Des accidents de la route pas si accidentels, par Matthieu Grossetête (Le Monde diplomatique, août 2016)

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  • Des accidents de la route pas si accidentels, par Matthieu Grossetête
    (Le Monde diplomatique, août 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/08/GROSSETETE/56078

    Des accidents de la route pas si accidentels

    À chaque période de vacances, tandis que le risque d’accidents de la route s’accroît, le thème de la sécurité au volant revient dans l’actualité. Le gouvernement multiplie alors les consignes de bon sens : ne pas conduire trop vite, se reposer régulièrement, attacher sa ceinture, etc. En se focalisant sur le comportement individuel des conducteurs, ces préconisations négligent les causes profondes de la mortalité routière.

    Regrettable que sur un tel sujet la variable de sexe ne sois pas évoqué du tout. J’en déduis que cet article concerne uniquement les accidents de la route dans des pays ou les femmes n’ont pas le droit de conduire.
    #déni #male_gaze #invisibilisation #sexisme #classicisme

    • Tu as raison @mad_meg mais en plus, l’article est très « orienté » de toutes façons et vraiment très médiocre en ce qu’il n’aborde pas de très nombreuses autres raisons systémiques, d’autres responsabilités et causes tout aussi important. Le sujet mérite beaucoup mieux que d’être abordé sous ce mini-prisme.

      Par ailleurs, un petit apport statistique pour 2017 (Source : Observatoire national interministériel de la sécurité routière)

      Hommes et femmes

      Les femmes représentent 14 % des conducteurs
      tués mais 49 % des passagers tués.

      En 2017, trois fois plus d’hommes (2 670) que de
      femmes (778) sont décédés sur la route, un ratio
      qui se retrouve dans les autres pays.

      La proportion d’hommes parmi les personnes tuées
      est plus élevée que celle des femmes à tout âge, particulièrement les classes 15-29 ans, 30-44 ans et
      45-59 ans qui comportent 83 % de mortalité masculine.

      Rapporté à leur part dans la population de
      chaque classe d’âge, le sur-risque masculin est marqué
      y compris chez les seniors.

      Les hommes tués sont à 79 % des conducteurs, à
      10 % des passagers et à 11 % des piétons.

      Les femmes tuées sont à 45 % des conductrices, à
      32 % des passagères et à 23 % des piétonnes.

      Les hommes représentent 86 % des conducteurs
      tués : 96 % des conducteurs de moto, 95 % des conducteurs
      de cyclomoteur, 87 % des conducteurs cyclistes et 79 % des conducteurs de véhicule de tourisme.

      #sécurité_routière

  • Des accidents de la route pas si accidentels, par Matthieu Grossetête (Le Monde diplomatique, août 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/08/GROSSETETE/56078

    Découragés face à ce mur d’indifférence, certains en arrivent à quitter leur poste, comme le montre, parmi d’autres, le cas de M. Romain T., ancien intervenant départemental de sécurité routière : « Je me suis rendu compte que le niveau social avait une grande importance dans l’accidentologie, nous confie-t-il. Ce sont les gens les plus défavorisés socialement qui sont les plus touchés. À l’époque, on nous a muselés. J’ai demandé à la préfecture de préparer une note de synthèse sur l’accidentologie et le lien social, et le préfet a refusé : il voulait mettre une chape de plomb là-dessus. » Dans la mesure où il contredit le discours feutré de l’administration, ce « savoir inconfortable (7) » est ignoré, sinon contesté par les pouvoirs publics.

  • Vendredi dernier, le ministère de l’intérieur se félicitait d’une baisse du nombre de morts sur les routes de France en août. Sans préciser cependant que le nombre de victimes hospitalisées avait quant à lui augmenté. Sans préciser non plus que sur la route comme ailleurs, nous ne sommes pas tous égaux.

    Des accidents de la route pas si accidentels, par Matthieu Grossetête
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/08/GROSSETETE/56078 #st

    http://zinc.mondediplo.net/messages/36689 via Le Monde diplomatique

  • Des accidents de la route pas si accidentels, par Matthieu Grossetête (Le Monde diplomatique, août 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/08/GROSSETETE/56078

    Nombre de fonctionnaires de terrain constatent empiriquement la surreprésentation des précaires parmi les personnes décédées. Mais leur hiérarchie administrative reste sourde à leurs alertes. Découragés face à ce mur d’indifférence, certains en arrivent à quitter leur poste, comme le montre, parmi d’autres, le cas de M. Romain T., ancien intervenant départemental de sécurité routière : « Je me suis rendu compte que le niveau social avait une grande importance dans l’#accidentologie, nous confie-t-il. Ce sont les gens les plus défavorisés socialement qui sont les plus touchés. À l’époque, on nous a muselés. J’ai demandé à la préfecture de préparer une note de synthèse sur l’accidentologie et le lien social, et le préfet a refusé : il voulait mettre une chape de plomb là-dessus. » Dans la mesure où il contredit le discours feutré de l’administration, ce « savoir inconfortable (7) » est ignoré, sinon contesté par les pouvoirs publics.

    #précarité #inégalité #déni #transports #territoires

    • En étudiant les comparutions pour homicide routier au tribunal de grande instance d’une importante ville de province, on constate une surreprésentation des cadres et professions intellectuelles supérieures, et une sous-représentation des ouvriers. Cette situation est en partie due au plus grand pouvoir protecteur des véhicules possédés par les personnes aisées, qui disposent d’airbags et de systèmes de freinage plus performants, d’habitacles renforcés, etc. Cela contribue à faire de leurs propriétaires des survivants potentiellement justiciables après un accident mortel.

      [...]

      Près de 80 % des accidents mortels ont lieu à la campagne. Or l’embourgeoisement des centres-villes relègue les classes populaires toujours plus loin des bassins d’emplois. En 2007, 28 % des ouvriers et 31 % des employés morts sur la route ont eu un accident en se rendant à leur travail, alors que ce trajet n’est en cause que dans 16 % du total des décès. Les catégories populaires sont plus nombreuses à emprunter quotidiennement les routes secondaires, plus dangereuses, tandis que les couches aisées circulent surtout en ville ou sur l’autoroute, l’infrastructure la plus sûre, avec 4 % des morts en 2012, mais également la seule qui exige des frais de péage.