L.L. de Mars

Créations artistiques et critiques, spectre large et désordonné

    • faudrait vraiment que ça sorte de la famille, ces putains de vidéo, ça m’énerve de de montrer ça qu’à des gens déjà parfaitement au courant ; mon mode de vie, mon entourage social, politique, est le résultat de trente ans d’une construction éthique qui a coupé dans plein de possibles, notamment dans la diversité de mes relations humaines ; ce qui est bon pour mon psychisme, est nul pour ma puissance politique étendue. Bref, si vous avez des moyens de relayer ça plus utilement qu’ici ou à d’autres cercles aussi préparés que Seenthis, c’est cool.

    • @vazi sincèrement, politiquement, je ne sais pas : plus de quinze ans de dessins pour CQFD, et je ne peux m’empêcher de penser que ces dessins ne servent à rien tant qu’ils ne sont pas publiés dans le figaro ; à quoi ça sert, sinon à se tenir chaud en se disant qu’on n’est pas politiquement seul, de dire à des gens qui le savent déjà des trucs dont le reste du monde ignore globalement l’existence et n’ont aucune chance d’en voir surgir l’évocation dans leur propre champ de vision, leur propre entresoi ? Et pourtant, comment survivre sans se constituer pas à pas un environnement bienveillant, avec lequel on puisse parler, s’entendre, c’est-à dire année après année en en chassant tout ce qui est répétitivement hostile ? Voilà, c’est une non réponse à ta question j’en suis sincèrement désolé.
      Restent les assemblées avec les GJ, of course, mais on voit bien le même problème se repointer, puisque ce ne sont pas les mêmes films, les mêmes vidéos, les mêmes images, qui sont vues selon le degré d’investissement déjà apparu, le travail de rapprochement déjà commencé etc. dans le mouvement. Je vois toute la puissance potentielle de ces assemblées à la Bourse du Travail, par exemple, mais je ne sais pas comment faire pour qu’elles soient vues en dehors de nos cercles déjà convaincus, en dehors de cette partie du monde déjà favorable au mouvement (et plus exactement, qui lui est a priori hostile). Bref, je cherche des portes stratégiques dans mon quotidien, et je l’ai construit de telle manière qu’elles n’existent sans doute pas...

    • @l_l_de_mars ne soit pas désolé, ma question n’était pas une mise en cause mais une interrogation qui me concerne aussi. Pour ma part j’ai conservé un compte Facebook sur lequel je relaie (très ponctuellement) des infos politiques mais... quand je vois leur « score » j’ai parfois envie de mettre des photos de chatons :(
      Effectivement on se construit dans un monde qui nous ressemble, nous raffermit dans nos convictions.
      J’ai l’impression que pour rassembler il faut avoir le mental de « l’homme·femme politique » : savoir servir un discours rassurant à quiconque. C’est la porte ouverte au cynisme et au clientélisme.
      Plus positivement : écouter et comprendre les interrogations de chacun·e·s et les retraduire en terme de proposition intelligibles par la société se serait déjà beaucoup.
      Viser la publication dans le Figaro c’est (si je puis me permettre) faire fausse route. De mon point de vue quand quelque chose (un changement sociétal) est assimilé par le lectorat du Figaro c’est qu’il a déja été totalement digéré par la société et que le débat est ailleurs , dans CQFD par exemple !

    • @vazi l’exemple du figaro, pourtant, me semble assez éclairant de mon désir : précisément parce que mon travail ne pourrait y être assimilé, il n’y sera jamais vu, or c’est bien à ces lecteurs là qu’il est nécessaire de faire voir, faire lire, ces infos sous une forme qu’ils ignorent. Qu’ils soient confrontés à autre chose que la forme familière sous laquelle leur sont présentées les choses. Le but de tels dessins n’est pas de convaincre mais d’ouvrir un brêche dans des certitudes. Sinon quoi ? A quoi bon ? Dans CQFD, ce que j’y fait est précisément déjà largement assimilé par un lectorat familier de cet angle politique. Si un travail rédactionnel, graphique, politique a du sens, c’est dans sa possibilité transformante, heurtante, questionnante, pas dans sa courroie réconfortante. En restant dans des publications amies, je fais un travail politique vain. Dans une publication ennemie (pour faire court) ce travail opérerait, tout simplement, et aurait au moins une chance d’être une question.