• Jean-David Nkot : « L’Europe, c’est le cimetière des artistes africains »
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/02/jean-david-nkot-l-europe-c-est-le-cimetiere-des-artistes-africains_5138105_3

    Une chose est sûre, ces manifestations sont l’œuvre d’initiatives privées et ne sont pas l’expression d’une volonté des pouvoirs publics français qui, parfois, sont plutôt tentés d’interdire aux femmes noires de se réunir entre elles, comme l’a démontré la maire de Paris Anne Hidalgo en s’opposant à la tenue du festival afroféministe Nyansapo, au prétexte que certains ateliers étaient « non mixtes ». Ou alors qui interdisent à des artistes africains de venir s’exprimer sur le territoire français en leur refusant un visa, quand bien même seraient-ils invités officiellement par une institution publique sous tutelle du ministère de la culture et de la communication.

    C’est ce qui est arrivé le 26 mai à Jean-David Nkot, jeune plasticien camerounais prometteur né en 1989, alors qu’il avait été sélectionné pour participer au tout nouveau post-master que l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (Ensapc) a lancé le 1er juin lors d’une conférence au Théâtre de la commune d’Aubervilliers réunissant chercheurs, écrivains et artistes à l’instar de Françoise Vergès, Manuel Domergue, Michel Augier, Zanele Muholi ou encore Abdellah Taïa.

    L’invitation officielle de l’Ensapc, qui prenait en charge le déplacement et l’hébergement de Jean-David Nkot, n’aura pas suffi à convaincre le consulat français. « C’est la deuxième fois que l’on m’empêche de faire mon travail, regrette Jean-David Nkot. En 2016, Barthélémy Toguo m’avait invité à le rejoindre pour participer à l’YIA Art Fair à Paris. Même motif de refus de visa : la France pense que je veux rester là-bas, sans doute parce que ma mère y est installée. Mais, moi, j’ai fait le choix de vivre ici, au Cameroun. Je vais faire quoi là-bas ? Vendre des toiles et payer des taxes dessus ? Ça n’a pas de sens, c’est bien plus intéressant pour moi de vendre là-bas, oui, mais de rester à Douala. Ici, je vis bien, je ne meurs pas de faim, je travaille. L’Europe, c’est le cimetière des artistes africains. J’ai besoin de mon environnement pour créer, je ne veux pas perdre mon âme à partir. »