Pierre Coutil

de celles et ceux qui marchent avec… (enfin qu’essayent).

  • Les luttes de l’immigration postcoloniale dans la «révolution citoyenne» (Félix Boggio Éwanjé-Épée, Stella Magliani-Belkacem)
    http://www.contretemps.eu/fr/interventions/luttes-immigration-postcoloniale-dans-%C2%ABr%C3%A9volution-citoyenne%C2

    À partir de ce postulat du racisme comme diversion, la gauche se donne pour rôle d’expliquer aux classes populaires blanches qu’elles se trompent. La quasi-totalité de la gauche politique et syndicale aurait donc à sa charge d’organiser, d’orienter la colère vers les vrais ennemis des classes populaires blanches. Mais dans cette démarche, ce que votre slogan passe complètement à l’as c’est que dans la vie de millions de personnes, le racisme n’est pas pour eux et elles une colère détournée.
    C’est un système qui les discrimine de manière structurelle dans l’accès au logement, à l’embauche comme à l’avancement, dans l’accès aux loisirs ou aux instances médiatiques et politiques, dans les pratiques policières et judiciaires, etc.
    […] Mais présenter le racisme comme une diversion, ce n’est pas seulement occulter le point de vue des descendants et descendantes de colonisés. C’est aussi se tromper sur le point de vue des classes populaires blanches acquises aux idées racistes.
    […] Non, ce n’est pas que ces populations ont été diverties des « vraies » questions. Les réactions que nous venons d’évoquer ne sont pas des colères qui se trompent, mais elles constituent la défense d’un privilège.
    […] Ce que produit le racisme, c’est que ceux qui perdent sont tendanciellement les mêmes. Si le capitalisme produit du « chacun pour soi », le racisme, lui, pipe les dés de cette compétition.
    […] Le plus souvent, les composantes de la gauche politique et syndicale pensent pouvoir se dispenser d’intégrer la question antiraciste dans leur projet de société – dans la mesure où, pour elles, les préoccupations du mouvement social portent sur la situation de l’ensemble de la population (retraite, service public, droit au logement, etc.) et notamment les populations issues de l’immigration postcoloniale. Or, en s’attaquant aux inégalités, en augmentant la part du gâteau qui revient aux classes populaires dans leur ensemble, on n’empêche pas que cette part du gâteau soit répartie différemment entre classes populaires blanches et classes populaires non blanches.

    #politique #immigration #gauche #racisme #FrontDeGauche