• Sorcières - Mona CHOLLET - Éditions La Découverte
    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Sorci__res-9782355221224.html

    Sorcières
    La puissance invaincue des femmes
    Mona CHOLLET
    Qu’elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l’Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?
    Ce livre en explore trois et examine ce qu’il en reste aujourd’hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante – puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant – puisque l’époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d’horreur. Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s’est développé alors tant à l’égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.

    Version papier : 18 €

    Vivement la rentré !

    • "Sorcières", de @mona , explique pourquoi les femmes qui ne veulent pas d’enfant sont vues comme les sorcières d’aujourd’hui

      Quel est le point commun entre les femmes qui ne désirent pas d’enfant aujourd’hui et les sorcières d’autrefois ? Pour la journaliste du Monde diplomatique Mona Chollet, dont le livre « Sorcières - La puissance invaincue des femmes » est paru jeudi 13 septembre, ces deux types de femmes se ressemblent plus qu’on ne le croit.

      Dans cet essai, l’auteure de « Beauté fatale » et de « Chez soi » décortique cette figure de notre histoire -et de notre imaginaire- et démontre comment des femmes d’aujourd’hui, celles qui s’émancipent de certaines normes sociales, sont en fait des héritières directes de celles qu’on traquait, chassait, censurait, éliminait à la Renaissance.

      « Elles ont réprimé certains comportements, certaines manières d’être. Nous avons hérité de ces représentations forgées et perpétuées au fil des siècles. Ces images négatives continuent à produire, au mieux, de la censure, ou de l’autocensure, des empêchements ; au pire, de l’hostilité, voire de la violence », explique Mona Chollet, qui relève trois types de femmes étant des sorcières des temps modernes : « la femme indépendante -puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant -puisque l’époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité, et la femme âgée -devenue, et restée depuis, un objet d’horreur ».

      C’est surtout la deuxième catégorie de femmes, celles qui font le choix de ne pas devenir mères, qui a donné à Mona Chollet l’envie d’écrire sur les sorcières, comme elle l’explique à Cheek Magazine.

      Refuser d’être mère

      De nos jours, souligne la journaliste, seulement 4,3% des femmes françaises déclarent ne pas vouloir d’enfant. Le nombre de femmes sans enfant a même baissé tout au long du XXe siècle. Aux États-Unis, elles sont aussi de plus en plus nombreuses.

      Dans cette enquête passionnante, Mona Chollet analyse les motifs, tellement divers, qui ont pu motiver et motivent encore certaines femmes à résister, d’une certaine manière, à ce que la société attend d’elle : devenir mères.

      Parmi celles-ci, le refus de mettre au monde un enfant qui n’a rien demandé, dans une société qui ne semble pas à la hauteur, avec un avenir qui paraît s’assombrir. Mona Chollet cite ainsi l’écrivaine française Corinne Maier qui voit « dans la procréation le verrou du système actuel, dans la mesure où elle nous conduit à perpétuer un mode de vie qui nous mène à la catastrophe écologique ». Pour Corinne Maier, « nous vivons dans une société de fourmis, où travailler et pouponner modèle l’horizon ultime de la condition humaine. Une société pour laquelle la vie se limite à gagner son pain et à se reproduire est une société sans avenir car sans rêves ».

      Ascension sociale

      Mona Chollet décrit également les envies et parcours de ces femmes qui, en prenant la décision de ne pas enfanter, s’extraient de leur milieu social, poursuivent leurs ambitions, grimpent les échelons et attribuent leur ascension à cette décision. Par exemple, Gloria, 43 ans, qui décrit dans les travaux de la chercheuse Carolyn M. Morell : « Si j’avais été gentille et docile, aujourd’hui, je vivrais probablement en Floride avec six enfants, je serais mariée à un mécanicien et je me demanderais comment payer la prochaine facture ».

      La journaliste évoque également ces femmes qui ne veulent pas reproduire le schéma de leur propre enfance malheureuse, celles qui trouvent que la vie est dure et ne veulent pas la transmettre, celles qui veulent mener leur vie seules ou au contraire se consacrer pleinement à leur couple, sans tierce personne dans le cocon. Au final, il existe sûrement autant de raisons de ne pas enfanter que de femmes.

      C’est sans compter toutes celles qui sont mères mais regrettent de l’être, un tabou peut-être encore plus important mais qu’on a pu voir émerger en 2016 en Allemagne à travers le hashtag #RegrettingMotherhood.

      Sorcières modernes

      Quant à Mona Chollet, qui livre régulièrement son expérience personnelle tout au long de l’essai, elle estime, par exemple, ne pas pouvoir « ajouter un membre à la société alors que celle-ci a si spectaculairement échoué à établir un rapport harmonieux à son milieu vital et semble si bien partie pour le détruire tout à fait ».

      En quoi ces femmes sont-elles des sorcières d’aujourd’hui ? Parce qu’à leur époque, entre autres, elles étaient celles qui n’enfantaient pas, qui vivaient à l’écart de la société.

      Ces dernières années, à travers les mouvements féministes, la figure de la sorcière a considérablement gagné en popularité. Si certaines livrent leurs recettes de potions ou d’amulettes sur les réseaux sociaux, d’autres se reconnaissent dans le pouvoir très particulier des sorcières : celui de s’extraire des injonctions sociales, des représentations attendues de la féminité, renversent l’ordre des choses et choisissent de vivre telles qu’elles l’entendent. Un pouvoir qui, aujourd’hui comme à la Renaissance, rend ces femmes aussi menaçantes que fascinantes.

      https://www.huffingtonpost.fr/2018/09/15/sorcieres-de-mona-chollet-explique-pourquoi-les-femmes-qui-ne-veulent-pas-denfant-sont-vues-comme-les-sorcieres-daujourdhui_a_23526093/?ncid=other_twitter_cooo9wqtham
      #maternité