SL : Est-ce à ce moment-là qu’est née l’idée de la permaculture ?
BM : Cela remonte en réalité à 1959. J’étais dans une #forêt tropicale de Tasmanie à étudier l’interaction entre la manière de s’alimenter des marsupiaux et la régénération de la forêt. Nous n’avions pas eu beaucoup de succès avec une grande population de marsupiaux. J’ai donc créé un système simple avec 23 espèces de plantes ligneuses, dont quatre seulement étaient dominantes, et seulement deux que broutaient les marsupiaux. C’était un système très flexible basé sur les interactions des composants, et non sur les types d’espèces. Il me vint à l’esprit un soir que nous pouvions construire des systèmes qui fonctionneraient mieux que celui-là.
Ce fut une révélation remarquable. Il n’arrive pas si souvent dans notre vie – une fois tous les dix ans peut-être – d’avoir une révélation. Si vous êtes un aborigène, cela définit votre âge. On n’a qu’une révélation à chaque âge, peu importe votre âge chronologique. Avec de la chance, on a trois bonnes révélations par vie.
Comme j’étais éducateur, j’ai réalisé que si je ne l’enseignais pas, cela n’aboutirait à rien. J’ai donc démarré à concevoir des instructions basées sur la connaissance passive et j’ai écrit un livre à ce sujet appelé Permaculture One. À ma grande horreur, tout le monde s’y est intéressé. [rires] J’ai reçu des milliers de lettres disant, « Vous avez mis en mots quelque chose que j’avais en tête depuis des années, » et « Vous avez mis quelque chose entre mes mains que je peux utiliser ».