• Pitié-Salpêtrière : le collectif des 34 interpellés livre sa version
    4 mai 2019 Par Marine Turchi - Mediapart

    Réunis dans un collectif baptisé « des 34 de la Pitié », une partie des interpellé·e·s de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière a livré samedi sa version des faits des événements du 1er Mai, lors d’une conférence de presse. Ils disent avoir été victimes d’« abus de pouvoir » et de « violences psychologiques » lors de leur trente heures de garde à vue.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/040519/pitie-salpetriere-le-collectif-des-34-interpelles-livre-sa-version

    (...) Arrivé au dépôt du Quai des Orfèvres, leurs feuilles d’interpellations leur ont été distribuées avec différents motifs : « intrusion », couplé pour certains à « rassemblement en vue de violences » ou « violences » ou « dégradations ». « Tout le monde était choqué, nous ne comprenions pas d’où sortaient ces accusations », assure le collectif.

    Ils affirment que certains ont « subi des violences dès l’arrivée » : « fouilles abusives en public, port des menottes injustifié, dégradation des biens personnels ». Ils ont ensuite relaté les conditions difficiles de leurs « 28 à 30 heures » de garde à vue, émaillées selon eux d’« une pression morale violente et inadmissible ». « Trois femmes ont été isolées dans une cellule de dégrisement d’environ huit mètres carrés avec caméra pendant trente heures. D’autres étaient en cellules partagées mais ne disposaient que de deux matelas pour quatre, ou n’ont pas pu manger de repas avant le lendemain 13 heures. Certains ont eu leurs lunettes de vue retenues lors de la fouille et ont dû signer des papiers sans savoir à quoi ils s’engageaient. Ils nous ont mis dans des cellules surchauffées ou glaciales, à même le sol. Certains n’ont pas eu accès à leurs médicaments pendant la durée entière de la garde à vue, ont demandé un médecin qu’ils n’ont jamais eu », ont-ils énuméré.

    Ils dénoncent également des « violences psychologiques » : « Il s’agissait de nous faire croire tout et n’importe quoi quant à l’issue de notre garde à vue, entre une sortie au bout de deux heures et une défération au dépôt pour passer au tribunal de grande instance, qui peut se suivre d’une comparution immédiate. (...) Dans la nuit, de nouveaux chefs d’accusation sont apparus sur les feuilles d’interpellation de certains nous : bande armée et utilisation d’objets explosifs. Tout cela n’avait aucun sens. Nous n’avons pas tous pu voir nos avocats avant de réaliser nos dépositions. (...) Certains d’entre nous ont été appelés en pleine nuit pour leur déposition », affirment-ils. Pour certains, les questions étaient posées de façon à nous inculper, tandis que d’autres se faisaient amadouer pour témoigner. Certains se sont fait insulter et humilier lors de ces dépositions, étant menacés d’être renouvelés de garde à vue pour 24 heures et de finir au dépôt le vendredi soir. (...) Tout était mis en place pour nous forcer à témoigner malgré notre droit de garder le silence. »

    Ils estiment avoir été « victimes d’un engrenage politique dont [ils n’étaient] pas responsables », voyant leur garde à vue prolongée à 16 heures jeudi 2 mai, pour les besoins de l’enquête, dans un contexte de forte médiatisation. Ils ont finalement été libérés à partir de 20 h, « sous le choc » après « 30 heures d’incompréhension, d’injustice et de peur », soulignent-ils. (...)

    #Pitié-Salpêtrière