Il y a deux ans, disparaissait une fille de « joie »

« Mais qui croyez-vous que je sois, demande Arcan à ses clients, je suis la fille d’un père comme n’importe quel père, et que faites-vous ici dans cette chambre à me jeter du sperme au visage alors que vous ne voudriez pas que votre fille en reçoive à son tour, alors que devant elle, vous parlez votre sale discours d’homme d’affaires. » Je croirai que la prostitution est un métier comme les autres le jour où les prostitué(e)s - mais aussi les intellectuel(le)s, il n’y a pas de raison ! - encourageront leur fille à pratiquer ce métier.

C’est toujours un peu limite ces comparaisons parce que les pères qui veulent pas que leurs filles reçoivent des éjacs faciales, c’est pas tant lié à la question de la prostitution qu’à celle du sexe qui est sale, et donc le père pas content c’est tout de même méchamment patriarchal, précisément…

Elle interpelle les pères, parce que ce sont eux qui lui grimpent dessus, pas les mères.
Sinon, en tant que mère, je n’ai pas non plus envie que ma fille devienne héroïne de #sextape, star du porno ou « fille de joie ».

Et si c’est son choix ?

J’y pense : l’Arc de triomphe ressemble davantage à un sexe de femme qu’à un sexe d’homme. Ne devrait-on pas y entretenir en permanence une flamme à la mémoire de la « Pute inconnue » ?

@biggrizzly : bonne question. Je n’ai pas non plus envie que ma fille s’achète une moto, se mette à boire de l’alcool ou se couvre le visage de piercing.. On a tous notre formatage moral, et on oublie que la morale à la base, c’est pas forcément totalement infondé. La morale bien souvent, elle part d’une volonté de se protéger, de nous protéger contre des comportements dangereux, qui peuvent nous nuire, physiquement ou moralement.
Ce n’est pas « mal » de se prendre une « ejac faciale » à priori, mais si ça concerne notre fille, immédiatement on a peur pour elle, peur qu’elle ne soit plus respectée, qu’elle soit humiliée, violentée, bref la morale est le formatage qui nous programme des réflexes si fort qu’il faut faire un effort pour comprendre notre propre réaction. Le problème de la morale, c’est quand la notion de bien ou de mal, de norme comportementale, prend le pas sur l’origine réelle de cette morale. C’est quand le comportement que tu t’imposes n’est plus dicté par la raison, par la lucidité, mais par le poids de la norme, la peur de d’être jugé par tes pairs, la peur du sentiment de honte. La morale est une autorité aliénante.

Et dans notre rapport à la prostitution il y a évidemment ce conditionnement moral qui ressort, comme dit Nancy Huston, ce n’est pas la raison qui s’exprime le plus facilement, mais l’émotion..

C’est compliqué de parler de la prostitution car la plupart des gens sont violemment ou pour ou contre ; les émotions étant fortes, le débat a tendance à dégénérer.

@sammyfisherjr : oui, Napoléon, avec son obélisque et son arc de triomphe a bien résumé tous les symboles de la domination, des pères guerriers qui vont mourir pour la mère patrie, tout en passant sur le corps de quelques femmes au passage...

Dans le genre trash, une autre version...
Je n’aimerais pas que ma fille écrive un jour ce genre de choses à un homme de pouvoir..
►http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0202833000258-l-etrange-lettre-de-christine-largarde-a-nicolas-sarkozy-5763

La lettre de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy
« Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement .
1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France.
2) J’ai fait de mon mieux et j’ai pu échouer périodiquement. Je t’en demande pardon.
3) Je n’ai pas d’ambitions politiques personnelles et je n’ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile comme nombre de ceux qui t’entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable.
4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.
5) Si tu m’utilises, j’ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d’être inefficace, sans soutien je risque d’être peu crédible.
Avec mon immense admiration. Christine L ». 

Cette idée de choix dans la prostitution me renvoie toujours immanquablement aux commentaires des bons samaritains au sujet de la femme battue du chalet d’à côté, quand j’étais gosse : « si elle reste, c’est bien parce qu’elle y trouve aussi son compte ».