CEPED_MIGRINTER_ICMigrations_santé

Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • Passe sanitaire : la longue quête des Français de l’étranger
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/01/les-francais-de-l-etranger-en-peine-pour-recuperer-le-precieux-passe-sanitai

    Passe sanitaire : la longue quête des Français de l’étranger. Les expatriés ayant reçu un vaccin autorisé par l’Europe pourront obtenir un QR code. Mais la situation reste floue pour ceux qui ont été vaccinés avec des produits non approuvés par l’Union.
    A peine débarqué de Riyad sur le sol français, samedi 31 juillet au matin, Fabrice Feydel peste contre ce qu’il appelle « une aberration » du système. Ce directeur commercial d’Airbus, 54 ans, installé depuis cinq ans dans la capitale de l’Arabie saoudite, a beau afficher un parcours vaccinal complet – une dose d’AztraZeneca fin mars et une deuxième de Pfizer fin juin –, il n’arrive pas à obtenir son QR code, et donc le passe sanitaire qui lui offrira une liberté totale de mouvement. « J’ai le certificat du ministère de la santé saoudienne, mais, ici, les pharmaciens auxquels je me suis adressé pour transposer le document dans le système français soit ne veulent pas, soit n’y arrivent pas. J’ai beau insister, cela semble impossible dès que l’on présente un certificat hors zone Europe. Tout le monde est largué. Et les expatriés hors espace Schengen n’existent pas », proteste Fabrice Feydel.
    Et ce cas n’est pas isolé. Président de la section de Riyad de l’Union des Français de l’étranger (UFE) – plusieurs sections existent en Arabie saoudite pour un nombre de Français estimé entre 4 000 et 5 000 –, Philippe Corbel raconte les mêmes difficultés. « Nous avions déjà vécu l’impossibilité de rentrer en France lors de la première vague. A cela s’ajoute aujourd’hui celle de savoir ce qu’il faut faire pour récupérer le précieux passe sanitaire français ou européen », témoigne ce quinquagénaire, consultant pour Mitsubishi Electric. L’application anti-Covid saoudienne, Tawakkalna, n’est pas reconnue, et le QR code local pas transposable. « Quand on est resté de longs mois hors de France, ne pas savoir si l’on devra se confiner à l’arrivée, si l’on pourra profiter pleinement de la vie quotidienne, c’est dur. Je reçois chaque jour des dizaines de messages », explique le président de l’UFE de Riyad.
    Pour répondre à ces imbroglios qui touchent de nombreux résidents hors de France – ils sont estimés par le ministère des affaires étrangères à quelque 3 millions à 3,5 millions, dont 1,8 million inscrits sur les registres consulaires –, Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat chargé du tourisme et des Français de l’étranger, a annoncé, dimanche 1er août, de nouvelles mesures au Journal du dimanche (JDD). « Pour obtenir un QR code donnant accès au passe sanitaire français, nos compatriotes pourront adresser un e-mail sur des sites dédiés, selon le pays de résidence, avec la preuve de vaccination, pour les vaccins homologués par l’Union européenne ou leurs équivalents, avec une pièce d’identité et la preuve attestant de leur résidence à l’étranger », précise-t-il au Monde. Ce système devrait être fonctionnel dès cette semaine, assure-t-il, tout en indiquant que « 85 % de la communauté française résidant à l’étranger a eu accès à des vaccins homologués ».
    Si une partie du problème pourrait être résolue rapidement, il reste encore le cas de tous ceux ayant reçu une ou deux injections de vaccins non reconnus par l’Europe. Présidente de l’UFE de Singapour, où résident quelque 1 500 Français, Ariane Nabarro atteste de cette complexité : « J’ai bien été vaccinée avec Pfizer – à Singapour, la population a été massivement traitée avec Pfizer et Moderna, notamment –, mais, pour entrer en Chine, ce que doivent faire de nombreux résidents de Singapour pour leur travail, il faut le vaccin chinois. Que faire après avec ce vaccin ? » Ariane Nabarro, « seule guide touristique en langue française » de ce petit pays d’un peu plus de 5 millions d’habitants, a eu aussi toutes les peines du monde à récupérer un QR code lors de son retour en Bretagne pour l’été – l’application locale, TraceTogether, n’étant pas reconnue. Là encore, les autorités françaises disent réfléchir à des solutions. « Nous avons demandé à Alain Fischer [professeur d’immunologie pédiatrique et président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV)] et aux experts scientifiques d’évaluer à quelles conditions ces vaccins non homologués pourraient être complétés par une vaccination avec de l’ARN messager en France », avance Jean-Baptiste Lemoyne.Interrogé, M. Fischer dit que le COSV a déjà produit un avis, le 2 juin, dans lequel il explique que, « pour les personnes ayant reçu un schéma vaccinal complet avec le vaccin Sinopharm ou le vaccin Sinovac [ces deux vaccins chinois ont été validés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en mai et en juin, et sont très diffusés, notamment en Afrique], on peut considérer qu’elles sont protégées ». Cet avis a été publié au moment où le variant Alpha était dominant en Europe. Pour les personnes n’ayant reçu qu’une dose de ces vaccins, le conseil préconise de respecter un délai d’« environ quatre semaines » pour une deuxième injection d’un vaccin autorisé par l’Europe. Enfin, pour le vaccin russe Spoutnik V, de l’institut Gamaleya, qui n’a pas été validé par l’OMS et dont « l’évidence de l’efficacité sur les variants n’a pas été apportée », selon Alain Fischer, le COSV recommande de procéder à un schéma vaccinal complet avec un vaccin autorisé en France.
    La propagation rapide du variant Delta pourrait-elle changer la donne ? Au Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, on explique que les données précises d’efficacité vaccinale manquent encore, et que l’hypothèse d’une troisième dose d’ARN messager « pourrait être une solution raisonnable ».
    Pour le président de l’UFE, et ancien diplomate, François Barry Martin-Delongchamps, ces solutions arrivent tard. Il avait écrit au chef de l’Etat dès mars pour l’alerter sur la situation des Français de l’étranger. Le 20 juillet, il a récidivé en envoyant un courrier au ministre des affaires étrangères dans lequel il préconise « soit de reconnaître les vaccins mis localement à la disposition de nos compatriotes par les autorités des pays dans lesquels ils résident, soit de faire en sorte que le réseau diplomatique et consulaire français mette les vaccins appropriés à leur disposition ». Une critique que goûte peu le secrétaire d’Etat. « J’aime bien les gens qui donnent des conseils depuis leur salon. On n’est pas dans le “y a qu’à, faut qu’on”, on doit relever le défi logistique et politique, rétorque Jean-Baptiste Lemoyne. L’exportation de vaccins est très encadrée, et, une fois le feu vert donné par les autorités locales, ce qui peut être compliqué, il faut encore organiser les centres de vaccination, ce qui n’est pas le rôle premier des ambassades et consulats. »I

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#expatrie#vaccination#passesanitaire