• La véritable histoire de « Rachid Casa » – Salimsellami’s Blog
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    Messaoud Zeghar (©D.R)                                                 

    Retracer la vie de Messaoud Zeghar a été un exercice périlleux à plus d’un titre, d’abord parce qu’il est entré dans la mémoire collective algérienne avec une histoire qui laisse rarement indifférent. Les écrits existants sont souvent équivoques car ils se basent fréquemment sur des approximations, des rumeurs qui sont contredites par la réalité de son parcours. Ainsi, il lui est attribué de façon erronée de nombreuses relations, en particulier à l’international, et des missions qu’il n’a jamais accomplies. Pire, on a été jusqu’à tenter de le présenter comme l’homme le plus riche d’Algérie, disposant d’une fortune de 2 milliards de dollars de l’époque (soit l’équivalent de près de 300 milliards d’aujourd’hui, c’est-à-dire plus que les réserves en devises de l’Algérie).

    Messaoud Zeghar avec Abdelaziz Bouteflika (© D.R)

    Cet argent devait alimenter un fond secret devant secourir en cas d’urgence son fidèle compagnon, le président Houari Boumédiène. Cette fortune aurait été spoliée par les services secrets algériens à son arrestation. Le danger de ces affabulations repose sur le fait qu’elles ont été reprises en boucle sans vérification par de nombreux auteurs, y compris par certains se présentant comme des spécialistes de l’Algérie. La puissance de ce personnage est qu’il ne laisse jamais indifférent et que tous les ouvrages récents relatifs à l’Algérie relatent son influence décisive, même si de nombreuses contre-vérités s’expriment. En effet, on ne peut pas enfermer Messaoud Zeghar dans des cases trop étroites par rapport à la réalité complexe de son parcours. Comment imaginer qu’un jeune Algérien des années 50 ait pu connaitre une telle ascension, l’amenant à être un des artisans les plus efficients de la révolution algérienne ? Qui aurait pu préjuger de son rôle majeur dans la logistique, en particulier de l’armement ? Qui aurait pu imaginer sa capacité d’influence auprès de certaines grandes puissances pour pousser les instances internationales à faire pression sur la France ? Enfin, qui aurait pu anticiper l’influence de Messaoud Zeghar sur son peuple pour qu’il puisse concrétiser son indépendance ? Son objectif permanent a été de neutraliser la tutelle de l’ex-puissance coloniale qui souhaitait ardemment continuer à impacter le devenir de l’Algérie sous une autre forme de domination. Dans cet optique, Messaoud Zeghar a aussi eu très tôt l’intuition de diversifier les relations géostratégiques de l’Algérie vers certains pays et en particulier les Etats-Unis. Cette influence avérée et son lobbying ont permis à l’Algérie de nombreuses avancées. Ainsi, sans le soutien américain implicite, le peuple algérien aurait pu connaître beaucoup plus de difficultés à accéder à l’indépendance. De même, cette relation privilégiée à laquelle oeuvrait Zeghar, a permis de ne pas entraver la réappropriation par le pays de ses ressources énergétiques en 1971. Nous ne pouvons douter que si l’Etat américain avait voulu stopper la nationalisation des hydrocarbures, il est quasi certain que l’histoire de l’Algérie aurait pris une tournure différente. Mais se pencher sur le destin de Zeghar n’avait pas pour but de l’idéaliser, mais de mieux le comprendre car à travers son histoire, ce sont toutes les avancées et les tragédies d’un pays que l’on décèle, et peut-être son avenir prometteur. La préparation de cet ouvrage a été longue et difficile. Tout d’abord, Messaoud Zeghar, homme de l’ombre, s’est aussi retrouvé à plusieurs reprises sous les projecteurs, devant faire face à des campagnes médiatiques. Mais ce culte du secret qui lui a permis de survivre pendant la guerre d’indépendance, lui imposa jusqu’à la fin de ses jours de cloisonner ses relations, ce qui rendit la tâche plus ardue. Sa propre famille ne savait pas vraiment ce qu’il avait fait dans le passé ou quels avaient été ses projets. Rapidement, j’ai donc tenté de retrouver ses proches, et cet exercice que je pensais mener en quelques mois, a pris trois ans. Les identifier ne fût pas aisé, mais j’ai pu découvrir au fur et à mesure des rencontres, de nouveaux personnages déterminants dans la vie de cet homme que je me mis au défi de localiser. Se rapprocher ainsi du terrain en allant questionner directement les hommes, m’a permis de passer d’un exercice purement intellectuel à un ouvrage où la nature humaine est centrale, car l’avenir de l’Algérie n’est pas lié à ses ressources d’hydrocarbures ou à l’étendue de son paysage, mais à la vitalité de ses femmes et de ses hommes. La troisième difficulté fut de discerner les qualités et les travers de Messaoud Zeghar pour ne pas entrer dans une approche binaire d’idéalisation ou de diabolisation, et ainsi retracer sa trajectoire avec ses hauts et ses bas. Et, pour tenter de se rapprocher au plus près de la réalité de ce personnage, la rigueur souhaitée à ce récit nous a imposé de toujours privilégier la confrontation entre tous les entretiens et les documents, lettres, photos, relatifs à Messaoud Zeghar. Une des grandes particularités de ce personnage a résidé dans sa capacité à créer des liens entre son engagement politique et son goût effréné pour les affaires. On perçoit d’ailleurs mieux cette dualité en approfondissant les relations qu’il a entretenues avec son premier cercle de proches, son équipe de collaborateurs qui dans une certaine mesure a aidé à conforter sa grande puissance. L’évolution de leurs relations, faites de rebondissements retentissants, a rendu la vie de ce personnage troublante à plusieurs égards, effrayante dans certaines situations et surtout, tout simplement passionnante. Le parcours des hommes exceptionnels est souvent traversé de voltes faces où le tragique se dispute à l’insolite, et c’est ce qui démultiplie l’aura et le charisme de Messaoud Zeghar. Homme clé des relations commerciales internationales avec l’Algérie et homme d’influence dans la diplomatie parallèle, en particulier dans les relations algéro-américaines, ses plus belles opérations lui ont permis de constituer un patrimoine important, difficilement mesurable, l’amenant à être considéré comme le personnage le plus fortuné et un des plus décisifs d’Algérie. La révélation de plusieurs affaires, le faisant passer de l’ombre à la lumière jusqu’à son arrestation par le nouveau régime au début des années 80, a entraîné sa mise à l’écart. A ce moment crucial de sa vie, il perdit quasiment tous ses repères, impuissant pour la première fois, ne pouvant plus compter sur ses réseaux et une grande partie de son équipe, et voyant son patrimoine décliner à grande vitesse. Il décéda peu après dans des conditions controversées, mettant un point final à sa trajectoire exceptionnelle qui fut à la fois romanesque, passionnante et tragique.

    De droite à gauche : Rockfeller, Zeghar et un officiel américain

    Trente ans après sa mort, ce personnage attire toujours autant l’attention. En 2014, lorsque nous évoquons le nom de Zeghar en Algérie, les gens sont toujours captivés pour diverses raisons : son amitié exceptionnelle et unique avec Boumédiène, sa contribution déterminante aux relations algéro-américaines, sa démarche entrepreneuriale remarquable mais aussi l’enlèvement de sa sœur, son emprisonnement sous l’ère Chadli et sa mort tragique à un âge peu avancé. Se consacrer à un tel ouvrage pendant quatre ans trouve aussi pleinement son sens s’il permet de faire comprendre aux jeunes générations que cette personnalité unique a su mêler, à l’avantage de l’Algérie, un patriotisme authentique au génie des affaires. Certains grands noms de l’industrie et des services en Algérie tirent actuellement leurs fortunes d’intermédiations, sans forcément y associer l’intérêt général du pays. Messaoud Zeghar les aurait-il suivis dans ce cheminement ? Si ce n’était les parts d’ombre personnelles de Zeghar qui l’ont fait inexorablement sombrer, le pays aurait pu encore longtemps bénéficier de ses talents exceptionnels dans la diplomatie parallèle.

    Que reste-t-il de la mémoire de Zeghar ?

    Une question essentielle reste posée : qu’est ce qui a fait courir Zeghar durant près de cinquante années ?

    Nous allons tenter d’y répondre avec une caractéristique fondamentale de ce personnage, qui est celui d’un homme capable du meilleur comme du pire quand ses objectifs sont contrariés. Nous sommes convaincus que le pouvoir, l’argent, le sexe, la reconnaissance n’étaient pas les moteurs de la nature de Zeghar, même s’ils ont étayés sa vie. Comme souvent pour les personnages qui ont marqué l’histoire, il y avait dans son parcours un rapport particulier à l’enfance et à l’amour. Son rapport fusionnel avec sa mère et par la suite avec sa sœur Dalila, ont peut être été déterminants dans sa trajectoire. Sa soif d’être aimé a décuplé son énergie et lui a permis d’être au centre de toutes les attentions. Comme un chef d’orchestre, il donnait le « la » à sa famille qui lui vouait une estime immense, tout en le craignant car tout le monde savait qu’il pouvait être doté de l’esprit le plus redoutable. Nous avons lu des milliers de pages sur les histoires relatives à la vie de Zeghar, en retirant quelques apprentissages utiles aussi à l’Algérie. Le premier, c’est de confirmer que Zeghar a été le seul à ce jour à avoir combiné le rôle de lobbyiste international en faveur de l’Algérie, d’entrepreneur international et de diplomate non officiel pour son pays, disposant de plusieurs passeports diplomatiques et d’ordre de missions quasi permanents lui permettant de faire des contre-enquêtes sur les sujets les plus sensibles, y compris relatifs au secret défense. Le second apprentissage, c’est la démonstration de son génie des affaires avec une stratégie internationale, alors que nous étions au début de la mondialisation avec des moyens de télécommunications archaïques, sans internet et sans téléphone portable. Il alla d’ailleurs jusqu’à racheter le leader mondial des radio-télécommunications militaires. Ce talent était conforté par une générosité certaine avec de nombreuses personnes, tout en étant lucide sur la rapacité de ses partenaires, générant chez lui une forme de paranoïa permanente. Paradoxalement, il était aussi capable de faire confiance rapidement sur un ressenti positif et d’entamer rapidement une liaison forte. Sa qualité d’entregent était surtout liée à une capacité extraordinaire de se rendre indispensable, d’aller très vite dans l’analyse et la prise de décision, et de s’adapter à toutes les situations. Il savait surtout créer des liens intimes très rapidement avec des inconnus, rendant son relationnel extrêmement diffus avec une vision globale et planétaire. Zeghar est pourtant certaines fois défini comme un vulgaire intermédiaire qui aurait bénéficié de son amitié avec le président Boumédiène pour s’enrichir frauduleusement sur le dos de l’Algérie. Dans un esprit rigoureux et mesuré, aller dans ce sens serait un raccourci facile, ne permettant pas d’analyser en profondeur la complexité du personnage. Nous ne pouvons occulter son sens aigu des affaires et du pouvoir de l’argent, mais nous estimons que cette fortune accumulée n’est que la partie visible de l’iceberg du personnage. Pour lui, l’argent permettait de répondre à certains objectifs, comme de subvenir aux besoins de ses proches, y compris dans le luxe, mais surtout de faire partie intégrante de l’histoire de son pays en étant toujours disposé à apporter sa meilleure contribution. Des centaines de personnes ont bénéficié de la générosité de Zeghar, chefs d’états, ministres en passant par de simples villageois. Il savait donner, parfois avec des visions à moyen et long termes, mais souvent sans rien attendre en retour. En affaires, il était capable de miser gros et certaines fois de mégoter sur des petites sommes, non pas pour le montant mais sur le principe. Il a pu à certains moments ne pas honorer des engagements en reportant certains règlements, mais il n’a jamais volé personne et encore moins d’une manière délibérée. Nous pouvons également mettre en exergue sa lucidité sur les hommes, il savait qu’il ne pouvait faire les choses sans une équipe sûre et fiable. Il avait réussi à bâtir cette équipe, mais il a sous-estimé la dynamique du temps. C’était à la fin des années 70, aube d’une nouvelle époque. Il pensait pouvoir continuer à fonctionner comme dans les années 60 avec sa double casquette. Mais malheureusement, le nouveau pouvoir des années quatre vingt ne pouvait s’accommoder d’un tel homme, car il disposait déjà d’une vraie légitimité historique couplée à une puissance sans précédent dans les affaires. Lui renouveler ce positionnement double d’homme d’affaires et d’homme d’influence sur les dossiers sensibles, aurait démultiplié sa puissance de frappe et donc de nuisance, y compris pour le nouveau pouvoir. Les propos d’un haut cadre, proche du Président Chadli sont éclairants : « Zeghar avait obtenu une place exeptionnelle durant l’ère Boumédiène car il était arrivé à le mettre dans sa poche alors si on l’avait laisser faire avec Chadli, n’imaginons même pas la suite ».

    De droite à gauche : Zefgar, Boumediene et Bouteflika (©D.R)

    C’est en grande partie dans cette lecture qu’il faut analyser les véritables raisons de l’arrestation de Messaoud Zeghar. Chadli Bendjedid a délicatement manœuvré en le neutralisant sans porter atteinte à sa vie alors qu’il aurait pu aisément le faire. Le Président Chadli et ses collaborateurs dont le colonel Kasdi Merbah se sont appuyés sur l’axe géostratégique que Zeghar avait initié avec des superpuissances comme les USA, pour renforcer d’une manière indiscutable l’indépendance et le rayonnement de l’Algérie qui était alors à son apogée.

    Aujourd’hui en 2014, la question est de savoir ce que l’Algérie peut utiliser de la trajectoire de Zeghar, comme un éclairage pour les jeunes générations ? Pédagogiquement, nous pensons que raconter l’histoire de Zeghar aux jeunes peut être utile dans cette approche gagnant gagnant. De nos jours, beaucoup d’Algériens sont guidés par l’ambition de faire fortune sans patriotisme, voire même en détruisant volontairement les acquis de l’Algérie. Zeghar faisait des affaires avec son pays mais toujours en vrai patriote, en lui renvoyant l’ascenseur pour que l’Algérie soit plus forte et plus indépendante. Son action de lobbyiste international au profit de l’Algérie constitue le travail le plus spectaculaire de Messaoud Zeghar durant près de trente années. Ce travail d’influence ne doit pas être négligée car il avait su créer un réseau d’amis, en particulier aux USA, qui impactait l’indépendance et la préservation des intérêts de son pays. Nous estimons que l’indépendance de l’Algérie en 1962 et surtout la nationalisation des hydrocarbures en 1971 n’aurait pu se réaliser sans heurts si les américains n’avaient pas cautionné ces décisions révolutionnaires et stratégiques. Dans ce cadre, nous sommes convaincus que Zeghar a apporté une contribution certaine pour que son influence soit la plus efficace dans la réalisation de ces bouleversements politiques et économiques. Il faut admettre que la nationalisation des ressources énergétiques algériennes au début des années soixantes dix fut etonnemment une réussite totale alors que d’autres pays avait tenté la même expérience mais avec un échec cuisant comme ce fut le cas de l’Iran. En effet, le 19 août 1953, le Premier ministre du chah d’Iran, Mohammad Mossadegh est démis de ses fonctions sous la pression des américains et des Britanniques qui lui reprochent d’avoir nationalisé les gisements pétroliers d’Iran et exproprié la puissante compagnie pétrolière Anglo-Iranian OilCompany. Il faudra attendre vingt ans avant qu’un autre pays ose nationaliser son pétrole. Ce sera l’Algérie sous l’impulsion et le courage du président Boumédiene et du travail remarquable de ses collaborateurs Abdelaziz Bouteflika, Belaid Abdesselam, Sid Ahmed Ghozali et bien sûr Messaoud Zeghar. Zeghar était arrivé à faire cautionner par les américains sa non intervention contre les nationalisations en Algérie. Précisément, Zeghar dans le plus grand secret avait signifié à son reseau américain l’intérêt pour les Etats unis de nationaliser les hydrocarbures en Algérie. Le deal conclu officieusement par Zeghar et validé par le Président Boumédiene était le suivant, vous première puissance mondiale vous nous laissez nous réapproprier nos richesses sans heurts et en neutralisant l’ex puissance coloniale, en contrepartie nous vous donnons des assurances concernant le délogement des compagnies pétrolières de l’ex puissance coloniale et les garanties de pouvoir participer au projet de développement de l’Algerie tant en ce qui concerne l’achat d’unités clés en mains que de l’exportation d’hydrocarbures algeriens. L’intérêt pour cet accord officieux dont Zeghar est le représentant personnel du Président Boumédiene est stratégique pour les Etats unis qui attendent des retombées économiques fortes mais aussi la neutralisation de l’hégémonie Russe en Algérie. Cette mission secrête de lobbying de Messaoud Zeghar aux Etats Unis n’a été possible que parce que le Président Boumédiene avait compris très tôt depuis la fin des années 50, sous la très forte influence de son ami Messaoud, que l’indépendance de l’Algérie serait toujours plus forte si les relations étaient diversifiées, les russes pour l’armement, les américains pour les équipements industriels et l’énergie, l’ex puissance coloniale la France pour les produits agro alimentaires et équipements. En d’autres termes, il est incontestable que Zeghar est un des artisans les plus importants de cet axe géostratégique avec les Etats Unis qui perdurent encore à ce jour. Nous ne pouvons comprendre le génie de cette diplomatie parallele sans souligner l’influence très forte de Jimmy Oebel père sur Messaoud Zeghar, cet américain, ancien commandant de l’Oss (ancètre de la CIA), amitié qui date des années 50 et qui a renforcé considérablement son analyse géo stratégique en particulier vis-à-vis des Etats Unis. Le role de messaoud zeghar dans la diplomatie parralele est incontestable et il suffit de se reporter aux documents d’archives des Etats Unis où il est le seul à être présenté comme une des personnes les plus influentes d’Algérie en étant le confident du président Boumédiene. La question qui reste posée est le rôle de Zeghar dans le monde des affaires. Précisément, quelle était la contribution réelle de Zeghar dans ses prestations vendues à ses partenaires étrangers qui travaillait en Algérie ? Zeghar faisait un travail de fond pour ses partenaires, en particulier sur le recueil, le traitement et la restitution des informations. Il rassemblait des données macroéconomiques et sectorielles, permettant d’appréhender dans les meilleures conditions possibles, la soumission à certains marchés. N’oublions pas que l’Algérie devait faire face dans son fonctionnement à de nombreux goulots d’étranglement et que sans assistance, il était impossible pour un étranger d’avancer. Zeghar a-t-il corrompu certaines personnes ? Peut-être, nous ne le savons pas, mais nous sommes persuadés de deux choses. D’abord, il effectuait un vrai travail d’accompagnement avec ses partenaires étrangers, ensuite, la corruption d’agents publics par Zeghar n’a jamis été établi et il n’a jamais été condamné en conséquence. Ensuite, sur la mémoire de Messaoud Zeghar, nous ne pouvons occulter le caractère intéressé de sa générosité pour le financement de soins, d’études ou de séjours à l’étranger à destination des gens du pouvoir. En parallèle, Zeghar était très généreux avec beaucoup de gens du peuple. Sur le plan prospectif, les problématiques du business international avec l’Algérie sont révélées et réorientées, en particulier sur la question de l’intermédiation qui gangrène l’économie de ce pays depuis de nombreuses années. L’intermédiation en Algérie représente des sommes colossales, entre 4 et 10 milliards de dollars annuellement, peut et doit être dévoilée au grand public, car si elle se fonde sur des prestations réelles (conseil, assistance, accompagnement), elle est légale et doit participer ouvertement au positionnement des firmes étrangères en Algérie. A contrario, si cette intermédiation se fonde sur la corruption de hauts fonctionnaires, c’est un cancer pour le pays. Ne pas en parler aujourd’hui, c’est faire perdurer certaines pratiques mafieuses et maintenir en place des filières complètes où des monopoles privés se sont constitués. Les grands entrepreneurs algériens d’aujourd’hui et de demain, dont quelques uns ont connus Zeghar, doivent s’inspirer de son histoire qui peut les renforcer dans leur patriotisme et leurs contributions au développement de l’Algérie. Enfin, le charisme et l’aura de Zeghar trente ans après sa mort vient sûrement de ce mélange de véritable patriotisme, de génie des affaires, du meilleur comme du pire avec l’omniprésence du rocambolesque et d’une générosité exceptionnelle. Sa personnalité hors normes fait qu’aujourd’hui encore, de nombreux écrits se réfèrent à son parcours, souvent sur des informations erronées. L’objectif de cet ouvrage est également de remettre les pendules à l’heure afin que la mémoire de l’Algérie ne soit plus fondée sur des mythes mais sur la vie réelle d’hommes qui ont marqué à jamais l’Histoire de leur pays. Enfin, l’aura des grands hommes réside dans ce lien inexplicable avec les autres. Zeghar dispose de ce lien avec les Algériens. Pourquoi, comment, finalement nous ne le savons pas vraiment mais le lien est étrangement très puissant. En Décembre 2012, j’ai reçu un jeune Algérien pour le conseiller dans des projets à l’international. Après discussion, il me signale qu’il est originaire de la région de Sétif. Je lui précise que je suis entrain d’écrire un ouvrage sur un personnage de sa région et d’une manière spontanée, il sort de son portefeuille la photo de Messaoud Zeghar. Cette alchimie est inexplicable et me touche également personnellement, comme si j’avais été choisi pour écrire cet ouvrage.

     Seddik LARKECHE

     larkeche.seddik@yahoo.fr                                                                                                                        https://www.liberte-algerie.com/contribution/la-veritable-histoire-de-rachid-casa-213669