Affaire Novartis : l’Inde préserve les médicaments génériques
▻http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/04/01/affaire-novartis-l-inde-preserve-les-medicaments-generiques_3151530_3244.htm
C’est (...) une nouvelle étape vers un accès plus large des populations défavorisées aux médicaments génériques. En rejetant, lundi 1er avril, la demande de brevet déposée par le laboratoire pharmaceutique suisse Novartis sur le Glivec, un traitement contre la leucémie, la Cour suprême de New Delhi a confirmé et mis en application pour la première fois une clause de la loi indienne qui exclut de protéger par des brevets les médicaments qui n’apportent que des améliorations mineures à des molécules découvertes avant 1995. L’Inde devient ainsi le premier pays au monde à rejeter un brevet sur le Glivec, qui est en vigueur dans près de 40 pays dans le monde comme en Chine ou à Taiwan.
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Ce jugement va faciliter la fabrication de génériques en Inde, où sont élaborés près de la moitié des médicaments contre le sida utilisés dans les pays en voie de développement. « Il va sauver des vies en offrant des traitements à bas coût aux patients qui en ont besoin », a déclaré Kiran Hukku, la responsable de l’association d’aide aux malades du cancer.
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Selon Leena Menghaney, responsable en Inde de la « Campagne d’accès aux médicaments essentiels » de Médecins sans frontières (MSF), le Glivec est vendu 4 000 dollars (quelque 3 100 euros) par patient et par mois, alors que la version générique est disponible à moins de 73 dollars (...)
"(...) La décision de la Cour suprême indienne va-t-elle freiner les investissements dans la recherche ? « Les investissements vont plutôt se concentrer sur la création de nouvelles molécules, et pas sur leur amélioration, ce qui bénéficiera aux patients », répond Anand Grover * , l’avocat de l’association d’aide aux malades du cancer.
Enfin, pour un grand groupe pharmaceutique comme Novartis, l’Inde ne se résume pas qu’aux génériques. Le géant suisse effectue dans le pays de nombreux tests cliniques alors que la législation en la matière est quasiment inexistante, notamment l’obligation qui est faite aux médecins d’informer les patients des risques qu’ils encourent en testant de nouveaux traitements.
Si les associations d’aide aux patients ont remporté une première victoire dans la lutte pour l’accès aux médicaments génériques, la bataille n’est pas pour autant terminée. D’après Médecins sans frontières, l’accord de libre échange qui est en ce moment négocié entre l’Inde et l’Union européenne prévoit des clauses qui pourraient durcir la loi indienne sur la propriété intellectuelle.
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Dans un marché indien occupé à 90 % par des médicaments génériques, les associations comme MSF entendent désormais livrer d’autres batailles pour diminuer le prix des traitements protégés par des brevets en Inde. Grâce à ses 8 000 laboratoires, l’Inde exporte la moitié de sa production vers les pays en développement.
Brevets : Novartis perd son bras de fer contre la justice indienne - ▻http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/04/01/bras-de-fer-entre-novartis-et-la-justice-indienne_3151132_3216.html
LUTTE CONTRE L’EVERGREENING
... la technique dite d’evergreening consist[e] pour les groupes pharmaceutiques à déposer des brevets pour un produit faiblement modifié de façon à en conserver pour des décennies supplémentaires le droit exclusif d’exploitation.
Quant au New York Times : ▻http://www.nytimes.com/2013/04/02/business/global/top-court-in-india-rejects-novartis-drug-patent.html?_r=0&pagewanted=print
un coup de pagaie à droite...,
On the other hand, the ruling could cost lives in the future. Drug company executives and others argue that India’s failure to grant patents for critical medicines – and Gleevec is widely recognized as one of the most important medical discoveries in decades – is a shortsighted strategy that undermines a vital system for funding new discoveries.
... le suivant à gauche...,
Anand Grover * , a lawyer who argued the case on behalf of Cancer Patients Aid Association in India, said the ruling had a sweeping effect since it confirmed that India has a very high bar for approving patents on medicines.
“What is happening in the United States is that a lot of money is being wasted on new forms of old drugs,” Mr. Grover said. Because of Monday’s ruling, “that will not happen in India.”
Indeed , the vast majority of drug patents given in the United States are for tiny changes that often provide patients few meaningful benefits but allow drug companies to continue charging high prices for years beyond the original patent life.
In a classic example, AstraZeneca extended for years its franchise around the huge-selling heartburn pill, Prilosec, by performing a bit of chemical wizardry and renaming the medicine Nexium. Amgen has won so many patents on its hugely expensive erythropoietin-stimulating drugs that the company has maintained exclusive sales rights for 24 years, double the usual period.
One result is that the United States pays the highest drug prices in the world, prices that only a tiny fraction could afford in India, where more than two-thirds of the population lives on less than $2 a day. While advocates for the pharmaceutical industry argue that fairly liberal rules on patents spur innovation, academics are far from united in sharing that view.
...et le dernier à droite...,
But as the economies of emerging markets grow, their refusal to pay higher premiums for newer drugs could significantly reduce the money needed for innovation. The drug industry makes nearly two-thirds of its profits in the United States, a dependence that many in the industry fear is unsustainable. And even minor improvements in medicines – making a pill once-a-day instead of twice-a-day – can have significant impacts on patient wellness, industry executives say.
The United States government has become increasingly insistent in recent years that other countries adopt far more stringent patent protection rules, with the result that poorer patients often lose access to cheap generic copies of medicines when their governments undertake trade agreements with the United States.
Drug companies have relied on the American government to lobby on the issue because they have few tools to punish India and other countries. If the companies decide not to introduce high-priced drugs in India, the country could legalize generic copies under international law. And with major drug makers cutting back on research budgets anyway, large investments in research infrastructure may be unlikely even if countries adopt patent laws more amenable to the industry.
* Rien, par contre, sur son très convaincant raisonnement cité par Le Monde.