Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • “Si j’étais urbaniste à Paris, je transformerais tout le périph en marchés et en écoles !” - Idées - Télérama.fr
    https://www.telerama.fr/idees/si-jetais-urbaniste-a-paris,-je-transformerais-tout-le-periph-en-marches-et

    La ville n’est pas que matériaux et bâtiments, elle reflète aussi une manière de vivre et de se côtoyer, explique l’urbaniste américain Richard Sennett. Dans son livre “Bâtir et habiter. Pour une éthique de la ville”, il propose des pistes pour mieux l’habiter, en tirant les leçons des erreurs passées.

    Pourquoi faites-vous une distinction entre ville et cité ?
    La ville est constituée de matériaux, et la cité est la manière de vivre dans cette réalité matérielle. J’établis une différence, car il existe souvent un conflit entre le bâti et le vécu. Habiter ne se limite pas à occuper un logement, mais suppose de tisser des relations avec des gens que l’on ne connaît pas. Je voudrais aussi contester l’idée qu’il suffirait de construire en reproduisant les structures sociales existantes. Du point de vue éthique, si la population veut habiter dans des quartiers fermés, l’urbaniste doit lui résister. Mais il ne s’agit pas non plus pour lui d’imposer un mode de vie.

    Quel rôle a joué Le Corbusier dans cette rupture ?
    Il occupe une place centrale. Avec son plan Voisin de 1925, qui consistait à raser le centre de Paris pour construire des tours, Le Corbusier a nié l’idée qu’habiter puisse avoir une importance. L’environnement ne l’intéressait pas du tout. Il a réduit la ville à un mécanisme, à une image. Au cours du XXe siècle, on a appliqué des conceptions urbanistiques élaborées en Occident à des pays dont le contexte économique et culturel n’avait rien à voir avec celui des États-Unis, de l’Allemagne ou de la France. Le choix était compliqué, car on ne pouvait plus s’inspirer de l’urbanisme traditionnel : en Chine, au Brésil ou en Colombie, les moyens d’existence n’étaient plus les mêmes que par le passé, et la population était beaucoup plus nombreuse. En apparence, la modernité exigeait donc de construire des tours à la Le Corbusier ou de dessiner des cités-jardins, défendues à l’autre bord politique par l’historien Lewis Mumford (1895-1990). Je me suis toujours demandé si c’était juste ou non d’agir ainsi. Aujourd’hui, je pense qu’il faut reconsidérer ces modèles en repartant de la réalité.

    #Urbanisme #Ville #Cité #Richard_Sennett