J’ai déjà entendu ce nom là quelque part.
C’était en mai 2010. Sous les ors de l’hôtel Matignon, François Fillon recevait La Revue des deux mondes et célébrait un numéro spécialement consacré à Philippe Séguin, disparu quelques mois plus tôt. De son pupitre, le premier ministre avait salué les orphelins de l’ancien président du RPR et les contributeurs exceptionnels de ce hors-série. Parmi eux, « Marc Ladreit de Lacharrière, membre de l’Institut », ainsi que le clame chaque mois la couverture orange de la plus vieille et balzacienne revue française.
La Revue des deux mondes, dont Pénélope Fillon a touché 5 000 euros brut par mois entre mai 2012 et décembre 2013, n’est qu’une toute petite parcelle du vaste empire Fimalac. Finance, hôtellerie, immobilier, loisirs, digital, spectacles, presse, le holding de Marc Ladreit de Lacharrière, créé en 1991, pèse aujourd’hui 3 milliards d’euros en Bourse. La vieille dame de bientôt 200 ans est à la fois l’antiquité du groupe et le salon littéraire et politique de « MLL », comme on l’appelle. Mieux que Fitch, cette agence de notation qui fait la loi dans le CAC 40, davantage encore que « sa » salle Pleyel rachetée en 2016, la revue raconte les manières de ce milliardaire de 76 ans soucieux d’être dans le monde – du club Le Siècle au cercle Bilderberg en passant par le Jockey Club.
Au George V, palace des Champs-Elysées, les dîners-débats de la revue voient chaque mois se succéder les grands de la politique française : François Fillon, mais aussi Giscard, Barre, Sarkozy, Hollande, Fabius, Le Drian, Ayrault.... « Ladreit » n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il peut présenter à un ministre un chanteur, un architecte, un banquier ou un intellectuel – et inversement. De sa main droite, le « grand mécène » du Louvre, 32e plus grosse fortune de France, donne de l’argent aux arts ; de l’autre, il prodigue expertises et avis à ses amis. François Fillon, par exemple.
Le 21 septembre 2007, le premier ministre...
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