Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Tablettes : Des effets positifs au primaire selon une Ă©tude suisse
    ▻http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/26082014Article635446381339812648.aspx

    L’étude souligne aussi la collaboration accrue entre les Ă©lĂšves et le dĂ©veloppement de leurs compĂ©tences numĂ©riques (au rebours des affirmations de Prensky sur les Digital Natives). Il conclue comme Karsenty et Fievez : « ce ne sont ni les technologies ni les tablettes tactiles qui favoriseront la motivation ou la rĂ©ussite des jeunes, mais bien les usages qui en seront faits, tant par les enseignants que par les Ă©lĂšves. »

    • Au fait, pas mal, le verbe concluer dans un texte qui s’inquiĂšte de l’apprentissage Ă  l’école.

      J’avais relevĂ© aussi ... :-) Par contre « qu’on » est bien orthographiĂ© mais (si je puis me permettre) il serait plus correct de dire : ça dĂ©pend de ce qu’on en fait.
      Et sans arriĂšre pensĂ©e, en ce qui concerne l’usage du français, on pourrait conclure en se persuadant que « nobody’s perfect » !

    • J’ai gardĂ© ce texte Ă  titre indicatif.

      Hier, ma fille a ramenĂ© des livres que sa maĂźtresse de CM2 lui avait prĂȘtĂ© pour les vacances. Du coup, on a pu voir que la classe est Ă©quipĂ© d’un tableau numĂ©rique et de tablettes pour les Ă©lĂšves, ce qui n’était pas le cas l’annĂ©e derniĂšre. Ma fille a reçu un super enseignement en primaire et je me demandais quelle sera la vĂ©ritable valeur ajoutĂ©e Ă©ducative des tablettes. Le problĂšme des tablettes, pour moi, c’est qu’elles ne rĂ©pondent Ă  aucun autre usage que ludique et passif. Pour la communication, les smartphones sont bien plus adaptĂ©s et polyvalents. Pour la lecture, les ebooks sont bien meilleurs, parce qu’ils Ă©vitent la distraction et la dispersion de l’attention. Pour la production (texte, image, etc.), la tablette est trĂšs peu adaptĂ©e, Ă  moins de lui ajouter une interface de saisie, ce qui en fait un netbook, mais en moins puissant.

      Ma fille et les gens de sa gĂ©nĂ©ration sont dĂ©jĂ  des gens trĂšs volatiles en termes d’attention et d’efforts. Je me demande donc quels seront les apports cognitifs de l’usage gĂ©nĂ©ralisĂ© des tablettes... et dehors d’amĂ©liorer leur taux d’équipement dans les foyers.

    • Ma fille et les gens de sa gĂ©nĂ©ration sont dĂ©jĂ  des gens trĂšs volatiles en termes d’attention et d’efforts.

      Ceci me semble ĂȘtre trĂšs familier... ProblĂšme commun Ă  beaucoup de parents que nous sommes, souvent impuissants Ă  trouver les bonnes mĂ©thodes pour ramener les enfants Ă  « un peu » de concentration et Ă  (re)trouver le goĂ»t de l’effort, non pas dans l’idĂ©e de souffrir pour progresser, mais dans l’idĂ©e qu’aprĂšs l’effort - par essence toujours difficile - aprĂšs c’est toujours bien parce qu’on fait les choses « mieux ».

      Chez nous, pour les trois enfants, c’est le problùme principal le plus difficile à aborder. Et on n’a pas encore compris si les tablettes et les ordi, dans ce cas, ça aide ou ça aide pas...

    • Le problĂšme de la concentration des enfants est rĂ©current depuis dĂ©jĂ  plusieurs dĂ©cennies. Dans mes classes, je constatais d’annĂ©e en annĂ©e que j’avais de plus en plus de problĂšmes de « discipline » (comme disent nos managers maison), Ă  savoir Ă©viter les bavardages, ramener le calme aprĂšs une rĂ©crĂ©ation, demander un effort d’attention un peu soutenu pendant une activitĂ© de travail Ă©crit, solliciter l’attention des Ă©lĂšves pendant une activitĂ© de dĂ©couverte. A quoi toute cette volatilitĂ© est-elle due, je n’ai pas de rĂ©ponses toutes faites.
      Je pense que l’institution a voulu pallier Ă  ces problĂšmes en remplaçant les « vieux » supports d’information (livres entre autre) par le multi-mĂ©dia beaucoup plus « moderne » (comprendre : dans-l’air-du-temps). Le lobbying des grandes firmes amĂ©ricaines a fait le reste. À noter que les cadres de ces mĂȘmes firmes ont choisi de scolariser leurs progĂ©nitures dans des Ă©coles « non-connectĂ©es ».
      Personnellement, quand j’ai Ă  lire un article sur une page web assez long, je le tĂ©lĂ©charge sur ma liseuse et la lecture est plus efficace, moins de distraction pa rapport Ă  la page web truffĂ©e de boutons et de liens par lesquels on peut zapper l’activitĂ© qu’on s’impose. Avec un collĂšgue du rĂ©seau d’aide, on avait, il y a une quinzaine d’annĂ©es, dĂ©terminĂ© un profil de « zappeur » pour les Ă©lĂšves prĂ©sentant un tel comportement volatil.

    • Non, @corinne2, on ne chouine pas contre la technologie, mais contre ses mal-utilisations.
      Comme @sombre, je trouve que les longs articles touffus sont plus faciles Ă  lire sur liseuse que sur tablette ou ordi : Ă  cause de la distraction inhĂ©rente au support. Ce qui sauve ma gosse par rapport Ă  beaucoup de ses petits camarades, c’est prĂ©cisĂ©ment la quantitĂ© folle de bouquins qu’elle ingurgite (mĂȘme s’il y a de sombres conneries dans le lot). Quand on la prive d’écran, elle se rabat sur les livres (liseuse ou papier), ou sur ses activitĂ©s manuelles sur rebuts de recyclage. Cela ne vient pas de nous, mais elle cultive une vraie passion pour les crĂ©ations d’objets zarbis. Je pense que le fait de faire des choses avec ses mains, plutĂŽt que de faire des choses sur un Ă©cran cĂąble son esprit autrement.

      AprĂšs, elle a un ordi depuis qu’elle a 3 ans (merci Edubuntu), elle crĂ©Ă© des mondes dans Minecraft et des niveaux de jeu dans Little big planet, Ă©crit un bouquin depuis plusieurs mois sur Draft et tente de prendre en main le dessin vecto sous Inkscape.
      Ça, c’est une question de culture numĂ©rique et quand je vois le contenu des cours de B2I qu’ils ont Ă  l’école, je suis un peu inquiĂšte sur la nature de la culture numĂ©rique scolaire.

      Donc, les Ă©crans, ce n’est pas le mal, Ă  condition qu’il y ait tout un environnement autour et d’autres sources de stimulation. Visiter une expo de peinture avec ses pieds, voir une piĂšce de thĂ©Ăątre, en faire, visiter des trucs, mĂȘme pas loin de chez soi, bouger, faire des trucs avec d’autres...

    • @reka : nos commentaires se sont croisĂ©s.

      L’escalade, ça marche bien : pas de concentration, pas de grimpette efficace. Et en mĂȘme temps, ça dĂ©tend.
      Le théùtre, aussi... mais toutes ces activités dépendent du caractÚre du gosse.
      Lundi, on s’est fait une petite expĂ©dition dans les PyrĂ©nĂ©es. Pas un truc trĂšs ambitieux : juste lui montrer le Pont d’Espagne. Bon, c’est affreux, on dirait un disneyland-parc naturel. Je n’étais pas venue depuis 13 ans. Mais on a quand mĂȘme fait un truc ensemble, respirĂ© un peu d’air en grimpant au-dessus de la marabunta de bagnoles, discutĂ©, rigolĂ©... et on a mĂȘme rien fait.

      L’idĂ©al Ă©tant quand mĂȘme de trouver des temps oĂč on s’emmerde un peu. Dans notre sociĂ©tĂ© de la distraction, on a oubliĂ© les vertus de l’ennui !

    • Ceci dit @corinne2 et @monolecte : OUI, pour tel ou tel point prĂ©cis : c’était mieux avant. Il n’y a aucun problĂšme Ă  affirmer ça. Encore une Ă©niĂšme fois : comme si l’histoire Ă©tait un truc uniforme et linĂ©aire, et comme si chaque Ă©poque Ă©tait un tout indissociable
 Ben non. Il est parfaitement possible (et souhaitable ! et urgent de le faire !) de dire que tel truc Ă©tait mieux avant tandis que tel autre est mieux maintenant.

    • Ma contribution toute personnelle (et donc parcellaire) Ă  la discussion. Notre fils n’a pas de difficultĂ© Ă  rester longtemps sur une activitĂ© contrairement Ă  d’autres enfants de son Ăąge dans notre voisinage. Tout au moins doit on reconnaĂźtre que nous n’avons pas Ă  nous plaindre d’une incapacitĂ© Ă  se concentrer. J’ai envie de lier cette capacitĂ© aux jeux de construction auxquels il a eu accĂšs trĂšs tĂŽt. Et son unique usage de la tablette est le tĂ©lĂ©chargement de plans pour ce jeu de construction, en PDF, pour construire des modĂšles qu’il n’a pas.

    • j’avais envie de modifier mon « c’était mieux » avant par un #c'Ă©tait_mieux_avant_mais_maintenant_c'est_pas mal_non_plus :)
      Pour en revenir à la concentration des enfants et leur manque du gout de l’effort, je suis dubitative.
      Quand je vois le temps que passe mon mĂŽme (et hop, j’vous raconte ma vie^^) passe Ă  chercher des solutions pour ses jeux vidĂ©os, le nombre de forum qu’il consulte, les recherches sur Google traduct pour s’exprimer dans son anglais vacillant je me dis que la concentration, il l’a, le sens de l’effort aussi... aprĂšs il ne les met pas (encore ?) forcĂ©ment lĂ  oĂč le collĂšge voudrait qu’ils soient mais c’est un autre dĂ©bat.
      Et je n’ai pas l’impression qu’il se fasse dĂ©stabiliser par les diffĂ©rentes icones qui s’offre Ă  lui quand il lit un truc, ça me semble plus ĂȘtre un problĂšme pour nous « les vieux ».

      quand j’étais Ă  la fac (j’vous raconte ma vie 2Ăšme Ă©pisode), j’avais commencĂ© des recherches pour Ă©crire un truc autour de la question de la « sociabilitĂ© et les forums/chat de MMORPG chez les ados dit desociabilisĂ©s » car j’étais dĂ©jĂ  dubitative face au discours ambiant disant que les Ă©crans tuaient la communication et la sociabilitĂ©. HĂ©las, je n’ai pas menĂ© le truc jusqu’au bout (manquerai je de sens de l’effort ?^^)

      De plus, je me dis que dans la sociĂ©tĂ© actuelle, pas mal d’adulte que nous sommes avons pas mal de culot de reprocher Ă  nos enfants d’ĂȘtre tout le temps devant des Ă©crans quand on voit le temps que nous y passons nous mĂȘme.

      Donc je vais conclure comme vous, tout est question d’utilisation :)
      et le « c’était mieux avant » c’était pour rire et non pour critiquer.

      sinon, l’escalade ça developpe la concentration ET le sens de l’effort...
      Il y a le tir à l’arc aussi pour la concentration.

    • Les tablettes ont justement Ă©tĂ© "crĂ©Ă©es" pour abolir tout problĂšme d’usage et pour ne proposer qu’une expĂ©rience utilisateur qui laisse celui ci bien loin d’un exomil.

      "Quand la question économique prime sur la réponse éducative
      Nicholas Negroponte, le fondateur du Media Lab du MIT et le promoteur du programme OLPC allait rĂ©cemment, dans une tribune pour la Technology Review jusqu’à dĂ©fendre l’apprentissage sans Ă©cole."
      ▻http://www.internetactu.net/2012/10/17/linnovation-educative-une-question-economique

      Vers une culture numĂ©rique lettrĂ©e ?
      ▻http://skhole.fr/vers-une-culture-numĂ©rique-lettrĂ©e

      "La politique d’introduction des « TIC » Ă  l’école conduite jusqu’ici a d’une part consistĂ© en un effort d’équipement matĂ©riel et logiciel des Ă©tablissements scolaires, certes incontournable en tant que tel, mais qui a pris d’emblĂ©e la forme d’un certain assujettissement Ă  l’offre existante des industriels du secteur : ce faisant, l’institution scolaire renonçait dĂ©jĂ  en un sens Ă  jouer un rĂŽle actif dans l’informatisation de l’école, et se contentait d’adopter sans se poser de questions les standards de l’informatique grand public ; l’outil lui Ă©chappait ainsi, faute d’avoir correctement estimĂ© ni mĂȘme peut-ĂȘtre envisagĂ© que son choix mĂȘme pouvait avoir une dimension stratĂ©gique. ParallĂšlement, cĂŽtĂ© contenu, dans une dĂ©marche adossĂ©e Ă  la nouvelle politique europĂ©enne des « autoroutes » puis de la « sociĂ©tĂ© de l’information », il s’est agi avant tout de dresser une liste de « compĂ©tences » techniques de base Ă  acquĂ©rir – gestion des machines, administration minimale des systĂšmes, formation aux usages les plus courants : mail, web, traitement de texte, recherche, etc. Cet ensemble de compĂ©tences ou d’habiletĂ©s Ă©tait Ă©noncĂ© comme devant dĂ©sormais faire partie du bagage technico-cognitif minimal attendu d’un homme ou d’une femme de la nouvelle Ă©poque en train de se dessiner.

      Cette dĂ©marche a minima, sans grande ambition ni apparemment sans grand danger, s’est accompagnĂ©e d’un discours, en France, en Europe et dans le Monde, sur la nĂ©cessitĂ© de favoriser l’ « intĂ©gration » des jeunes gĂ©nĂ©rations en leur donnant de quoi rĂ©pondre aux « besoins » de cette nouvelle « sociĂ©tĂ© de l’information », autrement dit, mais sans le dire, de leur faire acquĂ©rir les habitudes d’usage rĂ©clamĂ©es par elle ; elle consistait donc en rĂ©alitĂ© essentiellement en une adaptation Ă  la demande, aux critĂšres et aux produits des industries qui dominent entiĂšrement le secteur, et visait Ă  parachever ainsi l’intĂ©gration de cette « sociĂ©tĂ© de l’information » elle-mĂȘme, son informatisation intĂ©grale. Comme l’a bien montrĂ© Alexandre Serres[1], cette logique adaptative, Ă  fondement comportementaliste et Ă  visĂ©e principalement Ă©conomique, est manifeste dans un grand nombre de textes internationaux, notamment politiques, qui posent la nĂ©cessitĂ© d’enseigner cette « maĂźtrise » ou « culture de l’information » (Information Literacy) aux jeunes gĂ©nĂ©rations. Ainsi par exemple, en France, la « Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école » de 2005 intĂšgre dĂ©sormais au « socle commun » de connaissances et de compĂ©tences la « maĂźtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication »"

    • Le fait que des cadres de la Silicon Valley choisissent de scolariser leurs enfants dans des Ă©coles dĂ©connectĂ©es oĂč les enseignants sont adeptes de la pĂ©dagogie « Waldorf-Steiner » doit nous interpeler :

      Il est Ă  ce titre significatif, au delĂ  de l’anecdote, qu’au moment mĂȘme oĂč M. Serres cĂ©lĂšbre l’émancipation nouvelle de Petite Poucette grĂące aux vertus de ses multiples prothĂšses numĂ©riques, les dirigeants des « Big Four » choisissent d’envoyer leurs propres enfants dans des Ă©coles dĂ©connectĂ©es


      Cette Ă©duca­tion « dĂ©con­nec­tĂ©e », Ă  l’ancienne, n’est pour­tant pas don­nĂ©e. Il faut en effet comp­ter 17.750 dol­lars (13.200 euros) par an de la mater­nelle au col­lĂšge, et 24.400 dol­lars (18.150 euros) par annĂ©e de lycĂ©e. Thierry Klein, pré­sident de Speechi (sociĂ©tĂ© qui dĂ©ve­loppe des logi­ciels de for­ma­tion en ligne), ana­lyse sur son blog les rai­sons qui poussent ces parents high-tech Ă  dĂ©pen­ser une petite for­tune pour pri­ver leurs enfants des gad­gets modernes :

      « Il y a bien sĂ»r la convic­tion, Ă©tayĂ©e main­te­nant par de nom­breuses Ă©tudes, que la tech­no­lo­gie n’amĂ©liore pas, ou pas beau­coup, le niveau des Ă©lĂšves. Mais le fac­teur clĂ© [...] est la convic­tion qu’ont les parents que [la tech­no­lo­gie] diver­tit les Ă©lĂšves, les dĂ©tourne du savoir. Celui qui va sur Internet [...] a toutes les chances de se retrou­ver Ă  faire autre chose que de la recherche (lire la bourse, les rĂ©sul­tats spor­tifs, chat­ter sur MSN...). Les concep­teurs des machines que sont Google, l’iPad ou encore eBay sont par­fai­te­ment conscients du phé­no­mĂšne d’addiction qu’ils crĂ©ent et veulent en pré­ser­ver leurs enfants. C’est d’un cynisme gĂ©nial. »

      Ces deux extraits se trouvent respectivement sur :
      ▻http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres#_ftnref14
      â–șhttp://www.vousnousils.fr/2012/02/28/pas-dordi-a-lecole-pour-les-enfants-des-cadres-de-google-ou-debay-522349

      D’autres lectures pour se documenter sur le sujet :

      ▻http://www.icem-freinet.net/~idem68//309_19.pdf
      un interview de Pierre-Gilles De Gennes (prix Nobel de physique) diffusĂ© par « FenĂȘtre sur cour » pĂ©riodique syndicale du SNUipp (FSU), juillet-aoĂ»t 1999.

      ▻http://www.cemea.asso.fr/IMG/UEN2003ouverture.pdf
      discours d’ouverture de l’UniversitĂ© d’étĂ© de l’Éducation Nouvelle (aoĂ»t 2003) qui reprend quelques citations de l’interview prĂ©cĂ©dente pour illustrer un propos plus politique sur leurs missions. Et quand j’ai relu ce texte de 2003, j’ai trouvĂ© qu’il Ă©tait terriblement clairvoyant sur ce qu’il risquait d’advenir concernant l’évolution de nos sociĂ©tĂ©s.