▻http://www.liberation.fr/culture/2015/06/05/anish-kapoor-a-versailles-on-est-face-a-un-probleme-politique_1323695
Dans les contestations extrêmement violentes et militantes dont font l’objet ces œuvres d’art, comme celle précédemment de Paul McCarthy ou Jeff Koons, intervient un certain nombre de questionnements sur les notions d’identité, de frontière, de nation. Et je crois que le fait que des groupes constitués puissent ainsi se prêter à des critiques extrêmement violentes, d’œuvres que souvent ils ont à peine ou pas vues, traduit un moment soit de crise d’une civilisation, soit de transition civilisationnelle - ce qui n’est d’ailleurs pas incompatible. Ces groupes sont rivés à l’idée que les identités doivent être figées de toute éternité. Les identités nationales, sexuées et sexuelles, les territoires, les frontières, tout doit demeurer fixe et étanche. Ces représentations butent forcément contre une société qui, dans sa majorité, se défait de cette conception de l’identité au profit de l’idée que les identités sont relationnelles, que l’individu peut aussi avoir plusieurs identités, que l’identité sociale n’est pas forcément confondue avec l’identité professionnelle, sexuelle ou familiale. Ce changement à l’œuvre produit fatalement des replis et des désarrois auxquels nous confrontent ces affaires.
Je sens que l’on va encore atteindre des sommets d’intelligence.
Je note par ailleurs que dans le cas de l’agression de Paul Mac Carthy l’hiver dernier j’avais été frappé par le fait que son agresseur avait déclaré l’avoir reconnu fortuitement. Ce que je trouve très étonnant, parce que je pense que la plupart des amateurs d’art contemporain, dont je suis modestement, n’ont pas la moindre idée de la tête que peut avoir un type comme Mac Carthy. Je pense par exemple que je pourrais croiser Giuseppe Penone demain dans la rue, sans le reconnaître. Donc non, on sent bien qu’il s’agit-là d’une mission. De missions. De missions futures. J’avais envie d’aller voir cette exposition, je sens que je ne vais pas trop tarder avant que des abrutis ne commettent l’irréparable.