marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Bourgeoisie et violence sexuelle : « La familia grande », Camille Kouchner
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/familia-grande

    Nous avons lu le livre de Camille Kouchner, victime collatĂ©rale de l’inceste de son frĂšre, et ce qu’elle dĂ©crit ressemble bien au systĂšme de justification et d’impunitĂ© propre Ă  une classe sociale. Et si l’inceste survient effectivement dans toutes les familles et tous les milieux sociaux, la bourgeoisie compte en son sein un grand nombre d’hommes dont le prestige, l’arrogance et le pouvoir leur donnent lĂ©gitimitĂ© et protection pour agir de la sorte .

    La libertĂ© est la valeur suprĂȘme de la « Familia Grande ». L’étĂ©, chacun fait ce qu’il veut, le soir chacun se dĂ©merde, on ne « s’emmerde » pas avec les conventions sociales. Le livre ne prĂ©cise pas si cette maxime s’applique Ă©galement au personnel de maison, nounous, chauffeurs et cuisiniĂšres. Toujours est-il que cette valeur est portĂ©e trĂšs haut, en particulier en matiĂšre de sexualitĂ©. Camille Kouchner raconte la dĂ©testation revendiquĂ©e des normes traditionnelles en matiĂšre de fidĂ©litĂ© dans le couple et la moquerie envers les tĂ©moignages de pudeur. Olivier Duhamel se baigne ainsi nu dans la piscine familiale et incite ses enfants Ă  faire de mĂȘme.

    Rouler un patin Ă  une enfant de 12 ans ne semble pas non plus poser problĂšme Ă  cette clique de joyeux bourgeois « de gauche ». Chacun s’accommode, dans ces annĂ©es 80 oĂč tous trahissent leurs idĂ©aux en politique, de rester fidĂšle Ă  un « esprit soixante-huitard » allĂ©grement dĂ©voyĂ©.

    L’inceste est racontĂ© dans la deuxiĂšme moitiĂ© du livre. Suite au dĂ©cĂšs de la mĂšre de son Ă©pouse, qui la plonge dans une violente dĂ©pression, Olivier Duhamel se rend chaque soir dans la chambre de son fils cadet et a des relations sexuelles avec lui. La suite a Ă©tĂ© documentĂ©e par la presse ces derniĂšres semaines : ces actes prĂ©docriminels restent un secret entre le frĂšre et la sƓur pendant des annĂ©es. C’est lorsque la fratrie voit arriver dans sa vie ses propres enfants que la parole se libĂšre, pour protĂ©ger ces enfants nĂ©s dans les annĂ©es 2000, de leur grand-pĂšre.

    Avertie, Evelyne Pisier dĂ©fend son mari. Tout y passe. AprĂšs tout, « il n’y a pas eu sodomie, seulement des fellations”. Ou encore l’idĂ©e selon laquelle il y aurait eu une authentique complicitĂ© sexuelle voire sentimentale entre ce trĂšs jeune adolescent et son beau-pĂšre quadragĂ©naire au moment des faits.

    Le livre de Camille Kouchner ne met pas simplement le doigt sur le silence des familles, fait relativement universel. Mais sur un libertarisme bourgeois conduisant Ă  effacer toute l’inĂ©galitĂ© fondamentale qui structure la relation enfant-adulte et plus encore enfant-parent...

    • Il est pourtant difficile, Ă  la lecture du livre de Camille Kouchner et en ayant connaissance des affaires qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ© (l’affaire DSK, l’affaire Polanski, l’affaire Matzneff), de ne pas lier tolĂ©rance, impunitĂ© et passage Ă  l’acte en matiĂšre de violence sexuelle Ă  l’idĂ©ologie bourgeoise. S’il est vrai que l’inceste et les violences sexuelles en gĂ©nĂ©ral se produisent partout, le crime racontĂ© par Camille Kouchner a bien une dimension sociale. Son livre dĂ©crit bien un rapport aux enfants cruel parce qu’insensible Ă  l’enfance. Ses protagonistes sont des gens qui ont adhĂ©rĂ© et adhĂšrent encore certainement Ă  cette quĂȘte Ă©goĂŻste de libertĂ© ultime, une libertĂ© individuelle qui se fout de celle des autres, et pour qui la notion de consentement semble totalement inconnue. Leur indiffĂ©rence Ă  la condition dominĂ©e des enfants est la mĂȘme que celle que beaucoup cultivent Ă  l’égard de celle des femmes.

      Ajoutons que le point commun de ces affaires de violence sexuelle bourgeoise c’est que leurs auteurs sont toujours protĂ©gĂ©s par leur statut. DSK le grand homme politique, qui n’a commis qu’un « troussage de domestique », Roman Polanski le grand rĂ©alisateur – il « n’est pas le violeur de l’Essonne » disait Finkielkraut, rĂ©vĂ©lant l’imaginaire bourgeois de la violence sexuelle forcĂ©ment provinciale et prolĂ©taire. Gabriel Matzneff, le grand Ă©crivain. Olivier Duhamel, l’homme de rĂ©seau, prĂ©sident de la Fondation nationale des sciences politiques, c’est-Ă -dire de l’école oĂč vont toute une partie des jeunes bourgeois. Leur impunitĂ© dĂ©coule de leur statut, qui donnerait de nobles raisons Ă  leur crime, et qui justifierait de petites entorses Ă  la loi. “SĂ©parer l’homme de l’artiste” comme ils aiment dire, ne fonctionne pas avec des professions moins nobles. Comme disait l’humoriste Blanche Gardin, personne ne dirait d’un boulanger violeur, “il faut sĂ©parer l’homme du boulanger”.

      Ces crimes sont d’autant plus insupportables que leurs auteurs sont des hommes qui revendiquent une supĂ©rioritĂ© morale et intellectuelle sur le reste du monde. Il serait temps d’admettre – sans nier la prĂ©sence de violences sexuelles dans tous les milieux sociaux – qu’il y a des traits spĂ©cifiques Ă  celles qui Ă©manent des bourgeois. Eux-mĂȘmes le savent, certainement. Olivier Duhamel a Ă©tĂ© dĂ©fendu sur LCI par Alain Finkielkraut, avec les mĂȘmes arguments que pour Polanski (« un adolescent, ce n’est pas la mĂȘme chose qu’un enfant » a dit ce grand « philosophe »). Et il a choisi pour sa dĂ©fense la mĂȘme avocate que Dominique Strauss-Kahn


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      L’avancĂ©e des mentalitĂ©s, dans le contexte d’une rĂ©sistance acharnĂ©e des privilĂšges du patriarcat qu’incarne Finkielkraut, est dĂ»e Ă  la lutte inlassable de tous les acteurs, militants, tĂ©moins, chercheurs, politiques, juristes, journalistes
 Constater que leur combat n’a pas Ă©tĂ© vain est rendre hommage Ă  leur courage et Ă  leur opiniĂątretĂ©.

    • Il est nul ce texte, opportuniste et sans aucune considĂ©ration pour son sujet en particulier pour les victimes d’inceste et de violences sexuelles. Comme si l’inceste dans les milieux populaire Ă©tait un grand respect des enfants et comme si les agresseurs de toutes les classes ne bĂ©nĂ©ficiaient pas des correctionnalisations et de la bienveillance du systĂ©me policier, judiciaire, du voisinage et protection des familles. Ce texte est en plus fort mal renseignĂ© car il Ă©voque le personnel qui travaillait pour la familla grande sans savoir qu’au moins une jeune femme Ă  Ă©tĂ© renvoyĂ© aprĂšs avoir essayĂ© de portĂ© plainte pour tentative de viol. M’étonnerait qu’ils aient oubliĂ© de mentionnĂ© ceci si iles en avaient eu connaissance.
      ca sent le #mansplanning Ă  chaque ligne.

    • Son livre dĂ©crit bien un rapport aux enfants cruel parce qu’insensible Ă  l’enfance. Ses protagonistes sont des gens qui ont adhĂ©rĂ© et adhĂšrent encore certainement Ă  cette quĂȘte Ă©goĂŻste de libertĂ© ultime, une libertĂ© individuelle qui se fout de celle des autres, et pour qui la notion de consentement semble totalement inconnue. Leur indiffĂ©rence Ă  la condition dominĂ©e des enfants est la mĂȘme que celle que beaucoup cultivent Ă  l’égard de celle des femmes.