction avec les industries est très faible »

    Pour l’heure, l’objectif est de provoquer une prise de conscience chez les universitaires, que le Formindep juge peu investis sur le sujet. « De tous les scandales sanitaires récents, comme celui du Mediator, les facultés n’ont pas retenu le rôle central qu’ont joué les conflits d’intérêts », déplore le docteur Jean-Sébastien Borde, coauteur de l’étude. « Ce n’est pas le palmarès qui nous importe, mais le fait que les facultés progressent », fait valoir Paul Scheffer, doctorant en sciences de l’éducation et coauteur de l’étude. Pour lui, « c’est un outil dont les étudiants doivent s’emparer au niveau local ».

    En médiatisant ce premier classement, même incomplet, le Formindep espère bien voir se reproduire ce qui s’est passé aux Etats-Unis. « En 2007, toutes les facultés avaient reçu un F, la plus mauvaise note, car aucune n’avait de politique publique de gestion des conflits d’intérêts. Depuis, elles ont toutes pris des initiatives et aujourd’hui, plus du tiers est en grade A et aucune n’est plus en F », raconte le docteur Borde.

    Du côté des universitaires, le renforcement des règles existantes dans les facultés ne semble pas aller de soi. « Nous avons tout intérêt à avoir des liens avec l’industrie, à condition de mettre en place des garde-fous et d’être transparents, ce qui est le cas aussi bien pour les contrats de recherche que pour les opérations de mécénat », estime Frédéric Dardel, le président de l’université Paris-Descartes.
    « Au niveau des facs, l’interaction avec les industries est très faible », assure, de son côté, Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens en médecine, qui se dit toutefois favorable à plus de transparence. Concernant les financements reçus par les facultés de médecine de la part des industries pharmaceutiques, notamment au titre de la taxe d’apprentissage, déjà réduits, selon lui, aujourd’hui à « peau de chagrin », il concède qu’une « charte morale » pourrait être utile.

    Une législation « suffisante » pour le ministère

    Mais pour le doyen de médecine de l’université Paris-Est-Créteil, c’est à l’hôpital qu’il faut aller plus loin. Il prône, par exemple, l’interdiction totale des « réunions d’informations » ou autres « petits déjeuners » encore offerts par les laboratoires pharmaceutiques dans certains services. « Il faut exclure tout enseignement dispensé par des non-universitaires », défend M. Dubois-Randé.

    « Les conflits d’intérêts sont aujourd’hui très peu évoqués dans les universités », regrette par ailleurs Claire Corbillé, de l’Association nationale des étudiants en médecine de France, partenaire du classement, qui souhaite une « plus grande sensibilisation » des étudiants. A la conférence des doyens en médecine, on rappelle qu’un cours sur le sujet doit être mis en place au moment de l’entrée en troisième cycle à la prochaine rentrée universitaire.

    Reste la question sensible des liens d’intérêts des enseignants-chercheurs avec l’industrie pharmaceutique. La loi Bertrand du 29 décembre 2011 les oblige à les déclarer sur une plate-forme en ligne, la loi santé de Marisol Touraine promulguée il y a un an prévoit même qu’ils en fassent état devant leurs étudiants au début du cours. Une disposition pour l’instant quasi inappliquée, constate le Formindep, qui plaide pour des garde-fous supplémentaires. Au ministère de la santé, on juge « suffisante » la législation actuelle, qualifiée de « très encadrante », tout en reconnaissant la « difficulté de garantir sa pleine application » dans toutes les facultés.