Faire naître le nouveau. Luttes sociales et horizon politique aujourd’hui en France
▻https://www.contretemps.eu/luttes-sociales-horizon-politique-france
La phrase est bien connue sous cette forme : « Le vieux monde se meurt, le nouveau ...
Faire naître le nouveau. Luttes sociales et horizon politique aujourd’hui en France
▻https://www.contretemps.eu/luttes-sociales-horizon-politique-france
La phrase est bien connue sous cette forme : « Le vieux monde se meurt, le nouveau ...
Gaëlle Krikorian : « L’OMC pourrait décider que la propriété intellectuelle ne s’applique pas aux produits Covid-19 »
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/10/gaelle-krikorian-l-omc-pourrait-decider-que-la-propriete-intellectuelle-ne-s
L’appel de politiques à ce que le vaccin soit un « bien public mondial » est d’une terrible naïveté ou d’une grande hypocrisie. Il y a un paradoxe dans le fait de répéter, de ce côté-ci de l’Atlantique, que la santé doit être considérée comme un droit supérieur, que l’accès aux médicaments est universel, alors que l’on traite les produits de santé avant tout comme des marchandises et qu’on se refuse à prendre des mesures radicales.
Avec le système de propriété intellectuelle tel qu’il est appliqué par nos pays, un produit pharmaceutique ne peut pas devenir ce qu’on appelle en économie « un bien public » accessible à chacun. Il existe des principes de rivalité, de monopole, et donc d’exclusion.
Un autre concept, celui de « biens communs », me semble plus intéressant, parce qu’il repose sur l’organisation d’une gestion collective de la ressource pour assurer son existence et son accès. Mais il nécessiterait une approche radicalement différente de celle qui prédomine actuellement, afin de traduire le fait que la recherche est un effort collectif qui mobilise de nombreux d’acteurs.
Quel regard portez-vous sur les débats autour de la répartition des vaccins contre le Covid-19 ?
La façon dont on a collectivement développé ce vaccin pose deux questions éthiques. La première porte sur la valeur de la vie, selon la zone géographique où l’on habite. Un système est-il pertinent si une partie de la population mondiale ne peut pas se protéger de l’épidémie ?
Une autre question morale concerne l’utilisation des ressources publiques. Les milliards d’argent public dépensés par les pays du Nord pour financer ces vaccins vont manquer ailleurs, par exemple dans le renforcement des personnels de santé dans les hôpitaux ou pour d’autres traitements. Est-on satisfait de ce fonctionnement alors qu’aucun contrôle démocratique sur ces dépenses n’est exercé, aucune transparence n’existe ? Lorsque les députés européens ont demandé les contrats, ils n’ont eu accès qu’à des documents où toutes les informations importantes avaient été raturées.
Les brevets incitent les entreprises à prendre des risques. Comment stimuler l’innovation sans incitation ?
C’est vrai, des laboratoires ont fait le pari de produire un nouveau type de vaccin à ARN messager. Mais peut-on vraiment parler de prise de risques quand ils ont bénéficié de trente ans de recherches sur cette technologie, largement financée par le secteur public ? D’ailleurs, le fait que plusieurs firmes sortent quasiment le même produit en même temps en atteste : elles ont toutes bénéficié du même niveau de connaissances scientifiques.
La recherche médicale est lourdement subventionnée. Elle est financée par de l’argent public à travers de nombreux canaux : des programmes de recherche dans des établissements publics, des financements de projets, des partenariats public-privé, des bourses, des crédits d’impôt, mais aussi le remboursement par la Sécurité sociale et les systèmes de mutuelles. A cela s’ajoutent, dans le cas du vaccin anti-Covid-19, des mécanismes de soutien à la production par des pré-achats ou des financements de sites. Ces marchés bénéficient à la fois d’un monopole et de l’assurance d’être payés.
Dans une pandémie, l’ensemble de la population mondiale partage un destin commun. Il peut être dangereux pour chacun que le virus prolifère dans certaines régions. De la même façon qu’ils ont accepté de déroger aux mesures de pharmacovigilance habituelles pour mettre à disposition rapidement les vaccins, on peut imaginer que les Etats utilisent les mécanismes dérogatoires aux brevets pour produire des doses de façon plus massive et moins coûteuse à travers le monde.
Dans les années 1990, c’est quand le sida a touché 25 % de la population africaine qu’il est devenu une question de sécurité nationale aux Etats-Unis et en Europe. A l’époque, la peur de la contamination des pays riches a sans doute contribué à débloquer l’usage des génériques dans les pays pauvres.
La peur des variants peut-elle conduire les Etats du Nord à lâcher du lest sur les brevets pour vacciner au plus vite et partout dans le monde ? En tout état de cause, cette épidémie doit favoriser une discussion critique sur l’économie pharmaceutique et la façon dont elle rencontre ou non la logique de santé publique.
#Santé_publique #Gaëlle_Krikorian #Communs #Industrie_pharmaceutique #Covid_19
Au-delà du mythe, une histoire des luttes syndicales à Hollywood
▻https://www.franceculture.fr/emissions/plan-large/au-dela-du-mythe-une-histoire-du-syndicalisme-a-hollywood-joseph-arman
▻http://rf.proxycast.org/d76e70f0-11d8-44e9-9415-632fd68652ea/10198-30.01.2021-ITEMA_22558686-2021C26374S0030.mp3
Écouter aussi « Quand Hollywood cultivait sa fibre sociale » @mdiplo, mai 2012 sur le parcours de John Ford
Tiens les .mp3 distant de Radio France ne sont pas reconnus semble-t-il #seenthis_bug ?
moi j’ai ça comme adresse :
▻https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10198-30.01.2021-ITEMA_22558686-2021C26374S0030.mp3
Ha mais tiens, même si le site de france culture ne propose pas d’oembed, on pourrait facilement gérer leur embed avec le application/ld+json
qu’ils envoient dans l’entête de leurs pages. Ça vous dirait comme cadeau ?
voilà une idée de cadeau qu’elle est bonne, oui !
#merci d’avance
Patch proposé, voilà ce que ça donne en image :
Ça vous va ?
Assez historique : un hedge fund a subit des pertes de plusieurs milliards de dollars et risque la faillite, suite à l’action des usagers d’un subreddit.
Affaire Gamestop : les fonds spéculatifs pris à leur propre jeu par les boursicoteurs américains
▻https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/01/28/affaire-gamestop-les-fonds-speculatifs-pris-a-leur-propre-jeu-par-les-boursi
Trente ans après, la roue a tourné. Cette semaine, le groupe new-yorkais Melvin Capital a perdu sa chemise sur les marchés – sur l’action de la société Gamestop, pour être précis –, le contraignant à mendier 2,75 milliards de dollars (2,27 milliards d’euros) auprès de ses concurrents pour éviter une faillite.
Ses vainqueurs : une foule de boursicoteurs, saisis par l’ennui pendant la pandémie et qui se sont mis à jouer à Wall Street depuis qu’a éclaté le Covid-19. Ils se sont passé le mot sur le forum Reddit mais aussi sur Twitter ou Facebook, faisant monter, monter, monter l’action de Gamestop pour mieux ruiner Melvin Capital.
Explication : Gamestop est une enseigne de jeux vidéos aux Etats-Unis. Elle est en difficulté, les clients préférant les jeux en ligne. Résultat, son action ne valait en mars 2020 que 2,57 dollars. Pariant sur une détérioration de sa santé financière, des hedge funds, dont Melvin Capital, l’ont vendue à découvert, c’est-à-dire sans posséder réellement les actions mais en espérant les acheter plus tard moins cher.
Sauf que les boursicoteurs ont fait le pari inverse et se sont rués en masse sur l’action. Gamestop a pris près de 20 % lundi 25 janvier, a doublé mardi, et a vu son cours multiplié encore par 2,35 mercredi pour atteindre 347,51 dollars en clôture. L’entreprise valait alors 10,3 milliards de dollars, l’équivalent du français Renault. Une envolée irrésistible, irrationnelle, et alimentée par Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, qui avait tweeté sur l’affaire mardi soir.
Si les petits porteurs ont acquis une telle puissance de feu, c’est que les règles du jeu ont un peu changé : jouer en Bourse ne coûte plus rien avec la disparition des commissions de transactions. Mieux, les applications comme Robinhood proposent des produits sophistiqués qui permettent aux particuliers de parier à la hausse ou à la baisse sur une action avec une mise de fond minime. Enfin, les petits investisseurs ont fait masse en se passant le mot sur les réseaux sociaux.
La vente à découvert est très risquée. Lorsque vous achetez une action Gamestop 2,57 dollars et que l’entreprise fait faillite, vous risquez au maximum votre mise, soit 2,57 dollars. Si vous la vendez 2,57 dollars et qu’elle monte à 347,51 dollars, vous devez la racheter à ce prix et perdez 344,94 dollars, soit 134 fois votre mise initiale ! L’affaire est donc devenue ruineuse pour les hedge funds, qui ont choisi de prendre leurs pertes. « Nous avons fermé notre position », a fait savoir Melvin Capital. D’autres se sont prudemment retirés du jeu, dont Citron Research.
Melvin Capital, première grande victime de la folie « GameStop » en Bourse, Actualité des sociétés - Investir-Les Echos Bourse
▻https://investir.lesechos.fr/actions/actualites/melvin-capital-premiere-grande-victime-de-la-folie-gamestop-en-bou
Pour le fonds d’investissement spécialisé dans les opérations de « short », ou vente à découvert, l’addition semble lourde, très lourde. Son montant n’est pas évoqué, mais les actionnaires Citadel et Point72 ont dû se contraindre à injecter près de 3 milliards de dollars dans Melvin Capital pour consolider les finances du fonds, rapporte le site de le chaîne de télé américaine.
Dans cette affaire « GameStop », les vendeurs à découvert sont à la lutte avec des acheteurs physiques, ou détenteurs de positions à effet de levier, mais haussières. Et le terrain de jeu se déroule sur les forums de discussion, en particulier celui appelé « Wallstreetbets » de Reddit, un site web communautaire américain fonctionnant via le partage de signets permettant aux utilisateurs de soumettre leurs liens et de voter pour les différents posts. On comprend l’emballement et la frénésie qui peuvent naître de telles discussions, par des investisseurs souvent fraîchement arrivés en Bourse et attirés par des gains faciles, sur des dossiers de type « penny stock » tout particulièrement… Ce forum de Reddit regroupe plus de deux millions de membres.
Selon les données du cabinet S3 Partners, les vendeurs à découvert avaient, lundi soir et avant la dernière poussée de 92% de l’action, donc, mardi, accumulé une perte à la valeur de marché de plus de 5 milliards de dollars depuis le début de l’année dans l’action GameStop, dont une perte évaluée à 917 millions de dollars lundi et 1,6 milliard de dollars vendredi.
GameStop Stock Jumps to New Record - WSJ
▻https://www.wsj.com/articles/gamestop-shares-surge-toward-fresh-record-ahead-of-opening-bell-11611579224
On Reddit and chat forums, day traders were shouting it from the rooftops: Buy GameStop!
Lots of people did, sending the shares of the once-moribund mall retailer to new highs in what has become a gladiator match between so-called redditors and Wall Street shorts. GameStop Corp. surged as much as 145% to $159.18 Monday morning, before sinking below Friday’s close only to bounce back up again to close Monday at $76.79, up 18%.
The move, which extended GameStop’s gains for the year to more than 300%, is the latest sign that frenetic trading by individual investors is leading to outsize stock-market swings.
The volatility prompted the New York Stock Exchange to briefly halt trading nine times. About 175.5 million shares changed hands Monday, the second-largest one-day total on record, according to Dow Jones Market Data. That compares with the 30-day average of 29.8 million shares.
les règles du jeu ont un peu changé : jouer en Bourse ne coûte plus rien avec la disparition des commissions de transactions
Démonstration par l’absurde que les idéologues hallucinés de la dérégulation ne sont que des crétins dangereux.
(à noter que je suis tout à fait satisfait que les Edges funds se prennent un gadin mérité...)
Une explication en image de principe de « shorter »
The regular people are the apes and the hedge fund people are the snakes in the analogy
source ▻https://twitter.com/ImSteveyJ/status/1354522277258391553
pas grave, yaka interdire unilatéralement l’accès au marché pour les « moutons boursicoteurs » qui nous emmerdent : laissez ça aux gros, …
Affaire GameStop : après l’humiliation, la revanche de Wall Street sur les milliers de petits porteurs
▻https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/01/29/apres-leur-victoire-contre-les-fonds-speculatifs-le-bain-de-sang-pour-les-bo
Affaire GameStop : après l’humiliation, la revanche de Wall Street sur les milliers de petits porteurs
Pour mettre fin à la spéculation, les sites de courtage ont bloqué les transactions sur certains titres, dont ceux que les utilisateurs du forum Reddit achetaient en masse.
Après l’humiliation, la vengeance. Les géants de Wall Street ont pris leur revanche, jeudi 28 janvier, après que des milliers de boursicoteurs connectés sur les réseaux sociaux, dont la plate-forme Reddit, ont fait s’envoler certaines actions, provoquant la déroute des fonds spéculatifs (hedge funds) qui avaient spéculé à la baisse.
La méthode a été extrêmement simple et efficace : bloquer l’accès à ces actions sur les sites de courtage en ligne Robinhood, E-Trade ou Interactive Brokers. Les petits porteurs qui avaient poussé les titres à des niveaux déraisonnables se sont trouvés incapables d’accéder à leur portefeuille. Ainsi, l’action des magasins de jeu vidéo GameStop, après avoir pris 40 % en cours de séance, a fini sur un recul de 44 %. Les salles de cinéma AMC ont perdu 56 %.
« Bain de sang de moutons », s’afflige, sur Twitter, le Français Nicolas Chéron, stratégiste de marchés de zonebourse.com. Ces deux titres ont tout de même vu leur valeur multipliée par dix et quatre depuis le début de l’année. De nombreux titres chouchou d’entreprises prisées par les membres du forum WallSteetBets sur Reddit ont également reculé, comme Blackberry (– 41 %), le groupe de téléphonie finlandais Nokia (– 30 %) ou Palantir (– 8,5 %).
La Maison Blanche embarrassée
Le dérèglement du marché par le comportement grégaire des boursicoteurs est indéniable. « Nous sommes inquiets pour l’intégrité du marché et du système », a expliqué Thomas Peterffy, président du groupe de courtage Interactive Brokers pour justifier les restrictions décidées sur les transactions. Il a déclaré à Bloomberg Television avoir pris sa décision seul, même s’il a eu des contacts avec les autorités de marché. Certains courtiers renvoient la responsabilité aux chambres de compensation, qui auraient exigé des limites au volume de transaction, pour pouvoir parvenir à équilibrer offre et demande. On ne sait pas si ces mesures ont permis à ceux qui avaient spéculé à la baisse de limiter leurs pertes.
Donc, libre marché, mais pas pour tout le monde.
C’est bien, les choses sont de + en + claires.
Impressionnant comme... ils n’hésitent pas à changer les règles en cours de route.
Les hedge funds ont le droit de jouer les charognards... à la seule condition que ce ne soit pas risqué.
A priori y a avait quand même des règles qui interdisaient ce genre de pratiques. Mais bon je trouve ça assez génial quand même comme tentative de faire chier des spéculateurs (même s’il y avait un intérêt pécuniaire à le faire quand même). ▻https://www.youtube.com/watch?v=cxworsXxdD0
VIDEO : The Reddit Revolution, GameStop and Melvin Capital - Glenn Greenwald
▻https://greenwald.substack.com/p/video-the-reddit-revolution-gamestop-c69
J’ai bien aimé l’analyse lapidaire d’un contact twitter :
Les gauchistes arrêter de faire croire que les groupes de day trading c’est des prolos à l’assaut de WallStreet challenge.
C’est la bourgeoisie à l’assaut de la noblesse et j’espère que y’aura énormément de dégâts des deux cotés.
Pr0gmaT1k : ▻https://twitter.com/Pr0gmaT1k/status/1355162476128698369
La dernière phrase de Jorion dans sa vidéo est pas mal non plus : « Un Robin des Bois qui doit rendre des comptes aux autorités et tenir des rapports trimestriels sur ses finances, ce n’est pas un vrai Robin des Bois ».
On me conseille ceci, pas vu encore (via @les__infiltres)
▻https://www.youtube.com/watch?v=EGs5kYYw6d8
Si tu trouvais cela simple... y a cette vidéo détaillée de Heu ?reka (et pff. vive la bourse...).
Edit : Ah bah c’est la même qu’a mis @thibnton au dessus du coup. La capture a du changer... Je retire mon lien
0:00 - Le début
1:25 - Intro
2:11 - La « vraie » valeur de GameStop
6:44 - Un peu de contexte
8:00 - Le short selling
9:15 - Michael Burry aux manettes
10:32 - ELon Musk et les Hedge Fund
13:06 - Ryan Cohen s’en mêle
14:57 - Les choses s’accélèrent en Jan 2021
15:55 - Les Hedge Fund saignent : le principe des appels de marge
20:22 - On accélère encore !
22:08 - Qu’est-ce qu’un short squeeze ?
27:17 - Main Street a-t-elle triomphé de Wall Street ?
33:18 - Don’t hate the players, hate the game
35:32 - Et l’entreprise GameStop dans tout ça ?
38:32 - Pourquoi Robinhood a-t-il suspendu le passage d’ordres ?
42:29 - Heu ?récap
Des sources dans la description aussi de la vidéo.
Anice Lajnef : « la dette actuelle et la politique monétaire peut conduire à une explosion sociale »
▻https://www.youtube.com/watch?v=cicnH0VaHzY&feature=youtu.be
les mecs continuent, apparemment ; et Reddit censure (?) ; y a 1h le texte de Dirty2020 était assez hilarant, avec appel à ne pas lâcher ; et plein de réponses enthousiastes, des gens qui ont changé de broker en lign pour continuer l’attaque, des conseils, ..
Dirty2020
3h
YOU STARTED THIS, NOW COMMIT TO THE FUCKING PLAY
Discussion
[supprimé]
▻https://www.reddit.com/r/wallstreetbets/comments/ldbp0z/you_started_this_now_commit_to_the_fucking_play
Quand les critiques du marché financier deviennent des spéculateurs. Fonds spéculatifs, GameStop et les petits investisseurs du Reddit : Une grande aubaine pour Blackrock, par Tomasz Konicz
►http://www.palim-psao.fr/2021/02/fonds-speculatifs-gamestop-et-les-petits-investisseurs-du-reddit-la-grand
Complotisme en général et pandémie en particulier | Théorie communiste
▻http://blogtc.communisation.net/?p=268
Le complotisme ne serait pas un système de réponses avec ses déterminations sociales propres mais une simple réaction justifiée négativement. Cela ne peut suffire, il faut saisir la nature de la « réaction » positivement comme un système de réponses adéquat à ce qui le provoque.
Le complotisme apparait alors comme une contestation de l’ordre dominant, presque comme une lutte de classe. Mais il n’en est rien. De même que l’antisémitisme était le socialisme des imbéciles, le complotisme est la lutte des classes des experts en expertises qui ne se situent pas n’importe où, ni dans la société, ni dans l’éventail politico-idéologique.
La « réponse complotiste » veut exactement le même monde, le même Etat, mais débarrassés de la « caste » : il se « figure le monde sans elle ». Il s’agit seulement de conserver tous les éléments de cette société en les soustrayant aux pratiques de ces individus « malveillants » et « manipulateurs » qui les pervertissent et les corrompent. Un vrai salariat, une vraie éducation, une vraie politique de santé, une vraie démocratie, une vraie information, une vraie agriculture, une vraie consommation, une vraie économie, un vrai Etat.
Le complotisme critique tout, en désirant que ce qui existe devienne « vrai ». Mais en concevant son objet comme « face obscure » et détournement démoniaque, cette critique fait de cet objet un simple accident de ce même monde. Elle affirme par là ne souhaiter que la poursuite du monde tel qu’il est. Le tout de ce qui existe pourrait être si beau s’il n’était pas manipulé, détourné. La classe dominante, sa reproduction, ses pratiques, la poursuite de ses intérêts, la production idéologique ne sont plus le produit naturel de tous les rapports sociaux que le complotiste veut conserver, mais le fait d’une bande de malfrats cherchant à nous prendre pour des imbéciles. Le complotiste est un malin et on ne la lui fait pas, il est expert en tout. Il est remarquable de constater (il y a eu quelques études là-dessus) que le complotisme affecte en premier lieu une classe moyenne diplômée, celle qui aime son « esprit critique », s’en vante et le porte partout en bandoulière. Pour ceux qui vivent quotidiennement toutes les humiliations et la misère des rapports sociaux capitalistes, les « complots » visant à asservir notre liberté à nous contrôler n’ont guère de sens. Il faut aimer ce monde pour ne pas vouloir qu’il nous mente.
Pour le complotiste, répondant par là à la pensée spontanée, [les organes de l’appareil d’Etat] sont neutres et non, dans leur existence même et leur forme, ceux d’une dictature de classe. En conséquence, s’ils ne fonctionnent pas « comme ils devraient », comme un « service public », comme un « bien commun », c’est qu’ils sont préemptés, détournés et pervertis par une clique, une caste. Le complotiste est le citoyen idéal.
Reposant sur cette conception « naturelle » de l’Etat, le complotisme n’est pas la « psychopathologie de quelques égarés », il est le « symptôme nécessaire de la dépossession politique » et de la « confiscation du débat public ». Il répond à la « monopolisation de la parole légitime » par les « représentants » assistés des « experts », toute critique devient une aberration mentale immédiatement disqualifiée comme « complotiste ». Il est vrai que si le complotisme est devenu le nouvel indice du crétin, c’est qu’il est le nouveau lieu commun de la bêtise journalistique et de nombreux philosophes et sociologues qui se gardent tout de même d’épingler un président de la République soutenant que les Gilets Jaunes sont le résultat d’une manœuvre moscovite (Le Point février 2019).
Hebdo #97 : crise sanitaire, démocratie et « complotisme » – il y a déjà bien assez à faire avec le réel
Les « conspirationnismes » – sans amalgamer doutes légitimes et affabulations organisées – méritent mieux que des disqualifications moralisatrices. Ils doivent être étudiés à la racine des crises sanitaire et politique qu’ils révèlent, et c’est là le regard que posent nos contributeurs sur ces dévoiements dogmatiques de l’esprit critique, mais aussi sur le risque de dépolitisation massive qu’ils représentent. Capitalisme planétaire insatiable, mensonges d’État : nul besoin de grands complots pour avoir du pain sur la planche.
▻https://blogs.mediapart.fr/edition/lhebdo-du-club/article/210121/hebdo-97-crise-sanitaire-democratie-et-complotisme-il-y-deja-bien-as
En discutant avec des tennants du complotisme j’ai remarqué qu’ils croient tous en un principe du bien et du mal absolu qui se combattent et sont théistes. Je parle au masculin car j’ai pas rencontré ni discuté avec des femmes complotistes jusqu’ici.
J’en ai deux sur mon fil Facebook, des que j’estime par ailleurs. Mais antimasque, antivaccin, chemtrails, bigpharma. Le désespoir à vrai dire.
Dans ma famille très proche, et depuis quasiment le tout début de la crise, femme comme la plupart des membres de son réseau, du moins ce que j’en perçois. Pas vraiment théiste à ce que je sache. Pas du tout gênées par les personnalités des promoteurs phares du réseau francophone.
Surtout, ce qui me frappe, c’est le nombre de gens, des deux sexes, qui posent, naïvement ou pseudo-naïvement, les « bonnes questions » dont les « mauvaises réponses » font basculer du côté obscur. Et souvent, lesdites questions s’enchainent autour du schéma obscur.Pour sonder ou, peut-être, ne pas se dévoiler.
Snowden Interview
▻https://www.youtube.com/watch?v=ZSu4rCizyUM
John Stossel : I once was unsure if Edward Snowden — who leaked documents showing that the NSA spied on Americans — was a hero, or a traitor who made us all less safe. Now I’ve done my research, and I think he’s a hero. What do you think? Our full interview, above, will help you decide.
John Frank Stossel (born March 6, 1947) is an American television personality, author, consumer journalist, and libertarian pundit, known for his career on both ABC News and Fox Business Channel.
Comment des posts Facebook privés d’une salariée ont servi de preuves pour son licenciement
▻https://www.europe1.fr/societe/comment-des-posts-facebook-prives-dune-salariee-ont-servi-de-preuves-pour-so
Dans une décision récente, la Cour de cassation a validé l’utilisation de publications privées postées sur un compte Facebook comme preuves dans le cadre du licenciement pour faute grave d’une salariée de la marque de vêtements Petit Bateau. Europe 1 décrypte les enjeux de cette décision de justice. Nombreux sont les salariés a être très actifs sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter. En revanche, il est possible que peu sachent que les publications postées sur leur compte Facebook (...)
#Facebook #procès #copyright #écoutes #surveillance #travail
La vraie question est : si son compte était en mode privé, comment la compagnie a-t-elle été mise au courant pour la diffusion des images ?
@monolecte : dénonciation par des « ami·es » sûrement ...
En l’espèce, l’information communiquée présente une nature professionnelle et il s’agit de préserver les créations de l’entreprise, au cœur de la liberté d’entreprendre. L’atteinte à la vie privée parait acceptable. Mais d’autres situations se présenteront, où l’information présentera en soi une nature privée (on songe par ex. à une information relative à la santé ou à l’activité syndicale) et où l’enjeu pour l’employeur sera légitime mais moindre (Un peu à la manière du contentieux portant sur la preuve du nombre d’adhérent d’une section syndicale : l’adhésion du salarié à un syndicat relève de sa vie personnelle et ne peut être divulguée sans son accord ; à défaut d’un tel accord, le syndicat qui entend créer ou démontrer l’existence d’une section syndicale dans une entreprise, alors que sa présence y est contestée ne peut produire ou être contraint de produire une liste nominative de ses adhérents, Soc. 9 juill. 2009, n° 09-60.011).
La solution pourrait alors être différente selon les arguments en présence ! Rien n’est figé ! C’est tout l’intérêt du jeu de la #proportionnalité.
▻https://actu.dalloz-etudiant.fr/a-la-une/article/publication-sur-facebook-mefiez-vous-de-vos-amis/h/71a87d5dc3b88bd8799a47cae752fa6c.html
Verhältnismäßigkeit en allemand, c’est souvent autour de cette notion juridique floue que les choses se jouent. Jusqu’à la BCE.
▻https://www.monde-diplomatique.fr/2020/06/LORDON/61886
2/ Les précédents jurisprudentiels.
L’arrêt du 30 septembre 2020 est inédit en ce que, pour la première fois, la Cour de cassation admet que l’employeur se prévale d’informations extraites d’un compte privé Facebook au soutien du licenciement d’une salariée.
Sans nier l’atteinte à la vie privée en résultant, la Cour considère que l’intérêt légitime de l’employeur peut justifier une telle entorse, sous réserve :
– que les éléments de preuve aient été recueillis loyalement ;
– que l’atteinte à la vie privée soit proportionnée au but poursuivi par l’employeur ;
– que la production des éléments soit indispensable à l’exercice du droit de la preuve.
Dans un arrêt du 12 septembre 2018 (n° 16-11.690), la chambre sociale de la Cour de cassation avait jugé que des propos litigieux diffusés sur Facebook, accessibles uniquement « à des personnes agréées par une salariée et peu nombreuses » (groupe fermé composé de 14 personnes) relevaient d’une conversation de nature privée ne caractérisant pas une faute grave.
En l’occurrence, la salariée avait été licenciée pour avoir adhéré à un groupe Facebook intitulé « extermination des directrices chieuses ».
Il sera intéressant de savoir si la Cour de cassation entend maintenir cette jurisprudence, qui semble beaucoup plus protectrice de l’intérêt des salariés.
Précédemment, la Cour avait été conduite à statuer sur la question de savoir si l’employeur pouvait consulter la page Facebook du salarié.
Dans cet arrêt, elle avait jugé que l’employeur porte une atteinte déloyale et disproportionnée à la vie privée du salarié en accédant au contenu de son compte Facebook sans y être autorisé, au moyen du téléphone portable professionnel d’un autre salarié.
En l’espèce, l’employeur, à la recherche de preuves dans le cadre d’un litige prud’homal, avait téléchargé des informations du compte Facebook d’une salariée partie au litige à partir du téléphone portable professionnel d’un autre salarié, les deux étant des contacts Facebook.
L’employeur avait alors été condamné par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence à payer des dommages-intérêts à la salariée en réparation de l’atteinte à sa vie privée.
La Cour de cassation avait rejeté le pourvoi de l’employeur, en ces termes :
« Ayant relevé que le procès-verbal de constat d’huissier [établi à la demande de la société] rapportait des informations extraites du compte Facebook de la salariée obtenues à partir du téléphone portable d’un autre salarié, informations réservées aux personnes autorisées, la cour d’appel a pu en déduire que l’employeur ne pouvait y accéder sans porter une atteinte disproportionnée et déloyale à la vie privée de la salariée ; que le moyen n’est pas fondé ».
Ainsi, la Cour utilisait déjà les deux critères repris dans l’arrêt du 30 septembre 2020 : le caractère proportionné ou non de l’atteinte à la vie privée et le caractère loyal ou non de la preuve ainsi obtenue grâce à Facebook.
Les juges du fond étant régulièrement appelés à statuer sur ces questions, la Cour de cassation devrait probablement se prononcer à nouveau.
▻https://www.village-justice.com/articles/compte-prive-facebook-mode-preuve-licite-matiere-licenciement,36699
Dans les grandes écoles, la diversité sociale n’a pas progressé en dix ans
▻https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/01/19/dans-les-grandes-ecoles-la-diversite-sociale-n-a-pas-progresse-en-dix-ans_60
Des élèves issus des couches les plus favorisées de la société et résidant en Ile-de-France : le vivier de recrutement de ces établissements n’a pas bougé, indique une vaste étude menée par un laboratoire de l’Ecole d’économie de Paris.
Des initiatives, des discours, mais peu de changements. Le chemin vers la diversité sociale des grandes écoles françaises est encore long. Il l’est même plus que prévu. Des chercheurs de l’Institut des politiques publiques (IPP), un laboratoire de l’Ecole d’économie de Paris, ont conduit une étude inédite sur l’évolution du recrutement des étudiants en grandes écoles (écoles d’ingénieurs, de commerce, instituts d’études politiques et écoles normales supérieures).
Le bilan est sans appel : entre 2006 et 2016, la diversité sociale au sein de ces établissements, qui forment les futures élites administratives, scientifiques et économiques de la France et qui sont, pour beaucoup d’entre eux, financés par l’Etat, n’a pas progressé. L’étroitesse de leur vivier de recrutement, sur le plan social mais aussi territorial, est démontrée par les résultats de cette étude, menée à partir de données administratives quasi exhaustives et encore jamais exploitées à cette échelle.
Parmi les indicateurs étudiés, la part d’étudiants les plus défavorisés socialement − les enfants d’ouvriers, de parents sans emploi − n’a pas progressé entre 2006 et 2016 et n’a jamais dépassé les 10 % dans les grandes écoles, indique l’étude, qui doit être publiée mardi 19 janvier. Ces jeunes représentent pourtant 36 % de cette classe d’âge, et comptent pour 20 % des étudiants de niveau bac + 3 à bac + 5 à l’université.
Synthèse et rapport téléchargeables là :
(Rapport & Note IPP) Quelle démocratisation des grandes écoles depuis le milieu des années 2000 ? | Institut des Politiques Publiques – IPP
▻https://www.ipp.eu/actualites/rapport-note-ipp-quelle-democratisation-des-grandes-ecoles-depuis-le-milieu-des-
L’Institut des politiques publiques (IPP) publie ce jour un rapport, une synthèse associée et une note sur la démocratisation des grandes écoles depuis le milieu des années 2000.
Auteurs : Cécile Bonneau, Pauline Charousset, Julien Grenet, Georgia Thebault
petite sélection de graphiques extraits de la synthèse
On va faire simple : les grandes écoles sont à Paris et les #logements à Paris sont inaccessibles pour les provinciaux.
Et ça commence à être le cas dans toutes les métropoles universitaires.
Dans l’immédiat, le débat sur l’ouverture sociale ne pourra « pas faire l’économie d’une réflexion plus générale sur la place à accorder à la discrimination positive », estime le rapport. Les quotas de boursiers dans les formations publiques, instaurés en 2018 dans la procédure Parcoursup, sont à cet égard « prometteurs » ; à condition d’en relever sensiblement le seuil et de les imposer à toutes les formations privées. La proposition est sur la table du ministère de l’enseignement supérieur.
Les sénateurs, payés 7200 € par mois, refusent d’étendre le RSA aux 18-25 ans
►https://www.nouvelobs.com/politique/20210121.OBS39148/le-senat-refuse-d-etendre-le-rsa-aux-18-25-ans-la-gauche-denonce-une-gifl
Seule la gauche a voté en faveur du texte, rappelant que les jeunes sont « en première ligne de cette crise ».
Il aura fallu à ces gavés affameurs 33 ans et l’assurance que ce soit rejeté pour y venir. Ils ont toujours dit :
« Plus qu’un filet, il nous faut un tremplin », a affirmé, à droite, Agnès Canayer (LR).
#précarité #PS #larmes_de_crocodiles #revenu #droits_sociaux #marketing_politique
Plus qu’un filet, il nous faut un tremplin
Il faut l’encadrer celle là.. un tremplin pour envoyer tous ces chacals vers pluton ouè ! (et encore, ça n’est peut-être pas assez loin)
Pour refuser de lever l’interdiction du RMI aux moins de 25 ans, Aubry, lorsqu’elle était ministre, disait pour sa part " nous ne voulons pas que les jeunes commencent dans la vie par l’indignité de l’assistance " .
Peu après, début 1998 le premier ministre Jospin disait "préférer une société de travail à l’assistance" .
En 2007, Sarkozy en campagne disait "le travail c’est la liberté".
Aujourd’hui, les mesures pour les jeunes, c’est financer grassement les entreprises qui font travailler des apprentis, l’annonce que durant la crise sanitaire les étudiants pourront peut-être obtenir deux repas par jour à 1 euros, le service civique (au tarif du RSA interdit), une « garantie jeunes » (100 à 200 000 personnes visées) et l’usine à gaz des « aides » sélectives à hauteur de 1 491,03€ pour 6 mois elles-aussi récemment annoncées (budget et quantité inconnus)
▻https://seenthis.net/messages/897569
L’idée que la société est là pour aider les jeunes à s’insérer dans l’emploi vient en droite ligne des « stages Barre » crées en 1976. Comme dit Barbara Stiegler, il est finit le temps ou les prolos n’avaient pas peur du marché. Et ça a demandé un taff de longue haleine, qui doit sans cesse être recommencé.
FIP : derrière les célébrations, une onde au tableau
▻https://www.liberation.fr/france/2021/01/20/fip-derriere-les-celebrations-une-onde-au-tableau_1817960
Sur Internet, l’influence de #FIP est globale. En décembre, elle était la quatrième webradio française la plus écoutée dans le monde, avec 9 millions d’heures d’écoute selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias. En France, elle compte 742 000 auditeurs par jour en FM selon Médiamétrie. Un chiffre en constante progression depuis quinze ans.
Sauf qu’en interne, l’heure n’est pas à la fête. Loin de là. (…) Burn-out et arrêts maladie à répétition, demandes de reclassement vers d’autres antennes… Les signes de malaise semblent récurrents dans une station qui ne compte pourtant qu’une quarantaine de salariés.
Les personnes interrogées se disent surtout affectées par la direction que prend la station musicale, particulièrement touchée par le dernier plan d’économies de 60 millions d’euros lancé par Radio France à l’automne 2019. « FIP prend cher », admettait à l’époque à Libération un dirigeant de la maison ronde. Ça s’est vérifié tout au long de l’année 2020, avec des coups de rabot de tous les côtés.
(…) La suppression des flashs info, présents depuis la création de la station, a surpris nombre de fidèles attachés à ce bulletin original de deux minutes qui rythmait l’antenne à moins dix de chaque heure. Un choix défendu par Bérénice Ravache, qui souhaite faire de FIP un « refuge loin du vacarme ». « C’était aussi une décision réfléchie au niveau de Radio France. L’information, on la trouve partout sur les autres antennes », ajoute-t-elle. La CGT prévoit de contester la décision, arguant qu’il est inscrit dans le cahier des missions et des charges de la radio publique que toute antenne nationale se doit d’avoir son bulletin d’information.
Initialement prévue fin août, la fin des flashs info a eu lieu, dans les faits, après le début du premier confinement mi-mars. Par la suite, les journalistes n’ont pas été rappelés, en raison des conditions sanitaires, puis à cause des disponibilités des uns et des autres, affirme la direction. Reclassés à la rentrée, les concernés font, eux, état d’un certain flou entretenu autour de leur situation, et se sentent « victimes d’une décision ultra brutale, avec l’impression d’une négation du travail qu’on avait fait jusqu’à présent », comme le regrette un journaliste. Enfin, de l’avis des équipes, une dernière décision à l’échelle du groupe viendrait affaiblir FIP : la réduction du nombre de réalisateurs. Sur cinq postes de ces « metteurs en ondes » qui veillent à la qualité de l’antenne, il n’en resterait à terme plus que deux.
(…) A l’automne 2019, [Bérénice Ravache, nommée directrice de FIP par Matthieu Gallet en 2017] a aussi été chargée par l’actuelle PDG, Sibyle Veil, de superviser la réorganisation des antennes. Cette casquette l’aurait tenue éloignée de FIP, laissant le contrôle au directeur adjoint, Hervé Riesen, nommé au même moment. Les méthodes directives de ce dernier, « recasé » là selon certains après avoir été adjoint à la direction des antennes, ont rajouté de la tension à la tension, notamment avec les programmateurs. Le service communication de Radio France ayant refusé toute autre interview après avoir appris le sujet de notre article, Hervé Riesen n’a pas pu répondre à nos questions.
Jusqu’ici, les dissensions ne s’entendent pas à l’antenne. Mais les équipes de FIP redoutent une aseptisation de l’identité de la station. Selon certains programmateurs, les premiers signes sont déjà là, avec une supervision plus poussée de leur travail par Riesen, qui remettrait en cause leurs choix sur des critères de moins en moins musicaux : pas de morceaux qui parlent de drogues, moins de hip-hop ou d’electro, plus de standards… Des directives qui participent à un même mouvement général : faire de la station un cocon musical, avec comme concurrentes les plateformes de streaming Spotify ou Deezer, voire l’ériger en antenne « bien-être » de Radio France. (…)
Destruction organisée du #service_public #audiovisuel, #radio #Radio_France, #FIP.
Loi « séparatisme » : la droite dépose un pot-pourri d’amendements - Page 1 | Mediapart
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/160121/loi-separatisme-la-droite-depose-un-pot-pourri-d-amendements
Le festival des réacs rances :
À l’Assemblée nationale, l’examen du projet de loi confortant le respect des principes de la République s’annonce aussi fastidieux qu’éclectique. La droite – majorité et opposition confondues – a fait d’un texte censé lutter contre le « séparatisme » le véhicule législatif de nombre de ses marottes : immigration, logement social, écriture inclusive…
Dans l’ensemble, les quelque 1 682 amendements déposés donnent à voir une surenchère de propositions sécuritaires et répressives qui doivent encore passer le filtre de la commission spéciale, réunie à partir de lundi, pour être débattues dans l’hémicycle. Petit florilège.
Interdire les signes religieux pour les mineurs (et emprisonner les parents)
Deux députés de la majorité, Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau, veulent proscrire le port de signes religieux ostentatoires dans l’espace public pour les mineurs. Une « continuité » de la loi de 2004 qui le fait déjà à l’école, expliquent-ils dans l’exposé des motifs. Avant 18 ans, le port d’un voile, d’une kippa ou d’une croix serait donc interdit dans la rue. Les parents seraient passibles d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
Interdire le voile pour les mamans accompagnatrices en sorties scolaires
La droite ressort une de ses antiennes : l’interdiction du port du voile pour les mamans accompagnatrices lors des sorties scolaires. Sur ce sujet comme sur d’autres, les positions des droites traditionnelle et macroniste convergent : Éric Diard, Éric Ciotti, Annie Genevard (Les Républicains), François Cormier-Bouligeon, Pierre Henriet ou encore Aurore Bergé (La République en marche) soumettent des amendements aux rédactions proches et aux visées similaires.
Dans un autre amendement, le député LR Éric Pauget fait référence à la polémique autour de Maryam Pougetoux, porte-parole de l’Unef, pointée du doigt en septembre pour s’être présentée voilée à une commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Il souhaite que les « personnes participant à l’exercice ou aux travaux d’une mission de service public à titre rémunéré ou bénévolement » soient tenues de « respecter les exigences de neutralité religieuse ».
Restreindre le droit du sol
Éric Ciotti (LR) a de la suite dans les idées. Le député des Alpes-Maritimes souhaite insérer dans la loi contre le séparatisme une disposition qu’il appelle de ses vœux depuis de longues années : la fin de l’acquisition de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers. Seuls les enfants de ressortissants de l’Union européenne conserveraient ce droit séculaire.
Interdire l’écriture inclusive
Le député LREM de Vendée, Pierre Henriet, a trouvé une autre façon de conforter les principes républicains : lutter contre l’écriture inclusive, qu’il estime être « une version dévoyée de la langue française ».
L’élu de la majorité propose donc à l’Assemblée nationale de voter l’obligation pour les communications officielles d’être écrites « conformément aux prescriptions de l’Académie française, à l’exclusion notamment de toutes les marques de ponctuation et syntaxes arbitraires et contraires à la grammaire insérées au milieu des mots – traits d’union, point normal ou point médian par exemple ».
Assouplir la loi SRU et les contraintes de logement social
C’est une autre obsession récurrente à droite : la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU), qui oblige les communes de plus de 3 500 habitants à avoir un seuil minimum de 25 % de logements sociaux. Robin Reda, député LR de l’Essonne qui a rejoint le mouvement Libres ! en 2019 , a signé plusieurs amendements pour revenir sur les exigences de cette loi, qui place de nombreux maires (souvent de droite) en situation d’infraction.
L’objectif est à chaque fois de desserrer l’étau qui contraint ces édiles à construire des logements sociaux. L’élu du groupe LR souhaite ainsi que, pour les communes en infraction avec la loi, le taux de 25 % soit calculé sur les logements bâtis depuis trois ans, et non sur la totalité des logements de la ville. Il propose aussi de sortir de la loi les villes situées en « zone non tendue ».
Deux autres amendements visent à fixer un seuil maximal de logements sociaux, en plus du seuil minimal qui existe déjà : magnanime, Robin Reda offre deux options à ses collègues (30 % et 40 %).
Expulser les fidèles étrangers d’une mosquée fermée par l’État
Signé par une dizaine de députés de droite et également porté par Robin Reda, un amendement vise à permettre l’expulsion de « tout ressortissant étranger qui a fréquenté habituellement un lieu de culte ayant fait l’objet d’une mesure de fermeture » pour provocation à la violence, à la haine, à la discrimination ou au terrorisme.
Exemple concret : dans le cas de la mosquée de Pantin récemment fermée pour six mois, cela signifie que n’importe quel habitant du quartier de nationalité étrangère pourrait être expulsé au motif qu’il fréquentait le lieu de culte.
Interdire l’école à la maison... mais pas pour tous
L’article 21 concernant l’encadrement strict de l’instruction en famille – qui ne pourra être autorisée par dérogation qu’en raison de la situation particulière de l’enfant (état de santé, pratique physique ou artistique intense, itinérance de la famille) a suscité un déluge d’amendements. Comment cibler l’instruction salafiste – si ce n’est, au fond, musulmane – sans se mettre à dos les catholiques traditionnalistes qui font l’école à la maison ?
Tel semble le défi posé à une partie de la droite. L’amendement 789 déposé par Julien Ravier (LR) propose que les familles remplissent un formulaire justifiant « les raisons du choix de l’instruction en famille, les méthodes pédagogiques employées et le respect des principes de la République, dont la connaissance et la maîtrise de la part des parents doit être démontrée ».
Avec cette précision : « Les déclarations incomplètes ou non conformes aux principes de la République, ou faisant état d’un manque de maîtrise de la langue française entraînent un contrôle a priori de l’autorité compétente de l’État en matière d’éducation et de la mairie ». Habile.
Sanctionner de six mois de prison le port du voile intégral
Interdite depuis 2010, la dissimulation du visage dans l’espace public est sanctionnée d’une amende de 150 euros, à laquelle peut s’ajouter un stage de citoyenneté. Sous l’impulsion d’Éric Ciotti, une vingtaine de députés LR (dont Damien Abad, le président du groupe) proposent de durcir cette peine. Les femmes qui portent le voile intégral seraient passibles de six mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende. Une sévérité qui s’explique, écrivent les parlementaires LR, par « la gravité de l’atteinte » portée aux « valeurs essentielles » de la société.
Obliger les fonctionnaires à prêter serment à la République
L’amendement d’Éric Diard (LR) veut instaurer une prestation de serment solennelle pour chaque fonctionnaire avant sa prise de fonction. Celui-ci y déclarerait « adhérer loyalement et servir avec dignité » la République et ses valeurs. Le texte ne précise pas si, au cours de ce cérémonial, l’agent devra poser sa main droite sur la Constitution de 1958.
Sur le même sujet, Anne-Laure Blin (LR) propose que nul ne puisse accéder à un poste de fonctionnaire « s’il est radicalisé[e] ». Sans aucune précision sur la réalité juridique que recouvre ce terme, ni sur la manière de le démontrer.
Armer toutes les polices municipales de France
Pour conforter le respect des principes républicains, Anne-Laure Blin souhaite utiliser la manière forte. Dans un lien peu évident avec le texte en question, l’élue de Maine-et-Loire veut faire passer un amendement déjà retoqué au moment de la loi « sécurité globale ». Celui-ci prévoit que « la création d’une police municipale » ait « pour conséquence directe » l’armement de ses agents. Actuellement, chaque maire a la possibilité (et non l’obligation) d’armer sa police municipale, sur autorisation du préfet.
Lier la création d’un compte Twitter à l’envoi d’une pièce d’identité
Député le plus actif sur le texte avec Robin Reda, Éric Ciotti a déposé un amendement pour mettre fin au pseudonymat sur les réseaux sociaux. Pour créer un compte sur Twitter ou Facebook, chaque utilisateur devrait fournir une pièce d’identité ainsi qu’une déclaration de responsabilité. Une disposition qui semble contrevenir au règlement général sur la protection des données (RGPD), en vigueur dans toute l’Union européenne.
L’élu des Alpes-Maritimes propose aussi de maintenir enfermées les personnes condamnées pour des actes terroristes à l’issue de leur peine. Une mesure déjà retoquée en juillet 2020 par le Conseil constitutionnel : cette fois, le groupe LR présente cette rétention comme un « placement en centre socio-médico-judiciaire de sûreté », « tant qu’ils constituent une menace pour la société ».
C’est enfin le même Éric Ciotti qui demande d’ajouter à la loi la création d’un délit d’incitation à la haine de la France, l’expulsion de tous les étrangers fichés S, l’instauration de quotas sur l’immigration ou encore l’introduction d’un système de points pour autoriser un étranger à vivre en France (fondé sur le niveau d’études, l’expérience professionnelle…).
#droite #racisme #islamophobie #mysoginie #petits_blancs et j’en passe et des meilleures...
Tiens, un amendement qui résume l’ensemble de l’œuvre : renommer le numéro d’identification au répertoire (de l’Insee) en numéro d’écrou.
Un gouvernement qui fait balbutier l’Histoire
▻https://blogs.mediapart.fr/libre-pensee/blog/030221/un-gouvernement-qui-fait-balbutier-l-histoire
Karl Marx a dit que quand l’Histoire se répétait, la deuxième fois, cela était toujours grotesque. Avec le projet de loi contre le Séparatisme, dont le titre est à géométrie variable « pour conforter les principes républicains », ce n’est pas le gouvernement Macron/Castex qui pourrait faire démentir ce pronostic.
Andreas Malm : « Pour mettre fin à la catastrophe, il faut s’en prendre aux classes dominantes »
▻https://reporterre.net/Andreas-Malm-Pour-mettre-fin-a-la-catastrophe-il-faut-s-en-prendre-aux-c
Comment agir efficacement pour protéger le climat et nos existences ? Dans cet entretien, Andreas Malm s’attache à souligner le rôle central du capitalisme, souvent passé sous silence, dans l’enchaînement actuel des catastrophes écologiques. Et plaide pour le dépassement des idéologies arc-boutées sur le principe de « non-violence » en faveur d’un sabotage de biens matériels choisis. Source : Reporterre
Quel serait le lien entre le Covid et le #capitalisme ?
Revenons au cas des visons. Pourquoi existe-t-il des élevages de visons ? Des entreprises génèrent des revenus en enfermant ces animaux dans de petites cages et en les nourrissant jusqu’à ce qu’ils soient abattus pour leur fourrure, vendue comme produit de luxe pour de riches consommateurs. Le problème du trafic des espèces sauvages ou de l’exploitation d’animaux d’élevage n’est pas propre à la Chine. Il s’enracine dans une logique essentielle au capitalisme, à savoir que si l’on peut tirer des bénéfices de la vente de quelque chose sur un marché, cette chose doit être transformée en marchandise. Or l’accumulation de capital est possible sur un marché de niche comme celui de la fourrure de vison. Enfermer des animaux dans un espace très étroit est idéal pour permettre à des virus de se propager d’un individu à l’autre, puis d’évoluer et de muter. Le virus a tout à voir avec la tendance systémique du capitalisme à soumettre les animaux et d’autres parties de la nature à la propriété privée et à les transformer en marchandises.
Toute accumulation de capital résultant de l’exploitation commerciale d’animaux sauvages élevés en captivité doit être abolie si l’on veut éviter l’apparition de nouveaux virus et le risque de nouvelles pandémies. À un niveau plus abstrait, on peut affirmer que le capitalisme a tendance à faire surgir ces nouvelles maladies parce qu’il est incapable de renoncer à exploiter les écosystèmes naturels. Le capitalisme est obligé d’envahir ces écosystèmes et de les transformer en sources de profit. Il est intrinsèquement incapable de se rendre compte qu’il y a des limites à l’expansion et qu’il faut respecter ces limites, par exemple en s’interdisant d’envahir certaines forêts tropicales dont la destruction entraînera le chaos environnemental. Respecter des limites est une impossibilité pour le capitalisme, qui doit donc se les voir imposer de l’extérieur.
[...]
Dans « La Chauve-Souris et le Capital », vous prônez un « léninisme écologique ». Pourriez-vous nous expliciter cette idée ?
Mon raisonnement part du fait que nous sommes en situation de catastrophe écologique. Or Lénine et ses camarades bolcheviks — Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht — faisaient face à une catastrophe, celle de la Première Guerre mondiale, qui présente certaines ressemblances avec la catastrophe écologique. Leur position était que lorsque la guerre mondiale éclaterait, il faudrait essayer de retourner la crise contre elle-même en s’attaquant aux moteurs de la crise, à ce qui alimentait la guerre, sous peine de voir se répéter sans cesse les conflits mondiaux. Il s’agissait donc de transformer la Première Guerre mondiale en crise révolutionnaire visant à renverser les élites qui étaient responsables de la catastrophe et voulaient poursuivre la guerre en envoyant de plus en plus d’hommes se faire massacrer par millions.
On peut reprocher beaucoup de choses à Lénine et aux bolcheviks, mais il faut leur reconnaître que c’est ce qu’ils ont réussi à faire en renversant le gouvernement provisoire responsable de la poursuite de la guerre côté russe. Ils ont ainsi mis fin à la Première Guerre mondiale pour les Russes en se retirant du conflit.
Le parallèle avec notre époque est que nous sommes en situation de catastrophe, un état qui devient permanent et voit se succéder une catastrophe après l’autre, événements météorologiques extrêmes ou pandémies. Notre mission stratégique doit être de transformer ces moments de crise des symptômes en crise pour les moteurs. Quand nous subissons une catastrophe naturelle, météorologique ou climatique, nous devrions agir exactement comme l’a fait le mouvement pour le climat en 2018 et 2019 mais à une échelle plus grande et de manière plus intense, en ciblant les causes du désastre. Tant que nous ne nous attaquerons pas aux moteurs de crise, nous en subirons sans fin les symptômes. En ce sens, ce que j’ai proposé d’appeler « léninisme écologique » repose simplement sur une comparaison avec la stratégie de Lénine pendant la Première Guerre mondiale : pour mettre fin à la catastrophe — qu’il s’agisse du conflit mondial ou du massacre écologique —, il faut s’en prendre aux classes dominantes, qui ont intérêt à ce que la catastrophe se poursuive.
UN HAMSTER A L’ECOLE
Nathalie Quintane
[Bonnes feuilles]
paru dans lundimatin#270, le 11 janvier 2021
S’il y a bien une institution qui concentre toute la schizophrénie française, c’est l’école. On y place tous ses espoirs et toutes ses déceptions, tout le monde l’aime et la déteste, viscéralement. On ne compte plus les travaux en sciences sociales visant à la dénoncer, la réformer, la sauver. C’est aussi de l’école dont il est question dans le nouveau livre de Nathalie Quintane, mais autrement. Il n’y a pas de surplomb analytique, pas de dénonciation gauchiste, pas de doudous méritocratique. Un hamster à l’école parle depuis l’expérience, c’est-à-dire depuis le sensible. Les anecdotes s’enchaînent et dessinent depuis l’intérieur les contours de l’institution avec une justesse et une précision tellement drôles que c’en est bouleversant. Nous ne sommes que le 11 janvier mais il ne fait aucun doute que c’est, pour l’instant, le meilleur livre de l’année. En voici quelques « bonnes feuilles ».
Twitter suspend le compte de Sci-Hub | Nancy Rey
▻https://www.developpez.com/actu/311776/Twitter-suspend-le-compte-de-Sci-Hub-dans-le-cadre-d-une-affaire-judicia
La semaine dernière Twitter a suspendu définitivement le compte de Sci-Hub, un site web qui fournit un accès gratuit à des articles universitaires payants. Twitter accuse le site de violer sa politique de contrefaçon. Toutefois, la fondatrice Alexandra Elbakyan estime qu’il s’agit de faire taire le soutien croissant de la communauté scientifique. Source : Développez
Bruno Canard : « Demander un médicament dès le lendemain d’une #épidémie n’a aucun sens »
Bruno Canard est directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) à l’Université Aix-Marseille. Sa spécialité : les coronavirus. Alors que la course mondiale aux médicaments et aux vaccins contre le Covid-19 fait rage, il souhaite faire entendre la « colère légitime » des scientifiques de la recherche publique, dont le travail pour répondre à l’urgence sanitaire n’est pas, selon lui, suffisamment reconnu par les gouvernements. Trois questions à un chercheur engagé contre le désengagement des pouvoirs publics dans la recherche sur les virus émergents.
Sciences Critiques − Comment expliquez-vous le désintérêt et le désengagement financier des pouvoirs publics européens et français pour vos recherches sur les coronavirus ? Et quelles en sont les conséquences, selon vous ?
Bruno Canard − Le désintérêt n’est pas spécifiquement sur mes recherches sur les coronavirus, mais sur la recherche fondamentale en général, et la science fondamentale sur les virus émergents en particulier. Il y a plusieurs raisons à cela, qui prennent leur origine aux alentours de 2008-2009. La première, c’est la crise financière qui assèche les économies européennes. Il est décidé à ce moment-là qu’il est plus important de renflouer les banques immédiatement que n’importe quel autre secteur. Les budgets publics pour la recherche sont asséchés, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) est en permanence menacé de démantèlement.
La deuxième raison, c’est l’apparition − certainement liée − des réseaux sociaux et de l’imposition, dans les mentalités, de la réaction émotionnelle immédiate à la place de la réflexion : il est davantage payant pour les politiques de montrer que l’on met des millions d’euros sur la table en réaction à une épidémie − comme cela a été fait pour H1N1, Ebola, Zika, etc. − plutôt que de les anticiper sur le long terme. Entre les deux, il n’y a pas le même bénéfice politique vis-à vis-du contribuable européen... En France, cette tendance lourde n’a pas été infléchie par les présidents successifs, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron, en passant par François Hollande, jusqu’à la crise due au Covid-19.
Pour quelles raisons « la science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate », comme vous l’avez écrit ? Autrement dit, quelles sont les limites de la recherche scientifique face à une urgence sanitaire ?
Dans les sciences de la vie, la recherche scientifique a pour vocation de découvrir les acteurs, les structures et le fonctionnement des éléments des cellules, des micro-organismes, des virus, et leurs interactions, leur implication dans les maladies, etc.
En travaillant, entre autres, avec les chimistes médicinaux, les scientifiques fournissent les données qui permettent ensuite de faire des candidats-médicaments, dont l’industrie se charge enfin de la transformation en médicaments 1, en partenariat avec les cliniciens. L’unité de temps d’un cycle complet découverte-médicament est de l’ordre de 10 à 15 ans. Demander un médicament dès le lendemain d’une épidémie n’a aucun sens. Il y a, bien sûr, le repositionnement des médicaments existants. Mais, on l’a vu, rien de transcendant n’a été repositionné pour lutter contre le Covid-19, et probablement rien ne vaudra un médicament conçu spécifiquement pour un virus − et non pas recyclé d’une autre indication.
En ce qui concerne les virus émergents, la seule possibilité raisonnable est un investissement sur le long terme dans la découverte du monde viral − ce qu’on appelle la « virosphère » − et la caractérisation scientifique à l’avance des membres les plus représentatifs des différentes familles. Car, à l’intérieur des familles virales, il y a des caractéristiques invariantes. Il est alors possible de transférer très rapidement les connaissances acquises sur un virus vers un autre.
Un exemple : le virus de Zika émerge, c’est un frère jumeau du virus de la dengue. Une quantité impressionnante de données scientifiques accumulées sur la dengue se retrouvent alors tout à fait valables et utilisables. Il aura fallu 10 ans pour réaliser la structure tri-dimensionnelle de la machinerie de réplication − l’ARN polymérase − du virus de la dengue par cristallographie aux rayons-X alors que cette dernière a permis de faire celle du virus Zika en quelques mois. Ce n’est toutefois pas vrai pour les vaccins, car les éléments viraux produisant l’immunité ne sont souvent pas assez conservés dans la même famille virale. Ainsi, s’il y avait eu un vaccin contre le coronavirus de 2003, il est pratiquement certain qu’il n’aurait pas marché de manière satisfaisante contre le Covid-19.
Comment la pandémie de Covid-19 a-t-elle, jusqu’à présent, et peut-elle, à l’avenir, transformer la recherche scientifique en France et en Europe ?
Je ne vois aucun signe tangible de transformation. Or, il faut une volonté politique forte pour pouvoir anticiper les problèmes infectieux très en amont, en particulier via le soutien à la recherche fondamentale. En France, prenez la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR), en cours d’élaboration. Cette loi ne s’attaque à aucune des faiblesses systémiques recensées depuis des années, en particulier concernant le soutien aux laboratoires et concernant les personnels Ingénieurs, Techniciens et Administratifs (ITA), qui font un travail absolument nécessaire pour que les chercheurs puissent travailler.
Leur nombre a dramatiquement diminué ces dernières années. Ils sont remplacés par des précaires en contrats à durée déterminée. Ce qui fait qu’à chaque fin de contrat ou de projet de recherche, toute la mémoire, les protocoles, le savoir du laboratoire ne sont plus conservés ni transmis. Au lieu de cela, une augmentation de salaire est proposée aux chercheurs seulement. Or, il est très clair que les chercheurs « premiers de cordée » sont attirés d’abord par des conditions de travail satisfaisantes : ils deviennent alors productifs et compétitifs, et le salaire suit dans un second temps. Mais un premier de cordée ne viendra jamais s’installer dans un laboratoire qui n’a pas d’équipements ou de facilités techniques compétitives, même si vous lui doublez sa paie. Au bout de trois ans, il n’aura rien publié et il sera mort scientifiquement.
En ce qui concerne les virus émergents, nous ne savons pas encore lequel apparaîtra après le Sars-Cov-2 et, donc, il est impératif de créer une agence de recherche sur les virus émergents dans laquelle les scientifiques soient mieux représentés. Ce sont eux, et non pas seulement les médecins et cliniciens, qui créent le terreau scientifique qui devient ensuite matière médicale et clinique. La France confond la recherche scientifique avec la recherche médicale. 3 Elle n’intègre pas assez les scientifiques en amont des décisions concernant la santé, alors que ces dernières dépendent beaucoup de champs disciplinaires comme la biodiversité, la chimie médicinale, la biophysique, etc., avant d’arriver au problème médical proprement dit.
▻https://sciences-critiques.fr/bruno-canard-demander-un-medicament-des-le-lendemain-dune-epidemi
#épidémie #médicament #covid-19 #coronavirus #vaccins #urgence_sanitaire
Which Black Lives Matter?
▻https://catalyst-journal.com/vol4/no3/which-black-lives-matter
Touré F. Reed’s Toward Freedom: The Case Against Race Reductionism presents a forceful critique of race reductionism and makes a persuasive case for the return to a redistributive, public goods approach to governance. Reed brilliantly shows how black political actors have used race reductionism to defeat social democratic policies that would disproportionately help working-class blacks and reveals race reductionism to be a class politics that reinforces black precarity.
La France est-elle vraiment de droite ? - Page 1 | Mediapart
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/261220/la-france-est-elle-vraiment-de-droite?onglet=full
Les lois marquées à droite s’enchaînent, au nom d’une demande de sécurité et d’autorité. Mais l’opinion publique n’évolue pas uniformément dans un sens conservateur. Les Français sont sans doute moins à droite que leurs élites.
Ils seraient même majoritairement anticapitalistes !
▻https://www.frustrationmagazine.fr/les-francais-sont-majoritairement-anticapitalistes
Dans une étude publiée en décembre et portant sur des jeunes français de moins de 30 ans, l’institut de sondage Ipsos pour l’Humanité décrit un sentiment hostile à l’égard du capitalisme pour 60% d’entre eux. Encore plus réjouissant, 83% des jeunes Français, toujours selon Ipsos, estiment que la lutte des classes est une réalité. Et encore plus intéressant, 75% d’entre eux pensent que c’est aux salariés, aux travailleurs, de “décider des choix de leur entreprise”. Les jeunes français sont bel et bien anticapitalistes, puisque le principe premier de ce système est la division entre capital et travail.
Aided by #Palantir, the LAPD Uses Predictive Policing to Monitor Specific People and Neighborhoods
▻https://theintercept.com/2018/05/11/predictive-policing-surveillance-los-angeles
A new report details the Los Angeles #Police Department’s use of algorithms to identify “hot spots” and “chronic offenders” and target them for surveillance.
Enter the Dragnet
▻https://logicmag.io/commons/enter-the-dragnet
The following is an excerpt from Predict and Surveil: Data, Discretion, and the Future of Policing by Sarah Brayne.
via @hubertguillaud la #silicon_army en pleine forme
How China’s Tech Giants Like Alibaba, Tencent, and Baidu Aid Spy Agencies
▻https://foreignpolicy.com/2020/12/23/china-tech-giants-process-stolen-data-spy-agencies
U.S. officials say private Chinese firms have been enlisted to process stolen data for their country’s spy agencies. In 2017, as U.S. President Donald Trump began his trade war with China, another battle raged behind the scenes. The simmering, decadelong conflict over data between Chinese and U.S. intelligence agencies was heating up, driven both by the ambitions of an increasingly confident Beijing and by the conviction of key players in the new administration in Washington that China was (...)
(3) L’intersectionnalité, une critique émancipatrice - Libération
▻https://www.liberation.fr/debats/2020/10/28/l-intersectionnalite-une-critique-emancipatrice_1803762
Qu’est-ce qui s’empare de nous qui prenons alors la parole ? Une soif terrible de trouver, selon les mots de l’écrivaine Toni Morrison, la source de l’amour-propre.
Fermetures de lits à l’hôpital : l’inquiétude remonte chez les soignants
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/28/fermetures-de-lits-a-l-hopital-l-inquietude-remonte-chez-les-soignants_60646
Après la première vague de l’épidémie de Covid-19, Olivier Véran s’était engagé à mettre fin au « dogme » des réductions des capacités des établissements. Sur le terrain, les syndicats estiment que rien n’a changé, pour l’instant.
Les fermetures de lits dans les hôpitaux, dans le cadre des projets de restructuration, sont-elles vraiment de l’histoire ancienne ? Au plus fort de la première vague de l’épidémie, en avril, le directeur de l’agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est, Christophe Lannelongue, a eu le malheur de défendre le plan alors en cours au CHRU de Nancy, qui comprenait des centaines de suppressions de lits et de postes. Une faute politique, en temps de Covid-19.
Le haut-fonctionnaire a été remercié, quelques jours après ses propos – un limogeage que le Conseil d’Etat a jugé irrégulier, dans une décision du 10 décembre. Le ministre de la santé, Olivier Véran, a assuré dans la foulée que « tous les plans de réorganisation » étaient « évidemment suspendus ». Il n’a cessé de le marteler depuis : c’en est fini du « dogme de la réduction des lits » qui prévalait lors des grands projets de transformation hospitalière.
Mais, huit mois plus tard, sur le terrain, l’inquiétude remonte chez les soignants, les responsables d’hôpitaux, et les élus locaux. « Rien n’a changé », estime-t-on dans les rangs syndicaux : « Les projets se poursuivent comme avant, alors que la crise a bien montré que ce n’était plus possible », clame Christophe Prudhomme, de la CGT Santé. Lui comme d’autres égrènent les plans Copermo toujours en cours à Paris, à Nantes, à Caen, à Nancy… avec 100, 200, 300 suppressions de lits en perspective.
« Projet par projet »
#Copermo : ce sigle est devenu synonyme d’économies pour l’hôpital. Le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers a été créé en décembre 2012 pour accompagner les hôpitaux dans leurs « projets d’investissement d’ampleur exceptionnelle », peut-on lire sur le site du ministère de la santé, selon des « critères exigeants en termes d’efficience », de « soutenabilité financière » et de « valeur ajoutée », et dans leurs « trajectoires de retour à l’équilibre ». Autrement dit, de gros projets de modernisation assortis d’un engagement à faire des économies. Une « boîte noire », ironise-t-on chez les hospitaliers. « Personne n’a jamais eu de contacts directs avec eux », rapporte un responsable d’établissement.
Olivier Véran a décidé de sa suppression cet été, lors des annonces du Ségur de la santé, et de son remplacement par un « conseil national de l’investissement », pour valider les projets supérieurs à 100 millions d’euros. « Les projets avancent, les nouvelles modalités d’accompagnement des investissements sont en train d’être expérimentées », assure-t-on au ministère.
De premiers « feux verts » de ce futur conseil sont attendus début 2021 pour des projets revisités à l’aune du nouveau paradigme. Le taux de marge brute à « 8 % » ou encore la réduction automatique d’au moins « 15 % » des capacités en lits ne seront plus l’alpha et l’oméga de chaque projet, assure-t-on au ministère.
Lire l’éditorial du « Monde » : Le Ségur de la santé, un tournant dans la politique hospitalière [ouarf ouarf]
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/07/22/segur-de-la-sante-un-tournant-dans-la-politique-hospitaliere_6046939_3232.ht
Cela n’exclut pas, néanmoins, toute suppression de lits dans les mois à venir : « Le renversement est très clair, il n’y aura plus de critères imposés dans un pur objectif financier d’économies, dit-on au ministère. Ce sera projet par projet, selon les besoins, les projections d’activité et l’évolution de la médecine, qui permet des prises en charge plus courtes, et parfois d’aller vers moins de lits d’hospitalisation complète et plus d’ambulatoire [prise en charge sans hospitalisation] quand cela est pertinent. »
« On ne veut plus l’entendre »
Dans les hôpitaux, où l’on a surtout retenu la « fin » des fermetures de lits, le changement de ligne tarde à se matérialiser. « On en est nulle part », assure Christian Rabaud, président de la commission médicale d’établissement (CME) du CHRU de Nancy, où un rebond épidémique se fait déjà sentir, avec une augmentation des patients Covid depuis plusieurs semaines. « C’est très lourd pour la communauté médicale, actuellement la tête sous l’eau, et qui ne dispose toujours pas de perspectives pour la suite, souligne l’infectiologue. Le Covid a bien montré qu’on ne peut pas éternellement faire plus avec moins. »
Le projet immobilier nancéien, qui représente plus de 500 millions d’euros d’investissement, prévoit le rassemblement du centre hospitalier, éclaté sur plusieurs sites souvent vétustes, sur le site de Brabois, assorti d’une réorganisation, avec 598 suppressions de postes et 179 lits de moins d’ici à 2024.
La direction de l’hôpital et la commission médicale de l’établissement ont repris la copie à la rentrée. Mais les réunions avec l’ARS Grand-Est, toujours accompagnée du cabinet de conseil Capgemini, demeurent « tout aussi bloquées » qu’auparavant, estime le professeur Christian Rabaud. « Les choses ne sont pas claires, on nous demande de continuer à rendre des personnels et des lits pour faire des gains d’efficience, ça, on ne veut plus l’entendre, dit-il. On ne parle toujours pas la même langue, on nous demande encore : “Mais comment vous allez faire pour vous payer ceci ou cela ?” »
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des restructurations au coronavirus, l’apport controversé des cabinets de consulting à l’hôpital
D’après la direction de l’hôpital, 500 emplois et 300 lits ont déjà été supprimés dans cette restructuration qui a commencé il y a sept ans – dont 204 postes et 78 lits en 2019 et en 2020. « La situation est assez inconfortable et participe à une certaine morosité, reconnaît le directeur général, Bernard Dupont. Olivier Véran s’est exprimé clairement, mais la déclinaison prend du temps… »
« Lassitude »
« Il est urgent de sortir de l’ambiguïté », insiste Mathieu Klein (PS), maire de Nancy et président du conseil de surveillance de l’hôpital, qui s’oppose à ces réductions de lits et de postes, qu’il entend encore comme une « demande tacite » lors des discussions avec les autorités sanitaires. « La crise due au Covid a engendré une lassitude du monde hospitalier à un niveau inquiétant, personne ne comprend cet attentisme et cette hésitation. »
A l’ARS Grand-Est, on indique que le dossier, retravaillé depuis l’été, est « en cours de finalisation », « en anticipation des nouvelles modalités de gestion des investissements issues du Ségur » , intégrant une « appréciation “cousue main” des critères de dimensionnement par rapport aux besoins de santé du territoire et pour tirer les leçons de la gestion de la crise du Covid ». Le projet fera partie des premiers dossiers examinés par la nouvelle instance nationale, début 2021.
« Si c’est pour mettre en place une nouvelle structure qui prendra les mêmes décisions comptables, cela ne va pas être possible », prévient Arnaud Robinet, maire (Les Républicains) de Reims et président du conseil de surveillance du CHU de Reims. L’élu de droite multiplie lui aussi les appels, au plus haut sommet de l’Etat, sans avoir reçu d’ « engagement » à ce jour. Ainsi, 184 suppressions de lits sont prévues dans les futurs bâtiments de ce CHU, soit 24 % des capacités, souligne l’édile, initialement favorable au projet. « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis », dit-il aujourd’hui.
Un nouveau projet est sur la table, assure le professeur Philippe Rieu, président de la CME, sans la centaine de suppressions de lits prévue dans le second bâtiment (la construction du premier est déjà enclenchée). « Nous sommes en train de chiffrer le supplément avec l’ARS, ajoute la directrice générale, Dominique de Wilde. Notre ministre a dit : “Plus de suppressions de lits”. Moi je crois ce que dit notre ministre. »
L’espoir est moindre en Ile-de-France
L’espoir est moindre en Ile-de-France, sur le projet d’hôpital Grand Paris-Nord, porté par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui doit rassembler, à l’horizon 2028, les hôpitaux Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine) et Bichat (Paris) à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). « Cela devient très concret », dit le cardiologue Olivier Milleron, qui siège dans les commissions d’évaluation du projet architectural. Mais rien n’a été remis en question, ou presque, d’après le médecin membre du Collectif inter-hôpitaux : sur les 350 suppressions de lits prévues, soit 30 % du total, l’AP-HP a annoncé que 84 lits seraient maintenus, et 94 autres mais sous forme « flexible » : « Ça ne nous satisfait pas du tout, on est toujours très loin du compte. »
Le projet ne devrait néanmoins pas avoir besoin de repasser devant une instance nationale : il fait partie de la dizaine d’ex-Copermo les plus avancés, qui ont obtenu validation définitive. Pour ces projets, si des ajustements sont jugés nécessaires, ils pourront être demandés par les directions d’établissement directement auprès des ARS, indique-t-on au ministère. Sollicitée, l’AP-HP n’a pas souhaité répondre à nos questions.
C’est l’ensemble de l’ « idéologie » derrière ce projet qu’il faut pourtant remettre en question, dénonce Olivier Milleron, qui signait dans Libération, en mai, une lettre ouverte au président de la République, avec une centaine de collègues et d’usagers : « Le nombre de lits dans le futur hôpital est basé sur un taux d’occupation de ceux-ci à 95 %, avec une durée moyenne de séjour des patients 30 % inférieure à la moyenne nationale, c’est démentiel », dit-il.
Lire aussi la tribune d’un collectif de personnels hospitaliers et d’usagers : Hôpital Grand Paris Nord : « Nous demandons au ministre de la santé d’intervenir afin que le projet soit à la mesure des besoins de la population »
Pour le sociologue Frédéric Pierru, coauteur de La Casse du siècle. A propos des réformes de l’hôpital public (Raisons d’agir, 2019), « la crise du Covid a jeté une lumière crue sur l’inanité de cette doctrine d’un hôpital géré “à flux tendu”, sans aucune marge de manœuvre. Nous avons quand même dû confiner le pays parce que notre nombre de lits en réanimation avait toujours été calculé au plus juste », juge-t-il.
La question des ressources humaines
Le « mirage » du virage ambulatoire, qui permettrait sans difficulté de réduire l’hospitalisation, est critiqué de toute part. « C’est vrai que l’hospitalisation peut être plus courte qu’avant pour certaines pathologies, mais nous gardons justement à l’hôpital des malades très lourds, pour lesquels on ne peut pas faire d’ambulatoire », relève Marie-Astrid Piquet, gastro-entérologue au CHU de Caen.
La professeure passe déjà son temps à chercher des places aux patients qu’elle doit hospitaliser. « Nous n’avons jamais un lit vide, une dizaine de nos malades sont en permanence en chirurgie, faute de place dans notre service », rapporte la membre du Collectif inter-hôpitaux. Ici, 200 lits de moins sont prévus dans le projet de restructuration.
Les élus de la région sont montés au créneau, à l’été. La sénatrice centriste du Calvados, Sonia de La Provôté, attend toujours une réponse au courrier envoyé avec quatre autres parlementaires normands du Parti socialiste et de La République en marche, en mai, au ministre de la santé, lui demandant de revoir le projet. « La crise a bien montré combien il était nécessaire d’avoir un volet de lits mobilisables pour l’urgence, insiste l’élue, médecin de profession. Derrière les lits, surtout, ce sont des ressources humaines, qui ne peuvent pas être la “denrée rare” en matière sanitaire. »
A Nantes, où le chantier doit commencer en janvier, un collectif de syndicats, d’associations et de mouvements politiques s’est constitué et a recueilli quelque 2 000 signatures dans une pétition lancée mi-novembre, demandant à mettre « sur pause » le projet de transfert du CHU. « Tant que la première pierre n’est pas posée, on peut encore changer les choses », défend Olivier Terrien, de la CGT, qui dénonce les 202 lits en moins prévu dans ce déménagement sur l’Ile de Nantes, à l’horizon 2026. « Il n’y a eu aucun changement de braquet depuis la crise, lâche-t-il. Les derniers documents de la direction confirment qu’on se dirige vers ces suppressions de lits, alors qu’on est déjà sous-dimensionné. »
Lire aussi : La doctrine de la fermeture des lits à l’hôpital « est venue se fracasser sur l’épidémie »
A Marseille, le projet de restructuration, déjà très avancé, ne devrait pas être modifié, ce que défend la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, malgré les 150 suppressions de lits prévues.
« Dans le cadre actuel des bâtiments, c’est difficile de faire mieux, souligne le directeur général, Jean-Olivier Arnaud. On ne veut pas recommencer un cycle de négociations qui retarderait le début des travaux, cela fait tellement longtemps qu’on attend, nos locaux sont tellement obsolètes… » Le directeur espère obtenir un soutien dans d’autres opérations, dans le cadre du prochain plan d’investissement.
Ce classique où la bureaucratie fait du chantage, efficace : faites ce qu’on vous dit de faire, sinon vous aurez encore moins de moyens (par exemple des travaux à Marseille) et devrez toujours plus pallier par l’abnégation le dénuement organisé pour arriver à répondre un tant soit peu aux besoins..
Espionnage : l’installation d’une usine du chinois Huawei en Alsace pose question
▻https://www.franceinter.fr/espionnage-l-installation-d-une-usine-du-chinois-huawei-en-alsace-pose-q
Le géant chinois des télécoms installera en France, près de Strasbourg, sa première usine de production hors de Chine. Un choix qui interroge : l’usine se trouvera à proximité de plusieurs sites sensibles de l’Armée de Terre. « Une excellente nouvelle qui témoigne de la dynamique économique de notre territoire », a salué jeudi 17 décembre Jean Rottner, président Les Républicains de la région Grand Est. Il se félicitait ainsi de l’annonce du géant des télécoms chinois Huawei : l’entreprise va installer dans (...)
#Huawei #5G #surveillance
Russia admits to world’s third-worst Covid-19 death toll | The Guardian
▻https://www.theguardian.com/world/2020/dec/28/russia-admits-to-world-third-worst-covid-19-death-toll-underreported
Russia said on Monday that its coronavirus death toll was more than three times higher than it had previously reported, making it the country with the third-largest number of fatalities.
(...) [chiffre officiel jusqu’ici] : only reported 55,265 deaths
(...) “More than 81% of this increase in mortality over this period is due to Covid,” said the deputy prime minister, Tatiana Golikova, meaning that more than 186,000 Russians have died from Covid-19.
(...) The Rosstat statistics agency said that the number of deaths from all causes recorded between January and November had risen by 229,700 compared with the previous year.
(j’ai inversé l’ordre des phrases, pour plus de clarté)
La crise sanitaire pèse sur la santé mentale des étudiants
▻https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/12/28/la-crise-sanitaire-pese-sur-la-sante-mentale-des-etudiants_6064613_4500055.h
on peut sauter tout de suite à la conclusion :
la précarisation importante des étudiants les fragilise psychiquement. (...) cet impact peut être amorti par une protection sociale active
Fusion Veolia-Suez : guérilla juridique et intimidation de la critique, par @marclaime (Les blogs du @mdiplo, 18 décembre 2020)
▻https://blog.mondediplo.net/fusion-veolia-suez-guerilla-juridique-et
Les dérives du capitalisme financier se manifestent depuis trente ans au travers des paradis fiscaux, des tribunaux privés d’arbitrage institués par la Banque mondiale ou la Chambre de commerce internationale, mais également dans l’extraterritorialité judiciaire américaine, devenue une nouvelle arme de guerre économique.
À une moindre échelle, les péripéties de l’affaire Veolia-Suez illustrent aujourd’hui, sur fond de secret des affaires et de menace sur l’information, des glissements et ruptures tout aussi inquiétantes.