Harcèlement sexuel au Japon : « C’était mon supérieur et je devais obéir »

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    A.T. et Y.T. ont toutes les deux 24 ans et leur histoire illustre comment le harcèlement sexuel peut être, au Japon également, une réalité aussi triviale que répandue dans le monde du travail. En mars, un rapport du gouvernement révélait qu’un tiers des employées étaient harcelées sexuellement. Sur les 1 700 femmes qui ont accepté de répondre à l’enquête, 40 % citaient des cas d’attouchements non désirés. Et 63 % ont choisi de ne rien dire.

    [...] « Ce genre de cas de harcèlement sexuel ne diminue pas au Japon, malgré des lois et des lignes téléphoniques spéciales créées dans les entreprises », explique Keiichi Idekubo. Car en 1985, Tokyo a ratifié la convention de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes et a voté la loi sur l’égalité des chances en matière d’emploi. « Les employeurs sont tenus de protéger leurs employés », indique Louis Carlet du syndicat Tozen. Quatre ans plus tard, le seku-hara (pour sekushuaru-harasumento, la version « japonisée » du terme « harcèlement sexuel ») faisait son entrée dans le vocabulaire nippon. Avec l’adoption de l’acte sur l’égalité des chances en 1999 (amélioré en 2007 pour inclure les victimes hommes) et la création du Bureau pour l’égalité entre les sexes, l’archipel a sérieusement renforcé son arsenal législatif, à la fois pour lutter contre le harcèlement et afin d’encourager les femmes à revenir sur le marché de l’emploi.

    [...] « Il y a de plus en plus de cas qui débouchent sur des actions en justice et une plus grande attention des réseaux sociaux, reprend Louis Carlet de Tozen. Mais beaucoup d’affaires restent tues car les conséquences peuvent être désastreuses et l’exclusion réelle si l’on s’expose trop. » Y.T. s’est séparée de son ami qui « n’avait plus la patience d’attendre qu’elle aille mieux ». A.T. a gardé le sien. Mais, encore secouées, toutes deux peinent à retrouver un travail pérenne et confiance en elles. En attendant une décision de justice, elles sont condamnées à la précarité