Monolecte 😷🤬

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Penser une stratégie féministe (1/3) – ACTA
    https://acta.zone/penser-une-strategie-feministe-entre-protestation-et-integration-letau-des-lu

    Il est d’usage de distinguer deux grandes tendances stratégiques au sein des luttes d’émancipation quelles qu’elles soient, y compris dans le champ féministe : l’une plutôt « réformiste », l’autre plutôt « révolutionnaire ». En réalité, la frontière entre les deux n’est pas toujours étanche, même si leurs fins apparaissent antagonistes – la première vise l‘intégration de figures féminines et/ou féministes et de leurs revendications dans les lieux de pouvoir ; la seconde, plus en phase avec des aspirations de transformation sociale, consiste au contraire à contester et à combattre ce pouvoir, depuis l’espace des luttes féministes.

    Actuellement, cette distinction semble cependant difficilement tenable. La rupture que l’on pouvait faire entre un féminisme institutionnel et « intégrationniste » (blanc, bourgeois, laïcard et sécuritaire) et un féminisme révolutionnaire et intersectionnel n’est plus si évidente, tant les signes traditionnels sont brouillés.

    D’abord, le quinquennat Macron a introduit une rupture entre les associations féministes et l’État. Là où le gouvernement « socialiste » précédent entretenait une proximité avec une partie du champ associatif, l’arrivée de Marlène Schiappa au secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes a changé la donne, délaissant ces rapports privilégiés avec le terrain pour favoriser des personnalités et groupes incarnant la start-up nation au féminin. De sorte qu’une partie non négligeable du champ associatif féministe, qui avait acquis un certain poids les années précédentes, a été contrainte de porter ses revendications depuis l’espace d’un féminisme militant hors-institutions, traditionnellement investi par des collectifs et courants plus radicaux.

    Autre nouveauté, de nombreuses tendances que l’on aurait pu sans mal ranger du côté du féminisme « intégrationniste » il y a quelques années, se sont mises à mobiliser une rhétorique intersectionnelle, voire même anticarcérale – ainsi on a pu voir Caroline de Haas aborder les travaux de Gwenola Ricordeau sur l’abolitionnisme pénal lors d’une formation en ligne Nous Toutes, sans pour autant aller jusqu’à remettre en cause la légitimité du cadre pénal.

    Dans l’autre sens, on peut aujourd’hui se demander ce qui distingue fondamentalement la tendance plus « radicale », dont la critique vis-à-vis du féminisme « intégrationniste » ne semblait plus reposer ces dernières années que sur son manque d’inclusivité, et non sur les questions stratégiques du rapport au pouvoir.