• C’était 2009... c’était lors de l’accord d’amitié entre l’ #Italie et la #Libye... toujours bien de se le rappeler...
    "Ho eseguito gli ordini ma mi vergogno Quei disperati ci chiedevano aiuto"

    «È l’ordine più infame che abbia mai eseguito. Non ci ho dormito, al solo pensiero di quei disgraziati», dice uno degli esecutori del «respingimento». "Dopo aver capito di essere stati riportati in Libia - aggiunge - ci urlavano: «Fratelli aiutateci». Ma non potevamo fare nulla, gli ordini erano quelli di accompagnarli in Libia e l’abbiamo fatto. Non racconterò ai miei figli quello che ho fatto, me ne vergogno".

    Parlano i militari delle motovedette italiane - quella della Guardia di Finanza, la «Gf 106» e quella della Capitaneria di porto, la «Cpp 282» - appena rientrati dalla missione rimpatrio. Sono stati loro a riportare in Libia oltre 200 extracomunitari, tra i quali 40 donne (3 incinte) e 3 bambini, dopo averli soccorsi mercoledì scorso nel Canale di Sicilia. Un «successo», lo ha definito il ministro Maroni, che finanzieri e marinai delle due motovedette non condividono anche se hanno eseguito quegli ordini. Niente nomi naturalmente, i marinai delle due motovedette rischierebbero quanto meno una punizione se non peggio. Ma molti non nascondono il loro sdegno per quello che hanno vissuto e dovuto fare. «Eravamo impegnati in altre operazioni - dicono fiamme gialle e marinai della capitaneria - poi improvvisamente è arrivato l’ordine di andare a soccorrere quelle tre imbarcazioni, di trasbordarli sulle nostre motovedette e di riportarli in Libia».

    Non è stato facile, a bordo di quelle carrette del mare c’erano donne incinte, tre bambini e tutti gli altri che avevano tentato di raggiungere Lampedusa. «Molti stavano male, alcuni avevano delle gravi ustioni, le donne incinte erano quelle che ci preoccupavano di più, ma non potevamo fare nulla, gli ordini erano quelli e li abbiamo eseguiti. Quando li abbiamo presi a bordo dai tre barconi ci hanno ringraziato per averli salvati. In quel momento, sapendo che dovevamo respingerli, il cuore mi è diventato piccolo piccolo. Non potevo dirgli che li stavamo portando di nuovo nell’inferno dal quale erano scappatati a rischio della vita».

    A bordo hanno anche pregato Dio ed Allah che li aveva risparmiati dal deserto, dalle torture e dalla difficile navigazione verso Lampedusa. Ma si sbagliavano, Roma aveva deciso che dovevano essere rispediti in Libia. «Nessuno di loro lo aveva capito, ci chiedevano come mai impiegavamo tanto tempo per arrivare a Lampedusa, rispondevamo dicendo bugie, rassicurandoli».

    La bugia non è durata molto, poco prima dell’alba qualcuno ha notato che le luci che vedevano da lontano non erano quelle di Lampedusa ma quelle di Tripoli. Alla fine i marinai italiani sono stati costretti a spiegare: «Non è stato facile dire a tutta quella gente che li avevamo riportati da dove erano partiti. Erano stanchi, avevano navigato con i barconi per cinque giorni, senza cibo e senza acqua. Non hanno avuto la forza di ribellarsi, piangevano, le donne si stringevano i loro figli al petto e dai loro occhi uscivano lacrime di disperazione».

    Lo sbarco a Tripoli è avvenuto poco dopo le sette del mattino: "Vederli scendere ci ha ferito tantissimo. Ci gridavano: «Fratelli italiani aiutateci, non ci abbandonate»". Li hanno dovuti abbandonare, invece, li hanno lasciati al porto di Tripoli dove c’erano i militari libici che li aspettavano. Sulla banchina c’erano anche i volontari delle organizzazioni umanitarie del Cir e dell’Onu, ma non hanno potuto far nulla, si sono limitati a contare quei disperati che a fatica, scendevano dalla passerelle delle motovedette per tornare nell’inferno dal quale erano scappati. Le donne sono state separate dagli uomini e portati in «centri d’accoglienza» vicino Tripoli. Non si sa che fine faranno.
    Solo uno è riuscito a sfuggire al rimpatrio. Un ventenne del Mali che aveva intuito cosa stava succedendo a bordo e si era nascosto sotto un telone. Ha messo la testa fuori solo quando la motovedetta della Finanza è attraccata a Lampedusa, ha aspettato che a bordo non ci fosse più nessuno e poi è sceso anche lui. È stato rintracciato mentre passeggiava nelle strade dell’isola ed ha subito confessato. Adesso si trova nel centro della base Loran di Lampedusa. Un miracolato.

    http://www.repubblica.it/2009/04/sezioni/cronaca/immigrati-6/nave-viviano/nave-viviano.html?refresh_ce
    #témoignage #renvois #expulsions #refoulement #push-back #ordres #exécuter_les_ordres #désobéissance_civile #asile #migrations #réfugiés #Méditerranée #gardes-côtes #honte #accord_d'amitié #traité_de_Benghazi #trattato_di_Bengasi

  • Je mentionnais ici le très bon #film de #Andrea_Segre, #L'ordre_des_choses (L’ordine delle cose) :
    http://seen.li/dqtt

    Le film prend le point de vue de Corrado Rinaldi, un homme de loi qui aide à régulariser le débarquement des immigrants en traitant avec les autorités libyennes.

    Sur le fil de discussion en lien avec les accords entre l’#Italie et l’#UE/#EU avec la #Libye et notamment avec les #gardes-côtes_libyens.

    Je remets ici le film, également pour ajouter l’interview à Segre publiée sur Franceinfo.
    https://www.francetvinfo.fr/partenariats/lordre-des-choses-un-film-de-andrea-segre-au-cinema-le-7-mars_2621934.h
    L’interview commence par ce constat : « cette fiction que vous avez imaginée est devenue réalité » (hélas).

    Quelques passages très intéressants de l’interview :

    J’ai réalisé un documentaire, #Mare_Chiuso, qui a été distribué à partir de mars 2012 ; c’est-à-dire au moment où la Cour européenne des droits de l’Homme, basée à Strasbourg, a condamné l’Italie pour les opérations de refoulement de migrants en provenance d’Afrique sub-saharienne et les accords, conclus sous l’ère #Berlusconi, avec la Libye de Mouammar #Kadhafi. C’est une condamnation historique car elle a été unanime. L’Italie a été épinglée parce que sa marine militaire a directement participé à des opérations visant à refouler des migrants vers les côtes libyennes, sans que ces derniers n’aient eu la possibilité de demander asile. Ce qui est une violation des traités et conventions dont le pays est signataire. En 2012, Mare Chiuso s’est inscrit dans la campagne destinée à faire pression sur le gouvernement italien pour condamner politiquement la façon dont l’Italie traitait les migrants. Et j’ai compris au cours de cette campagne que le verdict de la Cour de Strasbourg avait été interprété par l’ensemble de la classe politique italienne, y compris le Parti démocrate (de centre gauche), comme un conseil implicite, à savoir celui d’organiser des opérations de refoulement sans que l’Italie ne puisse être accusée d’avoir violé les droits des migrants.

    #accord_d'amitié #traité_de_Benghazi #trattato_di_Bengasi

    C’est à la même période que les opérations de sauvetage des migrants ont été lancées dans le cadre de #Mare_Nostrum, l’opération militaro-humanitaire lancée par #Enrico_Letta, président du Conseil italien en 2013, pour secourir les migrants en mer après le naufrage meurtrier de Lampedusa. Ces opérations ont permis de positionner des navires militaires italiens dans les eaux territoriales internationales, en face de la Libye. Cette flottille a été renforcée par d’autres pays européens. La présence de tous ces navires a permis de continuer à former les garde-côtes libyens en dépit du chaos qui régnait dans leur pays.

    #Letta #3_octobre_2011

    Une certitude : le gouvernement italien est arrivé avec le soutien des Européens à conduire des opérations de #refoulement en étant pleinement conscient des conséquences humaines qu’elles entraînaient. Les fonctionnaires italiens et européens ont visité les centres de détention et se sont entretenus avec les miliciens qui les gèrent. Ils avaient une vision assez claire de la situation en Libye. Par conséquent, le choix de faire aboutir ces opérations de refoulement, coûte que coûte, est bien l’expression d’une débâcle éthique et morale.

    #push-back #milices #débâcle_éthique #débâcle_morale

    Avant l’été 2015, les Allemands et d’autres pays européens ont demandé à l’Italie d’arrêter les opérations de sauvetage parce qu’elles ouvraient les portes de l’Europe. Par ailleurs, à cette même période, tous les efforts européens se sont déplacés vers les Balkans qui étaient le théâtre d’une autre crise migratoire. À partir de ce moment, les ONG ont pris le relais pour porter secours aux migrants, mais la marine italienne a continué à coordonner les opérations de sauvetage. Quelques mois plus tard, les Européens sont revenus en Italie avec un message sans ambiguïté : « Nous avons fermé “la route des Balkans”, il faut faire de même en Méditerranée ». L’Europe se donne dès lors les moyens humains et matériels pour fermer la porte en Libye. Les autorités italiennes ont pu alors bénéficier des ressources financières et humaines émanant de l’Union européenne pour boucler les démarches entamées depuis près de quatre ans. Pour atteindre ce but, et c’est terrible, les pays européens ont accepté que la conséquence inévitable de leur nouvelle politique de refoulement serait la détention de migrants dans des centres gérés par des miliciens libyens, au mépris de leurs droits les plus élémentaires. Autrement dit, durant toutes ces années de préparation, les Européens n’avaient trouvé pour partenaires que ces miliciens, connus également pour être des trafiquants. Résultat : l’Europe a conforté le pouvoir des milices libyennes pour parvenir à ses fins, et s’est compromise sur un plan moral et éthique.

    #Méditerranée #route_des_balkans #balkans

    Dans la brochure qui était offerte dans la salle de cinéma, l’interview était plus long. Je recopie ici deux passages intéressants :

    « Quand à ces opérations de rapatriement, soi-disant volontaires, nous atteignons des sommets d’hypocrisie. C’est évident que l’on ne peut pas parler de volontariat quand on propose à un migrant, qui vit un enfer, de rentrer chez lui »

    #retour_volontaire

    « J’estime que la transformation xénophobe de la société européenne est liée à la pression que nous sommes en train de créer au niveau de nos frontières. »

    #xénophobie #racisme

    • Dans la même brochure un extrait traduit d’un texte de #Igiaba_Scego, écrivaine et journaliste d’origine somalienne :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Igiaba_Scego

      Le texte complet, en italien, ici :
      https://lordinedellecose.it/wp-content/uploads/2017/08/Pamphlet-WEB-1.pdf

      Que je copie-colle ci-desssous :
      A noi mai

      Ho sempre amato il film Casablanca. Un classico della cinematografia mondiale. Un intenso Humprhey Bogart, una fatata Ingrid Bergman, una storia d’amore che non ha uguali nel mondo della celluloide. I loro sguardi languidi, intensi, unici sono rimasti nel cuore di molti di noi. Bogie&Ingrid in the star with diamonds, ci verrebbe da dire parafrasando i Beatles, ma c’è dell’altro. E questo altro sono i rifugiati di cui il film parla. Infatti pochi si accorgono, o addirittura non l’hanno mai saputo, che Casablanca mette in scena il dramma dei rifugiati europei in fuga dal nazismo. Una folla fatta di anarchici, ebrei, dissidenti, antifascisti, gente comune, famiglie, bambini che hanno perso ogni cosa. Nel film la città marocchina è solo un riflesso di Marsiglia, un riflesso edulcorato di quella città francese che durante la guerra pullulava di trafficanti e di miseria. Hollywood non ci mostra quella miseria,non può, non sarebbe Hollywood senza un abito da sera e un paio di tacchi a spillo, ma ecco in Casablanca nonostante il glamour spunta qua e là quella verità che negli anni ‘40 era sotto gli occhi di tutti. Ho sempre trovato particolarmente intensa la scena in cui due anziani signori parlano tra loro in inglese rifiutandosi di usare la madrelingua tedesca.
      Il motivo è semplice vogliono (ancor prima di arrivarci) abituarsi all’idioma del nuovo mondo che verrà per loro, vogliono provare a sentirsi un po’ a casa in quella lingua così straniera. C’è una scena che tutti ricordano di #Casablanca, una scena a me particolarmente cara, quella in cui i rifugiati riuniti al Rick cafè (il luogo in cui potevano trovare i trafficanti e vendersi per ottenere un visto) cantano la Marsigliese per contrastare il canto arrogante dei nazisti. L’attrice Madeleine Lebeau, che interpreta Yvonne l’amante di Bogart, ci regala un fotogramma indimenticabile dove piange gridando il nome della patria perduta, Vive La France, dice e noi tutti ci commuoviamo. Le lacrime di Madelaine sono vere, infatti lei e il marito, come i personaggi del film, avevano fatto un viaggio allucinante che li aveva portati dalla Francia occupata fino a Lisbona. Il tutto usando documenti falsi, andando incontro a respingimenti e rimanendo intrappolati in quel non luogo che per molti rifugiati era Marsiglia.La vita di Madelaine sembra quella di una rifugiata siriana di oggi, la coincidenza colpisce. Sono storie quelle di Casablanca di rifugiati europei che l’Europa ha però presto dimenticato, ma che i suoi scrittori non hanno mai perso di vista. Come non pensare ad #Hercule_Poirot di #Agatha_Christie? Quell’investigatore impomatato sempre preoccupato per i suoi baffetti era anche lui un rifugiato. La dama del giallo l’avrebbe inventato ispirandosi a uno dei tanti belgi che l’Inghilterra aveva accolto (ne accoglierà 250.000) durante la prima guerra mondiale.
      L’Europa ha dimenticato quando era lei a scappare dalle guerre. Si scappava anche dalle carestie come gli irlandesi negli Stati Uniti. E poi non ultima l’epopea degli emigranti italiani che in mancanza di tutto si riversavano nelle terze classi dei bastimenti con la speranza di trovare un paese dove ricominciare. L’Europa ha davvero la memoria corta e nel dimenticare non vuole cercare soluzioni per le migrazioni odierne che la vedono come territorio di approdo. Oggi siamo intrappolati in una narrazione binaria per quanto riguarda migranti e rifugiati provenienti in Europa dal Sud globale. Il paradigma in uso è quella del contenimento o respingimento. Ed ecco che le nostre orecchie sono bombardate da una parte da “aiutiamoli a casa loro”, “Non possiamo prenderci carico di tutta l’Africa” o un secco “non li vogliamo, se la sbrigassero da soli”, dall’altra invece si parla solo di accoglienza, dove la buona volontà si unisce a tratti ad una visone solo migratoria dell’altro condita da un paternalismo a tratti coloniale. Sono pochi a parlare oggi di diritto alla mobilità e apartheid di viaggio. Pochi a parlare di reciprocità nei diritti sia per chi scappa dalle guerre sia per chi vuole semplicemente coronare un sogno.
      Così costringiamo sia i rifugiati, sia i migranti a viaggi impossibili. Anzi ultimamente stiamo costringendo molte persone, con una schizofrenia europea che non ha pari nella storia, a fingersi rifugiate. Se scappi da una guerra forse ti tollero (formalmente) un po’, ma se vieni per trovare un lavoro o per studiare non entrerai mai (o peggio entri, ma ti farò rimanere un illegale a vita, sfruttabile da mafie e caporali).
      E ora nel Mediterraneo queste contraddizioni le stiamo pagando con i morti in mare, il terrorismo nelle città, l’ansia che non ci da tregua. Questa idea di fortezza Europa sta intrappolando gli altri fuori e gli europei dentro un recinto malefico, che ci rende sempre più deboli davanti a chi vuole la distruzione delle democrazie.
      Viviamo di fatto in un pianeta dove se nasci nel posto giusto (nel Nord del mondo ricco, il cosiddetto occidente, ma anche la Cina, il Giappone, l’Australia) hai la possibilità di andare dove ti pare, basta un visto, un biglietto aereo e un trolley. Non serve altro. Ed ecco per chi nasce nel posto giusto un ventaglio di possibilità da seguire. E lì si può pensare di andare a studiare all’estero, lavorare per un po’ in un altro paese, trasferirsi per amore (o bisogno), e si perché no farsi una meritata vacanza se questo si desidera. Si è turisti e al limite, anche quando si decide di emigrare, non si viene definiti migranti economici, ma espatriati. Gli italiani lo sanno bene, i media infatti chiamano cervelli in fuga i tanti giovani che vanno all’estero per trovare il lavoro che in Italia non si trova più. Si, cervelli in fuga, anche se molti all’estero non hanno la possibilità di usare il loro cervello, ma sono costretti a raccogliere le cipolle in Australia, fare i camerieri a cottimo a Londra o vivere l’atroce situazione di essere illegale a New York City. L’emigrazione interna, italiana ed europea, viene edulcorata con perifrasi sempre più acrobatiche, Ma questa migrazione (come quella degli spagnoli, dei portoghesi, degli slovacchi, dei polacchi, dei bulgari, oggi addirittura anche dei rumeni e degli albanesi) non fa rumore, perché (per fortuna aggiungo io) è possibile in clima di legalità di viaggio. Questo purtroppo non è possibile per somali, eritrei, ghanesi, gambiani, senegalesi, ecc. Dall’Africa o dall’Asia (Afghanistan e paesi mediorientali soprattutto) si suppone che i corpi hanno come fine ultimo la migrazione, a volte è così (molti effettivamente sono in fuga da guerra e dittatura), ma altre volte no, le situazioni sono sempre complesse e legate al singolo individuo. Non si pensa mai che un corpo del Sud globale voglia studiare, specializzarsi, lavorare per un po’ e avere la possibilità dopo un lungo soggiorno di tornare indietro, al paese, con le conoscenze acquisite. Non si pensa che un corpo del Sud anche quando fugge da guerre e dittature ha bisogno di leggi sull’asilo chiare, di un percorso burocratico facilitato e di un viaggio sicuro fatto attraverso corridoi umanitari, molto lontani dalle attuali agenzie dell’orrore guidate da trafficanti senza scrupoli. Va detto chiaramente ai nostri governanti che gli abitanti del Sud non vanno considerati parassiti da fermare ad ogni costo o vittime passive da aiutare. Hanno un passato e possono riavere un futuro. Ma invece di collaborare ad una sinergia di intenti, il Nord mette in campo per “difendersi” i fantasmi della nostra contemporaneità: i tristi muri, gli apparati securitari, le strutture extraterritoriali che gestiscono enormi flussi di denaro, gli accordi ricatto con sedicenti leader locali (spesso autonominati o da noi imposti) che come usurai chiedono sempre di più ad una Europa disunita e confusa. Chiediamo agli altri di fare il lavoro sporco, di farli morire un po’ più in là questi rifugiati/migranti, non a favore di telecamera insomma. Nessuno dice agli abitanti spaventati del Nord che un viaggio legale è sicuro per il “migrante”, il rifugiato, lo studente ed è sicuro anche per il paese di approdo, perché con un sistema legale si ha la vera percezione di chi effettivamente arriva nel nostro territorio e perché. Possiamo monitorare la situazione, evitando di farci infiltrare da presenze non gradite. E soprattutto il viaggio legale ci toglierebbe dal ricatto in cui siamo precipitati pagando tagliagole e dittatori. Inoltre nessuno parla all’europeo spaventato della contraddizione del continente che da una parte non vuole le persone del Sud (anche se poi gli studi sottolineano che l’Europa senza migranti è perduta, niente più pensioni per esempio) e dall’altra vuole le sue risorse che si prende con la forza usurpando territori e cacciando popolazioni. È utopia, mi chiedo, cambiare il paradigma di questa relazione malata tra Europa (Occidente in genere) e Sud globale? Non credo sia impossibile. Io lo dico sempre che i miei genitori dalla Somalia sono venuti in Italia in aereo (non con il barcone!), erano gli anni ‘70. e ho l’immagine anche di tanti famigliari e dei loro viaggi circolari. Si andava in Svezia, in Egitto, in Francia per tornare poi a Mogadiscio. Mio fratello Ibrahim studiava a Praga. E all’epoca nessuno di loro aveva un passaporto europeo, ma viaggiavano con il passaporto somalo che oggi invece è considerato carta straccia in qualsiasi consolato. Forse dobbiamo ridare dignità ai documenti delle nazioni del Sud del mondo. Uscire dall’idea di fortezza. E cominciare a costruire una relazione diversa. Quindi non considerare chi fugge dalla guerra come un disperato, ma come una persona che a causa della guerra ha perso momentaneamente tutto, ma che è stata studente, maestra, ingegnere, dottoressa e potrà tornare ad esserlo. E lo stesso vale per chi non è in fuga, ma cerca semplicemente fortuna. I media velatamente li considerano usurpatori, invasori. E’ chiaro che questo sguardo e questo linguaggio devono cambiare.
      Perché respingere se si possono creare ponti e scambi commerciali o culturali utili?
      Se ci si può difendere reciprocamente dai pericoli (come il terrorismo) che ci colpiscono? Inoltre non sarebbe un cambio di rotta smettere di pagare dittatori per tenere nei moderni lager giovani uomini e donne e mettere in campo invece una cooperazione che non avvalla la corruzione reciproca come purtroppo è sempre stato, ma le eccellenze? Ahinoi le barriere crescono un po’ ovunque. E non è solo il Mediterraneo il dilemma. Per gli africani, per fare un esempio, è difficile al momento attuale anche viaggiare dentro il continente africano stesso. Basta pensare ai centri di detenzione in Angola. Barriere e muri sono addirittura più alti dentro il continente che fuori. La paura del Nord contagia anche il Sud e la cattiva politica spesso sguazza (per ragioni elettorali) dentro queste inquietudini. Ma serve un approccio più sereno.
      Serve soprattutto rompere il monopolio dei trafficanti che dal 1990, attraverso ricatti e violenze, si stanno arricchendo sulla pelle dei migranti e degli europei.
      Il viaggio legale del sud aiuterebbe il nord a non alimentare un mercato sommerso fatto di crimine e terrorismo, perché lì vanno i soldi che vengono depredati ai giovani in cerca di futuro. Terrorismo che (ricordiamolo!) poi usa quel denaro per compiere attentati nelle nostre città, come abbiamo visto a Manchester, a Barcelona, a Parigi, a Londra.
      Legalizzare il viaggio ci permetterebbe inoltre di mettere a riparo anche il nostro futuro. In un momento di incertezza come questo, dove l’Italia e il Sud Europa sono esposti a mille pericoli, ci conviene fare la guerra a chi è più a sud di noi? Che Dio non voglia, ma se un giorno negassero il viaggio legale anche a noi che abbiamo ora passaporti considerati forti? Basta un cambio di rotta negli equilibri politici ed economici o qualche sfortunato evento che ci schiaccia verso il basso nella scala dei poteri globali. Nulla di così improbabile purtroppo. Negli anni ‘60 i somali, belli, eleganti, facevano belle feste davanti al mare con aragoste e branzini, se qualcuno allora avesse detto loro che i figli e i nipoti avrebbero preso un barcone (e non l’aereo come loro) per andare in Europa, facendosi ricattare, stuprare, imprigionare, non ci avrebbero creduto, Avrebbero scosso la testa dicendo “a noi mai”, avrebbero riso probabilmente. E invece è successo. Il futuro è sempre incerto amici miei. Preoccuparsi per i diritti degli altri non è buonismo, ma significa anche (oltre ad essere segno di umanità) preoccuparsi dei propri. Perché non si sa a chi toccherà la prossima volta il fato avverso. Almeno affrontiamolo tutti quanti con dei diritti in tasca. Datemi retta, lo so per esperienza, è meglio. Preoccuparsi per i diritti degli altri non è buonismo, ma significa preoccuparsi dei propri. Perchè non si sa a chi toccherà la prossima volta il fato avverso.

      #WWII #seconde_guerre_mondiale #histoire #réfugiés_européens #deuxième_guerre_mondiale #paternalisme #paternalisme_colonial #fuite_Des_cerveaux #inégalité

  • ITALIE ISOLÉE DANS LA TEMPÊTE MIGRATOIRE
    Article de JÉRÔME GAUTHERET

    Sur les 600 000 migrants arrivés en Italie depuis 2014, la plupart ont traversé la #Méditerranée. Des milliers d’autres y ont péri. L’île de #Lampedusa, avant-poste de l’accueil, est débordée par cette crise humanitaire fortement liée au chaos qui règne en #Libye.

    On rejoint le jardin public en poussant les portes d’une grille qui ne ferme plus depuis longtemps. Puis, après une courte promenade au milieu des agaves et des myrtes, on arrive à un étrange réseau de grottes sommairement aménagées à proximité d’un vieux puits. L’endroit est à peine mentionné par les guides de voyage, mais il mérite qu’on s’y arrête : en effet, le vrai cœur de Lampedusa est là, en ces vestiges
    à peine entretenus d’un sanctuaire millénaire, témoignage unique de ce qu’était l’île avant sa colonisation systématique, au début du XIXe siècle.

    LAMPEDUSA, UNE ÎLE AU CENTRE DU MONDE

    Avant de devenir un paradis touristique perdu au milieu de la Méditerranée, à 150 kilomètres des côtes tunisiennes, en même temps que, pour le monde entier, le symbole de l’odyssée des centaines de milliers de migrants qui, chaque année, bravent tous les dangers pour atteindre l’Europe, Lampedusa a été un havre, un lieu de repos pour les marins de toutes origines qui sillonnaient la mer.

    Marchands phéniciens, arabes ou grecs, chevaliers francs revenant de croisade, pirates barbaresques, pêcheurs en détresse : Lampedusa était leur île. Elle appartenait à tous et à personne. Chacun, du roi de France revenant de Terre sainte au plus humble pêcheur, venait s’abriter ici durant les tempêtes, prier ses dieux et reprendre des forces, en attendant l’accalmie. Aujourd’hui, une chapelle dédiée à
    la Vierge a été aménagée dans la pierre, à deux pas de la grotte, et les habitants viennent, de loin en loin, y déposer quelques fleurs ou prier, dans un calme absolu.

    La " porte de l’Europe ", pour reprendre le nom d’une œuvre d’art installée sur une plage faisant face à l’infini, à la pointe sud de Lampedusa, peut bien être présentée comme une des extrémités de l’Union européenne, un bout du monde exotique. Mais, dès que l’on pose le pied sur l’île, on est assailli par le sentiment inverse : celui d’être au centre d’un espace fluide, au sein duquel les populations ont navigué de rive en rive, depuis toujours. L’impression est encore plus
    saisissante lorsqu’on observe, grossièrement sculptées dans la roche, les traces de ce passé enfoui.

    L’homme qui nous conduit dans ce sanctuaire, un matin d’hiver, s’appelle Pietro Bartolo. Il est né sur l’île en 1956, il en est parti à 13 ans et y est revenu au milieu des années 1980, une fois achevées ses études de médecine. C’est lui qui a fondé, un peu à l’écart du bourg, le petit hôpital qui, aujourd’hui encore, constitue le seul lieu d’assistance, sur terre comme sur mer, à plus de 100 milles nautiques (185 km) à la ronde.

    En tant que directeur de l’#hôpital de Lampedusa, il a accueilli, ces dernières années, des dizaines de milliers de candidats à l’exil sur le quai minuscule qui tient lieu de débarcadère, et les a soignés. Il a aussi eu la terrible responsabilité d’ouvrir, du même geste, des centaines et des centaines de ces grands sacs verts dans lesquels on
    ramène à terre les corps des naufragés. Un film documentaire sorti en 2016, nominé pour l’Oscar, Fuocoammare. Par-delà Lampedusa, dans lequel il jouait son propre rôle, lui a valu une notoriété internationale. A sa manière, lui aussi est devenu un symbole.

    Comme c’est courant ici, l’histoire familiale de Pietro Bartolo est africaine autant qu’italienne. A l’exemple de ces milliers de Siciliens poussés par la misère qui, pendant des décennies, ont pris la mer en sens inverse des migrants d’aujourd’hui pour chercher du travail dans les colonies et protectorats d’Afrique du Nord, la famille de sa mère s’était installée un temps en Tunisie. Cette multitude d’odyssées ordinaires, dont le souvenir est entretenu par les histoires familiales, explique une bonne part des différences de perception du phénomène migratoire entre le nord et le sud de l’Italie.

    LE TEMPS DES " TURCS "

    A la tête de ce qui, à l’origine, n’était guère plus qu’un dispensaire, #Pietro_Bartolo s’est trouvé aux premières loges quand tout a changé. " Ça a commencé dans les années 1990. Les migrants, des jeunes hommes venus d’Afrique du Nord, arrivaient directement sur la plage, par leurs propres moyens, avec des barques ou des canots pneumatiques. Sur l’île, on les appelait “#les_Turcs”, se souvient-il. Les habitants accueillent comme ils peuvent les arrivants, qui gagnent ensuite la Sicile puis, pour l’immense majorité, le continent.

    Le gouvernement, lui, ne considère pas encore le phénomène comme préoccupant. D’autant plus que, depuis le début des années 1990, l’#Italie a la tête ailleurs. L’arrivée dans les Pouilles, au printemps et en été 1991, de plusieurs dizaines de milliers d’Albanais fuyant la ruine de leur pays a provoqué un choc terrible. Le 8 août, le #Vlora, un cargo venu du port albanais de Durres, est entré dans celui de Bari avec à son bord 20 000 migrants, bientôt installés dans l’enceinte du stade de la ville. La désorganisation est totale : le maire multiplie les appels aux dons et à la solidarité, tandis qu’à Rome le gouvernement cherche un moyen de renvoyer chez eux ces arrivants illégaux… Rien ne sera plus jamais comme avant.

    A l’aune de ce bouleversement venu des Balkans, qui force l’Italie, pour la première fois de son histoire, à se poser la question de l’accueil et de l’intégration, les arrivées sporadiques à Lampedusa ne sont pas perçues au départ comme beaucoup plus qu’une anecdote. Selon les souvenirs des habitants, les migrants venaient surtout des côtes tunisiennes, ils étaient jeunes et en relative bonne santé. La plupart du temps, la traversée était assurée par des passeurs, payés une fois le but atteint. Bref, la route de la #Méditerranée_centrale vivait à l’heure d’une migration "artisanale".

    Mais au fil du temps, dans les années 2000, le phénomène change de nature et d’échelle. "Il ne s’agit pas seulement de géopolitique. Il s’est produit un changement anthropologique dans la jeunesse africaine il y a une quinzaine d’années", assure le vice-ministre italien des
    affaires étrangères et de la coopération, Mario Giro, qui, avant d’entrer en politique, a consacré de nombreuses années à des missions en Afrique comme responsable des questions internationales de la Communauté de Sant’Egidio. "Avant, il s’agissait de projets collectifs : une famille se cotisait pour envoyer un de ses fils en Europe, dit-il. Désormais, ce sont des #hommes_seuls qui décident de
    partir, parce qu’ils considèrent que partir est un droit. Dans les villes africaines, la famille a subi les mêmes coups de la modernité que partout dans le monde. Ces jeunes gens se sont habitués à penser seuls, en termes individuels. Dans leur choix, il y a une part de vérité – les blocages politiques – et la perception que l’avenir n’est pas dans leur pays. Alors, ils partent."
    #facteurs_push #push-factors

    Des gouvernements européens essaient de passer des accords avec les Etats africains pour qu’ils arrêtent en Afrique les candidats à l’Europe, ce qui a pour effet de criminaliser l’activité des #passeurs. Des réseaux de plus en plus violents et organisés se mettent en place.

    VIE ET MORT DE MOUAMMAR KADHAFI

    Un acteur central du jeu régional comprend très tôt le parti à tirer de ce phénomène, face auquel les pays européens semblent largement démunis. C’est le chef de l’Etat libyen, Mouammar #Kadhafi, qui cherche depuis le début des années 2000 à retrouver une forme de respectabilité internationale, rompant avec la politique de soutien au terrorisme qui avait été la sienne dans les années 1980 et 1990.
    Grâce aux immenses recettes de la rente pétrolière, dont il dispose dans la plus totale opacité, le Guide libyen multiplie les prises de participation en Italie (Fiat, Finmeccanica) et les investissements immobiliers. Il entre même au capital du club de football le plus prestigieux du pays, la Juventus de Turin. En contrepartie, le groupe énergétique ENI, privatisé à la fin des années 1990 mais dans lequel l’Etat italien garde une participation importante, conserve le statut d’Etat dans l’Etat dont il jouit en Libye depuis la période coloniale (1911-1942).

    Bientôt, la maîtrise des flux migratoires devient un aspect supplémentaire dans la très complexe relation entre la Libye et l’Italie. " De temps en temps, tous les deux ou trois ans, Kadhafi réclamait de l’argent pour la période coloniale. Et quand ça n’allait pas assez bien pour lui, il faisait partir des bateaux pour se rappeler à nous. C’était devenu pour lui un moyen de pression de plus, et ça signifie également qu’en Libye, des réseaux étaient déjà en place", se souvient Mario Giro.
    #chantage

    Entamées à l’époque du deuxième gouvernement Prodi (2006-2008), et émaillées de moments hauts en couleur – comme cette visite privée à Tripoli du ministre des affaires étrangères italien Massimo D’Alema, un week-end de Pâques 2007, au terme de laquelle Kadhafi a affirmé que l’Italie lui avait promis de construire une autoroute traversant le pays d’est en ouest –, les négociations sont poursuivies par le gouvernement de Silvio Berlusconi, revenu aux affaires au printemps 2008. Elles débouchent sur la signature d’un accord, le 30 août de la même année. En échange de 5 milliards d’euros d’investissements sur vingt-cinq ans et d’#excuses_officielles de l’Italie pour la #colonisation, le dirigeant libyen s’engage à cesser ses reproches, mais surtout à empêcher les départs de migrants depuis ses côtes. Plus encore, les migrants secourus dans les eaux internationales seront ramenés en Libye, même contre leur gré et au mépris du droit de la mer.
    #accord_d'amitié

    L’Eglise et plusieurs ONG humanitaires peuvent bien chercher à alerter l’opinion sur les conditions dans lesquelles sont ramenés à terre les candidats à la traversée, ainsi que sur les innombrables violations des droits de l’homme en Libye, elles restent largement inaudibles. Le colonel Kadhafi peut même se permettre de pittoresques provocations, comme ses visites officielles à Rome en 2009 et 2010, où il appelle publiquement à l’islamisation de l’Europe. Le gouvernement Berlusconi, embarrassé, n’a d’autre solution que de regarder ailleurs.

    L’irruption des "#printemps_arabe s", début 2011, va faire voler en éclats ce fragile équilibre. Le soulèvement libyen, en février 2011, un mois après la chute du président tunisien Ben Ali, est accueilli avec sympathie par les chancelleries occidentales. Mais en Italie, on l’observe avec préoccupation. "Bien sûr, l’Etat libyen de Kadhafi n’était pas parfait, concède #Mario_Giro. Mais il y avait un Etat… Dans les premiers mois de 2011 – je travaillais encore pour Sant’Egidio –, alors que la France semblait déjà décidée à intervenir en Libye, le ministre des affaires étrangères du Niger m’a demandé d’organiser une entrevue avec son homologue italien, Frattini. Nous étions trois, dans un bureau du ministère, et il nous a expliqué point par point ce qu’il se passerait en cas de chute de Kadhafi. Le chaos en Méditerranée, les armes dans tout le Sahel… Tout s’est passé exactement comme il l’a dit. Mais personne n’a voulu l’écouter". Il faut dire qu’en ce début d’année 2011, le prestige international de l’Italie est au plus bas. Très affaiblie économiquement et victime du discrédit personnel d’un Silvio Berlusconi empêtré dans les scandales, l’Italie est tout simplement inaudible.

    En mai 2011, les membres du G8, réunis à Deauville, appellent Mouammar Kadhafi à quitter le pouvoir. "Lors de ce sommet, Silvio Berlusconi a plusieurs fois tenté de prendre la défense du Guide libyen, mettant en avant son aide sur le dossier des migrants et le fait qu’il s’était amendé et avait tourné le dos au terrorisme", se souvient un diplomate français, témoin des discussions. "Mais
    personne n’en a tenu compte." Le chef libyen, chassé de Tripoli en août, mourra le 20 octobre, à Syrte. Quatre semaines plus tard, le gouvernement Berlusconi 4 cessait d’exister.

    Sur le moment, entre l’euphorie de la chute de la dictature et le changement d’ère politique en Italie, ces tensions entre puissances semblent négligeables. Il n’en est rien. Au contraire, elles ne cesseront de resurgir dans le débat, nourrissant en Italie un procès durable contre la #France, accusée d’avoir déstabilisé la situation en Méditerranée pour mieux laisser l’Italie en subir, seule, les conséquences.

    CHAOS EN MÉDITERRANÉE

    Car dans le même temps, les "printemps arabes" provoquent un bouleversement de la situation en Méditerranée. Une fois de plus, c’est à Lampedusa que les premiers signes de la tempête apparaissent. Sur cette île minuscule, en hiver, on compte à peine 5 000 habitants d’ordinaire. Là, ce sont plus de 7 000 personnes venues de #Tunisie qui y débarquent en quelques jours, entre février et mars 2011. La population les accueille avec les moyens du bord, dans des conditions très précaires. Des "permis temporaires de séjours" de trois mois
    sont délivrés aux arrivants par les autorités italiennes. Ainsi, les candidats à l’exil pourront-ils circuler aisément dans tout l’espace Schengen. Plus de 60 000 migrants débarqueront en 2011 ; la grande majorité d’entre eux ne resteront pas en Italie.
    #migrants_tunisiens

    Passé les mois de désorganisation ayant suivi la chute du président tunisien #Ben_Ali, Rome et Tunis concluent en 2012 un #accord_de_réadmission, formalisant le retour au pays des migrants d’origine tunisienne expulsés d’Italie. Assez vite, se met en place une coopération qui, de l’avis de nos interlocuteurs dans les deux pays, fonctionne plutôt harmonieusement.

    En revanche, en Libye, du fait de la déliquescence du pouvoir central, Rome n’a pas d’interlocuteur. Dans un pays livré aux milices et à l’anarchie, des réseaux de trafiquants d’êtres humains s’organisent à ciel ouvert. Jusqu’à la catastrophe, qui se produit dans la nuit du 2 au #3_octobre_2013. "J’ai été réveillé à 6 heures du matin par un appel des autorités maritimes, se souvient Enrico Letta, alors chef du gouvernement italien. En quelques minutes, nous avons compris que le #naufrage qui venait d’avoir lieu près de Lampedusa était une tragédie sans précédent – le bilan sera de 366 morts. Il fallait trouver des cercueils, s’occuper des orphelins… J’ai dû presque forcer le président de la Commission européenne - José Manuel Barroso - à m’accompagner sur l’île. Quelques jours plus tard, il y a eu un autre naufrage, tout aussi meurtrier, au large de Malte. Alors que nous demandions l’aide de l’Europe, j’ai vite compris que nous n’aurions rien. Donc, nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes. L’émotion était si forte que l’opinion nous a suivis."

    En une dizaine de jours, l’opération "#Mare_Nostrum" est mise sur pied. Concrètement, il s’agit d’une opération navale, à la fois militaire et humanitaire, visant à lutter contre les réseaux de passeurs, tout en évitant la survenue de nouveaux drames. Ses effets sont immédiats : en moins d’un an, plus de 100 000 migrants sont secourus et le nombre de morts diminue spectaculairement. Pourtant, le gouvernement Renzi, qui succède à Letta un an plus tard, décide d’y mettre un terme, à l’automne 2014. "Ça ne coûtait pas très cher, environ 8 millions d’euros par mois, et nous avons sauvé des centaines de vie avec ce dispositif, tout en arrêtant de nombreux trafiquants, avance Enrico Letta pour défendre son initiative. Mais très vite, Mare Nostrum a été accusée de provoquer un #appel_d'air… "

    De fait, en quelques mois, le nombre de départs des côtes africaines a explosé. Surtout, une évolution capitale se produit : peu à peu, les passeurs changent de stratégie. Pour ne pas voir leurs bateaux saisis, plutôt que de chercher à gagner un port italien, ils se contentent, une fois arrivés à proximité des eaux italiennes, de débarquer les migrants à bord de petites embarcations, les laissant ensuite dériver
    jusqu’à l’arrivée des secours. La marine italienne, trouvant les migrants en situation de détresse, n’a alors d’autre choix que d’appliquer les règles immuables du #droit_de_la_mer et de les conduire en lieu sûr.

    La suppression de Mare Nostrum par le gouvernement Renzi vise à sortir de cet engrenage. En novembre 2014, est annoncée l’entrée en vigueur de l’opération "#Triton", coordonnée par l’agence européenne #Frontex. Un dispositif de moindre envergure, financé par l’Union européenne, et dans lequel la dimension humanitaire passe au second plan. Las, le nombre de départs des côtes libyennes ne diminue pas. Au contraire, en 2015, plus de 150’000 personnes sont secourues en mer. En 2016, elles seront 181’000. Et pour suppléer à la fin de Mare Nostrum, de nouveaux acteurs apparaissent en 2015 au large des côtes libyennes : des navires affrétés par des #ONG humanitaires, aussitôt
    accusés, eux aussi, de former par leur présence une sorte d’appel d’air facilitant le travail des trafiquants d’êtres humains.

    L’ITALIE PRISE AU PIÈGE

    Pour Rome, les chiffres des secours en mer sont bien sûr préoccupants. Mais ils ne disent pas tout du problème. L’essentiel est ailleurs : depuis la fin de 2013, les pays limitrophes de l’Italie (#France et #Autriche) ont rétabli les contrôles à leurs frontières. Là où, jusqu’alors, l’écrasante majorité des migrants empruntant la route de la Méditerranée centrale ne faisaient que traverser le pays en direction du nord de l’Europe, ils se trouvent désormais bloqués sur le sol italien, provoquant en quelques années l’engorgement de toutes les structures d’accueil. Et les appels répétés à la solidarité européenne se heurtent à l’indifférence des partenaires de l’Italie, qui eux-mêmes doivent composer avec leurs opinions publiques, devenues très hostiles aux migrants.
    #frontière_sud-alpine

    Considéré jusque-là comme un impératif moral par une large part de la population, l’accueil des demandeurs d’asile est l’objet de critiques croissantes. En 2015, en marge du scandale "#Mafia_capitale ", qui secoue l’administration de la commune de Rome, l’Italie découvre que plusieurs coopératives chargées de nourrir et d’héberger les migrants se sont indûment enrichies. S’installe dans les esprits une l’idée dévastatrice : l’#accueil des réfugiés est un "#business " juteux plus qu’une œuvre humanitaire.
    #mafia

    Deux ans plus tard, une série de procédures à l’initiative de magistrats de Sicile en vient à semer le doute sur les activités des ONG opérant en Méditerranée. Le premier à lancer ces accusations est le procureur de Catane, Carmelo #Zuccaro, qui dénonce en avril 2017 – tout en admettant qu’il n’a "pas les preuves" de ce qu’il avance – les ONG de collusion avec les trafiquants. Après trois mois de rumeurs et de fuites organisées dans la presse, début août 2017, le navire de l’ONG allemande #Jugend_Rettet, #Iuventa, est placé sous séquestre, tandis qu’il a été enjoint aux diverses organisations de signer un "code de bonne conduite", sous le patronage du ministre de l’intérieur, Marco #Minniti, visant à encadrer leurs activités en mer. La plupart des ONG, dont Médecins sans frontières, quitteront la zone à l’été 2017.
    #code_de_conduite

    Tandis que le monde entier a les yeux tournés vers la Méditerranée, c’est en réalité en Libye que se produit, mi-juillet, une rupture majeure. En quelques jours, les départs connaissent une chute spectaculaire. Moins de 4000 personnes sont secourues en mer en août, contre 21’000 un an plus tôt, à la même période. La cause de ce coup d’arrêt ? Le soutien et l’équipement, par Rome, des unités libyennes
    de #gardes-côtes, qui traquent les migrants jusque dans les eaux internationales, au mépris du droit de la mer, pour les reconduire dans des camps de détention libyens. Le gouvernement italien conclut une série d’accords très controversés avec différents acteurs locaux en
    Libye.
    #accord #gardes-côtes_libyens
    v. aussi : http://seen.li/cvmy

    Interrogé sur les zones d’ombre entourant ces négociations, et les témoignages venus de Libye même affirmant que l’Italie a traité avec les trafiquants, Marco Minniti nie la moindre entente directe avec les réseaux criminels, tout en mettant en avant l’intérêt supérieur du pays, qui n’arrivait plus, selon lui, à faire face seul aux arrivées. "A un moment, confiait-il fin août 2017 à des journalistes italiens, j’ai eu peur pour la santé de notre démocratie."

    De fait, l’accueil de 600’000 migrants depuis 2014 et l’attitude des partenaires européens de l’Italie, qui ont poussé à l’ouverture de "#hotspots" (centres d’enregistrement des migrants) en Sicile et dans le sud de la Péninsule, sans tenir leurs engagements en matière de #relocalisation (à peine 30 000 réfugiés arrivés en Italie et en Grèce concernés à l’automne 2017, contre un objectif initial de 160’000), a nourri le rejet de la majorité de centre-gauche au pouvoir. Il a alimenté le discours xénophobe de la Ligue du Nord de Matteo Salvini et la montée des eurosceptiques du Mouvement 5 étoiles. A quelques jours des élections du 4 mars, celui-ci est au plus haut dans les sondages.

    Depuis l’été, les départs des côtes africaines se poursuivent
    sporadiquement, au gré de la complexe situation régnant sur les côtes libyennes. Resteque des centaines de milliers de candidats à l’exil – ils seraient de 300’000 à 700’000, selon les sources – sont actuellement bloqués en Libye dans des conditions humanitaires effroyables. Pour le juriste sicilien Fulvio Vassallo, infatigable défenseur des demandeurs d’asile, cette politique est vouée à l’échec, car il ne s’agit pas d’une crise migratoire, mais d’un mouvement de fond. "Pour l’heure, l’Europe affronte le problème avec
    la seule perspective de fermer les frontières, explique-t-il. Et ça, l’histoire des vingt dernières années nous démontre que c’est sans espoir. Ça n’a pas d’autre effet que d’augmenter le nombre de morts en mer."

    Depuis 2014, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 13’500 personnes au moins ont trouvé la mort en mer, sur la route de la Méditerranée centrale. Sans compter la multitude de ceux, avalés par les eaux, dont on n’a jamais retrouvé la trace.


    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/23/l-italie-seule-dans-la-tempete-migratoire_5261553_3210.html

    Un nouveau mot pour la collection de @sinehebdo sur les mots de la migration : #Les_Turcs

    A la tête de ce qui, à l’origine, n’était guère plus qu’un dispensaire, Pietro Bartolo s’est trouvé aux premières loges quand tout a changé. " Ça a commencé dans les années 1990. Les migrants, des jeunes hommes venus d’Afrique du Nord, arrivaient directement sur la plage, par leurs propres moyens, avec des barques ou des canots pneumatiques. Sur l’île, on les appelait “#les_Turcs”, se souvient-il. Les habitants accueillent comme ils peuvent les arrivants, qui gagnent ensuite la Sicile puis, pour l’immense majorité, le continent.

    #histoire

    #abandon de l’Italie :

    Jusqu’à la catastrophe, qui se produit dans la nuit du 2 au #3_octobre_2013. « J’ai été réveillé à 6 heures du matin par un appel des autorités maritimes, se souvient Enrico Letta, alors chef du gouvernement italien. En quelques minutes, nous avons compris que le #naufrage qui venait d’avoir lieu près de Lampedusa était une tragédie sans précédent – le bilan sera de 366 morts. Il fallait trouver des cercueils, s’occuper des orphelins… J’ai dû presque forcer le président de la Commission européenne - José Manuel Barroso - à m’accompagner sur l’île. Quelques jours plus tard, il y a eu un autre naufrage, tout aussi meurtrier, au large de Malte. Alors que nous demandions l’aide de l’Europe, j’ai vite compris que nous n’aurions rien. Donc, nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes. L’émotion était si forte que l’opinion nous a suivis. »

    #asile #migrations #réfugiés #mourir_en_mer #frontières

    • C’est une manière de classer les étrangers en mouvement ou en attente de statut par le pays d’accueil.
      Migrants pour étrangers en mouvement. Immigrés pour étrangers sur le territoire national quelque soit leur statut.
      Demandeur d’Asile pour ceux qui font une demande de protection.
      Réfugiés pour ceux qui ont obtenu cette protection.
      Sans papiers pour ceux qui n’ont pas encore obtenu un statut qu’ils aient fait la demande ou non. Le terme administratif en France est ESI, étranger en situation irrégulière.
      Exilés pour ceux qui ont quitté leur pays d’une manière volontaire ou involontaire avec ce qui implique de difficultés et de sentiment d’éloignement de son pays.

    • Solidarietà Ue: gli altri paesi ci hanno lasciati da soli?

      Tra settembre 2015 e aprile 2018 in Italia sono sbarcate quasi 350.000 persone. A fronte di ciò, i piani di ricollocamento d’emergenza avviati dall’Unione europea prevedevano di ricollocare circa 35.000 richiedenti asilo dall’Italia verso altri paesi Ue: già così si sarebbe dunque trattato solo del 10% del totale degli arrivi. Inoltre i governi europei avevano imposto condizioni stringenti per i ricollocamenti: si sarebbero potuti ricollocare solo i migranti appartenenti a nazionalità con un tasso di riconoscimento di protezione internazionale superiore al 75%, il che per l’Italia equivale soltanto a eritrei, somali e siriani. Tra settembre 2015 e settembre 2017 hanno fatto richiesta d’asilo in Italia meno di 21.000 persone provenienti da questi paesi, restringendo ulteriormente il numero di persone ricollocabili. Oltre a queste limitazioni, gli altri paesi europei hanno accettato il ricollocamento di meno di 13.000 richiedenti asilo. La solidarietà europea sul fronte dei ricollocamenti “vale” oggi dunque solo il 4% degli sforzi italiani e, anche se si fossero mantenute le promesse, più di 9 migranti sbarcati su 10 sarebbero rimasti responsabilità dell’Italia.

      Oltre al fallimento dei ricollocamenti, neppure le risorse finanziarie destinate dall’Europa all’Italia per far fronte all’emergenza hanno raggiunto un livello significativo. Al contrario, gli aiuti europei coprono solo una minima parte delle spese italiane: nel 2017, per esempio, gli aiuti Ue ammontavano a meno del 2% dei costi incorsi dallo Stato italiano per gestire il fenomeno migratorio.

      https://www.ispionline.it/it/pubblicazione/fact-checking-migrazioni-2018-20415
      #aide_financière