Ami troll, un peu de cohérence s’il te plaît : pourquoi nier tout rôle politique à Boukobza, et ne pas nier celui de Rotschild (la rédaction ne serait pas indépendante de son actionnaire de référence ?).
Il y a une énorme différence entre le jugement selon lequel un journal serait « pro-israélien » (incantation habituelle : « tu ne peux pas dire ça, on a aussi des papiers qui vont dans l’autre sens… »), et le fait que le propriétaire a demandé la nationalité israélienne il y a deux ans (« ah ah, tu es bien libre de publier ce que tu veux, mais on verra bien qui obtiendra une promotion la prochaine fois… »).
La question importante sur laquelle on bute systématiquement, c’est « pourquoi les journaux écrivent de telles foutaises ? ». On est largement dépendant, pour répondre, de Chomsky/Herman et de leur démonstration que la structure qui régit la presse ne peut logiquement pas produire autre chose que ce qu’une telle structure est destinée à produire (que l’on complètera en France avec du Bourdieu). Or il y a aussi des cas beaucoup plus simples : le contrôle direct d’un grand média d’information par des gens qui ont un agenda politique explicite.
Il est difficile de faire aussi claire. La théorie de Chomsky, aussi incontournable soit-elle, se fait encore traiter de théorie du complot, et si au-delà tu commences à te demander s’il y a parfois un contrôle direct de grands médias, on te sort les Protocoles (ce qui, au passage, vient d’arriver au Monde diplomatique dans un texte inepte référencé récemment sur Seenthis).
Là, il n’y a pas de complot, tu as deux « israéliens de fraîche date » qui, très récemment, ont ou ont eu un contrôle direct sur deux des principaux quotidiens français. C’est un cas d’école : tu n’as pas besoin d’expliquer longuement la critique systémique de Chomsky, puisque tu as des gens avec des agendas politiques explicites et clairs qui ont le contrôle direct de deux grands médias. Je fais le rapprochement, parce que ça se passe au même moment, il est difficile d’avoir des cas aussi explicites, et à nouveau, ça n’est pas tellement commenté (l’article sur Boukobza est absolument scandaleux, mais il n’y a eu aucun scandale à sa suite).
Le paragraphe invraisemblable est :
Des informations savamment distillées sur la situation du Monde font alors état d’un nombre considérable de voitures de fonction et du salaire élevé du patron du quotidien, Eric Fottorino, qui dénonce un « harcèlement moral ». Les dépenses sont épluchées et toutes, même les plus petites, doivent être justifiées. « Il était là pour faire partir les plus âgés et les gros salaires », se souvient un journaliste. Lors de la renégociation du contrat avec l’AFP, Boukobza le militant rebaptise le groupe d’informations « Agence France Palestine » et critique la sensibilité du quotidien sur ce sujet. « Bazooka », comme le surnomment les confrères, ne mâche pas ses mots.
Tu as aussi l’article sur Rue 89 qui détaille son implication dans le fonctionnement même de la rédaction :
►http://www.rue89.com/2010/11/30/bazooka-le-cost-killer-qui-secoue-la-redaction-du-monde-178385
Donc, ce type est celui qui, finalement, décide du salaire du patron, épluche « toutes les dépenses », « s’attaque aux notes de frais » et qui négocie avec l’une des principaux outils des journalistes en le qualifiant de « Agence France Palestine ». « Rien de politique » ? Si tu étais journaliste au Monde, il me semblerait que tu saurais très clairement dans quel sens souffle le vent – à moins que tu n’aies aucun espoir en matière de promotion ou de salaire. (Et à nouveau : si tous les salaires et dépenses du Monde avaient été contrôlés par un type qui dénoncerait l’« Agence France Pro-Sioniste » et se permettrait de « critiquer la sensibilité du quotidien sur ce sujet », je pense que le scandale aurait été monstrueux.)